Frappant au coeur du heavy, Hunter maîtrise son sujet et délivre un opus authentique qui ravira les puristes.
Par Ahasverus
Hunter est formé en 2016 par cinq musiciens qui ont arpenté les scènes de Belgique au sein de différentes formations (Crusader, Monster Joe, Megasonic). Judas Priest, Iron Maiden, Manilla Road, Metal Church, Omen et Cirith Ungol font partie de leurs références.
« Death Shall Have Dominion », une demo, voit le jour en 2017. Un album éponyme suit en 2019, reprenant les trois titres de la démo et complétant la galette par quatre nouveaux morceaux. Il est suffisamment solide pour que Steel Panther se laisse aller à vanter ses qualités sur Twitter (« These guys are out of Belgium and, holy f*ck, are they good... ») !
En 2023, Hunter revient avec un nouvel album : « Rebel Angels Rise ».
Son artwork est signé par le portugais Pedro Lordigan Sena, qui a notamment illustré des albums de Kreator et d'Amon Amarth.
« Rebel Angels Rise » a été enregistré aux Soon One Studios (Essen, Belgique) puis mixé par Wim Zwarts au DiverZe de Bonheiden (Belgique). Greg Chandler, des Priory Recording Studios (Birmingham, UK), a pris en charge le mastering.
L'entame de l'opus est incisive, son agressivité n'est pas sans rappeler Judas Priest (« Wicked »).
Les pièces se succèdent avec intérêt, les guitares rythmiques ne lâchent rien (« The Forge ») et la lead part dans des développements sympathiques (« Rebel Angels Rise »). La voix de David Walgrave est typique, toujours impeccablement attachée au style.
La formation belge ne manque pas de ressources et tire son épingle du jeu dans le heavy traditionnel. Quelques arpèges lui permettent de montrer une nouvelle facette de sa musique (« Requiem »).
Un tour rapide des webzines vous permettra de constater que l'accueil de « Rebel Angels Rise » est mitigé. Si Hard Rock 80 concède « que le duo de guitaristes frise l’excellence technique », il tempère en estimant que « la musique de de Hunter manque toujours autant d’originalité ». Pour Music In Belgium, les compositions sont « tantôt directes et dévastatrices, tantôt puissantes et épiques » et le chant de David Walgrave « allie la puissance d’un Rob Halford à l’agressivité d’un Udo Dirkschneider ». Mais la revue belge déplore une production « qui ne rend pas toujours justice à la qualité des compositions et au jeu des musiciens ». Cette lacune est également soulignée par Metal Forces qui la juge « plutôt mécanique ».
Ceci ne doit pas nous faire oublier que « Rebel Angels Rise » reste musicalement plus intéressant que nombre d'albums sortis cette année par de grandes formations internationales. Frappant au coeur du heavy, Hunter maîtrise son sujet et délivre un opus authentique qui ravira les puristes. A la croisée des chemins entre Judas Priest, Iron Maiden (« Morior Invictus ») et Accept, avec une touche de Trance (le groupe de Lothar Antoni) côté guitares, « Rebel Angels Rise » a les arguments pour séduire un large public heavy et si son départ médiatique n'est pas explosif, il pourrait tout de même s'inscrire sur la durée et devenir un album culte.
Line-Up :
David Walgrave : chant
Joost Vlasschaert : guitare
Thomas Abeel : guitare
Jeroen Wauters : basse
Dries Deturck : batterie
Tracklist :
1.Wicked
2.The Forge
3.Rebel Angels Rise
4.Requiem
5.The Knight of the Black Rose, part 2
6.Suffocate
7.Morior Invictus
8. Dominion MMXXIII
Durée totale : 37mn env.
Avec un talent grand comme les cheveux de Roxy Herrera, Cobra Spell impose un album de heavy efficace jusque dans son moindre détail. Par Ahasverus
C'est avec le groupe Kiss que Sonia Anubis découvre le Metal à l'âge de quatorze ans. Sonia commence alors son parcours de musicienne autodidacte. Inspirée par Gene Simmons, elle jette son dévolu sur la basse et elle oeuvre au sein de diverses formations métalliques. Elle tient son premier poste de guitariste en 2017 au sein de Jackal, puis (on vous la fait courte) rejoint les Suissesses de Burning Witches de 2018 à 2020, ainsi que le groupe de death metal brésilien Crypta de 2019 à 2022. Si elle sait aussi jouer du synthétiseur, c'est à la guitare lead qu'elle établit sa réputation.
Parallèlement, en 2019, notre jeune Hollandaise (elle n'a que vingt-et-un ans) fonde son propre groupe. Il s'appelle Cobra Spell. Officiant dans un registre heavy 80's (on parle aussi de sleaze rock), Cobra Spell enregistre deux EP très respectables. « Love Venom » est réalisé en 2020, avec Sonia Anubis et Sebastian Silva aux guitares, Alexx Panza au chant, Angelina Vehera à la basse et Mike Verhof à la batterie. « Anthems Of The Night » suit en 2022. Sonia est à la guitare lead, Esmée van Sinderen à la guitare rythmique, Alexx Panza encore au chant, Angelina Vehera toujours à la basse, et le Français Léonard Cakolli (Adam Bomb) à la batterie. Sonia signe la musique et les arrangements, ainsi qu'une partie des textes et de la production de cet EP.
L'année 2022 est le théâtre de changement radicaux : Sonia quitte Crypta (elle restera en bons termes avec ses partenaires brésiliennes qu'elle n'hésite pas à applaudir lors de leurs concerts européens) pour se concentrer sur Cobra Spell qui connaît de gros remaniements de line-up. Fin 2022 sort le single « Flaming Heart ». Il voit l'arrivée de l'Espagnole Kristina Vega (Born In Exile) au chant et de la Brésilienne Noelle dos Anjos (Nungara) à la guitare rythmique, tandis que la batterie est créditée au nom mystérieux de Jess et qu'Angelina Vehera a conservé son poste de bassiste.
Le line-up enfin stabilisé est dévoilé courant 2023. Il est désormais 100% féminin avec, autour de Sonia à la guitare lead, Noelle dos Anjos à la guitare rythmique, Kristine Vega au chant, l'Espagnole Hale Naphtha (Tales Of Arken) à la batterie et la Vénézuélienne Roxy Herrera à la basse. (Photographie : Raquel Garcia)
A part Sonia Anubis, il ne reste dans Cobra Spell aucun des membres ayant participé à l'enregistrement des deux EP. C'est donc un tout nouveau line-up qui présente « 666 », le premier long format de la carrière de Cobra Spell, dans un artwork signé Isabella Stabile.
Enregistré aux Comeback Studios (en Espagne, pays dans lequel Sonia a passé la plus grande partie de son enfance), « 666 » a été mixé par Jens Bogren et masterisé par Tony Lindgren aux Fascination Street Studios (Arch Enemy, Kreator, Dimmu Borgir).
La sortie de l'album a été précédée de trois single-clips, avec en premier choix le titre « S.E.X.», première chanson de l'album. Noelle dos Anjos (guitare) expliquait la genèse de ce clip :
« Ce tournage vidéo a été le plus complexe et le plus long de tous car il comportait plusieurs scènes à filmer dans plusieurs endroits. Pour chaque membre du groupe, nous avions prévu des scènes représentant différents aspects du sexe et de la sensualité. L'idée initiale était que Kris se réveille entourée de filles puis traverse un couloir, regardant à l'intérieur de différentes pièces où elle nous verrait. Chacune dentre nous a eu l'occasion d'apporter sa propre pierre à l'édifice. Pour ma scène, je me suis inspirée du polémique Like a Virgin de Madonna. Ce morceau a notoirement provoqué beaucoup de buzz à l'époque. Une femme qui chante suggestivement à propos du sexe avant le mariage n'était rien de moins qu'une hérésie. J'ai choisi de jouer sur ma belle Fury, une Schecter Hellraiser rouge qui m'a été offerte par l'un de nos amis. Les détails de l'ormeau et la couleur rouge s'adaptent parfaitement à l'esthétique vidéo ! C'était le clip vidéo le plus excitant auquel j'ai eu le plaisir de participer jusqu'à présent. De la planification à l'exécution, je me suis bien amusée ! »
Ce premier clip était suivi par le très heavy « The Devil Inside Of Me », avec ses guitares rythmiques qui tricotent. Sonia Anubis confiait à propos des lyrics : « The Devil Inside of Me raconte comment une fille laisse de côté sa vie opprimée par son éducation religieuse. Elle décide de suivre son propre chemin en faisant ce qui la rend vraiment heureuse, ce qui se traduit par des tensions peu communes dans les milieux religieux. Sa famille la considère comme troublée et perdue – alors qu’en réalité, elle vit simplement sa vie librement, comme elle est censée le faire. Sa vie lui appartient. Sa famille s'éloigne d'elle en raison de ses choix. Vivre libre a parfois un coût extrêmement élevé. »
Enfin, juste avant le coup de gong, Cobra Spell revenait avec « Warrior From Hell » et son mid-tempo martelé. Un morceau à propos duquel le groupe commentait :
« Cette chanson est un véritable banger rock’n’roll ! Elle convient aux âmes les plus sauvages, aux esprits indomptés. C'est une manifestation de l'individualité et de la rébellion. Entrez en contact avec votre alter ego maléfique et libérez ce guerrier de l'enfer ! »
Cobra Spell complétait dans une newsletter postée au lendemain de la sortie du clip :
« Un morceau fougueux et heavy, inspiré à l'origine du modèle de guitare préféré de Sonia, la Jackson Warrior. Cette chanson parle d’autonomisation des femmes avec une touche diabolique qu’on adore ! Nous espérons que cela enflammera la passion et vous inspirera également. »
De ce premier long format, Cobra Spell expliquait qu'il le concevait comme « un album qui définit les conventions et se rebelle contre les limites qui nous sont imposées à nous, les femmes. C'est un voyage sonore qui embrasse le chiffre du diable comme symbole d'autonomie personnelle et de liberté. 666 n'est pas seulement de la musique ; c'est un acte de rébellion contre l'inégalité des sexes, un cri pour la liberté d'expression et un combat pour déstigmatiser l'expression sexuelle des femmes. Rejoignez-nous dans cette quête sans concession de l'égalité et de l'autonomisation. »
Surfant musicalement sur un large registre heavy 80's, Cobra Spell assemble dans un opus homogène dix morceaux qui ne se ressemblent pas. De l'intime « Fly Away » au heavy « Love Crime », du groovy « Bad Girl Crew » au nerveux « High On Love », usant parfois d'un riff qui nous rappelle que Sonia Anubis a biberonné en écoutant Gene Simmons (« Satan Is A Woman »), sortant des claviers et un saxophone qui nous évoquent le bon temps d'un Foreigner « 4 » (« Love=Love »), ou s'imposant en version girls gang des Twisted Sister (« You're a Cheater »), tout est fait avec le plus grand talent.
Par ses choix judicieux, la production permet d'apprécier au mieux le magnifique travail des orchestrations, des backing vocals purement savoureux (« Love Crime », « Satan Is A Woman », « Love=Love »), sachant parfaitement souligner le claquement de la basse ou le toucher de cymbales.
Enfin, on goûte ces guitares lead pleines de mélodie et de richesse, évoluant souvent en twins, tandis que l'épaisseur vocale de Kris Vega, particulièrement éclatante sur cet album, trouve dans les compositions un écrin à sa mesure.
Avec un talent long comme les cheveux de Roxy Herrera, Cobra Spell impose donc un album efficace jusque dans son moindre détail et passe avec aisance la barre du long format.
Habituée aux paris risqués (elle a quand même quitté coup sur coup deux formations en plein essor !) Sonia Anubis a fait les bons choix une fois de plus, marquant l'année 2023 d'un album de heavy particulièrement abouti. Ce disque est à écouter impérativement.
« 666 » sera disponible dans les formats suivants via Napalm Records :
> CD digisleeve
> Lot : CD digisleeve + t-shirt
> Vinyle rouge
> Vinyle noir
> Format digital