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MARCH OF SCYLLA : SONS OF MYTHOLOGY
Le 15/03/2025
« Je peux me mettre dans la peau d’Ulysse ou dans celle d’Achille, et questionner mes propres choix de vie. »
Une interview d'Ingrid Denis
C'était un soir de concert au KLUB, antre du Métal à Paris, organisé par BGP Music Live. Plusieurs formations étaient invitées, et une chanteuse de rock prog pleine de doutes se demandait si son groupe allait coller au style très Métal de la soirée.
Appelons ça le trac !
Comme souvent dans ces cas-là, on observe et on se laisse porter, c’est ce qu’il y a de mieux pour se faire surprendre. Car l’affiche a tenu ses promesses de diversité musicale, et fut l’occasion de rencontrer de joyeuses personnalités en coulisses.
Ce soir-là donc, il y avait le groupe de Post Metal MARCH OF SCYLLA, venu tout spécialement d’Amiens pour leur seconde date dans la capitale. Les côtoyer quelques heures, c'est apprécier leur gentillesse, admirer leur talent, et être bluffés par leur sens du casting : on ne s’attend pas en effet à tomber sur les Sons Of Anarchy en plein Paris !
Après 2 EPs remarqués, leur premier album, ANDROMEDA, sort le 7 mars 2025, et loin des rades poussiéreux de trafiquants Californiens, c'est plutôt du côté de la Grèce et de ses contes mythologiques que le combo a puisé pour façonner son univers mystique et puissant, alliant la complexité du son et la réflexion sur la nature humaine. Le résultat est envoûtant, et vous colle à l’esprit autant qu’il suscite de frissons devant l’intensité des riffs et du chant.
Pour vous aider à mesurer leurs qualités, sachez qu’ils sont signés chez KLONOSPHERE, excellent promoteur de la scène française Métal la plus pointue, tendance haute couture : KLONE bien sûr, mais aussi MAUDITS, NO TERROR IN THE BANG, ou encore SEEDS OF MARY sont dans le roster. En pleine ascension, ces gars-là sont bien partis pour décrocher leur place dans la constellation des meilleurs du genre, et devenir ainsi, on leur souhaite, les futurs GOJIRA ?
En attendant, la chanteuse plutôt curieuse se propose de prendre sa plume d’intervieweuse pour Ahasverus-Métaux en tous genres, afin de mieux faire connaissance avec les Amiénois.
Qui sont-ils, d'où viennent-ils, formidables métalleux des temps nouveaux ?
Ingrid : Allez, on va commencer par la sortie de cet album, le tout premier de votre formation actuelle, tout premier avec la promo intense qui s’annonce... Comment vous sentez-vous ?
Flo (chant) : Salut Ingrid, et merci pour la sympathique entrée en matière… Bah écoute, super bien, mais effectivement assez impatients d’avoir des retours sur l’album… Quand on a travaillé et investi autant pour cinquante minutes de musique, on est forcément un peu fébriles…
Ingrid : Est-ce que vous faites du Métal depuis toujours, ou vous êtes passés par d’autres styles ? Quel est votre parcours musical ?
Flo : Pour ma part depuis toujours, oui… à la fin des 90’s je faisais des reprises de grunge ou de Deftones… Ensuite on a tous eu pas mal de groupes qu’il serait trop long de citer… du death, du prog, du stoner, du psyché, et même de la cold wave pour moi ! Donc beaucoup d’aspects du rock et du métal…
Ingrid : Comment s'organise la composition chez March Of Scylla : un seul orfèvre à la musique, ou un travail collectif puis les lignes de chant ? Qui décide des samples, comment sont-ils produits (clavier, autre) ?
Flo : On fonctionne quasiment toujours de la même façon… Chris écrit la musique dans les grandes lignes en commençant par guitare et samples… ensuite on discute des structures, Gilles adapte la drum en modifiant certaines rythmiques et je termine par les voix.
Ingrid : Quel est votre morceau favori de l’album, et pourquoi ? Pour ma part j’adore le tortueux BLaAST, ou encore le combo MYRRAH/COSMOGONY avec l’intro rythmique du dernier et son refrain qu’on reprendrait bien dans la foule en festival. Il y a aussi un petit intermède un peu à part sur l’album, “TO CASSIOPEA”, comme un moment d’invocation, qui me fait penser un peu à du Dead Can Dance. Quelle était l’idée derrière, comment l’avez-vous pensé et intégré, et pourquoi pas plus long ?
Flo : Déjà, c'est super, deux des morceaux que tu cites font partie de mes préférés de l'album. “To Cassiopeia” a été pensé pour être l’intro de Dark Matter. C'est un morceau interlude avec uniquement des voix et différents effets. Je voulais une ambiance de voyage spatial et spirituel… on se promène entre les astres, on est aspiré dans le vide et le froid spatial tout en étant transcendé par cette beauté… jusqu'à mon questionnement sur la matière noire , son rôle dans la structuration de l’univers et sa possible déification pour moi.
Ingrid : Après avoir confié les mix et mastering de vos précédents EPs à Francis Caste, cette fois vous avez opté pour faire la totalité de la production avec lui. Pouvez-vous nous raconter cette expérience ? Comment cela s'est déroulé, combien de temps, et ce que cela vous a apporté techniquement ou autre, chacun à votre poste ? Quel est le niveau de satisfaction : smiley jaune orange rouge ?
Flo : Oui, énorme boulot ! Comme pour Dark Myth on a fait les prises drum chez Francis en une semaine… Énorme boulot pour Gilles mais ça permet de poser le jeu et de faire des choix, notamment grâce à son expérience. Les guitares, la basse et les voix ont été enregistrées en août dans nos Home studios respectifs à Chris et moi. Ensuite Francis a bossé quinze jours dessus pour tout intégrer et “faire de la couture”, comme il dit… C'est vraiment un travail considérable, pour lui comme pour nous car on n'a pas forcément la même idée du morceau au même moment. Alors il faut faire des choix, parfois les défendre, mais aussi faire confiance à l’expertise d’un pro… Au final on est ravi ! Maiiis il y a toujours deux ou trois trucs que personne n’entendra qu’on aurait peut être pu modifier un chouille… enfin, le mieux étant l’ennemi du bien, à un moment il faut y aller !
« Le fil conducteur, si on devait en trouver un, serait dans les histoires de personnages féminins de l’antiquité. »
Ingrid : Vous aviez un autre guitariste à l’origine du groupe apparemment, est-ce que vous avez pensé à en intégrer un nouveau depuis son départ, ou la formule à quatre vous convient ?
Flo : Oui en effet… on était inquiet après son départ, et indécis. Mais les retours qu’on a eu à cette époque étaient très bons sur le son. Et le groupe a vraiment pris un gros gap à ce moment-là. on a beaucoup tourné et on s'est rendu compte que la formule fonctionnait mieux… On ne reviendra sans doute plus jamais en arrière.
Ingrid : Question growl : comment as-tu commencé à saturer ? C'est une technique qui te venait naturellement ou tu l'as ajoutée en prenant des cours spécifiques ?
Flo : Il y a énormément de techniques de saturation, et certaines que je ne maîtrise pas ou qui ne m’intéressent pas… Personnellement j’en utilise trois : le growl death très grave que j'utilise peu car très death justement (sur l’album un peu à la fin de Death Experience), le scream hurlé qui est mon chant principal avec le chant clair, et le clair semi-saturé, celui des refrains en général… Je n’ai jamais pris de cours pour les growls. Certaines techniques sont arrivées très jeune, d’autres plus tard, à force de tester des choses et d’avoir des projets différents. Mais le plus technique reste finalement le chant clair…
Ingrid : Cet album est une continuité de l’EP “Dark Myth”, est-ce que ce sont des histoires indépendantes ou il y a un fil conducteur, quelque chose qu’il fallait approfondir ?
Flo : Hum… la continuité c'est certain. The Royal Way a été écrite juste après Dark Myth. Le fil conducteur, si on devait en trouver un, serait dans les histoires de personnages féminins de l’antiquité ayant vécu des épreuves incroyables et s’en étant plus ou moins sorties, mais sans jamais renoncer...
Ingrid : Pour écrire sur ces mythes, quels ont été tes supports ? Es-tu parti seulement des Métamorphoses d’Ovide, ou as-tu été inspiré par d'autres adaptations comme des pièces de théâtre par exemple (Racine, Anouilh), ou des films ? Tu relies ces thèmes à l'actualité, à l'expérience personnelle ?
Flo : Chris (guitares) est prof de philosophie. Quant à moi je suis plutôt historien de formation, et assez friand de récits comme l’Iliade et l'Odyssée d’Homère… En général quand quelque chose me touche dans ma vie personnelle ou dans l’actualité, je me demande si cette histoire n’existe pas déjà, et je fais des liens. Je peux me mettre dans la peau d’Ulysse (Ulysses'Lies) ou dans celle d’Achille (Achilles’Choice), et questionner mes propres choix de vie.
Ingrid : Pourquoi ce personnage d'Andromeda comme titre d’album, elle qui n’a pas de chanson dédiée ? Que représente-t-elle pour l’album ?
Flo : Je voulais un personnage féminin antique ayant subi une épreuve en faisant preuve de courage. Ce qui m’intéressait était également que son nom soit celui de la galaxie la plus proche de la nôtre puisque c'est un thème que l'on retrouve dans l’album. Faire un lien entre les mythes anciens et le cosmos.
Ingrid : Les visuels de Pierre Gacquer sont magistraux, presque hypnotiques, avec une esthétique 3D. Vous avez gardé la même ligne artistique que pour DARK MYTH. Imaginez-vous qu’il puisse y avoir un clip animé issu de l’univers graphique de Pierre, comme chez Tesseract ou Sleep Token ? (NDLR : question posée juste après le premier clip)
Flo : Merci. Oui tout à fait, c'est ce que nous avons fait avec Storm Dancer. Nous avons un ami, Médéric Harvard, dont c'est le métier. Ça donne un côté comic book vraiment sympa.
Ingrid : Vous avez choisi de lancer une cagnotte Ulule, ce qui est toujours un pari pour un groupe indé. Vous avez douté du succès de la collecte ou vous saviez que ça allait fonctionner, de fédérer autour de votre projet artistique ?
Flo : Haha ! On doute de tout quand on est artiste ! Est ce que les gens vont adhérer à notre musique, à notre univers, à notre esthétique ? Tu as beau avoir des retours super positifs, on est si nombreux sur le marché qu'il est compliqué de savoir comment ça va se passer à l'avance. Mais pour le coup on a été très agréablement surpris par la cagnotte. Enfin, on a eu peur aussi, mais c'est normal, ça se remplit surtout vers la fin… En tous cas, objectif atteint de ce côté-là !
Ingrid : Et donc depuis l’EP DARK MYTH vous avez signé chez KLONOSPHERE, LE label frenchie métal que le monde s'arrache. Comment s'est passée la rencontre avec eux ? Vous avez vu Guillaume Bernard dans un bureau avec du Champagne et des tapas ? Est-ce qu'ils ont participé de près ou de loin à la production de l'album, vont-ils s'occuper de la distribution, dans quelle mesure, etc ?
Flo : Oui, ça c'était vraiment la bonne surprise de l'année dernière ! Il nous fallait absolument un contrat de distribution pour obtenir des subventions. Perso j'étais fan déjà, et donc je misais gros sur ce label. C'est Adrien, de Victory Vision Agency, chez qui on est signé également, qui s'est occupé des démarches. Et Guillaume nous a fait confiance pour l'album à partir de trois titres entendus en pré prod !
« Maintenant pour nous l'essentiel est de faire découvrir notre musique. »
Ingrid : Question Antigone : On a vu récemment Joe Duplantier dans une campagne militante vegan, on pense aussi à Steven Wilson sur le même thème, ou encore Corey Taylor sur celui de la santé mentale. Pensez-vous que la scène Métal soit en évolution quant à la prise de parole des artistes ? Est-ce que finalement c'est “Métal” d'être militant, et pourriez-vous vous aussi être aussi engagés publiquement ?
Flo : Pour commencer à se positionner publiquement, il faut quand même déjà un certain niveau de notoriété, sinon ça n'a absolument aucun intérêt. Je trouve ça bien que certains le fassent même si on l'a vu, ça n'a quand même que très peu de répercussion. Je ne pense pas me tromper en me disant que nous nous sentons concernés par les droits des femmes et la protection de l'enfance. La montée du fascisme m'inquiète également au plus haut point. Maintenant pour nous l'essentiel est de faire découvrir notre musique. Si à un moment on nous prête une oreille attentive pourquoi pas…
Merci beaucoup Flo ! Vous pourrez également retrouver MARCH OF SCYLLA en live pour le ANDROMEDA TOUR, voici les premières dates annoncées :
- 22/03/ Clermont (Centre socioculturel)
- 19/04 Chaulnes (Metal Fest)
- 17/05 Nantes (Le Black Shelter)
- 07/06 Grenoble (Ampérage)
- 14/06 Lille (Brat Cave)
- 08/11 Douai (Unfest)
- 06/12 Amiens (1001 Bières)
COBRA SPELL : interview de Noelle dos Anjos
Le 23/02/2024
« Nous apprenons chaque jour avec nos points communs et nos différences. »
Interview réalisée par mail par Ahasverus courant février 2024.
Fin 2023, Cobra Spell, dans un line-up remanié et entièrement féminin, sortait son premier long format. Un album si chaleureusement accueilli qu'il voyait la jeune formation propulsée en couverture de l'édition espagnole de Metal Hammer. Et si « 666 » était un chiffre porte-bonheur ? Noelle dos Anjos (guitare) a bien voulu nous dire quelques mots à propos de ce jeune opus.
Ahasverus : Bonjour Noelle dos Anjos. Comment vous sentez-vous après la sortie de « 666 », le premier album de Cobra Spell ?
Noelle dos Anjos : Bonjour ! Wow, nous sommes tellement excitées de pouvoir enfin libérer notre petite bête dans le monde. C’est tellement encourageant de recevoir autant de critiques incroyables, de commentaires positifs et de critiques constructives à propos de notre disque. Cela semble toujours surréaliste de figurer dans autant de magazines et même d’apparaître en couverture ! Nous sommes très reconnaissantes du soutien insensé des fans et des médias internationaux.
Ahasverus : « 666 » c'était un nouveau line-up pour Cobra Spell. Dans quel état d’esprit avez-vous construit cet album ?
Noelle dos Anjos : Oui ! Nous nous sentons tellement en confiance avec ce nouveau line-up. Nous avons un grand sens du travail d’équipe, nous nous soucions profondément les unes des autres et de tout ce que nous créons ensemble. Je crois que la connexion que nous partageons et le même état d’esprit nous ont vraiment aidés lors de la création de « 666 ». Ce fut une belle opportunité pour nous de mieux nous connaître et de nous plonger dans le processus créatif.
COBRA SPELL avec, de gauche à droite Noelle dos Anjos (guitare), Hale Naphtha (batterie), Kristine Vega (chant), Sonia Anubis (guitare) et Roxy Herrera (basse). Photographie : Raquel Garcia
Ahasverus : A part Sonia Anubis qui est hollandaise, le reste du groupe est plutôt latin (Espagne, Brésil, Venezuela). Ce mélange de cultures et de nationalités a-t-il un impact sur l'univers de Cobra Spell ?
Noelle dos Anjos : Cela a un impact très positif ! Nous apprenons chaque jour avec nos points communs et nos différences. Malgré nos horizons si différents, notre passion pour la musique heavy nous unit et nous fait avancer. Nous avons vécu beaucoup de choses dans nos propres vies et sur la scène heavy metal. En tant que femmes, nous pouvons comprendre énormément de choses dans les luttes passées et présentes de chacune. Le fait d'être originaires de pays différents nous aide simplement à garder notre esprit et notre cœur ouverts pour apprendre les unes avec les autres et évoluer en tant que groupe.
Ahasverus : L’amour et le désir sont presque un fil conducteur pour l’album « 666 ». Certaines chansons sont légères, d’autres, comme « Love=Love » et « The Devil Inside Of Me », semblent plus engagées…
Noelle dos Anjos : Oui, avoir un bon mix de différents thèmes dans l'album a non seulement apporté plus de saveur à l'opus dans son ensemble, mais nous a également aidé à explorer différents aspects de notre propre créativité. Dans « 666 », il y a des chansons où l'on parle d'expériences personnelles, d'amour, de relations plus ou moins sérieuses, comme « The Devil Inside of Me », qui s'intéresse à un mouton noir dans un environnement religieux familier.
Ahasverus : On entend un saxophone sur « Love=Love ». Cela m'a rappelé la chanson « Urgent » de Foreigner. Comment est née cette idée d’utiliser un saxophone ?
Noelle dos Anjos : C’est une idée très spontanée qu’a eue Sonia en studio. Elle envisageait en fait d'improviser un solo de guitare dans cette section, mais elle a ensuite pensé qu'un solo de saxophone correspondrait très bien à ce morceau d'AOR. Heureusement, notre producteur Alejandro Gabasa a des contacts fantastiques et connaît des musiciens à Madrid, nous avons donc fait appel à un saxophoniste qui a fait un travail incroyable sur la chanson.
Ahasverus : Comment Sonia et vous vous êtes-vous réparties le travail des guitares sur cet album ?
Noelle dos Anjos : La plupart des guitares rythmiques de cet album ont été écrites par Sonia, à l'exception de « Love Crime », qui a été écrite par Sonia et moi. Côté enregistrement, Sonia a enregistré toutes les guitares rythmiques dans « 666 », ainsi que ses leads et solos de guitare. J'ai rejoint le studio de Madrid pour enregistrer mes propres solos. C'était vraiment excitant de voir les différents styles de solo que chaque guitariste apportait à cet album. Nous aimons la façon dont ils contrastent et se complètent !
Ahasverus : Qu'allez-vous faire durant les six prochains mois ?
Noelle dos Anjos : Nous travaillons actuellement sur la production de nos prochains shows pour promouvoir « 666 ». Nous aurons un spectacle complètement différent en 2024, avec une nouvelle setlist, une scénographie et bien plus encore ! Nous sommes ravies des shows que nous vous réservons et nous avons hâte d’offrir une expérience inoubliable à tous ceux qui nous verront en live ! Pour l'instant, nous avons une tournée en Espagne prévue pour avril et quelques dates en Allemagne (NDLR : et une date en France, au South Troopers Festival de Marseille). Gardez un œil sur la suite !
Ahasverus : Merci Noëlle dos Anjos d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Noelle dos Anjos : Merci de nous accueillir et de nous donner un espace pour promouvoir notre album. Ce fut un plaisir !
Photographie : Raquel Garcia
DUMMY TOYS - La poupée qui fait non
Le 08/12/2023
« Peut-être que les gens étaient venus à notre show parce qu'ils étaient curieux de voir jouer un groupe chinois. Mais la prochaine fois, je crois qu'ils viendront voir notre performance parce qu'ils aimeront les Dummy Toys ! »
DUMMY TOYS par Passenger 21. De gauche à droite : Quin, Xiaoniao, Huanzi et Qing
Elles ont un look étonnant et un nouvel album (« War Is Nightmare ») détonnant et leur tournée européenne devrait les voir fouler les scènes françaises en mai 2024. Voici une interview de Huani, Qing, Quin et Xiaoniao, du groupe de punk-rock chinois DUMMY TOYS.
Interview réalisée par mail par Ahasverus en novembre 2023.
Ahasverus : Bonjour Dummy Toys. Quand est née votre formation et quel est le line-up du groupe ?
Xiaoniao (guitare) : DummyToys s'est formé en 2015. Quin est au chant, Huanzi à la basse, Qing à la batterie et je suis à la guitare.
Ahasverus : Comment le groupe s'est-il construit ?
Xiaoniao : A l'origine c'était une suggestion de Liyang, un membre de Demerit, un groupe punk chinois. . Nous les filles, nous étions toujours ensemble, c'était une relation sympa et nous avons pensé que nous pourrions simplement former un groupe. De mon côté j'ai toujours voulu faire partie d'un groupe StreetPunk/Hardcore.
Huanzi (basse) : Oui, même chose pour Qing, qui a toujours voulu avoir un groupe exclusivement féminin. Quant à moi, je jouais déjà dans un groupe avec Xiaoniao au lycée. alors je me suis naturellement retrouvée dans Dummy Toys. Enfin Quin, notre chanteuse, venait elle aussi d'un autre groupe de trois filles.
« L'éducation vous incite à faire ce que les autres aimeraient que vous fassiez, et beaucoup de gens finissent par s'y perdre. »
Ahasverus : En 2020 vous réalisez votre premier album, « Not a Puppet ». Pourquoi ce titre ?
Xiaoniao : « Not a Puppet » est l'une des chansons de cet album et nous avons utilisé son titre pour nommer notre premier opus. En grandissant, nous entendions trop souvent des réflexions comme « Vous devriez faire comme ceci » ou « Ceci est bon pour vous et cela est mauvais ». L'éducation vous incite à faire ce que les autres aimeraient que vous fassiez, et beaucoup de gens finissent par s'y perdre. Ils vivent comme les autres veulent qu'ils vivent, aussi je voulais souligner l'importance du « soi » à travers cette chanson, en se questionnant soi-même sur ce que l'on veut, en pensant au genre de personne qu'on voudrait devenir, en n'ayant pas peur de ce que l'on veut être, et surtout en ne devenant pas le genre de personne qu'on déteste. Ne soyez pas la marionnette des autres !
Huanzi : Je ne veux pas être enchaînée, je ne veux pas être contrôlée.
Quin (chant) : Ne pas être un pantin. Nous devons toujours penser et faire nos choix par nous-mêmes, sans suivre le troupeau.
Qing (batterie) : La marionnette n'a pas d'âme, elle peut n'être qu'une matière dans les mains des autres. Mais l'être humain est fait de chair et de sang, avec des pensées et des émotions, avec des attitudes et une conscience de soi. Et la musique est notre manière de nous exprimer car nous sommes des êtres humains. Ne soyez pas une marionnette.
Ahasverus : L'artwork de « Not a Puppet » est une poupée martyrisée...
Xiaoniao : Je pense que c'est une poupée qui se libère de l'esclavage.
Quin : Oui, on se blesse toujours en brisant ses chaînes.
Qing : C'est une poupée martyrisé mais déterminée et forte à l'intérieur.
Ahasverus : L'album « Not a Puppet » est assez hardcore musicalement, mais la chanson « Anti Sweet Girl » m'a fait penser au groupe de rock britannique The Clash, alors que « DMC Baby » me rappelle les premiers albums de Blondie.
Xiaoniao : Oui, haha ! Ils sont différents. Pour « Anti Sweet Girl » nous avions soudainement voulu quelque chose de différent, c'est sorti comme ça et nous l'avons enregistré. « DMC Baby » est une chanson pour les enfants, et aussi pour nos propres enfants. Dmc est un club de punk où nous allons souvent nous produire. On peut dire que les enfants grandissent et viennent dans notre monde comme des anges. Nous pensions donc que cette chanson devrait être entraînante.
Huanzi : « Anti Sweet Girl » est ludique et « DMC Baby » a une mélodie entraînante.
Quin : A chaque fois que je commence à chanter « DMC Baby », les petites frimousses des enfants des autres membres du groupe me viennent à l’esprit et je sens mon coeur rempli d'amour ! (Rires)
Ahasverus : En 2023, vous avez sorti votre nouvel album, « War Is Nightmare ». Pourquoi ce titre ?
Xiaoniao : « War is Nightmare » est aussi le titre d'un morceau très important dans l'album. Nous avons toujours voulu écrire une chanson sur la guerre. Nous pouvons parfois entendre des avis favorables à la guerre, ce qui nous inquiète beaucoup car la guerre est toujours terrible. On peut lui donner toute sorte de justifications, mais de quelle justice s'agit-il ? Nombre de personnes ont perdu la vie, nombre de familles ont été détruites, et les gens qui subissent la guerre vivent dans la peur chaque jour. Les justifications ne peuvent effacer la perte d'un être cher. Bien après que la guerre soit terminée, les gens qui l’ont vécue sont réveillés par des cauchemars. Parce que la guerre elle-même est un cauchemar.
Qing : Regardez notre Terre, des guerres se produisent partout, entre pays, entre organisations, entre groupes ethniques, entre personnes... C'est un énorme cauchemar pour tous ceux qui aiment cette planète. Même si nous ne pouvons pas arrêter tout cela, la guerre n'est pas la seule voie en ce monde.
Ahasverus : « War Is Nightmare » a-t-il été réalisé dans les mêmes conditions que « Not A Puppet » ?
Xiaoniao : Oui, ce sont tous deux des productions à bas coût, et nous avons été aidées par de nombreux amis. Nous les en remercions beaucoup !
Quin : Nous avons enregistré la guitare et la basse chez un ami, le chant et la batterie dans le studio d’un autre ami. Et nous avons eu recours au même mixage pour les deux albums car l'ami qui s'est occupé du mixage est un technicien exceptionnel et il nous a très bien compris. Nous avons fait de notre mieux. Et, heureusement, même s'il s'agit d'une production à faible coût, nous avons obtenu de bons résultats.
Qing : Les deux albums ont été enregistrés à Qingdao dans des conditions très simples. Nous avons reçu beaucoup d'aide et nous remercions tous ces amis.
Ahasverus : « War Is Nightmare » est bien plus hardcore que votre premier album. J'ai pensé au groupe de thrash metal Slayer en en écoutant cet album ! Quels sont les artistes qui influencent Dummy Toys aujourd'hui ?
Xiaoniao : Il y en a tellement... Monster Squad, Cheap Sex, Demerit, Crude S.S., Tragedy, etc. Ils ont tous une grande influence sur notre musique.
Ahasverus : Comment avez-vous construit les dix pistes qui apparaissent sur le nouvel album et la pandémie a-t-elle eu une influence sur votre façon d'écrire les chansons ?
Xiaoniao : L'épidémie n'a pas affecté notre manière de créer. J'écrivais d'abord mes nouvelles idées et de nouveaux chapitres seule, puis on continuait à créer ou à modifier les morceaux toutes ensemble. C'est juste qu'à cause de la pandémie nous ne pouvions pas nous réunir chaque semaine. Je continue à penser que les meilleures idées naissent quand nous sommes ensemble.
Ahasverus : « Bus Of Death », avec ses choeurs, est un véritable hymne. J'imagine que le pit est en feu quand vous jouez cette chanson sur scène !
Xiaoniao : On a sollicité de nombreux amis pour enregistrer « Bus Of Death » Je me rappelle encore de cet enregistrement... Même si les paroles sont tristes, c'est un très beau souvenir. Beaucoup de gens aiment cette chanson, et j'espère que de plus en plus viendront la chanter avec nous quand nous la jouerons sur scène à l'avenir.
Huanzi : J'aime aussi cette chanson. Elle est solennelle et remuante, et je me sens toujours en mouvement quand on la joue, il est facile de se laisser porter.
Quin : En fait, peu importe à quel point je me sens puissante ou pleine de colère quand je chante une chanson, dès que je commence à entonner « Bus Of Death » un immense sentiment de tristesse m'envahit
Ahasverus : Votre musique est agressive, mais j'ai été tout autant impressionné par les paroles de vos chansons, qui sont très élaborées. Loin du trip classique « Sex, drug, Rock N' Roll », vos textes sont explicitement humanistes. L'engagement fait-il partie de l'identité du groupe ?
Xiaoniao : Les paroles de chacune de nos chansons reflètent l'état d'esprit et les idées que le groupe veut exprimer. Nous voulons parler au monde, discuter de ce qui nous concerne, remettre en question et critiquer l'injustice, c'est ça qui nous motive.
Qing : Nos chansons reflètent toujours nos pensées.
« Do not believe in what you see!
With everything in their control
They made you be willing to live in dreams
The dreams that full of fuckin’ lies! »
Disaster
Ahasverus : Le sens d'un texte tel que « Disaster » est universel et pourrait s’appliquer à de nombreux régimes totalitaires, passés ou présents…
Xiaoniao : Oui, cela s'applique au passé comme au présent, et cela convient à n’importe quel régime. Face à un « fléau », on se retrouve piégés. On est en panique et on ne sait pas où est la vérité ; et la vérité paraît plus difficile à affronter que le fléau lui-même. Ce qui est terrible aussi c'est qu'à un moment donné tout sera oublié. Ca deviendra du passé, et il n'en restera plus que des phrases dans les livres d'histoire. Et quand surviendra le fléau suivant, les gens ne sauront toujours pas quoi faire...
Ahasverus : Dummy Toys commence à susciter de l'intérêt hors de Chine. Quels sont les pays où votre musique est bien reçue et comment percevez-vous cet enthousiasme ?
Xiao niao : En fait, nous ne savons pas dans quels pays nous sommes populaires, haha ! Mais quand nous avons tourné en Europe et au Rebellion Festival, au Royaume-Uni, tout le monde était vraiment enthousiaste. Nous étions très heureuses. Beaucoup de gens nous disaient qu'ils comprenaient ce que nous chantions et qu'ils s'y retrouvaient. Nous étions très émues. Cette fois-là peut-être que les gens étaient venus à notre show parce qu'ils étaient curieux de voir jouer un groupe chinois. Mais la prochaine fois, je crois qu'ils viendront voir notre performance parce qu'ils aimeront les Dummy Toys ! (Rires)
Quin : Beaucoup de gens m'ont dit après notre show : « Oh, on ne savait pas qu'il y avait des groupes comme ça en Chine, vous êtes tellement bons. » J'ai toujours apprécié ces compliments mais je leur ai assuré qu'il y avait beaucoup beaucoup de bons groupes en Chine.
DUMMY TOYS par Passenger 21
Ahasverus : En 2023, que signifie être un punk-rocker en Chine ?
Qing : Pour moi, le punk signifie aimer ce que l'on aime et lutter contre ce que l'on déteste.
Xiaoniao : Le punk est en fait une niche très spécialisée en Chine, et 2023 semble vouloir se faire encore plus difficile. Le punk devra trouver sa propre voie pour survivre.
Ahasverus : Qu'allez vous faire en 2024 et avez-vous des projets en Europe ?
Xiaoniao : Nos amis Rico et Anita commencent déjà à nous aider pour planifier une tournée européenne en mai 2024. Nous irons en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Belgique, en Suède, au Danemark, en République Tchèque, en Pologne, et également sur un festival de musique en Espagne et au Royaume. On tournera pendant un mois.
Quin : Nous serons aussi à l'affiche du Rebellion Festival 2024 !
Ahasverus : Comment peut-on se procurer votre nouvel album en Europe ?
Xiaoniao : Nos disques vinyles sont désormais disponibles sur notre Bandcamp comme chez certains disquaires en Europe, voire à New York. La prochaine fois nous en emporterons quand nous irons jouer en Europe et nous vendrons nos albums après nos concerts !
Huanzi : Nos vinyles sont disponibles à l'étranger via Laibixi Records (Allemagne-Leipzig)、DIY Kolo Records (Pologne-kolo)、Genjing Records (États-Unis/Chine)、Tmom Records (Allemagne-Berlin).
Ahasverus : Un grand merci, Dummy Toys, d'avoir pris le temps de répondre à cette interview.
Dummy Toys : Merci beaucoup !
ALYSSA GALVAN - Le nombre des années
Le 17/11/2023
« Mon plus grand bonheur est de jouer de la musique pour quiconque est prêt à l'écouter. »
Alyssa Galvan est une songwriter américaine qui sortait son premier album de compositions originales en 2021 à l'âge de seize ans.
Après avoir parcouru les USA de festivals en clubs, après avoir joué en France et en Croatie, elle prépare une tournée française pour l'été 2024 avec le Alyssa Galvan Band.
A seulement dix-huit ans, Alyssa fait partie de ces artistes venus à la musique comme une évidence. Cette interview vous propose d'en savoir plus sur cette jeune chanteuse remarquable qui nous rappelle que « la valeur n'attend pas le nombre des années ». Sur la foi de ce qu'elle a déjà montré, son nom pourrait bien s'inscrire un jour en lettres d'or au fronton du paysage musical international. N'attendez plus pour la découvrir.
Interview réalisée par mail par Ahasverus en novembre 2023.
Ahasverus : Bonjour Alyssa Galvan. Quel est le premier souvenir qui relie votre vie à la musique ?
Alyssa Galvan : Lorsque j'étais enfant, il y avait toujours de la musique à la maison ou dans la voiture. Je demandais toujours à mes parents de me faire écouter certaines chansons et certains chanteurs que j'aimais beaucoup, en particulier des femmes. Après de nombreuses années, j'ai réclamé une guitare et j'en ai finalement reçu une à l'âge de dix ans. Ça été pour moi l'ouverture d'un tout nouveau monde.
Ahasverus : Quel événement a fait qu'un jour vous vous êtes dit « Je veux devenir musicienne » ?
Alyssa Galvan : J'ai d'abord commencé à me produire dans des open mics et des jams, c'était le meilleur départ pour quelqu'un comme moi. Étant si jeune et n'ayant aucune idée de la façon de poursuivre une carrière musicale, ces endroits étaient ce qu'il y avait de mieux pour mes débuts. Lorsque j'ai eu l'occasion de donner mon premier concert à treize ans, j'ai eu l'impression d'avoir atteint un tout autre niveau. Ça m'a inspirée et m'a aidée à croire que la musique pouvait vraiment être quelque chose que je poursuivrais plutôt qu'un simple passe-temps.
Ahasverus : Parlez-moi de votre apprentissage de la musique...
Alyssa Galvan : À l'âge de dix ans, je me suis inscrite à des cours de guitare dans un magasin de musique près de chez moi et j'ai eu un professeur formidable. Il m'a aidé à apprendre toutes les bases avant de m'encourager à prendre un chemin différent et à apprendre par moi-même. Recevoir des instructions, que ce soit en musique ou à l'école, a toujours été plus difficile pour moi donc je me suis mise à pratiquer seule. Au fur et à mesure que mes compétences en guitare progressaient, j'ai commencé à essayer de chanter et de jouer en même temps. Heureusement pour moi, cela s'est fait naturellement. Au fil du temps, j'ai continué à développer mes compétences en guitare et en chant en travaillant seule.
« Dès que j'ai commencé à apprendre et à écrire de la musique, c'est tout ce que j'ai fait de ma vie. »
Ahasverus : A quel âge composez-vous votre première chanson ?
Alyssa Galvan : Avant même d'apprendre de simples accords de guitare, je me souviens avoir créé mes propres mélodies et paroles. Avec le recul, c'est quelque chose qui m'a toujours attirée. Ma première véritable composition originale est une chanson intitulée « Thanatos », que j'ai composée à l'âge de douze ans.
Ahasverus : Votre âge est souvent mis en avant pour souligner la maturité de votre jeu, de votre chant, de votre songwriting. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
Alyssa Galvan : J'ai toujours été naturellement attirée par la musique. Tout ce qui s'y rapporte m'a toujours semblé parfait pour moi. J'ai eu la chance de trouver très tôt mon ambition dans ce domaine. Dès que j'ai commencé à apprendre et à écrire de la musique, c'est tout ce que j'ai fait de ma vie. Je pense que j'ai été capable de me connecter et d’évoluer dès que j’étais jeune parce que j'ai toujours été éloignée par rapport aux personnes de mon âge. Mes intérêts étaient toujours différents de ceux de mes camarades, ce qui m'a poussée à m'intéresser davantage à la musique.
L'album Alyssa, sorti en 2021.
Ahasverus : Quels sont vos modèles ?
Alyssa Galvan : Les deux premiers musiciens que j'ai découverts vers l'âge de onze ans et qui m'ont vraiment inspiré pour devenir une artiste sont Iggy Pop et Lou Reed. Ces deux-là restent proches de mon coeur et ils m'ont fait découvrir la scène musicale de New-York des années 1970. Cette époque a marqué le début de mon véritable amour pour la musique. J'ai été attirée par le punk-rock, la new-wave, le glam et les attributs expérimentaux de ces groupes qui se produisaient au Max's Kansas City et au CBGB. À partir des nombreuses reprises de Muddy Waters et de John Lee Hooker par Iggy Pop, j'ai creusé plus profondément et découvert les racines de la musique blues. Le delta blues du début des années 1900 a été le premier à capter mon attention, avant que je ne sois attirée par le blues électrique, plus tardif. J'admire particulièrement les femmes fortes et fondamentales du blues, telles que Big Mama Thornton et Sister Rosetta Tharpe, Memphis Minnie, etc.
« Les artistes de blues du début du XXe siècle mettaient leur coeur et leur âme dans chaque chanson qu'ils écrivaient. Bien que je n'aie pas les mêmes luttes à partager qu'eux, je me rappelle toujours qu'il faut dire ce que l'on pense et penser ce que l'on dit. »
Ahasverus : Votre chant semble en totale « lâcher-prise ». Quels artistes vous inspirent en la matière ?
Alyssa Galvan : Je compose à partir de ce que je vois, de ce que j'entends, de ce que je vis. Tout ce qui m'entoure. Si j'ai une idée, je l'écris. J'aime tous les types de musique, ce qui me permet de puiser des influences partout. Les artistes de blues du début du XXe siècle mettaient leur coeur et leur âme dans chaque chanson qu'ils écrivaient. Bien que je n'aie pas les mêmes luttes à partager qu'eux, je me rappelle toujours qu'il faut dire ce que l'on pense et penser ce que l'on dit. Les auteurs-compositeurs dont je m'inspire pour mon travail en solo sont Tom Waits, Leonard Cohen, Elliott Smith, Melanie Safka et Nina Simone.
Ahasverus : Vous êtes Américaine et vous avez déjà partagé la scène avec nombre d'artistes renommés. Quel est celui qui vous a le plus impressionné ?
Alyssa Galvan : J'ai eu l'occasion de rencontrer Bob Margolin, qui a rejoint Muddy Waters et son groupe en tant que guitariste en 1973 pendant sept ans. À chacune de nos rencontres, il m'a fait part de nombreux conseils et anecdotes et m'a toujours apporté un soutien incroyable. Il n'a jamais peur d'agir comme il l'entend sur scène et j'admire cela. Je me souviens de la première fois que j'ai partagé la scène avec lui et qu'il a annoncé mon nom dans le micro. J'avais l'impression d'avoir la tête sous l'eau et je savais que je devais donner le meilleur de moi-même. L'été dernier, j'ai eu la chance d'apprendre avec Doug MacLeod, qui a travaillé avec un grand nombre de musiciens incroyables, mon préféré étant Big Mama Thornton. Les talents de guitariste de Doug m'inspirent et j'ai appris beaucoup de choses de lui. Il est également plein d'histoires et de conseils phénoménaux. Il est vraiment « cool ».
Alyssa Galvan et The Pink Amoebas
Ahasverus : Un mot sur The Pink Amoebas ?
Alyssa Galvan : Avec The Pink Amoebas, nous avons un album complet qui est terminé et prêt à sortir. Nous avons quelques singles de l'album disponibles sur toutes les plateformes de streaming sous le nom de « The Pink Amoebas ». Ce groupe a été formé avec un très bon ami à moi, Pamu Rufio. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois parce qu'il dirige son propre studio et qu'il est incroyablement doué pour tout ce qui touche à l'enregistrement et à la vidéo. Nous avons décidé de mettre nos différents goûts musicaux en commun pour créer un Fun band sur lequel les gens peuvent chanter et danser. La meilleure façon de décrire ce groupe est de le qualifier de « doo-wop alternatif ».
Ahasverus : Votre actualité c'est aussi le Alyssa Galvan Band. Que vous apporte ce projet ?
Alyssa Galvan : Alyssa Galvan Band me permet de donner une toute nouvelle vie à mes chansons. Je n'ai jamais été capable de travailler pleinement ma musique dans un style blues/soul/funk comme je le fais maintenant. Ce groupe me donne la chance de partager mes chansons d'une manière différente de mes autres projets passés et présents. Outre le nouveau visage de mes musiques, c’est aussi le fait de ne travailler qu’avec des musiciens français qui m'ont ouvert à un public complètement différent. Mon plus grand bonheur est de jouer de la musique pour quiconque est prêt à l'écouter et ce groupe me donne l'opportunité d'emmener mes compositions dans un pays qui m'est étranger et de faire exactement cela.
Ahasverus : Les musiciens qui vous accompagnent sont Français. Pouvez-vous nous les présenter ?
Alyssa Galvan : J'ai l'honneur de travailler avec trois incroyables musiciens français dans ce groupe. Chacun d'entre eux apporte sa propre individualité au groupe. À la basse, Pierre Cabirol s'est d'abord intéressé à la musique pour s'amuser avant de la poursuivre professionnellement. Il a pris quelques leçons avant d'entrer à l’Université et d'obtenir un diplôme en musicologie jazz. Il s'est rendu compte qu'il pouvait travailler seul avec succès, tout en tenant compte des points de vue de ses professeurs. Il donne un coup de main au pôle supérieur de musique de Toulouse. À la batterie, Lucas Lopes a commencé à apprendre la musique à l'âge de neuf ans dans un conservatoire de Versailles. Il a suivi cet enseignement pendant de nombreuses années avant de déménager dans le sud de la France pour continuer dans un autre conservatoire spécialisé dans les percussions classiques. Il est aujourd'hui à l’école Agostini, un conservatoire spécialisé dans la batterie. Ensuite, nous avons Matéo Perfetti au claviers. Sa formation musicale débute dès l'âge de six ans, lorsqu'il apprend le violon. Plus tard, il a commencé à apprendre d'autres instruments, à former des groupes et à donner des concerts à l'âge de seize ans. Il est actuellement titulaire d'une licence en musique et a validé un diplôme en musicologie jazz. Non seulement il ajoute une richesse à la musique sur les touches, mais il est aussi le cerveau du groupe. J'ai eu la chance de nouer des liens très forts avec lui, dans la vie comme dans la musique. Il est incroyablement talentueux et a une grande oreille pour les arrangements, ce qu'il fait pour toutes nos chansons. J'admire tout le travail qu'il accomplit pour que ce projet soit le meilleur possible. À ce stade de ma vie, je ne pourrais pas imaginer travailler aussi étroitement avec quelqu'un d'autre.
« J'ai noué de nombreuses relations France avec des musiciens et pas seulement, et je me suis toujours sentie bien accueillie. »
Ahasverus : Votre musique est populaire sur le continent américain, où vous commencez à avoir de la notoriété. Pourquoi vous intéressez-vous à un petit pays comme la France où vous projetez de faire une tournée en 2024 ?
Alyssa Galvan : Ma première expérience en Europe, l'été dernier, dans le cadre d'un projet international, était quelque chose dont je n'aurais pu que rêver. Ce fut une expérience incroyable de me produire à la fois en Croatie et en France. Mon plus grand objectif est de voyager et de partager ma musique à travers le monde avec tous ceux qui sont prêts à m'écouter. J'ai noué de nombreuses relations en France, avec des musiciens mais pas seulement, et je me suis toujours sentie bien accueillie. C'est un pays magnifique et je suis honorée de pouvoir y partager mes premières expériences internationales.
Ahasverus : Vos créations ont une forte personnalité. En les écoutant j'ai pensé à Janis Joplin et à Amy Winehouse.
Alyssa Galvan : J'ai toujours aimé Janis Joplin et Amy Winehouse. Plusieurs personnes me l'ont dit ces dernières années et c'est toujours un compliment très gentil. Je pense que je m'inspire de ces deux artistes parce que ce sont des femmes fortes, pleines d'âme et de cran, que j'ai toujours admirées. Je m'inspire de plusieurs artistes, ce qui me permet d'être moi-même.
Ahasverus : Votre actualité dans les six prochains mois ?
Alyssa Galvan : J'ai pris un peu de recul par rapport à mes concerts locaux pour me concentrer sur l'écriture de nouveaux morceaux originaux, non seulement pour le Alyssa Galvan Band, mais aussi pour ma carrière solo et pour The Pink Amoebas. Bien que j'aie quelques concerts locaux au calendrier, l'écriture me prend beaucoup de temps. En janvier 2024, je participerai pour la première fois à l'International Blues Challenge en tant que spectatrice. Les deux dernières années, j'ai participé aux spectacles des jeunes, mais cette fois-ci, je vais explorer d'autres talents et me concentrer sur le réseautage. Je vais également participer à la radio Women In Blues, qui a sa propre vitrine dans le cadre de l'IBC. Alyssa Galvan Band prévoit de donner son premier concert officiel en avril, juste un peu avant la tournée d'été. Plus de détails sur ce spectacle seront annoncés prochainement. Nous travaillons avec Christelle et Téo de KBKC Artistes pour une tournée cet été en France. Nous avons déjà prévu de nombreuses dates et nous attendons juste de les annoncer pour que tout le monde puisse les voir. Tout comme il y a des idées d'album avec ce groupe, je travaille sur mon deuxième album solo, avec une date de sortie prévue pour début 2024. Dans l'ensemble, il y a beaucoup de travail d'écriture et de préparation pour la tournée française d'Alyssa Galvan Band en 2024 !
Ahasverus : Merci Alyssa Galvan d'avoir répondu à mes questions.
Alyssa Galvan : Merci beaucoup de m'avoir contactée et d'avoir un fort intérêt pour toutes les formes de nouvelles musiques.
Le cas Quintana
Le 18/10/2023
« Je suis prêt a tenter tout ce dont j'ai envie tout en gardant ma personnalité. »
Piero QUINTANA par Jessica Calvo Photographe
« Être seul c'est être libre », nous dit Piero Quintana à propos de son nouveau projet. C'est qu'il est en scène avec une guitare et une machine, pour le « Quintana Dead Blues eXperience ».
Des configurations, il en a testé plus d'une, en plus de vingt ans de discographie. « Chaque période de ma vie à eu son univers », poursuit-il en se tournant sur son passé, Quintana Roo, Liga Quitana... Puis il nous parle du présent, de l'album « Older »...
Pour le futur, on verra : il est temps de faire un point sur le cas Quintana...
Interview réalisée en février 2019 - actualisée en octobre 2023.
Ahasverus : Bonjour Piero Quintana. Tout d'abord vous souvenez-vous de votre premier émoi musical et du premier album acheté ?
Piero Quintana : Comme beaucoup de personnes de ma génération, je pense, mon premier disque et premier choc musical a été le fameux « Thriller » de Mickael Jackson en 1982, j'avais alors treize ans. Bien avant, mon enfance à baigné dans du Serge Reggiani, Paco Ibañez, Georges Moustaki et même Claude François et Joe Dassin !
Ahasverus : Comment est née cette vocation de musicien, comment avez-vous découvert votre première guitare et quel est votre parcours artistique ?
Piero Quintana : Ma grand mère, qui fût premier violon à l'orchestre de Chambéry, m'a « mis » au conservatoire dés l'âge de sept ans, pour étudier le solfège et la flûte traversière. Puis vers l'âge de dix-huit ans, un peu dégoûté par le côté rigide du classique, et plus intéressé par la musique du moment, comme Duran Duran, INXS et pas mal de groupes de rock espagnol, je me suis mis à la basse, pensant (à tort) que c’était l'instrument le plus facile pour faire du rock et avoir un groupe rapidement. Je ne me suis mis à la guitare, en autodidacte que bien plus tard, à l'âge de trente-deux ans. Au départ, cet instrument ne me servait qu'à m'accompagner, puis le temps est passé, et avec les progrès, j'ai commencé à lui donner une plus grande place, comme dans Quintana Dead Blues eXperience. Dans plusieurs de mes projets, j'ai mis aussi un peu de flûte traversière et de l'harmonica, mais mon instrument principal reste le chant.
Ahasverus : Dans une interview à Virgin Radio en 2014, vous disiez faire « le grand écart entre Dépêche Mode et Nirvana ». Aujourd'hui comment définiriez vous votre univers ?
Piero Quintana : Ce n'est pas original ce que je vais dire, mais c'est toujours difficile de définir son univers et d'y mettre une étiquette. C'est pour ça que j'aime dire que je fais le « grand écart » entre Dépêche Mode et Nirvana. Je suis fan de Dave Gahan et de tout ces rythmes electro mélangés à ces riffs de blues comme dans « Personal Jesus » ou « I Feel You », et j'ai aussi toujours aimé cette folie dans Nirvana, ce côté crade, sauvage et imprévisible. S'il faut donner d'autres noms d'artistes, je suis très certainement influencé par ce que j'écoute ; Black Rebel Motorcycle Club, Iggy Pop, The Rolling Stones, The Kills, Triggerfinger...
Piero QUINTANA par Jessica Calvo Photographe
Ahasverus : Où trouvez-vous votre inspiration musicale, et quelles thématiques aimez-vous aborder ?
Piero Quintana : Dernièrement, j'essaye d'écouter plus de Blues, des choses plus près des racines, plutôt que des musiques déjà digérées et transformées, afin de m’imprégner de l'essence et d'y mettre ma propre personnalité. Depuis l'album « Older » de Quintana Dead Blues eXperience, je travaille des titres avec Rémi Guirao (Arabella) qui me permet d'avoir un autre angle de vue sur ma musique ; il me propose des morceaux « sur mesure » que l'on travaille ensemble. Je cherche quelque chose de plus direct et de moins produit, pour cela j'épure le plus possible les morceaux et j'y mets l'essentiel, pour que ça soit plus lisible et émotionnel. Au niveau des textes, les thèmes abordés sont souvent des ressentis personnels sur mon histoire, des états d'âmes que j'essaye de retranscrire le plus sincèrement possible.
Ahasverus : Les textes de vos derniers opus sont en Anglais. Cette langue correspond-elle mieux à la musique que vous créez désormais, ou vous n'excluez pas de revenir aux textes en Français ou en Espagnol dans des productions postérieures ?
Piero Quintana : J'écris en Anglais, car effectivement j'ai la sensation que ça se prête mieux à cette période musicale. Auparavant, j'ai toujours chanté en Espagnol et j'ai défendu cette langue, car le rock « en » espagnol a le droit à sa place. Beaucoup s'imaginent que le « rock espagnol » c'est forcement avec de la guitare flamenca ou des mélodies andalouses, que c’est soit du Ska-P, soit style Gypsy Kings (qui sont français soit dit en passant !). En France, c’était à la fois pas facile d'être un groupe de rock espagnol dans ce milieu fermé, et en même temps une force et une originalité ; on jouait de partout, on était différents et on laissait une trace. En 2014, je me suis mis à chanter en Anglais après avoir fait une première tentative en Français avec un nouveau titre qui n'aboutissait vraiment pas. Après plusieurs jours de recherche, j'ai tenté le même morceau avec un bout de texte en Anglais et j'ai eu une révélation ! C’était « These Mornings » (De Novo 2014), et j'avais l'impression d'être Dave Gahan ! haha ! Mais aujourd'hui je ne me pose plus de question, si je dois revenir à l'Espagnol, sur certains titres, ça se fera, naturellement, et peut être même un jour en Français, je n'ai plus aucune règle.
« Je me suis retrouvé seul comme un con avec ma basse. »
Ahasverus : Depuis Quintana Roo , voici treize albums au compteur de votre discographie. Quatuor, duo, vous avez aussi exploré plusieurs types de formations. Pourriez-vous nous brosser l'histoire et les caractéristiques de vos divers projets ?
Piero Quintana : J'ai commencé la musique en groupe sérieusement avec Quintana Roo (nom d'un état du Mexique), en 1991, après plusieurs autres formations éphémères. C'était du Rock espagnol, fortement influencé par les groupes espagnols de la « movida », des années 80/90. On était quatre, deux guitaristes (Greg et Chris) et un batteur (jean H), et j'étais à la basse et au chant. C'est là qu'on a fait nos armes, c'est là qu'on a su qu'on serait musiciens avant tout. Pendant sept ans, on a joué dans toute la France et même quelques dates en Espagne. Puis, le groupe s'est arrêté en 1998 après trois disques. C'est là que je me suis retrouvé seul comme un con avec ma basse et que j'ai dû me mettre à la guitare pour m'accompagner, puis remonter un projet quelques années plus tard, en 2001, avec Liga Quintana. Le nom Liga à été choisi pour sa signification (Ligue), car après la séparation douloureuse de Quintana Roo, je voulais un groupe modulable, avec des musiciens qui entrent dans le projet, puis partent quand ils le veulent sans que le groupe ne meure, ce n'était plus « à la vie-à la mort » : c'était Liga Quintana, un collectif Quintana...
... Même si finalement l'histoire s'est répétée, nous avons vécu des moments énormes et sommes devenus comme des frères. Liga Quintana c'est des centaines de dates entre la France et l'Espagne, c'est quatre disques dont deux enregistrés en Espagne, c'est aussi « StarDiscount », un film. C'est quatre mecs (Les frères Tarricone, Benjamin et Simon, David Litavicki et moi) sans concessions qui font une sorte de rock electro-grunge, chanté en espagnol, sauvage et classe à la fois. L'histoire s'est arrêtée elle aussi, dix ans après, en 2011. Faire de la musique, tourner, c'est un peu maladif chez moi et j'ai toujours la flamme donc je décide immédiatement de continuer, mais seul cette fois-ci, avec différents projets, sous le nom de Quintana et sous forme de duos. Je compose l'album « El Mayor Enemigo » avec Tom Lopez en 2012. Un truc très perso et acoustique, basé sur les textes et des mélodies assez noires ; ma voix, une grosse caisse au pied, une guitare acoustique, une petite boite à rythme minimaliste, et Tom avec son vieux clavier Farfisa et une guitare électrique. Puis j'ai eu à nouveau envie de pression acoustique, d'un truc lourd, electro-rock, puissant et dansant, tout en restant en formule légère. j'ai donc réintroduit une groove box, comme on le faisait dans Liga, et j'ai composé « De Novo » (2014) et « 69 » (2016), avec ma guitare électrique et accompagné par Spike à la basse. Ces projets on été joués aussi de partout entre la France et l'Espagne, c'est là que j'ai vu que je pouvais pousser le délire plus loin et être plus radical ; « être seul sur scène avec une guitare a fond et une vieille groove box Roland MC909 ».
« Je sais aussi qu'un jour je remonterai un groupe, mais je ne me pose pas de question. »
Ahasverus : Vous vous produisez aujourd'hui, sous le nom de Quintana Dead Blues eXperience, un « One Man Rock'N Roll Electro Heavy Blues ». Est-ce à proprement parler une « expérience », ou se produire seul sur disque comme sur scène est-il choix durable du futur Quintana ?
Piero Quintana : En 2017, j'ai fait mes premières dates tout seul sous le nom de Quintana Dead Blues eXperience, pour différencier ce projet du précédent. j'ai choisi un nom à rallonge, pour noyer le poisson ! « Vu que je suis seul, je vais trouver un nom super long ! » J'avais déjà joué seul, auparavant, notamment en première partie de Christine & The Queen et de Gaëtan Roussel et sur quelques festivals, et l'idée, même si c'est flippant, me plaisait. C'est effectivement une expérience artistique et de vie, car je suis ouvert à tout, je suis prêt a tenter tout ce dont j'ai envie tout en gardant ma personnalité. Être seul c'est vraiment être libre, même si la musique est un échange et que la vie de groupe et de partage me manque parfois. Mais en réalité je ne suis vraiment pas seul, je suis très entouré, il y a Chris Martin (KNT Publishing) mon éditeur qui m'accompagne dans le développement du projet, ma compagne Jessica Calvo photographe qui apporte énormément à mon image à l'heure où le visuel est primordial, et beaucoup d'autres personnes. Je partage bien évidemment avec le public et les gens que l'on rencontre lors des tournées. Je sais aussi qu'un jour je remonterai un groupe, mais encore une fois, je ne me pose pas de question, quand, où, pourquoi...
« Ces opus sont ne sont que des prétextes. »
Ahasverus : Où peut-on écouter et se procurer vos albums ?
Piero Quintana : Les albums sont sur internet (Spotify, Deezer, etc), mais aussi en VPC, on peu les commander sur www.pieroquintana.com. Sinon, il y a pas mal de vidéos de tous ces groupes sur Youtube.
Ahasverus : Outre « Older », votre nouvel album sous le nom de Quintana Dead Blues eXperience, quel opus rrecommanderiez-vous à un lecteur qui voudrait découvrir votre univers ?
Piero Quintana : « Older » se rapproche le plus de ce que je recherche, des chansons avec une énergie Rock, un son un peu Stoner, un côté intense et sauvage, avec juste une voix, une guitare et une machine. Chaque période de ma vie à eu son univers, tout en gardant une identité forte. Mais je recommande aux gens de venir aux concerts, c'est là que ça se passe, je fais des nouveaux morceaux et des nouveaux disques juste pour pouvoir tourner et monter sur scène, ces « opus » ne sont que des prétextes en fait ! Ou au pire trouvez des vidéos live sur Youtube !
Ahasverus : Après l'Espagne, vous êtes actuellement sur les scènes françaises. Un mot sur la tournée du Quintana Dead Blues eXperience ?
Piero Quintana : J'ai fait près de soixante-dix dates en 2018, j’espère en faire autant cette année. J'essaye de jouer dans de meilleures conditions d'années en années, je joue partout, du petit bar à la grosse scène de festival. Venez aux concerts, je passe peut être près de chez vous cette année, surveillez les dates sur Facebook ou sur le site officiel !
Ahaasverus : Merci Piero Quintana de nous avoir accordé cette interview.
Piero Quintana : Merci à vous et à très vite sur un concert !
TARAH WHO? : Letter from L. A.
Le 15/10/2023
« Je n'ai pas de message précis quand j'écris, mon but est de me libérer de mes émotions et de faire du rock'n roll. »
Le 24/09/2021 sortira « Supposedly A Man », le nouveau Tarah Who?.
Pour patienter en attendant la sortie de cet album de rock qu'on vous recommande et dont notre chroniqueur Pépé Stakatto vous fera l'article, nous avons pris des nouvelles de Coraline et Tarah, les deux expatriées - elles vivent aux USA - qui composent cette formation.
Bonjour Tarah Who? Pourquoi avoir choisi une formule duo ?
Coraline Herve (batterie) : Bonjour ! Merci de nous recevoir. On n'a pas vraiment choisi la formule duo, c'est plutôt venu à nous (rires), mais ça fonctionne plutôt bien pour nous !
Tarah G. Carpenter (chant, guitare, basse) : Bonjour ! Oui effectivement. En fait notre dernier bassiste nous a planté une semaine avant une tournee Europeenne. On a dû trouver une solution très rapidement et il nous a semblé plus simple de partir en duo avec des tracks plutôt que d'essayer de trouver un(e) bassiste qui aurait dû apprendre vingt-cinq chansons en une semaine, etc. Au retour de notre tournée européenne, on avait une autre tournée de prévue et on se disait que, si on trouvait la solution pour ces deux tournées, on verrait après. La réaction du public était très encourangeante et on a trouvé plus simple finalement de n'avoir que nous deux a gérer, donc on est resté comme cela.
Tarah Who? ... Comment naît l'idée du prénom suivi de cette interrogation ?
Tarah G. Carpenter : Alors ça c'est une autre longue histoire ! (Rires)
Pour la faire courte, j'avais envoyé un email a mes musiciens de l'époque parce qu'on cherchait un nom de groupe. Donc ça, c'était au tout debut... J'avais proposé plein de noms, mais ils n'ont finalement retenu que le sujet de mon email qui était « Tarah... WHO??? ». On s'était dit qu'on allait faire les dates déjà programmées avec ce nom puis qu'on allait réflechir, mais ... On ne l'a jamais fait !
Votre nouvel album sort le 24/09/2021. Il s'appellera « Supposedly A Man ». Quel message doit-on lire à travers ce titre ?
Tarah G. Carpenter : En fait l'album devait s'appeler « Exposed », parce que chaque chanson expose quelque chose de personnel ou une situation. La pochette de l'album a été pensée comme une fiche de police, d'où les photos mugshots. Au cours des semaines, j'écoutais un peu des nouveautés avec Alexa (NDLR : l'assistant intelligent d'Amazon) et je me suis rendue compte qu'à chaque fois que je lui demandais de jouer une chanson, elle jouait tout l'album de l'artiste. Dans cet album, il y avait effectivement la chanson que je cherchais, mais du coup je me tapais les autres titres de l'opus avant de tomber sur le single. Alors j'ai fait mes recherches et tout le monde a l'air de faire pareil ! Les Foo Fighters, Royal Blood etc. J'ai donc voulu tester : appelons l'album comme l'un des singles qui, pense-t'on, plaira le plus, comme ca ceux qui utilisent Alexa pourront découvrir également les autres chansons de l'album !
De quand datent les compositions du nouvel album ?
Tarah G. Carpenter : Je les ai composees pendant le confinement. Je dirais que d'avril à septembre 2020 je composais. On a enreigstré le week-end des élections présidentielles aux US, avec nos masques !
« Supposedly A Man ». s'ouvre sur « Bad Time », un titre qui traite des violences faites aux femmes. Après « 64 Women » (votre dernier EP) à propos de l'immigration, Tarah Who? reste sur un sujet à caractère social...
Tarah G. Carpenter : Oui... Mais ce n'est pas voulu. J'écris ce que je ressens, ou ce que j'ai besoin d'exprimer. Je n'ai pas de message précis quand j'écris, mon but est de me libérer de mes émotions et de faire du rock'n roll.
Autre morceau, « La petite Boche ». C'est le surnom que donnaient péjorativement ses camarades de classe à la mère de Tarah, petite fille d'un soldat Allemand. Cette histoire sera moins lisible en Grande-Bretagne ou aux USA, pays qui n'ont jamais été occupés et dans lesquels vous trouvez principalement votre public. Mais j'imagine que l'important était de rendre hommage et justice à la maman de Tarah au travers de cette chanson, et que c'est la raison de son titre en français ?
Tarah G. Carpenter : Exactement ! J'ai écrit cette chanson pour ma mère, mais aussi pour toutes les mamans parce que, pour les enfants qui sont proches de leurs parents, je pense que l'on peut reconnaître l'amour qu'on leur porte sans en avoir honte. On a eu de la chance avec mes frères, et je pense que Coralie sera d'accord avec moi, que nos parents étaient et restent présents pour nous. Ils font beaucoup pour nous, et je voulais dire a ma mère, que j'en etais consciente. En très gros... Effectivement, pour cette chanson, les Américains n'osent même pas prononcer le titre ! (Rire) Ou bien je dois corriger, parce qu'ils veulent l'appeler « La Petite Bouche ». Ah nan, les mecs ! C'est pas le sujet... du tout !
L'autre raison pour laquelle je voulais l'appeler comme ca, c'était pour rappeler deux choses, toujours en restant dans l'optique de dénonciation lorsque l'album s'appelait « Exposed ». Je voulais rappeler aux jeunes que donner des noms à ses camarades pouvait faire très mal, et je voulais aussi souligner cette période de l'histoire que les nouvelles générations n'ont pas connu.
C'est dans les gènes de Tarah Who? que de défendre ses valeurs au travers de sa discographie ?
Tarah G. Carpenter : Haha ! Je ne sais pas ! Je pense que c'est dans mes gènes, et le fait que je compose les chansons l'est aussi, certainement. Il me semble important de toutes facons de défendre ses valeurs. Maintenant, pour Tarah Who?, ce qui m'importe, plus encore que de faire partie d'un style musical en particulier, c'est d'écrire des chansons dont nous sommes fières et de les jouer avec sincérité et authenticité. Le style va varier de titre en titre, mais ce sera toujours du rock, parce que je ne connais que ça. J'ai grandi en écoutant du punk, du grunge, du garage, du metal, etc. Et je pense que toutes ces influences sont dans le son de Tarah Who?.
Je ne me considère pas du tout comme une chanteuse. Rien que de l'écrire cela me fait bizarre !
J'ai beaucoup aimé l'album « Supposedly A Man », sa maturité, son énergie. Des incartades punk et grunge, mais avant tout un album de rock direct, musicalement efficace et textuellement très percutant...
Coraline Herve : Merci beaucoup ! On a voulu faire un album un peu plus « simple » et efficace, qui est direct.
Tarah G. Carpenter : Merci, ça fait vraiment plaisir. Je suis contente de lire « énergie », après, je ne sais pas si c'est en vibe ou en énergie dynamique, mais j'avais peur justement que cet album diffère un peu trop des anciens et qu'il plaise moins à certains de nos fans qui aiment justement « 64 Women » (NDLR : le précédent EP de Tarah Who?) pour son côté très punk chaotique. Mais c'est une très bonne définition, « rock direct», c'est carrément l'esprit. On est un goupe de rock, plus ou moins énervé. En live, on a tendance a rester sur ce côté énervé et je pense que c'est ce qui fait qu'on nous appelle punk, par ici.
Tarah, ton registre vocal assez bas me fait penser parfois à Crissie Hynde (The Pretenders), par exemple sur La Petite Boche ou Manners... Quel rapport entretiens-tu avec ta voix ?
Tarah G. Carpenter : Alors là... Euh... Honnêtement je ne sais pas du tout ce que je fais... Je ne me considère pas du tout comme une chanteuse. Rien que de l'écrire cela me fait bizarre ! Je chante parce qu'il s'agit de mes pensées, de mes émotions, de mon vécu, et maintenant ça me fait du bien parce que, en live, je crie tout ce que j'ai, donc il y a ce côté soulagement, défouloir. Mais je n'y connais rien du tout en voix... Je ne pourrais pas chanter toute seule, par exemple... Il faut que je joue !
Vous êtes toutes deux françaises expatriées aux USA. Reviendrez-vous tourner dans l'hexagone ?
Coraline Herve : Je reviens toujours de temps à autre pour voir la famille, et ça fait toujours du bien de revenir à la maison, en France. Pour l'instant je pense rester aux USA, mais on verra bien dans quelques années.
Tarah G. Carpenter : Oui pareil, la France c'est la maison, la famille, les amis, la bonne bouffe (punaise !), le bon vin (raahh lalala...). Mais pour la musique, et pour mon style de vie en général, je préfère être aux Etats-Unis. Depuis le temps, je connais plein de monde, et c'est ce qui m'a permis de continuer dans la musique. Je ne trouvais pas d'opportunités en France, et le jeu de scène, la facon dont les musiciens travaillent, sont complêtement differents. Je me trompe peut-être parce que je n'ai pas suffisamment d'expérience en France pour le coup, mais à l'époque où j'essayais de faire des choses, c'était un circuit tres fermé et restreint, avec décibelmètre à toutes les scènes musicales, les musiciens que j'ai rencontré ne prenaient pas le travail au serieux. A L.A., tout le monde est acteur ou musicien, et le niveau musical est impressionnant. Si ça ne marche pas avec l'un, tu prends l'autre. Ca va très vite ! Il n'y a QUE des opportunités !
Tourner en France ? Bien sûr ! Toujours ! On adore venir jouer en Europe et en France, à la maison.
Que va faire Tarah Who? dans les prochains mois ?
Coraline Herve : Nous sommes en train de travailler sur le prochain EP ou album, on ne sait pas encore (Rires) et on espère pouvoir rejouer live assez vite.
Tarah G. Carpenter : Bah justement je travaillais là sur une demo ! Et je me suis souvenue de cette interview ! Oui, on est en train de préparer des nouvelles chansons que l'on va enregistrer en décembre, et on commence à booker des dates.
Où et sous quels formats pourra-t-on se procurer le nouvel album ?
Coraline Herve : L'album sera disponible en digital sur toutes les plateformes ainsi qu'en physique. Vous pourrez le retrouver sur notre site internet, www.tarahwho.com.
Tarah G. Carpenter : Yes, en physique il sera distribué dans quelques magasins je crois, mais sinon il sera dans nos merch avec les tee-shirts et tous les autres trucs qu'on emmène en tournée !
Merci Tarah Who? d'avoir pris le temps de me répondre.
Coraline Herve : Merci beaucoup de nous avoir reçues.
Tarah G. Carpenter : Oui, merci beaucoup.
PATRICK COUTIN - L'interview de l'Homme Invisible
Le 08/03/2023
« J’avais envie de revenir à cette urgence et à cette simplicité. »
Le 03/03/2023 Patrick Coutin, l'homme qui aimait regarder les filles (il doit en avoir marre, Coutin, qu'on lui rappelle son tube à tout propos, mais il s'est tellement inscrit dans notre mémoire collective...) sortait un quatorzième album rock en diable qu'il déclinera le 21/03/2023 en formule trio à La Bellevilloise, à Paris.
« L'Homme Invisible » Patrick Coutin ? Fi donc ! Il n'a clairement pas échappé aux radars d'Ahasverus ! Il a même pris le temps de répondre à ses questions...
Patrick Coutin par Alain Frettet
Bonjour Patrick Coutin. Comment allez-vous en ce premier trimestre 2023 ?
Patrick Coutin : Je vais comme un homme qui voit partir son dernier enfant pour voyager le vaste monde et qui se rend compte soudain de la vanité qu’il y a de créer des choses, des chansons en espérant que d’autres les écoutent.
Pourquoi « L'Homme Invisible » ?
C’est l’histoire d’une personne enfermée chez elle, prisonnière devant sa télé et qui veut voir le monde avec ses propres yeux. Il rêve de pouvoir mettre une paire de lunettes noires et de pouvoir marcher librement dans la rue, invisible. C’est au départ une chanson sur la liberté et sur cette idée, que si tu regardes le monde à travers un écran de télévision tu es une sorte de prisonnier… C’est aussi un clin d’œil à un très vieux feuilleton « L’Homme invisible » et à un roman de H.G.Wells.
Après le triptyque « Coutin Paradise » de quoi aviez-vous envie pour ce nouvel album ?
Je voulais faire un album simple, brut, enregistré à l’ancienne, de manière presque live, dans une sorte de complicité avec les autres musiciens, un album d’urgence. Un retour aux sources.
Un album créé pendant le confinement qui commence paradoxalement par un hymne à la route ?
Oui c’est souvent lorsque tu es privé des choses dont tu as l’habitude, dans ce cas la liberté, que tu te rends compte à quel point elle est précieuse. Pour moi la route est le symbole de la liberté, partir, quitter un endroit que tu connais pour des endroits que tu ne connais pas, découvrir d’autres personnes, d’autres façons de vivre. Le monde est immense… J’ai beaucoup souffert d’être enfermé pendant la pandémie.
« Quand Je Suis Loin de Vous » m'a fait penser à Dick Rivers. Vous chantez assez bas, d'ailleurs. J'imaginais sa voix sur la mélodie...
Comme tout le monde j’ai une voix normale qui est plutôt basse et une voix que j’appelle voix de tête plus aiguë, qui me permet de chanter sur du rock, donc de passer au-dessus des basse / batterie / guitare et du gros son. La plupart des chansons de cet album sont chantées avec cette voix haute, ma voix de gamin, et deux ou trois dans la tessiture basse. Dick avait une voix qui descendait très bas… Il a chanté quelques chansons que j’ai écrites pour lui, souvent des ballades… Il aurait pu chanter celle-là, c’est vrai.
Mais l'album est majoritairement rock, parfois rock hard, ou presque...
Hard Rock, peut-être pas, mais Rock oui. C’est un album de Rock, composé pour pouvoir être joué Rock, avec beaucoup de riffs de guitare, des rythmiques rapides, des chansons assez courtes, j’avais envie de revenir à cette urgence et à cette simplicité… Mais ce sont aussi des chansons que tu peux jouer à la guitare sèche…
Patrick Coutin par Fredo Slim
« L'Homme Invisible » devait nécessairement être enregistré aux USA ?
Oui. Mais au départ je ne le savais pas, d’ailleurs j’ai essayé de l’enregistrer en France, mais ça n’a pas marché et les débuts d’enregistrements ne me satisfaisaient pas. Ça n’avançait pas. On était encore en pleine pandémie, et la vie s’était arrêtée dans ce pays. C’est une nuit en traînant sur Internet, et en reparlant avec un musicien que j’avais connu il y a une quinzaine d’années à Austin que l’idée est arrivée, très vite d’ailleurs, que cette musique était écrite pour être enregistrée là-bas. Une fois que je l’ai imaginée jouée dans le style de rock du sud, c’était une évidence…
Les musiciens qui vous accompagnent ont des CV impressionnants. Ça facilite l'enregistrement ?
Bien sûr, plus le niveau de tout le monde dans le studio est haut, plus l’enregistrement est simple, limpide, rapide, et donc te donne l’impression de facilité. Mais c’était aussi au départ un album conçu de manière assez précise, la plupart des riffs étaient écrits, les structures fixées, il y avait juste à se mettre sur la même longueur d’onde et à jouer. D’autant que j’ai une certaine complicité avec David Grissom (NDLR : ce musicien qui a joué avec Buddy Guy, Bob Dylan et Chris Isaak tient la guitare sur l'album). depuis longtemps. Avec lui, on n’est pas loin du génie. Et Jarrod Johnson à la batterie et Eric Holden à la basse sont des monstres de feeling et de technique.
Le son aussi est énorme... Parlez-moi de la production.
Nous étions dans un studio à la campagne, The Zone Studio, créé par un ancien du Grateful Dead, un peu à l’ancienne avec un super son naturel et très agréable, où tout le monde pouvait jouer ensemble. C’est enregistré avec du matériel où se mélangeait le meilleur du traditionnel et de l’ultra moderne, et ce studio avec ce son, cette résonance naturelle, a beaucoup facilité les choses. L’ingénieur du son Pat Manske est aussi très bon, il faut le dire…
En écoutant les textes de vos chansons, on a l'impression de parcourir votre journal. Avec des morceaux très intimes (« Maman ») et des petites tranches de vie (« La Star du Comptoir », « L'Homme Invisible »).
C’est toujours un peu comme ça que je compose. Sur une image, une émotion, une rencontre, une histoire que l’on me raconte. Une chanson, c’est une forme de créativité très condensée, tu dois parler au cœur, à l’instinct, plus qu’à l’intellect, et c’est là où la musique t’aide à communiquer des émotions, des sentiments et des feelings qui ont croisé tes jours, tes yeux. Mais j’ai aussi abordé des thèmes plus intimes, par exemple avec « Maman », « Loin de vous » ou « Mon Bébé par la main »…
« La Nuit Est Là », « Rien Que Pour Ses Yeux », « A Part Ca Tout Va Bien »... Les riffs du nouvel album semblent taillés pour la scène... J'imagine que vous attendez le 21 mars avec impatience ?
Avec impatience oui, un peu la trouille aussi, car jouer huit ou neuf nouveaux titres sur scène, c’est pas si simple, et j’ai toujours eu beaucoup de mal à apprendre mes propres textes, mais c’est assez excitant, d’autant que cet album est vraiment composé pour aller sur scène, comme vous dites. En fait il a été écrit pour être joué sur scène et agrandir le répertoire de scène de mon trio… L’idée de jouer en trio, c’est aussi une façon de retourner à la simplicité, à l’énergie. La scène a ce côté magique, incertain, qui fait qu’elle reste toujours une aventure, tout peut se passer lorsque tu es sur scène, la corde de guitare qui casse, la panne de courant, ou de mémoire ; chaque concert est une expérience un peu différente et c’est d’ailleurs ce que j’aime. Une sorte de mise en danger.
Merci Patrick Coutin d'avoir pris le temps de me répondre...
Merci à vous.
BLACKRAIN - Interview de Swan Hellion
Le 09/12/2022
« Dying breed marque pour moi le vrai nouveau départ de BlackRain. »
A l'occasion de la sortie de l'album « Untamed », disponible depuis le 25/11/2022, le chanteur et guitariste de BlackRain, a accepté de répondre à nos questions. Voici l'interview de Swan Hellion.
BLACKRAIN par Julien Zannoni
Passé
Bonjour Swan Hellion. Comment va BlackRain en cette année 2022 ?
Swan : Hello ! Le groupe va bien, on est au top, « pumped up » par la sortie de ce nouvel album « Untamed » et du feedback plus que positif qui en ressort. 2022 fut des plus prolifiques et bénéfiques pour nous.
Vous sortez les bons albums avec la régularité d'un métronome : « Released » en 2016, « Dying Breed » en 2019... Aujourd'hui quel regard portes-tu sur ces opus ?
Swan : « Released » fut un album assez spécial dans le sens où le groupe se retrouvait finalement libre de tout contrôle extérieur quant a sa direction artistique, l’album est truffé de bonnes chansons mais la prod' ne convient pas je pense. Même si la qualité est là, la modernité manque à l'appel et la plupart des tracks ne brillent pas à leur juste valeur. Je suis assez critique quant à mes performances vocales aussi. Pourtant le mixage de « Released » demeure une expérience exceptionnelle. Travailler avec Jack Douglas et Warren Huart sur Hollywood Hills, cela restera gravé dans nos mémoires.
« Dying breed » marque pour moi le vrai nouveau départ de BlackRain, un certain retour aux sources au niveau des compositions. Et bien sur il y a le mix réalisé par Chris Laney. L’image également, est plus cool. Bref, on était enfin partis sur de bonnes bases, les fondations de « Untamed ».
BLACKRAIN par Julien Zannoni
J'ai pu voir BlackRain à Montpellier dans un concert mémorable à la fin duquel Highway vous rejoignait sur scène. C'était le 29/02/2020. Quinze jours plus tard, la France connaissait son premier confinement. Le COVID a-t-il influencé l'écriture de l'album d'une manière ou d'une autre ?
Swan : Je me souviens de cette date, d’ailleurs je n’étais pas certain de pouvoir reprendre l’avion après le concert car le Covid commençait a taper fort… Personnellement je n’habite pas en France et je n´ai pas eu a subir de confinements, juste quelque recommandations. C’était très sympa de mon coté en Suède ! Cette période sans concerts nous a laissé le temps nécessaire à la composition de l’album. Nous avons donc profité de l’absence de deadline pour peaufiner les chansons. Le fait de ne pas pouvoir voyager et d´être plus ou moins coupés de la famille ou du monde en général, les suppressions de libertés ont forcement influencé quelques lyrics. La pochette aussi reflète cette période marquée par la guerre et la pandémie. Je pense par conséquent que nous avons su intégrer de manière positive ces événements de la vie à la musique du groupe.
Comment s'est passé le processus de composition et où êtes-vous allés chercher l'inspiration ?
Swan : Cela fait des années que nous travaillons chacun dans nos Home studios. On bosse de notre coté puis on échange les tracks sur internet, on finalise ainsi les démos avant d’envoyer le tout au mixage. L’inspiration vient quand elle veut venir mais pour l'instant il n'y a pas trop à se plaindre de ce côté.
Présent
« L’erreur commise par certains producteurs dans le passé a été de vouloir faire sonner BlackRain comme un groupe des années 80. Car même si certaines de nos influences viennent de ces temps-là, nous sommes bel et bien un groupe des années 2010. »
Des riffs mortels ouvrent ce nouvel album. « Untamed » est idéal pour un lever de rideau, « Summer Jesus » va également tout déchirer en live !
Swan : Merci, et effectivement tu vois juste. Nous n’avons pas attendu la sortie de l’album pour intégrer des nouveaux titres dans la setlist : « Untamed », « Summer Jesus », « Demon » et « Kiss the sky » font déjà partie du show depuis cet été et la réponse du public est plus que positive. « Untamed » permet d’entamer les concerts de manière puissante, ca met directement tout le monde d’accord. Et « Summer Jesus » se démarque assez du reste car la chanson est unique en son genre, ca apporte vraiment quelque chose d’original à la setlist. Pour les dates à venir nous ajouterons probablement les titres « Raise your glass » et « Neon drift » qui sont les plus écoutées sur les plateformes de streaming. Et pourquoi pas d'autres tracks ? A voir ! Beaucoup de nouveautés en tous les cas.
Ton chant va chercher des notes inaccessibles au commun des mortels. Je pense à « Set the World on Fire » ou à « Blade Of Love » sur lesquels tu montes très haut...
Swan : Certaines notes sont assez dures à atteindre, particulièrement la dernière ligne de « Set the world on fire ». Je me permets de faire cela en studio pour embellir la chose mais je doute pouvoir le reproduire en live en plein milieu d’un set. L'effort est trop conséquent sur scène. Il faut pouvoir composer avec l'enchainement des titres et le fait de bouger/headbanger, le souffle en prend forcement un coup. Mais c'est le choix assumé de privilégier le show plutôt que de rester immobile devant le micro afin de chanter exactement ce qui a été fait sur l’album.
Sur « Blade of love » c´est surtout une question d´endurance. Les lignes de chant s’enchaînent vite et laissent peu de place à la reprise du souffle, la hauteur des notes peut paraître élevée mais elles ne le sont pas tant que ca en réalité !
BLACKRAIN par Julien Zannoni
Beaucoup de surprises pour le lancement de cet album. Un katana (le « Blade Of Love ») aux enchères, des clips événementiels qui vous trouvent sur le plateau des « Mystères de l'Amour » ou qui vous voient kidnapper Jim Müller de Kissin' Dynamite...
Swan : Oui, nous avons su saisir les opportunités qui s’offraient à nous pour la sortie de ce nouvel album. Certaines choses ont été planifiées de longue date et d’autres se sont faites dans la précipitation comme la participation de Jim de Kissin' Dynamite sur « Neon drift » et le clip de « Demon » avec l'équipe des Mystères de l'Amour ! Le principal c'est d´être réactifs et de se bouger dès que c’est nécessaire. Il faut avoir l’envie et la volonté de faire les choses bien. Le but étant de toutes façons d’occuper la place le plus longtemps possible, nous n’avons d’autres choix que de nous adapter aux nouveaux codes de l’industrie musicale si nous voulons perdurer. Et il est vital pour un groupe aujourd’hui d'avoir le plus de visibilité possible, notamment sur les réseaux sociaux. C'est pourquoi nous avons voulu sortir plus de singles et de vidéos mais aussi créer des choses qui sortent un peu de l’ordinaire comme le Katana !
Un mot sur la technique ? J'ai lu que le travail d'Hannes Braun t'avait bluffé...
Swan : Nous avons été très satisfaits du travail d´Hannes, je crois que c'est le type de mix que nous avons attendu depuis nos débuts mais que nous n’avons jamais eu, malgré les pointures avec lesquelles nous avons eu la chance de travailler dans le passé. Il me semble que c’est la première fois que le groupe sonne aussi « fat ». Chris Laney avait déjà fait un bon job sur « License to Thrill » et « Dyin´breed » mais ce n'est pas comparable à ce que nous a rendu Hannes. Le mix est très « moderne » et dans une playlist aux cotés de grosses prods, ça ne sonne pas ridicule. Hannes est aussi musicien, Kissin' Dynamite officie dans un style proche du notre, il a donc une vision claire et similaire à la notre quant à la manière dont un groupe doit sonner de nos jours. Je pense que l’erreur commise par certains producteurs dans le passé a été de vouloir faire sonner BlackRain comme un groupe des années 80. Car même si certaines de nos influences viennent de ces temps-là, nous sommes bel et bien un groupe des années 2010.
Futur
« Nous allons essayer de poursuivre sur ce chemin en améliorant ce que nous pouvons améliorer. »
« La prestation des musicos frôle la perfection » (Hard Rock 80), « Un album hors du commun » (TV Rock Live), « Cet album de douze titres ressemble à une encyclopédie vivante du rock » (Metal France). Ca fait quoi de lire de tels retours critiques ?
Swan : Cela conforte dans l´idée de continuer de travailler dans cette direction, je crois que nous avons fait les bons choix sur « Untamed », nous allons donc essayer de poursuivre sur ce chemin en améliorant ce que nous pouvons améliorer, tant au niveau de la composition que de la production. Je parle d’ailleurs régulièrement avec Hannes pour discuter des prochains titres, de comment procéder afin d'avoir encore un meilleur résultat la prochaine fois !
Un tel feedback revigore et apporte encore plus de motivation. Ca attise la flamme !
Un concert de BlackRain fait partie de ma recette du bonheur. Des infos sur la prochaine tournée outre la date parisienne déjà annoncée ?
Swan : Pas d’infos pour le moment. Nous allons tout annoncer bientôt. Je sais qu’il y a pas mal de concerts et festivals en discussion, en France et dans les pays voisins. Mais je ne peux malheureusement pas dire grand chose de plus.
Que fera BlackRain dans les prochains mois ?
Swan : Et bien nous allons préparer les concerts à venir, développer le show et répéter les nouveaux titres, promouvoir au mieux ce nouvel album. Mais nous commençons aussi la composition du successeur de « Untamed ». Nous avons pas mal d´idées, peut être un autre clip, qui sait ?
Merci Swan Hellion d'avoir répondu à mes questions.
Swan : Merci à toi pour ton soutien et ton intérêt !
SILVERTRAIN de Phil en Phil - Part. I
Le 26/02/2022
« A Mérignac, Lemmy est venu nous voir dans les loges. Je dis dans les loges... Nous on n'avait pas de loges ! C'était le couloir ! »
Silvertrain prépare son nouvel album, le sixième d'un groupe qui a commencé à jouer à l'âge d'or du hard-rock, en 1976. Brûlant de retrouver la scène, Phil Yborra a bien voulu répondre à nos questions dans cette interview articulée en deux parties : la première évoque le temps où la formation s'est vue proposer d'ouvrir pour la tournée européenne du Bomber Tour de Motörhead. La seconde parlera de l'actualité du groupe et de ses projets.
Voici donc la première partie de cette interview... de Phil en Phil !
SILVERTRAIN - Line-Up 2022
Ahasverus : Bonjour Phil Yborra. Tu as tourné avec Rose Tattoo sur une quinzaine de dates et tu as ouvert pour le Bomber Tour de Motörhead. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Phil : Bonjour Ahasverus. Quand tu fais ça au moins une fois dans ta vie, à moins d'arriver à être l'égal de ces gens-là, tu es sur un nuage. Quand tu as la possibilité à notre âge - on avait à l'époque deux ans d'expérience et un album en poche - de faire des dates avec Motörhead et Rose Tattoo, et les deux dans la foulée en plus, tu n'en crois pas tes yeux. Tu es propulsé dans un autre monde car passer d'un public de cent à cent-cinquante personnes, ce qu'on avait dans nos propres tournées au démarrage, à sept à douze mille personnes chaque soir, ce qu'avait Motörhead, ou encore quatre à sept mille, ce que connaissait Rose Tattoo... ça nous a rendus très fiers d'être sur cette grosse tournée, avec ce p*** d'avion, le bombardier, mais surtout, et j'en suis heureux encore aujourd'hui, on a rencontré Fast Eddie Clarke, Phil Animal Taylor et Lemmy Kilmister, les trois zicos des débuts de Motörhead. Et là tu te dis : « j'ai joué avec les vrais ! » Jouer avec des gens comme ça t'amène dans une dimension que tu ne connais pas. Mais le plus con, dans l'histoire,c'est quand même moi ! A l'époque, quand on prenait des photos, c'était avec des Kodak. Et à ton avis qui était le préposé à la photo ? C'était toujours moi ! Alors je n'étais jamais dessus ! Enfin si, une fois j'ai été dessus... Mais de dos ! (Rires) Par contre on a des photos avec Phil Animal Taylor et Eddie, avec Badger et Martin ou Chris, et ça, ça fait super plaisir...
Chris Badger (Silvertrain) avec "Fast" Eddie Clarke et Phil "Philty Animal" Taylor.
Ahasverus : J'ai vu Rose Tattoo lors de leurs premiers concerts en France et j'avais été très impressionné par la folie d'Angry Anderson : il s'étranglait avec le fil du micro, se frappait le front jusqu'au sang, crachait sur le public, s'évanouissait...
Phil : Il était blindé de chez blindé ! Autant Lemmy en coulisses était quelqu'un de sage, de raisonnable, tout au moins à l'époque où je l'ai connu, autant Angry Anderson c'était autre chose. Sur la vingtaine de jours passée avec Rose Tattoo, j'ai dû le voir plus à poil qu'habillé... Et c'était du 24h/24 ! Ce qui m'a toujours étonné, chez Anderson, c'est qu'il a une voix assez claire, et malgré tout ce qu'il s'envoyait, sa voix n'a jamais cassé. Il tenait le rythme ; quelque soit son état c'était juste ! Ca m'a vraiment épaté, moi qui faisais attention pour entretenir ma voix, pour pas être enroué !
Ahasverus : Elle est arrivée comment, cette participation au Bomber Tour ?
Phil : C'est une longue histoire. Dans les années 1979/1980, on tourne par nos propres moyens. On est dans notre gare, et on fait deux ou trois tournées par an, en remaniant le show à chaque fois. Chaque tournée, c'est trente ou quarante dates. On a le camion, la voiture et notre équipe : Robert au son, Jean-Lucaux lights, et Haidesse, un fan de Silvertrain, s'occupe de toute la partie road, des effet techniques.
Un jour je reçois un appel de Patrice Boutin, le patron du magazine Best. Il m'explique qu'il a un poulain dans son écurie, un groupe, qu'il veut faire tourner pour qu'ils essuient les plâtres et qu'ils apprennent le métier. Si on accepte de tourner avec eux, il s'engage à prendre en charge tous nos frais, il propose même en sus une page de pub par mois pour Silvertrain dans le magazine, et ça pendant une année.
SILVERTRAIN - Phil et Martin
Ahasverus : Une page par mois pendant une année dans Best, c'était énorme. Parce qu'il n'y avait pas beaucoup de choix à l'époque en magazines musicaux pour les rockers, il y avait Best et Rock & Folk... Enfer Magazine n'arriverait qu'en 1983.
Phil : C'est vrai. Il y avait GIG qui pointait un peu son nez, et c'est tout. Ainsi on a eu notre page pendant un an. C'était à chaque fois le même motif : une page en noir et blanc avec, en grand, SILVERTRAIN ON TOUR, plus la photo de l'album, et parfois quelques autres photos, puis toutes nos dates de concerts... Patrice Boutin tient donc ses engagements. En fin de tournée, il me conseille de contacter Michel Kilhoffer de Music For Ever. Rendez-vous est pris et d'emblée, Michel me fait une proposition : une tournée européenne avec un groupe connu. Les conditions : décharger les camions (quatre semi-remorques !), monter le matos, nous débrouiller pour dormir, faire la route, etc.... Je questionne « —Tu ne peux pas me donner le nom du groupe, qu'on sache au moins avec qui on tourne ? » Il refuse. J'essaie de glaner des indices : « —C'est un groupe de grandeur européenne ? » Il confirme. C'est même un peu plus... Je prends la responsabilité sur moi, pas besoin d'en parler à mes potes : on fait les dates ! On accepte les conditions ! Je lui demande juste de nous prévenir suffisamment avant, pour qu'on puisse s'organiser. Nous, à l'époque, on était autonomes, on pouvait dormir sur la scène d'une MJC comme dans notre camion. On avait nos sacs, on avait tout, ça faisait partie de notre vie de tournée. Je me lève pour partir, et en attrapant la poignée de porte je tente un dernier coup :
« —P***, tu peux vraiment pas me dire le nom de ce groupe ?
—Allez bon, t'es gentil... Je vais te le dire quand même : c'est Motörhead ! »
Et là, tu es sur le cul. Tu ne sais pas si on t'a shooté, si tu es au paradis ou en enfer, si tu es mort, si tu es vivant... Tu es sur une autre planète !
Ahasverus : La première date avec Motörhead, tu dois sentir un peu les jambes qui flageollent...
Phil : Pas que les jambes ! (Rires) La première date à Angoulème a été annulée, parce que la scène en bois ne permettait pas de supporter les quatre vérins qui actionnaient le bombardier. La véritable première date, c'était Bordeaux. Et là, à Mérignac, Lemmy est venu nous voir dans les loges. Je dis dans les loges... Nous on n'avait pas de loges ! C'était le couloir ! Donc Lemmy vient nous voir et nous dit « — Les gars, on compte sur vous pour foutre le feu. Si vous vous tenez bien je vous proposerai quelque chose. » On a joué une demi-heure. Le public était en transe. On a même eu, sur ce premier show, un rappel ! Lemmy nous annonce dès la fin de notre set que dorénavant Silvertrain ne montera ni ne démontera plus le matos. On a beaucoup apprécié. A la fin de la tournée, en mode rigolade, on s'est même mis à genoux devant Lemmy pour le remercier de son geste. Je n'aime pas dire ça parce qu'on peut penser que j'en rajoute, mais Lemmy était un type génial . Il tenait sur scène, et il tenait bien !
Ensuite tout s'enchaîne : à la fin de la tournée, le tourneur de Rose Tattoo pour l'Allemagne, qui avait assisté au show du Bataclan et à celui de Selestat, contacte Michel Kilhoffer pour nous faire passer en première partie des Australiens.
SILVERTRAIN et ROSE TATTOO
Ahasverus : Rose Tattoo n'avait pas à l'époque la même notoriété que Motörhead mais j'imagine que vous les connaissiez ?
Phil : On les connaissait un peu. Et c'était une deuxième cartouche. Ensuite nous devions ouvrir pour Foreigner, mais la tournée fut annulée. A cette époque on surfait sur la vague, on était sur un nuage. Toutes les portes des associations et des MJC de France et de Navarre nous étaient ouvertes ! On n'avait aucun mal à empiler les dates.
SILVERTRAIN sur le Bomber Tour
Ahasverus : Tout à l'heure tu parlais d'une gare. Elle est à l'origine du nom de Silvertrain. Vous répétiez dans une gare ?
Phil : A seize ans, avec Chris Lane, le guitariste on a commencé à travailler sur le concept qu'on voulait faire, des shows à l'Américaine, avec de la pyrotechnie et des gros moyens techniques. Sur le papier, tout était prêt, mais il nous manquait le local adapté pour travailler de manière professionnelle.
A l'époque, ma tante travaille à la SNCF, au fret. Elle me dit « — Philipou (elle m'appelait Philipou !) dès que j'ai quelque chose, je te le dis. »
Un dimanche, elle m'informe qu'elle a trouvé un truc, et elle m'emmène à quinze bornes de Strasbourg, où j'habitais, dans un patelin qui s'appelle Marmoutier. Il y a une scierie, le canal de la Marne au Rhin, et une grande gare désaffectée.
« —C'est là, m'indique-t-elle.
—Là ? Où ?
—C'est la gare. »
Je m'inquiète du prix, tout ça doit coûter horriblement cher !
« —Deux-cent cinquante francs, précise-t-elle.
—Par mois ?
—Par an ! »
Voila pour la gare. Nous l'avons agencée pour qu'on puisse y vivre tous ensemble. Quant au Silver de Silvertrain, c'était pour le côté argent/monnaie. On voulait devenir des stars, avoir de belles petites bagnoles rouges garées devant la porte.
On n'avait pas le melon, c'était juste des rêves de gosses de seize ans... On a travaillé. Notre manager avait dix-neuf ans. C'était un Anglais avec qui on est restés pendant plus d'un an, jusqu'à ce qu'il commence à déconner. Alors c'est moi qui ai pris le management. On avait tout dans cette gare, même un studio qu'on avait confectionné avec du polystyrène. Nous devons à notre ami et sponsor Music Boech de Colmar nos premières affiches. Elles faisaient 120X90, en quadrichromie. Tu imagines, à l'époque ? On avait un immense hangar, un truc d'une bonne dizaine de mètres, ce qui fait que nous avions tout l'espace qu'on voulait pour être prêts...
La suite de l'interview de Phil Yborra ici : SILVERTRAIN de Phil en Phil - L'interview Part. II
Mère Dragon : L'interview
Le 21/12/2021
« On n'a au fond de réelles limites que celles que l'on se donne. »
« — Ne t'approche pas du feu, tu vas te brûler ! » disaient ses parents.
Mais elle n'écoutait pas, elle tendait la main pour caresser le feu, et le feu crépitait de bonheur sous sa main.
Fascinée et fascinante, maîtresse du feu, performer, pole-dancer, adepte de la mise à nu, actrice du monde du Metal, elle est tout cela et bien plus encore, car les mots ne sont pas assez vastes et précis pour la définir vraiment. Ses admirateurs l'ont baptisée MERE DRAGON, et c'est un nom qui lui va bien. Entre deux shows et quelques performances, elle a bien voulu lever un coin du voile pour nous permettre d'entrer dans son univers. Chaud devant !
Mère Dragon par Laurent Ponce
Mère Dragon c'est le nom que vous a donné votre public. Comment la petite Léa commence-t-elle à jouer avec le feu ?
Je crois avoir toujours été fascinée par le feu, tant dans son aspect imaginaire, à travers les récits fantastiques que je lisais enfant, que dans les arts du feu eux-mêmes, dont j'ai eu la chance de voir différents spectacles, assez jeune. Mais la pratique en elle même a attendu de trouver sa concrétisation à dix-huit ans, lorsque j'ai entrepris l'apprentissage du cracher de feu, avec l'aide d'une connaissance de l'époque qui était artiste de cirque et professionnelle dans cette discipline. Cela m'a plu, je me suis entrainée seule par la suite, puis me suis formée en autodidacte aux différentes disciplines que je pratique, et ai enfin – au culot - proposé mes shows !
Mon désir était, à l'origine, de marier danse, expression du corps féminin et flammes sur scène, car ces trois éléments sont profondément compatibles d'un point de vue artistique.
Qu'est-ce qui vous intéresse dans cet art qui vous caractérise ?
J'aime particulièrement le rapport esthétique de l'art du feu, la dimension à la fois mystique et symbolique des flammes, leur aspect à la fois dangereux et fascinant, la beauté et la complexité du feu, ce mouvement perpétuel, tel une danse sensuelle aléatoire. A mes yeux cette matière est l'incarnation même de l'énergie vitale, sexuelle aussi, spirituelle évidemment... J'en suis passionnée, cela doit se sentir ! Mon désir était, à l'origine, de marier danse, expression du corps féminin et flammes sur scène, car ces trois éléments sont profondément compatibles d'un point de vue artistique.
Vous êtes tout à la fois chorégraphe et styliste de vos spectacles. Vous êtes même la référente artistique d'un groupe de métal qui vous a confié la gestion de son image... La musique Metal, c'est un monde qui vous est familier ?
En effet oui, je conçois, mets en scène mes shows, dessine aussi mes looks de scène. J'ai également la chance de m'être vue sollicitée par le groupe Sarmates pour sa mise en scène et son visuel live, son show pyrotechnique lors des concerts, ses clips également, c'est un travail passionnant.
La musique Metal est en effet un de mes univers de référence ! J'écoute beaucoup de musique, de styles très variés, mais le Metal, notamment le Metal ethnique et le Metal indus, est très présent dans mon quotidien et dans mon contenu artistique d'ailleurs. Que ce soit du côté musical pur, du côté culturel, événementiel, esthétique, ou de l'état d'esprit... J'en suis !
Pour monter vos deux shows annuels, vous puisez votre inspiration dans le cabaret, le fétichisme et l'art du cirque. Qui sont vos modèles ?
Entre autres sources d'inspiration, vous avez raison !
Je ne crois pas avoir de modèle particulier, je me nourris de tant de choses qui me parlent, dans la musique, le cinéma, l'art contemporain, l'histoire de l'art même, les cultures alternatives, le rapport à la sexualité, les rêves et fantasmes, mes cauchemars aussi, mes peurs, mes émotions, l'univers de la mode, la culture des années 80, les spectacles que j'ai l'occasion de voir, la nature et le monde animal, la danse, le corps humain, ou même le quotidien...
Un personnage qui force votre admiration ?
Sans hésitation aucune, l'artiste ORLAN. Une femme à la carrière artistique exceptionnelle, précurseuse de l'art-charnel et de la “body art” performance en France et dans le monde. Elle a su hisser le corps féminin au rang d'outil d'expression transcendé, de miroir de la volonté et de l'engagement artistique de celui/celle qui l'utilise, le montre, l'assume. Je l'admire pour tout cela, comme pour sa manière de renverser les codes du genre, du sacré, de la chair, du sexe, de l'esthétique et du spirituel.
L'artiste performer multi-facettes ORLAN par Mario Schiniotakis
L'exercice de votre art sollicite votre corps à l'extrême, bien au-delà de sa fonction première. Vous êtes en bons termes avec lui ?
C'est une question très intéressante ! Je n'ai pas toujours été en bon termes avec lui, et je ne pourrais affirmer avoir renversé à 100% la tendance aujourd'hui ; néanmoins j'ai choisi de manière très naturelle au fil des années de me servir de ce dernier comme moyen d'expression de ce qu'il renferme, comme exutoire, comme support de ma créativité et vecteur de mon art. Et cela lui a donné une toute autre dimension à mes yeux, je lui suis reconnaissante pour ce qu'il m'a permis et me permet de faire. Par ailleurs, j'ai conscience des capacités de mon corps, bien supérieures à ce que j'envisage parfois, mais je ne perds jamais de vue que malgré toute l'implication personnelle que l'on peut avoir dans son art, l'être humain n'est pas une machine, et a ses limites physiques. En terme de création, d'apprentissage, de performance, jai néanmoins appris, à mes dépends, mais aussi à ma grande satisfaction parfois, que l'on n'a au fond de réelles limites que celles que l'on se donne.
Le corps - le corps féminin spécialement - est central dans votre vie. Vous lui avez consacré un mémoire, traitant de sa place dans la société, de nos rapports avec lui, de son instrumentalisation. Vous disposez d'une vue imprenable sur ce domaine ! C'est une question à laquelle vous restez attentive ?
Parfaitement, oui, c'est une question centrale de ma pratique artistique notamment, et un sujet auquel j'ai toujours été sensible en tant que femme, dans ma vie privée. Je suis convaincue que la vraie liberté vis à vis du corps – ici féminin, mais au fond, du corps de chacun(e) – passe par le fait de l'assumer en tant que tel, et de l'utiliser soi-même comme son propre instrument. D'être le seul décisionnaire de ce qu'il est bon de faire avec, de l'image que l'on accepte de lui conférer, de si on préfère l'offrir ou le préserver...
Choisir d'utiliser mon corps comme cela m'inspire, de créer avec lui et non pas d'agir contre lui, est probablement la meilleure chose que j'ai faite jusqu'ici !
Mère Dragon par Pictures In Blood
Il y a quelques années lors de vos études à l’École des Arts de la Sorbonne, vous présentiez un projet de fin de cursus dans lequel vous utilisiez... votre propre sang ! Rien de ce qui vient de vous ne vous effraie jamais ?
Cette performance d'art contemporain, que j'ai préparée durant de longs mois, fut un réel voyage initiatique. Pour ce projet, qui comprenait également du needle-play (l'art de jouer avec les aiguilles / self-piercing), j'ai sollicité des professionnels du piercing, de la modification corporelle, des professionnels du corps médical pour ce qui fut du prélèvement de mon propre sang, etc.. Tout cela en luttant contre ma phobie du milieu médical et hospitalier ! Comme je l'expliquais plus tôt, apprivoiser mon corps est quelque chose qui me passionne, voire me rassure ; et tout acte sur ou avec soi-même, s'il est réalisé avec la préparation nécessaire et surtout une profonde envie personnelle, peut être une expérience exceptionnelle. J'aime jouer avec les limites corps/esprit, me confronter à l'inconnu, au risque, composer à travers cela des performances qui touchent ceux qui la vivent et la voient. Apprivoiser aussi son subconscient, ses angoisses, ses peurs ou ses traumas, pour les mettre au service de la création artistique, est quelque chose qui compte beaucoup dans mon travail.
Mère Dragon par Tanguy Le Gal
Durant les années Sorbonne, vous étudiiez la journée, puis vous vous produisiez la nuit. Raisonnable est un mot qui ne fait pas partie de votre vocabulaire ?
Demandez à mes proches, “Raisonnable”, c'est mon deuxième prénom ! Ah ah !
Plus sérieusement, c'était en effet un rythme très intense, mais je ne regrette pas une seule seconde d'avoir fonctionné ainsi. Les opportunités ne se présentent pas toujours deux fois, et à vingt ans, on est prêt à toutes les concessions imaginables pour faire ce que l'on aime, sans limites ! J'ai également toujours plus été attirée par la vie nocturne, son exubérance, ses mystères, son esprit de fête, sa légèreté et sa part d'ombre, l'excitation qui en découle, la sensation que tout y est possible... et je ne fais pas dans la demi-mesure.
Vos teaser sont angoissants mais on ne peut s'empêcher de les regarder. Pourquoi cette fascination pour la peur et la souffrance, alors qu'on pourrait s'installer tous ensemble tranquillement sur un canapé pour rigoler devant Louis de Funès en picorant des chips ?
D'aussi loin que je me souvienne, artistiquement parlant je n'ai jamais été très attirée par la légèreté du comique, du rire, etc.. Même si je suis très bon public !
L'art a pour moi toujours constitué un moyen d'expression de mes émotions, de mes sentiments, une façon aussi de canaliser ma part d'ombre et d'apprivoiser mes craintes et mes doutes, ainsi, les personnages que je développe dans mes univers scéniques, vidéo et photographiques, sont généralement plus sombres, violents, sexualisés ou dramatiques que légers et amusants. J'aime recevoir le rire en tant que spectatrice, mais je ne sais pas le donner en tant qu'artiste. Je fonctionne à l'instinct, sans réellement me poser la question.
Quand vous devenez Mère Dragon, que voulez-vous lire dans le regard de l'autre ?
Je ne suis pas sûre de désirer à tout prix lire quelque chose de particulier dans le regard du spectateur. Ce qui m'importe en premier lieu, c'est cette expression viscérale qui se met en place une fois sur scène, une forme de transe ou j'incarne une autre (mais intimement liée à mon moi profond), c'est d'offrir cette part de moi sans filtre que j'incorpore dans chaque show. Le spectateur peut la recevoir de manières très variées, et je ne m'offusque jamais de sa réaction quelle qu'elle soit, même lorsqu'il s'agit d'un regard de malaise, d'un détournement de tête, ou qu'il s'agisse d'une expression béate, de tristesse, de larmes contenues, d'admiration, d'un sourire ou d'un enthousiasme intenses ou même d'euphorie. J'accueille tout ce que le public me renvoie, pourvu que je lui ai communiqué quelque chose. Ma mission est accomplie lorsque mon spectateur ressent mon intention, ou l'émotion que j'offre. Rien de plus.
Pole-dancer, stripteaseuse, maître du feu, performer... vous êtes une passerelle entre les cultures de l'underground et vos activités vous conduisent devant plusieurs types de public. Vous vous produisiez le 18/09/2021 à Montpellier dans un festival de métal. Les réactions à un même spectacle sont-elles différentes en fonction du contexte dans lequel vous évoluez ?
Les réactions à un même show ne sont jamais exactement les mêmes en fonction de l'événement et du type de public, tout comme le show lui-même ! Chaque représentation donne lieu à des adaptations plus ou moins importantes, des nuances dans la mise en scène, des interactions différentes avec le public en fonction de sa proximité, de l'ambiance de l'événement, de l'heure, du line-up, de l'énergie qui se dégage sur place.. C'est ce qui rend mon travail si passionnant ! Je ne donne jamais le même show au détail près, la scène n'est pas une science exacte, au delà de l'aspect technique il est aussi question d'énergies, de dialogue avec soi, et avec l'autre. Il y a toujours une part d'inconnue, et la réaction du public à un même show en fait partie.
Mère Dragon par Gornoss
A Montpellier vous retrouviez Shaârghot. J'ai souvenir d'un de leurs clips, extraordinaire, où vous faisiez l'actrice. Je trouve qu'on ne vous voit pas assez dans cet exercice, alors que votre personnage ne demande qu'à s'y insérer.
Ravie que le clip de leur titre “Z//B” vous ait plu ! Il a demandé pas mal de travail, les membres du groupe et de l'équipe de tournage peuvent en témoigner, ce fut une sacrée expérience ! Shaârghot, dont j'adore le travail et pour qui j'ai grande affection sur et hors scène, possède un univers passionnant et un perfectionnisme exacerbé sur tous les plans.
Je suis plusieurs fois par an sollicitée et amenée à tourner pour des clips, des projets vidéo, pour de la télévision, pour Netflix, pour du cinéma.. Néanmoins, les rôles “principaux” à dialogues, qui m'ont été peu proposés jusque là, ne sont pas ce que je recherche : je suis beaucoup plus à l'aise dans l'expression corporelle. Il est extrêmement rare de me voir parler en caméra ! Je pense avoir bien plus à offrir en performance pyrotechnique, en acting et performance corporelle pure, face à l'objectif, et suis toujours ouverte aux projets de tournage intéressants !
Vous disiez dans une interview « J'irai jusqu'où mon corps me permettra d'aller. » Vous êtes sereine avec l'idée qu'il puisse un jour vous dire de faire sans lui ?
Imaginez vous, travailler main dans la main avec une personne pendant de longues années, accomplir des choses dont vous êtes fier et même établir vos prochains projets en comptant sur la présence et le soutien indéfectible de cette personne. Il est évident que le jour où elle déclarera ne plus pouvoir remplir ses fonctions, ce sera douloureux pour vous, une déception, peut être même une désillusion si vous n'y êtes pas préparé. Il en va de même pour le rapport au corps, dans ce métier.
Je ne me dirais pas sereine, non, mais consciente de cette réalité, oui. Quand on est artiste et performer, on est sans cesse dans l'anticipation, l'adaptation : il faut simplement en faire autant vis à vis de cet élément là. Je pense qu'à partir d'une certaine ancienneté, on peut trouver du plaisir créatif et artistique dans d'autres choses, sans pour autant devoir nécessairement rompre avec tout notre univers.
Mais quoi qu'il en soit, je suis convaincue que si l'on fait ce que l'on aime, en écoutant son corps autant que possible, l'esprit et ce dernier s'alignent pour maximiser naturellement nos capacités.
Entretenez-vous une relation équilibrée avec votre art ?
A mon image, je ne dirais pas qu'elle est équilibrée, non ! Ah ah ! Lorsque l'on fait de sa passion son métier, on a parfois du mal à décrocher, à prendre du temps pour soi, pour les autres aussi, pour se reposer, spécialement quand on a une vie très remplie faite de création, de déplacements quotidiens et de voyages, qui offrent une excitation quasi constante. La majorité du temps, même quand je ne travaille pas, je pense “show”, je rêve “show”, j'écoute mes bandes son en boucle pour m'imprégner toujours plus de mes personnages, je prévois déja le “prochain show”... C'est un long apprentissage personnel que de savoir se mesurer, parfois prendre du recul et laisser un peu de place au reste. Bien souvent, quand on aime, on ne compte pas ! Mon métier me rend heureuse, c'est tout ce qui compte pour moi, et j'ai la chance d'être entourée de personnes merveilleuses qui me comprennent, m'accompagnent, me conseillent, me soutiennent, créent même parfois avec moi tout en me maintenant en lien avec la réalité. J'en suis extrêmement reconnaissante.
Mère Dragon par Mohamed Ben
Que va faire Mère Dragon dans les prochains mois ?
Je suis actuellement en train, et ce sur la majeure partie de mon temps libre, de préparer mon prochain show. C'est un gros projet, un travail long et fastidieux, plus encore que pour les shows précédents. Notamment car il attend de pouvoir sortir depuis déjà un an (repoussé l'année passée, confinement oblige...), donc la frustration et le désir de proposer quelque chose d'extrêmement qualitatif sont bien présents ! Création musicale avec mon compagnon, compositeur et musicien, répétitions, apprentissage de nouvelles disciplines, conceptions d'accessoires de scène, shootings photo et tournages du teaser du show... C'est très chronophage.
En dehors des activités scéniques, également repoussé depuis trop longtemps, j'attends avec impatience de pouvoir remettre au goût du jour (en standbye, covid oblige, lui aussi...) notre prochain projet de voyage avec mon compagnon, un retour vers l'Asie du Sud-Est probablement.
Merci, Mère Dragon, d'avoir pris le temps de me recevoir.
Avec un immense plaisir, merci à vous pour toutes ces questions ! Et pardonnez moi pour le délai, les derniers mois ont été très denses, professionnellement parlant. Au plaisir de se croiser sur un prochain événement !
- Les calendriers Mère Dragon 2022 et le merchandising (t-shirts, débardeurs, bijoux réalisés main, objets uniques, curiosités...) sont disponibles ici :
https://www.etsy.com/fr/shop/MereDragonARTIST
- Le site officiel :
https://linktr.ee/MereDragon
SPLINTER : La génération éclatée
Le 01/09/2021
« Les leaders politiques, l'Église, vos parents, tous avaient peur du rock'n'roll ! »
En deux clips ironiques et rock'n roll dans l'esprit, ce jeune groupe hollandais s'impose parmi nos coups de coeur de l'année, avant même la sortie de son premier album qui interviendra début septembre 2021.
On n'a pas résisté au plaisir d'une interview. C'est Douwe, leur chanteur, qui s'y est collé...
Bonjour Douwe. Peux-tu nous dire d'où vient Splinter et nous présenter votre line-up ?
Douwe (chant) : Hey mec ! Nous sommes un groupe basé à Amsterdam et La Haye, aux Pays-Bas. Notre line-up se compose du grand Sander Bus à la guitare, Barry van Esbroek à la batterie, Gertjan Gutman fournissant le son emblématique de l'orgue Hammond, et moi-même au chant.
Je connais Sander depuis qu'il a rejoint mon ancien groupe, Death Alley, en tant que bassiste. Notre entente personnelle et musicale était très bonne dès le début, alors quand Death Alley a splitté, il était clair pour nous deux que nous voulions continuer à faire de la musique ensemble. Barry (qui a déjà joué dans le groupe de hard rock Vanderbuyst) est le meilleur ami de Sander depuis plus d'une décennie - il a aussi été son voisin pendant des années - et c'est aussi lui qui m'a présenté Sander voici longtemps, il était donc logique de le solliciter pour la batterie. Lorsque nous avons fait notre tournée d'adieu avec Death Alley, nous avons fait une tournée combinée avec Birth Of Joy, qui touchait également à sa fin - c'est ainsi que nous avons rencontré Gertjan. Le line-up de Splinter a donc émergé assez organiquement, et logiquement, et il s'avère maintenant qu'il fonctionne très bien !
Vers quoi vouliez-vous tendre en formant Splinter ?
Comme je l'expliquais, nous venions tous de voir la fin d'autres groupes lorsque nous avons commencé Splinter. Pour moi, la chose la plus importante était de ramener l'énergie pure, le punch punk et des chansons courtes, entraînantes et dansantes. J'ai dit à Sander que je voulais revenir à l'ancienne ambiance punk - pas pour copier exactement ce son, mais pour m'inspirer de l'attitude, de l'énergie. De plus, les paroles étaient censées être quelque peu « directes » et clairement compréhensibles. Dans l'ensemble, nous voulions juste faire de la musique qui soit très facile à comprendre et qui se traduise par l'enthousiasme et l'énergie du public.
Que trouve-t-on dans un morceau de Splinter ?
Je suppose que vous pouvez trouver exactement cela. Je pense vraiment que même si toutes nos chansons sont assez différentes les unes des autres, la cohérence entre elles est qu'elles sont fraîches, excitantes, et donnent envie de se lever, d'aller en ville et de danser. Je pense que vous pouvez parfois percevoir que nous écoutons de vieux trucs punk, mais vous pouvez aussi entendre que nous n'avons en fait aucun dogme au niveau du son : nous écoutons également de vieux groupes de beat, du rock 'n' roll des années 70 et des groupes des années 80, ou encore plus modernes des années 90. Pour notre son, en gros, tout est permis, tant que nous pensons qu'il sonne bien et que nous pouvons bien le jouer à nous quatre avec nos instruments.
J'ai entendu parler de « Splinter generation ». De quoi s'agit-il ?
Ce qui est triste avec notre génération, notre culture de la jeunesse, c'est qu'il n'y a pas de mouvement de masse créant quelque chose pour lui-même. Cela ne semble pas être aussi dangereux pour l'establishment que l'étaient les contre-cultures des générations précédentes. À l'époque, les leaders politiques, l'Église, vos parents, tous avaient peur du rock'n'roll, du punk-rock, voire du grunge. Aujourd'hui tout est très éclaté, et les petites différences entre les sous-genres sont mises à l'index, tant qu'on en oublie de chercher les intérêts communs à notre génération (et les ennemis communs !). Je trouve bien ironique que la chose qui nous relie le plus en tant que génération, soit exactement cette fragmentation - c'est paradoxal. C'est pourquoi je l'ai appelée la génération Splinter.
Tout s'est si bien passé que nous avons presque accidentellement enregistré huit pistes en un week-end !
Côté discographie, vous avez sorti un double-single, et vous préparez un album qui sera livré en septembre, c'est bien ça ?
C'est bien ça ! Le 3 septembre 2021, nous sortirons notre premier album « Filthy Pleasures ». Il sera publié par Robotor Records, qui est le nouveau label initié et dirigé par les gars de Kadavar. Nous connaissons très bien ces gars depuis certaines tournées que nous avons faites, ils ont été immédiatement enthousiastes quand ils ont entendu les premières démos de Splinter et ils ont dit qu'ils voulaient le sortir. Pour nous, c'est bien sûr un ajustement parfait, nous sommes donc très heureux que la sortie arrive enfin là !
Peut-on en savoir plus à propos des compositions qui seront sur l'album ?
Les chansons qui figurent sur « Filthy Pleasures » ont été écrites à un rythme très élevé, en très peu de temps. Sander et moi avons commencé à écrire (enfin, Sander compose et je fais des lignes vocales et des paroles – parfois nous le faisons ensemble) alors que nous étions encore en tournée avec Death Alley. Nous avions un tas de chansons prêtes quand nous avons commencé à répéter avec Barry et Gertjan. Ensuite, nous avons voulu entrer en studio après environ trois mois de répétition, juste pour enregistrer un 7", avec deux chansons. Mais tout s'est si bien passé que nous avons presque accidentellement enregistré huit pistes en un week-end ! Plus tard, nous avons ajouté deux chansons pour vraiment en faire un album, et voilà, notre premier album est là. J'aime vraiment la façon dont cela s'est produit d'une manière si nonchalante et presque accidentelle...
De quoi ces chansons parlent-elles ?
Eh bien, vous savez, ce que je viens de dire sur la contre-culture, c'est quelque chose qui m'occupe l'esprit. Pas seulement la « Splinter Generation », mais plus généralement la lutte qui reste à mener contre le pouvoir en place, contre notre ennemi commun. Certaines chansons parlent de ça. Mais en attendant, nous ne sommes aussi qu'un groupe de gars avec des besoins biologiques et hormonaux, (Haha !), donc nous avons aussi des chansons sur l'amour et le sexe – qui sont après tout des forces motrices si fortes pour presque tout dans la vie...
D'autres remarques sur le futur opus ?
Je trouve très cool qu'il y ait vraiment cette sorte de DIY. Je pense que l'idée de le faire soi-même, et de ne pas dépendre des grosses entreprises et de l'argent est l'un des principaux charmes de la scène punk-rock de l'époque. J'embrasse cet esprit autant que possible. C'est pourquoi c'est si génial que Robotor Records fasse la sortie, car ils sont également dans cet état d'esprit - à la fois avec Kadavar et avec le label. C'est donc très cool à mon avis que toute la conception de la pochette ait été réalisée par Lupus Lindemann (de Kadavar / Robotor Records) car cela maintient petit le cercle de personnes impliquées. J'aime ça !
Nous avons assez de matériel pour un deuxième album.
Jeroen de Vriese a réalisé pour vous deux clips très élaborés, pour les titres « Brand New Future » et « Plastic Rose ». De quoi ces chansons traitent-elles et quel souvenir gardes-tu du tournage ?
Tourner ces clips avec Jeroen était juste une excellente idée. Nous le connaissions depuis des tournées précédentes, et Barry savait qu'il faisait aussi des vidéos sympas. Eh bien, c'était le jackpot. Pour « Brand New Future », j'ai eu cette idée très claire et détaillée d'une conférence de presse. Vous savez, jouer avec les images auxquelles le monde entier est confronté depuis plus d'un an et demi, et aussi en quelque sorte se moquer des "bonnes intentions" des politiciens lors de ces meetings. Cela correspond vraiment au thème de la chanson « Brand New Future », parce que la chanson est fondamentalement notre réponse au No Future des Sex Pistols : nous sommes un demi-siècle plus loin, et ce futur flambant neuf signifie-t-il vraiment que nous avons un avenir ? Je ne pense pas. Et « Plastic Rose », eh bien, c'est beaucoup plus une chanson d'amour... Nous avions donc donné carte blanche à Jeroen pour la vidéo. Il a proposé un script, et nous avons dit "c'est cool, mais peut-être qu'il y a besoin de zombies ici et là". Et le reste appartient à l'histoire, haha…
Que va faire Splinter dans les prochains mois ?
Nous ferons avant toute chose la promotion de notre premier album. Nous avons un tas de spectacles programmés, et nous espérons qu'ils pourront avoir lieu. En plus d'un concert à Berlin, nous avons une tournée avec le nouveau groupe belgo-néerlandais-britannique Sloper, avec Cesar Zuiderwijk (batteur de Golden Earring) et Mario Goossens (batteur de Triggerfinger). Cela va certainement être très amusant ! Et en attendant, nous avons également assez de matériel pour un deuxième album, nous voulons donc entrer en studio d'ici la fin de l'année pour faire un nouveau LP.
Merci Douwe d'avoir répondu à mes questions.
Merci beaucoup ! On espère vous rencontrer, toi et les lecteurs d'Ahasverus, très bientôt sur la route, quelque part en France, ou où que ce soit d'autre...
Les Liens :
GRORR - L'interview Ddulden’s Last Flight
Le 18/05/2021
« A chaque album son histoire et une aventure bien particulière. »
Après sept ans de silence, Grorr revient avec un line-up modifié et "Ddulden’s Last Flight", un quatrième album tout aussi conceptuel, ethnique et soigné que l'étaient "Anthill" et "The Unknow Citizens".
Concept, instruments, artwork... La formation paloise nous dit tout.
GRORR, "Anthill" (2012)
Bonjour Grorr. Sept ans se sont écoulés depuis votre dernier album, "The Unknow Citizens". Même si vous n'êtes pas restés inactifs vous n'avez pas craint que ce soit trop long ?
Yoann (guitare) : Salut ! Ca a sûrement été trop long... On aurait clairement pu gagner un an ou deux car une fois l'enregistrement terminé, les choses n'ont pas été aussi vite que d'habitude, on a dû changer de studio pour le mix entre autres, et cela a entraîné un gros retard... Mais il a aussi fallu le temps d'intégrer de nouveaux musiciens, de créer une nouvelle façon de travailler, etc. On voulait prendre le temps de sortir quelque chose d'abouti. On ne s'invente pas (ou plus) de pression par rapport aux attentes extérieures : ce n'est pas notre gagne pain, et cela doit rester une passion ; on veut sortir de la musique dont on est fiers. Bon, on espère toujours que les gens qui aimaient bien Grorr ne nous ont pas oubliés, et qu'ils apprécieront l'album !
"Anthill" et "The Unknow Citizens" ont eu de solides succès critiques. Cela vous a-t-il mis une pression particulière, et vers quoi vouliez-vous tendre quand vous avez commencé à composer pour le nouvel album ?
Yoann : On part toujours dans l'optique de s'améliorer, La seule pression est d'arriver à composer quelque chose dont on est satisfaits (et ce n'est pas une mince affaire). L'accueil global des précédents albums était plutôt de nature à nous rassurer, ça voulait dire qu'on était dans le vrai, je prenais ça comme un encouragement. Une des idées principales avec l'arrivée de Franck (NDLR : Franck Michel a remplacé Bertrand Noël au chant de Grorr en 2016) était de mettre l'accent sur les mélodies de chants.
Sylvain (instruments traditionnels, sample) : Ce qui est sûr, c'est que leur succès ne pouvait pas être prétexte à fournir moins d'efforts pour la conception de "Ddulden's Last Flight", d'autant que, comme le disait Yoann, notre volonté de s'améliorer va avec la volonté de pousser les curseurs de ce qui nous fait plaisir encore plus loin.
Vous revenez donc avec "Ddulden’s Last Flight". Quel est le concept de l'album ?
Yoann : A la base on était partis sur un film musical, on avait vraiment cette ambition de proposer trente à quarante minutes de film d'animation en musique... L'histoire suit Ddulden dans son parcours initiatique vers l'accomplissement de son rêve (en l'occurence voler). Elle est découpée en plusieurs scènes-clefs qui sont autant de plages de l'album. On a essayé de mélanger correctement notre sauce habituelle (du rock-metal, des instruments traditionnels, des formats de chansons, dans un concept-album) avec des éléments un peu plus issus de la musique de film.
Sylvain : On a voulu inclure plusieurs niveaux de lecture, d'interprétation. Nous avons utilisé les récits autour du mouvement du Luddisme en trame de fond pour aussi avoir la possibilité d'évoquer notre propre histoire, nos obsessions...
Où et quand sont nées ces compositions ?
Yoann : Les premières maquettes datent de la sortie de l'album précédent, donc presque sept ans en arrière maintenant... Il y a eu beaucoup de réécriture au fur et à mesure qu'on affinait l'histoire et aussi que l'on intégrait de nouveaux membres dans le groupe. Nous avons imaginé au minimum trois histoires complètement différentes. A l'époque des premières maquettes, Franck, le nouveau chanteur, n'avait pas encore rejoint le groupe. Et enfin Christine (NDLR : basse) est arrivée. Cela nous a fait beaucoup de bouleversements.
Sylvain : On a même totalisé approximativement quatre heures de compositions dont il reste encore des traces dans la version aboutie de l'album, que ce soit formellement, des mélodies, l'utilisation et le rôle de certains instruments... Les morceaux "The Painter" et "Orang Lao" sont nés de ce matériau originel, ils nous ont finalement servi de laboratoire pour expérimenter le son que nous souhaitions avoir.
En parlant de laboratoire... Quels sont les instruments utilisés sur "Ddulden’s Last Flight" ?
Sylvain : Il y en a beaucoup ! Les pupitres d'ensembles sont créés avec des instruments virtuels, ce sont donc les ensembles symphoniques, gamelan balinais, taikos … pour le reste j'ai joué du morin khuur (NDLR : instrument à cordes mongol), du sitar, du tabla (NDLR : petit tambour d'Inde), diverses percussions, guimbardes... Et avec Franck nous nous sommes mis à pratiquer les techniques de Khoomei pour les enregistrer, les chants diphoniques donc.
Quels sont vos invités sur l'album ?
Yoann : Comme on s'est chargés d'à peu près tout, nous n'avons eu qu'une seule invitée sur l'album, c'est Julie Lambert, qui nous a prêté sa voix pour les rôles des « sirènes ».
Sylvain : Elle avait pour mission d'adopter le timbre qu'on entend dans les chants traditionnels féminins de Bulgarie, Croatie etc, ce qu'elle a effectué avec un immense brio !
GRORR, "Ddulden’s Last Flight" (2021)
Pour l'artwork, vous avez fait appel à la dessinatrice Emilie Tarascou. Pourquoi ce choix et quelles indications lui avez-vous donné ?
Sylvain : Pour être tout à fait transparent, il s'agit de ma belle-sœur ! Mais il se trouve que notre collaboration avec elle est comme un alignement de planètes. Elle m'emmenait voir les films de Miyazaki quand j'était petit, elle connait très bien ce genre d'esthétique, entre autres, et a pu suivre de près nos phases d'écriture de l'histoire. On voulait que l'artwork soit composé comme une affiche de film, nous avons donc étudié la composition du plan avec elle, en essayant d'y insuffler nos références. Nous avons choisi d'illustrer l'amorce du climax de l'album (le début de Last Flight, et non pas l'intro de l'album comme on peut le lire sur certaines reviews hahaha !).
Un mot sur la technique, l'enregistrement et le mastering ?
Yoann : On a suivi le même processus que sur nos deux albums précédents, à savoir qu'on a tout enregistré nous-même et qu'ensuite on a envoyé les centaines de pistes au mixage. Cette fois-ci, on a bossé avec Pierre Danel, du studio Axone, pour le mix, et il a fait un super travail ! C'était vraiment pas évident de gérer autant d'instruments tout en gardant de la clarté et de la puissance... Le mix est ensuite passé dans les main de Pierrick Noël de l'atelier du mastering pour le mastering.
Les éditions physiques de l'album ont été quasiment épuisées en une quinzaine de jours. Votre réaction ?
Yoann : Alors c'est vraiment super cool de voir ça, autant que de recevoir des retours positifs... Maintenant, cela reste à pondérer, car si les stocks Bandcamp du label sont presque vides, pas mal d'exemplaires physiques ont aussi été envoyés pour approvisionner des magasins, etc. La bonne nouvelle c'est qu'il est toujours possible de se procurer l'album en physique !
J'imagine qu'un beau clip est en préparation ?
Yoann : Malheureusement, rien en préparation pour l'instant, On a sorti un clip en animation pour le morceau « Orang Lao » ; pour « Ddulden » c'est un peu différent : on a toujours conçu cet album comme un « film musical », c'était difficile pour nous d'extraire un titre en particulier pour en faire un clip. En gros c'était un peu « tout ou rien » ; on voulait vraiment avoir un film en anime pour l'album. Bon, on réfléchit toujours au meilleur moyen de proposer quelque chose de cohérent sur scène avec de la vidéo... On croise les doigts !
On vous retrouve dans sept ans pour un prochain album ?
Yoann : Ahahah ! Ben écoute, on verra bien ! A chaque album son histoire et une aventure bien particulière. Si tu m'avais dit en 2014 que l'album sortirait en 2021, je ne t'aurais jamais cru !
Sylvain : En tout cas nous avons commencé l'écriture de ce futur album. Nous sommes en 2021, le chronomètre est lancé !
Merci Grorr, de m'avoir consacré du temps.
Yoann : Merci à toi pour ton intérêt !
Sylvain : Merci !
Les Liens :
- Ecouter/acheter l'album :
https://vicisolumrecords.com/album/ddulden-s-last-flight - Le reste de la discographie :
https://grorr.bandcamp.com/
FERADUR : Visite guidée d'un paracosme
Le 27/04/2021
« Nous n'avons pas voulu écrire de nouvelles chansons juste pour avoir un album plus long qui, à la fin, risquerait de ne pas tenir debout... »
Après un MCD et deux albums, le groupe de death luxembourgeois Feradur revient avec un EP cinq titres intitulés "Parakosm", disponible dès aujourd'hui, 30/04/2021.
Mais pourquoi un EP ? Et que signifie "Parakosm" ?
Entretien avec le bassiste Fridtjof Kielgast...
FERADUR
Bonjour Fridtjof. Quinze ans d'existence et un nouvel opus pour Feradur... Comment présenteriez-vous votre univers ?
Fridtjof (basse) : Feradur c'est cinq gars qui font du Death Metal mélodique inspiré de la scène de Gothembourg. Pour ne pas avoir la flemme avec notre style, nous aimons ajouter diverses influences comme le Black Metal, le Thrash Metal et, à l'occasion, du Rock classique.
Le fait d'être basé au Luxembourg, carrefour de la Belgique, de la France et de l'Allemagne, est-il un plus pour un musicien de métal ?
Fridtjof : Oui et non. Il est facile de jouer avec des groupes internationaux venant de plus ou moins cent kilomètres de la frontière. Mais en même temps, la scène est petite et il est parfois difficile d'organiser des concerts et de rallier des gens. De plus il est rare qu'un groupe luxembourgeois gagne en notoriété en dehors de la grande région.
Votre nouvel album s'appelle "Parakosm". J'ai grâce à vous appris qu'en psychologie de l'enfance, un paracosme était un monde imaginaire régi par ses propres normes, avec ses êtres vivants, son langage et son histoire. Comment vous est venu cette excellente idée de titre d'album ?
Fridtjof : J'aime jouer avec les mots et ajouter différents préfixes. Quand je suis tombé sur "paracosme", plutôt par chance, j'ai cherché s'il y avait déjà des groupes ou des albums avec ce nom, et quand j'ai lu la définition d'un paracosme, j'ai été emballé. J'adore les histoires, mythologiques ou modernes, et un paracosme, soit créé en enfance, soit par un adulte, est super intéressant pour moi.
FERADUR - Fridtjof Kielgast (basse)
A quoi faut-il s'attendre avec "Parakosm" ? Aviez-vous envie d'aller dans une direction particulière, après "Legion" (2019), votre précédent album ?
Fridtjof : Côté musique, Parakosm est une sorte de continuation de Legion. La plupart des idées étaient déjà écrites lorsque nous avons sorti Legion. Ça se voit, ou plutôt ça s'entend, si on écoute les deux bout à bout. "Host of the Nightmare", par exemple, a changé de style, mais le texte et la majorité de la musique étaient déjà finis à l'époque de Légion.
Pourquoi avoir privilégié le format EP ?
Fridtjof : On avait rassemblé de nouvelles idées mais nous avons eu l'impression que les chansons sur Parakosm sont nées en même temps et qu'elles transportent une idée similaire par rapport à Legion. La musique que nous créons est un produit de la musique que nous écoutons en ce moment, et nous n'avons pas voulu écrire de nouvelles chansons juste pour avoir un album plus long qui,à la fin, risquerait de ne pas tenir debout...
L'artwork est de Mosaeye Art&design. Comment s'est fait votre choix et quelles orientations lui aviez-vous données ?
Fridtjof : Nous avions pensé avoir un artwork signé Mosaeye avant, et quand il a annoncé une grande vente de quelques pièces, Mich T. a dressé une liste et nous avons voté pour cette image. Vu qu'une grande partie des textes sur Parakosm est inspirée des films japonais, ce démon, qui nous rappelle un Oni (NDLR : créature du folklore japonais de forme humanoïde), semble adéquat.
FERADUR, "Parakosm" (EP - 2021)
"J'ai écrit des lignes de basse que je trouve intéressants à jouer et qui me poussent à devenir un meilleur musicien. Tout en n'encombrant pas la chanson pour l'auditeur."
Comment se sont montées les compositions de "Parakosm" ?
Fridtjof : À la base ce sont toujours les guitares et les trois guitaristes qui créent des riffs et mélodies. Pour moi, comme bassiste, j'essaye d'être au service de la chanson. Il y a des parties où les guitares donnent de la place pour un petit jeu harmonique ou mélodique pour la basse. Je n'aime pas trop jouer uniquement la fondamentale d'un accord, et pour Parakosm encore plus que pour Legion, j'ai écrit des lignes de basse que je trouve intéressants à jouer et qui me poussent à devenir un meilleur musicien. Tout en n'encombrant pas la chanson pour l'auditeur.
Vous avez présenté un premier single et un clip. Il s'appelle "Tetsuo". C'est inspiré du film japonais du même nom ?
Fridtjof : Tout à fait ! Laurent, le frère de Mich T., est un cinéphile, et à travers lui, Mich T. et Mario sont tombés sur ce film. Laurent et Mario ont aussi collaboré pour créer la vidéo pour Tetsuo, qui rend encore hommage au film.
De quoi traitent les autres compositions de "Parakosm". Ont-elles un fil rouge ?
Fridtjof : Certainement. Ce sont toujours des histoires inspirées de la mythologie, des films ou même des jeux vidéos, de différents paracosmes, peut-on dire... Leur point commun est qu'elles parlent du mal que les gens portent en eux, que ce soit la cupidité ou le mépris pour l'humanité. Concernant les compositions, je crois que les chansons sont assez différentes les unes des autres, mais en même temps on entend toujours que c'est Feradur. "Host of The Nightmare", par exemple, est écrit en tonalité de La, il en résulte un son plus sombre. "Saviours", d'autre part, a toujours eu un côté skate-punk, pour moi.
"Nous apprécions tous les groupes comme At The Gates, ou les premiers albums d'In Flames, mais c'est de la musique qui est déjà écrite, et rester dans ces limites n'ajouterait rien au monde musical."
Votre death est catchy et mélodique. Je trouve qu'il est parfois saupoudré de digressions qui amènent encore l'attention de l'auditeur à un niveau encore supérieur.
Fridtjof : Chacun d'entre nous a un goût musical plutôt divers, et ça se combine pour donner de nombreuses influences. Nous apprécions tous les groupes comme At The Gates, ou les premiers albums d'In Flames, mais c'est de la musique qui est déjà écrite, et rester dans ces limites n'ajouterait rien au monde musical. En prenant inspiration dans la musique que nous aimons, à part du Death mélodique, nous créons quelque chose qui nous représente mieux. Si ça plait au gens, c'est génial.
J'apprécie aussi le travail des voix, avec des grunts dans différents registres...
Fridtjof : Mario s'est surpassé sur Parakosm. À partir du moment où il a commencé avec Feradur, il a travaillé dur pour devenir un meilleur chanteur. Il essaye de nouvelles techniques et apporte de nouvelles textures au chansons. En plus, les vocals de Mich T. sont devenus plus perceptibles, ce qui donne encore plus de possibilités.
Un mastering signé Jens Bogren (Opeth, Dimmu Borgir). Sacrée référence ! C'est un plaisir que vous vous offrez ?
Fridtjof : Mario et Mich T. sont responsables de l'enregistrement et du mixing de Parakosm (et d'ailleurs également pour Legion) et ils ont fait un très bon travail. Mais nous avons su qu'à la fin il faudrait une personne extérieure pour le mastering. Quelqu'un qui donne un nouveau regard. Nous connaissons tous le travail de Jens Bogren, et nous l'apprécions beaucoup, et l'avoir pour le mastering nous assure qu'au moins cette partie de Parakosm est faite au mieux possible.
Vous avez aussi mis les petits plats dans les grands côté merch : "Parakosm" sort aujourd'hui, 30/04/2021, en numérique, en CD, en vinyle et en cassette... Où peut-on se le procurer ?
Fridtjof : En dehors des services streaming comme Spotify, la vente se fait sur notre page bandcamp. (NDLR : lien in fine) Les vinyles et les cassettes sont limités à cent-cinquante et cinquante pièces pour le moment, et il y a déjà un grand nombre de pré-commandes, il ne faut donc pas attendre trop longtemps ! Quand la pandémie sera finie, un jour, on pourra acheter tous nos albums et tee-shirts, etc, lors des concerts...
Merci Fridtjof d'avoir pris le temps de répondre à mes questions...
Fridtjof : Merci de nous avoir prêté l'oreille et d'avoir subi mon français. Nous espérons que vous aimerez Parakosm et qu'on pourra se voir "en live" lorsque la pandémie sera finie.
Les liens :
- Bandcamp :
feradur.bandcamp.com - Spotify
https://open.spotify.com/album/1i82GYrM4mG4WP18StONC2 - Instagram :
feradurmelodeath
NO TERROR IN THE BANG : Le nouveau Big Bang ?
Le 27/03/2021
« Si nous pouvons vous faire un peu rêver avec ce disque, alors la première partie de notre objectif sera atteinte. »
Avec "Eclosion", un premier album atypique et beau, No terror in the bang rejoint Les Dogs, La Maison Tellier ou MMNQNS parmi les groupes capables de porter haut les couleurs de la scène rouennaise.
Nous avons eu le plaisir de faire plus ample connaissance avec ces musiciens au niveau extrêmement relevé, issus de milieux différents et réunis dans une formation qui brasse les influences et les styles pour en faire une recette originale à dominante métal. Voici leur interview et, parce qu'on aime l'album, nous sommes même allés chercher les explications de la photographe Louise Dumont, qui a réalisé l'artwork.
"Ce ne sont pas les films les plus « explicites » qui sont les plus effrayants ! Il nous a semblé qu’on pouvait faire la même chose en musique : faire du contraste, et ne pas tout montrer ou faire entendre d’un coup."
Bonjour No Terror In The Bang. Jazz/hip-hop pour votre chanteuse, César de la meilleure musique de film pour votre pianiste... C'est très inhabituel de lire ça dans la bio d'un groupe de métal. Comment vous êtes-vous trouvés réunis ?
Alexis Damien (composition, batterie et orchestration) : Bonjour ! C’est vrai tu trouves ? Pas tant que ça en fait ! Les métalleux ont parfois d’autres pratiques : je lisais ce matin dans New Noise que Stéphane Buriez de Loudblast avait joué dans les Tambours du Bronx par exemple… Comme quoi… Personnellement j’aime la musique au sens large, et encore plus largement l’art, qu’il soit graphique, cinématographique, chorégraphique, ou je ne sais quoi…Le metal, j’en écoute depuis mes trois ans… Et ça reste inscrit à jamais dans mes veines… C’est une musique impérissable, énergique, sombre, violente, dont on a tellement besoin !
Sofia a des gouts variés, mais elle démontre une grande sincérité envers les musiques sombres, métal, dérangeantes… Elle est totalement libre, comme un poisson dans l’eau, dans ce projet.
Romain est un vieux compagnon de route, nous avons joué dans un groupe quelques années et fait de nombreux concerts ensemble. Il avait de plus fait des apparitions sur les albums de Pin-Up Went Down, mon projet « avant-garde metal ». Nous avons de nombreux points communs : appétence pour le cinéma, quelques héros, dont Devin Townsend.
Les autres membres du groupe font aussi partie de la scène rouennaise, qui est, croyez-moi, une ville foisonnante de talents.
No Terror In The Bang tire son nom d'une citation d'Alfred Hitchcock. Elle semblait appropriée à votre musique ?
Alexis Damien : J’adore ce nom ! C’est tiré de la citation « there is no terror in the bang only in the anticipation of it », qui a le mérite d’être claire : ce ne sont pas les films les plus « explicites » qui sont les plus effrayants ! Il nous a semblé qu’on pouvait faire la même chose en musique : faire du contraste, et ne pas tout montrer ou faire entendre d’un coup.
Tu qualifiais, dans une interview, votre album de "urbain et cinématographique". J'ai trouvé que c’était une bonne description.
Alexis Damien : Cinématographique – car on essaie de raconter des histoires. Nous avons essayé de transporter l’auditeur dans différents mondes. Des rêves, comme des cauchemars. Des moments de doute ou héroïques. On passe par différents couples d’émotions opposés : colère – joie, frénésie – contemplation, douceur – dureté, folie – lucidité, noirceur – éclairage, etc…
Urbain, oui, car le chant est très actuel. Sofia a de par son âge une façon de chanter qui renouvelle le style, elle ne copie pas les références féminines du genre. Elle apporte un côté « bad guy » et malgré tout féminin, qui me semble-t-il est assez moderne.
"La composition en groupe me laisse sceptique, cela amène des compromis souvent mauvais en musique. Il vaut mieux parfois aller au bout d’une vision personnelle et s’y tenir."
Qui a signé les compositions présentes sur "Eclosion" et vers quel univers vouliez-vous tendre ?
Alexis Damien : c’est majoritairement un travail Alexis-Sofia : j’ai composé une grande partie des musiques, avec quelques améliorations de Romain et Etienne ; Sofia a écrit toutes ses mélodies de chant et ses textes. En général, nous partons de démos qu’elle « amende » sur les structures, sur quelques détails, et elle pose son chant dessus. Il est tout à fait possible que les membres du groupe prennent plus de place dans le futur !
Pour donner un peu d’intérêt à cette réponse, je pourrais expliquer que composer est un difficile travail d’introspection. Cela peut devenir un enfer si on ne sait pas où on va, en termes de son, de forme, etc. La composition en groupe me laisse sceptique, cela amène des compromis souvent mauvais en musique. Il vaut mieux parfois aller au bout d’une vision personnelle et s’y tenir. Ceci dit, tout est possible, mais dans tous les très grands groupes que j’admire, il y a souvent un duo ou trio de compositeurs : Halford/Tipton/Downing, ou Yorke/Greenwood, ça a fait ses preuves, vous voyez ?
L'album suit-il un fil conducteur et quelles sont les thématiques abordées par vos textes ?
Sofia Bortoluzzi (chant, composition) : Les thématiques abordées dans les textes sont assez personnelles. Je me mets souvent à la place d'un personnage qui évolue dans différents univers... Et je retransmets mes émotions à travers la musique. J'utilise beaucoup de métaphores afin que l'auditeur puisse s'identifier à sa manière aux paroles et aux sentiments qui en ressortent. Le fil conducteur de l'album est basé sur un personnage sain, dans le doute, à la recherche de sa vraie personne et qui emprunte une voie le faisant tomber dans la dépravation, un univers mystérieux et sombre.
J'aime l'artwork de "Eclosion", son image, son graphisme. Il symbolise la naissance du groupe ?
Alexis Damien : La photographie de la pochette a été réalisée par Louise Dumont, une artiste au travail très tourmenté. On peut y voir plein de choses, ne vous gênez surtout pas ! Pour ma part j’y vois une introspection. Un œuf. Un peu de souffrance, et beaucoup de féminité. Cela collait complètement aux textes métaphysiques, froids et tourmentés de Sofia – et bizarrement à la naissance de notre groupe. Les nuances de bleu sont effectivement très belles, non ?
Louise Dumont (auteure de l'artwork) : C’est un autoportrait - pratique que j’exerce depuis une dizaine d’années - ou plutôt un autoportraits qui date de 2016 (?), quand ma chevelure était longue et bleutée, avec mon ami de l’époque. Nos corps, lui assez squelettique et mordoré, le mien plus en rondeur et blanc, s’entremêlent à la prise de vue, la fusion de nos enveloppes charnelles / âmes (?) est accentuée encore en post-production pour tendre à une image plus abstraite. Avec l’idée de l’œuf, symbole de vie, et par la forme ovale qui suggère l'infini, et la symbolique de la couleur bleue avec l’immortalité, je pense que c’est l'une de mes images qui touche plus au « spirituel/absolu/sublime/éthéré » que corporel. Je suis ravie qu’elle fasse la pochette de No Terror in the bang, car la musique n’est-elle pas le domaine le plus immatériel et universel ?
Le chant de Sofia se remarque au sein d'une scène métal où le growl et le chant lyrique créent des embouteillages. J'ai aussi été impressionné par la maturité de sa voix au regard de son âge.
Alexis Damien : C’est vrai que depuis un certain temps, la mode est à la chanteuse à la voix de démon… C’est souvent sympa, parfois un peu drôle – mais au moins ça prouve que les métalleux ne sont pas des vieux machos coincés et misogynes. Les deux sexes sont à égalité et on accepte tout. Donc c’est bien !
J’ai un peu plus de mal avec les voix lyriques qui sonnent finalement assez impersonnel à mon goût. Sofia propose en effet autre chose.
Elle sait aussi envoyer des lignes de chant très agressives (dans "Insight" par exemple). A-t-elle dû travailler spécialement sa technique pour "Eclosion" ?
Sofia Bortoluzzi : Ahaha ! Mon travail technique est en renouvellement perpétuel. Mais il y a un an à peine, j'étais incapable de screamer ! Ça a vraiment été un acharnement quotidien avant d'y arriver et je suis heureuse d'avoir pu orner notre album de chant saturé. Donc oui, ça a été un facteur dans mon apprentissage et dans mon processus de création.
Alexis Damien : Pour l’anecdote, un jour elle m’envoie toute timide un essai de reprise de Jinjer, et ça le faisait carrément ! Quand on a une bonne technique de chant clair, on peut alors se mettre rapidement au saturé. L’inverse fonctionne plus rarement.
Vous avez tous un beau parcours. Compter dans vos rangs un compositeur césarisé donne-t-il une forme de crédibilité "outre-métal" ?
Romain Greffe (claviers) : Je ne pense pas que cela donne une crédibilité supplémentaire.
La crédibilité vient de la qualité des compositions et des musiciens qui les interprètent. Et la qualité d'un travail ne résulte pas d'un titre ou d'une récompense obtenue par le passé, mais bien de sa construction, de son essence, de son âme, de son énergie '' présente ''.
Je crois que la sphère métal est déjà reconnue en dehors de son sein, par des groupes qui ont su la rendre populaire, au sens premier du terme. Des groupes comme Metallica par exemple.
D'autres musiciens ont su s'affranchir des cases, comme Trent Reznor, qui a justement travaillé pour des musiques de films. Après, que la musique soit appréciée, c'est autre chose ! Au mieux, cela peut engendrer une curiosité, ce qui est toujours bon à prendre !
Mais je crois que la crédibilité reste liée aux qualités du groupe : ses compositions, et ceux qui l'animent.
Quelles sont vos ambitions avec No Terror In The Bang ?
Alexis Damien : Nous partons de zéro. Il s’agit pour nous de nous faire découvrir et apprécier par le public avec ce premier album. Nous nous préparons à jouer en live, l’objectif c’est de jouer dans les festivals spécialisés.
Ambition est un mot compliqué. Si nous pouvons vous faire un peu rêver avec ce disque, vous envoyer dans un monde auquel vous n’auriez pas pensé, comme dans une aventure ludique et addictive, alors la première partie de notre objectif sera atteinte. Pour le reste, nous restons humbles et lucides, on verra bien.
Merci, No Terror In The Bang, d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Alexis Damien : c’est nous qui te remercions, ainsi que tous tes lecteurs. Merci de votre soutien. Notre album est sorti le cinq mars – un clip en avril. Rendez-vous sur notre site www.noterrorinthebang.com.
Les critiques en disent :
- "No Terror In The Bang est LE groupe à suivre tant la créativité et la qualité des titres qui composent Eclosion est au rendez-vous et leur personnalité forte."
https://amongtheliving.fr - "Une diversité de genres qui fait de ces grands écarts permanents, parfois au sein du même morceau, des instants riches et inattendus."
https://skriber.fr - "Eclosion est un livre musical qui évolue tout au long de sa narration allant du plus doux, calme, ensoleillé au plus rugueux, agressif, sombre, en passant par tous les états émotionnels possibles qui donnent la vibration à cet opus transgenre."
http://www.ahasverus.fr - "Cet album est fait pour vous frapper, fort. Et il le fait avec beaucoup de passion."
https://theprogspace.com
Line-Up :
- Alexis Damien (batterie) a fait partie de plusieurs groupes de la scène metal : Pin-up went down, Carnival in coal (en live), Void Paradigm, Wormfood, Superscream. Il est aussi compositeur pour la musique à l'image, et a joué du jazz pendant de nombreuses années dans la région rouennaise.
- Sofia Bortoluzzi (chant), joue dans un projet Hip-Hop-Jazz, au sein du collectif rouennais La Charbonnerie.
- Romain Greffe (claviers) a composé la musique de "Au fond d'un trou vivait un hobbit", lecture musicale créée avec Olivier Saladin. Il a sorti plusieurs albums avec son ex-groupe Joad. Il a co-remporté le césar de la meilleure musique de film en 2019 pour "Guy" d'Alex Lutz.
- Brice Bouchard (basse) a joué dans un groupe de Rock rouennais "No Records", il joue régulièrement en orchestre classique.
- Etienne Cochin (guitare) joue dans un groupe Electro-rock 80's revival : Aelesya.
- Clément Bernard (guitare) a joué dans plusieurs groupes normands de Rock et Blues comme Mbb crew, Sto ko we, CGM et le Red Moon Orchestra...
Liens :
- Le groupe : http://www.noterrorinthebang.com/
- L'album : https://backl.ink/143834023
NAWATHER : L'armada tunisienne
Le 06/03/2021
« Chaque musicien porte une cause à défendre, et notre cause c'est de faire partager et connaître notre culture dans le monde entier. »
Disponible depuis le 26/02/2021, "Kenz Illusion", le deuxième album de Nawather, nous rappelle que la Tunisie dispose d'une armada des plus originales et des plus redoutables, capable de porter son métal au plus haut niveau de la scène internationale. Yazid ne vous dira pas le contraire, même s'il souligne la singularité de Nawather, qui place des instruments traditionnels au centre de sa musique.
Voici son interview.
Bonjour Yazid. Myrath, Persona, Carthagods, Cartagena... Le métal tunisien a le vent en poupe à l'international. Qu'est-ce qui différencie Nawather des autres formations ?
Yazid (guitare) : Ce qui nous réunit c'est notre folklore tunisien, c’est notre source principale. Par contre ce qui différencie Nawather des autres groupes c'est l'intégration du qanûn (NDLR : instrument à corde très utilisé dans le monde arabe) à notre sauce tunisienne, et ce n’est pas du tout fréquent de fusionner le métal avec un instrument aussi pertinent et distingué dans notre culture.
La naissance de Nawather coïncide avec le Printemps Arabe. La Révolution du Jasmin a-t-elle eu des conséquences sur la musique Métal de manière générale en Tunisie ?
Oui, certainement. Le Printemps Arabe a eu un impact positif sur la musique Métal en Tunisie, on a pris plus de liberté pour s'exprimer et mieux passer nos messages à travers notre musique.
Votre nom vient du maqâm nawa athar, une sorte de gamme spécifique à la musique arabe. J'ai trouvé l'idée très pertinente en ce qu'elle renvoie bien à votre identité, très empreinte de folk tunisien.
Le maqâm Nawather est peu utilisé et exploité dans notre folklore, c'est très intéressant au niveau sonorité et on a bien senti qu'il représente parfaitement notre identité.
En 2016 sortait votre premier album, "Wasted Years". Comment le considérez-vous aujourd'hui et avez-vous été satisfaits de son accueil ?
"Wasted Years" c'était notre premier album, et c'est le fruit d'un expérience de chacun d’entre nous. Chaque titre représente notre vécu et ce que nous avons ressenti à une époque de notre vie. C'était le départ idéal de notre histoire musicale et on est très satisfaits des retours, surtout de ceux des pays où l'on ne s'attendait pas à avoir des réactions énormes, comme l'Amérique Du Sud, le Chili, l’Argentine, la Colombie. On a eu aussi beaucoup d'avis positifs depuis l'Europe, la France, L'Angleterre, l'Allemagne, l’Asie, le Japon...
Vous sortez maintenant votre nouvel opus. Cinq ans entre les deux productions, c'est un rythme qui vous convient ?
En fait on a pris tout ce temps pour la sortie de notre deuxième album pour assurer une meilleure qualité sonore et musicale à nos auditeurs - et comme vous le savez une bonne production ça coûte cher - ce qui explique notre coopération avec le Studio Fredman, du fameux Frederik Nordstrom.
Justement, qu'est-ce qui vous a incité à solliciter Fredrik Nordstrom (Dimmu Borgir, Arch Enemy) pour la post-production ?
Tout simplement sa réputation ! Comme vous l'avez cité, il a travaillé avec des grands noms dans la scène métal et l'empreinte qu'il laisse au niveau orchestral est fantastique.
Quelle signification se cache derrière le titre "Kenz Illusion" ?
Il faut lire entre les lignes des paroles de toutes nos chansons pour révéler ce que nous voulons cacher derrière le titre de l'album. Ce que vous pouvez traduire à travers "Kenz Illusion" c'est qu'aujourd'hui on vit dans un monde d'illusions et on court toujours derrière ce qu'on ne possède pas, et on ne profite pas de ce qu'on a déjà... L'illusion d’avoir beaucoup d'argent, parce qu'on pense que ça va nous rendre heureux et nous donner du pouvoir. Je ne vous en dis pas plus !
Votre batteur Saif avançait dans une interview qu'un musicien se devait d'être un porte-parole. En quoi cela vous semble-t-il important et quelles sont les thématiques abordées par les textes de "Kenz Illusion"?
Oui tout a fait, chaque musicien porte une cause à défendre, et notre cause c'est de faire partager et connaître notre culture dans le monde entier. On pense vraiment que le nouvel album va traduire nos efforts ; à travers les textes de "Kenz Illusion' vous allez trouver qu'on parle de nos expériences, de ce qu’on a vécu ou bien de ce qu'on a vu ces cinq dernières années.
Quel était votre cahier des charges pour la réalisation de ce nouvel album ?
On a surtout focalisé sur une musique bien plus orchestrée et rythmique et sur la qualité de la production de l'album.
Quels instruments entend-on dans "Kenz Illusion" ?
Le qanûn, bien évidemment, et surtout on a ajouté des ingrédients à notre sauce, comme le oud (NDLR : autre instrument à cordes utilisé dans les pays arabes) et d'autres instruments à percussion.
Vous avez présenté "Falleg", un premier clip, et vous en préparez un second. Savez-vous quand il sortira, et à quoi peut-on s'attendre ?
Oui on prépare un deuxième clip. Il sera disponible après la sortie de l'album, mais je ne peux pas vous dire plus...
LES LIENS :
Site: http://nawather.com/
Instagram: https://www.instagram.com/nawatherband/
Facebook: Nawather
Twitter: https://twitter.com/nawatherband
L'album - https://backl.ink/143943466
Label: M & O Music – http://www.m-o-music.com
Promotion by M & O Office – http://www.m-o-office.com
LEWIS L'INCLASSABLE
Le 14/01/2021
« C'est un album finalement très spontané, un peu à la manière de l’écriture automatique surréaliste. »
Le 19/03/2021 sortira "Inside", le premier album solo de Lewis.
Un opus personnel et osé, qui saura séduire les amateurs de prog' ou de psyché, les fans de rock, de baroque, ou tout simplement ceux qui aiment les albums de chansons réussies.
Deux mois avant de dévoiler "Inside" dans son intégralité, Lewis l'insaisissable a bien voulu lever un coin du voile. Voici son interview.
Ahasverus : Bonjour Lewis. Vous jouez déjà dans Tense Of Fools et dans Bachir Al Acid. Qu'est-ce qui nous vaut cette escapade en solo ?
Lewis : J'ai eu le sentiment de devoir exprimer quelque chose de plus personnel, de me détacher de toute esthétique et d'écrire librement, comme si je n'avais pas le choix, comme un ado dans sa chambre !
Ahasverus : Votre album est proprement inclassable. A quel public le destinez-vous ?
Lewis : Et pourquoi pas aux inclassables ?
Ahasverus : D'où sortent ces compositions ?
Lewis : Je suis toujours en train de me demander comment elles sont sorties, car c'est un album finalement très spontané, un peu à la manière de l’écriture automatique surréaliste. En fait j'ai une piste,je pense que le nom de l'album y répond, elles sortent de l'intérieur, le mien «Inside», je me questionne donc d'avantage sur la manière dont elles sont sorties que d’où elles viennent !
Ahasverus : Appeler cet album «Inside» relevait de l'évidence ?
Lewis : L'évidence est apparue avec le temps, au début j'avais projeté un autre nom. Mais au fur et à mesure de l'album ce titre a pris sens et je ne pouvais plus reculer.
Ahasverus : Je découvre grâce à votre biographie qu'il existe une psychologie de la musique, un domaine qui vous est familier (*) Ce paramètre a-t-il influencé le compositeur que vous êtes ?
Lewis : J'ai eu a chance de découvrir cette matière «Psychologie de la musique» au Canada. C'était une matière drôlement fascinante qui m'a permis de développer un autre regard sur la musique, une autre approche, par exemple, j'y ai découvert les influences de la musique sur notre cerveau et l'usage de la musique comme thérapie. Concernant «Inside», je dirais que l'écriture de cet album a été pour moi une profonde thérapie, mes connaissances en psychologie n'ont pas vraiment de rapport avec l'écriture à proprement parler, mais elles étaient certains propos et me permettent de développer et de rentrer en profondeur dans des thèmes sortis bruts, sur le tas. Un peu à la manière d'une psychanalyse en fait. Une extériorisation d'affects intérieurs par la musique, Voila le concept !
« Peut-être qu'à force de tout mélanger j'obtiens une recette originale ? »
Ahasverus : Outre vos camarades de Tense Of Fools qui vous accompagnent sur l'album, il y a de nombreux invités, chanteurs et musiciens. On entend du trombone, de la flûte traversière, du violoncelle, du saxophone... (voir in fine) Le multi-instrumentiste que vous êtes est arrivé avec ses partitions ou vous leur avez laissé l'initiative ?
Lewis : J'aime travailler avec spontanéité. C'est un ressenti brut, parfois sans directives. La liberté que j'ai prise dans la composition de l'album se devait d'être partagée par les musiciens qui m'entourent.
Ahasverus : Vous citez pour influences Steven Wilson , Rover, Pink Floyd , Kigayaku moyo, Queen of the Stone age , Radiohead ,Jeff Buckley. D'accord. Mais même s'ils sont éloignés de votre univers, la liberté de votre ton et votre côté imprévisible m'ont fait penser à des artistes tels que Julien Doré ou Sébastien Tellier.
Lewis : Je vois où vous voulez en venir ! Ces deux artistes proposent une recette très personnelle de leur manière de concevoir la musique et effectivement, j'aime aussi ce côté imprévisible, c'est l'improvisation qui je pense contribue à amener cette liberté de ton sur mon album qui caractérise les artistes que vous citez, même si oui, nos univers sont très éloignés ! Peut-être qu'à force de tout mélanger, j'obtiens une recette originale ?
« Je fonctionne beaucoup à l'improvisation et je discerne dans un second temps, je réécoute et j'essaye d'organiser ce qui me plaît le plus. »
Ahasverus : Vocalement je vous trouve un côté funambule : vous êtes capable de sortir de votre zone de confort pour aller chercher des notes très haut. On dirait presque que vous jouez avec l'auditeur.
Lewis : C'est marrant je n'avais jamais entendu ça, jouer avec l'auditeur, c'est un beau concept je trouve. Vous avez peut-être raison, je vais le chercher là où il s'y attend le moins et je me surprends d'abord moi même ! Je vous avoue que je ne maîtrise pas grand chose en fait, je fonctionne beaucoup à l'improvisation et je discerne dans un second temps, je réécoute et j'essaye d'organiser ce qui me plaît le plus. Des fois, il m'est impossible de reproduire ce qu'il s'est passé pendant une impro ou un moment magique avec les copains.
Ahasverus : Certains titres ont un côté cinématographique. Est-ce un domaine qui vous intéresse ?
Lewis : Je rêverais de composer sur mesure pour un réalisateur ! Il m'est déjà arrivé de le faire pour une pièce de théâtre et c'était une riche expérience car j'ai dû bosser avec la contrainte. Devoir servir un univers, se mettre à disposition de la pensée du réalisateur et participer à l'action et au climat du film, c'est vraiment quelque chose qui me branche. J'aime les réalisateurs qui se donnent, ceux qui m'ont amené à regarder les films autrement, je pense à Andrei Tarkovski, Andrei Zviaguintsev, Emir Kusturica, Michelangelo Antonioni, Dario d'Argento, etc.
Ahasverus : Dans quelles conditions « Inside » a-t-il été enregistré ?
Lewis : « Inside » a été enregistré chez Sebastien Caviggia à son studio « Le cri de la tarente », avec vue sur la mer depuis le studio, face aux calanques du Mugel à la Ciotat. J'ai apprécié prendre mes pauses dans ce paysage. Seb est l'ingé son de l'album et aussi le directeur artistique, il a aussi participé à l'enregistrement en faisant notamment l'ensemble des parties batteries. Celles-ci ont été faites pendant le premier confinement sur l'envoi des pré-maquettes. Les pré-maquettes ont elles été effectuées dans les Alpes. Après le confinement, tout à été fait au studio, toujours avec la mer à coté, ah oui aussi en compagnie des deux beaux chiens gourmands de Seb !
Ahasverus : Hormis la frustration de ne pouvoir soumettre ses titres au verdict du live, sortir un album dans cette période troublée présente-t-il un risque ?
Lewis : Je ne sais pas, je dirais qu'en dépit de concert peut-être que l'on apprécie écouter plus de musique et plonger plus intensément dans un album. Mais oui, je pense que le risque est bien présent, je ne sais pas quand la situation se débloquera et quand il sera possible de faire des lives, tout cela demande de l'organisation et beaucoup d'anticipation (prévoir une tournée, démarcher des salles, lieux, festivals). Pour l'instant, aujourd'hui, c'est impossible. On garde espoir et la renaissance n'en sera que plus grande !
Ahasverus : Vous êtes déjà en train de travailler sur un second opus ? On ne vous arrête plus !
Lewis : Rien de concret pour le moment mais oui je commence déjà à travailler sur le deuxième opus, je pense que j'aimerais cette fois ci aborder une thématique bien précise et construire quelque chose autour. J'explore avant de poser quoi ce soit de définitif, je conçois ça comme du travail mais aussi comme une grâce !
Ahasverus : C'était un vif plaisir de découvrir puis d'écouter votre album, Lewis. Merci de m'avoir consacré du temps.
Lewis : C'est moi qui vous remercie, A bientôt !
(*) Lewis est détenteur d'un diplôme en psychologie clinique et spécialisé en psychologie de la musique.
«Inside» c'est :
Line-up :
- Lewis Feraud (Guitare, chant, Basse, Claviers, Batterie)
- Sebastien Caviggia (Basse, guitare, Batterie, Percussion, Chant Choeur, Claviers)
- Alex Leboeuf (Basse)
- Gabriel Mas (Claviers, Chant Choeur)
Invités :
- Anais Clément Arribi (Chant sur Cruel World, Choeur sur TIME I et, Again et The End)
- Julien Pignol (Trombone sur Entrance, King of the Falls et I just)
- Romain Redon (Flûte traversière sur Entrance et Time Money and Fear part II)
- Christopher Dudois (Choeur sur Time Money and Fear part II)
- Alexis noël (Saxophone sur King of the Falls et Time Money and Fear part II)
- Loic Aymerick (Violoncelle et Choeur sur Again)
Technique :
- Directeur artistique, Ingénieur son et mixage : Sebastien Caviggia au studio "Le cri de la Tarente"
- Mastering : Oliver Planchard
- Production : Lewis Feraud et Alex Leboeuf
- Crédit Photos : Antoine Dalibard
Tracklist :
- Entrance
- Time Money and Fear Part 1
- Inside the day
- Fox
- Cruel Word
- I just
- Again
- Cry a man
- King of Falls
- Time Money and Fear part 2
- The End
Liens :
SCARRED fait peau neuve
Le 14/12/2020
« Quand on a décidé de changer de chanteur, le but n’était pas de refaire le même album avec une voix différente. »
Avec dix-sept ans d'existence, SCARRED revient avec un nouveau line-up, un nouveau clip, un kick-ass album (à paraître le 22/01/2021) et une réorientation pour élargir son champ d'action.
Ahasverus crevait de curiosité.
Les Luxembourgeois ont bien voulu répondre à ses questions.
Scarred par Lugdivine Unfer
Bonjour Scarred. Votre groupe existe depuis 2003. Votre formation a été bousculée depuis "Gaia/medea", votre dernier opus. Quel est votre line-up actuel et pourquoi ces bouleversements ?
Laurent (batterie) : Bonjour ! Actuellement le groupe se compose de Yann au chant, Diogo et Vincent à la guitare, Bertand à la basse et Laurent à la batterie. On a effectivement changé deux membres depuis notre dernier album dans le but de se réinventer musicalement. Après la sortie de Gaia / Medea, Diogo est parti en Norvège jouer pour Satyricon pendant deux ans et a été remplacé par Vincent, qui est un musicien et un mec génial comme on en rencontre rarement (allez écouter son groupe Fractal Universe, vous allez vite comprendre !). Quand Diogo est revenu il était hors de question de s’en séparer.
Pour ce qui est du chant, on a décidé qu’il était temps d’explorer de nouvelles sonorités plutôt que de rester dans notre zone de confort et refaire un album similaire aux deux premiers. On connaissait Yann depuis plusieurs années et on savait de quoi il était capable. Ça n’a pas été une décision facile de se séparer de notre ancien chanteur mais comme vous pourrez l’entendre dans notre nouvel album, les possibilités avec ce nouveau line-up sont quasiment infinies, et notre musique va pouvoir continuer à évoluer au fil du temps.
Attaquons directement dans le vif. Après "New Filth Order " en 2009 et Gaia/Medea en 2013, vous revenez en 2021 avec l'album "Scarred". Donner le nom du groupe à ce troisième album est une manière de nous signifier qu'il est le plus intime des trois ?
Laurent : Non seulement c’est l’album le plus intime (et de loin), mais il raconte aussi une période très sombre de nos vies. Il s’inspire directement des évènements dans et autour du groupe depuis la sortie du dernier album, qui pour certains d’entre nous ont laissé beaucoup de marques. Une fois qu’on s’est rendus compte qu’on était en train de raconter notre propre histoire et nos propres blessures, le nommer Scarred est vite devenu une évidence.
"On a passé énormément de temps en préproduction dans notre home studio à explorer différents univers sonores et à essayer de créer un album qui soit une œuvre cohérente et pas juste une collection de chansons."
En 2016, Diogo expliquait dans une interview à https://www.artnroll.net : "On fait du métal assez violent mais on ne veut pas tomber dans le cliché des pochettes têtes de mort avec des explosions." A qui avez-vous confié l'artwork cette fois-ci et quelle était l'idée que vous souhaitiez projeter ?
Diogo (guitare) : L’artwork a été réalisé par Drazen Medakovic, un ami d’enfance et artiste bourré de talent qui s’était déjà chargé du design de l’album Gaia/Medea (www.drazenillus.com). C’est toujours un plaisir de travailler avec lui, parce qu’il comprend notre musique et ce qu’on essaye de véhiculer dans nos textes. On lui a tout simplement donné la maquette et les paroles et expliqué les évènements qui ont entouré l’écriture de l’album en lui laissant carte blanche. Il a réussi à résumer à la fois l’univers sonore, le contenu lyrique et même le processus de création de l’album en une seule image. On n’aurait pas pu rêver mieux pour la pochette !
L’idée véhiculée est celle de la transformation. Le personnage représenté purge sa dépression et la transforme en arcs-en-ciel au cours d’un rituel shamanique. C’est ce qu’on a essayé de faire avec cet album, utiliser le négatif pour en faire quelque chose de beau et amorcer un changement à la fois dans nos vies et dans notre musique. C’est presque de la psychothérapie.
Contexte, environnement, situation géographique, envie de faire évoluer sa musique... qu'est-ce qui a décidé de l'orientation de l'écriture de l'album "Scarred"?
Bertrand (basse) : En fait tout ce que tu viens de citer. Nos vies ont beaucoup changé depuis la sortie du dernier album, on a tous vécu pleins d’expériences différentes, nos influences musicales sont beaucoup plus variées… bref, on a tous évolué en tant qu’êtres humains et musiciens, et vu qu’on écrit avec nos tripes, notre musique a évolué avec nous. Par ailleurs, l’éloignement de Diogo, notre compositeur principal, et l’intégration de Yann comme nouveau chanteur nous a aussi obligés à fonctionner d’une manière complètement différente pour l’écriture des chansons. On a passé énormément de temps en préproduction dans notre home studio à explorer différents univers sonores et à essayer de créer un album qui soit une œuvre cohérente et pas juste une collection de chansons.
J'ai cru voir des références à la Grèce ou à la Rome Antique dans cet album...
Laurent : C’était certainement le cas sur Gaia-Medea, mais sur cet album on s’est plutôt inspirés du folklore sud-américain. Ayant longtemps baigné dans le latin et le grec ancien, il y a toutefois moyen que j’y fasse allusion de manière inconsciente de temps en temps. J’essaye généralement d’écrire les textes de sorte à raconter ce que j’ai envie de raconter tout en laissant de la place à différentes interprétations, donc je suis toujours content quand quelqu’un y voit quelque chose que je n’ai pas forcément eu l’intention d’exprimer. Je serais curieux de savoir à quelles parties exactement tu fais référence (peut-être la chanson Dance of the Giants?).
(NDLR en réponse à Laurent : n'étant pas anglophone ma méprise tient uniquement aux titres A.H.I.A. et Petrichor, parce que sauf erreur Ahia était une province grècque et "ichor", dans la mythologie, était le sang des dieux)
"Mirage" est votre premier single. Ca a dû être cornélien de choisir un titre plutôt qu'un autre avec un album aussi ouvert musicalement...
Yann (Chant) : C’est clair ! Quasiment toutes les chansons de l’album ont à un moment donné été en lice pour être le premier single. On a fini par choisir Mirage parce que c’est une chanson à la fois puissante et mélodique qui fait bien le pont entre les albums précédents et celui-ci tout en annonçant la couleur de ce qui va suivre. De plus, le clip est à mon avis très réussi, ce qui a facilité le choix. J’aimerais profiter de l’occasion pour remercier encore une fois notre ami Kim Conrardy de U-Matic Productions pour le super travail qu’il a fourni.
Même s'il en intègre toujours des éléments à sa musique, SCARRED, le groupe, ne peut plus être défini comme un groupe de death. Il va bien au-delà avec des titres comme "Merry Fo Round" ou "In Silent Darkness"...
Diogo : Je prends ça pour un compliment ! Il est vrai que certains titres du nouvel album risquent de surprendre les fans de la première heure, mais on l’assume complètement. Quand on a décidé de changer de chanteur, le but n’était pas de refaire le même album avec une voix différente mais bien d’utiliser toute la palette de possibilités que nous offre Yann et de ne pas s’imposer de limites dans notre écriture. L’album va du death au rock en passant par le psychédélique, le symphonique, le clean et même l’instrumental, ce qui est une première pour nous. Chaque chanson correspond à un chapitre d’une histoire qui est tout sauf linéaire. Du coup chaque titre a sa propre ambiance et des sonorités tout à fait différentes du titre précédent.
La construction de "A. H. A. I. A.", et sa suite "Lua", sont surprenantes. Ca commence comme un morceau de death mais ça finit presque en world music... Peut-on avoir une petite explication de texte ?
Laurent : Dans l’histoire que raconte l’album, A.H.A.I.A., c’est le fond du gouffre. Niveau texte c’est probablement la chanson la plus sombre qu’on ait jamais écrite. Une fois qu’on a touché le fond à la fin de la partie death s’amorce le processus de guérison et de transformation par le rituel shamanique qui suit avec une partie d’abord psychédélique puis un véritable rouleau compresseur de graves et de double pédale, symbolisant le caractère à la fois hallucinatoire et intensif de ce genre d’expérience. Une fois le rituel terminé, on se retrouve seul pour réfléchir à ce qu’on vient de vivre en contemplant la lune (LUA) au milieu de la forêt. On n’est pas encore complètement guéri, mais la musique commence à changer.
"Avec Scarred on a construit notre réseau une date à la fois, en traitant chaque concert comme un casting pour le concert suivant, peu importe qu’il y ait mille ou cinquante personnes dans la salle."
Vous concluez "Scarred" par "Petrichor", un titre au chant clair. Donne-t-il le signal de la fin d'une ère et du début d'une autre ?
Yann : Pas forcément. C’est plutôt la fin en apothéose du voyage qu’on vient de faire tout au long de l’album, mais cela ne signifie pas que l’avenir du groupe est uniquement fait de chant clair et de sonorités rock (il y a déjà du lourd et sombre de côté pour le prochain album !). On a surtout eu envie de finir l’histoire sur une note positive tout en explorant encore un territoire jusque-là inconnu pour le groupe. Il y aura certainement d’autres titres plutôt clean sur nos prochains albums mais comme dit précédemment, le but est surtout de ne s’imposer aucune limite dans l’écriture et d’aller où la musique nous emmène.
Scarred par Lugdivine Unfer
Vous êtes un groupe luxembourgeois. Le fait de vous situer à la jonction de l'Allemagne, de la Belgique et de la France, est-t-il un avantage pour distribuer sa musique ?
Bertrand : Non, je crois qu’à l’ère du numérique ça n’a plus d’importance pour la distribution. Pour le live par contre c’est plutôt un désavantage. Avant d’atteindre un certain niveau les groupes luxembourgeois galèrent à s’exporter parce qu’ils n’arrivent pas à couvrir leurs frais de déplacement ou parce que les associations et salles de concert privilégient souvent des groupes locaux. Avec Scarred on a construit notre réseau une date à la fois, en traitant chaque concert comme un casting pour le concert suivant, peu importe qu’il y ait mille ou cinquante personnes dans la salle.
Merci Scarred de m'avoir accordé cette interview.
Yann : Merci à toi, c’était intéressant comme interview, on voit que tu as vraiment écouté l’album. Merci aussi à tes lecteurs et à bientôt près de chez vous j’espère !
JUNIOR RODRIGUEZ (Rock Psychédélique) - The Stellar Child
Le 09/12/2019
En 2019, il s’impose avec “Stellar Dream”, une incartade solo qui trouve ses origines dans les 70’s et agrémente son Rock Psychédélique de touches modernes et subtiles.
La tête dans les étoiles, les pieds ancrés sur terre par de profondes racines... c'est une belle définition de Junior Rodriguez.
Voici son interview.
Bonjour Junior Rodriguez. Je vous propose de faire un bond dans le passé. A qui doit-on votre goût pour la musique ? Vos parents ou Thierry Guerrero ?
Junior Rodriguez : Je dois le goût de la musique à mes parents, mais surtout mon grand Frère Duff. Quant à ma passion pour la batterie, elle me vient de Thierry Guerrero, un ami qui m’a vu naître et qui a mis la première fois mes petites fesses de trois ans et demi sur sa batterie, instrument que je n’ai plus jamais lâché.
C’était une compilation de la Motown ! Avec dedans les Jackson Five que j’écoutais en boucle. J’analysais tout ce qu’il se passait dans leur musique au casque...
Je crois que le tout premier concert que j’ai vu c’était Linda de Suza au Cirque d’hiver avec mes parents quand j’étais tout petit. Mais sinon celui qui m’a le plus marqué quand j’étais plus jeune c’était définitivement Pantera au Zenith pour la tournée Great Southern Trandkill. Un concert comme on n’en reverra très certainement plus…
Des souvenirs impérissables ! Mon frère jouait également dans ce groupe. On était jeunes, en pleine ébullition de la fin des 90’s et de tout ce qui sortait à l’époque. C’était vraiment une période de dingues : on osait tout, on n’avait peur de rien.
Bien au contraire, j’essaye de dormir mes huit heures par nuit. C’est justement important d’être en forme pour tenir la cadence. Donc j’essaye d’avoir de bonnes nuits de sommeil, par contre la journée je suis très actif et je m’organise au mieux pour avancer tout ce que j’ai sur le feu…
Un mec sincère, entier et une bible du rock n’ roll…
Il m’a accueilli à bras ouverts autant sur scène que chez lui lors de ces délicieux repas concoctés par sa femme Babette, que j’adore. Des fois il me faisait écouter ses disques préférés dans sa Cadillac… j’ai re-découvert bon nombre de classiques comme ça grâce à lui ! Ses coups de fils intempestifs me manquent beaucoup…
Bien évidement. C’est pendant cette période - et surtout en travaillant avec Oli Le Baron - que mon idée de me lancer en solo à germé. J’ai également re-découvert un paquet de disques grâce à eux..
Oui je suis toujours aux aguets…
“Starting From Nowhere” est une expérience humaine et musicale. Ce road-trip est-il une richesse pour l'avenir ?
Strapping Young Lad totalement ! Daft Punk pourquoi pas. Sebastien Tellier je ne connais pas ce qu’il fait…
Une aventure incroyable ! Une très forte rencontre avec le peuple Himba mais surtout avec Yepua, cette petite fille qui joue avec moi dans ce clip et avec qui nous avons passé une semaine ensemble, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Nous nous sommes liés d’un lien très fort ainsi qu’avec son père. Pendant le tournage, sa maman a mis au monde une petite sœur dont ils m’ont fait parrain et demandé de lui donner son prénom. C’était un moment très fort…
Junior Rodriguez - Stallar Dream (2019)

(Source La Croix)
Cette chanson fait référence à un documentaire très rare sur la collection de «Faux» de Dali. Ce texte est une discussion entre Dali, ses disciples et ses détracteurs qui tenaient des débats très endiablés le concernant…
C’en est une, c’est vrai. Même si par moments je me dis que j’aimerais bien savoir lire la musique pour pouvoir communiquer plus facilement avec certains musiciens. Mais je m’y mets doucement ! J’arrive maintenant à mettre des noms sur la majorité des accords que je joue…
Vous vous êtes mis au piano et vous aimez jouer du violoncelle... Que de perspectives pour de futures compositions !
C’est exact ! On va voir ce que ça va donner pour la suite... mais j’ai envie d’aller plus loin, de me dépasser.
Les mois à venir vont être focalisés sur le live. On espère tourner le plus possible en 2020 pour défendre ce disque. Et en parallèle de belles choses se précisent avec mon frérot Waxx également… Disons que 2020 s’annonce comme une belle année si ça continue comme ça...
Merci Junior Rodriguez de m'avoir accordé cette interview.
Merci à toi
Informations utiles :
Suivre Junior Rodriguez :
https://www.juniorrodriguez.com/
Ecouter Junior Rodriguez :
https://juniorrodriguez.bandcamp.com/
Junior Rodriguez sur Facebook :
https://www.facebook.com/juniorrodriguezofficial
Junior Rodriguez sur Instagram :
https://www.instagram.com/juniorrodriguez/
Les photographies de Junior Rodriguez présentées sur cette page sont d’Albéric Jouzeau :
http://www.albericjouzeau.com/
Junior Rodriguez sera en concert le 24/01/2019 à Issy-Les-Moulineaux ( Espace Icare ) avec The Psychotic Monks.
DREAMSLAVE : Rencontre avec Peter Gothilainen
Le 26/06/2019
« Depuis mon enfance, la musique m’a toujours fasciné. »
Après Elegy Emma (voir notre interview du 17/06/2019), c’est à Peter Gothilainen que nous avons eu le plaisir de poser nos questions.
Keytariste et compositeur surdoué , le discret Peter devient intarissable dès lors qu’on lui parle de musique. Il nous emmène en voyage aux quatre coins de son univers, de Mozart à Michael Jackson, de Deep Purple à la musique de films. Installez-vous confortablement, Peter est à la baguette.
(Interview réalisée le 27/06/2019)
Peter Gothilainen : Bonjour , j’espère que tu vas bien. C’est un grand plaisir que de répondre à ton interview. Je t’en remercie sincèrement. C’est également une chance à mes yeux de pouvoir écrire dans ma langue maternelle, chose assez rare.
Et bien, prenons ensemble le risque d’un voyage dans le temps, embarquons dans la DeLorean. Réglons d’abord le convecteur temporel sur la période de mon enfance et de mon adolescence, nous verrons bien où cela nous conduira… Mais n’oublions pas de faire le plein de carburant avant notre départ !
Le premier album que j’ai acheté n’en est pas vraiment un. En réalité il s’agit d’un maxi Best Of intitulé « The Ultimate Collection » du Roi de la Pop, j’ai nommé Mickael Jackson, l’une de mes idoles.
Ainsi, j’ai été bercé par la pop internationale et la chanson française par ma mère. La musique classique est arrivée plus tard à mon adolescence, mais elle faisait déjà partie de mon environnement par la vidéothèque éclectique de mon père, composée de VHS à l’époque.
A la maison, nous avions aussi un tourne disque pour les Vinyles et la fameuse chanson « la Danse des Canards » a tourné en boucle quand j’étais jeune… Mais ça, c’est une autre histoire !
Le premier concert de musique metal auquel j’ai assisté est celui du groupe brésilien, Angra. C’était le 22 février 2007 à la salle du Ninkasi Kao à Lyon.
Ce concert m’a permis de m’immerger dans le monde du Metal, de découvrir les codes, et d’en apprécier le style. Il n’y a pas que les tympans qui vibrent dans la musique amplifiée, mais aussi l’ensemble du corps, c’est un apprentissage.
Le hasard des rencontres, sans doute, une sensibilité particulière peut-être aussi, une personnalité atypique sans aucun doute. Les scientifiques diraient que j’ai probablement un patrimoine génétique particulier qui a rencontré un environnement favorable à son expression… C’est une formule que je trouve fort élégante, mais elle n’est pas mienne.
Pour être honnête, je crois que la musique a toujours fait partie de moi. C’est un langage qui m’est intimement familier, naturel, le seul peut-être. Lors de mon adolescence, Nicolas, un ami du lycée m'a fait découvrir le Metal Symphonique, et ce fut une découverte mémorable, sans précédent. Je crois qu’il n’y en aura jamais d’autre aussi forte dans ma vie.
C’est la puissance émotionnelle de la musique de Nightwish composée par Tuomas et interprétée par Tarja, qui fut une révélation. Lorsque j’ai visionné le live « End Of An Era », le meilleur concert que je n’aie jamais « vu », je crois avoir pris conscience que mon chemin allait être celui de la Musique.
Il y en a tellement aujourd’hui...
La première… La vérité, c’est qu’après être tombé amoureux du Metal scandinave à la fin de mon adolescence, j’ai dépensé un grosse partie de mes économies pour acheter une guitare et un ampli Marshall. J’avais la ferme intention de me mettre à la musique et de faire du bruit dans le garage des parents de Nicolas.
Son père, fan inconditionnel des Beatles et grand mélomane, disposait, en plus de sa collection de CD colossale, d’une batterie Pop/Rock, dont Nicolas jouait, alors nous nous sommes dit : pourquoi pas… Mais malgré mon travail, la guitare restait un instrument trop mystérieux à mes yeux. Alors à peine six mois plus tard, face à l’inquiétude partagée de mes parents, j’ai vidé mon compte bancaire pour acheter mon premier clavier Korg. Et là, sans aucune connaissance préalable de la théorie musicale, j’ai commencé à jouer des covers mais, surtout, à composer. C’est ainsi que tout a débuté pour moi, de manière très naturelle, je ne me suis pas posé de question.
Je crois avoir gardé ce rapport là à la composition, une forme d’intuition, cette évidence ou la technique ne doit faire que servir l’émotion.
Sans aucun doute le morceau « Child in Time » de Deep Purple ! Et plus que de participer à son écriture, j’aurais aimé pouvoir le jouer en live et vivre à cette époque. Un temps lointain que je n’ai pas connu, et dont pourtant je garde comme une forme de nostalgie.
Oui, il est assez rare de voir des keytaristes sur les scènes, même internationales, mais il semble que grâce à des artistes comme Lady Gaga, l’instrument se démocratise ces dernières années.
C’est par Jean Michel Jarre, puis Henkka Klingenberg de Sonata Arctica que j’ai découvert l’instrument, et quand Dreamslave est né, ce fut une évidence que je monterais sur scène en tant que keytariste.
Pour moi qui suis chanteur guttural, et qui ai commencé la musique en tant que guitariste, je ne me voyais pas en concert, fixe derrière un stand de claviers. Le keytar correspond à ma personnalité tout simplement… J’aime cet instrument au point de le collectionner. Oui, je collectionne des Keytars... mais pas des horloges en revanche, ni des Almanachs !
Oui, avec plaisir !
J’ai toujours été d’une grande timidité, et le suis encore aujourd’hui. Et profondément, je reste autodidacte.
Ainsi, je n’ai jamais étudié dans une école de musique, ou encore au conservatoire. J’ai fait un rapide passage à l’université en Musicologie, où les rencontres humaines furent magnifiques, néanmoins je me suis vite rendu compte que l’académisme ne convient pas au loup solitaire que je suis, si je puis me permettre cette formule, qui cette fois est mienne.
A partir de 2006, moment où j’ai commencé le clavier, et jusqu’en 2009 environ, j’ai énormément écrit. Durant cette période d’apprentissage et de travail intense, j’ai composé des pièces « Rock Symphonique » que je nomme des « Essais Classiques », des « Ballades Orchestrales », et des « Concertos ». C’est la première fois que j’en parle. Rares sont les gens ayant écouté ces compositions représentant plusieurs heures de musique… Peut être un jour y aura t-il une rétrospective « Peter Gothilainen - Back To The Past » pour mes quatre-vingt-huit ans ?
A cette même période, je faisais mes premiers pas en groupe dans un trio instrumental fondé le temps d’un été, avec Nicolas et Maxime, respectivement à la batterie et à la guitare.
Vient ensuite, entre 2009 et 2011, une période où mon écriture s’affine, se structure, murit. Cette période est également marquée par mon intégration dans un projet de « Covers Power Metal » initialement mené par Mickaël, pour enfin aboutir à la fondation de Dreamslave et à l’histoire que vous connaissez…
En 2011, lorsque j’ai fondé le groupe Dreamslave, malgré mon jeune âge, j’avais déjà une idée assez précise du rendu artistique que je souhaitais obtenir. Je ne recherchais pas seulement une chanteuse, je recherchais une Voix. Et je l’ai trouvée en celle d’Elegy Emma.
L’audition s’est déroulée à la maison dans une ambiance conviviale, tout simplement. Mais il n’était pas utile de plus pour se rendre compte du potentiel, de la sensibilité et de l’identité phénoménale de cette musicienne. J’ai immédiatement été séduit et convaincu que c’était la bonne personne.
Depuis, avec Emma, nous avons appris à nous connaitre, à nous comprendre et à travailler ensemble. Ce fut assez délicat, particulièrement dans les premières années de notre collaboration. Je reste une personne complexe, quelques fois maladroite, voire excessive, mais heureusement Emma est fort tolérante et bienveillante. Aujourd’hui elle est devenue ma conseillère artistique. La seule. Je la vois comme une âme sœur musicale. Je lui dois énormément.
Lors de l’arrivée d’Elegy Emma en milieu de l’année 2011, plusieurs titres avaient déjà étés composés par mes soins, et les paroles écrites par Mickaël. C’est le cas des titres les plus anciens de mon écriture, composés en 2010/2011 comme « End Of Innocence », « Masquerade », « The Vinland Saga » et « Wishes Of Revenge ». Arrivent ensuite les morceaux « Torments », puis « Pirate’s Anthem » et « Doomsday » composés en 2011/2012 pour lesquels j’ai aussi écrit les paroles. Puis enfin prennent naissance les chansons « Angel Requiem », « The Dark Crusade » et « Eternitears », écrites quant à elles en 2012/2013.
Quel est ton processus de composition ?
Lorsque je compose, j’aime travailler seul, au calme, pour pouvoir m’entendre penser. Il y a des moments ou « j’inspire » le monde, et d’autres moments ou je « l’expire ». Les moments intenses de composition correspondent au second état d’esprit. Mais pour nourrir la créativité, il faut aussi savoir vivre et partager. Le juste équilibre s’apprend, mais c’est un travail de toute une vie, il me semble.
Depuis mes débuts, je note toutes mes ébauches sous le logiciel Guitar Pro via les partitions ou tablatures. Et depuis quelques années, je compose aussi à l’aide d’un clavier maître midi relié à Logic Pro, un logiciel spécifiquement dédié à la production musicale.
Mais pour être tout à fait honnête, les idées musicales s’écrivent d’abord dans ma tête, les jouer me permet des les vérifier, et les noter de ne pas les oublier. Et oui, j’ai la chance de pouvoir entendre la voix d’Emma dans ma tête quand j’écris, mais pas uniquement ! Cela peut aussi être le timbre d’une percussion, la manière de jouer d’un bassiste, le son d’un guitariste…
Ma posture d'auteur / compositeur est empreinte d’un doute permanent et de perfectionnisme. Je suis toujours animé par la recherche de nouveautés. Le Monde est d'une grande diversité, cela m'inspire, mais surtout je me refuse à faire deux fois la même chose. Chaque composition représente un cheminement, seul, puis en groupe, de plusieurs années, bien que l’inspiration à proprement parler ne dure que quelques secondes…
La recette de ce processus pourrait se résumer ainsi : une bonne musique c’est 33% de composition, 33% d’interprétation, 33% de production et 1% de hasard.
A mes yeux, la qualité doit toujours primer sur la quantité, l’émotion sur la technique, le contenu sur le contenant. Évidemment, s’il n’y a pas la flamme initiale dans l’écriture, alors il est inutile d’aller plus loin.
Oui, c’est indéniable, et je m’en rends compte un peu plus chaque jour qui passe. C’est une chance inouïe pour moi, dont les compositions sont diversifiées. Chanter les morceaux de Dreamslave requiert une large palette vocale et des techniques de chant très différentes, allant de la Pop au Lyrique. Dans le premier album « Rest In Phantasy » c’est déjà le cas, mais dans le second album à venir cela sera encore plus prononcé.
Emma n’est pas seulement une musicienne exceptionnelle par sa voix, elle dispose également d’une importante sensibilité et sait offrir le meilleur d’elle-même à chaque titre, aussi éclectique que soit l’ambiance musicale ou le thème des paroles. Cela force selon moi le respect, plus que le talent encore.
Toujours !
J’aime lancer des défis. Des défis à moi-même pour commencer, dans la composition par exemple, dans les thèmes littéraires, mais aussi des défis aux musiciens avec lesquels j’ai la chance de travailler. Certaines fois, ils peuvent travailler durant plusieurs mois pour parvenir à l’interprétation désirée.
Je me souviens du moment où Emma a découvert la partition de « Angel Requiem ». Elle m'a dit : « C'est magnifique, mais jamais je ne pourrai parvenir à chanter cela !» Je lui ai répondu : « Laisse-toi du temps, je sais que tu en as le potentiel .» Et à peine deux ans plus tard, nous étions en studio pour enregistrer ces lignes de chants.
Sur ce morceau, Emma a également participé à la redistribution du dialogue entre Najib et elle dans les refrains, et le rendu est vraiment excellent !
J’ai beaucoup de gratitude pour les instrumentistes qui donnent vie à mes compositions, mais également pour Mickaël qui a écrit les paroles de nombreux titres de « Rest In Phantasy ». C’est un travail très noble et difficile de parvenir à interpréter avec justesse, rigueur et émotion, une partition qui est le fruit d’un autre imaginaire que le vôtre, ou encore d'écrire des textes sur un thème particulier. C'est une chance d’avoir croisé sur ma route ces personnalités d’exception, pour lesquelles mon respect est immense et qui, j’espère, par mes exigences, ma confiance et mon soutien, peuvent exprimer leurs talents pleinement, apprendre, s’enrichir, se dépasser. Oui, c’est aussi cela être au service d’une œuvre.
Nom de Zeus ! Quelle question intéressante et immanquablement difficile pour moi…
Il y a tant de compositeurs classiques dont les œuvres sont merveilleuses. Cela dépend bien entendu de l’état émotionnel dans lequel je me trouve, mais n’en choisir qu’un seul est impossible. Je vais me permettre de citer ceux qui ont marqué mon parcours musical et pour lequel je nourris une grande admiration.
Dans la musique classique il y a évidemment Mozart, Beethoven, Dvořák, Tchaïkovski et Gabriel Fauré. Et dans la musique cinématographique John Williams, Howard Shore, Hans Zimmer, James Horner, James Newton Howard, Alexandre Desplat.
Deux albums Rock que tu mettrais sur l'arche de Noé pour t'aider à tout reconstruire dans la meilleure direction possible ?
Deux albums, c’est peu, mais si chacune et chacun des citoyens du Monde monte sur l’arche de Noé avec ses deux opus préférés, nous devrions parvenir à reconstituer toute la richesse, la beauté et la diversité de la Musique… Il faudra penser à garder de la place pour nos amis les animaux et pour le monde végétal aussi.
Alors, incontestablement, j'emporterais « Thriller » de Michael Jackson (1982) et « Once » de Nightwish (2004).
Aujourd'hui RIP repart pour une nouvelle vie chez Massacre Records. J'imagine que cette seconde naissance est une grande joie pour le groupe ?
Oui, c’est une belle opportunité pour cet album mais aussi pour Dreamslave.
Dans la vie, les planètes ne sont que rarement alignées, mais il faut toujours aller de l’avant. Ainsi en 2015, le groupe a choisi de sortir son premier album « Rest In Phantasy » sans label, mais dans le but d'être repéré et signé. Cela nous a donné l'occasion de faire une tournée en Europe en 2016, de sortir le clip « Torments » en 2017, et enfin, en 2018, nous avons eu la chance de commencer notre collaboration avec le label allemand Massacre Records.
Aujourd'hui, je ne sais pas si RIP repart pour une nouvelle vie ou la commence enfin. Mais ce qui est certain c’est que nous avons mis tout notre amour, notre énergie et notre passion dans ce premier opus ! Nous avons travaillé avec des budgets beaucoup plus modestes que d’autres groupes dans le même style, si je puis dire, et auxquels les critiques nous comparent souvent. Le budget production de RIP était jusqu’à presque 100 fois inférieur à celui de Dark Passion Play de Nightwish, par exemple. Et je crois modestement que, malgré tout, cet album a un potentiel immense !
La nouvelle sortie de « Rest In Phantasy » m'a aussi permis de redécouvrir notre travail. C'était une bonne chose d'avoir un regard plus mature sur ce premier album. Concernant les visuels, j’ai tout recréé, de la couverture au livret. Pour les fans qui auront le digipack, il est très important pour moi que les graphismes soient beaux et agréables. Et à propos des audios, j'aurais vraiment souhaité que nous enregistrions tout l'album à nouveau. Mais fort heureusement, nous n'avons rien changé dans les titres, et cela à permis de préserver l’innocence de ce premier album, que nous ne retrouverons jamais…
"En musique, même si l’on est autodidacte, l’on ne vient jamais de nulle part. Tout premier album est particulièrement marqué par l’influence des « pères spirituels »."
Oui… Un peu, mais pour la bonne cause !
Dreamslave a de nombreux projets pour l’avenir, entre nouvelles vidéos et version acoustique de « Rest In Phantasy »… L’avenir nous le dira ! Mais, il faudra en effet patienter encore avant de pouvoir écouter le second album.
Nous allons profiter de la sortie de RIP pour faire de nouveaux concerts de promotion, en France et en Europe. Notre agence Aeon Music Management travaille à cela. Et en un sens, ces quelques mois supplémentaires pour terminer les enregistrements et la production du second album vont nous permettre d’offrir encore plus le meilleur de nous-mêmes, sans aucun doute.
Et bien, je peux te dire que si tu fais un tour dans le futur avec la DeLorean, aux alentours de la fin d’année 2020 ou du début de l’année 2021, tu pourras sans doute écouter en avant première le second album de Dreamslave… Mais, à ce jour aucune date de sortie n’est définie, bien entendu !
Je crois que ce second album sera dans la continuité de « Rest In Phantasy », mais animé par plus d’audace, d’assurance et de maturité. En musique, même si l’on est autodidacte, l’on ne vient jamais de nulle part. Tout premier album est particulièrement marqué par l’influence des « pères spirituels », comme j’aime les nommer. Pour moi, en dehors des nombreuses influences provenant de la musique classique, de la musique cinématographique et de la musique du monde, mes pères spirituels Metal s’incarnent dans trio infernal de Nightwish, Stratovarius et Sonata Arctica.
J’ai l’intime conviction que ce second album marquera les esprits une nouvelle fois. Il surprendra par son éclectisme et son originalité, mais aussi par la qualité de son interprétation et de sa production. Ce second album sera plus identitaire, dans la musique et dans les paroles. Si Dreamslave était un arbre, ce futur album lui apporterait des racines plus profondes, un tronc plus solide et une ramure plus vaste.
Si tu devais te décrire en quelques phrases, que dirais-tu de toi ?
Que je suis à la fois perfectionniste, créatif et solitaire, et aussi authentique, intègre, et fidèle dans mes relations, mais surtout sensible, réservé et timide au quotidien, et enfin que la Musique est toute ma vie !
Quel album tu aimes écouter en ce moment ?
En ce moment j’écoute en boucle la bande originale du film « The Village », écrite par James Newtown Howard, et interprétée au violon par Hilary Hayn, une musicienne exceptionnelle que j’aimerais sincèrement avoir le plaisir de rencontrer un jour.
Merci à vous !
Et Merci à toutes et tous qui suivez Dreamslave !
A bientôt sur le net, ou sur la route, oui, car là ou l’on va, l’on a encore besoin de routes !
Je vous embrasse.
Retrouvez Dreamslave :
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Philippe Creusot - Loopol photographe :
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Christophe Mairet :
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Le monde de MÛ
Le 15/05/2019
« Progressivement, Ep après Ep, on a élaboré un son particulier. »
En 2014, il nous emmenait en Guyane avec Emerillon.
En 2018, il nous proposait de le suivre dans l’océan Indien avec Kergelen un EP délicat et racé, servi par de magnifiques harmonies vocales et par une suite de clips ambitieux.
Le 24 mai 2019, Mû se produira à Oytier, pour le huitième Festival Du Tonton.
C’est le moment idéal pour faire leur connaissance.
Voici le monde de Mû.
"
Cécile Maître (Claviers) : Je ne me souviens plus vraiment si c’était Homogenic de Björk ou un album de Daniel Balavoine.
David Honegger (Beatbox) : Le premier album acheté en pleine conscience doit être Around the Fur des Deftones à mon adolescence. Plus tôt dans l’enfance, ma mère m’a acheté toutes les cassettes de Francis Cabrel ! Entre ces deux périodes, c’est pas intéressant...
Cécile : J’ai commencé la musique par des cours de piano quand j’étais enfant. Depuis, chaque arrêt me crée un manque. J’y retourne toujours, c’est un besoin.
David : Les émotions et les plaisirs physiques que le chant procure.
David : On s’est rencontrés sur une péniche à Lyon pour une soirée bœuf. On a ensuite décidé de monter un projet ensemble, la première forme de Mû : nous deux, un bassiste et un guitariste. On est passés par de multiple configurations, à trois ou quatre musiciens pour se retrouver à deux en 2011. Mû est alors né sous sa forme actuelle.
Cécile : Le nom Mû est un tiré d’une légende un peu semblable à celle de l’Atlantide. Mû serait un continent mythique désormais englouti sous les flots. La Bande dessinée de Corto Maltese du même nom à aidé à conceptualiser le nom du groupe.
Comment décririez-vous l'évolution de votre univers depuis sa création ?
Les débuts du duo étaient très simples dans l’approche du son : un piano, un Beatbox classic, et des voix, et doucement la synthèse s’est greffée aux mélodies, donc plus de timbres et de couleurs dans les sons de claviers. Le Beatbox a, pour sa part, été trituré, distordu par différentes technique d’enregistrements. Des chansons sont devenues plus sombres et d’autres plus lumineuses.
"L’inspiration pour ces îles est partie de la découverte de bobines de films."
Comment s'élaborent vos compositions ?
Cécile : Pour la composition dans Mû il n’y a pas de règle. Soit on arrive chacun avec une chanson toute faite et l’autre rajoute un peu sa touche, soit, le plus souvent, l’un de nous dispose d’un bout de mélodie, David avec des textes (c’est lui qui s’en charge le plus souvent), et moi avec des idées de sons ou de mélodies aux claviers. On compose ensuite ensemble, à partir de ces bribes d’idées.
David : C’est un peu par hasard... Les chansons parlaient de besoin de liberté et rendaient hommage à toutes formes de vie en harmonie avec la nature, pour ne pas dire sauvages. En recherchant des noms d’oiseaux, le mot Emerillon est tombé comme une évidence. C’est à la fois le nom d’un rapace et d’un peuple amérindien.
La musique, pour sa part, n’a pas été influencée par quelque musique guyanaise que ce soit.
Cécile : L’inspiration pour ces îles est partie de la découverte de bobines de films Super 8 dans le grenier du grand-père de Clément Gaumon, (le réalisateur du Film Kerguelen qui accompagne l’EP). Ces films ont été tournés sur les îles dans les années 70. Nous les avons numérisés, et nous en avons fait un premier clip : Dead Reckoning. Vous pouvez le retrouver sur notre chaine Youtube. Ce premier titre a inspiré notre envie de parler des Kerguelen et de raconter l’histoire de son naufragé, John Nunn.
Pour illustrer l'album, vous avez tourné Primitive II, un très beau clip, très ambitieux. Pouvez-vous nous en parler ?
David : Primitive II a été tourné dans la Loire, vers Saint-Étienne, dans une combe plutôt fournie en végétation, notamment en fougères. Le choix du cadre a été décidé pour faire écho à l’état du personnage à ce moment là, c’est à dire, foisonnant, débordant, presque saturé. Tous les clips de Kerguelen sont réalisé par Clément Gaumon et son équipe. Pour ce clip en particulier, on n’était souvent que quatre sur le tournage : le réalisateur, un cadreur, l’acteur ( David Cartier, également sondier du groupe depuis le premier concert, il a enregistré et mixé l’album.), et moi même pour aider à faire le café et garder un œil sur le script car nous avions vite tendance à sortir du cadre.
David : Quelques dates de concerts, en festivals, et surtout finir la série des sept clips pour les présenter dans des festivals de courts métrages.
Cécile Maître : An Awesome Wave de Alt J et Kid A de Radiohead.
David Honegger : Purple Rain de Prince, pour ne pas perdre notre sensualité, et l’album I_Con de De Staat, pour se motiver à rebâtir le monde.
David et Cécile : Merci à toi