Un power offensif et technique qu'un certain metal extrême pousserait au dévergondage.
Par Ahasverus
Des membres de Sirenia, de Freedom Call, et de Silent Winter réunis dans un projet de power metal mélodique c'est possible : Nils Courbaron l'a fait !
Le guitariste de Sirenia et de Dropdead Chaos souhaitait monter un projet dont il serait maître d'oeuvre et où pourraient s'épanouir sa virtuosité d'exécutant autant que son talent de compositeur.
Nils rassemble donc autour de lui trois musiciens particulièrement chevronnés : Mike Livas au chant, Francesco Saverio Ferraro, le bassiste de Freedom Call avec qui Nils avait sympathisé en tournée, et son camarade de Sirenia le batteur Michael Brush.
Ce line-up constitué, Nils sort de ses tiroirs des compositions dont les bases ont été jetées voici une dizaine d'années. Ainsi se construit, avec l'aide de HK Krauss (Vamacara Studio), « Let the Fury Rise », le premier album de BLOODORN.
Bloodorn est un jeu de mots tiré de l'Anglais blood et de Blôdörn, une mise à mort norroise qui consistait à ouvrir le dos d'une personne pour en sortir les poumons et les déposer sur les épaules comme des ailes (on traduit Blôdörn par Aigle de sang).
« Let the Fury Rise »... Le titre de l'album, on vous le garantit, n'est pas usurpé !
Affirmer qu'il y a de la virtuosité à tous les étages, ce n'est pas non plus jeter des paroles en l'air !
Le niveau de Bloodorn est purement monstrueux et il fait saillie partout, magistralement mis en évidence !
« Let the Fury Rise » est impressionnant à chaque piste, et la notion de supergroupe prend ici tout son sens. Le power metal de Bloodorn montre bien ses racines, mais aussi ses canines : il n'entend pas rester dans le peloton et il se détache en percutant le genre avec une agressivité qui prend le point à chaque assaut.
Bloodorn affole (« God Won't Come », « Let the Fury Rise », « Six Wounded Wolves »), et sa vitesse d'exécution donne le tournis.
La rythmique vous hâche sur place. Par dessus, Mike Livas accumule les prouesses, tenant des notes fabuleuses, jusqu'à l'inattendu chant lyrique de « Six Wonded Wolves ».
En surcouche, Nils Courbaron parcourt la gamme avec un toucher flamboyant, agile et savoureux.
L'ensemble devrait être brutal, il file à deux cents à l'heure. Pourtant c'est fluide et aussi sûr et confortable qu'un TGV en première classe ! L'agencement de certaines lignes de chant peut même faire penser à du Tobias Sammet (Edguy, Avantasia) en mode speedé (« Tonight We Fight », « God Won't Come »).
Nils Courbaron remplit donc à la perfection son cahier des charges en proposant un album de power metal moderne où les compositions sont bluffantes et où la virtuosité de chacun des musiciens irradie chacune des chansons, ne laissant sur la touche ni un instrument, ni un auditeur, ni un morceau.
Chaque titre pourrait prétendre à devenir le prochain single. L'ensemble peut se définir comme un power offensif et technique qu'un certain metal extrême pousserait au dévergondage (« God Won't Come »).
Le talent collectif est de tous les instants. Des morceaux comme « Under The Secret Sign » explosent comme des bombes et expliquent peut-être le sang sur le logo.
Bloodorn conclut sa galette par une cover reliftée du morceau « Square Hammer » de Ghost.
Nils Courbaron a gagné son pari. « Let the Fury Rise » est une réussite, la proposition qu'on espèrait d'un garçon et d'une équipe de ce niveau, une déflagration. Il mérite clairement 10/10, individuellement, collectivement.
C'est une sortie Reaper Entertainment, qui signe un joli coup en abritant ce poulain dans son écurie.
L'album est disponible depuis le 24/05/2024.