Angel, encore particulièrement vif, n'entend pas se reposer sur des lauriers jaunis.
Par Ahasverus
Relativement confidentiel en France, ANGEL a connu son heure de gloire planétaire dans les années 70. Le groupe est alors repéré par Gene Simmons et signé sur le label Casablanca (Kiss bien sûr, mais aussi Village People et Patrick Juvet !).
On se souvient particulièrement du logo qu'on pouvait lire, sur les pochettes des albums, à l'envers comme à l'endroit.
Fraîchement signé, Angel se veut, pour Casablanca, l'antithèse de Kiss Et puisque ce dernier s'habille en noir, Angel sera en blanc.
Il sort cinq albums studio entre 1975 et 1979, orientant peu à peu, label disco oblige, sa musique prog et hard-rock vers des sonorités pop FM.
Mais la popularité du sextet de Washington décroit tant qu'il décide de raccrocher les guitares. Il livre encore, pour des raisons contractuelles, un album live à la fin de la décennie.
Quatre des six membres historiques se retrouvent près de vingt ans plus tard pour « In The Beginning ». Le style de ce nouvel opus lorgne du côté de Led Zeppelin et fait long feu, replongeant Angel dans les limbes pour une vingtaine d'années !
C'est donc en 2019 que notre séraphin prend un nouvel envol avec « Risen », un album aux contours plus familiers, construit, cette fois, autour de ses principaux compositeurs : le chanteur Frank DiMino et le lead guitariste Punky Meadows. La formule semble fonctionner puisqu'Angel déploie encore ses ailes en 2023 pour un nouvel album :
« Once Upon A Time »
Côté visuel, on reste sur les codes qui ont fait l'identité du groupe, et c'est tout de blanc vêtu que s'affiche le sextet.
Très vite, on comprend qu'Angel n'a lésiné ni sur les moyens ni sur les effets. « The Torch » est une excellente entrée en matière, un titre épique aux choeurs marqués, peut-etre le meilleur moment de l'album.
Puis Angel montre qu'il entend explorer de nombreuses directions, de la basse funk qui agrémente « Back Moon Rising » au ton FM de « Turn The Record Over », du riff agressif de « Psyclone » au hard 70's de « Daddy's Girl », en passant par une ballade un peu kitsch pour pluie et piano (« Let It Rain »).
C'est que, plus aventureux que son prédécesseur, ce nouvel album n'évite pas quelques fautes de goûts : « Once Upon A Time An Angel And A Devil Fell In Love (And It Did Not End Well) ») est une belle pièce presque prog', mais elle rate son pont ; et l'on ne peut s'empêcher de songer à ce qu'aurait su faire un Twisted Sister sur la base d'un morceau comme « C'Mon », bonus qui conclut l'album.
Cependant Angel a le mérite d'explorer, il joue avec l'auditoire en ajoutant de nouvelles couleurs à sa palette. Il retient l'attention (le gimmick à la « Money's Too Tight To Mention » du titre « Rock Star ») tandis que les lead proposés par Punky Meadows sont savoureux, et que Frank DiMino délivre une prestation remarquable (« Blood Of My Blood, Bone Of My Bone »).
La production enchaine les choeurs féminins par tartines, (ils sont presque plus présents que les claviers !) mais elle sait donner du relief à l'ensemble.
En dépit de menus défauts, « Once Upon A Time » reste intéressant et sans complexe. Ses géniteurs, inspirés et techniques, n'ont pas ménagé leur peine pour nous offrir un album qui peut évoquer tour à tour Journey, Foghat, Boston, Richard Marx, et même Deep Purple (« Without You » sur lequel on aimerait voir surgir l'orgue Hammond !).
Plus souvent encore, « Once Upon A Time » propose quelque chose de très personnel qui laisse penser qu'Angel, encore particulièrement vif, n'entend pas se reposer sur des lauriers jaunis.