EDU FALASCHI (métal mélodique), Eldorado (23/08/2023)
EDU FALASCHI (métal mélodique), Eldorado (23/08/2023)
Le 31/08/2023
Une pure régalade ! Par Ahasverus
Deuxième volet de la trilogie initiée par Edu Falaschi avec l'album « Vera Cruz », que l'on peut considérer comme le début de sa véritable carrière solo, ce qui ne l'empêche pas d'être accompagné par une brochette de musiciens au talent monstrueux. Une belle revanche pour ce Brésilien qui avait dû quitter Angra pour raisons de santé et qui est à nouveau capable de performer vocalement.
« Eldorado » est donc la seconde partie d'une trilogie aztèque qui permet à Falaschi d'explorer, à travers le prisme du métal mélodique, différents aspects de la musique latine, précoloniale ou moderne, avec des guitares espagnoles en veux-tu en voila mais également par des chants en Espagnol et dans des langues autochtones. Ainsi la songwriter guatémaltèque Sara Curruchich apporte-t-elle sa sensibilité à l'interlude « Q'equ'm », venant renforcer l'impression de richesse culturelle et artistique qui naît à l'écoute de l'album.
En digne successeur de « Vera Cruz », ce second album démarre en mode cinématographique, certains passages pouvant même vous rappeler la manière d'Enio Morricone (« Señores Del Mar »). « El Dorado » entre ensuite dans le vif du sujet avec un très bon développement mélodique qui lorgne vers le grand Helloween. Cette belle pièce de metal entrecoupée de cordes claires rassure tout de suite : « Eldorado » sera à la hauteur de « Vera Cruz » et des titres comme « Land Ahoy », « Face Of The Storm » ou « Mirror Of Delusion » trouveront leurs dignes successeurs. D'ailleurs, dès qu'arrive « Sacrifice », deuxième morceau du nouvel album, vous sentez tout ce que cette écoute pourra avoir de sympathique.
Après une ballade en quatrième piste, le power mélodique reprend ses droits en nous entraîne vers « Tenochtitlán » (le Mexico précolombien), avec un découpage passionnant et une exécution virtuose qui en fait l'une des pièces-phare de l'album.
« Eldorado », qui donne son titre à l'album, est la piste la plus longue de l'opus avec ses dix minutes. Encore une fois la technique retient l'attention et la structure du morceau lui donne beaucoup de mouvement. Les ambiances vont ainsi en une perpétuelle alternance tandis que l'album repart en mode mélodique (« Reign Of Bones »). Une power ballade amène un peu de sérénité (« Suddenly ») puis « Wings Of Life », deuxième pavé de l'album, remet les gaz jusqu'à ce que la grâce d'un « In Sorrow » nous fasse regretter que ce soit déjà fini.
Disons-le clairement : « Eldorado » est d'un sacré niveau, créatif dans sa conception, magistral dans son exécution. Cependant si le son de l'album est très bon les choeurs semblent légèrement en retrait. Quel dommage ! Un autre traitement, à l'instar de ce qu'a fait l'Italien Winterage sur son album « Nekyia », aurait projeté l'ensemble dans une dimension parfaite. Malgré quoi « Eldorado » se positionne dans la lignée des très grands opus du métal mélodique, peut-être même des classiques, et je pense avant tout aux « Keeper » de Helloween aux côtés desquels il peut aller s'installer le front haut. En conclusion, malgré notre petit caprice à propos des choeurs, on vous affirme que cet album est une pure régalade qui passera haut la main l'épreuve du temps. Décidément ce Edu Falaschi est un grand monsieur !
Tracklist :
01. Quetzalcóatl
02. Señores Del Mar (Wield The Sword)
03. Sacrifice
04. Empty Shell
05. Tenochtitlán
06. Eldorado
07. Q'EQU'M
08. Reign of Bones
09. Suddenly
10. Wings of Light
11. In Sorrow
Durée totale : 61mn env.
SILENT WINTER est une formation grecque fondée en 1995 par Kiriakos Balanos (guitares, claviers) qui est son principal songwriter. Après deux demos, elle prend son essor en 2018 avec l'arrivée du chanteur Mike Livas (qui officie notamment au sein de Bloodorn, le nouveau projet de Nils Courbaron). Un EP voit le jour, puis trois albums, dont le dernier, « Utopia », sort en novembre 2024.
Voici un point sur cette discographie. Par Ahasverus SILENT WINTER (line-up 2024)
THE WAR IS HERE - EP / 2018
Line-Up : Mike Livas (chant), Kiriakos Balanos (guitare), Themis Karvelis (guitare), Giorgos Loukakis (basse), John Antonopoulos (batterie), Achilles A (claviers)
Kiriakos Balanos (guitare) compose les cinq morceaux de cette carte de visite à l'univers voisin de Gamma Ray (« The War Is Here ») et de Helloween (« Far Away »). Osant des plages grandiloquentes à la Manowar (« Remember ») et une pochette à la Edguy période « Theater of Salvation », Silent Winter n'a pas encore rendez-vous avec le son. Le songwriting est en dents de scie, mais « The War Is Here » impose quelques moments percutant qui promettent de beaux horizons qui ne manqueront pas de se matérialiser.
THE CIRCLES OF HELL - 2019
Line-Up : Mike Livas (chant), Kiriakos Balanos (guitare), Vangelis Papadimitriou (guitare), Giorgos Loukakis (basse), John Antonopoulos (batterie), Yiannis Manopoulos (claviers)
Le premier long format de la formation grecque sort en 2019. Les titres de power mélodique composés pour l'essentiel par Kiriakos Balanos (guitare) sont de bonne facture et montrent les qualités des musiciens. Au chant, Mike Livas se permet une belle amplitude et d'intéressantes variations (« Warriors of the Sun », ). Si les références restent Helloween, Gamma Ray et Edguy (« Your Time Has Come ») ou encore Avantasia avec le concours de la chanteuse serbe Dragica Maletic (« Silent Cry »), Silent Winter mérite sa place sur la scène internationale. Sans crier au génie, il propose de belles mélodies (« Final Storm ») un poil plus speed et modernes que celles de ses aînés (« Infernum », « Soul Reaper », « The Circles of Hell ») et parfois saupoudrées d'une pincée de heavy progressif (« Keeper of the Light »). La production de ce premier album est prise en charge par le claviériste Yiannis Manopoulos. L'artwork est l'oeuvre de l'illustrateur brésilien Romulo Dias.
EMPIRE OF SINS - 2020 Line-Up : Mike Livas (chant), Kiriakos Balanos (guitare), Vangelis Papadimitriou (guitare), Vangelis Tsekouras (basse), John Antonopoulos (batterie)
« Empire of Sins » sort en 2020 sur le label Pride & Joy Music (Hartmann, Lazarus Dream, Beneath My Sins). Après un début poussif (« Gates of Fire »), Silent Winter redresse la barre et parvient à proposer une suite de bons titres (« Wings of Destiny », « Dragons Dance ») aux mélodies immédiates (« Mirror », « Hunter's Oath ») qui tiennent d'un power mélodique rapide et aguicheur. D'autres pistes (« Shout », « Empire of Sins », « Where the River Flows ») ont des structures heavy plus classiques. Oublions sa première piste ratée : ce second album de Silent Winter est une réussite dans un parcours discographique qui va crescendo.
UTOPIA - 2024 Line-Up : Mike Livas (chant), Kiriakos Balanos (guitare), Vangelis Papadimitriou (guitare), Vangelis Tsekouras (basse), John Antonopoulos (batterie), Maria Mosxeta (claviers)
Troisième long format de Silent Winter, « Utopia » est l'oeuvre du même line-up que « Empire of Sins ». Enfin presque, car le groupe grec a confié ses claviers à sa compatriote Maria Mosxeta (One Step From The Edge). Les neuf compositions, qui courent entre 4:33 et 6:45, sont toutes l'oeuvre de Kiriakos Balanos, qui signe aussi l'artwork.
Kiriakos Balanos propose un songwriting homogène et particulièrement réussi. « We Burn The Future », « Hellstorm », « Hands Held High », « Reborn », « Heart Is A Lonely Hunter » et « Reign of the Tyrant » ont un potentiel de single.
On pense à Manowar, à Helloween, à Iron Maiden, et plus encore au compositeur de génie Tobias Sammet, car Kiriakos Balanos est en veine d'inspiration et sert ses camarades chevronnés sur un plateau d'argent. Sans vraiment changer de recette, mais avec réussite, les Grecs ont donc conduit leur troisième album de main de maître. Gorgé de bonnes mélodies, « Utopia » constitue un bond en avant dans la discographie de Silent Winter qui signe là son meilleur album.
« Utopia » est disponible depuis le 22/11/2024 via le label grec No Remorse Records.
Après six années de silence discographique, InnerWish revient avec la pièce la plus aboutie de sa discographie. Par Ahasverus L'histoire d'INNERWISH commence à Athènes en 1995. Elle se construit autour de Thimios Krikos (guitare) et de Giannis Papanikolaou (chant) qui jettent les bases de quelques chansons et recrutent un line-up qui leur permet d'enregistrer un premier album, tard le soir dans les studios pour profiter de créneaux à moindre coût.
A l'occasion de la sortie de « Ash Of Eternal Flame », le nouveau long format des Grecs, et à notre avis le meilleur de leur production, nous avons eu envie de nous plonger dans la discographie d'InnerWish.
Retour en 1998. INNERWISH line-up 2024 - photographie Dimitris Marinis
. Waiting for the Dawn (1998)
Line-up : Giannis Papanikolaou - chant / Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Alexis Leventeris - basse / Dimitris Papalexis - clavier / Pavlos Balatsoukas - batterie
Malgré des développements heavy mélodiques non dénués d'intérêt, le son de ce premier album du groupe grec, enregistré à l'économie, est trop rédhibitoire même dans sa version remasterisée pour qu'il soit autre chose qu'une curiosité. InnerWish confesse : « A cette époque, nous n'étions qu'un groupe de gars voulant jouer du Heavy Metal et ne pensant à rien d'autre. Nous commençions à travailler nos propres chansons afin de matérialiser nos besoins et souhaits intérieurs (c'est ainsi que le nom du groupe est sorti) sans avoir en tête une sortie officielle. » Sur le son, il ajoute : « Si nous avions la chance d'enregistrer à nouveau cet album, il y a beaucoup de choses que nous aimerions changer, et nous savons que le mix final pourrait être bien meilleur. Mais d’un autre côté, cet album est une image de nos vies à cette époque. »
. Silent Faces (2004)
Line-Up : Babis Alexandropoulos - chant / Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Antonis Mazarakis - basse / Terry Moros - batterie Musiciens additionnels : Panagiotis Mylonas - claviers / Fotis Giannakopoulos - batterie
Les choses sérieuses commencent en 2004 avec « Silent Faces ». « Dancer of the Storm », la première piste, donne le la en faisant parler la poudre à la manière d'un Blind Guardian. Sans atteindre des sommets, l'album est honnête, plus franc et plus offensif que l'opus de 1998. Le son est moins approximatif que sur « Waiting for the Dawn », et le chant aussi ! Après quelques tatonnements (le split-CD « Realms of the Night » et une apparition sur la compilation « Louder than the Dragon ») les Grecs apparaissent en forme avec une formule plutôt efficace et un net remaniement de son line-up, les guitaristes Thimios Krikos et Manolis Tsigos étant les seuls rescapés du premier effort.
. Inner Strenght (2006)
Line-Up : Babis Alexandropoulos - chant / Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Antonis Mazarakis - basse / Panagiotis Mylonas - claviers / Terry Moros - batterie
Bénéficiant du même line-up, « Inner Strenght » s'aligne sur la lancée de « Silent Faces ». InnerWish enchaîne les titres de heavy mélodique et multiplie les twin guitars. L'ensemble n'est pas sans qualités, mais il est clairement en retard d'un ou deux métros (« Eye of the Storm »).
. No Turning Back (2010)
Line-Up : Babis Alexandropoulos - chant / Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Antonis Mazarakis - basse / George Georgiou - clavier / Terry Moros - batterie
Curieusement banni du site officiel du groupe alors qu'il affiche le même line-up, « No Turning Back » survient quatre ans après « Inner Strenght ». Si le fond reste le même, le heavy mélodique de la formation athénienne s'est mordernisé, avec des rythmiques plus tranchantes lorgnant parfois sur le heavy mélodique allemand. Les twin guitars restent plaisantes, l'ombre de Dio profile parfois (« No Turning Back », « Kingdom of the Prime » ). L'ensemble, reconnaissons-le, sonne plutôt pas mal (« Sirens », « Save Us ») et le Metal d'InnerWish commence à prendre sa forme actuelle.
. InnerWish (2016)
Line-Up : George Eikosipentakis - chant / Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Antonis Mazarakis - basse / George Georgiou - clavier / Fragiskos Samoilis - batterie
Il n'est jamais anodin pour un groupe à ce stade de carrière de commettre un album éponyme. Le procédé sonne comme un aveu : « Eurêka ! Voici ce que nous sommes vraiment ! ». Après trois albums au line-up stable, Terry Moros a cédé sa batterie à Fragiskos Samoilis et Babis Alexandropoulos son micro à George Eikosipentakis. Si la formule permet d'avancer vers la maturité (la voix de George Eikosipentakis est très sûre) et peut capter l'oreille de l'auditeur (« Sins of the Past », « Through My Eyes », « Zero Ground », « Tame the Seven Seas », « Rain Of A Thousand Years »), il manque encore un petit quelque chose pour arriver au point d'orgue. Cependant « InnerWish » est sur la bonne voie, plus posé que ses prédécesseurs. Son ossature classique reflète la paternité d'un Dio et des influences mélodiques allemandes. Il manque pourtant de titres vraiment capables d'accentuer son relief. Ce sera chose faite sur l'album suivant.
. Ash of Eternal Flame (2024)
Line-Up : George Eikosipentakis – Chant / Thimios Krikos – Guitare / Manolis Tsigkos – Guitare / Antonis Mazarakis – Basse / George Georgiou – Claviers / Fragiskos Samoilis – Batterie Guest : Hansi Kürsch (Blind Guardian)
Il aura fallu huit ans à InnerWish pour donner un successeur à son album éponyme.
Ill faut admettre que ce nouvel effort nous a totalement convaincus ! Non seulement le line-up grec est parfaitement en place, avec un vocaliste au sommet de son art, mais il est servi par un songwriting particulièrement vigoureux qui permet d'enchaîner les titres avec brio. Il est rare de tomber sur une galette d'un intérêt si constant. L'apport de Hansi Kürsch (Blind Guardian) sur le titre « Sea of Lies » est une réussite évidente et il signe peut-être la meilleure des onze pistes.
Il est cependant talonné de près par des titres forts de metal mélodique racé (« Forevermore », « Soul Assunder », « Primal Scream ») orientés Helloween ( « I Walk Alone »), parfois dans l'esprit d'un Dio (« Cretan Warriors » « The Hands of Doom », « Breathe »). Après des années de silence discographique, InnerWish est donc en pleine forme avec ce qui constitue, à notre sens de loin, la pièce la plus aboutie de sa discographie grâce à un songwriting incroyablement solide sur la durée.
L'artwork de ce « Ash Of Eternal Flame » est l'oeuvre de Giannis Nakos, qui a notamment dessiné la pochette de « The Awakening » de Kamelot.
« Ash Of Eternal Flame » est décliné en deux éditions, l'une bleue pour les CD et la version numérique, l'autre rouge pour les vinyles. Les formats physiques ont en bonus une cover du titre de Blackfoot « Send Me an Angel » (que la bande à Rickey Medlocke commettait sur le très moyen « Siogo »).
L'album a été enregistré aux studios LoNe et Devasoundz à Athènes, en Grèce, par Fotis Benardo (ex-Sceptic Flesh). Le mixage et le mastering sont de Henrik Udd (Hammerfall, Powerwolf, Septicflesh).
« Ash Of Eternal Flame » est disponible depuis le 08/11/2024 via le label germano-américain Reigning Phoenix Music (Helloween, Angra).