Inutile de sortir votre flûte les gars, ce cobra là ne danse pas et c’est assurément lui qui va vous charmer.
Par Pépé Stakatto
Le groupe allemand Cobrakill s’est formé en 2020 sous l’impulsion de son guitariste Randy White et de son chanteur Logan Lexi, afin de faire revivre ce bon Heavy Glam des ’80. Un premier EP éponyme de trois titres (CobraKill) voit le jour cette même année avec l’ajout de musiciens additionnels : Tommy Gun à la guitare et aux choeurs, Struja à la basse et John Teller derrières les futs. Pas de doute, ces lascars ont bien biberonné aux Twisted Sister, Mötley Crüe, Judas Priest, et autres Wasp ou Ratt de l’époque bénie des années ’80 !
Le son est très typé californien, les compositions de qualité, mention spéciale au « Amber Eyes », titre qui sort du lot sur cette première galette. Le premier album du groupe Cobratör (huit titres), sort en 2022 sur le label Polonais Iron Oxide Records.
Après un changement de line-up, on retrouve Randy White et Tommy Gun toujours aux guitares, Crippler Ramirez à la basse, Toby Ventura à la batterie et un petit nouveau au chant, Nick Adams dont le timbre de voix rappelle immédiatement Sebastian Bach (Skid Row), Vince Neil (Mötley Crüe) et même Lenny Wolf (Kingdom Come). La recette quant à elle n’a pas changé d’un iota. On retrouve pêle-mêle du Heavy, du Hard FM, du Sleaze et du Glam Rock dans ses influences. A signaler les deux pépites de l’album, le tonitruant « Lavender Haze Gipsy » et la sublissime ballade « We’ve Just Begun ».
Fort de ce succès, c’est donc tout naturellement que le groupe se voit proposer un contrat avec le label Italien Frontiers Records pour leur deuxième album Serpent's Kiss, sorti en ce début d’année 2024 ! Enregistré au Studio Monkey Moon de Dortmund, c’est le batteur Toby Ventura qui en assurera l’enregistrement, le mixage et la production, l’artwork étant l’oeuvre de Noackart. Comme nous allons le voir, cet album présente une maturité et une diversité incroyable.
L’entame se fait avec « Above the law » et son refrain mordant comme une morsure de serpent ! Le son est énorme, le pont entêtant avec ses choeurs et ses riffs bien abrasifs, un premier titre déjà accrocheur. Le très rockien « Bazooka » maintient la pression avec son refrain glam.
« Concrete jungle » tend plutôt vers un hard FM, certes aseptisé mais imparable par sa mélodie et l’apport de claviers finement placés.
On poursuit notre voyage avec le très Sleaze et gentillet « Razor Blade », c’est propre et direct sans en faire des caisses. [Hey, on croirait presque entendre chanter Swan Hellion des BlackRain sur ce titre !].
« Monstrous » avec sa basse sautillante et en boucle, ses choeurs dilués, lorgne quant à lui vers un Heavy très eighties ; et c’est avec « Same Ol' Nasty Rock N' Roll » que Serpent Kiss trouve enfin son rythme de croisière, un titre qui n’aurait pas dépareillé sur un bon vieil album de Mötley Crüe, tant la comparaison est évidente !
Avec « Torture me », mon titre fétiche de l’album, nous touchons ici au sublime. Le riff d’intro est hyper-catchy, le venin se répand enfin et nous fait doucement délirer, la mélodie rappelant Poison (tiens tiens !) voire un Ratt de la grande époque. En live ce titre va désosser sa mémé… Bon, après une énième réécoute, je vais quand même passer au morceau suivant !
« Hungry heart » reste dans cet Hair Metal glamour qui est un peu la marque de fabrique de CobraKill, puissant et terriblement Rock’n’Roll ! Refrains hachés et répétitifs, basse omniprésente et bien mise en avant… Avec « Seventeen » et son intro à la Dokken, cette Heavy Ballade va permettre à nos pistoleros de distiller leurs soli à foison. A noter également la forte influence « Bon Jovienne » (Roulette ?) que l’on retrouve dans ce morceau que ce soit par sa structure de pont, ou ses parties chants.
Sur « Silent running », on se rend compte de l’important travail de CobraKill pour sur-vitaminer cette superbe reprise de la bande à Mike Rutherford (Mike & The Mechanics). Une rythmique lourde, des riffs ciselés « aux p’tits z’oignons », une ligne de basse divinement appuyée, ainsi que la voix envoutante de Nick Adams apportent à ce morceau ce manque « de patate » flagrant sur l’original, mais en y préservant toute sa magie. Un titre ma foi, bien jubilatoire…
Le très Heavy « Ride my rocket » ressemble à ces fabuleux cocktails que l’on pouvait siroter sur la plage de Venice Beach à la fin des années 80 : un fond de Mötley Crüe, deux doigts de Crazy Lixx, une pincée de Kix et un « shake it, shake it baby » de Cinderella !
« Velvet snakeskin » le titre le plus énervé de l’album vient clôturer de façon magistrale sur les chapeaux de roues et dans un poussiéreux tête-à-queue ce deuxième opus de CobraKill. C’est puissant, nerveux et mortel, comme une ultime morsure !
Alors inutile de sortir votre « flûte » les gars, ce cobra là ne danse pas et c’est assurément lui qui va vous charmer avec cet excellent « Baiser du serpent » !
« Serpent kiss » est certes moins agressif et énergique que le précédent « Cobratör » mais il gagne en maturité et en originalité et il confirme bien l’ADN qui coule dans ses veines avec tous ces groupes qui ont fait leur renommé passée…