Emma’s Backstage Stories : Rory Gallagher

Le 29/01/2023

Emma souris 2

Quand Rory Gallagher jouait de la « meat and potatoes music »

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Qu’est ce qui fait qu’on devient un des meilleurs guitaristes du monde, et peut être le meilleur, d’après Jimi Hendrix ?
Quand on se balade avec une guitare en plastique à la main dès l’âge de deux ans, et qu’à huit ans  on commence à jouer sérieusement... on tient déjà un début de réponse ...
Le petit Rory Gallagher, d'origine galloise, naît le 2 mars 1948 dans la commune irlandaise de Ballyshannon, comté de Donegal, et grandit à Cork.
Outre la guitare, il pratique également en autodidacte la mandoline, le saxophone, et l'harmonica. Et quand il ne joue pas d'un instrument, il chante d'une voix âpre, immédiatement identifiable. Dans sa communauté on était obligé de parler le gaélique. Il a le mérite d’avoir osé la guitare, objet banni car considéré comme un symbole phallique... la lourdeur quoi ...
Elvis Presley fut sa source, le folklore irlandais une puissante influence, et sur son tourne-disque, les albums de Woody Guthrie, Chuck Berry, Muddy Waters ou Leadbelly lui confirment que toute la musique qu'il aime, elle vient de là, elle vient du blues.
Qu’avait-il de si particulier cet homme là... ?
En tant que guitariste d’abord.
Une fidélité à sa Stratocaster Sunburst 1961 d’abord (vue sur la pochette de Against the Grain), même si il en a usé bien d’autres. Les guitaristes le savent , quand on a trouvé son son, sa guitare, on s’épanouit musicalement.
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De riffs imparables, des soli d’une rare violence, des effets de pédales de distorsion, Rory, c’est un style unique.
Il y a ce guitariste hors norme qui a, pardonnez moi du peu, été appelé au secours par les Stones en 75, pour remplacer Mick Taylor. Une expérience étrange où notre Rory se retrouve en pleine nuit entrain d’essayer de réveiller Keith Richards, dans un état presque comateux. Des heures à le secouer n’y feront rien...
Et celui aussi qui était admiré par Bob Dylan au point que celui ci a fait des pieds et des mains pour enregistrer une de ses chansons, « Could I Have Religion », avec Rory comme guitariste. Enregistrement qui ne s’est jamais fait.
Très ami avec Bill Wyman, Rory devait être le guitariste des Rhythm Kings. Que d’histoires encore avec ça ...
Rory Gallagher, c’était les tournées mondiales et la scène. La scène, c’est ça qu’il aimait...

Et puis, il y a l’homme.
Un puriste, désintéressé, passionné, mais aussi introverti et torturé.
Rory voulait contrôler sa musique et ses musiciens. Bon jusque là, vous me direz, c’est compréhensible.
Mais vint un moment où il a fallu laisser la place à un producteur et là.... voir Mazer aller parler au batteur ou au clavier pour lui dire de jouer ça ou ça. Ça coinçait grave, et le disque ne sonnait pas comme Rory voulait qu’il sonne et donc le mixage devenait interminable.
Il était cet être torturé qui n’enregistrait pas, même pas avec ceux qui le sollicitaient comme Dylan ou les Stones.
Il ne sortait pas de singles pour ne pas jouer le jeu des radios et avait trouvé le stratagème de les laisser enregistrer les concerts, ce qui lui permettait de passer de cette manière, tout en récupérant après les bandes. C’est pour cette raison que de nombreux concerts de Rory existent sur bande, encore inédits.
Lorsqu’il a estimé qu’il avait perdu son côté sauvage, il a viré tout son groupe et est revenu à un trio.
A cette époque on voyait arriver des genres nouveaux, des rocks fusions ou progressifs.  Mais Rory ne voulait pas céder à la mode juste pour plaire aux médias.
Il jouait ce qu’il appelait la « meat and potatoes music » c’est-à-dire la tradition américaine, les racines, la viande et les pommes de terre, le bon vieux blues.

Le stress des concerts à répétition l’a poussé à prendre des calmants qui ont détruit son foie, et malgré une transplantation réussie, un virus a eu raison de son corps affaibli.
Sa guitare s’est tue définitivement en juin 95.
Donal Gallagher, son frère, lui a dédié sa vie. Une affaire de famille, une vraie dévotion...
Grâce à lui nous avons un récit, un témoignage et même des albums posthumes.
Donal nous dit : « Pourquoi je continue à m’occuper de lui, bien qu’il soit mort ? Parce que j’ai toujours pensé qu’il y avait une certaine injustice par rapport à Rory, qu’il n’a pas eu la reconnaissance qui lui était due… Et je dirais aussi, si je ne le faisais pas, qui le ferait ? »

 

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