Par Dam'Aël
Quand un destin, déposé au mauvais endroit, se magnifie en une évolution à la fois personnelle, artistique et spirituelle et s'ouvre vers une destinée où le meilleur et le plus intrinsèque s'expriment avec grâce, talent, générosité, émotion, mais aussi avec une certaine discrétion et humilité. Ayron Jones ! Ce qu'il fait est énorme avec cette subtilité de ne pas en faire trop, peut-être avec ce possible modus operandi de contemplation !
Anamnèse rapide :
"C’est un traumatisme qui m’a transformé positivement. Mon père était gangster et ma mère, accro à la drogue. Je ne les ai jamais connus, et eux n’ont pas cherché à me connaître. Le bébé qu’ils ont eu tous les deux, et dont ils ne s’occupaient jamais est devenu qui je suis aujourd’hui et ils ne le sauront jamais." Ayron Jones
Adopté à l'âge de 4 ans par sa tante qui sera sans doute sa bonne fée, il découvre le gospel et la soul, il s'initie au piano, à la batterie, au violon, à la guitare dont la première, acoustique, lui sera offerte par un voisin et celle qu'il s'achètera sera une Squier Stratocaster.
La vie aime à compliquer les choses voire parfois à s'acharner - qui n'en n'a pas fait les frais!- Une déception sentimentale viendra greffer une autre cicatrice chez Ayron qui aura pour effet de lui donner par la suite de l'inspiration chargée d'émotion (merci à vous, belle inconnue).
Son exutoire, vous l'avez compris, c'est la musique. Celle d'Ayron est à l'image des USA, un véritable melting-pot des genres avec cette imparable modernité pour laquelle il ne veut pas déroger, car il veut "charmer" cette nouvelle génération Z. Un cocktail à la fois explosif et délicat de Rock, de Soul, de Blues, de grunge voire de Pop et de Hip-Hop, largement inspiré par des Maîtres originaires de Seattle tels que Jimi Hendrix, Nirvana, Soundgarden, Pearl James...
C'est avec son trio Ayron Jones And The Way qu'il débute en 2010, investissant bars et scènes locales, l'artiste se faisant de plus en plus remarqué - il a remporté le concours de talent “Guitar Center’s King of the Blues” à Hollywood-. Le trio sort 2 albums en autoproduction DREAM (2013) et AUDIO PAINT JOB (2017).
L'année 2020 sera une année majeure dans la vie d'Ayron Jones puisqu'une major Big Machine John Varvatos Records lui propose son premier contrat (mai 2020)
"Il existe un héritage si riche de musiciens rock incroyables et emblématiques de Seattle et je crois sincèrement qu'Ayron est le prochain sur la liste » Scott Borchetta président-directeur général de BMLG.
John Varvatos: "Il (Ayron,ndlr) tisse sa vie dans des hymnes rock explosifs et des grooves soul et passionnés. Tout cela annonce une nouvelle voix indispensable dans le rock".
Dès lors deux albums au compteur depuis cette date marquée au fer rouge :
Child of the State (21/05/2021)
01. Boys From The Puget Sound
02. Mercy
03. Take Me Away (Album Version)
04. Supercharged
05. Free
06. My Love Remains
07. Killing Season
08. Spinning Circles
09. Baptized In Muddy Waters
10. Hot Friends
11. Emily
12. Take Your Time
Chronicles of the Kid (23/06/2023)
01. Strawman
02. Blood In The Water
03. The Title
04. Otherside
05. My America
06. Living For The Fall
07. Filthy
08. Get High
09. The Sky Is Crying
10. On Two Feet I Stand
En tournée internationale depuis 2023 avec plusieurs dates en France et des premières parties magistrales (notamment pour The Rolling Stones à deux reprises), Ayron Jones était au Rockstore de Montpellier ce lundi 12 février, et pas question de rater ce concert.
1ère partie : AMONGST LIARS (UK)
Amongst Liars, jeune groupe (2020) de Rock moderne alternatif qui flirte volontiers avec le grunge, a la dure tâche d'ouvrir pour Ayron. Mais nous étions largement rassurés car les Anglais avaient déjà fait leurs armes avec notre Américain, en Angleterre, il y a deux ans et les éloges qui gravitent autour de ce quintet avaient de quoi confirmer le bien-fondé de leur présence dans cette tournée hexagonale de 9 dates. Une première en France pour la formation, expérience plus que réussie de toute évidence.
Le line-up :
Ian George - chant
Leo Burdett - guitares
Adam Oarton - batterie
Ross Towner - basse
James Brummeo - claviers
Démarrage au quart de tour, les Anglais rentrent en scène et déversent leur énergie sans latence , ni échauffement. Ils sont là pour en découdre et c'est ce qu'ils font. Le courant passe entre eux et le crowd et les gars électrisent la salle du Rockstore avec 9 titres, dont 6 issus de leur premier album Amongst Liars (juillet 20) et 3 autres, les singles déjà diffusés sur les plate-formes, extraits du futur album Design dont la sortie est prévue le 4 juillet prochain.
1. You Are Not A Slave :
2. Vice
3. The Sameful
4. By Design
5. Alibi
6. Drown
7. Cut It
8. Black days
9. Wolf Machine
Amongst Liars a parfaitement relevé le défi et ce n'est pas un hasard si le prix Great Music Stories « Groupe de l'année 2021 » a été attribué au quintet qui s'est aussi vu gratifié du prix du meilleur « Album de l'année 2022 ». La scène aussi enflammée est ainsi parfaitement préparée pour accueillir la Rockstar qui brille sous mille feux depuis ces deux dernières années et dont la voie vers une très belle réussite se confirme à chaque prestation qu'elle soit scénique ou sur sillons.
2 ème partie : AYRON JONES (USA)
Ayron Jones (guitares, chant) s'entoure pour les lives de Bob Lovelace (basse), trépidant en mode Zébulon, de Matthew Jacquette (guitare ryhmique) et de Malachi Zachariah (batterie).
Le set s'annonce en introduction, pour nous faire patienter, sur un titre très symbolique "Dream On" de Aerosmith (Album Aerosmith de 1973) et ses paroles qui parle à l'homme bousculé dès son plus jeune âge.
...Everybody's got their dues in life to pay, oh, oh, oh...You got to lose to know how to win...
DREAM ON rappelle évidemment l'expression «American dream» du livre «The Epic of America» de James Truslow Adams (1931) et de celle de Martin Luther King Jr. du 28 août 1963 « I have a dream », symbole majeur dans la lutte d'une certaine classe américaine...
Une setlist de 15 titres nous est proposée savamment orchestrée pour faire monter l'énergie et la magie du show puis nous amener dans l'émotion de titres qui racontent blessures, injustices ou autres difficultés qui "parent" vilainement la vie de son frontman. Le tout avec cette capacité à user de l'alchimie pour transposer l'ensemble dans un univers de grâce et de positif. Ayron Jones s'exprime, exprime avec profondeur sans s'étaler à s'y perdre. Quel génie de la scène. Une capacité à livrer autant d'émoi sur fond d'instrumental où se greffe une guitare au son tout particulier. Sans aucun doute une belle retranscription du vécu du Seattleite. Le spectacle revient à Bob le bassiste qui joue le garant du spectaculaire, de la provocation même parfois, usant de son instrument comme le prolongement de L'homme qu'il est. Pitreries, grimaces, sauts, mais aussi émotions sont l'univers de ce petit bonhomme chapeauté et couvert d'un talent incontestable. Matthiew a une évidente complicité avec Le Maître et sait faire l'échange avec le public, le sollicitant à maintes reprises. Quant au marteleur de peaux et de cymbales, on lui reconnaît un jeu particulièrement excellent qui couronne l'art du King en formation qui l'amènera très rapidement au grand couronnement qu'il mérite et que nombre de professionnels entrevoient sans l'ombre d'un quelconque doute.
Ayron investit la scène sous les hurlements excités, paré d'un T-shirt noir à motif et d'un Jean noir , d'un bonnet , de ses porte-bonheurs que sont ses bagues, modèles bien connus des Metalleux et d'un nouveau collier en forme de phénix (symbolique) avec en son centre, une turquoise, qu'il affectionne particulièrement.
Son âme soeur, la guitare s'accroche à lui par une superbe sangle en cuir sombre gravée au logo AJ, l'homme est prêt.
01. Boys from The Puget Sound
Pour qu'un show tienne debout, il lui faut de bonnes racines ; Ayron Jones choisit d'ouvrir le set en parlant des siennes, Seattle situé sur le Puget Sound dans l'état de Washington et surtout, faut-il y voir un signe du destin, capitale d'un des comtés qui compose cet état, le comté de King... Un titre rempli de rage magistralement contenue par son interprète mais divinement exprimée par son jeu de guitare.
02. Emily
"Two's up to the days of old, 'Cause they ain't ever coming back" (Deux c'est jusqu'aux jours d'autrefois, Parce qu'ils ne reviendront jamais). Un Rock Blues pour l'expression d'un blues douloureux signant une rupture tout aussi douloureuse. Il est poignant ce jeu de guitare qu'Ayron fait crier, hurler, jusqu'à presque en couper les cordes.Un solo poignant de violence.
03. Supercharged
Sur ce morceau, Ayron nous invite à taper dans nos mains et à chanter en chœur, sur une énergie qui botte le c** à tous et qui rend contagieuse l'addiction à son rythme, à ce titre, un bon rock qui groove et qui dépote.
04. On Two Feet I Stand
"On Two Feet I Stand" est un titre fort, très fort qui arrache le cœur et qui rassure malgré tout. Un morceau qui prend toute son essence black avec cette voix rugueuse, rocailleuse, écorchée vive et cette brutalité électrique des riffs,
"....Have you ever heard a grown man cry
'Cause he's broken down a thousand times, baby
And everywhere ya turn
The world just seems to burn
Cut you up and watch you die..."
05. Free
Des textures vocales variées flirtant avec la soul chargée d'émotion sur plages composites qui évoluent tout au long du titre avec un Ayron possédé!
06. Otherside
Si le show rallie tous les gens dans cette salle du Rockstore, Otherside allie presque tous les genres jusqu'à une pop moderne
07. Hot Friends
Groove sautillant et scintillant qui mobilise le public en une onde de choc que vient surenchérir le batteur avec son petit solo. Je me surprends à y ressentir quelques racines gospel.
08. Blood In The Water
Wouah, la charge émotionnelle de ce titre qu'un timbre de voix très black vient lécher pour y décupler l'effet torturé. Tout est dans la voix, avec pour support évident l'instrumental et a fortiori la lead guitare, mais aucun jeu de scène qui supplante le reste. Le fondamental sans les artifices.
09. Filthy
Une petite pincée de Mickael jackson sur une grosse recette de Metal, un savoureux et savant mélange qui balaie large,The Filthy.
10. The Title
"I came for the title, I came for the crown" nous martèle Ayron jones et je crois qu'il est bien parti pour décrocher tout cela. Un hymne à la joie, un hymne au succès.
11. Strawman
Strawman fait partie de mes coups de cœur (oui je concède, il y en a beaucoup, beaucuiou! et alors je plaide coupable et je recidiverai!). Ce titre est puissant comme le concert peut l'être, puissant par la voix, puissant par la guitare et puissant par les mots. JONES révolutionne les codes du rock tout en mélangeant des sons classiques de blues, de hip hop, de grunge.
12. My America
L'Amérique serait-elle saturée (de drogues, de faits délictuels, de meurtres...), My America l'est fortement mais uniquement par ses guitares et on aime! Le rythme s'accélère, mon cœur aussi. AJ The new blast!
13. Take Your Time
Un titre qui fédère la foule au point de créer un chorus vocal de toute une salle : Take Your Time.
NB : Désolée pour les images intempestives de chevelure et bras en l'air, mais c'est le risque lorsque vous vous trouvez derrière une baraque de près de 2 mètres. Cependant, on lui reconnaît d'être très bien rentré dans ce concert fabuleux.
14. Mercy
Quelle puissance ce titre, quelle complicité, quel solo, quel tryptique guitare lead, guitare rythmique et basse soutenu par le mur des percussions, et surtout quelle fin, dirigée de main de maître par Ayron en mode fusillade ... musicale. Bien Sûr! Sinon nous n'aurions rien compris à ces deux albums ni même à ce concert.
Rappel :
15. Take Me Away
Pas vraiment envie d'aller me rendre ailleurs si ce n'est d'essayer de rencontrer le quartet en backstage pour échanger avec eux. Take Me Away est un condensé de retenue, de colère contenue puis de lâcher-prise. Chaque membre se laisse aller à virevolter sur scène et sans doute signer par une danse finale la joie qu'ils ont eu à délivrer ce concert magistral d'émotion, d'énergie, de puissance, sur écrin de talent. Un batteur qui assure parfaitement avec des patterns recherchés mais sans en faire de trop, laissant le champs libre au frontman car il s'agit bien de cela. La magie c'est l'ensemble de ces quatre artistes mais c'est surtout un frontman qui séduit, qui charme et ensorcèle sans dérive, avec beaucoup de délicatesse, d'authenticité et d'humilité.
Les liens :
https://www.facebook.com/ayronjonesmusic