« Chaque musicien porte une cause à défendre, et notre cause c'est de faire partager et connaître notre culture dans le monde entier. »
Disponible depuis le 26/02/2021, "Kenz Illusion", le deuxième album de Nawather, nous rappelle que la Tunisie dispose d'une armada des plus originales et des plus redoutables, capable de porter son métal au plus haut niveau de la scène internationale. Yazid ne vous dira pas le contraire, même s'il souligne la singularité de Nawather, qui place des instruments traditionnels au centre de sa musique.
Voici son interview.
Bonjour Yazid. Myrath, Persona, Carthagods, Cartagena... Le métal tunisien a le vent en poupe à l'international. Qu'est-ce qui différencie Nawather des autres formations ? Yazid (guitare) : Ce qui nous réunit c'est notre folklore tunisien, c’est notre source principale. Par contre ce qui différencie Nawather des autres groupes c'est l'intégration du qanûn (NDLR : instrument à corde très utilisé dans le monde arabe) à notre sauce tunisienne, et ce n’est pas du tout fréquent de fusionner le métal avec un instrument aussi pertinent et distingué dans notre culture. La naissance de Nawather coïncide avec le Printemps Arabe. La Révolution du Jasmin a-t-elle eu des conséquences sur la musique Métal de manière générale en Tunisie ?
Oui, certainement. Le Printemps Arabe a eu un impact positif sur la musique Métal en Tunisie, on a pris plus de liberté pour s'exprimer et mieux passer nos messages à travers notre musique.
Votre nom vient du maqâm nawa athar, une sorte de gamme spécifique à la musique arabe. J'ai trouvé l'idée très pertinente en ce qu'elle renvoie bien à votre identité, très empreinte de folk tunisien.
Le maqâm Nawather est peu utilisé et exploité dans notre folklore, c'est très intéressant au niveau sonorité et on a bien senti qu'il représente parfaitement notre identité.
En 2016 sortait votre premier album, "Wasted Years". Comment le considérez-vous aujourd'hui et avez-vous été satisfaits de son accueil ?
"Wasted Years" c'était notre premier album, et c'est le fruit d'un expérience de chacun d’entre nous. Chaque titre représente notre vécu et ce que nous avons ressenti à une époque de notre vie. C'était le départ idéal de notre histoire musicale et on est très satisfaits des retours, surtout de ceux des pays où l'on ne s'attendait pas à avoir des réactions énormes, comme l'Amérique Du Sud, le Chili, l’Argentine, la Colombie. On a eu aussi beaucoup d'avis positifs depuis l'Europe, la France, L'Angleterre, l'Allemagne, l’Asie, le Japon... Vous sortez maintenant votre nouvel opus. Cinq ans entre les deux productions, c'est un rythme qui vous convient ?
En fait on a pris tout ce temps pour la sortie de notre deuxième album pour assurer une meilleure qualité sonore et musicale à nos auditeurs - et comme vous le savez une bonne production ça coûte cher - ce qui explique notre coopération avec le Studio Fredman, du fameux Frederik Nordstrom.
Justement, qu'est-ce qui vous a incité à solliciter Fredrik Nordstrom (Dimmu Borgir, Arch Enemy) pour la post-production ?
Tout simplement sa réputation ! Comme vous l'avez cité, il a travaillé avec des grands noms dans la scène métal et l'empreinte qu'il laisse au niveau orchestral est fantastique.
Quelle signification se cache derrière le titre "Kenz Illusion" ?
Il faut lire entre les lignes des paroles de toutes nos chansons pour révéler ce que nous voulons cacher derrière le titre de l'album. Ce que vous pouvez traduire à travers "Kenz Illusion" c'est qu'aujourd'hui on vit dans un monde d'illusions et on court toujours derrière ce qu'on ne possède pas, et on ne profite pas de ce qu'on a déjà... L'illusion d’avoir beaucoup d'argent, parce qu'on pense que ça va nous rendre heureux et nous donner du pouvoir. Je ne vous en dis pas plus !
Votre batteur Saif avançait dans une interview qu'un musicien se devait d'être un porte-parole. En quoi cela vous semble-t-il important et quelles sont les thématiques abordées par les textes de "Kenz Illusion"?
Oui tout a fait, chaque musicien porte une cause à défendre, et notre cause c'est de faire partager et connaître notre culture dans le monde entier. On pense vraiment que le nouvel album va traduire nos efforts ; à travers les textes de "Kenz Illusion' vous allez trouver qu'on parle de nos expériences, de ce qu’on a vécu ou bien de ce qu'on a vu ces cinq dernières années.
Quel était votre cahier des charges pour la réalisation de ce nouvel album ?
On a surtout focalisé sur une musique bien plus orchestrée et rythmique et sur la qualité de la production de l'album.
Quels instruments entend-on dans "Kenz Illusion" ?
Le qanûn, bien évidemment, et surtout on a ajouté des ingrédients à notre sauce, comme le oud (NDLR : autre instrument à cordes utilisé dans les pays arabes) et d'autres instruments à percussion.
Vous avez présenté "Falleg", un premier clip, et vous en préparez un second. Savez-vous quand il sortira, et à quoi peut-on s'attendre ?
Oui on prépare un deuxième clip. Il sera disponible après la sortie de l'album, mais je ne peux pas vous dire plus...
« Je peux me mettre dans la peau d’Ulysse ou dans celle d’Achille, et questionner mes propres choix de vie. »
Une interview d'Ingrid Denis C'était un soir de concert au KLUB, antre du Métal à Paris, organisé par BGP Music Live. Plusieurs formations étaient invitées, et une chanteuse de rock prog pleine de doutes se demandait si son groupe allait coller au style très Métal de la soirée. Appelons ça le trac !
Comme souvent dans ces cas-là, on observe et on se laisse porter, c’est ce qu’il y a de mieux pour se faire surprendre. Car l’affiche a tenu ses promesses de diversité musicale, et fut l’occasion de rencontrer de joyeuses personnalités en coulisses.
Ce soir-là donc, il y avait le groupe de Post Metal MARCH OF SCYLLA, venu tout spécialement d’Amiens pour leur seconde date dans la capitale. Les côtoyer quelques heures, c'est apprécier leur gentillesse, admirer leur talent, et être bluffés par leur sens du casting : on ne s’attend pas en effet à tomber sur les Sons Of Anarchy en plein Paris !
Après 2 EPs remarqués, leur premier album, ANDROMEDA, sort le 7 mars 2025, et loin des rades poussiéreux de trafiquants Californiens, c'est plutôt du côté de la Grèce et de ses contes mythologiques que le combo a puisé pour façonner son univers mystique et puissant, alliant la complexité du son et la réflexion sur la nature humaine. Le résultat est envoûtant, et vous colle à l’esprit autant qu’il suscite de frissons devant l’intensité des riffs et du chant.
Pour vous aider à mesurer leurs qualités, sachez qu’ils sont signés chez KLONOSPHERE, excellent promoteur de la scène française Métal la plus pointue, tendance haute couture : KLONE bien sûr, mais aussi MAUDITS, NO TERROR IN THE BANG, ou encore SEEDS OF MARY sont dans le roster. En pleine ascension, ces gars-là sont bien partis pour décrocher leur place dans la constellation des meilleurs du genre, et devenir ainsi, on leur souhaite, les futurs GOJIRA ?
En attendant, la chanteuse plutôt curieuse se propose de prendre sa plume d’intervieweuse pour Ahasverus-Métaux en tous genres, afin de mieux faire connaissance avec les Amiénois.
Qui sont-ils, d'où viennent-ils, formidables métalleux des temps nouveaux ?
Ingrid : Allez, on va commencer par la sortie de cet album, le tout premier de votre formation actuelle, tout premier avec la promo intense qui s’annonce... Comment vous sentez-vous ? Flo (chant) : Salut Ingrid, et merci pour la sympathique entrée en matière… Bah écoute, super bien, mais effectivement assez impatients d’avoir des retours sur l’album… Quand on a travaillé et investi autant pour cinquante minutes de musique, on est forcément un peu fébriles… Ingrid : Est-ce que vous faites du Métal depuis toujours, ou vous êtes passés par d’autres styles ? Quel est votre parcours musical ? Flo : Pour ma part depuis toujours, oui… à la fin des 90’s je faisais des reprises de grunge ou de Deftones… Ensuite on a tous eu pas mal de groupes qu’il serait trop long de citer… du death, du prog, du stoner, du psyché, et même de la cold wave pour moi ! Donc beaucoup d’aspects du rock et du métal… Ingrid : Comment s'organise la composition chez March Of Scylla : un seul orfèvre à la musique, ou un travail collectif puis les lignes de chant ? Qui décide des samples, comment sont-ils produits (clavier, autre) ? Flo : On fonctionne quasiment toujours de la même façon… Chris écrit la musique dans les grandes lignes en commençant par guitare et samples… ensuite on discute des structures, Gilles adapte la drum en modifiant certaines rythmiques et je termine par les voix.
Ingrid : Quel est votre morceau favori de l’album, et pourquoi ? Pour ma part j’adore le tortueux BLaAST, ou encore le combo MYRRAH/COSMOGONY avec l’intro rythmique du dernier et son refrain qu’on reprendrait bien dans la foule en festival. Il y a aussi un petit intermède un peu à part sur l’album, “TO CASSIOPEA”, comme un moment d’invocation, qui me fait penser un peu à du Dead Can Dance. Quelle était l’idée derrière, comment l’avez-vous pensé et intégré, et pourquoi pas plus long ? Flo : Déjà, c'est super, deux des morceaux que tu cites font partie de mes préférés de l'album. “To Cassiopeia” a été pensé pour être l’intro de Dark Matter. C'est un morceau interlude avec uniquement des voix et différents effets. Je voulais une ambiance de voyage spatial et spirituel… on se promène entre les astres, on est aspiré dans le vide et le froid spatial tout en étant transcendé par cette beauté… jusqu'à mon questionnement sur la matière noire , son rôle dans la structuration de l’univers et sa possible déification pour moi. Ingrid : Après avoir confié les mix et mastering de vos précédents EPs à Francis Caste, cette fois vous avez opté pour faire la totalité de la production avec lui. Pouvez-vous nous raconter cette expérience ? Comment cela s'est déroulé, combien de temps, et ce que cela vous a apporté techniquement ou autre, chacun à votre poste ? Quel est le niveau de satisfaction : smiley jaune orange rouge ? Flo : Oui, énorme boulot ! Comme pour Dark Myth on a fait les prises drum chez Francis en une semaine… Énorme boulot pour Gilles mais ça permet de poser le jeu et de faire des choix, notamment grâce à son expérience. Les guitares, la basse et les voix ont été enregistrées en août dans nos Home studios respectifs à Chris et moi. Ensuite Francis a bossé quinze jours dessus pour tout intégrer et “faire de la couture”, comme il dit… C'est vraiment un travail considérable, pour lui comme pour nous car on n'a pas forcément la même idée du morceau au même moment. Alors il faut faire des choix, parfois les défendre, mais aussi faire confiance à l’expertise d’un pro… Au final on est ravi ! Maiiis il y a toujours deux ou trois trucs que personne n’entendra qu’on aurait peut être pu modifier un chouille… enfin, le mieux étant l’ennemi du bien, à un moment il faut y aller ! « Le fil conducteur, si on devait en trouver un, serait dans les histoires de personnages féminins de l’antiquité. » Ingrid : Vous aviez un autre guitariste à l’origine du groupe apparemment, est-ce que vous avez pensé à en intégrer un nouveau depuis son départ, ou la formule à quatre vous convient ? Flo : Oui en effet… on était inquiet après son départ, et indécis. Mais les retours qu’on a eu à cette époque étaient très bons sur le son. Et le groupe a vraiment pris un gros gap à ce moment-là. on a beaucoup tourné et on s'est rendu compte que la formule fonctionnait mieux… On ne reviendra sans doute plus jamais en arrière. Ingrid : Question growl : comment as-tu commencé à saturer ? C'est une technique qui te venait naturellement ou tu l'as ajoutée en prenant des cours spécifiques ? Flo : Il y a énormément de techniques de saturation, et certaines que je ne maîtrise pas ou qui ne m’intéressent pas… Personnellement j’en utilise trois : le growl death très grave que j'utilise peu car très death justement (sur l’album un peu à la fin de Death Experience), le scream hurlé qui est mon chant principal avec le chant clair, et le clair semi-saturé, celui des refrains en général… Je n’ai jamais pris de cours pour les growls. Certaines techniques sont arrivées très jeune, d’autres plus tard, à force de tester des choses et d’avoir des projets différents. Mais le plus technique reste finalement le chant clair… Ingrid : Cet album est une continuité de l’EP “Dark Myth”, est-ce que ce sont des histoires indépendantes ou il y a un fil conducteur, quelque chose qu’il fallait approfondir ? Flo : Hum… la continuité c'est certain. The Royal Way a été écrite juste après Dark Myth. Le fil conducteur, si on devait en trouver un, serait dans les histoires de personnages féminins de l’antiquité ayant vécu des épreuves incroyables et s’en étant plus ou moins sorties, mais sans jamais renoncer...
Ingrid : Pour écrire sur ces mythes, quels ont été tes supports ? Es-tu parti seulement des Métamorphoses d’Ovide, ou as-tu été inspiré par d'autres adaptations comme des pièces de théâtre par exemple (Racine, Anouilh), ou des films ? Tu relies ces thèmes à l'actualité, à l'expérience personnelle ? Flo : Chris (guitares) est prof de philosophie. Quant à moi je suis plutôt historien de formation, et assez friand de récits comme l’Iliade et l'Odyssée d’Homère… En général quand quelque chose me touche dans ma vie personnelle ou dans l’actualité, je me demande si cette histoire n’existe pas déjà, et je fais des liens. Je peux me mettre dans la peau d’Ulysse (Ulysses'Lies) ou dans celle d’Achille (Achilles’Choice), et questionner mes propres choix de vie. Ingrid : Pourquoi ce personnage d'Andromeda comme titre d’album, elle qui n’a pas de chanson dédiée ? Que représente-t-elle pour l’album ? Flo : Je voulais un personnage féminin antique ayant subi une épreuve en faisant preuve de courage. Ce qui m’intéressait était également que son nom soit celui de la galaxie la plus proche de la nôtre puisque c'est un thème que l'on retrouve dans l’album. Faire un lien entre les mythes anciens et le cosmos. Ingrid : Les visuels de Pierre Gacquer sont magistraux, presque hypnotiques, avec une esthétique 3D. Vous avez gardé la même ligne artistique que pour DARK MYTH. Imaginez-vous qu’il puisse y avoir un clip animé issu de l’univers graphique de Pierre, comme chez Tesseract ou Sleep Token ? (NDLR : question posée juste après le premier clip) Flo : Merci. Oui tout à fait, c'est ce que nous avons fait avec Storm Dancer. Nous avons un ami, Médéric Harvard, dont c'est le métier. Ça donne un côté comic book vraiment sympa.
Ingrid : Vous avez choisi de lancer une cagnotte Ulule, ce qui est toujours un pari pour un groupe indé. Vous avez douté du succès de la collecte ou vous saviez que ça allait fonctionner, de fédérer autour de votre projet artistique ? Flo : Haha ! On doute de tout quand on est artiste ! Est ce que les gens vont adhérer à notre musique, à notre univers, à notre esthétique ? Tu as beau avoir des retours super positifs, on est si nombreux sur le marché qu'il est compliqué de savoir comment ça va se passer à l'avance. Mais pour le coup on a été très agréablement surpris par la cagnotte. Enfin, on a eu peur aussi, mais c'est normal, ça se remplit surtout vers la fin… En tous cas, objectif atteint de ce côté-là ! Ingrid : Et donc depuis l’EP DARK MYTH vous avez signé chez KLONOSPHERE, LE label frenchie métal que le monde s'arrache. Comment s'est passée la rencontre avec eux ? Vous avez vu Guillaume Bernard dans un bureau avec du Champagne et des tapas ? Est-ce qu'ils ont participé de près ou de loin à la production de l'album, vont-ils s'occuper de la distribution, dans quelle mesure, etc ? Flo : Oui, ça c'était vraiment la bonne surprise de l'année dernière ! Il nous fallait absolument un contrat de distribution pour obtenir des subventions. Perso j'étais fan déjà, et donc je misais gros sur ce label. C'est Adrien, de Victory Vision Agency, chez qui on est signé également, qui s'est occupé des démarches. Et Guillaume nous a fait confiance pour l'album à partir de trois titres entendus en pré prod ! « Maintenant pour nous l'essentiel est de faire découvrir notre musique. » Ingrid : Question Antigone : On a vu récemment Joe Duplantier dans une campagne militante vegan, on pense aussi à Steven Wilson sur le même thème, ou encore Corey Taylor sur celui de la santé mentale. Pensez-vous que la scène Métal soit en évolution quant à la prise de parole des artistes ? Est-ce que finalement c'est “Métal” d'être militant, et pourriez-vous vous aussi être aussi engagés publiquement ? Flo : Pour commencer à se positionner publiquement, il faut quand même déjà un certain niveau de notoriété, sinon ça n'a absolument aucun intérêt. Je trouve ça bien que certains le fassent même si on l'a vu, ça n'a quand même que très peu de répercussion. Je ne pense pas me tromper en me disant que nous nous sentons concernés par les droits des femmes et la protection de l'enfance. La montée du fascisme m'inquiète également au plus haut point. Maintenant pour nous l'essentiel est de faire découvrir notre musique. Si à un moment on nous prête une oreille attentive pourquoi pas…
Merci beaucoup Flo ! Vous pourrez également retrouver MARCH OF SCYLLA en live pour le ANDROMEDA TOUR, voici les premières dates annoncées :
« Nous apprenons chaque jour avec nos points communs et nos différences. »
Interview réalisée par mail par Ahasverus courant février 2024.
Fin 2023, Cobra Spell, dans un line-up remanié et entièrement féminin, sortait son premier long format. Un album si chaleureusement accueilli qu'il voyait la jeune formation propulsée en couverture de l'édition espagnole de Metal Hammer. Et si « 666 » était un chiffre porte-bonheur ?Noelle dos Anjos (guitare) a bien voulu nous dire quelques mots à propos de ce jeune opus. Ahasverus : Bonjour Noelle dos Anjos. Comment vous sentez-vous après la sortie de « 666 », le premier album de Cobra Spell ? Noelle dos Anjos : Bonjour ! Wow, nous sommes tellement excitées de pouvoir enfin libérer notre petite bête dans le monde. C’est tellement encourageant de recevoir autant de critiques incroyables, de commentaires positifs et de critiques constructives à propos de notre disque. Cela semble toujours surréaliste de figurer dans autant de magazines et même d’apparaître en couverture ! Nous sommes très reconnaissantes du soutien insensé des fans et des médias internationaux. Ahasverus : « 666 » c'était un nouveau line-up pour Cobra Spell. Dans quel état d’esprit avez-vous construit cet album ? Noelle dos Anjos : Oui ! Nous nous sentons tellement en confiance avec ce nouveau line-up. Nous avons un grand sens du travail d’équipe, nous nous soucions profondément les unes des autres et de tout ce que nous créons ensemble. Je crois que la connexion que nous partageons et le même état d’esprit nous ont vraiment aidés lors de la création de « 666 ». Ce fut une belle opportunité pour nous de mieux nous connaître et de nous plonger dans le processus créatif. COBRA SPELL avec, de gauche à droite Noelle dos Anjos (guitare), Hale Naphtha (batterie), Kristine Vega (chant), Sonia Anubis (guitare) et Roxy Herrera (basse). Photographie : Raquel Garcia Ahasverus : A part Sonia Anubis qui est hollandaise, le reste du groupe est plutôt latin (Espagne, Brésil, Venezuela). Ce mélange de cultures et de nationalités a-t-il un impact sur l'univers de Cobra Spell ? Noelle dos Anjos : Cela a un impact très positif ! Nous apprenons chaque jour avec nos points communs et nos différences. Malgré nos horizons si différents, notre passion pour la musique heavy nous unit et nous fait avancer. Nous avons vécu beaucoup de choses dans nos propres vies et sur la scène heavy metal. En tant que femmes, nous pouvons comprendre énormément de choses dans les luttes passées et présentes de chacune. Le fait d'être originaires de pays différents nous aide simplement à garder notre esprit et notre cœur ouverts pour apprendre les unes avec les autres et évoluer en tant que groupe. Ahasverus : L’amour et le désir sont presque un fil conducteur pour l’album « 666 ». Certaines chansons sont légères, d’autres, comme « Love=Love » et « The Devil Inside Of Me », semblent plus engagées… Noelle dos Anjos : Oui, avoir un bon mix de différents thèmes dans l'album a non seulement apporté plus de saveur à l'opus dans son ensemble, mais nous a également aidé à explorer différents aspects de notre propre créativité. Dans « 666 », il y a des chansons où l'on parle d'expériences personnelles, d'amour, de relations plus ou moins sérieuses, comme « The Devil Inside of Me », qui s'intéresse à un mouton noir dans un environnement religieux familier.
Ahasverus : On entend un saxophone sur « Love=Love ». Cela m'a rappelé la chanson « Urgent » de Foreigner. Comment est née cette idée d’utiliser un saxophone ? Noelle dos Anjos : C’est une idée très spontanée qu’a eue Sonia en studio. Elle envisageait en fait d'improviser un solo de guitare dans cette section, mais elle a ensuite pensé qu'un solo de saxophone correspondrait très bien à ce morceau d'AOR. Heureusement, notre producteur Alejandro Gabasa a des contacts fantastiques et connaît des musiciens à Madrid, nous avons donc fait appel à un saxophoniste qui a fait un travail incroyable sur la chanson. Ahasverus : Comment Sonia et vous vous êtes-vous réparties le travail des guitares sur cet album ? Noelle dos Anjos : La plupart des guitares rythmiques de cet album ont été écrites par Sonia, à l'exception de « Love Crime », qui a été écrite par Sonia et moi. Côté enregistrement, Sonia a enregistré toutes les guitares rythmiques dans « 666 », ainsi que ses leads et solos de guitare. J'ai rejoint le studio de Madrid pour enregistrer mes propres solos. C'était vraiment excitant de voir les différents styles de solo que chaque guitariste apportait à cet album. Nous aimons la façon dont ils contrastent et se complètent ! Ahasverus : Qu'allez-vous faire durant les six prochains mois ? Noelle dos Anjos : Nous travaillons actuellement sur la production de nos prochains shows pour promouvoir « 666 ». Nous aurons un spectacle complètement différent en 2024, avec une nouvelle setlist, une scénographie et bien plus encore ! Nous sommes ravies des shows que nous vous réservons et nous avons hâte d’offrir une expérience inoubliable à tous ceux qui nous verront en live ! Pour l'instant, nous avons une tournée en Espagne prévue pour avril et quelques dates en Allemagne (NDLR : et une date en France, au South Troopers Festival de Marseille). Gardez un œil sur la suite ! Ahasverus : Merci Noëlle dos Anjos d'avoir pris le temps de répondre à mes questions. Noelle dos Anjos : Merci de nous accueillir et de nous donner un espace pour promouvoir notre album. Ce fut un plaisir ! Photographie : Raquel Garcia