Certainement l'album le plus personnel de Bernie Bonvoisin. Peut-être le plus réussi.
Par Ahasverus
« Amo Et Odi » / « J'aime et je déteste ».
C'est le grand écart que Bernie Bonvoisin n'hésite pas à décliner sur son nouvel album solo, le premier depuis treize ans...
Le Francilien a fait appel à ses complices de Trust, David Jacob et Izo Diop, ainsi qu'à Jean-Pierre Bucolo, qui a joué, composé ou arrangé pour Renaud, Francis Cabrel ou Johnny Hallyday. Ils ont travaillé sur trente morceaux en trois sessions de quatre jours. Treize titres sont finalement retenus.
La pochette suggère un selfie devant les ruines d'Alep.
Il est légitime pour pointer nos dérives, Bernie, qui se rendait à Beyrouth en 2016 pour réaliser le reportage « Paroles d’enfants syriens, la misère entre deux jardins ».
Un album, c'est d'abord une ambiance. Sur « Amo Et Odi », slide et dobro se succèdent en lumière tamisée que la batterie fait vibrer.
C'est musicalement l'opus le plus dépouillé de Bernie, textuellement son plus intime.
Il réserve les choeurs aux occasions, ose le piano-voix pour évoquer son père (« A s'en ouvrir les veines »). C'est comme avancer nu.
La sobriété est si forte que les cris qui ponctuent le rythme de « Si c'était à refaire », à la manière du « Bonny And Clyde » de Gainsbourg, sembleraient presque un pic de sophistication.
Calme et résolu, Bernie Bonvoisin n'a rien lâché de ses engagements (« Allons Zenfants »). Il compose un album au plus près de sa peau, doué d'une vraie force créatrice capable de faire naître des images.
Certainement son album solo le plus personnel. Peut-être le plus réussi. Il est disponible depuis le 09/06/2023.
Tracklist :
01. A nos aînés
02. A s'en ouvrir les veines
03. Allons zenfants
04. Confine in fine
05. Droles de gens
06. Genoux a terre
07. Amy
08. La revanche des veuves
09. No stress
10. Reste avec moi (je t'acheterais une voiture)
11. Si c'etait a refaire
12. Souvent
13. Ton reflet
Durée totale : 53mn env.
« Nous sommes allés au bout du bout du processus de création. » Par Ahasverus, avec Loic Chanut (SEPTEMBER AGAIN - chant, basse) SEPTEMBER AGAIN par Charly Carrelet
Après « Insomniac » en 2017 et « From Nothing to Nowhere » en 2019, September Again prépare sa rentrée.
Nouvel album ? Oui ? Non ? Toujours un peu torturée (c'est là sa vraie force !) la formation d'Annecy ne fait rien comme tout le monde. A mille lieues du concept « Sex & drugs & Rock N' Roll » ce groupe écorché vif a bien un opus en vue, mais il le propose à rebours, projetant de publier ses douze morceaux un à un avant de les relier dans un support unique, comme l'explique Loïc Chanut (chant, basse) :
« Nous comptons faire un clip pour chaque composition et les proposer au fil de l'année avant la sortie du long format qui regroupera tous les morceaux, ceci pour éviter le syndrome de la sortie d'album dont deux titres seulement sont réellement écoutés. On a pris le temps de composer, en ayant l'obsession de créer un objet cohérent, plein et entier. Nous sommes allés au bout du bout du processus de création, en mixant tout nous-mêmes, et finalement en clippant tous ces titres ! Les douze compositions sont prêtes, mixées masterisées. Nous avons tourné huit clips et nous sommes en train de cogiter pour les suivants. Nous avons également enregistré des prises live. En tous cas, ça sortira en vinyle à un certain moment. ».
Cohérentes, ces compositions le sont déjà sur le papier : comme l'album « From Nothing to Nowhere » s'intéressait à notre rapport aux écrans (voir notre interview SEPTEMBER AGAIN : Sonate d'Automne), le nouvel opus a un cap. Loic Chanut nous le détaille :
« Ce sera vraiment un album, avec un titre et un thème qui sert de fil rouge. L'idée est venue à Pierre Olivier Pou, notre batteur, tout de suite après le second opus. Il avait en tête toute une thématique autour du miroir, du reflet... Ca allait des textes, des compositions qui se répondaient l'une l'autre, jusqu'au design du packaging... Les choses ont sacrément évolué depuis, et comme je suis responsable des textes, j'ai un peu adapté le concept. Le miroir est toujours là, en filigrane, mais il s'agit plus d'un point véritable sur chacun de nous, sur ce que nous aspirions à être il y a quelques années ; est-ce ce que nous sommes devenus en tant qu'individus et en tant que groupe ? L'histoire du reflet dans le miroir a finalement tourné vers l'observation de nos vies : ce qu'elles reflètent finit parfois par s'inscrire en faux. Le noir reflète le blanc ; la lumière induit l'ombre... »
« Notre aventure est une malédiction qui ne peut mener qu'à l'usure et à la déception, mais à la fois elle est d'une folle intensité. »
Trois titres du futur album, Cyan, This Curse et Caged, sont déjà disponibles. Loic nous en parle :
« Caged met en miroir l'attitude qu'on te demande d'avoir dans un job a responsabilités : sois un manager cool, mais serre la vis, et sois prêt à toutes les horreurs ; sois à l'écoute mais ne tiens pas compte de ce que tu entends ; Sois empathique mais apprends a trancher. Les résultats priment ! Cet état de fait rend complêtement schizophrène. »
« This Curse, le second morceau disponible, est un miroir de ce que nous sommes en tant que groupe de rock. Un regard sans artifices, un peu désabusé. Notre aventure est une malédiction qui ne peut mener qu'à l'usure et à la déception, mais à la fois elle est d'une folle intensité. C'est une malédiction... magnifique ! »
Une réflexion, confie Loïc, qui est en lien avec le titre de l'album, toujours mystérieux.
Le nouveau morceau, présenté le 13/04/2025, s'appelle « Cyan ». Il s'agit de la seule piste instrumentale de l'album. Pourquoi une piste instrumentale ?
« Ce morceau a émergé de manière totalement inattendue, un soir, en fin de composition de la totalité des titres de l'album. Les gars le trouvaient trop pauvre, ou du moins pas assez abouti ou sophistiqué pour qu'il prenne place sur l'opus. Pour ma part, je le trouvais tellement beau, minimaliste mais à la fois d'une forme essentielle, que je leur ai demandé de le garder pour boucler l'album. Parce que ce disque sera essentiellement noir et blanc, comme un ciel nuageux qui ouvre sur un ciel cyan. C'est une ouverture, un après... Et, c'est marrant, les mecs ont eu envie de le sortir en premier clip, ce qui, stratégiquement, est un non-sens. Mais artistiquement cela nous parle au plus haut point : c'est l'histoire qu'on a envie de narrer ! »
Poursuivant sa démarche profonde et artistique, September Again ambitionne donc de donner sa chance à chaque nouveau morceau. Ils sortiront un nouveau titre chaque mois, entrecoupé de playthrough et de making of. Un prochain rendez-vous est fixé fin avril. Ce sera le quatrième des douze chapitres de ce futur opus du groupe d'Annecy. Pour n'en rien rater, abonnez-vous à la page du groupe.
Après quinze ans d'existence et cinq albums, l'inclassable MALEMORT a annoncé le 08/04/2025 qu'il mettait un terme à sa carrière. La formation parisienne explique longuement sa décision qui ne tient en rien à la qualité de son parcours, unanimement salué :
« Chers amis,
L'équipée fut belle, mais rude, et force est de constater qu'elle touche à sa fin.
Au fil de trois albums studio et de deux live, Malemort a tenté d'incarner une voix(e) singulière au sein de la scène metal française. Votre soutien sans faille, ainsi que celui de médias et d'activistes passionnés nous laisse penser que nous ne nous étions pas trompés en décidant de partager cette musique un peu différente. Néanmoins, malgré une réputation live et un Hellfest en mainstage, nous ne sommes jamais parvenus à convaincre les tourneurs, qui nous avaient pourtant bien identifiés. Il nous a régulièrement été répondu que notre singularité nous rendait difficiles à classer, donc à "travailler", quand bien même nous avions un public et une identité.
Dans un contexte morcelé et surchargé, n'être affilié à aucune chapelle ou à aucun revival n'est définitivement pas perçu comme un avantage. Nous ajouterons qu'au sein d'une scène française de qualité, mais aux contours relativement modestes, les places sont déjà prises et retenues pour quelques années encore (cf. les affiches des fests metal, saison après saison) . C'est un simple constat, et nous le faisons sans rancœur.
Or sans concerts, sans festivals, dans un monde "post-album", impossible d'accroître significativement le cercle du public, et donc de financer une création musicale exigeante tout en préservant la dynamique du groupe.
Pendant des années, Malemort a évidemment, et comme tant d'autres groupes, joué le jeu du DIY, sans s'économiser, que ce soit pour financer ses disques ou organiser ses dates. Mais après plus d'une décennie, tenter comme au premier jour d'arracher avec les dents LE spot restant sur une affiche après placement par le tourneur de son pack de groupes, puis ajout du groupe local, devient une expérience éprouvante. Et lorsqu'en plus, les accidents de la vie s'invitent à la fête, c'est la quadrature du cercle.
Dans ce contexte, vous avez pourtant réussi un petit miracle en faisant du troisième album, "Château Chimères", celui qui s'est le plus rapidement vendu. Quel beau témoignage d'affection !
Hélas, nous avons été absolument au bout de ce que nous pouvions faire par nous même.
Merci de tout cœur pour toutes ces années de soutien et de passion. La beauté de l'histoire, c'est que la musique de ces trois albums reste, et que les chansons de "French Romances", "Ball Trap" et "Château Chimères" continueront à faire vivre l'amitié et les vibrations que nous partageons avec vous.
Bien amicalement,
Malemort. »