- Accueil
- Nos articles
- SCENE FRANCAISE
SCENE FRANCAISE
STEPHANE PORTELLI : UNE RONDE VERTUEUSE (04 octobre 2024)
Le 30/11/2024
Par Dam'Aël.
Partons ensemble dans une furie de pas de dance qui ravigote avec une telle intensité qu'elle permet, au moins partiellement, d'évincer la brutalité de la réalité
________________________________________________
Le 12 novembre 2021, j'étais folle de joie de chroniquer le tout nouvel opus de Stéphane Portelli, LA BOUTIQUE DES FOUS, le cinquième album de cet artiste français autodidacte investi par la poésie et un doigté bien travaillé :
"Mam, Tu Peux Compter Sur Lui! Stephane Portelli,Tête En L'Air mais pas tant que ça, sait nous embarquer dans son univers ; d'ailleurs "A Bientôt Sur Les Routes" car les rencontres avec lui ne tiennent pas "Sur Le Fil" mais bien au contraire, nous entrainent dans sa réalité de pensée et d'écriture qui mène tout droit à "La Boutique Des Fous", et pas de problème d'approvisionnement!!! Le plein de réflexions, d'interrogations, de constatations est confirmé dans le stock mental et cérébral de cet artiste à fleur de peau qui vous aspire comme un tourbillon dans le dédale des couloirs de ses émotions. Un voyage interpelant au coeur de l'humanité, au coeur de chacun et surtout au coeur de lui-même car c'est son âme qui dirige et manage avec subtilité sa main dans l'écriture, ses mains dans l'art de faire vibrer les cordes de sa fidèle compagne de musique. La voix en devient la résultante authentique...
Son histoire...
Tout commence, ou presque, chez une psychologue...
Oui mais de celle qui arbore la plus belle pièce de la maison, en sous-sol, où la musique est la maîtresse des lieux. "Hôtel California" des Eagles sera la trame d'une suite qui prendra l'allure d'une étoffe cossue et digne de la haute couture. Ses premiers frères d'armes qui enfonceront le clou, sera Dire Straits en 1985 qui lui montrera la direction artistique sous l'influence de "Tunnel Of Love". Mark tu as touché en plein coeur la sensibilité de cet artiste en culotte courte. Evidemment quelques autres influences viendront compléter le tableau : David Gilmour, Cream avec E. Clapton, Pink Floyd, Carlos Santana, Elvis Presley ... C'est après, en autodidacte qu'il rappera ses doigts presque jusqu'au sang, sur des cover de SADE et c'est avec Agathe Mulot qu'il foulera les scènes locales avec des reprises diverses et variées.
2001 sera l'année du "je prends mon envol en solo" ; après l'enregistrement d'un 2 titres "Mam, Tu Peux Compter Sur Lui" , c'est sa participation à un tremplin le festival Avec le temps à l’Espace Julien de Marseille, qui va lui permettre de réaliser en 2003, son premier album, un peu dans l'urgence, enregistré et mixé en 48 heures dans une église désaffectée qu'une association de quartier de Montpellier occupait. « Stéphane Portelli » renforce ses racines dans le terreau fertile du Blues, du Rock des années 60's/70's. S'en suivra la belle escalade d'un guitar-hero Made in France avec « Tête En L'Air » (2006), « A Bientôt Sur Les Routes » (2011),« Sur le Fil » (2018) et tout récemment « La Boutique Des Fous » (2021).
__________________________________________________
UNE RONDE VERTUEUSE
En octobre 2024, restons fous et partons ensemble dans un pas de dance, que dis-je ?...
Partons ensemble dans une furie de pas de dance qui ravigote avec une telle intensité qu'elle permet, au moins partiellement, d'évincer la brutalité de la réalité.
LOFOFORA (Metal), Coeur de Cible (04/10/2024)
Le 06/10/2024
« Coeur de Cible » nous plante ses riffs dans la peau et nous termine à coups de textes qui sont autant de coups de boule.
Par Ahasverus
En selle depuis 1989, Lofofora est l'un des piliers de la scène française, et son chanteur charismatique Reuno en est une figure tutélaire. Ce n'est certainement pas avec « Coeur de Cible », son excellent nouvel album, que cette situation va changer !
Lofofora par Anthea Photography
Mais reprenons par le début.
Lofofora tire son nom d'un petit cactus nord-américain. Le groupe naît de la rencontre de Phil Curty (basse) et Erik Rossignol (batteur) avec le chanteur Reuno Wangermez lors d'un concert à Antibes. Lofo (pour les intimes) s'étoffe, se rôde sur scène et construit une fanbase solide. Il sort un EP cinq titres en 1994. L'année suivante, il publie son premier album éponyme, qui reste à ce jour son plus gros succès commercial.
Depuis, bon an mal an, malgré les chauds, les froids, et les changement de line-up, Lofofora empile les longs formats avec une certaine régularité, environ un tous les quatre ans. Le cru 2024 nous est proposé le 4 octobre. Il s'appelle « Coeur de Cible ». Son artwork, traditionnellement réalisé par le groupe, est signé Reuno.
Une évidence s'impose lorsqu'on insère « Coeur de Cible » dans son lecteur : Lofo n'a rien laissé en route ! Ce onzième album restitue la fraîcheur des premiers opus, l'énergie et la puissance du groupe sont intacts, l'acuité des lyrics est savoureuse.
La voix de Reuno et les grattes attaquent « Apocalypse » très en bas. Un regard désabusé parcourt un monde qui s'enfonce. « Dites pas que le temps presse quand il n'y a plus rien à faire ». Les mots et les riffs percutent le décor gris et rouge. « Konstat 2024 », qui propose « mille raison de baisser les bras », enchaîne dans le même esprit.
La basse nous cueille et les guitares sonnent comme une faux. « Je suis encore fâché ! », affirme Reuno. Il envisage de « trancher les privilèges à la machette. En attendant, c'est sa plume qui gratte : « J'aimerais éviter la redite mais le quotidien radote / C'est toujours le mépris, le bâton, la carotte ». Puis « Les Deux » marche sur les cordes d'un pas léger, se fait bousculer par le morceau qui suit dont la basse danse avec la guitare.
Lofo met la pression. « Espoir » sonne l'alarme, tandis que « Le Temps », très vif, pourrait être un morceau de Trust. Les guitares nous entraînent dans un tourbillon si étourdissant qu'il faut recentrer son attention si l'on veut saisir les paroles de « Maladie Mortelle ». Il serait dommage de passer à côté.
« Ouvrez les Esprits » pointe les regards qui se posent sur les différences. Puis l'album se referme sur « Laisse Pas Faire », un morceau composé à la veille de l'entrée du groupe en studio pour l'enregistrement de l'album.
LOFOFORA s'écrit toujours en lettres capitales. Il n'a perdu ni sa force, ni sa motivation, ni son efficacité. Il garde — que dis-je, il est ! — un regard sur son époque. « Coeur de Cible » nous plante ses riffs dans la peau et nous termine à coups de textes qui sont autant de coups de boule.
« Coeur de Cible » est disponible depuis le 04/10/2024. C'est une sortie At(h)ome.
LOFOFORA est en tournée à travers la France.
NO ONE IS INNOCENT (rock), Colères (27/09/2024)
Le 27/09/2024
En 2022 une tourmente judiciaire frappait Marc Marc Gulbenkian, alias Kemar, chanteur de NO ONE IS INNOCENT, mis en cause dans une affaire d'agression sexuelle. La plainte était classée, mais elle avait pour conséquence, en début d'année suivante, de provoquer le départ de la presque totalité du line-up parisien, entraînant le départ du batteur Gaël Chosson et des guitaristes Popy et Shanka.
Avec trois nouveaux musiciens, No One Is Innocent revient avec « Colères », une compilation qui explore trois décennies de carrière, soit toute la discographie du groupe à l'exception de l'album « Drugstore ».
« Colères » propose également deux nouveaux titres, « Ils Marchent » et « L'Arrière-Boutique du Mal ».
Enfin, les morceaux « Massoud », « La Peau » et « Le Poison » sont proposés dans une version revisitée à l'orientale avec le Lahad Orchestra.
No One Is Innocent sera en concert à Paris (La Cigale) le 20 mars 2025.
LAST TEMPTATION (hard 80's), Heart Starter (13/09/2004)
Le 15/09/2024
Un retour hard 80's très convaincant qui amène une bouffée de fraîcheur dans la discographie de Last Temptation.
Par Ahasverus
Après « Last Temptation » et « Fuel For My Soul », et après quelques premières parties de formations réputées (Scorpions, Hollywood Vampires), LAST TEMPTATION revient dans une nouvelle formule avec « Heart Starter », son troisième album.
« Notre son classique est toujours là, mais avec une touche de nouveauté. Imaginez l'énergie actuelle fusionnée avec la puissance du hard rock américain des années 70's et 80's... C'est ça la nouvelle formule Last Temptation », explique Peter Scheithauer, fondateur du groupe.
En fait de changement de formule, on assiste à un gros chamboulement dans le line-up :
- Exit l'ex-Watcha Butcho Vukovic, parti rejoindre le groupe parisien Stratagème. A sa place, Scheithauer a recruté un Canadien, Toulousain d'adoption, chanteur de Metal et de country music, Loup Malevil (Sabotage).
- Exit l'ex-Trust Farid Medjane, remplacé par le batteur d'Annihilator Fabio Alessandrini.
- Arrivée de Franz OA Wise (The Black Zombie Procession) à la basse.
Last Temptation promettait un retour aux racines du hard US ; c'est chose faite : les titres « Heart Starter », « Beauty In Disguise », « Live By Night », ou le délicieux « I Won't Love You » font merveille, sublimés par un Loup Malevil qui apporte beaucoup de spontanéité par son chant et un peu de folie.
L'ensemble sonne beaucoup plus hard 80's que les précédents albums, orientés vers un heavy moderne. La sauce prend : l'interprétation chaleureuse rappelle la réussite d'un opus tel que « All Behind You » de Voodoo Smile. La méthode est d'ailleurs la même puisqu'on trouve au sein de cette galette de hard US une reprise métallisée du tube disco de l'année 1978 « Born To Be Alive ».
Last Temptation opère donc un retour très convaincant et amène une bouffée de fraîcheur dans sa discographie. Les amateurs de hard-rock à la Steelheart trouveront leur compte parmi les neuf compositions originales de cette galette réalisée avec talent et générosité.
« Heart Starter » est disponible depuis le 13/09/2024.
ANTECHAOS (Metal), Dystopies (07/09/2024)
Le 09/09/2024
Comme ils ont été inspirés, les mecs de Seyminhol, de ne pas imposer à Fabisz de marcher sur les traces de Kazek et de lui laisser la bride sur le cou pour voir ce qu'il avait dans le bide !
Par Ahasverus
Retour en 2019.
Cette année-là, le groupe de prog' mélodique SEYMINHOL, fort de trois décennies d'une carrière qui l'a vu livrer quelques concept-albums d'une perfection et d'une intelligence éblouissantes, vient de connaître la plus forte secousse sismique de son existence : son emblématique chanteur/parolier Kevin Kazek annonce qu'il quitte le groupe. A l'échelle de Seymihnol, c'est ce qu'à vécu Iron Maiden lors du départ de Bruce Dickinson.
Seyminhol ne démobilise pas. Enfin, pas tout de suite. Il recrute Laurent Fabisz ( Kryzees).
Sa voix est haute. Lui aussi est capable d'écrire ses lyrics. Mais le style et les centres d'intérêt de Laurent sont très éloignés de ceux autour desquels gravitait le docteur en histoire ancienne Kevin Kazek. Après quelques tâtonnements, Nico Pelissier (guitares, claviers), et Christophe Billon-Laroute (basse, fondateur de la formation d'Algrange), décident en 2020 de mettre Seyminhol en sommeil pour explorer les horizons ouverts par le potentiel de leur nouveau chanteur dans un projet flambant neuf. Il s'appellera ANTECHAOS. Il s'agira d'un groupe de hard/heavy mélodique en Français, une musique sans parenté avec ce que proposait Seyminhol.
« Apocalypse », le premier album du « nouveau » quintette de la Vallée des Anges, sort en 2022. C'est un franc succès.
Hard Force parie que « les Lorrains vont faire parler d'eux et que leur carrière ou leur seconde vie ne fait que commencer » ; Rock Metal Mag salue « un véritable savoir faire » ; Music Waves compare les ex-Seyminhol à Midas, qui transforme tout ce qu'il touche en or !
De 2022 à 2024, Antechaos occupe le terrain avec des collaborations et quelques covers, dont la reprise très remarquée du « Désenchantée » de Mylène Farmer.
En 2024, la formation revient dans un line-up qui s'articule toujours en quintette autour du triangle fondateur Pelissier/Billon-Laroute/Fabisz. Son nouvel album s'intitule « Dystopies ».
La magie « Dystopies » opère dès « Memento Mori », son introduction, pour laquelle Antechaos a fait appel à deux guests : Raphael Verguin (Psygnosis) au violoncelle, ainsi que Le Mago (Magoyond). C'est à ce dernier qu'il revient d'ouvrir la voix sur cet opus, précédant Fabisz qui s'empare du relais pour lancer officiellement les hostilités. A compter de là, Antechaos s'impose et ne vous lâche plus.
Le Metal proposé est mélodique et accrocheur, fait de rythmiques dures, de leads aériennes, de choeurs soignés, de riffs pleins de patate. L'artillerie est contrebalancée par le chant de Laurent Fabisz. Il a le truc ! Son registre amène à l'ensemble un côté aussi singulier qu'agréable.
Comme ils ont été inspirés, les mecs de Seyminhol, de ne pas imposer à Fabisz de marcher sur les traces de Kazek et de lui laisser la bride sur le cou pour voir ce qu'il avait dans le bide ! Le voici qui caracole et qui permet à Antechaos de prendre place aux premiers rangs d'une certaine école française au fronton de laquelle brillent les noms de Sortilège, de Manigance ou de Malediction.
La qualité des compositions signées Pelissier est constante. Il fait filer les quarante-neuf minutes très rapidement dans un style où il se montre aussi à l'aise que prolifique. Il nous surprend par des rythmes et une fraîcheur inattendus (« Redemption »).
Les ex-Seyminhol assurent. Ils ont gardé le goût de cette perfection qui caractérisait la finition des albums de leur formation originelle... Tout est en place, avec des arrangements collectifs qui parachèvent le travail de composition de Nicolas Pelissier, jusqu'à l'agencement des pistes qui semble couler de source. Il en ressort une parfaite homogénéité.
Le son masterisé par Brett Caldas Lima (Megadeth, Ayreon...) est bien sûr parfait.
Laurent Fabisz, quant à lui, méritait bien ce « nouveau » projet. Il impose définitivement sa plume et donne son unité à l'album tant par son timbre particulier que par son écriture.
Comment positionner cet album par rapport à son prédécesseur ? Cest son héritier légitime. « Apocalypse » posait les fondations d'Antechaos ; « Dystopies » fait d'Antechaos une marque déposée.
« Dystopies » confirme notamment que l'analyse de Music Waves était la plus fine ; on résumera donc en deux mots le beau doublé réalisé par Antechaos : champion Midas !
« Dystopies » est disponible depuis le 07/09/2024 en version digitale. C'est aussi un CD et un vinyle turquoise (édition limitée à 100 exemplaires).
MADAME ROBERT (rock), « C'est Pas Blanche-Neige Ni Cendrillon » (12/04/2024)
Le 26/04/2024
Les amateurs de scène française trouveront aisément leur affaire dans cette galette de trente-huit minutes pétrie par des musiciens bourrés de talents qui nous font partager leur amour de la musique.
Par Ahasverus
« Madame Robert ». Une chanson de Nino Ferrer, sortie en 1966.
En 2018, Madame Robert est aussi un groupe fait du meilleur linge de la scène française : Reuno (Lofofora), Stef Zen (Harvest Blues Band, Parabellum), Julien Mutis (Harvest Blues Band), Léa Worms (Gaëlle Buswel, Nina Attal) et Xavier Mesa (Parabellum).
La bande sortait voici plus de cinq ans un premier album baptisé « Comme De Niro » avec, pour personnifier Madame, la belle Divina Boom.
« Comme De Niro » : un opus de rock, mélange de Rythm & Blues et de chanson débridée, avec les belles plages d'orgue de Léa Worms superbement mélangées à des guitares qui filent. Une filiation revendiquée avec Nino Ferrer (« Comme De Niro », « Captain », « Mieux Avant »), pouvant même faire penser à Dick Rivers (« Nabab », « Salaud »), Bill Deraime (« Mieux Avant ») ou encore à Jacques Dutronc (« L'Aventure »).
Le temps d'un morceau (« Schultzy Blues ») Madame Robert retrouve son sérieux pour rendre hommage ( « Quel est le salopard / qui t'a rappelé à lui / sans ta guitare ») à Roger Schultz Fritsch, chanteur de Parabellum décédé en 2014.
Ce premier long format est soutenu par le clip « La Reine de la jungle », dans lequel joue Divina Boom.
Fort de cette expérience qui se soldait par une tournée d'une cinquantaine de dates qui se terminaient à La Cigale, les joyeux drilles reviennent en 2024 avec un nouvel album qui nous assure que Madame Robert « C'est Pas Blanche-Neige Ni Cendrillon » !
Niveau line-up : Xavier Mesa a laissé sa batterie à Fabien Rault (Little Odetta).
Pas de changement pour Madame Robert, toujours incarnée par Divina Boom sur la pochette.
Pour lancer cet opus, un single-clip nous invite « Chez Madame Robert », avec des paroles de Reuno qui nous promettent qu'on y « retournera la semaine prochaine ». Bien entendu l'incontournable Divina Boom reste l'héroine de cette nouvelle vidéo.
Madame Robert n'a pas changé sa recette : le nouvel opus est parsemé de très belles nappes instrumentales où l'orgue Hammond se distingue particulièrement. Les textes croustillants permettent à Reuno de livrer une prestation pleine de groove qui n'est pas sans rappeler Nino Ferrer ou Bill Deraime.
Les amateurs de scène française trouveront aisément leur affaire dans cette galette de trente-huit minutes pétrie par des musiciens bourrés de talents qui nous font partager leur amour de la musique.
Ce nouvel album est réalisé « à l’ancienne et sans trucage » au Studio E, à Ecotay l’Olme, dans la Loire avec Bruno Preynat (Mickey3D, Kent, Parabellum).
« C'est Pas Blanche-Neige Ni Cendrillon » est disponible depuis le 12 avril 2024 en CD et en vinyle (noir, splatter numéroté ou couleur). C'est une sortie AT(h)OME.
Un lien pour la commande : https://linktr.ee/madamerobert
JOHNNY MONTREUIL (rock), Zanzibar (02/02/2024)
Le 10/02/2024
Johnny Montreuil impose ses rouflaquettes et sa caravane sur une parcelle de terrain du rock français sur laquelle sont passés Les Negresses Vertes et Mano Negra. On n'est pas prêt de le déloger !
Par Ahasverus
Johnny Montreuil c'est d'abord Benoît Dantec, éducateur spécialisé auprès d’enfants déscolarisés, rugbyman (niveau fédéral 2). C'est à vingt-cinq ans que ce Clamartois d'origine (il a poussé non loin du Tapis Vert) décide de se consacrer pleinement à la musique et devient Montreuillois par hasard. Il l'explique au journal Le Parisien :
« J'ai débarqué ici avec mon premier groupe, au hasard d'une colocation, et je m'y suis senti tout de suite à l'aise, beaucoup plus qu'à Paris. Les musiciens, les studios, les petits bars kabyles : ça fourmille. »
Benoît fait ses premières avec Les Princes Chameaux. Puis le nom de Johnny Montreuil jaillit, éclate, comme un blague ringarde. Il confie à Skriber :
« J’étais rue de Paris à Montreuil. Les Princes Chameaux battaient un peu de l’aile. Je me suis mis à adapter en français certains des morceaux de Johnny Cash qui me plaisaient beaucoup, pour vraiment creuser le sens de ses chansons. Je voulais aussi les remettre au goût du jour, sortir de la country made in Kentucky, pour faire ces adaptations à la sauce montreuilloise, bien banlieusarde. D’où Johnny Montreuil. »
Un blaze d'Apache qui se marie bien avec le surnom d'Emilio Castiello, alias Geronimo (violon, mandoline), rencontré rue de Bagnolet, à Montreuil bien sûr. Le duo recrute Tatou (Jacques Navaux) pour la batterie et enregistre un cinq pistes en 2012. Johnny Montreuil est né. Restait à graver son aventure discographique.
« Narvalo City Rockerz » (2015)
Une aventure qui s'ouvre au son d'un rockabilly percutant (« Avec Mes Dents ») tandis que Ronan Drougard (guitare électrique) et Kik Liard (harmonica) étoffent désormais la formation.
Sous les saillies d'une guitare distordue, de l'harmonica, du violon, « Narvalo City Rockerz » propose un son immédiatement original. Vintage et western (« Riton »), typé 50's/60's, il offre pourtant des points saillants de modernité au milieu d'un brassage foutraque à la Mano Negra. Coté lyrics, Johnny Montreuil regarde le pavé, usant volontiers d'un argot de banlieue. Vibrant comme un Jonasz (« J'Suis Le Vent », « Oh Liège »), il se fait crooner pour Gigi Pantin (« Bois de l'Eau »), évoque ses souvenirs d'Algérie avec Rachid Taha (« L'Amour Au Balcon ») et compose au final un album de rockabilly manouche détonant qui ne choisira pas entre le rêve américain (« Le Coeur Qui Saigne » ) et les Balkans (« That's Allright Mercedes »), pareillement imprégné par la musique tzigane de ses voisins de terrain vague et par le rock de Presley, de Chuck Berry, de Johnny Cash.
Line-Up « Narvalo City Rockerz » :
Johnny : chant, contrebasse, guitare folk
Géronimo : violon, mandoline , choeurs
Kik : harmonica, tambourin, percussions, choeurs
Rön : guitare électrique , choeurs
Tatou : batterie, piano, percussions, choeurs
« Narvalos Forever » (2019)
« Chiner la Feraille » ouvre ce second album en mode vintage, faussement rétro avec sa contrebasse, son harmonica et ses choeurs cajuns. Country, folk, rock, americana, western (« So Long Taulard »), le Johnny Cash du 9-3 enfonce le clou des 50's en déroulant un road-trip savoureux.
Exit les influences manouches, Géronimo et son violon s’en sont allés, et Steven Goron remplace désormais Tatou à la batterie. Ce line-up resserré se retrouve autour d'influences américaines qui courent des années 1920 aux années 1950, se passant le témoin du blues au rock N' roll (« Pourvu qu'ça Glisse »). Les rythmiques se font aussi simples et efficaces que celles du Man In Black (« C'est des Morts », « Avant Gangster »). Textuellement, le fils de syndicaliste n'a pas oublié ses préoccupations sociales : il porte la liberté sinon en étendard, au moins en bandoulière.
Line-Up « Narvalos Forever » :
Johnny : chant, contrebasse, guitare folk
Kik : harmonica, tambourin, percussions, choeurs
Rön : guitare électrique , choeurs
Steven Goron : batterie, piano, percussions, choeurs
« Zanzibar » (2024)
Pensé pendant la pandémie à laquelle se réfère le titre « 5 Minutes », « Zanzibar » s'ouvre sur une chevauchée instrumentale à la Enio Morricone (« Ciao Narvalo »). Elle annonce l'arrivée en ville de Johnny Montreuil et sa bande. Brassant le folk, le blues, le rock, et l'americana, ce troisième long format reste ouvert aux musiques du monde et se pare des couleurs de l'Afrique lors d'un blues avec Fixi, Guimba Kouyaté, David Chalumeau et Diane Renée Rodríguez (« Les Goémons »). Il flirte aussi le temps d'un calypso avec Rosemary Standley, avec qui Johnny Montreuil partage un appétit pour Johnny Cash (« Vers les Îles »). La chanson française n'est pas oubliée puisque c'est bien à Renaud que les « Visions de Manu » rendent hommage. Tantôt vrombissant (« Ses Amours », « Zanzibar ») tantôt mélancolique (« I Heard That (Lonesome Whistle) »), « Zanzibar » impose les rouflaquettes et la caravane de Johnny Montreuil sur une parcelle de terrain du rock français sur laquelle sont passés Les Negresses Vertes et Mano Negra. On n'est pas prêt de le déloger !
Line-Up « Zanzibar » :
Johnny Montreuil : chant, contrebasse, guitare folk
Ronan Drougard : guitare électrique
Steven Goron: batterie, choeurs
Kik Liard : harmonica, choeurs, tambourin
Marceau Portron : guitare électrique, basse, choeurs
ARBORN (rock), Se Jouer (08/09/2023)
Le 17/09/2023
L'ambiance générale installée par Arborn reste chaleureuse, tamisée, douce jusque dans ses thématiques les plus sombres.
Par Ahasverus
Stéphane Leborgne, alias Arborn (le borgne en langue bretonne), est un auteur-compositeur-interprète-multi-instrumentiste et producteur français.
On lui doit notamment le « Tour du monde en 80 instruments », un projet musical et pédagogique, ainsi que le « Merveilleux Voyage d'Alan, des Côtes Bretonnes aux Terres Africaines » un conte qui permet de découvrir une quarantaine d'instruments ethniques. Il a enfin, en 2017, sorti un premier long format aux compositions toujours très recommandables qui mélangent bombarde, percussions, piano, cornemuse, orgue, flute et encore harmonica : « Le Banquet des Moutons ».
Arborn revient le 08/09/2023 avec treize nouveaux titres pour un deuxième album, « Se Jouer », qu'on accueille avec bienveillance et curiosité.
Ce nouvel opus présente une variété française légèrement imprégnée de folk (« Ca Me Va d'Être Moi », « Rien Ne s'Oublie »), de blues (« Souveraine »), de rock (« Ivre de Nuit », « Vainqueurs et Vaincus »), largement saupoudrée d'influences celtiques (« Le Rire de Mary », « L'Homme A La Cornemuse », « La Fille Au Parapluie »). Il se fait généreux et musical, laissant une impression d'agréable simplicité même quand ses instrumentations s'avèrent riches et variées. Il est une suite de mélodies fluides aux allures autobiographiques (« Le Locataire », « On T'Aime Encore Suzy », « La Fille Au Parapluie »), en tous cas intimistes, parfois graves et impliquées (« Pour Un Monde Meilleur » ). Le tout est bien écrit (Arborn a collaboré dans ce domaine avec Boris Bergman, le parolier de Bashung) et l'ambiance générale qu'il déroule reste tamisée, chaleureuse, douce jusque dans ses thématiques les plus sombres. Si le propos de « Se Jouer » n'est pas de vous faire headbanguer vous pourrez tout de même taper du pied quand les guitares viendront vous chercher (« Le Locataire »). « Se Jouer » est surtout une nouvelle proposition de la scène française, séduisante, soignée et bien autoproduite. Elle n'est pas dépourvue d'originalité et vous aurez plaisir à découvrir sa signature.
BERNIE BONVOISIN (rock), Amo Et Odi (09/06/2023)
Le 11/07/2023
Certainement l'album le plus personnel de Bernie Bonvoisin. Peut-être le plus réussi.
Par Ahasverus
« Amo Et Odi » / « J'aime et je déteste ».
C'est le grand écart que Bernie Bonvoisin n'hésite pas à décliner sur son nouvel album solo, le premier depuis treize ans...
Le Francilien a fait appel à ses complices de Trust, David Jacob et Izo Diop, ainsi qu'à Jean-Pierre Bucolo, qui a joué, composé ou arrangé pour Renaud, Francis Cabrel ou Johnny Hallyday. Ils ont travaillé sur trente morceaux en trois sessions de quatre jours. Treize titres sont finalement retenus.
La pochette suggère un selfie devant les ruines d'Alep.
Il est légitime pour pointer nos dérives, Bernie, qui se rendait à Beyrouth en 2016 pour réaliser le reportage « Paroles d’enfants syriens, la misère entre deux jardins ».
Un album, c'est d'abord une ambiance. Sur « Amo Et Odi », slide et dobro se succèdent en lumière tamisée que la batterie fait vibrer.
C'est musicalement l'opus le plus dépouillé de Bernie, textuellement son plus intime.
Il réserve les choeurs aux occasions, ose le piano-voix pour évoquer son père (« A s'en ouvrir les veines »). C'est comme avancer nu.
La sobriété est si forte que les cris qui ponctuent le rythme de « Si c'était à refaire », à la manière du « Bonny And Clyde » de Gainsbourg, sembleraient presque un pic de sophistication.
Calme et résolu, Bernie Bonvoisin n'a rien lâché de ses engagements (« Allons Zenfants »). Il compose un album au plus près de sa peau, doué d'une vraie force créatrice capable de faire naître des images.
Certainement son album solo le plus personnel. Peut-être le plus réussi. Il est disponible depuis le 09/06/2023.
Bonne fête Paulette !
Le 12/03/2023
Artwork Paulette et Estelle Perruchot
Paulette est un power trio guitare/basse/batterie assorti d'un chant à deux voix. Il cite pour influences Deftones, Queens of The Stone Age, Lucius, les derniers albums de Jack White, et Rage Against the Machine.
Pour illustrer son univers il a présenté le 10/03/2023 un premier single-clip intitulé… « Paulette » !
Le groupe précise :
« Ce morceau date des frémissements de la création du groupe. Il a traversé des étapes bien différentes, il a été tordu, étiré, remanié, mouvementé, réécrit. Il est lustré d’une pointe de sueur et de fierté. Nous nous sommes inspirés de plusieurs esthétiques musicales pour le confectionner. Son sujet : Paulette se libère, elle sort de son corps et danse. Mais comment imaginer un premier album sans vous décrire notre muse dont nous portons le nom ? »
Paulette est de fait le nom d'un mannequin, muse du trio présente sur scène et au centre des textes. Ce clip raconte sa naissance « à partir de matières brutes, de terre, de peintures, paillettes d’or, de lumières ».
« On va vous parler de Paulette » dit la chanson. Le trio développe son intention : « Pour les inspirations nous avons eu beaucoup d’éléments éclectiques : la macro photographie utilisée en publicité, en studio mais également en nature ; quelques effets légèrement désuets inspirés des films de série B des années 80 (“Evil Dead” de Sam Raimi, “Braindead” de Peter Jackson ou encore les films de John Carpenter pour leurs narrations particulières et leurs mises en scène originales) ; pour les teintes, les textures et le grain de l’image Carpenter Brut nous a plu (faisant lui-même référence aux séries B des années 80, il nous paraissait donc logique de s'inspirer de son esthétique ancienne mais traitée de façon plus moderne afin de boucler la boucle). Enfin, parmi quelques références (en vrac) de compositions de plans, d’esthétique et de rendu de post production : l’introduction du manga et du film “Ghost in the Shell” de Masamune Shirow et Rupert Sanders nous ont marqué pour la naissance d’un être créé de toutes pièces ; et l’esthétique très granuleuse et monochrome de “Fear of the Dawn” de Jack White nous a particulièrement plu pour le final du clip de Paulette. Pour ce qui est des teintes nous avons conservé autant que possible les dominantes de bleu et d’or qui sont à la fois les couleurs du groupe mais aussi du mannequin. »
Rendez-vous le 31/03/2023 pour une sortie digitale et en CD, avec une release-party le même jour à Brest (Salle du Clous). Alors bonne fête, Paulette !
Paulette c’est :
- Alice Daré : chant, synthé, bass synth
- Thomas Fernandes : chant, guitare
- Boris Larzul : batterie
- Paulette : le mannequin
PATRICK COUTIN, L'Homme Invisible (03/03/2023)
Le 27/02/2023
Efficace dans ses riffs, sobre dans les paroles, terrible dans le son.
PATRICK COUTIN par Fredo Slim
Toc toc. Patrick Coutin est de retour !
Et c'est un peu comme si l'on voyait passer un vieil ami de la famille qu'on n'aurait pas croisé depuis un moment, mais qui est un familier de longue date. Depuis l'époque où il aimait regarder les filles, certainement...
Assez récemment cependant, en 2020, Patrick Coutin sortait un excellent triptyque aux allures d'événement : un album en français (« Paradis électrique ») ; un second en anglais (« Welcome in Paradise ») ; un troisième mixant les deux langues (« Obsolète Paradise »). Le tout regroupé dans la box « Coutin Paradise ». Agrémentée de dessins originaux. Chouette idée !
2023. Coutin revient via Baco ! En homme pressé cette fois, nous dit-on.
Pour privilégier l'instantané, et probablement l'efficacité, il est parti enregistrer son nouvel opus à Austin, au Texas. Au chant, à la guitare, à l'harmonica, c'est lui, Patrick Coutin.
Voyons ses musiciens. A la guitare : David Grissom (Buddy Guy, Bob Dylan, Chris Isaak). A la basse : Eric Holden (Shakira). A la batterie : Jarrod J. Johnson (Lenny Kravitz). Des pédigrées à faire dresser l'oreille...
Pour projet, un dix pistes, dix morceaux composés pendant le confinement et réunis sous le titre :
« L'Homme Invisible »
Invisible, il ne l'est pas, Coutin. On avait repéré le bruit de sa bécane. « La ballade de Jesus Cat » dévoile un son chaleureux, bien rond, dans un clip enregistré « comme un road trip à la Jack Kerouac, entre Austin, Sans Antonio, Corpus Christi et Houston ».
On sait que « Jésus Cat (Le chat de Jésus) est le surnom d'une jeune femme blonde, fragile, timide, un peu perdue, solitaire, qui s'enfuie sur sa moto pour trouver autre chose que la vie de tous les jours. »
« Rouler vite / Mourir Libre » professe Patrick Coutin dans un bon rock aux riffs réglos.
Kerouac... La route est bien visible dans cet album. Les femmes sont la aussi, et la nuit... Les textes dessinent des aventures, des lieux, croquent des portraits. Ils sont parfois intimes (« Maman », « L'Homme Invisible »).
L'accent est américain, avec une pointe de blues et de rock dans les cordes, pas si éloigné du hard-rock quand il se veut rugueux. Et l'on passe de morceaux chaleureux où les guitares ondulent (« Quand Je Suis Loin De Vous », « Maman ») à des compositions rentre-dedans où la lead se fait liane, où les rythmiques vous enserrent (« La Nuit Est Là ») comme un titre des Stones (« La Star du Comptoir »), frisant le hard (« Rien Que Pour Vos Yeux »), enchaînant des accords qu'on pourrait écouter à l'infini parce qu'ils sont savoureux (« Une Pierre Qui Roule »).
Puis Coutin dresse le bilan du monde qui l'entoure, désabusé.
L'harmonica complète sporadiquement les espaces laissés par la rythmique (« L'Homme Invisible »).
Efficace dans ses riffs, sobre dans les paroles, terrible dans le son, « L'Homme Invisible » avance sans ronds de jambes excessifs, préférant le côté plug & play aux oeillades tout en délivrant une admirable richesse sonore. Rythmé, nerveux, l'album a la classe d'un jean élimé, couvert d'une patine, et ses morceaux envoient une p*** de bonne dose de guitare. Ils sont à l'évidence appelés à vivre leur seconde vie sur scène.
Ca tombe bien : Patrick Coutin sera le 21/03/2023 à Paris (La Bellevilloise). Il jouera à cette occasion l'intégralité de ce nouvel album.
Les réservations de la salle parisienne sont ouvertes ICI.
Patrick Coutin sera également à :
- Toulouse - 11/03/2023 - Showcase chez Gibert
- Paris - 18/03/2023 - Showcase chez Gibert
LES FATA MORGANA, CREA Espace Jean Macé, Alfortville (94), 03/02/2023
Le 09/02/2023
Les yeux pétillant d’étoiles, de couleurs aux joues et de sable dans nos chaussures nous quittons à regret cet étrange et fascinant voyage dans les contrées fabuleuses des Fata Morgana.
« Fata Morgana » est le nom italien de la fée Morgane, demi-sœur magicienne du roi Arthur Pendragon dans la saga Arthurienne, mais également un étrange phénomène optique qui résulte d’une combinaison de mirages, perturbations des rayons lumineux au passage à travers une variation de température dans l’atmosphère.
Les Fata Morgana, visibles à l’œil nu, sont plus fréquents dans certaines régions polaires, également en Sicile, et beaucoup plus près de nous ce soir au CREA Jean Macé d’Alfortville pour un concert exceptionnel, et ça, ce n’est pas un mirage.
Avant de vous parler de ce concert, laissez-moi vous présenter ce « Mirage suspendu au ciel » comme disent les Touaregs.
Les Fata Morgana c’est avant tout la rencontre en 1998/2000 de cinq musiciens : violon/trompette, violoncelle, guitares/mandoline, percussions et chant, qui partagent la même passion pour la chanson française (avec ses textes poétiques) et la musique (mélangeant Classique, Jazz, Tzigane, Tango, Trip Hop, Funk et même Pop/Rock).
En 2003, le premier album « Tournée Rhum-Pomme » autoproduit et autodistribué à mille cinq cents exemplaires permet au groupe d’enchaîner les spectacles et de multiplier les échanges avec d’autres musiciens.
En 2009, « Le Clown Raté » également album autoproduit est le fruit d’un minutieux travail en studio. Mille exemplaires seront ainsi pressés. L’osmose parfaite entre les musiciens aboutit à de superbes compositions dont les subtils arrangements marquent l’incontestable maturité du groupe. Les textes ensorcelants dégagent une émotion rarement perçue dans d’autres formations.
En juillet 2011, le troisième album est enregistré « Live » dans le XXème arrondissement de Paris au Studio Le regard du Cygne et s’intitule cela va de soi « Les Fata Morgana au Regard du Cygne ». Pour les rares privilégiés (dont je fis partie) qui ont pu assister à ce concert ce ne fut que du bonheur !
C’est donc quatorze ans après leur dernier passage au CREA, le 13/11/2009 très exactement, et après être déjà venu nous voir en 2004, 2005 et 2007 que les Fata Morgana reviennent jouer ce soir (presqu’à domicile pour certains membres Alfortvillais), à la « Pyramide musicale » de Jean Macé.
Au menu d’anciens morceaux mais également de nouvelles compositions qui figureront sur le prochain album dont la sortie est prévue dans l’année.
Le groupe pour l’occasion nous présente sa nouvelle recrue, Nicolas au clavier, qui va apporter ce petit soupçon de folie et cette franche pincée de Rock Progressif que j’ai personnellement apprécié lors de la soirée !
La petite salle de Macé dès vingt heures va rapidement se remplir, par la famille du groupe, les ami(e)s, mais aussi par les fidèles habitués du CREA.
C’est sous des lumières tamisées, moment privilégié et intimiste, que le set démarre par le « Dernier Homme », que l’on retrouve sur « Les Fata Morgana au Regard du Cygne ».
La magie est toujours aussi présente et ce dès les premières notes de musique, dès les premiers mots susurrés par Matthieu. Tel un mime éloquent et volubile, un intarissable et fabuleux conteur d’histoires, il nous transporte immédiatement dans son univers coloré. Personne ne peut rester insensible devant autant de poésie et d’aura…
Du même album seront ainsi joués « Jackson Pollock NYC », « J’oublie le temps » et en rappel « L’aube ».
« A Paris » de « Tournée Rhum-Pomme » et le sublissime « Ramdam » du « Clown raté » que j’ai toujours plaisir à écouter avec son influence orientale et sa magnifique intro de Ben à la Mandoline Napolitaine (instrument hérité de son grand-père).
Outre « Noyez dans les rires » l’inédit qui ne figurera pas sur le quatrième opus, on a eu droit à huit nouveaux morceaux : « Les confidences » / « Vibrez » / « Mermoz » / « Chinatown » / « Crazy » / « Sans arme » / « Tragique » et « Nourrir ».
Un dépaysement total et une grosse évolution dans les compositions des Fata ! L’arrivée du clavier apportant effectivement un gros plus au niveau des arrangements, de la même façon que l’arrivée de Sylvain à la batterie avait fait évoluer le son du groupe.
Sur certains morceaux Jérôme lâche son violoncelle pour une ‘tite Squier Jazz Bass et Cyrille son violon pour une sorte de « biniou africain » (mais qui n’en est pas un !), qui me dit-on dans l’oreillette est un Cornet à bouquin (Instrument baroque hybride entre le bois et le cuivre, utilisé au XVIIème siècle en Italie et dans les contrées germaniques).
Autant dire que la soirée fût non-seulement généreuse mais également fort chaleureuse. Merci aux Fata Morgana, à « Patriiiick » le nouveau Ingé-son, à Armand aux lumières (tu as sacrément assuré petit gars !) et au personnel du CREA, avec une mention spéciale à Abdellah qui nous concocte toujours d’excellents concerts.
C’est donc les yeux pétillant d’étoiles, de couleurs aux joues et de sable dans nos chaussures que nous quittons à regret cet étrange et fascinant voyage dans les contrées fabuleuses des Fata Morgana SVP les potos n’attendez pas autant de temps la prochaine fois pour passer nous voir !
MAITE MERLIN en concert
Le 31/01/2023
La tournée de Maïté Merlin prévoit un crochet par la Bretagne.
Photographie : Lois Eme
La Lyonnaise précise :
« C'est le moment de tagger tes amis bretons ! Ou de faire tes valises pour nous retrouver là bas. Parait que c'est sympa la Bretagne alors pars à l'aventure parce que c'est pas dans trois mille ans que t'auras ton pied sur le sol breton. Je dis ça, je dis rien... »
Les dates :
- 3/02 - Chez Lulu - Larre
- 4/02 - Le Violon Vert - Le Faoët
- 21/04 - QG - Quartier Gessien - Ornex
- 13/05 - Bar associatif Le point commun - Tournon sur Rhône
- 20/05 - La Bobine - Grenoble
- 26/05 - Mpt Salle des Rancy - Lyon
Chanteuse du groupe de métal progressif Talvienkeli, Maïté Merlin a sorti en 2022 l'album solo « Echappée ».
Elle définit son style par ces trois mots : Chanson poétique rock.
Une escapade aux textes bien ciselés, qui n'oublie pas pour autant les grosses guitares, parfaitement rôdée sur scène. On recommande.
PATRICK COUTIN VA BIEN
Le 01/12/2022
Patrick Coutin...
Un petit air de Keith Richards avec sa gratte et son bandeau dans les cheveux...
PATRICK COUTIN par Olivier Lebrat
Sacré parcours, le rocker !
Seize ans en 68 — il laissera pas sa part aux chiens.
Première guitare. Pour impressionner sa voisine, confesse-t-il. En 69, faut dire... Année érotique.
La Sorbonne. Philosophie. Les Arts plastiques.
Voyages. Les Balkans, l'Italie, la Hollande, les USA. Puis le Mexique, en douce. Puis le Canada, clandestino, clandestino... Il s'initie à la musique,violon, oud, percussions orientales.
1977, l'année de « Never Mind The Bollocks », de « Rocket To Russia », de « News Of The World », de « Exodus », de « The Clash », de « Rumours ». Il a dû se régaler, Coutin : il est chroniqueur dans Rock & Folk. Entre autres !
1981. On le trouve en tête des hits-parades avec un titre de son premier album : « J'aime Regarder les Filles ».
Kolossal succès de l'année 1981, de quoi péter un cable ! Si vous étiez de ce monde, vous connaissez le titre...
Il est enregistré au Château d'Hérouville. Comme le « Long Live Rock 'n'Roll » de Rainbow ! Dans ce haut-lieu de la musique sont passés Bowie, Pink Floyd ou encore les Bee Gees...
83. Il sature, Coutin. Il songe à abandonner la musique. Il poursuit pourtant comme « Un étranger dans la ville ». Au Château d’Hérouville toujours. Avec des musiciens de Jacques Higelin et avec Dan Ar Braz, un habitué des lieux. On le retrouve, Dan Ar Braz, en cette année 2022 sur « Chateau-Chimères » de Malemort dont le concept est justement... le château d'Hérouville !
85, « L'Heure Bleue », nouvel album studio. Puis un Live cinq ans plus tard, avec des festivals, Bourges, les Francofolies...
1994, « Aimez vous les uns les autres », propose-t-il..
2000, « Industrial Blues ».
PATRICK COUTIN par LainLain45
Dans le même temps, Coutin produit et réalise. Les Wampas (« Trop Précieux »), Dick Rivers (« Plein Soleil », « Vivre Comme Ca »).
2010 « Le Bleu », 2011 « Babylon Panic ».
2020, il frappe fort Coutin ! Un triptyque ambitieux et magnifique ! Un album en français (« Paradis électrique »), un album en anglais (« Welcome in Paradise »), un mix des deux (« Obsolète Paradise »). Les pochettes par trois artistes graphiques qu'il affectionne...
Un livre aussi : « Jim Morrison et les Doors », Hoëbeke / Gallimard, collection Les Indociles.
2022. Coutin prépare déjà son retour discographique. Le nouvel album sortira l'année prochaine. Il nous régale en attendant avec un premier single, « La ballade de Jesus Cat », un clip enregistré « comme un road trip à la Jack Kerouac, entre Austin, Sans Antonio, Corpus Christi et Houston ».
En septembre 2022, il confirme : « A part ça tout va bien » ! Second single.
« Les rivières s’assèchent, la vie s’en va elle ne reviendra pas / Ils fuient la famine, le désert qui avance pour mourir sur nos plages / A part ça tout va bien. »
Le constat rock indigné d'une planète à la santé bousculée et d'une humanité victime et bourreau qui creuse sa propre tombe...
Coutin, heureusement, se porte plutôt bien. Plus présent et plus fort que jamais il confie à propos de son futur album : .
« C’est une longue gestation et ça fait du bien de voir le truc avancer. Cela s’appelle L‘homme Invisible, deux chansons (La ballade de Jésus Cat et À part ça tout va bien) sont sorties sur toutes les bonnes et les moins bonnes plateformes. Et nous jouons déjà quelques titres sur scène. Cela sortira sur Baco Distribution, et nous jouerons l’intégralité de l’album le 21 Mars à La Bellevilloise… »
Etape obligatoire le 03/03/2023, avec la sortie de cet album enregistré aux USA, et la présence sur ses sillons de David Grissom (Guitares) Jarrod Johnson (Batterie) et Eric Holden (Basse).
DANIEL JEA, Se Taire Et Ecouter (25/11/2022)
Le 22/11/2022
« Se Taire Et Écouter ». C'est ce que propose Daniel JEA dans son cinquième album.
Dernier volet d'une trilogie initiée avec « A l’Instinct A l’Instant » (2020) et « En Suspens » (2021), ce nouvel épisode musical fait appel à la même équipe que ses prédécesseurs.
Se taire, écouter... Certes !
Mais s'interroger...
« Où est-ce qu'on a appris à accepter tout ça ? » demande Jea dans un début remarquable où s'égrène en avalanche le chapelet des considérations masculines sur la place et le corps de la femme (« Lâche »).
Le rock est un peu énervé, ramassé, strident ( « Bitume »).
Quelques phrases chatoyantes s'invitent parmi les riffs acérés (« Vu d'Ici ») dans un bruit de caisse à sable (« Si Tu »). La guitare et la batterie s'équilibrent (« A deux doigts ») tandis que la narration suffit à imposer l'ambiance (« L'Infini »). « La Rengaine », finement assemblée, s'enfle comme une rumeur au fil de l'écoute, puis la guitare s'étire en slide (« Se Taire et Ecouter ») suggérant un parterre d'images dans une longue pièce osée.
L'album, rock/pop/electro, enfin bref, scène française, sort le 25/11/2022.
La release-party est annoncée le soir même, à Paris (Les Voutes).
BAZAR BELLAMY, Trompe La Mort (sortie le 18/11/2022)
Le 21/11/2022
Après « Jusqu’Ici Tout Va Bien » (2019), Bazar Bellamy revient avec « Trompe La Mort », son deuxième album.
Dans une narration qui nous rappelle « Présence Humaine » (2000), l’escapade musicale de Houellebecq, Bazar Bellamy remonte tel un saumon ses « Torrents d’Altitude », bilan de mi-vie prétexte à réfléchir sur le réchauffement climatique ou l’immobilisme politique.
Une note suffit parfois à imprimer le rythme (« Les Horaires de Bureau ») tandis que sous la plume se dresse une scène de rue-vitriol, fantasmée, sexuelle et incandescente.
L’écriture vivace vient heurter piano ou violon. On pense à l’héritage d’un Jean Guidoni (« Cavale », « Touche Touche ») ou au Pagny du « Chatelet Les Halles ». L’album est capable d’échappées mélodiques (« Sixteen », « Cours Lentement ») et de faire saigner les riffs (« NPNG ») au milieu des pentes électro (L'Happeur).
Bazar Bellamy a surtout ce talent de conteur et cette capacité à incarner devant vous dix histoires indépendantes et solides au long des cinquante minutes de cette galette.
« Trompe La Mort » est disponible depuis le 18/11/2022.
SOAN, Négligé Chic (sortie le 14/10/2022 - chronique)
Le 28/09/2022
Dans la tradition des grands chanteurs Belges (Brel/Arno/Stromae), ce rocker Savoyard est un chanteur à textes, un chanteur à plume au regard désembué, acéré, sans fard et sans concession, qui épingle nos travers pour en faire naître des images.
C'est un nom qui vous parle peut-être, rockers et métalleux que vous êtes : Soan fait partie de ces artistes qui ont émergé à l'occasion d'émissions qu'on appelait jadis des télécrochets et qui ont pris pour appellation The Voice, Star Academy ou La Nouvelle Star.
C'est dans cette dernière que Soan brillera jusqu'à en sortir vainqueur lors de la session 2009.
Il a vingt-sept ans, Soan, et déjà bien bourlingué. Il sort « Tant Pis », son premier album, l'année d'après. D'autres suivent, des émissions de télévision aussi. En 2016, il confie ses addictions à Laurent Ruquier sur le plateau de « On N'Est Pas Couché ». C'est donc avec une certaine logique qu'on retrouve une présentation de la sorte dans le crowdfunding qu'engage Revolu'Prod (une société de production et d'accompagnement d'artistes) pour son nouvel album « Négligé Chic », en 2022 :
« Pour être honnête, chez Revolu'Prod, quand Soan nous a appelé pour dire : "demain j'arrête de boire et j'vais faire un disque power pop chez mon pote qui fait du rockab", le tout sans avoir écrit de chansons et au milieu d'une tournée acoustique, on a acquiescé car on est de gauche mais polis... Trois jours plus tard nous nous recevions quatre titres écrits sur place et huit heures de vidéo... Soan était sobre et loin des clichés... Il avait composé enregistré chaque instrument lui-même, sauf la batterie... »
Les addictions, Soan y trempe sa plume (« Les Trous Noirs », « Romanivresquement », « Hôtel Déboire ») dans ce nouvel album. Avec ironie et en une gymnastique des mots savoureuse, ses textes qui nous égratignent regorgent de trouvailles à tiroirs (« Les trous noirs c'est troublant / La vie est cirrhose des foies » - Les Trous Noirs).
Dans la tradition des grands chanteurs Belges (Brel/Arno/Stromae), ce rocker Savoyard est un chanteur à textes, un chanteur à plume au regard désembué, acéré, sans fard et sans concession. Il épingle nos travers (« Le plus militant de mon département me semble moins Charlie que Charlot » - Qui Prouvera), les siens surtout, pour en faire naître des images tandis qu'on hésite sur l'orthographe : « Ce vers je te le dois » ou « Ce verre je te le dois » ? (« Romanivresquement »)
Musicalement, son univers fera parfois penser à Louise Attaque (« Les Clous », « Formol ») ; il sait aussi se faire plus blues, plus rock (« Nothing Around », son texte en Anglais, son harmonica et ses riffs). Il prend sa place et assure son créneau dans la scène française, aux côtés des Wampas, des BB Brunes, des Têtes Raides, avec sa voix qui traîne, qui a beaucoup traîné. Où il ne fallait pas, dans des bouges, sur des trottoirs blafards, c'est sûr...
L'album a été mixé à Los Angeles par Baz The Frenchman, dans les studios de NOFX nous dit-on (Soan avait rencontré le chanteur du groupe Fat Mike en 2019). Il est masterisé par Marc Latour d’Aum Productions.
« Négligé Chic » sera disponible le 14/10/2022 chez M&O Music.
Vous pouvez aussi retrouver Soan dans votre ville, c'est sa tournée... Les dates sont sous la vidéo.