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Interviews
LES INTERVIEWS DU 16 MAI 2024 (Paris - Les Etoiles)
Le 24/05/2024
Par Dam'Aël
On les espérait...
On les attendait...
Quand le rêve devient réalité grâce à l'initiative d'Olivier Garnier (Replica Promotion) et Pascal Larre !
Réunis sous les mêmes étoiles ce 16 mai 2024, The Special Guest Furies sur proposition de Pascal en première heure et Wings of Steel pour 90 minutes de show initié par Olivier, les deux formations ont fait chauffer les planches de la petite salle Les Etoiles du Xème arrondissement.
FURIES
Furies surgit sous la forme désormais d'un quintet revu et corrigé pour les 3/5èmes de son line-up puisque Zaza Bathory (Elisabeth Lavarenne) fondatrice du groupe en 2013, derrière les fûts et Guillaume Jockey , guitariste sont les membres les plus anciens rescapés des différents changements intervenus depuis ces quelques années.
Dès lors, Furies, c'est en 2024 :
Zaza BATHORY : batterie
Guillaume Jockey : guitare
Cheyenne Janas : chant
Lucie Sue : basse et chœurs
Fred BEND : guitare
Lors de cette rencontre, Zaza et Lucie m'ont accordé quelques instants après leur concert pour répondre à quelques questions et apporter un certain nombre d'informations.
L'interview de Zaza :
L'interview de Lucie :
WINGS OF STEEL
Inutile de vous préciser que le noyau dur de cette rencontre musicale parisienne était la découverte en chair et en os de ces jeunes Californiens qui ont investi la scène internationale depuis peu puisque leur formation remonte à 2019, la diffusion de leur premier EP éponyme WINGS OF STEEL à 2022 et leur premier album GATE'S OF TWILIGHT inonde en 2023, d'abord très discrètement puis en mode crue non pas dévastatrice mais salvatrice, les réseaux sociaux et plateformes de streaming pour le plus grand bonheur d'entre nous, fans de Hard Rock Oldschool, de heavy metal, de NWOBHM, et même de blues.
Etant un groupe indépendant avec toutes les difficultés que cela comporte en terme de distribution d'albums, de dates de concerts, et de financement d'un point de vue général, le mur des difficultés était relativement imposant pour craindre de ne pas voir WINGS OF STEEL dans nos contrées. Mais que nenni ! C'est sous-estimer le duo passionné mais encore plus motivé à en découdre coûte que coûte (ils ont tout financé eux-mêmes) et quels que soient les efforts à fournir.
Un travail titanesque sera délivré par le duo pour organisé le Gates Of Twilight Tour, avec un European Tour en Allemagne (8 dates), en Belgique (1 date) et en France avec deux dates : la première le 16 mai à Paris, la seconde le 17 mai au Splendid Lille. Cette tournée de 11 dates réunira les cinq membres live, évidemment le noyau central et irréductible Leo Unnermark/Parker Hulab ainsi que Stefan Bailet à la guitare rythmique (Suisse vivant à Los Angeles), Marcel Binder à la batterie (Allemagne) et Mathieu Trobec à la basse (Belgique). Un groupe international d'autant que Léo né en Suède, dont les études musicales ont été faites à Los Angeles, vit désormais en Allemagne et que Parker est bien ancré sur les terres de Los Angeles. On peut imaginer le budget "Déplacement" pour les répétitions en physique et les live sur scènes. Pour les Américains, des dates sont prévues au cours du dernier trimestre 24.
En résumé sur la tournée 2024 :
Leo UNNERMARK : chant
Parker HULAB : lead guitare
Stephan John-Bailet : guitare rythmique
Marcel Binder : batterie
Mathieu TROBEC : basse
Le quintet a présenté un show des plus énergiques, puissant, aux vibrations magiques et renversantes, le tout couronné d'une émotion évidente et d'une joie palpable d'être sur le sol parisien parmi 330 personnes déchainées, heureuses, en parfaite harmonie et synthonie avec le groupe. Un véritable échange de passion et d'énergie couplé de reconnaissance de part et d'autre.
Lors des balances, j'ai pu interviewer Léo - dans un créneau horaire particulier, venant de St Raphaël (Var) et ne pouvant être présente la veille - dont je vous livre l'intégralité sous forme d'un montage video ci-après.
Merci à tous pour votre bienveillance et votre talent.
- https://www.facebook.com/OfficialWingsofSteel
- https://www.facebook.com/furiesofficial
- https://www.facebook.com/OlivierGarnier91
- https://www.facebook.com/profile.php?id=100072153556566 (REPLICA)
- https://www.facebook.com/profile.php?id=1259294883 (P. LASSARE)
- https://www.facebook.com/EtoilesParis
- https://www.etoiles.paris/contact
- https://www.facebook.com/groups/182434528136 (Bad Reputation)
COBRA SPELL : interview de Noelle dos Anjos
Le 23/02/2024
« Nous apprenons chaque jour avec nos points communs et nos différences. »
Interview réalisée par mail par Ahasverus courant février 2024.
Fin 2023, Cobra Spell, dans un line-up remanié et entièrement féminin, sortait son premier long format. Un album si chaleureusement accueilli qu'il voyait la jeune formation propulsée en couverture de l'édition espagnole de Metal Hammer. Et si « 666 » était un chiffre porte-bonheur ? Noelle dos Anjos (guitare) a bien voulu nous dire quelques mots à propos de ce jeune opus.
Ahasverus : Bonjour Noelle dos Anjos. Comment vous sentez-vous après la sortie de « 666 », le premier album de Cobra Spell ?
Noelle dos Anjos : Bonjour ! Wow, nous sommes tellement excitées de pouvoir enfin libérer notre petite bête dans le monde. C’est tellement encourageant de recevoir autant de critiques incroyables, de commentaires positifs et de critiques constructives à propos de notre disque. Cela semble toujours surréaliste de figurer dans autant de magazines et même d’apparaître en couverture ! Nous sommes très reconnaissantes du soutien insensé des fans et des médias internationaux.
Ahasverus : « 666 » c'était un nouveau line-up pour Cobra Spell. Dans quel état d’esprit avez-vous construit cet album ?
Noelle dos Anjos : Oui ! Nous nous sentons tellement en confiance avec ce nouveau line-up. Nous avons un grand sens du travail d’équipe, nous nous soucions profondément les unes des autres et de tout ce que nous créons ensemble. Je crois que la connexion que nous partageons et le même état d’esprit nous ont vraiment aidés lors de la création de « 666 ». Ce fut une belle opportunité pour nous de mieux nous connaître et de nous plonger dans le processus créatif.
COBRA SPELL avec, de gauche à droite Noelle dos Anjos (guitare), Hale Naphtha (batterie), Kristine Vega (chant), Sonia Anubis (guitare) et Roxy Herrera (basse). Photographie : Raquel Garcia
Ahasverus : A part Sonia Anubis qui est hollandaise, le reste du groupe est plutôt latin (Espagne, Brésil, Venezuela). Ce mélange de cultures et de nationalités a-t-il un impact sur l'univers de Cobra Spell ?
Noelle dos Anjos : Cela a un impact très positif ! Nous apprenons chaque jour avec nos points communs et nos différences. Malgré nos horizons si différents, notre passion pour la musique heavy nous unit et nous fait avancer. Nous avons vécu beaucoup de choses dans nos propres vies et sur la scène heavy metal. En tant que femmes, nous pouvons comprendre énormément de choses dans les luttes passées et présentes de chacune. Le fait d'être originaires de pays différents nous aide simplement à garder notre esprit et notre cœur ouverts pour apprendre les unes avec les autres et évoluer en tant que groupe.
Ahasverus : L’amour et le désir sont presque un fil conducteur pour l’album « 666 ». Certaines chansons sont légères, d’autres, comme « Love=Love » et « The Devil Inside Of Me », semblent plus engagées…
Noelle dos Anjos : Oui, avoir un bon mix de différents thèmes dans l'album a non seulement apporté plus de saveur à l'opus dans son ensemble, mais nous a également aidé à explorer différents aspects de notre propre créativité. Dans « 666 », il y a des chansons où l'on parle d'expériences personnelles, d'amour, de relations plus ou moins sérieuses, comme « The Devil Inside of Me », qui s'intéresse à un mouton noir dans un environnement religieux familier.
Ahasverus : On entend un saxophone sur « Love=Love ». Cela m'a rappelé la chanson « Urgent » de Foreigner. Comment est née cette idée d’utiliser un saxophone ?
Noelle dos Anjos : C’est une idée très spontanée qu’a eue Sonia en studio. Elle envisageait en fait d'improviser un solo de guitare dans cette section, mais elle a ensuite pensé qu'un solo de saxophone correspondrait très bien à ce morceau d'AOR. Heureusement, notre producteur Alejandro Gabasa a des contacts fantastiques et connaît des musiciens à Madrid, nous avons donc fait appel à un saxophoniste qui a fait un travail incroyable sur la chanson.
Ahasverus : Comment Sonia et vous vous êtes-vous réparties le travail des guitares sur cet album ?
Noelle dos Anjos : La plupart des guitares rythmiques de cet album ont été écrites par Sonia, à l'exception de « Love Crime », qui a été écrite par Sonia et moi. Côté enregistrement, Sonia a enregistré toutes les guitares rythmiques dans « 666 », ainsi que ses leads et solos de guitare. J'ai rejoint le studio de Madrid pour enregistrer mes propres solos. C'était vraiment excitant de voir les différents styles de solo que chaque guitariste apportait à cet album. Nous aimons la façon dont ils contrastent et se complètent !
Ahasverus : Qu'allez-vous faire durant les six prochains mois ?
Noelle dos Anjos : Nous travaillons actuellement sur la production de nos prochains shows pour promouvoir « 666 ». Nous aurons un spectacle complètement différent en 2024, avec une nouvelle setlist, une scénographie et bien plus encore ! Nous sommes ravies des shows que nous vous réservons et nous avons hâte d’offrir une expérience inoubliable à tous ceux qui nous verront en live ! Pour l'instant, nous avons une tournée en Espagne prévue pour avril et quelques dates en Allemagne (NDLR : et une date en France, au South Troopers Festival de Marseille). Gardez un œil sur la suite !
Ahasverus : Merci Noëlle dos Anjos d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Noelle dos Anjos : Merci de nous accueillir et de nous donner un espace pour promouvoir notre album. Ce fut un plaisir !
Photographie : Raquel Garcia
COLINE MAGNOLON, coach scénique
Le 21/12/2023
« Mon travail c'est d'établir un lien entre ce qu'on veut montrer et ce qu'il est possible de mettre en place pour y arriver. »
Qu'est-ce que la scénographie ? A qui s'adresse le coaching scénique ? A quel moment y avoir recours et faut-il disposer d'un local spécial ? Comment se déroule une séance et combien ça coûte ? La lyonnaise Coline Magnolon a répondu aux questions que se posait Ahasverus sur le coaching d'expression scénique, une discipline en voie de développement.
Par Ahasverus
Ahasverus : Bonjour Coline Magnolon. Qu'est-ce qu'est-ce que l'expression scénique et quels domaines votre coaching vise-t-il ?
Coline Magnolon : L'expression scénique c'est ce qui permet, lorsqu'on est sur scène, de transmettre un propos, une émotion ou juste une impression. Ça passe par la façon de parler, de chanter, la posture, le visage, la façon de se mouvoir. C'est un langage à part entière qu'une personne sur scène doit apprendre à parler pour faire passer son message artistique et surtout doit faire comprendre à son public. Et en l'occurrence, l'expression scénique concerne tous les artistes qui proposent un spectacle vivant ! (comédiens, danseurs, musiciens, circassiens...)
Ahasverus : J'ai vu le mot "scénographie" sur votre flyer. Pouvez-vous m'expliquer ce que c'est ?
Coline Magnolon : La scénographie c'est l'art de mettre en place l'espace scénique. Car dans tout spectacle proposé, il y a une vraie logique à décider si telle personne est placée à cet endroit de la scène, si on utilise telle lumière à tel moment pour souligner tel passage du spectacle... Et mon travail c'est justement d'établir un lien entre ce qu'on veut montrer et ce qu'il est possible de mettre en place pour y arriver. Moi je me concentre sur l'expression scénique avec la ou les personnes, mais je suis aussi amenée à questionner l'utilisation des instruments, des accessoires, des lumières afin de créer une cohérence sur le spectacle.
Ahasverus : Le coaching scénique s'adresse plutôt aux débutants, non ?
Coline Magnolon : On a tort de penser ça ! Évidemment si vous vous lancez tout juste dans les live, j'aurai beaucoup de choses à vous apprendre sur la façon de développer votre expression scénique, néanmoins il y a beaucoup d'artistes bien rodés qui souhaitent affiner leur personnage, ou au contraire qui peuvent avoir l'impression d'être bloqués dans une image donnée et qui ne savent pas comment la faire évoluer. Et puis si on parle d'un groupe d'artistes, d'un groupe de musiciens, il y a tout un travail de cohésion à conforter.
Ahasverus : Quel parcours vous a conduit au coaching ?
Coline Magnolon : J'ai commencé la danse très jeune et je suis donc montée sur scène très tôt. Au fil des ans, en multipliant les expériences, j'ai pu faire encore plus de scène, que ce soit par la danse, par la musique, par le théâtre. Par la suite, avec mon activité professionnelle (animatrice de danse et chorégraphe), j'ai été amenée à faire monter sur scène différents artistes, petits et grands, débutants ou confirmés. Et de ce fait, c'est chaque saison que je suis amenée à coacher mes artistes danseurs pour leur spectacle de fin d'année ! Maintenant j'ai à cœur de développer ce coaching vers d'autres domaines artistiques, notamment la musique que j'ai déjà touché du doigt à quelques occasions.
Ahasverus : Je ne suis pas très sportif et je ne sais pas danser. Vais-je quand même pouvoir profiter de vos cours ?
Coline Magnolon : Et comment! Mon credo c'est de travailler avant tout avec les compétences que vous avez. Vous ne pouvez pas toucher le bout de vos orteils en ayant les jambes tendues ? Qu'à cela ne tienne ! Votre headbang se fera les genoux pliés et on donnera de l'amplitude au mouvement en se servant du dos ! Après, si deux head bang vous mettent dans le rouge niveau souffle, on peut peut-être s'envisager quelques petites séances de respiration en parallèle du travail scénique.
Ahasverus : Comment se déroule une séance ?
Coline Magnolon : Avant tout, on discute ! J'ai besoin de savoir quelles sont vos attentes (par exemple : j'aimerais être plus mobile, moins timide, qu'on me comprenne bien, qu'on communique plus entre les membres du groupe...), et on doit définir s'il s'agit de travailler sur l'expression scénique en général ou s'il s'agit de travailler spécialement pour un spectacle, un concert ou une musique donnée, auquel cas on se concentre vraiment sur un propos, un message. Ensuite cela se présente comme une répétition : vous me montrez ce que vous faites, comment vous le faites et moi j'ajuste, je précise, je conseille, je montre, bref, on travaille ensemble pour améliorer le chemin corporel et le rendu visuel.
Ahasverus : Je souhaite prendre des cours, ai-je besoin d'une scène ?
Coline Magnolon : Si vous souhaitez que nous travaillions pour un concert en particulier, une résidence permettrait d'être en conditions réelles avec la possibilité de créer des liens aussi avec l'ingé-lumière ou l'ingé-son par exemple. Cependant, mon travail s'intéresse à votre façon de jouer, de bouger, et ceci peu importe le contexte. On travaillera aussi bien dans une salle de spectacle que dans un jardin!
Ahasverus : Je suis sur Lyon, avez-vous un local pour me recevoir ?
Coline Magnolon : Je n'ai pas de local personnel. Mais si votre salle de répétition habituelle n'est pas disponible, je peux tout aussi bien me déplacer à votre domicile ! Je peux même vous aider à pousser le canapé du salon s'il faut un peu plus de place !
Ahasverus : Je ne suis pas sur Lyon, jusqu'où vous déplacez vous ?
Coline Magnolon : Je n'ai pas de limite géographique. En fonction de votre localité, il suffira de prendre en charge le défraiement pour ma venue.
Ahasverus : Je prepare un clip. Pouvez-vous m'être utile ?
Coline Magnolon : Bien sûr ! Un clip, c'est la belle vitrine qui donne envie d'entrer dans le magasin, donc autant la soigner ! Dans ce contexte, il s'agira plus d'une direction d'acteurs, mais le travail reste le même : vous aidez à véhiculer votre idée, votre propos.
Ahasverus : Allez-vous me demander d'investir dans du matériel ?
Coline Magnolon : Pas particulièrement. Comme je l'ai dit précédemment : je fais avec ce que vous êtes et ce que vous avez. Si vous disposez uniquement de votre guitare et de votre enceinte, on articulera notre travail en fonction. Après, je peux être amenée à vous suggérer de vous munir de tel accessoire, telle tenue, ou tel éclairage, mais ce ne seront que des suggestions, jamais une obligation pour notre travail ensemble.
Ahasverus : Combien de séances et quel budget dois-je prévoir pour être coaché efficacement ?
Coline Magnolon : Cela fait partie de la fameuse discussion que nous devons avoir en amont de notre collaboration ! Car cela dépend de ce que vous attendez de moi : est ce pour vous tout seul, personnellement ? Pour votre groupe ? Pour un concert, une musique en particulier ? J'ai eu l'occasion de travailler "fidèlement" avec un groupe sur plusieurs années : j'ai travaillé avec chacun des musiciens pour développer leur expression scénique, mais nous avons aussi travaillé sur des clips, sur des live précis dont les contraintes étaient particulières... Et j'ai également travaillé de façon ponctuelle avec des chanteurs qui voulaient affirmer leur posture en parallèle de leur technique vocale. Néanmoins pour vous répondre quant à mes tarifs, je fais habituellement payer 50€ la séance (par personne), mais comme je lance tout juste cette activité de façon officielle, jusqu'au mois de juin 2024, je fais profiter d'un tarif à 20€ par personne en échange de l'autorisation de prendre quelques photos et vidéos de nos sessions.
Ahasverus : Quel est le meilleur moment pour avoir recours à un coach scénique ?
Coline Magnolon : Il n'y a pas de "meilleur moment" en soi. C'est avant tout une démarche personnelle: vous savez en votre for intérieur que vous pouvez faire mieux, donner plus, alors je suis là pour vous aider à vous développer, encore une fois que ce soit en vue d'un spectacle particulier ou simplement pour vous sentir plus à l'aise.
Ahasverus : Vous venez du jazz, je suis un groupe de metal. Est-ce une culture que vous connaissez ?
Coline Magnolon : Danse modern jazz, on peut penser que c'est essentiellement du jazz, mais non ! N'en déplaise aux puristes dans le domaine, la danse modern jazz est tellement métissée de nos jours qu'elle ouvre la porte à une grande diversité musicale. Personnellement, j'ai toujours été très intéressée par la découverte de nouvelles sonorités et des nouveaux univers qui en découlent. Et ma curiosité ne fait que s'accroître au fil du temps ! Je n'ai pas la prétention de dire que je connais tous les codes qui régissent tel ou tel univers (le jazz, l'urbain, le classique, le metal...), mais je ne demande qu'à découvrir et acquérir encore plus de savoir. Petite anecdote par ailleurs : étant jeune, les tout premiers albums que je me suis achetée dès que j'ai pu, c'était Hybrid Theory de Linkin Park et Mutter de Rammstein... ça vous montre l'affinité que j'ai pour le milieu en tout cas !
Ahasverus : Dans votre flyer vous parlez de créer une synergie entre les membres d'un groupe. Qu'entendez-vous par là ?
Coline Magnolon : Il existe de nombreux groupes dont les membres ont des styles très différents et pour autant, ils sont capables de générer une énergie commune pour construire un univers qui leur est propre. C'est ça une synergie dans un groupe : combiner tout ce qui fait chaque membre pour créer un unisson visuel et sensitif. Je parlais de langage tout à l'heure : je pense qu'il est important de savoir si on utilise tous le même pour être compris.
Ahasverus : Parlant synergie, nous sommes quatre, guitare/basse/batterie/chant, mais le bassiste ne peut pas venir aux cours. Est-ce profitable tout de même pour l'ensemble du groupe ?
Coline Magnolon : Oui bien sûr, car ce qui sera dit et pratiqué au moment de notre séance, je ne saurais que trop conseiller de l' appliquer lors de vos prochaines répétitions. Et donc, de fait, d'en faire profiter votre bassiste. Cependant, je n'aurais pas pris en compte ses attentes personnelles dans le travail de groupe : par exemple, si on prévoit à tel moment de faire un déplacement sur scène alors que pour lui c'est le moment critique en terme de technique musicale, que c'est LE moment où il faut qu'il soit méga concentré sur son instrument, on risque de devoir se revoir pour repenser la scénographie ! Sans parler de ses envies, ses attentes, ses appréhensions ou ses réticences qui n'auront pas été évoquées...
Ahasverus : Finalement il n'y a que le chanteur qui viendra, ça marche quand même ?
Coline Magnolon : Même chose: il pourra tout à fait communiquer mes conseils généraux aux autres membres, mais j'aurai axé mon travail sur son point de vue (même s'il y a eu concertation entre vous auparavant), et je ne pourrai aider que lui au niveau corporel (chaque posture est différente!).
Je suis décidé à suivre vos cours. Comment vous contacter et quand pouvons nous commencer ?
Coline Magnolon : Vous pouvez me joindre par mail à cmagnolon@gmail.com ou m'envoyer un message au 0618718854, je vous recontacte au plus vite. Et on commence dès que nous trouvons un créneau commun. Va pour samedi donc ?
DUMMY TOYS - La poupée qui fait non
Le 08/12/2023
« Peut-être que les gens étaient venus à notre show parce qu'ils étaient curieux de voir jouer un groupe chinois. Mais la prochaine fois, je crois qu'ils viendront voir notre performance parce qu'ils aimeront les Dummy Toys ! »
DUMMY TOYS par Passenger 21. De gauche à droite : Quin, Xiaoniao, Huanzi et Qing
Elles ont un look étonnant et un nouvel album (« War Is Nightmare ») détonnant et leur tournée européenne devrait les voir fouler les scènes françaises en mai 2024. Voici une interview de Huani, Qing, Quin et Xiaoniao, du groupe de punk-rock chinois DUMMY TOYS.
Interview réalisée par mail par Ahasverus en novembre 2023.
Ahasverus : Bonjour Dummy Toys. Quand est née votre formation et quel est le line-up du groupe ?
Xiaoniao (guitare) : DummyToys s'est formé en 2015. Quin est au chant, Huanzi à la basse, Qing à la batterie et je suis à la guitare.
Ahasverus : Comment le groupe s'est-il construit ?
Xiaoniao : A l'origine c'était une suggestion de Liyang, un membre de Demerit, un groupe punk chinois. . Nous les filles, nous étions toujours ensemble, c'était une relation sympa et nous avons pensé que nous pourrions simplement former un groupe. De mon côté j'ai toujours voulu faire partie d'un groupe StreetPunk/Hardcore.
Huanzi (basse) : Oui, même chose pour Qing, qui a toujours voulu avoir un groupe exclusivement féminin. Quant à moi, je jouais déjà dans un groupe avec Xiaoniao au lycée. alors je me suis naturellement retrouvée dans Dummy Toys. Enfin Quin, notre chanteuse, venait elle aussi d'un autre groupe de trois filles.
« L'éducation vous incite à faire ce que les autres aimeraient que vous fassiez, et beaucoup de gens finissent par s'y perdre. »
Ahasverus : En 2020 vous réalisez votre premier album, « Not a Puppet ». Pourquoi ce titre ?
Xiaoniao : « Not a Puppet » est l'une des chansons de cet album et nous avons utilisé son titre pour nommer notre premier opus. En grandissant, nous entendions trop souvent des réflexions comme « Vous devriez faire comme ceci » ou « Ceci est bon pour vous et cela est mauvais ». L'éducation vous incite à faire ce que les autres aimeraient que vous fassiez, et beaucoup de gens finissent par s'y perdre. Ils vivent comme les autres veulent qu'ils vivent, aussi je voulais souligner l'importance du « soi » à travers cette chanson, en se questionnant soi-même sur ce que l'on veut, en pensant au genre de personne qu'on voudrait devenir, en n'ayant pas peur de ce que l'on veut être, et surtout en ne devenant pas le genre de personne qu'on déteste. Ne soyez pas la marionnette des autres !
Huanzi : Je ne veux pas être enchaînée, je ne veux pas être contrôlée.
Quin (chant) : Ne pas être un pantin. Nous devons toujours penser et faire nos choix par nous-mêmes, sans suivre le troupeau.
Qing (batterie) : La marionnette n'a pas d'âme, elle peut n'être qu'une matière dans les mains des autres. Mais l'être humain est fait de chair et de sang, avec des pensées et des émotions, avec des attitudes et une conscience de soi. Et la musique est notre manière de nous exprimer car nous sommes des êtres humains. Ne soyez pas une marionnette.
Ahasverus : L'artwork de « Not a Puppet » est une poupée martyrisée...
Xiaoniao : Je pense que c'est une poupée qui se libère de l'esclavage.
Quin : Oui, on se blesse toujours en brisant ses chaînes.
Qing : C'est une poupée martyrisé mais déterminée et forte à l'intérieur.
Ahasverus : L'album « Not a Puppet » est assez hardcore musicalement, mais la chanson « Anti Sweet Girl » m'a fait penser au groupe de rock britannique The Clash, alors que « DMC Baby » me rappelle les premiers albums de Blondie.
Xiaoniao : Oui, haha ! Ils sont différents. Pour « Anti Sweet Girl » nous avions soudainement voulu quelque chose de différent, c'est sorti comme ça et nous l'avons enregistré. « DMC Baby » est une chanson pour les enfants, et aussi pour nos propres enfants. Dmc est un club de punk où nous allons souvent nous produire. On peut dire que les enfants grandissent et viennent dans notre monde comme des anges. Nous pensions donc que cette chanson devrait être entraînante.
Huanzi : « Anti Sweet Girl » est ludique et « DMC Baby » a une mélodie entraînante.
Quin : A chaque fois que je commence à chanter « DMC Baby », les petites frimousses des enfants des autres membres du groupe me viennent à l’esprit et je sens mon coeur rempli d'amour ! (Rires)
Ahasverus : En 2023, vous avez sorti votre nouvel album, « War Is Nightmare ». Pourquoi ce titre ?
Xiaoniao : « War is Nightmare » est aussi le titre d'un morceau très important dans l'album. Nous avons toujours voulu écrire une chanson sur la guerre. Nous pouvons parfois entendre des avis favorables à la guerre, ce qui nous inquiète beaucoup car la guerre est toujours terrible. On peut lui donner toute sorte de justifications, mais de quelle justice s'agit-il ? Nombre de personnes ont perdu la vie, nombre de familles ont été détruites, et les gens qui subissent la guerre vivent dans la peur chaque jour. Les justifications ne peuvent effacer la perte d'un être cher. Bien après que la guerre soit terminée, les gens qui l’ont vécue sont réveillés par des cauchemars. Parce que la guerre elle-même est un cauchemar.
Qing : Regardez notre Terre, des guerres se produisent partout, entre pays, entre organisations, entre groupes ethniques, entre personnes... C'est un énorme cauchemar pour tous ceux qui aiment cette planète. Même si nous ne pouvons pas arrêter tout cela, la guerre n'est pas la seule voie en ce monde.
Ahasverus : « War Is Nightmare » a-t-il été réalisé dans les mêmes conditions que « Not A Puppet » ?
Xiaoniao : Oui, ce sont tous deux des productions à bas coût, et nous avons été aidées par de nombreux amis. Nous les en remercions beaucoup !
Quin : Nous avons enregistré la guitare et la basse chez un ami, le chant et la batterie dans le studio d’un autre ami. Et nous avons eu recours au même mixage pour les deux albums car l'ami qui s'est occupé du mixage est un technicien exceptionnel et il nous a très bien compris. Nous avons fait de notre mieux. Et, heureusement, même s'il s'agit d'une production à faible coût, nous avons obtenu de bons résultats.
Qing : Les deux albums ont été enregistrés à Qingdao dans des conditions très simples. Nous avons reçu beaucoup d'aide et nous remercions tous ces amis.
Ahasverus : « War Is Nightmare » est bien plus hardcore que votre premier album. J'ai pensé au groupe de thrash metal Slayer en en écoutant cet album ! Quels sont les artistes qui influencent Dummy Toys aujourd'hui ?
Xiaoniao : Il y en a tellement... Monster Squad, Cheap Sex, Demerit, Crude S.S., Tragedy, etc. Ils ont tous une grande influence sur notre musique.
Ahasverus : Comment avez-vous construit les dix pistes qui apparaissent sur le nouvel album et la pandémie a-t-elle eu une influence sur votre façon d'écrire les chansons ?
Xiaoniao : L'épidémie n'a pas affecté notre manière de créer. J'écrivais d'abord mes nouvelles idées et de nouveaux chapitres seule, puis on continuait à créer ou à modifier les morceaux toutes ensemble. C'est juste qu'à cause de la pandémie nous ne pouvions pas nous réunir chaque semaine. Je continue à penser que les meilleures idées naissent quand nous sommes ensemble.
Ahasverus : « Bus Of Death », avec ses choeurs, est un véritable hymne. J'imagine que le pit est en feu quand vous jouez cette chanson sur scène !
Xiaoniao : On a sollicité de nombreux amis pour enregistrer « Bus Of Death » Je me rappelle encore de cet enregistrement... Même si les paroles sont tristes, c'est un très beau souvenir. Beaucoup de gens aiment cette chanson, et j'espère que de plus en plus viendront la chanter avec nous quand nous la jouerons sur scène à l'avenir.
Huanzi : J'aime aussi cette chanson. Elle est solennelle et remuante, et je me sens toujours en mouvement quand on la joue, il est facile de se laisser porter.
Quin : En fait, peu importe à quel point je me sens puissante ou pleine de colère quand je chante une chanson, dès que je commence à entonner « Bus Of Death » un immense sentiment de tristesse m'envahit
Ahasverus : Votre musique est agressive, mais j'ai été tout autant impressionné par les paroles de vos chansons, qui sont très élaborées. Loin du trip classique « Sex, drug, Rock N' Roll », vos textes sont explicitement humanistes. L'engagement fait-il partie de l'identité du groupe ?
Xiaoniao : Les paroles de chacune de nos chansons reflètent l'état d'esprit et les idées que le groupe veut exprimer. Nous voulons parler au monde, discuter de ce qui nous concerne, remettre en question et critiquer l'injustice, c'est ça qui nous motive.
Qing : Nos chansons reflètent toujours nos pensées.
« Do not believe in what you see!
With everything in their control
They made you be willing to live in dreams
The dreams that full of fuckin’ lies! »
Disaster
Ahasverus : Le sens d'un texte tel que « Disaster » est universel et pourrait s’appliquer à de nombreux régimes totalitaires, passés ou présents…
Xiaoniao : Oui, cela s'applique au passé comme au présent, et cela convient à n’importe quel régime. Face à un « fléau », on se retrouve piégés. On est en panique et on ne sait pas où est la vérité ; et la vérité paraît plus difficile à affronter que le fléau lui-même. Ce qui est terrible aussi c'est qu'à un moment donné tout sera oublié. Ca deviendra du passé, et il n'en restera plus que des phrases dans les livres d'histoire. Et quand surviendra le fléau suivant, les gens ne sauront toujours pas quoi faire...
Ahasverus : Dummy Toys commence à susciter de l'intérêt hors de Chine. Quels sont les pays où votre musique est bien reçue et comment percevez-vous cet enthousiasme ?
Xiao niao : En fait, nous ne savons pas dans quels pays nous sommes populaires, haha ! Mais quand nous avons tourné en Europe et au Rebellion Festival, au Royaume-Uni, tout le monde était vraiment enthousiaste. Nous étions très heureuses. Beaucoup de gens nous disaient qu'ils comprenaient ce que nous chantions et qu'ils s'y retrouvaient. Nous étions très émues. Cette fois-là peut-être que les gens étaient venus à notre show parce qu'ils étaient curieux de voir jouer un groupe chinois. Mais la prochaine fois, je crois qu'ils viendront voir notre performance parce qu'ils aimeront les Dummy Toys ! (Rires)
Quin : Beaucoup de gens m'ont dit après notre show : « Oh, on ne savait pas qu'il y avait des groupes comme ça en Chine, vous êtes tellement bons. » J'ai toujours apprécié ces compliments mais je leur ai assuré qu'il y avait beaucoup beaucoup de bons groupes en Chine.
DUMMY TOYS par Passenger 21
Ahasverus : En 2023, que signifie être un punk-rocker en Chine ?
Qing : Pour moi, le punk signifie aimer ce que l'on aime et lutter contre ce que l'on déteste.
Xiaoniao : Le punk est en fait une niche très spécialisée en Chine, et 2023 semble vouloir se faire encore plus difficile. Le punk devra trouver sa propre voie pour survivre.
Ahasverus : Qu'allez vous faire en 2024 et avez-vous des projets en Europe ?
Xiaoniao : Nos amis Rico et Anita commencent déjà à nous aider pour planifier une tournée européenne en mai 2024. Nous irons en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Belgique, en Suède, au Danemark, en République Tchèque, en Pologne, et également sur un festival de musique en Espagne et au Royaume. On tournera pendant un mois.
Quin : Nous serons aussi à l'affiche du Rebellion Festival 2024 !
Ahasverus : Comment peut-on se procurer votre nouvel album en Europe ?
Xiaoniao : Nos disques vinyles sont désormais disponibles sur notre Bandcamp comme chez certains disquaires en Europe, voire à New York. La prochaine fois nous en emporterons quand nous irons jouer en Europe et nous vendrons nos albums après nos concerts !
Huanzi : Nos vinyles sont disponibles à l'étranger via Laibixi Records (Allemagne-Leipzig)、DIY Kolo Records (Pologne-kolo)、Genjing Records (États-Unis/Chine)、Tmom Records (Allemagne-Berlin).
Ahasverus : Un grand merci, Dummy Toys, d'avoir pris le temps de répondre à cette interview.
Dummy Toys : Merci beaucoup !
Lerka-Jo - Lerka la bouillonnante
Le 21/11/2023
« Les peuples slaves sont nés avec la musique, elle les accompagne dans tout ce qu'ils font. »
En mars 2023 sortait « Je suis Lerka-Jo », un EP au gros son prometteur qui nous interpellait, écartelé entre des textes graves et des chansons festives construites à gros riffs autour de la bouillonnante Lerka.
Nous avons eu envie d'en savoir plus sur l'opus et sur le projet. Lerka a répondu à nos questions.
Interview réalisée par Ahasverus par mail et par téléphone entre octobre et novembre 2023.
Ahasverus : Bonjour Lerka. Pour commencer, d'où vient ce nom de Lerka-Jo ?
Lerka : Lerka c'est le nom qu'on me donnait quand j'étais enfant. Ca qualifie une personne qui fait des bêtises. Jo, c'est un nom que j'avais dans mon voisinage, un ajoût que j'ai trouvé sympa à utiliser quand j'avais douze ans. Cette sonorité américaine, je trouve que ça fait plus joli.
Ahasverus : Faute de mieux, j'ai qualifié votre musique de punk fusion. Ca vous correspond ?
Lerka : Et bien le destin, comme on dit, le mélange des cultures, d’expériences diverses, ont créé notre style qui fusionne tous les genres musicaux. L’esprit de subversion personnelle, en tous cas, y est !
Ahasverus : Quels sont les artistes qui vous ont influencés ?
Lerka : Adolescente en Ukraine, des artistes comme Kuz’ma Skryabin, Valentin Strikalo, le groupe T.a.T.U, Noize MC, m’ont fait une belle compagnie, je les écoute toujours d’ailleurs ! En ce moment je passe également beaucoup de Kanye West. Enfin, Oxxxymiron, le rappeur russe, m'inspire énormément. Je préfère le rap russe au rap US, je le trouve plus... intellectuel ! Les rappeurs russes glissent pourtant aussi beaucoup de gros mots dans leurs chansons, mais les gros mots, en Russie, font partie inhérente de la langue !
« Je ne pensais pas pouvoir écouter de Metal jusqu'à ce qu'il me traîne à un concert de punk où je me suis dit « Cette énergie, c'est ça en fait ! C'est cette musique que je veux faire ! »
Ahasverus : Quel parcours vous a conduit à Lerka-Jo ?
Lerka : J'ai toujours baigné dans la musique. J'ai toujours connu mon père jouant de la guitare. Il n'était pas une journée sans qu'il ne joue un ou deux morceaux. Ma mère chantait aussi... Les peuples slaves sont nés avec la musique, elle les accompagne dans tout ce qu'ils font. J'ai été sur scène toute petite, la première fois à cinq ans pour jouer le rôle d'un ange. Puis pour chanter dans une première chorale, puis pour suivre des cours de pianoforte durant sept ans — mes soeurs et moi on jouait toutes du piano... Je ne voulais pas y aller au départ. Je pleurais. Ma mère disait que ça me servirait. Elle avait raison...
J'ai aussi participé à des compétitions de chant en Crimée, mais je n'ai jamais gagné (Rire). Puis il y a eu des soirées de reprises de Queen au collège, des concerts organisés par la mairie… La scène a toujours fait partie de ma vie, en Ukraine, et je donnais des concerts régulièrement. J'ai fait le conservatoire . J'ai commencé le piano à six ans, et le chant aussi. J'ai commencé à chanter dans une chorale Le professeur aimait ma voix. Il m'a proposé de suivre des cours de chant, ce que j'ai fait pendant cinq ans tout en poursuivant mes études de piano, jusqu'en 2014. C'est cette année-là que j'ai quitté l'Ukraine... J'avais à peine quinze ans quand je suis arrivée en France. Je ne savais pas comment m'y prendre pour continuer ce que j'avais mis en place en Ukraine, et j'ai donc pris un peu de retard. Je n'ai rien fait musicalement pendant cinq ans, car j'avais d'autres priorités : aller à l'école, finir mes études, apprendre le Français... J'ai repris la musique à l'âge de dix-huit ou dix-neuf ans. Aujourd’hui je suis heureuse d’avoir lancé le projet Lerka-Jo, et j’espère le developper au maximum avec les meilleures intentions et toute ma volonté.
Ahasverus : Le 24/03/2023 vous sortez l'album « Je suis Lerka-Jo ». Comment avez-vous construit les huit morceaux qui le composent ?
Lerka : La construction a été assez fluide. Le processus de la création musicale est ma partie préférée : avoir des idées qui survolent incessamment, les rattraper et les rendre concrètes, c’est la plus belle des choses. J'ai travaillé sur cet album avec Thomas, et nous avons eu une cohésion musicale et créative qui a permis aux huit morceaux qui composent cet EP de sortir l'un après l’autre à la vitesse de la lumière ! Pour ma part, même si j'ai composé au piano dès l'âge de onze ou douze ans, j'ai toujours besoin d'un intervenant, et Thomas m'a beaucoup apporté. Il a eu la base et le talent nécessaires. J'ai l'oreille musicale et la pratique du solfège, mais je manque de connaissances technologiques pour mettre en place des chansons, et c'est surtout dans ce domaine que j'avais besoin de quelqu'un. Je ne pensais pas pouvoir écouter de Metal, jusqu'à ce q'on me traîne à un concert de punk où je me suis dit « Cette énergie, c'est ça en fait ! C'est cette musique que je veux faire ! » Ca m'a parlé directement ! Limb Bizkit, Rage Against The Machine, c'était l'univers de Thomas, mais c'est désormais aussi mes références. Musicalement, « Je Suis Lerka · Jo » reste donc principalement le fruit des influences de Thomas, mais j'ai pu rajouter des choses qui me plaisaient.
Ahasverus : Votre album commence par « Champagne », un titre festif, avec un clip tourné au bord d'une piscine. Placer ce titre en ouverture était une évidence ?
Lerka : J’adore l’été, et pour bien représenter ma personnalité c’était la seule réalité…. Soleil, eau (pétillante !), bikini… Vivre d’amour et d'eau fraiche ou de « Champagne » frais, c'est mon tube de l'été sans hésitation !
Ahasverus : Le virage de l'album, la claque, même, arrive avec le morceau « Je Suis Lerka · Jo ». C'est pour ne plus répondre aux questions que vous avez décidé de vous dévoiler dans un titre ?
Lerka : Oui, c’était clairement une réponse générale à tous… car au bout d'un moment c’est toujours les mêmes questions qui reviennent. Cette chanson, « Je Suis Lerka · Jo », est une idée de Thomas, là encore, qui m'a suggéré d'écrire quelque chose en relation avec mon parcours. Ca ne me plaît pas de parler de mon parcours à des gens que je croise dans la rue et qui se montrent curieux parce qui'ls entendent mon accent, même si je comprends leur curiosité. Ce titre était l'occasion de leur faire une réponse collective. J’ai trouvé indispensable d’en parler fort et Thomas m’a encouragée à écrire ces paroles. « Je Suis Lerka · Jo » est selon moi l'un des titres forts de l'album. Comme t’as dit : « Ça claque » !
Ahasverus : Quelles sont les langues utilisées dans les lyrics de Lerka -Jo ?
Lerka : En majeure partie j’utilise l’Anglais, le Français et le Russe pour l’écriture. Puis je rajoute les phrases en Ukrainien, et parfois en Italien pour arranger les rimes et les passages mélodiques, car selon moi l’Ukrainien et l’Italien sont deux langues chantantes. Pour le nouvel album vous verrez comment je mixe toutes les langues ensembles, telle une salade de fruits !
Ahasverus : Qui a écrit les paroles de l'album ?
Lerka : C'est moi. Thomas a apporté des corrections aux textes en Français.
Ahasverus : Les thématiques que tu abordes sont très écartelées...
Lerka : Il n'est pas envisageable pour moi de rester sur une seule thématique. J'ai beaucoup d'idées qui ne sont pas toujours exploitées, mais qui restent dans ma tête et qui tournent. Parfois je veux faire quelque chose de festif, parfois j'ai envie de parler de quelque chose de plus profond.
Ahasverus : Ton parcours est-il une force pour ta musique ?
Lerka : C'est une force de vie, comme chaque parcours. Ce que je vis aujourd'hui même m'inspire pour de nouvelles chansons.
Ahasverus : Un mot sur la production de l'album ?
Lerka : Hahaha ! C’était ma première expérience dans l’industrie musicale, depuis j’apprends tous les jours. J’avoue qu’au début rien n'était facile, durant la production du disque j’étais extrêmement têtue… Je pense que je le suis encore, mais j’ai appris à faire confiance aux professionnels. Notre ingé-son Xavier « Goosh » Le Gouix à Loud Studio, s’est montré très indulgent et je l'en remercie, Et mince, à vrai dire y’a toujours des choses qui ne vont pas, mais on les surmonte a chaque fois et je suis très fière de ça !
Ahasverus : Fin 2022 vous jouez dans une soirée « Projection & Concert » organisée par l'IAATA (Information Anti-Autoritaire Toulouse et Alentours). Simple opportunité, ou c'était important d'en être ?
Lerka : Je n’avais aucune idée qu’est ce que voulait dire l’IAATA, on s’est présentés car des amis nous ont demandé de jouer. On a fait le show, mais on l’a pris comme une simple opportunité.
« En ce moment c'est l'écriture du nouvel album avec des amis musiciens. Cet album, on va l'écrire tous ensemble, et ça va être super chouette ! »
Ahasverus : Vos projets dans les prochains mois ?
Lerka : Les concerts arrivent, je suis tranquille, pas de surcharge mentale, step by step... Puis l’écriture du nouvel album à déjà débuté, je travaille dessus avec des amis musiciens. Cet album, on va l'écrire tous ensemble, et ça va être super chouette ! Je n'aime pas me répéter, je souhaite donc explorer des styles différents pour Lerka-Jo, par exemple rajouter du drum and bass, des sons électro, des choses plus classiques avec une jolie voix, même s'il y aura toujours du punk rock et du punk fusion. Je souhaiterais pouvoir tenir le rythme d'un EP ou d'un album par an. Je prépare aussi une tournée en Ukraine, pour dix ou quinze dates. Il est important pour moi d'aller porter cette musique hybride, faite de langues ukrainienne et russe, et de montrer qu'il y a des gens qui, même s'ils sont déracinés, portent encore leur pays dans leur coeur. Malgré la guerre, les gens n'ont pas arrêté de vivre ; il y a toujours en Ukraine de la musique, des concerts... J'irai peut-être aussi en Italie... Pour l’année qui arrive, nous avons donc du boulot, et même beaucoup de boulot ; je recherche très activement des dates pour 2024. Ce serait certainement le moment pour prendre un directeur artistique et un booker pour développer le projet Lerka-Jo. Il faut se faire connaitre car il faudra défendre le prochain album, qui sortira au printemps 2024 si Dieu le veut.Ahasverus : Lerka-Jo sur scène, ça donne quoi ?
Lerka : C'est chaque fois différent, avec une énergie extra-explosive qui donne le sentiment de la fête éternelle, avec des ballons et des papillons, et bien sur le Champagne super friendly ! Une fois vue en concert = fan pour toujours ! Il y a un impact très positif sur scène, le lien avec le public est très puissant.
Ahasverus : Vous avez le trac avant de monter sur scène ?
Lerka : Je sais que le set est bien préparé, je n'ai pas le trac.
Ahasverus : Que trouve-t-on sur le stand de merch de Lerka-Jo ?
Lerka : Hihihaha ! C’est ma partie préférée aussi ! Déjà le logo de super-héro designé par Thomas fait comprendre l’authenticité de Lerka-Jo Si l'on rajoute des couleurs éclatantes ça donne le pur esprit du personnage ! Pour l’instant Lerka-Jo propose des t-shirts de toutes les couleurs et des sous-vêtements white/pink homme et femme… Et ce n'est que le début !
Ahasverus : Merci, Lerka-Jo, d'avoir répondu à mes questions...
Lerka : Merci, ça m'a fait plaisir de parler.
ALYSSA GALVAN - Le nombre des années
Le 17/11/2023
« Mon plus grand bonheur est de jouer de la musique pour quiconque est prêt à l'écouter. »
Alyssa Galvan est une songwriter américaine qui sortait son premier album de compositions originales en 2021 à l'âge de seize ans.
Après avoir parcouru les USA de festivals en clubs, après avoir joué en France et en Croatie, elle prépare une tournée française pour l'été 2024 avec le Alyssa Galvan Band.
A seulement dix-huit ans, Alyssa fait partie de ces artistes venus à la musique comme une évidence. Cette interview vous propose d'en savoir plus sur cette jeune chanteuse remarquable qui nous rappelle que « la valeur n'attend pas le nombre des années ». Sur la foi de ce qu'elle a déjà montré, son nom pourrait bien s'inscrire un jour en lettres d'or au fronton du paysage musical international. N'attendez plus pour la découvrir.
Interview réalisée par mail par Ahasverus en novembre 2023.
Ahasverus : Bonjour Alyssa Galvan. Quel est le premier souvenir qui relie votre vie à la musique ?
Alyssa Galvan : Lorsque j'étais enfant, il y avait toujours de la musique à la maison ou dans la voiture. Je demandais toujours à mes parents de me faire écouter certaines chansons et certains chanteurs que j'aimais beaucoup, en particulier des femmes. Après de nombreuses années, j'ai réclamé une guitare et j'en ai finalement reçu une à l'âge de dix ans. Ça été pour moi l'ouverture d'un tout nouveau monde.
Ahasverus : Quel événement a fait qu'un jour vous vous êtes dit « Je veux devenir musicienne » ?
Alyssa Galvan : J'ai d'abord commencé à me produire dans des open mics et des jams, c'était le meilleur départ pour quelqu'un comme moi. Étant si jeune et n'ayant aucune idée de la façon de poursuivre une carrière musicale, ces endroits étaient ce qu'il y avait de mieux pour mes débuts. Lorsque j'ai eu l'occasion de donner mon premier concert à treize ans, j'ai eu l'impression d'avoir atteint un tout autre niveau. Ça m'a inspirée et m'a aidée à croire que la musique pouvait vraiment être quelque chose que je poursuivrais plutôt qu'un simple passe-temps.
Ahasverus : Parlez-moi de votre apprentissage de la musique...
Alyssa Galvan : À l'âge de dix ans, je me suis inscrite à des cours de guitare dans un magasin de musique près de chez moi et j'ai eu un professeur formidable. Il m'a aidé à apprendre toutes les bases avant de m'encourager à prendre un chemin différent et à apprendre par moi-même. Recevoir des instructions, que ce soit en musique ou à l'école, a toujours été plus difficile pour moi donc je me suis mise à pratiquer seule. Au fur et à mesure que mes compétences en guitare progressaient, j'ai commencé à essayer de chanter et de jouer en même temps. Heureusement pour moi, cela s'est fait naturellement. Au fil du temps, j'ai continué à développer mes compétences en guitare et en chant en travaillant seule.
« Dès que j'ai commencé à apprendre et à écrire de la musique, c'est tout ce que j'ai fait de ma vie. »
Ahasverus : A quel âge composez-vous votre première chanson ?
Alyssa Galvan : Avant même d'apprendre de simples accords de guitare, je me souviens avoir créé mes propres mélodies et paroles. Avec le recul, c'est quelque chose qui m'a toujours attirée. Ma première véritable composition originale est une chanson intitulée « Thanatos », que j'ai composée à l'âge de douze ans.
Ahasverus : Votre âge est souvent mis en avant pour souligner la maturité de votre jeu, de votre chant, de votre songwriting. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
Alyssa Galvan : J'ai toujours été naturellement attirée par la musique. Tout ce qui s'y rapporte m'a toujours semblé parfait pour moi. J'ai eu la chance de trouver très tôt mon ambition dans ce domaine. Dès que j'ai commencé à apprendre et à écrire de la musique, c'est tout ce que j'ai fait de ma vie. Je pense que j'ai été capable de me connecter et d’évoluer dès que j’étais jeune parce que j'ai toujours été éloignée par rapport aux personnes de mon âge. Mes intérêts étaient toujours différents de ceux de mes camarades, ce qui m'a poussée à m'intéresser davantage à la musique.
L'album Alyssa, sorti en 2021.
Ahasverus : Quels sont vos modèles ?
Alyssa Galvan : Les deux premiers musiciens que j'ai découverts vers l'âge de onze ans et qui m'ont vraiment inspiré pour devenir une artiste sont Iggy Pop et Lou Reed. Ces deux-là restent proches de mon coeur et ils m'ont fait découvrir la scène musicale de New-York des années 1970. Cette époque a marqué le début de mon véritable amour pour la musique. J'ai été attirée par le punk-rock, la new-wave, le glam et les attributs expérimentaux de ces groupes qui se produisaient au Max's Kansas City et au CBGB. À partir des nombreuses reprises de Muddy Waters et de John Lee Hooker par Iggy Pop, j'ai creusé plus profondément et découvert les racines de la musique blues. Le delta blues du début des années 1900 a été le premier à capter mon attention, avant que je ne sois attirée par le blues électrique, plus tardif. J'admire particulièrement les femmes fortes et fondamentales du blues, telles que Big Mama Thornton et Sister Rosetta Tharpe, Memphis Minnie, etc.
« Les artistes de blues du début du XXe siècle mettaient leur coeur et leur âme dans chaque chanson qu'ils écrivaient. Bien que je n'aie pas les mêmes luttes à partager qu'eux, je me rappelle toujours qu'il faut dire ce que l'on pense et penser ce que l'on dit. »
Ahasverus : Votre chant semble en totale « lâcher-prise ». Quels artistes vous inspirent en la matière ?
Alyssa Galvan : Je compose à partir de ce que je vois, de ce que j'entends, de ce que je vis. Tout ce qui m'entoure. Si j'ai une idée, je l'écris. J'aime tous les types de musique, ce qui me permet de puiser des influences partout. Les artistes de blues du début du XXe siècle mettaient leur coeur et leur âme dans chaque chanson qu'ils écrivaient. Bien que je n'aie pas les mêmes luttes à partager qu'eux, je me rappelle toujours qu'il faut dire ce que l'on pense et penser ce que l'on dit. Les auteurs-compositeurs dont je m'inspire pour mon travail en solo sont Tom Waits, Leonard Cohen, Elliott Smith, Melanie Safka et Nina Simone.
Ahasverus : Vous êtes Américaine et vous avez déjà partagé la scène avec nombre d'artistes renommés. Quel est celui qui vous a le plus impressionné ?
Alyssa Galvan : J'ai eu l'occasion de rencontrer Bob Margolin, qui a rejoint Muddy Waters et son groupe en tant que guitariste en 1973 pendant sept ans. À chacune de nos rencontres, il m'a fait part de nombreux conseils et anecdotes et m'a toujours apporté un soutien incroyable. Il n'a jamais peur d'agir comme il l'entend sur scène et j'admire cela. Je me souviens de la première fois que j'ai partagé la scène avec lui et qu'il a annoncé mon nom dans le micro. J'avais l'impression d'avoir la tête sous l'eau et je savais que je devais donner le meilleur de moi-même. L'été dernier, j'ai eu la chance d'apprendre avec Doug MacLeod, qui a travaillé avec un grand nombre de musiciens incroyables, mon préféré étant Big Mama Thornton. Les talents de guitariste de Doug m'inspirent et j'ai appris beaucoup de choses de lui. Il est également plein d'histoires et de conseils phénoménaux. Il est vraiment « cool ».
Alyssa Galvan et The Pink Amoebas
Ahasverus : Un mot sur The Pink Amoebas ?
Alyssa Galvan : Avec The Pink Amoebas, nous avons un album complet qui est terminé et prêt à sortir. Nous avons quelques singles de l'album disponibles sur toutes les plateformes de streaming sous le nom de « The Pink Amoebas ». Ce groupe a été formé avec un très bon ami à moi, Pamu Rufio. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois parce qu'il dirige son propre studio et qu'il est incroyablement doué pour tout ce qui touche à l'enregistrement et à la vidéo. Nous avons décidé de mettre nos différents goûts musicaux en commun pour créer un Fun band sur lequel les gens peuvent chanter et danser. La meilleure façon de décrire ce groupe est de le qualifier de « doo-wop alternatif ».
Ahasverus : Votre actualité c'est aussi le Alyssa Galvan Band. Que vous apporte ce projet ?
Alyssa Galvan : Alyssa Galvan Band me permet de donner une toute nouvelle vie à mes chansons. Je n'ai jamais été capable de travailler pleinement ma musique dans un style blues/soul/funk comme je le fais maintenant. Ce groupe me donne la chance de partager mes chansons d'une manière différente de mes autres projets passés et présents. Outre le nouveau visage de mes musiques, c’est aussi le fait de ne travailler qu’avec des musiciens français qui m'ont ouvert à un public complètement différent. Mon plus grand bonheur est de jouer de la musique pour quiconque est prêt à l'écouter et ce groupe me donne l'opportunité d'emmener mes compositions dans un pays qui m'est étranger et de faire exactement cela.
Ahasverus : Les musiciens qui vous accompagnent sont Français. Pouvez-vous nous les présenter ?
Alyssa Galvan : J'ai l'honneur de travailler avec trois incroyables musiciens français dans ce groupe. Chacun d'entre eux apporte sa propre individualité au groupe. À la basse, Pierre Cabirol s'est d'abord intéressé à la musique pour s'amuser avant de la poursuivre professionnellement. Il a pris quelques leçons avant d'entrer à l’Université et d'obtenir un diplôme en musicologie jazz. Il s'est rendu compte qu'il pouvait travailler seul avec succès, tout en tenant compte des points de vue de ses professeurs. Il donne un coup de main au pôle supérieur de musique de Toulouse. À la batterie, Lucas Lopes a commencé à apprendre la musique à l'âge de neuf ans dans un conservatoire de Versailles. Il a suivi cet enseignement pendant de nombreuses années avant de déménager dans le sud de la France pour continuer dans un autre conservatoire spécialisé dans les percussions classiques. Il est aujourd'hui à l’école Agostini, un conservatoire spécialisé dans la batterie. Ensuite, nous avons Matéo Perfetti au claviers. Sa formation musicale débute dès l'âge de six ans, lorsqu'il apprend le violon. Plus tard, il a commencé à apprendre d'autres instruments, à former des groupes et à donner des concerts à l'âge de seize ans. Il est actuellement titulaire d'une licence en musique et a validé un diplôme en musicologie jazz. Non seulement il ajoute une richesse à la musique sur les touches, mais il est aussi le cerveau du groupe. J'ai eu la chance de nouer des liens très forts avec lui, dans la vie comme dans la musique. Il est incroyablement talentueux et a une grande oreille pour les arrangements, ce qu'il fait pour toutes nos chansons. J'admire tout le travail qu'il accomplit pour que ce projet soit le meilleur possible. À ce stade de ma vie, je ne pourrais pas imaginer travailler aussi étroitement avec quelqu'un d'autre.
« J'ai noué de nombreuses relations France avec des musiciens et pas seulement, et je me suis toujours sentie bien accueillie. »
Ahasverus : Votre musique est populaire sur le continent américain, où vous commencez à avoir de la notoriété. Pourquoi vous intéressez-vous à un petit pays comme la France où vous projetez de faire une tournée en 2024 ?
Alyssa Galvan : Ma première expérience en Europe, l'été dernier, dans le cadre d'un projet international, était quelque chose dont je n'aurais pu que rêver. Ce fut une expérience incroyable de me produire à la fois en Croatie et en France. Mon plus grand objectif est de voyager et de partager ma musique à travers le monde avec tous ceux qui sont prêts à m'écouter. J'ai noué de nombreuses relations en France, avec des musiciens mais pas seulement, et je me suis toujours sentie bien accueillie. C'est un pays magnifique et je suis honorée de pouvoir y partager mes premières expériences internationales.
Ahasverus : Vos créations ont une forte personnalité. En les écoutant j'ai pensé à Janis Joplin et à Amy Winehouse.
Alyssa Galvan : J'ai toujours aimé Janis Joplin et Amy Winehouse. Plusieurs personnes me l'ont dit ces dernières années et c'est toujours un compliment très gentil. Je pense que je m'inspire de ces deux artistes parce que ce sont des femmes fortes, pleines d'âme et de cran, que j'ai toujours admirées. Je m'inspire de plusieurs artistes, ce qui me permet d'être moi-même.
Ahasverus : Votre actualité dans les six prochains mois ?
Alyssa Galvan : J'ai pris un peu de recul par rapport à mes concerts locaux pour me concentrer sur l'écriture de nouveaux morceaux originaux, non seulement pour le Alyssa Galvan Band, mais aussi pour ma carrière solo et pour The Pink Amoebas. Bien que j'aie quelques concerts locaux au calendrier, l'écriture me prend beaucoup de temps. En janvier 2024, je participerai pour la première fois à l'International Blues Challenge en tant que spectatrice. Les deux dernières années, j'ai participé aux spectacles des jeunes, mais cette fois-ci, je vais explorer d'autres talents et me concentrer sur le réseautage. Je vais également participer à la radio Women In Blues, qui a sa propre vitrine dans le cadre de l'IBC. Alyssa Galvan Band prévoit de donner son premier concert officiel en avril, juste un peu avant la tournée d'été. Plus de détails sur ce spectacle seront annoncés prochainement. Nous travaillons avec Christelle et Téo de KBKC Artistes pour une tournée cet été en France. Nous avons déjà prévu de nombreuses dates et nous attendons juste de les annoncer pour que tout le monde puisse les voir. Tout comme il y a des idées d'album avec ce groupe, je travaille sur mon deuxième album solo, avec une date de sortie prévue pour début 2024. Dans l'ensemble, il y a beaucoup de travail d'écriture et de préparation pour la tournée française d'Alyssa Galvan Band en 2024 !
Ahasverus : Merci Alyssa Galvan d'avoir répondu à mes questions.
Alyssa Galvan : Merci beaucoup de m'avoir contactée et d'avoir un fort intérêt pour toutes les formes de nouvelles musiques.
Chrysis - L'interview borderline
Le 17/11/2023
« On fait du heavy bien sûr. Mais pour le reste, je suis incapable de te citer un groupe auquel on ressemblerait. »
Patrick Gestede (CHRYSIS) par Shooting Metalhead
Interview réalisée par téléphone le 30/10/2023.
Après une première partie de carrière initiée en 1976 et interrompue en 1985, Chrysis revenait en 2009 et sortait en 2018 le bien nommé « Never Say Never », son premier long format. En 2023, la formation champenoise est à nouveau présente avec « Borderline », un album très différent de son prédécesseur et qui a fait naître en nous une foule de questions. Nous sommes allés les poser à son chanteur, Patrick Gestede. On y parle des deux albums de Chrysis, mais également de Motörhead, de Kiss, de Def Leppard, d'Angus Young, d'un masque à oxygène, de Battle Beast, et même d'Yves Mourousi !
Quoi de mieux que quelques digressions pour réaliser une interview borderline ?
Ahasverus : Bonjour Patrick. Le titre du nouvel album de Chrysis, « Borderline », mérite une explication.
Patrick Gestede : C'est assez simple : on a trouvé que les titres de l'album étaient très changeants. Même si Chrysis a l'habitude de faire des morceaux qui ne se ressemblent jamais, c'était particulièrement flagrant sur cet album, avec des titres assez lumineux et d'autres beaucoup plus sombres et complexes. Ca nous a semblé coller avec l'idée d'une personnalité borderline, capable de passer du rire aux larmes en un claquement de doigt. C'est la raison de cette intro, où tu entends quelqu'un rire, pleurer, puis exploser. On s'est donc dit que « Borderline » c'était un titre qui représenterait bien ce qui vous attendait sur l'album.
« BORDERLINE » - Artwork Phil Krier
Ahasverus : Vous avez remis le couvert assez rapidement après l'album « Never Say Never ».
Patrick Gestede : Rapidement ? Tu trouves ? Il y a tout de même quatre ans qui séparent les deux albums !
Ahasverus : Quatre ans ce n'est pas grand chose au regard de la longue carrière de Chrysis...
Patrick Gestede : D'accord. Mais il y a eu une trêve extrêmement longue dans la carrière de Chrysis, on a pris un break de plus de vingt-cinq ans ! En fait, voila comment on s'est retrouvés : quand Youtube est arrivé, on s'était perdus de vue depuis longtemps au sein de Chrysis, sauf Dom le guitariste que je croisais de temps en temps. Un jour je me suis dit que ce serait dommage qu'il ne reste rien du Chrysis des années 80, et j'ai fait remasteriser une vieille cassette que j'ai balancée sur Youtube. Alors je me suis dit que ce serait bête que les musiciens, mes potes, ne soient pas au courant, et j'ai réussi à les joindre, tous, en les contactant parfois sur leur lieu de travail et en croisant les doigts pour qu'il soit toujours le même. Coup de bol, j'ai retrouvé tout le monde ! Et on s'est dit que ce serait bête de ne pas se revoir, puis que ce serait bête de pas faire une répétition, pour s'amuser... Et voila, c'est reparti comme ça depuis quatorze ans... Mais après un break extrêmement long !
« Dans les années 80, tu pouvais citer vingt ou trente groupes que tu connaissais. Maintenant, rien qu'en Finlande, tu as cinq mille groupes de Metal ! »
Ahasverus : Tu parlais d'un break extrêmement long, mais vous avez néanmoins un parcours dans les années 80. Est-ce que la période te paraît plus favorable pour sortir des albums aujourd'hui ou est-ce que c'était plus facile avant ?
Patrick Gestede : Pour faire des albums, à l'évidence, c'est plus facile maintenant. Tout le monde peut faire des albums ! D'abord parce qu'on peut bosser chez soi, ce qui était impensable à l'époque. On peut enregistrer à distance, et tu peux faire un disque avec un mec qui habite au bout du monde parce que chacun peut enregistrer ses parties chez soi. Les albums sont désormais plus faciles à faire, et ils coûtent aussi nettement moins cher. On n'a plus besoin d'une maison de disques, plus besoin de label... . Alors tout le monde y va du sien. C'est bien, mais il y a aussi des contrecoups : on ne vend plus. Il y a trop d'albums qui sortent. C'est physiquement impossible à écouter. Dans les années 80, tu pouvais citer vingt ou trente groupes que tu connaissais, et encore. Maintenant, rien qu'en Finlande, tu as cinq mille groupes de Metal ! Et la Finlande, c'est seulement cinq millions d'habitants ! Alors on est perdus dans le magma de ce qui nous arrive aux oreilles, qu'on n'a même plus le temps d'écouter. C'est le jour et la nuit par rapport à ce qu'on connaissait dans les années 80.
Patrick Gestede (CHRYSIS) par Shooting Metalhead
Ahasverus : C'est vrai qu'avant quand tu achetais un vinyle de Kiss ou de Scorpions tu ponçais ses sillons jusqu'à l'usure...
Patrick Gestede : Et puis tu l'attendais, cet album ! Tu parles de Kiss. Moi Kiss quand l'album arrivait, j'étais là pour l'attendre ! J'allais à Reims chez un gars qui faisait des imports, et je grattais tout ce que je pouvais comme informations. Maintenant, sur Google, tu trouves tout sur le prochain album bien avant sa sortie... Avant c'était difficile d'avoir les infos. Il fallait acheter Best ou Rock N' Folk. On attendait avec effervescence, et quand on ramenait le vinyle à la maison c'était un moment magique. Il se passait un truc. Comme quand tu découvrais un groupe sur scène : tu ne savais pas comment il bougeait. Tu ne savais pas comment ils se fringuaient, les mecs. Maintenant, si tu veux savoir ce que porte Steven Tyler et la manière dont il bouge sur scène, tu demandes à Google, et puis voila... Ce qu'on a perdu, c'est beaucoup de magie... Il y a des bonnes choses, parce que tout le monde peut faire de la musique, chacun peut s'exprimer et espérer se faire entendre. Mais à côté de ça on n'a plus le frisson de la découverte. Quand tu voyais Judas Priest ou AC/DC pour la première fois, tu ne savais pas qu'Angus Young bougeait comme ça. Maintenant tu vas au concert, tu sais déjà tout. De nos jours le poil qui se dresse sur les bras, on n'a plus, ou différemment, mais c’est incomparable.. Il n'y a plus non plus d'énormes différences entre les groupes, c'est un peu comme si on avait fait le tour du truc. Avant, entre AC/DC et Iron Maiden, il y avait un gouffre, chaque groupe était une découverte à part entière avec un univers très différent, maintenant avec la multiplicité des styles et des groupes, on ne retrouve plus ce fossé qui rendait les formations très indentifiables les unes des autres.
« Il y a des niveaux hallucinants, la question n'est pas là. C'est nous qui sommes blasés. »
Ahasverus : Je me souviens d'avoir eu un choc lors de la découverte d'albums comme le second « Keeper » d'Helloween ou le « Slave To The Grind » de Skid Row, mais effectivement je ne me souviens pas d'avoir eu des émotions semblables plus récemment...
Patrick Gestede : Je pense exactement la même chose. Le dernier truc qui m'a un peu déboîté ne date pas d'hier, c'était Kamelot. Quand j'ai découvert ce groupe je me suis dit « Putain, là il y a quelque chose ! » Ca remonte à quinze ans...
Ahasverus : Et c'est certainement pas parce que les groupes sont moins bons...
Patrick Gestede : Bien au contraire ! C'est pas une question de qualité : les mecs sont de mieux en mieux techniquement. C'est du costaud maintenant, notamment chez les Nordiques (mais pas que...). Il y a des niveaux hallucinants, la question n'est donc pas là. C'est nous qui sommes peut-être blasés par l’amoncellement de l’offre. Ce qui fait l’intérêt d’un truc c’est aussi sa rareté, et aujourd’hui trouver un truc qui sort carrément du lot c’est justement extrêmement rare. Mais encore une fois ce n’est pas parce que la musique est moins bonne, c’est uniquement parce qu’on a peut-être fait un peu le tour de la question et que la surprise ne peut plus être au rendez-vous.
« On est complètement instinctifs, on n'a pas de cahier des charges, pas de plan de carrière. »
Ahasverus : Au vu de tout ça comment avez-vous abordé « Borderline », votre nouvel album ? Vous aviez un cahier des charges ?
Patrick Gestede : On ne fonctionne pas comme ça du tout. On est complètement instinctifs, on n'a pas de cahier des charges, pas de plan de carrière. On est un groupe très simple, et même simple à l'extrême : on rentre en répétition, on improvise, on compose. Ca ne va pas chercher plus loin. On enregistre tout ce qu'on compose. Il n'y a jamais un titre composé qui ne soit pas enregistré. Et on se dit qu'on va sur un album dès lors qu'on a les dix titres. Il n'y en a pas onze, hein, c'est pas un best of ! On n'a pas cinquante titres dans un tiroir dont on extrait les dix meilleurs pour l'album. On compose dix chansons, et c'est les dix qui sont sur l'album.
Ahasverus : Comment avez-vous procédé pour composer ces dix morceaux ?
Patrick Gestede : Avant on partait plutôt d'un riff de guitare ou d'une idée de chant. Désormais, de plus en plus, et cet album-là n'a été composé pratiquement que comme ça, on part d'une improvisation. Avec Dom (guitare), on joue ensemble depuis qu'on a quinze ans. Tout a commencé dans une chambre. Trois accords, moi et ma voix d'adolescent, et pour la basse on tendait une corde sur un manche à balai, tu vois le genre ! (Rire) On était des gosses avec des rêves de gosses, on voulait devenir Saxon ou AC/DC. Alors on se connaît tellement maintenant qu'on sait tout de suite ce que l'autre va faire. D'un coup d'oeil on sait où on va bifurquer. Alors même en impro, ça peut aller très vite. Et comme la section basse/batterie tire maintenant dans le même sens que nous, ça marche vraiment bien. Par exemple on part d'un rythme de batterie, le guitariste se cale dessus comme il peut, j'arrive avec le chant, la basse suit, et au bout d'un moment on déboule sur une idée. Souvent, c'est quand on se chauffe dans les répétitions qu'il arrive un moment où il y a des idées qui se rejoignent. Alors on se regarde et on se dit « Oh ! Là il y a un truc ! » Alors on enregistre et on conserve. Dix fois ça ne donnera rien, c'était juste de l'échauffement, mais de temps en temps il y a ce truc particulier qui te fait penser qu'il faut creuser l'idée. C'est comme ça maintenant, on se connecte avec une impro, personne n'a rien préparé avant, personne n'amène rien. On roule, c'est tout. Le seul truc, si nous avions un cahier des charges, ce serait de chercher à composer un morceau rapide si on trouve qu'on a trop de mid-tempo en stock à ce moment là.
Ahasverus : J'ai trouvé « Borderline » très différent de son prédécesseur « Never Say Never », et pour tout dire je n'ai pas eu l'impression d'avoir affaire au même groupe...
Patrick Gestede : D'abord on ne fait jamais le même titre. Ensuite je suis d'accord sur le fait qu'il sont différents, même si, de l'intérieur, on ne le ressent pas trop. Dans le groupe, on se voit régulièrement, on ne perçoit pas l'évolution, elle ne se fait pas de manière brutale. Alors y a-t-il des différences entre ces deux albums ? Certainement, mais finalement pas tant que ça pour nous. Par contre ce qui a changé, c'est qu'on n'a pas composé les titres avec la même section rythmique que sur « Never Say Never ». La section rythmique actuelle est arrivée pour l’enregistrement du premier LP mais avec des titres composés pour l’essentiel avec le précédent duo rythmique. Sur les compos de « Never Say Never », le bassiste était aussi rock que metal, et le batteur était plus métal prog', tandis que maintenant nous tirons tous dans le même sens. Les compositions s'en trouvent renouvelées, on se permet de faire les titres dont on avait envie sans les aspirations (légitimes) d'un ou de musiciens qui nous tiraient, même inconsciemment, vers ce qu'ils préfèrent. Le deuxième album a gagné en cohésion rythmique avec Nico (Nicolas Sotiriou, basse) et Run (René Gabriel-Guérard, batterie). C’est sans doute en partie de cela que te vient la sensation d’avoir affaire à un autre groupe, l’importance de la basse-batterie dans le metal c’est pas rien !
Ahasverus : C'est fort possible. En fait je trouvais le premier album d'un hard/heavy assez classique, et le second me semble encore plus heavy. Il me fait penser aux premiers Accept (je songe notamment au morceau « In Your Name »), voire aux premiers Judas Priest.
Patrick Gestede : Je ne l'entends pas comme ça, mais il est toujours intéressant d'avoir un point de vue extérieur. Pour ma part, je n'arrive pas à trouver de références, même si « Cadillac », est à l'évidence un clin d'oeil à Motörhead, c'est pourquoi tu m'entends dire « Stay clean » et « No class » sur ce morceau, ce sont mes deux titres préférés du groupe. On fait du heavy bien sûr. Mais pour le reste, je suis incapable de te citer un groupe auquel on ressemblerait. En fait on a la tête dans le sac, et quand tu es trop dans le truc, tu n'as plus assez de jugement objectif sur ce que tu fais.
Ahasverus : C'est aussi le son qui me fait penser à ça : je trouve que vous avez un son — et ça n'a rien de péjoratif — très années 80, sur cet album plus encore que sur le précédent.
Patrick Gestede : Je suis d'accord. « Never Say Never » avait été enregistré un peu bizarrement. Un vrai chemin de croix ! Il a été enregistré quasiment en live. On entend d'ailleurs parfois des fluctuations dans le rythme, elles tiennent au fait qu'on joue live. Bien sûr on a réenregistré quelques parties de guitares et des bricoles, mais la base est purement live. Le son est un peu plus lourd, il y a un peu plus de fréquence basse, il est un peu plus power-sound toute proportion gardée. C'est logiquement moins propre que sur « Borderline », sur lequel on entend plus distinctement les instruments, qui sonnent un peu plus clair et plus metal 80 peut-être, sans qu’il en ait eu la volonté. La spontanéité et le coté sans fioriture, brut de décoffrage du premier a aussi son charme et ses adeptes ceci-dit, c’est une question de goût.
« Borderline » est plus chiadé, plus travaillé que « Never Say Never ».
Ahasverus : Où avez-vous enregistré « Borderline » ?
Patrick Gestede : Le premier album était enregistré en studio, mais « Borderline », c'est du fait maison. La batterie est en studio, mais tout le reste est fait chez nous. Ca change beaucoup de choses : on a plus de temps pour fignoler, on n'est pressés ni par le temps ni par l'argent, et quand tu sais le prix d'une journée de studio... Il faut savoir que sur le premier album, j'ai enregistré toutes les voix en une journée ! Neuf titres en une seule journée, c'est à dire en huit heures, en assurant les choeurs, les backing vocals. J'ai terminé la gorge en feu (Rire) ! Et sur certains morceaux, on n'a même pas eu le temps de doubler les voix. Sur « Borderline », j'étais chez moi. J'ai pris mon temps. Je pouvais reprendre le lendemain, je n'avais pas à payer deux ou trois cents balles de studio en plus. Ce n'est pas pour te dire que tel album est meilleur que l'autre, mais pour t'expliquer la différence. « Borderline » est plus chiadé, plus travaillé que « Never Say Never »...
Ahasverus : Ca explique qu'on t'entend aller chercher, sur « Borderline », des notes très hautes...
Patrick Gestede : Mais oui ! J'étais chez moi, j'avais le temps. Alors qu'en studio, au prix où ça coûte, tu vas à l'essentiel. Quand tu as encore cinq titres à mettre en boîte et qu'il te reste trois heures, tu ne vas pas chercher le fignolage.
Ahasverus : Est-ce que ça explique aussi que la guitare lead est plus présente sur cet album ?
Patrick Gestede : Oui, évidemment, Dom eu le temps aussi. Quand tu passes de trente minutes à trois jours pour poser un solo, la petite note qui ne te plaît pas tu peux la refaire. Encore une fois, je ne dis pas que c'est mieux. Les petites imperfections ça peut aussi donner du cachet. Je n'aime pas le rock N' roll parfait, j'aime bien quand il déraille. Enfin voila, la différence entre les deux albums repose sur ça : dans le premier on n'a pas le temps, dans le deuxième on l'a ! Le premier album a été enregistré en cinq jours. Le second s'est échelonné sur plusieurs mois, et même sur un an en y allant à notre rythme.
CHRYSIS par Shooting Metalhead
Ahasverus : Ca me rappelle les premiers Black Sabbath, enregistrés en quelques jours seulement.
Patrick Gestede : Ouais, c'est court. Tout le monde joue en live, et on ne reprend que ce qui est vraiment mauvais. C'est short, mais des fois ça sort bien.
Ahasverus : Je trouve cependant que ça ne s'entend pas du tout, « Never Say Never » reste un très bon album qui tient la route.
Patrick Gestede : Merci ! Ouais mais bon... moi je ne vois que les défauts. Que sans doute les gens n'entendent même pas. Je suis un peu casse-bonbons, je ne suis jamais satisfait. C'est pour ça que je ne nous ré-écoute pratiquement jamais : je ne vois que les fautes ! Je déteste m'écouter, et encore plus me réécouter. Mais je fais de plus en plus d'efforts pour m'accorder (nous accorder) une certaine indulgence... Je suis en voie de guérison ! (Rire)
Ahasverus : Les paroles, c'est toi qui t'en occupe ?
Patrick Gestede : Oui, de A à Z sans que personne n'y regarde. Ils me font confiance. Une fois fini je soumets le texte à l’approbation générale et pour l’instant je n’ai jamais reçu de retour à l’envoyeur. (Rire)
Ahasverus : Alors que signifie le titre « 666 or 45 » ?
Patrick Gestede : Ca fait quatre ou cinq fois qu'on me pose cette question. Il interpelle les gens, ce titre ! En fait certains y verront du complotisme, mais ce n'est qu'une réflexion. 666 c'est la Bête, le mal absolu. Il contrôle tout, il est derrière tout. C'est de ça que je parle : les gens derrière le voile d'ombre et qui manipulent tout. Ceux qu'on porte à la présidence ne sont que les pantins de ceux qui tirent les ficelles, non ? Même en 1945, est-ce que ce n'était pas la Bête qui tirait les ficelles ? Et si oui, dans quel but et au profit de qui ? Bien sûr j'ai aussi joué sur la sonorité des chiffres, j'aurai pu utiliser un autre évènement, mais ça sonnait bien à l'oreille, il ne faut pas aller chercher plus loin. Ce titre parle de ces gens qui tirent les ficelles dans l'ombre, de la facilité qu'ils ont à le faire en jouant avec notre crédulité. Jusqu'à quel point est-on manipulés ?
« Voila nos projets : une vidéo, trois à quatre dates en 2024, et quatre titres bouclés pour le prochain album. »
Ahasverus : Où peut-on trouver vos albums ?
Patrick Gestede : « Never Say Never » est disponible sur toutes les plateformes. « Borderline », le nouvel album, sera sur les plateformes ultérieurement. Les albums sont difficiles à vendre de nos jours, et si on les diffuse trop vite sur les plateformes d'écoute, avec lesquelles on ne gagne rien ou pas grand chose, on va vendre encore moins d'albums. On a donc décidé de prendre un peu de temps, de commencer par vendre l'album en physique, et de ne le proposer en digital qu'un peu plus tard.
Ahasverus : Pour l'achat en physique on vous contacte sur la page Facebook ?
Patrick Gestede : Oui, on a épinglé un lien en haut de la page. (NDLR : CHRYSIS)
Ahasverus : Quelle sera votre actualité lors des prochains mois ?
Patrick Gestede : D'abord la composition. On a déjà trois ou quatre nouveaux titres, « One Gun Shot », « Watch Out » et « Dressed In Black », qu'on a testés en concert, et on travaille sur un quatrième morceau. On a aussi des dates qui arrivent, mais je ne peux pas griller la politesse aux organisateurs en les annonçant. Sache juste que deux d'entre elles seront en Champagne-Ardennes, et la troisième sera à l'extérieur. Et on en revient à notre conversation initiale : il y a tellement de groupes qu'il devient aussi difficile de décrocher des places dans des endroits aux conditions suffisantes. On est donc fixés sur deux ou trois dates pour l'instant. Elles seront annoncées en temps voulu. On aimerait également faire une vidéo, on est en train d'en discuter. Là encore, c'est une question de moyens. Soit tu fais juste une répétition filmée avec les mecs qui jouent, pourquoi pas ; soit tu chiades un truc, et ça coûte de l'argent. C'est le nerf de la guerre ! Tu veux une vidéo ? File-moi cinq mille et je t'en fais une belle ! Voila nos projets : une vidéo, trois à quatre dates en 2024, et quatre titres bouclés en attente d'autres pour le prochain album.
Patrick Gestede (CHRYSIS) par Shooting Metalhead
Ahasverus : Merci Patrick d'avoir répondu à mes questions.
Patrick Gestede : C'est moi qui te remercie. Je n'arrête pas de le dire sur scène : sans vous on n'est rien. Sur scène, je n'arrive pas à dissocier le public du groupe. Pour moi les gens qui sont dans la salle font partie du concert au même titre que le groupe, ils font partie du groupe. On n'est rien les uns sans les autres, on se nourrit de nos passions. Le public fait partie intégrante du spectacle. D'ailleurs, des fois, le public n'est pas bon, alors que le groupe est très bon. Des fois c'est toi qui es dans un jour sans, mais parfois c'est le public. Je le prends comme un élément qui fait partie du spectacle. Alors je remercie souvent les gens pour l'intérêt qu'ils portent à la musique. Ce n'est pas de la démagogie, je le ressens vraiment. Les gens qui font des photos et qui te laissent les utiliser gratos, les gens qui font des kilomètres pour faire des papiers sur ton groupe sans rien te demander... Merci les mecs, j'adore ! C'est un vrai clan, et ça fonctionne bien.
« Aujourd'hui tu as le Wacken, et plein de festivals monstrueux, et il n'y en a pas un qui s'est dit il y a un public, il faut qu'on fasse une chaîne. »
Ahasverus : On termine sur une note positive, après avoir commencé en mode « c'était mieux avant »...
Patrick Gestede : Oui. Mais ce n'était pas très négatif ce que je disais en guise d'introduction. Je trouve juste que les temps ont changé et qu'on a perdu le petit frisson de la découverte, ce poil qui se dresse sur le bras, parce qu'on est plus émoustillés comme avant à force de tout découvrir trop vite. On n'a plus les yeux écarquillés des gamins. On nous a mâché l'imagination et le plaisir de la découverte. Je me souviens encore de la première fois que j'ai vu ce putain de petit guitariste d'AC/DC bouger comme ça... J'étais placé avec vue sur les coulisses, et je voyais le roadie arriver tous les trois ou quatre morceaux avec une bouteille d'oxygène. Je ne savais pas ce que c'était, il posait un masque sur le visage d'Angus pendant quinze secondes, puis Angus repartait sur scène. Je me disais « C'est quoi ce bordel ? » C'était hallucinant ! Je me souviens aussi de Bon Scott qui portait Angus à travers le public. C'était incroyable, je ne savais pas qu'ils faisaient ça. Maintenant on connaît tout à l'avance, on n'est plus surpris et même, on l'attend. Ca me manque, vraiment. C’est comme entrer dans un palais des glaces avec des flèches qui t’indiquerait le chemin à suivre vers la sortie. Ça perdrait un peu de son piment tu crois pas ?! Tu te souviens de l'émission Juke-Box (NDLR : une émission diffusée sur Antenne 2 entre 1975 à 1978) avec Freddy Hausser ? C'était une émission d'une heure à une heure trente qui passait une fois tous les trois mois le samedi soir. Tu y trouvais les groupes incroyables qui sont devenus les dinosaures d’aujourd’hui ! C'était la seule manière de découvrir visuellement les groupes. Maintenant tu cliques sur Youtube et tu sais que Till (Rammstein) va cracher du feu, sur quel titre, à la quarante-cinquième minute du concert.
Ahasverus : Je me souviens aussi des Enfants du Rock et de Chorus.
Patrick Gestede : Oui. Antoine de Caunes était un peu plus punk et rock anglais. Il passait des trucs très intéressants. En fait, plus il y a de chaînes, moins il y a de rock. Dans les années 80, tu voyais Motörhead chez Mourousi. Tu imagines un groupe comme ça au JT de TF1 maintenant ?
Motörhead et Yves Mourousi au journal télévisé en 1987
Ahasverus : Le punk et le hard ne se fréquentaient cependant pas trop à la fin des années 70...
Patrick Gestede : Je ne peux parler que de mon expérience. A Reims on avait une boite qui s'appelait Le Tigre. C'était un lieu mythique qui ne passait que du rock, du metal, et des trucs qu'on n'entendait pas ailleurs. Le public de cette boite, c'était beaucoup de métalleux, mais aussi des punks, et on s'est toujours très bien entendus. Alors de manière plus sociologique, qu'il y ait eu du tirage entre punks et métalleux, c'est possible, mais moi je ne l'ai pas vécu. Les punks écoutaient sans déplaisir « Whole Lotta Rosie » d'AC/DC, et les métalleux écoutaient les Pistols de la même manière. C'était aussi une époque qui voyait débarquer Joe Jackson, Police, ou U2 qui fédéraient un peu tout le monde. Dans cet endroit précis en tous cas.
« Il n'est pas seulement difficile de vendre, il est difficile d'être écouté ! »
Ahasverus : Tu te souviens de Tonton Zeguth ?
Patrick Gestede : Bien sûr ! Et de Patrice Blanc-Francard, sur France Inter. Je crois avoir découvert dans une de ses émission le morceau « Hello America » de Def Leppard. J'entends ce truc, avec ses choeurs incroyables, je note le nom en phonétique, et je cherche comme un fou jusqu'à trouver cet album, « On Through The Night ». Quelle claque ! J'ai décroché de Def Lep par la suite. Mais à l'époque, on chopait tout ce qui passait. Comme Georges Lang sur RTL. Je passais des nuits à écouter Les Nocturnes. Et évidemment Francis Zeguth, qui a fait énormément pour le Metal. Il avait la volonté de faire marcher le truc. Aujourd'hui télés et radios freinent des quatre fers. Arte fait des efforts, je regarde souvent ses replays. Aujourd'hui tu as le Hellfest, Wacken, et plein de festivals monstrueux, et il n'y en a pas un qui s'est dit « il y a un public, il faut qu'on fasse une chaîne », alors qu'on trouve des canaux spécialisés pour des trucs très confidentiels... Tu as des opérateurs qui te proposent neuf cents chaînes, mais dans le bouquet tu n'as pas une chaîne Metal ! Bon, après, je n'écoute pas que du Metal. D'ailleurs le titre « No, No, No », sur l'album « Borderline », est un titre qui se réfère à Amy Winehouse et au titre « Rehab ». Je trouvais cette chanteuse émouvante. J'adorais sa voix, elle me donne des frissons. Sinon côté Metal, ce que j'écoute le plus en ce moment, c'est Battle Beast. La voix de Noora Louhimo, j'ai plus de mots... C'est énormissime ! Mais on passe à côté de tellement de trucs monstrueux qui se retrouvent noyés dans la masse. Désormais il n'est pas seulement difficile de vendre, pour un musicien, mais il est difficile d'être juste écouté ! Rien que dans mes contacts, il y a trois ou quatre groupes par jour qui sortent un album. Comment veux-tu écouter tout ça ? La part du gâteau, c'est des miettes pour tout le monde excepté pour les quelques dinosaures ! Et même Battle Beast, avec sa chanteuse qui est peut-être la plus grande vocaliste du circuit, il y a encore des gens qui ne connaissent pas. C'est dire...
Ahasverus : Merci Patrick de m'avoir consacré du temps.
Patrick Gestede : C'est moi qui te remercie pour ton intérêt.
Les photographies de Chrysis sont de Shooting Metalhead. Nous le remercions pour son aimable autorisation.
SILVERTRAIN : Le silence est d'or
Le 07/11/2023
« Une personnalité et une marque de fabrique c'est ce qu'il faut avoir. Silvertrain a tout cela, la nouvelle équipe va le prouver. »
Photographies d'Esther W. Pink - Interview réalisée par Ahasverus
Phil York, c'est un peu le parrain de notre webzine. Parce que c'est son énergie et sa profession de foi résolument « Rock Or Burn », ainsi que sa grande générosité artistique qui nous ont donné l'envie de créer Ahasverus - Métaux en tous genres après avoir vu Silvertrain en concert au Monster's Art de Fréjus à l'occasion de la sortie de l'album « Waves Of Insanity » (2016).
C'est un parrain dont Ahasverus n'est pas peu fier, parce qu'il a tourné avec Motörhead et avec Rose Tattoo, pardonnez du peu, et qu'il est ainsi le gardien d'une partie de l'histoire du Metal. (voir notre interview SILVERTRAIN de Phil en Phil - Part. I)
Il était donc naturel que nous allions solliciter notre parrain Phil York à l'approche de la sortie de « Bring Back The Silence », le sixième album de Silvertrain. Cette interview trouvera pour l'occasion sa conclusion dans un proverbe : si la parole est d'argent, le silence est d'or...
SILVERTRAIN, « Rock Or Burn », extrait de l'album « Walls Of Insanity » (2016)
« Nous avons remis en avant l'Âme de Silvertrain. »
Ahasverus : Bonjour Phil. Où en es-tu avec le nouvel album ?
Phil : « Bring Back the Silence », réalisé au Dôme Studio chez David Potvin, sort fin novembre en physique et sur toutes les plateformes. Avant sa sortie trois singles seront disponibles en streaming.
« Bring Back the Silence », c'est huit chansons. Chacune d'entre elle nous emmène dans un univers teinté de souvenirs, de situations présentes, d'espoirs, de rêves, une galerie de tableaux qui créeront un show époustouflant lors de nos concerts. Ce nouvel opus se différencie de la Trilogie «Walls of insanity / No Illusion /Steel Against Steel ». Micky Ramirez, guitariste, a influé énormément sur cet album. Il s'est accaparé des textes et s'est projeté dans chaque histoire, des histoires qui sont d'actualité, des histoires qui sont des cris, des espoirs, des rêves. Nous avons remis en avant l'Âme de Silvertrain. Toute l'équipe à hyper bossé dans ce sens. Nous sommes vraiment fiers du résultat.
Ahasverus : Des concerts en vue ?
Phil : Oui. Nous avons choisi la filière des Fests et de quelques villes ciblées, Les programmations sont en cours, nous communiquerons le calendrier, fin janvier.
Ahasverus : On me dit parfois dans des interviews qu'il devient difficile de tourner aujourd'hui. Les plateformes de streaming ont-elles tué le business ?
Phil : Non, c'est juste le monde qui évolue. Il faut s'adapter très vite. Quand j'entends dire que le passé était mieux, pour moi c'est faux, c'était très difficile aussi de se payer un instrument, répéter, faire des concerts, être signé par une Maison de Disques où simplement s'auto-produire. Que se soit dans la zique où autre, c'était très difficile et à toute époque. Les peintres, les sculpteurs, etc, et même pour tous les artistes des XVI, XVII, XVIII, XIXème ou XXème siècles, un nombre incalculable est resté dans l'anonymat. De nos jours il en est de même. La musique est omniprésente sur les réseaux, nous dévorons des dizaines de chansons de tous styles chaque jour et chaque style a ses propres niches. Alors se faire une place aujourd'hui est compliqué tout comme aux différentes époques. Une personnalité et une marque de fabrique c'est ce qu'il faut avoir. Silvertrain a tout cela, la nouvelle équipe va le prouver.
Ahasverus : Un artiste peut il vivre de son art aujourd'hui ?
Phil :Vivre de son art a toujours été très difficile. Il y a énormément de talents, mais comme la société de consommation est passée par là, il y a une élimination de fait, donc très peu de places.
« Silvertrain est une griffe, une marque. Je la revendique avec ses bonnes et mauvaises périodes. Nous sommes dans une bonne période. »
Ahasverus : Mais toi tu es toujours là.
Phil : La passion ne s'explique pas, elle est en moi depuis l'âge de seize ans. Silvertrain est une griffe, une marque. Je la revendique avec ses bonnes et mauvaises périodes. Nous sommes dans une bonne période.
Ahasverus : Peux tu me parler des autres musiciens ?
Phil : L'intégration n'est jamais chose facile, tant techniquement que moralement. Intégrer un groupe c'est s'identifier à lui. Michael Levant, notre bassiste, l'a tout de suite compris. Ses partitions apportent énormément de volume et de profondeur, son émotion est omniprésente et les compositions s'en ressentent. Il s'est beaucoup investi dans les chansons. Concernant Emmanuel Drillin, notre second guitariste, au fil de l'enregistrement il a estimé qu'à la sortie il prendrait une toute autre voie. Nous nous sommes séparés à la fin de l'album. Fabrice, son remplaçant, est une histoire qui commence, donc rendez-vous sur scène.
Pour ce qui est de la batterie, Sébastien a eu un grave problème d'acouphènes. Après quelques séances d'enregistrement nous avons décidé de mettre Enzo aux commandes, contrat qu'il a rempli magistralement en peu de temps. Aujourd'hui l'équipe est prête. Silvertrain depuis ses débuts est taillé pour la scène. Nous travaillons un show incroyable : le plaisir d'entendre, mais le plaisir de voir aussi !
Ahasverus : Pour les pochettes précédentes (« Walls of insanity », « Steel Against Steel ») tu faisais appel à Stan W Decker. Qu'en est-il pour « Bring Back The Silence » ?
Phil : Quand j'aime, je suis fidèle, mais hormis cela Stan à tout de suite compris le sens de « Bring back the silence ». Radios, chaînes de télévision, réseaux sociaux, etc, c'est un Blabla constant. L'idée du fœtus est géniale : ces êtres vivants en ont marre d'entendre en boucle toujours les mêmes choses, marre que tout le monde donne son avis sur tout, marre de ce narcissisme ambiant. Ils ont le droit de dire, « Fermez vos gueules et ramenons le silence ! »
Photographie d'Esther W. Pink
Le 18/10/2023
« Je suis prêt a tenter tout ce dont j'ai envie tout en gardant ma personnalité. »
Piero QUINTANA par Jessica Calvo Photographe
« Être seul c'est être libre », nous dit Piero Quintana à propos de son nouveau projet. C'est qu'il est en scène avec une guitare et une machine, pour le « Quintana Dead Blues eXperience ».
Des configurations, il en a testé plus d'une, en plus de vingt ans de discographie. « Chaque période de ma vie à eu son univers », poursuit-il en se tournant sur son passé, Quintana Roo, Liga Quitana... Puis il nous parle du présent, de l'album « Older »...
Pour le futur, on verra : il est temps de faire un point sur le cas Quintana...
Interview réalisée en février 2019 - actualisée en octobre 2023.
Ahasverus : Bonjour Piero Quintana. Tout d'abord vous souvenez-vous de votre premier émoi musical et du premier album acheté ?
Piero Quintana : Comme beaucoup de personnes de ma génération, je pense, mon premier disque et premier choc musical a été le fameux « Thriller » de Mickael Jackson en 1982, j'avais alors treize ans. Bien avant, mon enfance à baigné dans du Serge Reggiani, Paco Ibañez, Georges Moustaki et même Claude François et Joe Dassin !
Ahasverus : Comment est née cette vocation de musicien, comment avez-vous découvert votre première guitare et quel est votre parcours artistique ?
Piero Quintana : Ma grand mère, qui fût premier violon à l'orchestre de Chambéry, m'a « mis » au conservatoire dés l'âge de sept ans, pour étudier le solfège et la flûte traversière. Puis vers l'âge de dix-huit ans, un peu dégoûté par le côté rigide du classique, et plus intéressé par la musique du moment, comme Duran Duran, INXS et pas mal de groupes de rock espagnol, je me suis mis à la basse, pensant (à tort) que c’était l'instrument le plus facile pour faire du rock et avoir un groupe rapidement. Je ne me suis mis à la guitare, en autodidacte que bien plus tard, à l'âge de trente-deux ans. Au départ, cet instrument ne me servait qu'à m'accompagner, puis le temps est passé, et avec les progrès, j'ai commencé à lui donner une plus grande place, comme dans Quintana Dead Blues eXperience. Dans plusieurs de mes projets, j'ai mis aussi un peu de flûte traversière et de l'harmonica, mais mon instrument principal reste le chant.
Ahasverus : Dans une interview à Virgin Radio en 2014, vous disiez faire « le grand écart entre Dépêche Mode et Nirvana ». Aujourd'hui comment définiriez vous votre univers ?
Piero Quintana : Ce n'est pas original ce que je vais dire, mais c'est toujours difficile de définir son univers et d'y mettre une étiquette. C'est pour ça que j'aime dire que je fais le « grand écart » entre Dépêche Mode et Nirvana. Je suis fan de Dave Gahan et de tout ces rythmes electro mélangés à ces riffs de blues comme dans « Personal Jesus » ou « I Feel You », et j'ai aussi toujours aimé cette folie dans Nirvana, ce côté crade, sauvage et imprévisible. S'il faut donner d'autres noms d'artistes, je suis très certainement influencé par ce que j'écoute ; Black Rebel Motorcycle Club, Iggy Pop, The Rolling Stones, The Kills, Triggerfinger...
Piero QUINTANA par Jessica Calvo Photographe
Ahasverus : Où trouvez-vous votre inspiration musicale, et quelles thématiques aimez-vous aborder ?
Piero Quintana : Dernièrement, j'essaye d'écouter plus de Blues, des choses plus près des racines, plutôt que des musiques déjà digérées et transformées, afin de m’imprégner de l'essence et d'y mettre ma propre personnalité. Depuis l'album « Older » de Quintana Dead Blues eXperience, je travaille des titres avec Rémi Guirao (Arabella) qui me permet d'avoir un autre angle de vue sur ma musique ; il me propose des morceaux « sur mesure » que l'on travaille ensemble. Je cherche quelque chose de plus direct et de moins produit, pour cela j'épure le plus possible les morceaux et j'y mets l'essentiel, pour que ça soit plus lisible et émotionnel. Au niveau des textes, les thèmes abordés sont souvent des ressentis personnels sur mon histoire, des états d'âmes que j'essaye de retranscrire le plus sincèrement possible.
Ahasverus : Les textes de vos derniers opus sont en Anglais. Cette langue correspond-elle mieux à la musique que vous créez désormais, ou vous n'excluez pas de revenir aux textes en Français ou en Espagnol dans des productions postérieures ?
Piero Quintana : J'écris en Anglais, car effectivement j'ai la sensation que ça se prête mieux à cette période musicale. Auparavant, j'ai toujours chanté en Espagnol et j'ai défendu cette langue, car le rock « en » espagnol a le droit à sa place. Beaucoup s'imaginent que le « rock espagnol » c'est forcement avec de la guitare flamenca ou des mélodies andalouses, que c’est soit du Ska-P, soit style Gypsy Kings (qui sont français soit dit en passant !). En France, c’était à la fois pas facile d'être un groupe de rock espagnol dans ce milieu fermé, et en même temps une force et une originalité ; on jouait de partout, on était différents et on laissait une trace. En 2014, je me suis mis à chanter en Anglais après avoir fait une première tentative en Français avec un nouveau titre qui n'aboutissait vraiment pas. Après plusieurs jours de recherche, j'ai tenté le même morceau avec un bout de texte en Anglais et j'ai eu une révélation ! C’était « These Mornings » (De Novo 2014), et j'avais l'impression d'être Dave Gahan ! haha ! Mais aujourd'hui je ne me pose plus de question, si je dois revenir à l'Espagnol, sur certains titres, ça se fera, naturellement, et peut être même un jour en Français, je n'ai plus aucune règle.
« Je me suis retrouvé seul comme un con avec ma basse. »
Ahasverus : Depuis Quintana Roo , voici treize albums au compteur de votre discographie. Quatuor, duo, vous avez aussi exploré plusieurs types de formations. Pourriez-vous nous brosser l'histoire et les caractéristiques de vos divers projets ?
Piero Quintana : J'ai commencé la musique en groupe sérieusement avec Quintana Roo (nom d'un état du Mexique), en 1991, après plusieurs autres formations éphémères. C'était du Rock espagnol, fortement influencé par les groupes espagnols de la « movida », des années 80/90. On était quatre, deux guitaristes (Greg et Chris) et un batteur (jean H), et j'étais à la basse et au chant. C'est là qu'on a fait nos armes, c'est là qu'on a su qu'on serait musiciens avant tout. Pendant sept ans, on a joué dans toute la France et même quelques dates en Espagne. Puis, le groupe s'est arrêté en 1998 après trois disques. C'est là que je me suis retrouvé seul comme un con avec ma basse et que j'ai dû me mettre à la guitare pour m'accompagner, puis remonter un projet quelques années plus tard, en 2001, avec Liga Quintana. Le nom Liga à été choisi pour sa signification (Ligue), car après la séparation douloureuse de Quintana Roo, je voulais un groupe modulable, avec des musiciens qui entrent dans le projet, puis partent quand ils le veulent sans que le groupe ne meure, ce n'était plus « à la vie-à la mort » : c'était Liga Quintana, un collectif Quintana...
... Même si finalement l'histoire s'est répétée, nous avons vécu des moments énormes et sommes devenus comme des frères. Liga Quintana c'est des centaines de dates entre la France et l'Espagne, c'est quatre disques dont deux enregistrés en Espagne, c'est aussi « StarDiscount », un film. C'est quatre mecs (Les frères Tarricone, Benjamin et Simon, David Litavicki et moi) sans concessions qui font une sorte de rock electro-grunge, chanté en espagnol, sauvage et classe à la fois. L'histoire s'est arrêtée elle aussi, dix ans après, en 2011. Faire de la musique, tourner, c'est un peu maladif chez moi et j'ai toujours la flamme donc je décide immédiatement de continuer, mais seul cette fois-ci, avec différents projets, sous le nom de Quintana et sous forme de duos. Je compose l'album « El Mayor Enemigo » avec Tom Lopez en 2012. Un truc très perso et acoustique, basé sur les textes et des mélodies assez noires ; ma voix, une grosse caisse au pied, une guitare acoustique, une petite boite à rythme minimaliste, et Tom avec son vieux clavier Farfisa et une guitare électrique. Puis j'ai eu à nouveau envie de pression acoustique, d'un truc lourd, electro-rock, puissant et dansant, tout en restant en formule légère. j'ai donc réintroduit une groove box, comme on le faisait dans Liga, et j'ai composé « De Novo » (2014) et « 69 » (2016), avec ma guitare électrique et accompagné par Spike à la basse. Ces projets on été joués aussi de partout entre la France et l'Espagne, c'est là que j'ai vu que je pouvais pousser le délire plus loin et être plus radical ; « être seul sur scène avec une guitare a fond et une vieille groove box Roland MC909 ».
« Je sais aussi qu'un jour je remonterai un groupe, mais je ne me pose pas de question. »
Ahasverus : Vous vous produisez aujourd'hui, sous le nom de Quintana Dead Blues eXperience, un « One Man Rock'N Roll Electro Heavy Blues ». Est-ce à proprement parler une « expérience », ou se produire seul sur disque comme sur scène est-il choix durable du futur Quintana ?
Piero Quintana : En 2017, j'ai fait mes premières dates tout seul sous le nom de Quintana Dead Blues eXperience, pour différencier ce projet du précédent. j'ai choisi un nom à rallonge, pour noyer le poisson ! « Vu que je suis seul, je vais trouver un nom super long ! » J'avais déjà joué seul, auparavant, notamment en première partie de Christine & The Queen et de Gaëtan Roussel et sur quelques festivals, et l'idée, même si c'est flippant, me plaisait. C'est effectivement une expérience artistique et de vie, car je suis ouvert à tout, je suis prêt a tenter tout ce dont j'ai envie tout en gardant ma personnalité. Être seul c'est vraiment être libre, même si la musique est un échange et que la vie de groupe et de partage me manque parfois. Mais en réalité je ne suis vraiment pas seul, je suis très entouré, il y a Chris Martin (KNT Publishing) mon éditeur qui m'accompagne dans le développement du projet, ma compagne Jessica Calvo photographe qui apporte énormément à mon image à l'heure où le visuel est primordial, et beaucoup d'autres personnes. Je partage bien évidemment avec le public et les gens que l'on rencontre lors des tournées. Je sais aussi qu'un jour je remonterai un groupe, mais encore une fois, je ne me pose pas de question, quand, où, pourquoi...
« Ces opus sont ne sont que des prétextes. »
Ahasverus : Où peut-on écouter et se procurer vos albums ?
Piero Quintana : Les albums sont sur internet (Spotify, Deezer, etc), mais aussi en VPC, on peu les commander sur www.pieroquintana.com. Sinon, il y a pas mal de vidéos de tous ces groupes sur Youtube.
Ahasverus : Outre « Older », votre nouvel album sous le nom de Quintana Dead Blues eXperience, quel opus rrecommanderiez-vous à un lecteur qui voudrait découvrir votre univers ?
Piero Quintana : « Older » se rapproche le plus de ce que je recherche, des chansons avec une énergie Rock, un son un peu Stoner, un côté intense et sauvage, avec juste une voix, une guitare et une machine. Chaque période de ma vie à eu son univers, tout en gardant une identité forte. Mais je recommande aux gens de venir aux concerts, c'est là que ça se passe, je fais des nouveaux morceaux et des nouveaux disques juste pour pouvoir tourner et monter sur scène, ces « opus » ne sont que des prétextes en fait ! Ou au pire trouvez des vidéos live sur Youtube !
Ahasverus : Après l'Espagne, vous êtes actuellement sur les scènes françaises. Un mot sur la tournée du Quintana Dead Blues eXperience ?
Piero Quintana : J'ai fait près de soixante-dix dates en 2018, j’espère en faire autant cette année. J'essaye de jouer dans de meilleures conditions d'années en années, je joue partout, du petit bar à la grosse scène de festival. Venez aux concerts, je passe peut être près de chez vous cette année, surveillez les dates sur Facebook ou sur le site officiel !
Ahaasverus : Merci Piero Quintana de nous avoir accordé cette interview.
Piero Quintana : Merci à vous et à très vite sur un concert !
TARAH WHO? : Letter from L. A.
Le 15/10/2023
« Je n'ai pas de message précis quand j'écris, mon but est de me libérer de mes émotions et de faire du rock'n roll. »
Le 24/09/2021 sortira « Supposedly A Man », le nouveau Tarah Who?.
Pour patienter en attendant la sortie de cet album de rock qu'on vous recommande et dont notre chroniqueur Pépé Stakatto vous fera l'article, nous avons pris des nouvelles de Coraline et Tarah, les deux expatriées - elles vivent aux USA - qui composent cette formation.
Bonjour Tarah Who? Pourquoi avoir choisi une formule duo ?
Coraline Herve (batterie) : Bonjour ! Merci de nous recevoir. On n'a pas vraiment choisi la formule duo, c'est plutôt venu à nous (rires), mais ça fonctionne plutôt bien pour nous !
Tarah G. Carpenter (chant, guitare, basse) : Bonjour ! Oui effectivement. En fait notre dernier bassiste nous a planté une semaine avant une tournee Europeenne. On a dû trouver une solution très rapidement et il nous a semblé plus simple de partir en duo avec des tracks plutôt que d'essayer de trouver un(e) bassiste qui aurait dû apprendre vingt-cinq chansons en une semaine, etc. Au retour de notre tournée européenne, on avait une autre tournée de prévue et on se disait que, si on trouvait la solution pour ces deux tournées, on verrait après. La réaction du public était très encourangeante et on a trouvé plus simple finalement de n'avoir que nous deux a gérer, donc on est resté comme cela.
Tarah Who? ... Comment naît l'idée du prénom suivi de cette interrogation ?
Tarah G. Carpenter : Alors ça c'est une autre longue histoire ! (Rires)
Pour la faire courte, j'avais envoyé un email a mes musiciens de l'époque parce qu'on cherchait un nom de groupe. Donc ça, c'était au tout debut... J'avais proposé plein de noms, mais ils n'ont finalement retenu que le sujet de mon email qui était « Tarah... WHO??? ». On s'était dit qu'on allait faire les dates déjà programmées avec ce nom puis qu'on allait réflechir, mais ... On ne l'a jamais fait !
Votre nouvel album sort le 24/09/2021. Il s'appellera « Supposedly A Man ». Quel message doit-on lire à travers ce titre ?
Tarah G. Carpenter : En fait l'album devait s'appeler « Exposed », parce que chaque chanson expose quelque chose de personnel ou une situation. La pochette de l'album a été pensée comme une fiche de police, d'où les photos mugshots. Au cours des semaines, j'écoutais un peu des nouveautés avec Alexa (NDLR : l'assistant intelligent d'Amazon) et je me suis rendue compte qu'à chaque fois que je lui demandais de jouer une chanson, elle jouait tout l'album de l'artiste. Dans cet album, il y avait effectivement la chanson que je cherchais, mais du coup je me tapais les autres titres de l'opus avant de tomber sur le single. Alors j'ai fait mes recherches et tout le monde a l'air de faire pareil ! Les Foo Fighters, Royal Blood etc. J'ai donc voulu tester : appelons l'album comme l'un des singles qui, pense-t'on, plaira le plus, comme ca ceux qui utilisent Alexa pourront découvrir également les autres chansons de l'album !
De quand datent les compositions du nouvel album ?
Tarah G. Carpenter : Je les ai composees pendant le confinement. Je dirais que d'avril à septembre 2020 je composais. On a enreigstré le week-end des élections présidentielles aux US, avec nos masques !
« Supposedly A Man ». s'ouvre sur « Bad Time », un titre qui traite des violences faites aux femmes. Après « 64 Women » (votre dernier EP) à propos de l'immigration, Tarah Who? reste sur un sujet à caractère social...
Tarah G. Carpenter : Oui... Mais ce n'est pas voulu. J'écris ce que je ressens, ou ce que j'ai besoin d'exprimer. Je n'ai pas de message précis quand j'écris, mon but est de me libérer de mes émotions et de faire du rock'n roll.
Autre morceau, « La petite Boche ». C'est le surnom que donnaient péjorativement ses camarades de classe à la mère de Tarah, petite fille d'un soldat Allemand. Cette histoire sera moins lisible en Grande-Bretagne ou aux USA, pays qui n'ont jamais été occupés et dans lesquels vous trouvez principalement votre public. Mais j'imagine que l'important était de rendre hommage et justice à la maman de Tarah au travers de cette chanson, et que c'est la raison de son titre en français ?
Tarah G. Carpenter : Exactement ! J'ai écrit cette chanson pour ma mère, mais aussi pour toutes les mamans parce que, pour les enfants qui sont proches de leurs parents, je pense que l'on peut reconnaître l'amour qu'on leur porte sans en avoir honte. On a eu de la chance avec mes frères, et je pense que Coralie sera d'accord avec moi, que nos parents étaient et restent présents pour nous. Ils font beaucoup pour nous, et je voulais dire a ma mère, que j'en etais consciente. En très gros... Effectivement, pour cette chanson, les Américains n'osent même pas prononcer le titre ! (Rire) Ou bien je dois corriger, parce qu'ils veulent l'appeler « La Petite Bouche ». Ah nan, les mecs ! C'est pas le sujet... du tout !
L'autre raison pour laquelle je voulais l'appeler comme ca, c'était pour rappeler deux choses, toujours en restant dans l'optique de dénonciation lorsque l'album s'appelait « Exposed ». Je voulais rappeler aux jeunes que donner des noms à ses camarades pouvait faire très mal, et je voulais aussi souligner cette période de l'histoire que les nouvelles générations n'ont pas connu.
C'est dans les gènes de Tarah Who? que de défendre ses valeurs au travers de sa discographie ?
Tarah G. Carpenter : Haha ! Je ne sais pas ! Je pense que c'est dans mes gènes, et le fait que je compose les chansons l'est aussi, certainement. Il me semble important de toutes facons de défendre ses valeurs. Maintenant, pour Tarah Who?, ce qui m'importe, plus encore que de faire partie d'un style musical en particulier, c'est d'écrire des chansons dont nous sommes fières et de les jouer avec sincérité et authenticité. Le style va varier de titre en titre, mais ce sera toujours du rock, parce que je ne connais que ça. J'ai grandi en écoutant du punk, du grunge, du garage, du metal, etc. Et je pense que toutes ces influences sont dans le son de Tarah Who?.
Je ne me considère pas du tout comme une chanteuse. Rien que de l'écrire cela me fait bizarre !
J'ai beaucoup aimé l'album « Supposedly A Man », sa maturité, son énergie. Des incartades punk et grunge, mais avant tout un album de rock direct, musicalement efficace et textuellement très percutant...
Coraline Herve : Merci beaucoup ! On a voulu faire un album un peu plus « simple » et efficace, qui est direct.
Tarah G. Carpenter : Merci, ça fait vraiment plaisir. Je suis contente de lire « énergie », après, je ne sais pas si c'est en vibe ou en énergie dynamique, mais j'avais peur justement que cet album diffère un peu trop des anciens et qu'il plaise moins à certains de nos fans qui aiment justement « 64 Women » (NDLR : le précédent EP de Tarah Who?) pour son côté très punk chaotique. Mais c'est une très bonne définition, « rock direct», c'est carrément l'esprit. On est un goupe de rock, plus ou moins énervé. En live, on a tendance a rester sur ce côté énervé et je pense que c'est ce qui fait qu'on nous appelle punk, par ici.
Tarah, ton registre vocal assez bas me fait penser parfois à Crissie Hynde (The Pretenders), par exemple sur La Petite Boche ou Manners... Quel rapport entretiens-tu avec ta voix ?
Tarah G. Carpenter : Alors là... Euh... Honnêtement je ne sais pas du tout ce que je fais... Je ne me considère pas du tout comme une chanteuse. Rien que de l'écrire cela me fait bizarre ! Je chante parce qu'il s'agit de mes pensées, de mes émotions, de mon vécu, et maintenant ça me fait du bien parce que, en live, je crie tout ce que j'ai, donc il y a ce côté soulagement, défouloir. Mais je n'y connais rien du tout en voix... Je ne pourrais pas chanter toute seule, par exemple... Il faut que je joue !
Vous êtes toutes deux françaises expatriées aux USA. Reviendrez-vous tourner dans l'hexagone ?
Coraline Herve : Je reviens toujours de temps à autre pour voir la famille, et ça fait toujours du bien de revenir à la maison, en France. Pour l'instant je pense rester aux USA, mais on verra bien dans quelques années.
Tarah G. Carpenter : Oui pareil, la France c'est la maison, la famille, les amis, la bonne bouffe (punaise !), le bon vin (raahh lalala...). Mais pour la musique, et pour mon style de vie en général, je préfère être aux Etats-Unis. Depuis le temps, je connais plein de monde, et c'est ce qui m'a permis de continuer dans la musique. Je ne trouvais pas d'opportunités en France, et le jeu de scène, la facon dont les musiciens travaillent, sont complêtement differents. Je me trompe peut-être parce que je n'ai pas suffisamment d'expérience en France pour le coup, mais à l'époque où j'essayais de faire des choses, c'était un circuit tres fermé et restreint, avec décibelmètre à toutes les scènes musicales, les musiciens que j'ai rencontré ne prenaient pas le travail au serieux. A L.A., tout le monde est acteur ou musicien, et le niveau musical est impressionnant. Si ça ne marche pas avec l'un, tu prends l'autre. Ca va très vite ! Il n'y a QUE des opportunités !
Tourner en France ? Bien sûr ! Toujours ! On adore venir jouer en Europe et en France, à la maison.
Que va faire Tarah Who? dans les prochains mois ?
Coraline Herve : Nous sommes en train de travailler sur le prochain EP ou album, on ne sait pas encore (Rires) et on espère pouvoir rejouer live assez vite.
Tarah G. Carpenter : Bah justement je travaillais là sur une demo ! Et je me suis souvenue de cette interview ! Oui, on est en train de préparer des nouvelles chansons que l'on va enregistrer en décembre, et on commence à booker des dates.
Où et sous quels formats pourra-t-on se procurer le nouvel album ?
Coraline Herve : L'album sera disponible en digital sur toutes les plateformes ainsi qu'en physique. Vous pourrez le retrouver sur notre site internet, www.tarahwho.com.
Tarah G. Carpenter : Yes, en physique il sera distribué dans quelques magasins je crois, mais sinon il sera dans nos merch avec les tee-shirts et tous les autres trucs qu'on emmène en tournée !
Merci Tarah Who? d'avoir pris le temps de me répondre.
Coraline Herve : Merci beaucoup de nous avoir reçues.
Tarah G. Carpenter : Oui, merci beaucoup.
STEPHANIE NOLF : L'interview Unsafe
Le 15/10/2023
« J'ai fait tellement de compos que j'en ai oublié une bonne partie. »
Il y a des hommes qui ne dorment jamais, chantait Sardou. Il y a des femmes tout pareil... Celle-ci écrit, compose, growle, joue de la basse, fait des artwork, des mixages, diversifie les projets... Stéphanie Nolf officie au chant dans UNSAFE, dont elle a entièrement composé le dernier album. Comme on l’a beaucoup aimé, ce “Mankind”, cette synthèse musclée de Thrash et de Metal, on a profité du confinement pour proposer à Stéphanie une rétrospective dune carrière bien remplie.
Voici son interview.
Bonjour Ahasverus. Je n'en ai aucune idée, j'avais très peu d'argent de poche jusqu'à la fac. Je ne crois pas avoir acheté les K7 audio que j'avais à cette époque... Sinon je me rappelle avoir bien flashé sur l'album "Dirt" d'Alice in Chains quand il est sorti, peut-être que celui-là, je l'avais acheté moi-même...
Le premier gros concert auquel j'ai assisté c'est celui des Toy Dolls au centre culturel de ma ville (Limoges) le 13 mai 1993. C'est un ami qui m'avait emmené. C'était bien sympa et du coup, juste après, le 14 juin, au même endroit, je suis allée voir Suicidal Tendencies (la claque !). Depuis je n'ai jamais arrêté d'aller aux concerts ni de faire de la musique.
Si l’on enlève les cours de musique à l'école, où on nous faisait jouer de la flûte, à dix-sept ans je suis arrivée à la fac, et peu de temps après j'ai acheté une basse. Au départ je voulais faire de la batterie, mais je n'aurais pas pu me l'acheter et il aurait fallu trouver un endroit pour jouer... Mais c'est bien, la basse, ça me convient très bien...
Le premier vrai groupe dans lequel j'ai joué c'est Endless Fall en 1994, un groupe de thrash hardcore. Ça faisait deux ans que je m’entraînais à jouer de la basse. Je n'avais même pas d'ampli à cette époque, et des filles musiciennes dans des groupes de métal et de hardcore, il n'y en avait vraiment pas beaucoup.
Le premier concert que nous avons fait c'était en juin 1994, au centre culturel de la ville, en première partie de Mercyless. Je ne faisais pas la maline ! Sinon il y a eu d'autres concerts sympas, première partie de Madball en 95, sélection au Printemps de Bourges en 96, la deuxième édition du festival Megafolies en 96, l'échange culturel avec Gdansk en Pologne en 97...
Je jouais déjà avec Lionel Faucher, guitariste dans Endless Fall. Dès que ce groupe s'est arrêté, en 1998, nous avons continué et fondé Unsafe, au début avec le même batteur. Puis les musiciens ont beaucoup changé, seul Lionel et moi sommes restés jusqu'à aujourd'hui.
Ce mini LP a été bien accueilli dans la presse.
Et bien, il faudrait que je le réécoute... J'ai fait tellement de compos que j'en ai oublié une bonne partie, et dès que les albums sont sortis je ne les réécoute pas, je passe à autre chose. Celui-ci, je ne suis pas sûre que cela soit mon préféré. Et ce n’est d’ailleurs pas tout à fait le premier album car nous avions enregistré dix morceaux deux ans auparavant, que nous n'avons pas sortis.
Sinon pour un concert, nous avons pour objectif de reprendre un vieux morceau du cinq titres "Human Toxin" (2005), avec un ancien chanteur, Lucas. Et pour l'occasion j'ai réécouté celui-là, et je me suis dis que ça sonnait pas mal pour l'époque.
J'aime bien jouer de la basse. Je n'avais pas du tout prévu de faire du chant.
En 2011, nous avions un enregistrement studio planifié pour l'album “Masterpiece of the Absurd”, et six mois avant le chanteur arrête. Il fallait donc trouver quelqu'un en catastrophe. Ayant déjà passé un certain nombre de chanteurs de la ville, nous nous sommes dit qu’il serait plus pratique que quelqu'un du groupe s’y colle...
Et bien voilà, l'enregistrement de cet album a été très compliqué ! Notre dernier chanteur en date est parti six mois avant l’enregistrement, ce qui m’a laissé peu de temps pour me mettre au point. J'ai dû m'arracher pour tenter de faire une voix gutturale, et comme pour tout ce que j'ai fait dans la musique, je n'ai pas pris de cours, je me suis débrouillée toute seule... Bon avec le recul je trouve que là mon chant n'est pas super au point...
Et le batteur qui nous a fait faux bond après une journée de studio ! C’est Aaron Mac Lennahan, l’ingénieur du son chargé de l’enregistrement, un très bon batteur et bassiste, qui s’est proposé pour le remplacer au pied levé. Il a fait un super boulot. On ne pouvait communiquer qu'en anglais, c'est bien, ça nous a fait bosser la langue en même temps... même si pour les termes techniques, des fois, c'était un peu compliqué.
Pour cet album, nous avons procédé comme pour le précédent : enregistrement à la maison et mixage au Dôme Studio. En ce sens, “Enter Dark Places” est assez proche de “Evilution”, mais tout y est un cran au dessus. Je me suis même essayée pour la première fois à faire une intro avec un logiciel qui peut reproduire un orchestre symphonique.
Nous avons eu l’opportunité de signer avec un label danois, Mighty Music, qui nous a offert une bien meilleure distribution et promotion (Europe, U.S.A., Japon) grâce à laquelle nous avons eu des chroniques très positives dans de nombreux magazines étrangers.
Quant aux clips, nous faisons tout nous même avec très peu de moyens.
J'ai un côté impulsif quand je n'ai pas fait de guitare et de compos depuis un moment, car j'ai plein d'autres choses à gérer pour le groupe et d'autres projets, le boulot à côté... je dois m'y remettre et je me dis que je ne vais plus y arriver... Et là je fais de la guitare toute la journée, je trouve une compo, et après je fais ça tous les jours, sur mon temps libre. Du coup, ça va vite pour faire un album, mais je fais pas mal de morceaux et de riffs qui passent à la poubelle. Je suis bien influencée par les groupes que j'écoute à ce moment là, et comme je suis du style à rester bloquée six mois sur le même groupe à n'écouter que ça en boucle, cela m'inspire bien !
Pour les artworks, c'est un peu le hasard qui fait que je choisis telle ou telle idée avec ce que j'ai sous la main. Je fais des essais. Pour Mankind, j'avais pris des photos chez des amis collectionneurs, et je m'en suis servie dans le livret.
Question difficile ! Je me rappelle avoir trouvé un riff dans Endless Fall. J'ai commencé à faire des compos après pour Unsafe, mais je ne me rappelle pas de la première qui a certainement dû partir à la poubelle. Au début nous n'avions pas d'ordinateur, on jouait de la guitare au métronome et on s'enregistrait sur un magnétophone à cassettes pour se rappeler des riffs. Il fallait ensuite faire écouter cela aux autres musiciens en répète et tenter d'expliquer l'ambiance et le rendu recherché avec des mots. C'était beaucoup plus difficile. Maintenant les compos sont entièrement faites et enregistrées sur ordi, avec tous les instruments, avec le chant, sous forme de démo, ce qui donne une meilleure idée du morceau. Nous revoyons ça ensuite, au local. Les musiciens adaptent, modifient, rajoutent, enlèvent des éléments en fonction du jeu de chacun...
Après l'album “Evilution” nous nous sommes retrouvés à nouveau à deux, Lionel et moi. On se demandait si nous allions continuer à faire des répétitions. Je me suis dit que je pouvais bien faire un album toute seule (à part pour les solos guitare), et tant pis si on ne trouvait personne : cela ne m’empêcherait pas de produire quelque chose ! Du coup j'ai continué à bosser sur cet album. Mais entre temps, j'ai aussi participé à un projet de Metal féminin, Ashes Arise. Donc ça m'a pris un peu plus de temps pour terminer “Mankind”.
Puis sont arrivés dans Unsafe Luke Perry (guitariste) et Xavier Garrabos (batteur de retour). Nous avons donc sorti l'album, qui était déjà entièrement enregistré, (il ne manquait que les solos de guitare). Nous avons repris les répètes et les concerts, j'ai dû apprendre à jouer de la basse et faire le chant en même temps. Christophe Vivier est ensuite venu nous rejoindre pour me remplacer à la basse.
UNSAFE, Mankind (2019)
Je suis encore bien marquée par les groupes que j'écoutais au début, et que je continue d'écouter : Carcass, Death, Napalm Death, Pantera, Slayer, Soilwork, The Haunted, Testament, Lamb of God... mais j'accroche bien aussi sur des groupes comme Beyond Creation, Necrophagist, Decapitated, Jinjer, Exhorder.
Ce qui me plaît dans les groupes que j'ai commencé à écouter dans les années quatre-vingt dix, c'est que leurs morceaux sont très accrocheurs, très efficaces. Bien qu'ayant une certaine complexité, à la première écoute, ils te restent dans la tête, ça sonne ! Je n'accroche pas trop à des styles rythmiquement trop simples et dépouillés, ou trop fournis, donnant parfois l'impression que c'est du collage de riffs. Tous ces groupes et d'autres comme Anthrax, Nevermore, Forbidden, King Diamond, Annihilator, Arch Enemy, Cannibal Corpse, Entombed, Machine Head (dans les premiers albums), Fear Factory, Voivod (je note ceux-la car ils sont dans la bibliothèque musique de mon ordi, ça m'évite de descendre voir dans le meuble à CD, mais il y en a plein !) ont des riffs qui tuent !
Ashes Arise c'est en projet en ligne à trois auquel j'ai participé avec deux Américaines : Amy et Emily.
L'objectif était de faire un album Metal entièrement réalisé par des femmes. Nous ne nous sommes jamais rencontrées, nous avons juste communiqué par messages écrits, en anglais ce qui a été compliqué, tout ça avec un décalage horaire de neuf heures...
Cela reste une très bonne expérience, je n'ai pas composé de morceaux dans ce projet, j'ai fait la prog. batterie, la basse, du chant guttural, le mix, les clips.
Le projet est en stand-by aujourd'hui, je ne pense pas que cela continue, j'ai basculé sur un autre projet maintenant.
Chaos Rising ça pourrait être pour moi un peu comme la suite du précédent projet mais en plus ambitieux. Au départ j'avais contacté Isa pour remplacer Emily au chant dans le projet féminin précédent, mais il n'avançait plus, alors je me suis dis qu'on allait créer quelque chose de plus vaste...
C'est donc un projet collaboratif international (en ligne), créé en 2019, ouvert à toute femme artiste intéressée par la musique Metal : musicienne, productrice, graphisme, écriture de paroles, promotion, vidéo… Nous travaillons en équipes pour composer des morceaux dans différents styles de Metal. Chacune peut s'investir dans ce qui lui plaît, participer à une seule ou plusieurs compos, changer de style, d'instruments...
Ce qui est intéressant c'est que cela bouge tout le temps, cela demande de pouvoir s'adapter, passer d'un instrument à l'autre ou d'un style à l'autre pour celles qui le souhaitent. Je bosse en ce moment avec une équipe de Metal mélodique et deux équipes de Death/Thrash Metal. J’aime beaucoup l'idée : cela permet de bien progresser et d'échanger avec plein de monde, chacune ayant sa vision du style... C'est très enrichissant ! Par contre cela demande beaucoup de rigueur, et d'avoir de bonnes bases techniques. Chacune doit pouvoir maîtriser son domaine, savoir s'enregistrer proprement au clic, avoir un bon niveau de pratique permettant de produire quelque chose de qualité...
Voici les musiciennes qui ont déjà participé à des compos :
Isa Lçn (chant & textes), France - Mel Most (guitare, basse, textes), France - Audrey Gardenat (batterie), France - Tina Grusch (basse & graphisme), Allemagne - Anika Ov Moseberg (chant & textes), Allemagne - Britta Görtz (chant & textes), Allemagne - Barbara Teleki (guitare, solos), UK.
D'autres participantes s'ajoutent petit à petit.
Dans un premier temps, pour faire avancer le projet, je passe d'un poste à l'autre lorsqu'il manque quelqu'un : compos, guitare, basse, chant, paroles, prog. batterie, mixage, clips... Mais au fur et à mesure que vont s'ajouter des participantes, je me recentrerais sur la compo à la guitare.
Le but est de proposer une actu régulière de notre travail, et tout ça réalisé uniquement par des femmes.
Si d'autres filles sont intéressées, il est possible de nous contacter sur nos pages.
Pour moi question création, confinement ou pas, cela ne change pas grand chose : je compose, je bosse sur un élément de mes différents projets pendant la majeure partie de mon temps libre depuis plusieurs années, et j'ai un travail à côté. La limitation des déplacements me permet quand même d'avoir un peu plus de temps ; les journées s'organisent autrement.
Nous allons continuer à présenter et mettre en ligne petit à petit des nouveaux morceaux avec Chaos Rising, deux morceaux des équipes Death/Thrash sont quasiment finis, plusieurs autres sont en préparation. Isa et Mel sont très productives, on ne va pas tarder à avoir l'équivalent d'un album !
Nous commençons aussi à réfléchir à des morceaux pour un prochain album d'Unsafe. Luke (guitariste) a de très bonnes idées de compos, et Lionel aussi va contribuer. J'en ferai moins qu'avant, ce qui va permettre de diversifier et d'enrichir le style du groupe.
Enfin je bosse aussi la basse pour le groupe Syrinx, de Rémi Tharaud (guitare/chant) et Mehdi Ghiani (batterie). Un nouvel album est en préparation, et c'est très bien, tout ça !
Je vais prendre un classique et une production plus récente : Carcass “Heartwork” et Beyond Creation “Earthborn Evolution”...
Un grand merci pour ton soutien !
STEPHANIE NOLF (Unsafe) : L'interview CHAOS RISING.
Le 14/10/2023
« Les femmes n’étant pas très présentes dans ce style de musique, je me suis dit que je pouvais essayer de monter un projet entièrement féminin et de voir jusqu’où cela pourrait aller. »
Frontwoman de Unsafe (qui sortira un best-of en novembre 2023), Stéphanie Nolf s'est lancée depuis quelques années dans Chaos Rising, un projet au style large qui réunit des musiciennes de toutes nationalités, du Chili à la Russie, des U. S. A. à l'Allemagne, autour de la musique Metal.
Le concept a près de quatre ans d'existence. Nous avons eu envie d'en savoir plus...
Ahasverus : Stéphanie, comment est née l'idée de Chaos Rising et qu'est-ce qui t'intéresse dans ce projet ?
Stéphanie Nolf : J’ai créé Chaos Rising en 2019. C’est un projet entièrement féminin qui produit des morceaux de musique métal.
Je joue depuis 1994 dans des groupes de métal où je suis la seule femme. Les femmes n’étant pas très présentes dans ce style de musique, je me suis dit que je pouvais essayer de monter un projet entièrement féminin et de voir jusqu’où cela pourrait aller. Pour que cela puisse avancer, il fallait faire un projet international pour obtenir plus de chances de trouver des musiciennes dans des styles de métal diversifiés et avec un niveau technique satisfaisant. Il fallait aussi que je sois capable d’occuper tous les “postes” du projet, de la composition à l’interprétation, la production et la diffusion de morceaux pour pouvoir faire en sorte que ce projet soit entièrement féminin lorsqu’il manquait du personnel. Ce n’est pas toujours évident de trouver les personnes qu’il faut.
Ahasverus : Comment procèdes-tu pour trouver des contributrices ?
Stéphanie Nolf : Au départ j’ai contacté des musiciennes un peu au hasard en utilisant les réseaux sociaux, puis d’autres m’ont contactée dès que nous avons commencé à sortir les premiers morceaux. Je continue à chercher des musiciennes car nous produisons différents styles : death, thrash, heavy, symphonic, indus, doom, progressif, mélodique… et la plupart sont spécialisées dans certains styles, du coup il y a régulièrement de nouvelles musiciennes qui collaborent au projet. Certaines ne collaboreront que sur une seule chanson, c’est un projet ouvert en constante évolution. Sinon à part des musiciennes, je cherche des personnes spécialisées en promo et communication qu’on pourrait intégrer à une équipe. C’est un poste vacant quasiment depuis le début du projet, il faut que je bosse aussi la dessus et ça fait beaucoup de boulot ! Si quelqu’un est intéressé pour nous aider à promouvoir le projet, n'hésitez pas à nous contacter !
Ahasverus : Quel est le cahier des charges que tu proposes à tes collaboratrices ?
Stéphanie Nolf : Jusqu’à présent j’ai beaucoup insisté sur le côté technique des enregistrements, je pense qu’il faut que ce soit bien en place et correctement interprété. J’ai déjà fait réenregistrer des parties lorsque ce n’était pas assez rigoureux ou demandé à retravailler une ligne de chant, recalé des prises au mix pour que cela soit bien sur le clic… Pour le concours de composition, les chanteuses ont tout fait seules de manière autonome et pour les deux prochains morceaux qui vont sortir, je ne suis pas intervenue sur la mise en place ou la composition, j’ai laissé les équipes se débrouiller sans moi. Le projet me demande énormément de travail et maintenant je ne peux plus être partout.
Ahasverus : Comment pratiques-tu en général pour la construction des morceaux ?
Stéphanie Nolf : Lorsque c’est moi qui compose, je réalise une démo avec la guitare, basse, batterie enregistrées afin de donner aux musiciennes une idée du style et de voir si le morceau leur plaît. Ensuite chacune l’arrange à sa manière et on travaille ça en équipe. On s’échange nos idées, chacune s’enregistre et lorsque toute l’équipe est d’accord sur la version finale, nous enregistrons tout au propre et je travaille sur le mix. Nous communiquons en anglais, ce n’est pas toujours évident. Il est aussi possible de composer un morceau à partir d’une piste batterie envoyée par une musicienne, ou d’une ligne de chant.
« J’aime l’idée de pouvoir donner une voix à celles qui ne peuvent pas toujours faire ce qu’elles veulent. »
Ahasverus : Je suis Chaos Rising peu ou prou depuis sa création et je me souviens particulièrement de la contribution de Benni Giel sur le morceau « Limbo ». Le Metal est comme une mauvaise herbe, il réussit à pousser même dans des pays où des convictions religieuses ou morales l'ont rendu indésirable. As-tu un souvenir particulier de cette contribution ?
Stéphanie Nolf : Je suis très contente que Benni Giel puisse participer, nous continuons à travailler ensemble, son investissement donne du poids et de l’envergure au projet. J’aime l’idée de pouvoir donner une voix à celles qui ne peuvent pas toujours faire ce qu’elles veulent ainsi que le mélange de cultures et de pays, (Chili, Russie, Argentine, France, USA, Australie, Allemagne, Brésil, Suisse, U.K., Italie…) c’est très enrichissant. On se rend compte que le métal est présent un peu partout.
Ahasverus : Quel est le morceau de Chaos Rising qui t'a le plus marquée et pourquoi ?
Stéphanie Nolf : Je dirais le morceau « Altered Reality » composé par Victoria Villarreal (guitare). Carolina Perrez est à la batterie et je suis à la basse et au chant. C’est un des plus techniques que nous ayons produit, pour moi il était très difficile à jouer, ça m’a fait du bien de repousser un peu mes limites. J’aime bien travailler avec des musiciennes qui ont un bon niveau technique, c’est très carré et cela permet d’avancer de manière plus efficace.
Ahasverus : Au cours de tes échanges, y a-t-il une artiste qui t'a particulièrement impressionnée ?
Stéphanie Nolf : Victoria Villareal (guitare, USA) est vraiment douée et on a les mêmes influences, du coup j’aime beaucoup son style et sa rigueur, c’est très travaillé, ses compos sonnent vraiment pro. J’ai aussi été très impressionnée par Melani Hess (chant, Argentine) pour le morceau « Army of Chaos », elle m’a envoyé un seul enregistrement, c’était pile dans le style attendu avec une parfaite maîtrise du chant. Enfin je peux aussi dire que Benni Giel, dont nous parlions plus haut, est à féliciter pour son courage et sa détermination, elle a un très bon niveau et elle est plus investie dans le projet que beaucoup d’autres qui ont pourtant plus de liberté.
La guitariste Victoria Villareal
Ahasverus : J'ai noté que tu as joué avec Unsafe cet été. Où en es tu avec ce projet ?
Stéphanie Nolf : Pour célébrer les vingt-cinq ans du groupe, nous allons bientôt sortir une sorte de Best of qui compile un morceau de chacun de nos albums depuis 1998. Ces morceaux viennent d’être réenregistrés, parfois modifiés. On trouvait qu’il serait intéressant de les entendre avec un son plus actuel. J’ai dû modifier des lignes de chant car ce n’était pas moi qui chantais sur nos quatre premières productions, il y a des styles de chant que je ne peux pas refaire. On peut voir la progression du groupe en termes de style et de composition, c’est très intéressant de se repencher sur des morceaux qui ont vingt-cinq ans ! Ça m’a donné l’occasion de ré-écouter notre premier enregistrement qui date de 1998 et qui est sur K7 audio ! j’avais oublié ces morceaux. Nous travaillons aussi sur un nouvel album dont les compos sont presque terminées. On le sortira l’année prochaine. Il faut que j’enregistre et que je mixe tout ça, ça fait beaucoup de travail !
Ahasverus : Un mot sur la scène de Limoges ?
Stéphanie Nolf : Je ne sais pas trop quoi dire, j’ai le sentiment que cette scène ne se renouvelle plus vraiment, je ne connais pas de nouveau groupe de métal avec des jeunes. Même aux concerts, le public ne rajeunit pas beaucoup, cela semble s’essouffler un peu. Mais peut-être que je ne sors pas aux bons endroits… Sinon pour jouer, trouver des dates, ça reste toujours très difficile pour nous, comme on se débrouille tout seul pour tout depuis longtemps, n’ayant pas d’autres choix, c’est très galère…
Unsafe au festival d’Execution Management le 04/12/2021 - CCM John Lennon, Limoges.
Ahasverus : Ton actualité dans les prochains mois ?
Stéphanie Nolf : J’ai enregistré à la basse une cover qui m’a demandé de gros efforts et de l’entraînement, ça m’a obligé à prendre un peu de temps pour travailler mon instrument ce qui est une bonne chose, ce sera avec des musiciennes, cela va bientôt sortir. Le Best of d’Unsafe va aussi sortir en novembre. Je travaille également sur d’autres choses quand il me reste un peu de temps, je vais voir ce que j’arrive à faire avancer.
Ahasverus : Merci Stéphanie d'avoir répondu à mes questions.
Stéphanie Nolf : Merci à toi pour cette interview !
CECILYA AND THE CANDY KINGS (rock N' rol) : L'interview 55
Le 28/05/2023
« Back in 1955 fait un clin d’oeil à cette période que j’aurais aimé vivre. »
Sorti en février 2023, l'album « Back in 1955 » de Cecilya And the Candy Kings redonnait au rock N' roll un peu de sa fraîcheur initiale.
Un opus revigorant au son moderne et à l'accent rétro dont les paroles et la musique étaient signées Cecilya Mestres (chant) et Rodolphe Dumont (guitare).
Nous les avons retrouvés le temps d'une interview après laquelle l'album « Back in 1955 » n'aura plus aucun secret pour vous !
Par Ahasaverus
Ahasverus : Bonjour Cecilya & The Candy Kings. Comment s'est passée cette release-party de votre nouvel album, « Back In 1955 » le 25/02/2023 devant le public parisien du Sunset Sunside ?
Cecilya (chant) : C’était une soirée magique. Le public était de tout cœur avec nous, il y en a même qui chantaient les chansons avec moi. Toutes les entrées étaient vendues avant le début du concert et il y a même des gens qui sont malheureusement restés dehors.
L'univers de « Back In 1955 » est très différent de celui de « Cherry Blossom » (2022), le précédent album de Cecilya. Comment expliquez-vous cette évolution ?
Cecilya : Ce sont deux projets totalement différents. Cherry Blossom fait partie de mon projet personnel, où je m’inspire de toutes les musiques que j’aime ( blues, folk, americana, rock, country, pop… ) pour créer des chansons uniques. Il n’y a pas de limitations de style ou de couleur sonore. Par contre, Cecilya & the Candy Kings, c’est la continuation d’un projet qui m’a déjà amenée sur les scènes d’une grande partie de l’Europe et de l’Amérique Latine. « Back in 1955 » c’est le rock’n’roll et le rhythm’n’blues des années 50 que je chante depuis quelques années déjà, mais avec mes propres paroles.
Pourquoi avoir choisi précisément l'année 1955 pour titre de votre album ?
Cecilya : L’année 1955 c’est Elvis Presley et Marilyn Monroe qui deviennent mondialement célèbres, la mort de James Dean, l’arrestation de Rosa Parks et le début d’une révolution… Mais à part tous ces éléments qui restent dans notre imaginaire collectif de ce qu’ étaient les années 50 : c’est la décennie où le rock’n’roll devient la musique la plus populaire au monde et les groupes de musique s'électrisent. D’une façon plus légère, c’est l’époque aussi d’un certain esthétisme : les belles voitures, les fringues, les coiffures ( rires )… Donc, mon album « Back in 1955 » fait un clin d’oeil à cette période que j’aurais aimé vivre.
« Back In 1955 » c'est Rodolphe Dumont et Cecilya Mestres pour les musiques : quelles ont été vos sources d'inspiration pour la composition ?
Rodolphe (guitare) : Différentes influences d’artistes des années 50 tels que Ike Turner, Johnny Guitar Watson, Clarence Gatemouth Brown, Pee Wee Crayton…
« Back In 1955 » c'est Cecilya Mestres pour les paroles : quelles thématiques ont inspiré son écriture ?
Cecilya : Chaque chanson est un univers différent… «Wild soul » parle de violences conjugales et de féminisme; « Back in 1955 » est un hommage aux grandes artistes de l’époque; « From Barcelona » parle de mes origines; « Don’t leave me in the darkness » parle d’une rupture amoureuse; et « I’ll take you to the party » & « Gimme one night » sont des chansons qui invitent à s’amuser.
Lequel d'entre vous a entraîné l'autre vers cet univers des 50's et pourquoi ?
Cecilya : C’est moi, j’ai toujours été passionnée des années 50 : la musique et l’esthétisme.
En lisant les critiques, il me paraît qu'il y a dans « Back In 1955 » un côté madeleine de Proust qui rend les gens joyeux…
Cecilya : Tout à fait, je crois qu’on pense tous « qu’avant c’était mieux »… (rires)
D’ailleurs, il y a plein de films sur cette thématique-là, comme par exemple « Midnight in Paris » de Woody Allen.
Comment les chansons de ce nouvel album ont-elles été construites ?
Rodolphe : On compose souvent dans les chambres d’hôtel lors des tournées. Je trouve une base musicale et Cecilya compose la mélodie et les paroles après.
Un mot sur les reprises qui figurent sur l'album ?
Cecilya : J’ai choisi « What about love », enregistrée par Freddie King en 1962, parce que ce titre demande une énergie au chant assez hors du commun et j’ai toujours été impressionnée par la puissance vocale de cet artiste. Au contraire, le choix d’enregistrer « Evening » ( T-Bone Walker. 1945 ) vient du fait que c’est un slow-blues à coloration jazzy où la voix est presque susurrée. Ce sont deux covers qu’on interprète dans le plus grand respect de ces deux artistes qu’on admire tous.
Qui sont les musiciens qui vous accompagnent sur l'album ?
Cecilya : C’est Meseta Records, le label de Valladolid qui a produit le disque, qui a choisi les musiciens qui font partie de l’album (sauf Sax Gordon, que je tenais à inclure sur « Back in 1955 » à tout prix) . Ils ont choisi les meilleurs musiciens espagnols… Paul San Martín est le roi du boogie woogie basque, reconnu dans toute l’Europe pour son jeu. Jorge Otero a accompagné à la basse des grands artistes comme Mingo Balaguer ou la chanteuse américaine Velma Powell, née à Chicago et installée à Madrid. Et Adrián Carrera accompagne à la batterie des artistes espagnols de renommée internationale comme l’harmoniciste Quique Gómez.
Parlez-moi de la production. Vers quel son vouliez-vous tendre et comment y êtes-vous parvenus ?
Cecilya : Pour Rodolphe et moi, l’idée du son était claire. En s’inspirant de grands albums classiques qu’on adore, on voulait mélanger ancien et contemporain. Et on a réussi à le faire en essayant différentes combinaisons et placements de micros, options de mixage… Tout est dans la technique d’enregistrement et le mixage, ça peut changer complètement un disque.
Sur « Back In 1955 » j'ai presque l'impression de ne plus avoir affaire à la même chanteuse que sur « Cherry Blossom ». Pour tout dire je trouve le chant plus accrocheur et varié !
Cecilya : C’est un style complètement différent, je trouve qu’on ne peut pas comparer. Je suis une personne assez versatile et open-minded, je chante aussi du jazz old school et des vieux boleros et rancheras.
Sous quels formats « Back In 1955 » est-il disponible et comment puis-je me le procurer ?
Cecilya : « Back in 1955 » est disponible sur toutes les plateformes et aussi en vinyle et en CD. Vous pouvez vous le procurer sur mon E-shop.
Les vinyles et les CDs sont distribués en Espagne, mais pas en France.
Quelle sera votre actualité dans les prochains mois ?
Cecilya : On a plus de 30 dates cette année en France, Espagne, Portugal et aussi en Belgique. Si vous voulez plus de détails sur nos concerts, j’actualise régulièrement la liste sur mon site
https://www.cecilya.net.
Merci Cecilya & The Candy Kings d'avoir répondu à mes questions.
Cecilya : Merci à vous. C’était un plaisir ! On espère vous voir cet été dans l’un de nos concerts !
PATRICK COUTIN - L'interview de l'Homme Invisible
Le 08/03/2023
« J’avais envie de revenir à cette urgence et à cette simplicité. »
Le 03/03/2023 Patrick Coutin, l'homme qui aimait regarder les filles (il doit en avoir marre, Coutin, qu'on lui rappelle son tube à tout propos, mais il s'est tellement inscrit dans notre mémoire collective...) sortait un quatorzième album rock en diable qu'il déclinera le 21/03/2023 en formule trio à La Bellevilloise, à Paris.
« L'Homme Invisible » Patrick Coutin ? Fi donc ! Il n'a clairement pas échappé aux radars d'Ahasverus ! Il a même pris le temps de répondre à ses questions...
Patrick Coutin par Alain Frettet
Bonjour Patrick Coutin. Comment allez-vous en ce premier trimestre 2023 ?
Patrick Coutin : Je vais comme un homme qui voit partir son dernier enfant pour voyager le vaste monde et qui se rend compte soudain de la vanité qu’il y a de créer des choses, des chansons en espérant que d’autres les écoutent.
Pourquoi « L'Homme Invisible » ?
C’est l’histoire d’une personne enfermée chez elle, prisonnière devant sa télé et qui veut voir le monde avec ses propres yeux. Il rêve de pouvoir mettre une paire de lunettes noires et de pouvoir marcher librement dans la rue, invisible. C’est au départ une chanson sur la liberté et sur cette idée, que si tu regardes le monde à travers un écran de télévision tu es une sorte de prisonnier… C’est aussi un clin d’œil à un très vieux feuilleton « L’Homme invisible » et à un roman de H.G.Wells.
Après le triptyque « Coutin Paradise » de quoi aviez-vous envie pour ce nouvel album ?
Je voulais faire un album simple, brut, enregistré à l’ancienne, de manière presque live, dans une sorte de complicité avec les autres musiciens, un album d’urgence. Un retour aux sources.
Un album créé pendant le confinement qui commence paradoxalement par un hymne à la route ?
Oui c’est souvent lorsque tu es privé des choses dont tu as l’habitude, dans ce cas la liberté, que tu te rends compte à quel point elle est précieuse. Pour moi la route est le symbole de la liberté, partir, quitter un endroit que tu connais pour des endroits que tu ne connais pas, découvrir d’autres personnes, d’autres façons de vivre. Le monde est immense… J’ai beaucoup souffert d’être enfermé pendant la pandémie.
« Quand Je Suis Loin de Vous » m'a fait penser à Dick Rivers. Vous chantez assez bas, d'ailleurs. J'imaginais sa voix sur la mélodie...
Comme tout le monde j’ai une voix normale qui est plutôt basse et une voix que j’appelle voix de tête plus aiguë, qui me permet de chanter sur du rock, donc de passer au-dessus des basse / batterie / guitare et du gros son. La plupart des chansons de cet album sont chantées avec cette voix haute, ma voix de gamin, et deux ou trois dans la tessiture basse. Dick avait une voix qui descendait très bas… Il a chanté quelques chansons que j’ai écrites pour lui, souvent des ballades… Il aurait pu chanter celle-là, c’est vrai.
Mais l'album est majoritairement rock, parfois rock hard, ou presque...
Hard Rock, peut-être pas, mais Rock oui. C’est un album de Rock, composé pour pouvoir être joué Rock, avec beaucoup de riffs de guitare, des rythmiques rapides, des chansons assez courtes, j’avais envie de revenir à cette urgence et à cette simplicité… Mais ce sont aussi des chansons que tu peux jouer à la guitare sèche…
Patrick Coutin par Fredo Slim
« L'Homme Invisible » devait nécessairement être enregistré aux USA ?
Oui. Mais au départ je ne le savais pas, d’ailleurs j’ai essayé de l’enregistrer en France, mais ça n’a pas marché et les débuts d’enregistrements ne me satisfaisaient pas. Ça n’avançait pas. On était encore en pleine pandémie, et la vie s’était arrêtée dans ce pays. C’est une nuit en traînant sur Internet, et en reparlant avec un musicien que j’avais connu il y a une quinzaine d’années à Austin que l’idée est arrivée, très vite d’ailleurs, que cette musique était écrite pour être enregistrée là-bas. Une fois que je l’ai imaginée jouée dans le style de rock du sud, c’était une évidence…
Les musiciens qui vous accompagnent ont des CV impressionnants. Ça facilite l'enregistrement ?
Bien sûr, plus le niveau de tout le monde dans le studio est haut, plus l’enregistrement est simple, limpide, rapide, et donc te donne l’impression de facilité. Mais c’était aussi au départ un album conçu de manière assez précise, la plupart des riffs étaient écrits, les structures fixées, il y avait juste à se mettre sur la même longueur d’onde et à jouer. D’autant que j’ai une certaine complicité avec David Grissom (NDLR : ce musicien qui a joué avec Buddy Guy, Bob Dylan et Chris Isaak tient la guitare sur l'album). depuis longtemps. Avec lui, on n’est pas loin du génie. Et Jarrod Johnson à la batterie et Eric Holden à la basse sont des monstres de feeling et de technique.
Le son aussi est énorme... Parlez-moi de la production.
Nous étions dans un studio à la campagne, The Zone Studio, créé par un ancien du Grateful Dead, un peu à l’ancienne avec un super son naturel et très agréable, où tout le monde pouvait jouer ensemble. C’est enregistré avec du matériel où se mélangeait le meilleur du traditionnel et de l’ultra moderne, et ce studio avec ce son, cette résonance naturelle, a beaucoup facilité les choses. L’ingénieur du son Pat Manske est aussi très bon, il faut le dire…
En écoutant les textes de vos chansons, on a l'impression de parcourir votre journal. Avec des morceaux très intimes (« Maman ») et des petites tranches de vie (« La Star du Comptoir », « L'Homme Invisible »).
C’est toujours un peu comme ça que je compose. Sur une image, une émotion, une rencontre, une histoire que l’on me raconte. Une chanson, c’est une forme de créativité très condensée, tu dois parler au cœur, à l’instinct, plus qu’à l’intellect, et c’est là où la musique t’aide à communiquer des émotions, des sentiments et des feelings qui ont croisé tes jours, tes yeux. Mais j’ai aussi abordé des thèmes plus intimes, par exemple avec « Maman », « Loin de vous » ou « Mon Bébé par la main »…
« La Nuit Est Là », « Rien Que Pour Ses Yeux », « A Part Ca Tout Va Bien »... Les riffs du nouvel album semblent taillés pour la scène... J'imagine que vous attendez le 21 mars avec impatience ?
Avec impatience oui, un peu la trouille aussi, car jouer huit ou neuf nouveaux titres sur scène, c’est pas si simple, et j’ai toujours eu beaucoup de mal à apprendre mes propres textes, mais c’est assez excitant, d’autant que cet album est vraiment composé pour aller sur scène, comme vous dites. En fait il a été écrit pour être joué sur scène et agrandir le répertoire de scène de mon trio… L’idée de jouer en trio, c’est aussi une façon de retourner à la simplicité, à l’énergie. La scène a ce côté magique, incertain, qui fait qu’elle reste toujours une aventure, tout peut se passer lorsque tu es sur scène, la corde de guitare qui casse, la panne de courant, ou de mémoire ; chaque concert est une expérience un peu différente et c’est d’ailleurs ce que j’aime. Une sorte de mise en danger.
Merci Patrick Coutin d'avoir pris le temps de me répondre...
Merci à vous.
BAD TRIPES : L'interview Mots-Clés d'Hikiko Mori
Le 03/03/2023
« Le nom de l'album, c'est le ressenti du groupe à ce moment-là. C'est un gimmick qui résume très bien des années de merde et de solitude, de 2020 à 2022. »
Fin janvier 2023, le groupe de shock-rock Bad Tripes sortait « La Vie La Pute » son quatrième album. Tandis que les Marseillais se préparent à investir Fréjus pour une soirée Geek'N'Roll qui se déroulera le 10/03/2023 au Monster'S Art, l'intarissable Hikiko Mori, frontwoman de la formation marseillaise, a bien voulu nous éclairer sur le nouvel opus : inspiration, ambiance, line-up, réalisation, production, tout cela et plus est évoqué dans cette interview mots-clés.
Entretien réalisé par téléphone le 27/02/2023
Photographie Christophe Sanchez AKA Shankrasonic
Moral des Troupes ?
Hikiko Mori : Ca a rarement été aussi bien ! Après quasiment trois ans d'une période très compliquée bien que créative, on a eu un début d'année très chargé. Depuis janvier, ça redonne un peu le goût de vivre (rires). Le nouveau line-up a trouvé une complicité musicale et artistique à tous les niveaux.
Discographie ?
« Les Contes de la Tripe » est un album dont on est très contents aujourd'hui encore. Il m'est arrivé de le réécouter et je reste fière de ce qu'on a fait dessus. Comparativement, « Phase Terminale », le premier album avait des erreurs de son, je ne sais même pas comment on a pu les laisser passer. « Splendeurs et Viscères », j'assume (je parle à titre personnel) même si il y a quelques détails que je trouve moins percutants que d'autres.
Filiation ?
« La vie La Pute » n'a pas été influencé par « Les Contes de la Tripe ». « Les Contes... » avait été écrit pendant une période bizarre. On n'était pas dans le même mood. « La vie La pute » c'était la période du Covid. Seth — il n'arrête jamais de composer — m'envoyait des morceaux. J'ai commencé à écrire à ce moment d'incertitude... La salle où l'on répétait était fermée à cause de la crise sanitaire. On a fait l'album dans un détachement total. Même si on continue de se ressembler et qu'il y a une continuité, on a fait le truc sans trop y penser. On est très instinctifs dans notre fonctionnement. On n'était ni dans le passé, ni dans l'avenir, on marchait vraiment au présent. Le nom de l'album, c'est le ressenti du groupe à ce moment-là. « La vie la pute », c'est aussi un truc que je disais souvent, une phrase à la con que je sortais pour tout et pour rien et qui nous faisait marrer. C'est un gimmick qui résume très bien des années de merde et de solitude, de 2020 à 2022. « La vie La Pute » n'est pas un album de rupture, mais on n'a pas cherché non plus une continuité.
Pression ?
Non. On ne fonctionne pas comme ça. Seth compose beaucoup. 95% du temps, c'est lui qui démarre les choses en composant, puis je le rattrape en écrivant les textes en fonction de l'ambiance que ses sons m'évoquent. Certains morceaux peuvent me parler moins que d'autres, mais c'est juste une réflexion, pas une pression par rapport à ce qu'on a fait précédemment. Je peux penser « tiens, ça on a déjà fait ». « La Cadavereuse » par exemple date d'il y a longtemps. On l'avait écartée parce qu'on trouvait qu'elle ressemblait à « Car Nous Sommes Nombreux » (NDLR : septième piste de l'album « Les Contes de la Tripe »). Puis en la réécoutant, j'ai trouvé le refrain génial. J'adore cette chanson ! On a décidé qu'il n'y avait pas à la mettre de côté.
Inspiration ?
Je regarde énormément de chaînes de true-crimes. Je suis tombée très tôt dans cette fascination morbide mais extrêmement banale, un peu à cause de Marilyn Manson, en cherchant l'origine de son nom. Pendant le confinement, j'ai regardé des podcasts sur les tueurs en série. Dans mon boulot aussi (je travaille dans la presse) je recense les faits divers. Massacres de masse, attentats... Dans mon taf, c'est mon quotidien !
Photographie Christophe Sanchez AKA Shankrasonic
« Supermasochiste ? »
Bob Flanagan je l'ai découvert avec le clip de Nine Inch Nails, « Happiness in Slavery ». J'étais intriguée par ce monsieur qui se faisait torturer par des machines, et moi, à chaque fois que je vois quelque chose, j'ai envie de comprendre ce qu'il y a derrière. Je connaissais donc Bob Flanagan par ce biais, et le hasard l'a remis sur ma route vers 2008. J'étais bénévole dans une salle de spectacles un peu trash, je faisais des performances, j'aidais à la promo et je trainais un peu dans la salle. Une fois alors que je devais faire une performance, j'étais arrivée très tôt, et j'avais quatre heures à attendre. Il faisait hyper froid, alors l'un des artistes résidents m'a proposé d'aller mater un film au chaud. On a squatté sa piaule, on s'est enroulés dans des plaids, et on a regardé « Sick, The Life And Death Of Bob Flanagan, Supermasochist », le documentaire de Kirby Dick. C'est un film sur un mec qui est en train de mourir... Moi qui me plains tout le temps, je vois ce gars qui a la mucoviscidose, pour qui la vie est une souffrance permanente, arriver, en se masturbant, à transcender la souffrance en plaisir. Il devient Supermasochiste, s'invente un personnage de super-héros tout en faisant à côté des spectacles comiques, des chansons pour les enfants malades... Ce mec est vraiment un modèle... Je n'ai jamais autant pleuré devant un film. Ca m'est resté dans la tête. J'ai rematé le film plus tard, avec une émotion tout aussi intense.
Underground ?
Le mot fait toujours un peu snob... Mais ça parle aux gens. J'ai fait des performances avec Jean-Louis Costes, l'artiste underground par excellence. Ca m'a apporté beaucoup. Artistiquement, humainement... Du mauvais comme du très bon dans ma manière de voir la vie, de considérer la scène et l'expression artistique...
Photographie Christophe Sanchez AKA Shankrasonic
Sombre ?
Je ne sais pas trop... « La Vie La Pute » a été écrit dans des circonstances particulières, marquées par le deuil. J'en parle clairement dans l'album. On a beaucoup rigolé pendant l'enregistrement, parce qu'on est très cons, et parce que l'humour c'est ce qui nous sauvera. Mais ça a été très douloureux à faire. Pour « Splendeurs et Viscères » j'étais dans une période revancharde dont je suis revenue. J'étais en mode gueularde et moralisatrice, j'étais vraiment pas bien. Pour « Les Contes de la Tripe », je n'avais plus envie d'être cette Mère La Morale qui engueule les gens. J'avais décidé de prendre un peu de recul et d'être moins frontale. Alors j'ai écrit des petites histoires. J'ai parlé de choses intimes, mais d'une manière détournée. Pour « La Vie La Pute », avec les confinements, avec les couvre-feux, on était tous en tête à tête avec soi-même. J'étais en télétravail, je ne voyais quasiment plus personne. Peut être que ce tête à tête avec moi a fait surgir l'écriture comme ça. C'est une évolution naturelle, je ne me suis pas dit : « tiens je vais me cacher derrière des personnages » . Je n'ai pas réfléchi, c'est l'humeur du moment qui m'a portée.
Hip Hop ?
Seth est un gros fan du hip hop des années 90's, un gros fan d'IAM. Moi, gamine, j'écoutais NTM, et il faut franchement être de mauvaise foi pour dire que c'est de la merde ! Seth voulait qu'on enregistre un morceau hip-hop depuis très longtemps, il avait même envisagé qu'on fasse une reprise d'IAM. J'avais habilement esquivé la question pendant des années. Durant le confinement, Seth m'a balancé ce morceau que j'ai trouvé vachement bien. Mais je ne voyais pas comment écrire là dessus. D'un point de vue technique, personnellement, je me suis chiée dessus ! Seth m'a rassurée. Il a une curiosité pour le rap, il a cette culture, avec ce phrasé particulier. Il m'a épaulée, il a fait le prof avec moi, c'est lui qui m'a un peu fait les lignes de chant. On a beaucoup travaillé. Pour moi c'était laborieux, j'avais peur d'être ridicule.
Titre ?
Seth me faisait une sorte de chantage affectif en me disant « moi je m'en fous, si le prochain album ne s'appelle pas la vie la pute j'arrête de composer ! », Du coup je me suis dit qu'il y aurait bien un moyen de faire une chanson qui aurait ce nom sans que ça tourne au gag. Ce morceau rap en était l'occasion...Au final, le morceau m'a paru si parfait que je ne me suis pas dit qu'il allait décontenancer les gens. C'est au moment du placement dans l'album qu'on s'est demandé comment on allait faire. Si on le met en dernier ça fait morceau qu'on n'assume pas. On était hyper contents du résultat, pleins d'auto-satisfaction. On l'a donc assumé. Il donne son titre à l'album et devient en quelque sorte sa vitrine
Comme tout créateur, on veut plaire à notre auditoire. Mais on veut avant tout aimer ce que l'on fait. Et là, ça nous a plu de le faire.
« On avait envie d'un gros son. »
Production ?
C'est le seul truc où on avait une vraie pression. Depuis nos débuts, on a toujours enregistré avec la même personne, même si on n'a pas d'ingé-son attitré. Ca fait des années qu'on avait envie d'un gros son, Seth surtout, (je suis moins sensible dans ce domaine). J'ai suggéré qu'on l'enregistre nous-mêmes. Seth est le couteau Suisse du groupe, il fait du montage, de la vidéo, de l'étalonnage et tout, mais pour le son il a dit non, qu'il n'avait ni le matos, ni les connaissances, ni le budget pour faire un studio.
Un jour en surfant sur Facebook il tombe sur Point Break Recording, un studio allemand basé à Cologne. Il écoute ce que fait le mec et il m'envoie un lien. J'ai limite les cheveux qui sont soufflés en écoutant le son, mais je lui fais remarquer qu'on n'aura sûrement pas le budget. On demande un devis, je pensais qu'on allait nous proposer un tarif où il faudrait qu'on s'endette sur je ne sais combien d'années, qu'on vende un rein et même un poumon... Et puis non, c'était abordable. Alors on s'est dits « allez, si ça se trouve ce sera notre dernier album avant la fin du monde, on se lance ! »
J'avais des craintes, car ce gars, Milan Steinbach — c'est son nom — travaille plutôt avec des groupes de death mélodique, un genre auquel je ne comprends absolument rien. Est-ce qu'il allait capter notre demande ? Et puis le fait qu'on soit un groupe francophone, qu'on utilise des samples, c'était très différent de ce qu'il faisait habituellement. Je craignais une incompréhension. Mais pas du tout ! Ce mec est un vrai professionnel ! On s'est appelés sur Skype, on s'est présentés, il a fait une démo qu'on a trouvée parfaite. L'efficacité allemande n'est pas un cliché. Une ponctualité... On aurait dit qu'il était Suisse ! Une excellente écoute de nos attentes. Flatteur quand même : il nous a félicités pour notre professionnalisme. Je me suis dit « Mon Dieu ! Il nous a pas vu enregistrer ! » Il y a des morceaux où on n'avait même pas de paroles ! On a écrit sur le moment. Et il n'a pas vu la gueule du studio : on n'en avait pas ! On a enregistré dans le salon de tatouages de Seth, dans une espèce d'endroit qui fait la jonction entre la cuisine et les chiottes... (Rires) J'avais posté une photo du studio sur Facebook : une pauvre table, un micro et, pour m'isoler, un drap qui sentait le désodorisant à chiottes. C'était n'importe quoi ! Sous le salon de tatouage il y avait un magasin de cuisines où les gens faisaient la fête en plein confinement... Les conditions étaient insensées et burlesques.
L'album est donc prêt depuis un moment. Depuis deux ans en fait. Mais on a attendu le bon timing pour le sortir. On voulait faire des concerts, et en 2021 c'était compliqué. On voulait aussi un clip, signifier notre retour. On a préféré attendre. C'était long et frustrant, mais pas plus mal.
« Seth et moi, c'est une alchimie chelou.
Une entente humaine et artistique. »
Seth ?
On est un vieux groupe, mine de rien. Seth à la base jouait dans un groupe de death mélodique. Il sortait avec notre première bassiste. A l'époque, Bad Tripes était le pire groupe du monde, et on lui faisait pitié, à Seth... Comme il est hyperactif, un jour il nous a composé un morceau. On devait enregistrer une démo, on n'avait même pas de filtre anti pop, on en avait bricolé un avec un cintre et un collant... Notre guitariste nous a lâché. Seth a proposé de nous dépanner... Il n'est plus jamais parti ! Et il est devenu la colonne vertébrale du groupe...
Artistiquement, nous avons assez peu de goûts en commun, mais il y a d'autres choses qui nous rapprochent : l'humour, la curiosité, la connerie, la passion. Côté cinéma par exemple j'aime des films qui le feraient dormir, et ceux qu'il aime sont des films dont je n'ai absolument rien à foutre. Seth et moi, c'est une alchimie chelou. Une entente humaine et artistique.
Line-Up ?
Sir Mac Bass est un copain que je connais depuis pas mal d'années. Il voulait être dans Bad Tripes avant même qu'il y ait Kami (NDLR : la précédente bassiste de Bad Tripes). Mais comme il avait plein de groupes et que Kami avait été parfaite pendant l'audition, on a choisi cette dernière qui était très bien et super motivée. Quand Kami est partie fonder d'autres projets, Sir Mac Bass nous a dit qu'il était toujours disponible. Il s'est très bien inséré parce qu'il est complètement fou ! Il amène un groove, une virtuosité dans la basse qu'on n'a pas connus jusqu'à présent, sans dénigrer nos anciennes bassistes. Il a des goûts très variés, de Magma à Radiohead en passant par Devin Townsend. En parlant de l'album, il disait : « Moi j'ai rien branlé, j'ai pas composé une note ». Ouais. Mais on sent sa touche, sur l'album ! Son grain de folie s'entend ! Puis au niveau des clips, quand tu regardes « La Madrague des Macchabées », c'est clairement lui la star ! Il a amené cette folie douce et joyeuse, son enthousiasme qui fait du bien. Il amène une pèche revigorante.
Notre nouveau batteur a pour nom José Jordison (NDLR : elle prononce à l'espagnole en accentuant le trait par plaisanterie). José Jordison (NDLR : elle dit à la française), c'est un ami de longue date qui voulait rejoindre Bad Tripes depuis longtemps. Mais à l'origine j'avais une réticence à recruter les membres du groupe parmi les amis. C'est que j'avais fondé Bad Tripes avec ma meilleure amie, et puis un jour, on fait un concert, on se dit à bientôt, et je ne l'ai plus jamais revue... Je ne lui en veux pas outre mesure, c'est juste... « la vie la pute »... Mais j'ai toujours gardé cette crainte qu'un projet artistique avec des amis ne foute la merde dans l'amitié. On s'entend bien humainement, mais est-ce qu'artistiquement ça va le faire ? Désormais en l'occurrence, ça semble être le cas...
José n'est pas que batteur. Il fait du synthé modulaire, il est claviériste, il touche à tout. C'est un peu un one-man-band à lui tout seul, il va nous apporter une richesse au niveau du son et probablement quelques nouvelles orientations artistiques.
José et Sir Mac Basse ont donc trouvé leur place naturellement. Ca tient peut-être à notre âge, aux épreuves qu'on a traversées, mais on n'a plus envie de se faire chier. On avait des drama, des conneries, quand on était plus jeunes et un peu immatures. On est un plus âgés, et on est avec des gens qui savent ce qu'ils veulent mais aussi ce qu'ils ne veulent pas, et qui savent l'exprimer. On est capables d'échanger, et on avance sereinement.
« Si l'on pouvait, tu verrais un clip par titre. »
Accueil ?
On réfléchit tout le temps aux clips en écoutant les morceaux, et si l'on pouvait tu verrais un clip par titre. On sait que « La Madrague » a été diversement appréciée, certains préférant le côté gore des clips précédents au côté lumineux de la plage. Mais c'était clairement le but !
Ceux qui ont participé au crowdfunding ont eu l'album avant les autres. Sur les retours qu'on a eu, « La Vie la Pute » était à l'unanimité le morceau préféré de tout le monde. Ca, franchement, je m'y attendais pas, et Seth non plus (il était sur le cul). La première fois qu'on a joué l'album en intégralité c'était à la Tattoo Convention du Mans, juste avant Halloween. On n'a pratiquement joué que des nouveaux morceaux et ça c'est super bien passé. On avait plaisir à jouer, on voyait les gens danser. On n'avait pas fait la chanson « La Vie la Pute » pour des raisons techniques, mais aussi parce qu'on n'a pas osé. Les retours sur écoute et notre nouveau batteur nous ont convaincu de l'insérer à la setlist. On l'a jouée pour la première fois à la release-party au Makeda à Marseille. Il y a des gens qui l'ont chantée, c'était fabuleux .J'ai ressenti ce morceau tellement violemment. J'ai pleuré comme une merde sur scène. C'était très fort. Ce morceau est un bébé dont nous sommes très fiers.
Concerts :
Nous pouvons déjà annoncer que nous serons le 10 mars au Monster's Art à Fréjus, avec Le Métalleux Geek et le 1er juillet à la convention Kronenbus, avec Black Bomb A et Dead Bones Bunny.
Projets ?
Seth est toujours en train de composer. Je sais qu'il bosse déjà et qu'il tape des boeufs avec José. Tout est réjouissant et donne envie d'aller de l'avant ! Je ne veux pas en dire plus mais le nouveau Bad Tripes est en train de se mettre en place, et il promet d'être très intéressant. On est bourrés de projets !
Photographie Christophe Sanchez AKA Shankrasonic
BLACKRAIN - Interview de Swan Hellion
Le 09/12/2022
« Dying breed marque pour moi le vrai nouveau départ de BlackRain. »
A l'occasion de la sortie de l'album « Untamed », disponible depuis le 25/11/2022, le chanteur et guitariste de BlackRain, a accepté de répondre à nos questions. Voici l'interview de Swan Hellion.
BLACKRAIN par Julien Zannoni
Passé
Bonjour Swan Hellion. Comment va BlackRain en cette année 2022 ?
Swan : Hello ! Le groupe va bien, on est au top, « pumped up » par la sortie de ce nouvel album « Untamed » et du feedback plus que positif qui en ressort. 2022 fut des plus prolifiques et bénéfiques pour nous.
Vous sortez les bons albums avec la régularité d'un métronome : « Released » en 2016, « Dying Breed » en 2019... Aujourd'hui quel regard portes-tu sur ces opus ?
Swan : « Released » fut un album assez spécial dans le sens où le groupe se retrouvait finalement libre de tout contrôle extérieur quant a sa direction artistique, l’album est truffé de bonnes chansons mais la prod' ne convient pas je pense. Même si la qualité est là, la modernité manque à l'appel et la plupart des tracks ne brillent pas à leur juste valeur. Je suis assez critique quant à mes performances vocales aussi. Pourtant le mixage de « Released » demeure une expérience exceptionnelle. Travailler avec Jack Douglas et Warren Huart sur Hollywood Hills, cela restera gravé dans nos mémoires.
« Dying breed » marque pour moi le vrai nouveau départ de BlackRain, un certain retour aux sources au niveau des compositions. Et bien sur il y a le mix réalisé par Chris Laney. L’image également, est plus cool. Bref, on était enfin partis sur de bonnes bases, les fondations de « Untamed ».
BLACKRAIN par Julien Zannoni
J'ai pu voir BlackRain à Montpellier dans un concert mémorable à la fin duquel Highway vous rejoignait sur scène. C'était le 29/02/2020. Quinze jours plus tard, la France connaissait son premier confinement. Le COVID a-t-il influencé l'écriture de l'album d'une manière ou d'une autre ?
Swan : Je me souviens de cette date, d’ailleurs je n’étais pas certain de pouvoir reprendre l’avion après le concert car le Covid commençait a taper fort… Personnellement je n’habite pas en France et je n´ai pas eu a subir de confinements, juste quelque recommandations. C’était très sympa de mon coté en Suède ! Cette période sans concerts nous a laissé le temps nécessaire à la composition de l’album. Nous avons donc profité de l’absence de deadline pour peaufiner les chansons. Le fait de ne pas pouvoir voyager et d´être plus ou moins coupés de la famille ou du monde en général, les suppressions de libertés ont forcement influencé quelques lyrics. La pochette aussi reflète cette période marquée par la guerre et la pandémie. Je pense par conséquent que nous avons su intégrer de manière positive ces événements de la vie à la musique du groupe.
Comment s'est passé le processus de composition et où êtes-vous allés chercher l'inspiration ?
Swan : Cela fait des années que nous travaillons chacun dans nos Home studios. On bosse de notre coté puis on échange les tracks sur internet, on finalise ainsi les démos avant d’envoyer le tout au mixage. L’inspiration vient quand elle veut venir mais pour l'instant il n'y a pas trop à se plaindre de ce côté.
Présent
« L’erreur commise par certains producteurs dans le passé a été de vouloir faire sonner BlackRain comme un groupe des années 80. Car même si certaines de nos influences viennent de ces temps-là, nous sommes bel et bien un groupe des années 2010. »
Des riffs mortels ouvrent ce nouvel album. « Untamed » est idéal pour un lever de rideau, « Summer Jesus » va également tout déchirer en live !
Swan : Merci, et effectivement tu vois juste. Nous n’avons pas attendu la sortie de l’album pour intégrer des nouveaux titres dans la setlist : « Untamed », « Summer Jesus », « Demon » et « Kiss the sky » font déjà partie du show depuis cet été et la réponse du public est plus que positive. « Untamed » permet d’entamer les concerts de manière puissante, ca met directement tout le monde d’accord. Et « Summer Jesus » se démarque assez du reste car la chanson est unique en son genre, ca apporte vraiment quelque chose d’original à la setlist. Pour les dates à venir nous ajouterons probablement les titres « Raise your glass » et « Neon drift » qui sont les plus écoutées sur les plateformes de streaming. Et pourquoi pas d'autres tracks ? A voir ! Beaucoup de nouveautés en tous les cas.
Ton chant va chercher des notes inaccessibles au commun des mortels. Je pense à « Set the World on Fire » ou à « Blade Of Love » sur lesquels tu montes très haut...
Swan : Certaines notes sont assez dures à atteindre, particulièrement la dernière ligne de « Set the world on fire ». Je me permets de faire cela en studio pour embellir la chose mais je doute pouvoir le reproduire en live en plein milieu d’un set. L'effort est trop conséquent sur scène. Il faut pouvoir composer avec l'enchainement des titres et le fait de bouger/headbanger, le souffle en prend forcement un coup. Mais c'est le choix assumé de privilégier le show plutôt que de rester immobile devant le micro afin de chanter exactement ce qui a été fait sur l’album.
Sur « Blade of love » c´est surtout une question d´endurance. Les lignes de chant s’enchaînent vite et laissent peu de place à la reprise du souffle, la hauteur des notes peut paraître élevée mais elles ne le sont pas tant que ca en réalité !
BLACKRAIN par Julien Zannoni
Beaucoup de surprises pour le lancement de cet album. Un katana (le « Blade Of Love ») aux enchères, des clips événementiels qui vous trouvent sur le plateau des « Mystères de l'Amour » ou qui vous voient kidnapper Jim Müller de Kissin' Dynamite...
Swan : Oui, nous avons su saisir les opportunités qui s’offraient à nous pour la sortie de ce nouvel album. Certaines choses ont été planifiées de longue date et d’autres se sont faites dans la précipitation comme la participation de Jim de Kissin' Dynamite sur « Neon drift » et le clip de « Demon » avec l'équipe des Mystères de l'Amour ! Le principal c'est d´être réactifs et de se bouger dès que c’est nécessaire. Il faut avoir l’envie et la volonté de faire les choses bien. Le but étant de toutes façons d’occuper la place le plus longtemps possible, nous n’avons d’autres choix que de nous adapter aux nouveaux codes de l’industrie musicale si nous voulons perdurer. Et il est vital pour un groupe aujourd’hui d'avoir le plus de visibilité possible, notamment sur les réseaux sociaux. C'est pourquoi nous avons voulu sortir plus de singles et de vidéos mais aussi créer des choses qui sortent un peu de l’ordinaire comme le Katana !
Un mot sur la technique ? J'ai lu que le travail d'Hannes Braun t'avait bluffé...
Swan : Nous avons été très satisfaits du travail d´Hannes, je crois que c'est le type de mix que nous avons attendu depuis nos débuts mais que nous n’avons jamais eu, malgré les pointures avec lesquelles nous avons eu la chance de travailler dans le passé. Il me semble que c’est la première fois que le groupe sonne aussi « fat ». Chris Laney avait déjà fait un bon job sur « License to Thrill » et « Dyin´breed » mais ce n'est pas comparable à ce que nous a rendu Hannes. Le mix est très « moderne » et dans une playlist aux cotés de grosses prods, ça ne sonne pas ridicule. Hannes est aussi musicien, Kissin' Dynamite officie dans un style proche du notre, il a donc une vision claire et similaire à la notre quant à la manière dont un groupe doit sonner de nos jours. Je pense que l’erreur commise par certains producteurs dans le passé a été de vouloir faire sonner BlackRain comme un groupe des années 80. Car même si certaines de nos influences viennent de ces temps-là, nous sommes bel et bien un groupe des années 2010.
Futur
« Nous allons essayer de poursuivre sur ce chemin en améliorant ce que nous pouvons améliorer. »
« La prestation des musicos frôle la perfection » (Hard Rock 80), « Un album hors du commun » (TV Rock Live), « Cet album de douze titres ressemble à une encyclopédie vivante du rock » (Metal France). Ca fait quoi de lire de tels retours critiques ?
Swan : Cela conforte dans l´idée de continuer de travailler dans cette direction, je crois que nous avons fait les bons choix sur « Untamed », nous allons donc essayer de poursuivre sur ce chemin en améliorant ce que nous pouvons améliorer, tant au niveau de la composition que de la production. Je parle d’ailleurs régulièrement avec Hannes pour discuter des prochains titres, de comment procéder afin d'avoir encore un meilleur résultat la prochaine fois !
Un tel feedback revigore et apporte encore plus de motivation. Ca attise la flamme !
Un concert de BlackRain fait partie de ma recette du bonheur. Des infos sur la prochaine tournée outre la date parisienne déjà annoncée ?
Swan : Pas d’infos pour le moment. Nous allons tout annoncer bientôt. Je sais qu’il y a pas mal de concerts et festivals en discussion, en France et dans les pays voisins. Mais je ne peux malheureusement pas dire grand chose de plus.
Que fera BlackRain dans les prochains mois ?
Swan : Et bien nous allons préparer les concerts à venir, développer le show et répéter les nouveaux titres, promouvoir au mieux ce nouvel album. Mais nous commençons aussi la composition du successeur de « Untamed ». Nous avons pas mal d´idées, peut être un autre clip, qui sait ?
Merci Swan Hellion d'avoir répondu à mes questions.
Swan : Merci à toi pour ton soutien et ton intérêt !
Le 02/12/2022
« La musique me donne une vraie ligne de vie. »
Bouillonnante Lucie Sue ! Après avoir postulé pour tenir la basse chez Steel Panther, elle prépare « To Sing In French », son premier album à l'horizon 2023 (cagnotte ici) déjà annoncé par quelques clips. Débordante d'activités, elle ne fait pas les choses à moitié, et sa langue pas plus que sa guitare ne tiennent dans sa poche. Alors installez-vous, la voici, Lucie, dans une interview très complète...
LUCIE SUE par Emilie Desbottes
Bonjour Lucie Sue. Premier souvenir qui vous rattache à la musique ?
Lucie Sue : C’est une question très difficile car j’ai toujours été entourée par la musique. Mon père était professeur de Musique de chambre au Conservatoire de Lyon, ma mère était claveciniste ( et dentiste ! ), et mes frères et soeurs pratiquaient tous un instrument. Si je dois pousser ma mémoire au bout du bout, je dirais que c’est « Take Five » et « Blue Rondo à la Turk » de Dave Brubeck, qui passaient dans la cuisine, pendant que mes parents repeignaient un meuble. Ces deux morceaux me font toujours un effet madeleine de Proust. Quand je les entends, je fonds, je retourne aux tréfonds de mon enfance.
Lucie Sue c'est d'abord violoncelle/conservatoire/orchestre symphonique/groupes de rock ?
Lucie Sue : En fait, la différence se jouait entre la pratique et l’écoute : je jouais de la musique classique, mais j’écoutais le Top 50. Dès que j’ai compris que je pouvais jouer autre chose que du classique, je me suis acheté une guitare, j’avais quinze ans.
J’ai continué à pratiquer le classique : cours de violoncelle, solfège, déchiffrage, orchestre, musique de chambre, concerts, concours. Un peu comme une contrainte mais que j’acceptais, et avec laquelle j’ai toujours vécu.
Et à côté, c’était la liberté, j’apprenais la guitare en jouant dans la cour du lycée, j’avais un groupe qui s’appelait Lychee’s Flight, on faisait des concerts, c’était trop cool de pouvoir jouer les morceaux de nos idoles, mais aussi de composer nos propres chansons.
Aujourd’hui la musique Rock et pop est omniprésente. Mais le classique fait clairement partie de mes fondations .
Une première vie en tant que directrice artistique. C'est un atout pour la suite ?
Lucie Sue : Je suis toujours Directrice Artistique. C’est comme ça que je gagne ma vie. Mais maintenant, je le suis au sein de ma propre agence Sphynx. Ma spécialité c’est de gérer l’image des marques, des personnalités et des groupes. Créer des logos, des identités fortes, des photoshoots, des visuels pour T.shirts ou pochettes de disque, affiches, etc.
Heureusement que je maitrise tout ça car je m’en sers tout le temps pour ma musique. C’est évidemment un atout, car je n’aurais jamais pu payer quelqu’un pour faire tout ce boulot à ma place.
Une seconde vie quand Lucie Sue musicienne choisit de renverser les tables ?
Lucie Sue : Oui, cette seconde vie c’est quand j’ai décidé de quitter mon ex-mari et toute la pression qui allait avec. Je me sentais enfermée, ma vie se résumait au travail, aux enfants et à mon mari. je n’avais plus de place pour la musique, pour mes amis. Je me suis totalement perdue. J’étais avec une personne possessive qui n’acceptait pas que je fasse quoi que ce soit sans lui. Et pour qui je devais me rendre disponible 24h/24.Tout était sérieux, grave, lourd.
Depuis que je suis partie, je revis. Mais vraiment. Je n’ai jamais été aussi heureuse. Je profite de la vie, et je me rends compte que le plus important c’est d’être en phase avec soi-même. On n'a qu’une vie, il faut aller jusqu’au bout de ses ambitions pour réaliser ses rêves. Je ris tout le temps. Je fais ce que je veux. Et mes enfants sont heureux aussi. La musique a repris sa place, et me donne une vraie ligne de vie. Une énergie de fou. Un but passionnant. Que demander de plus ?
En 2021 vous postulez pour remplacer Lexxi Foxx à la basse de Steel Panther - Vous vous classez même parmi les dix derniers finalistes. Ambition véritable ou coup médiatique ?
Lucie Sue : Hahaha, quand j’ai su que finalement je n’étais pas choisie, j’ai pleuré pendant une semaine. Véridique. Non, ce n’était pas médiatique. C’était une véritable envie. Car je me sentais réellement en phase avec Steel Panther. Ils jouent comme des Dieux, leur musique me parle, et leur humour est le même que le mien. Et je trouvais l'idée GENIALE de faire entrer une femme dans ce groupe. Mais ils en ont décidé autrement. Et finalement, le fait qu’ils aient fait "l’erreur marketing" de ne pas me choisir, m'a fait comprendre qu’on n'avait pas les même valeurs… Et qu’il n’y avait donc pas de regrets à avoir.
Premier album à l'horizon 2023 : « To Sing In French ». A quoi se réfère ce clin d'oeil ?
Lucie Sue : Ce titre d’album est tiré de la chanson éponyme, qui sortira en même temps que l’album. Il fait référence à la loi Toubon, qui impose encore aujourd’hui des quotas aux radios, aux chaines de télévision, et qui m’a déjà mis plein de bâtons dans les roues. Je n’ai pas pu postuler à des émissions, je ne peux pas passer à la radio, car c’est priorité aux artistes francophones… Moi je suis française, je paye mes impôts en France, je soutiens l'art et les artistes français, je pense avoir de belles valeurs… mais non, on m’empêche d’être diffusée parce que j’utilise des mots différents… C’est ridicule.
Beaucoup de personnes ont tenté de me convaincre de chanter en français, mais c’est tout simplement impossible, je ne peux pas. Toutes mes idoles, depuis ma naissance, ont chanté en anglais. J’aurais l’impression de faire du Kyo ou du Saez.
Le titre de l’album et de la chanson est une réponse à qui veut l’entendre. Mais surtout à Monsieur Toubon : Elle finit tout simplement en disant « well, I don’t sing in french, because j’ai pas envie ».
« Il n’y a aucune construction ou cahier des charges. J'ai juste pris ma guitare et laissé sortir ce qui devait sortir. »
Chanteuse et multi-instrumentiste vous tenez tous les instruments sur l'album (à l'exception de la batterie confiée à Franck Amand, qu'on a connu notamment avec les Rita Mitsouko). Un mot sur les instruments et matériels que vous utilisez sur l'album ?
Lucie Sue : Oui, j’ai enregistré les guitares, les basses, le violoncelle, les voix. Mon frère Baptiste, qui a enregistré l’album, joue également sur certaines chansons. C’est un mélange de Jackson, de G&L, et de Fender. Mais il a aussi plein de machines qui font des sons étranges comme un copycat, qui créé de l’écho sur une bande, ou un Synthé Roland SH-101 qui fait des sons bien gras à la Pink Floyd… On a utilisé un maximum de vrais sons et évité les « filtres ».
Parmi les clips annonciateurs de l'album, « Promises », une très jolie ballade dont on comprend bien le sujet. A ce propos, quelles thématiques abordez-vous avec « To Sing In French » ?
Lucie Sue : Je parle d’expériences vécues. Ca part de mes années de mariage, de ma séparation, des mes enfants, de ma reconstruction, d’empowerment, de mes amants, et de la vie ! Il y a aussi une cover de George Michael, mon idole de toujours. J'ai repris sa chanson « Freedom ’90 » en version « stoner ». Le message est aussi très clair « I don’t belong to you, and you don’t belong to me ». Une manière de dire que je n’appartiendrai plus jamais à qui que ce soit.
« Glorious », « Lick Your Teeth »... D'une manière générale vous frappez fort avec des clips spectaculaires très bien dirigés... Mais les quatre morceaux présentés sont très variés. Quel a été votre cahier des charges lors de la construction de l'album ?
Lucie Sue : Hahaha ! Il n’y a aucune construction ou cahier des charges. J'ai juste pris ma guitare et laissé sortir ce qui devait sortir. Même les paroles sont sorties toutes seules. Je ne me dis jamais « tiens ma prochaine chanson parlera de ça » . J’ai remarqué que mes premiers morceaux « Promises » et "Lean on me » étaient plus sérieux, plus léchés, et plus tristes aussi. Surement ceux qui m’ont aidé à aborder ma nouvelle vie. Les titres « Glorious » et « To sing in french » sont plus engagés. « Shine on Avalon » est clairement un ovni qui ne correspond à aucun style, et dont la construction est inédite. C’est une chanson d’amour ! Les morceaux que j’ai composés plus tard sont bien plus « légers ». Comme « The Race », et « Lick your teeth ».
Un mot sur la technique (enregistrement, mixage, production) ?
Lucie Sue : J'ai préparé les maquettes chez moi dans mon salon sur Garage Band. Puis on a tout enregistré avec mon Frère Baptiste dans son studio A18 à Paris. Le mixage a été fait par Mako du studio Drop-in à St Jean de Luz. Cet homme est super talentueux. Avec une super sensibilité. Il y a aussi Olivier Delescaille qui a mixé « Lick your teeth ». Il est très cool (normal il est belge) et a les même références musicales que moi. Le mastering a été fait par Blanka. J’ai géré tout le reste.
Pour les clips, j’ai fait appel à mes amis. Taki Bibelas pour « Glorious », Justin Badenhorst pour « To sing in French », Ma soeur Raphaele et Stef Candé pour « Promises », jean Yves de la manufacture du film pour « Lick your teeth ». Mais l’Oscar du clip le plus à l’arrache, c’est « The Race », que j’ai tourné avec ma cousine Maelle Johnson, à New York, avec mon iPhone. Mais j’adore le résultat ! Comme quoi, on peut se débrouiller avec pas grand chose.
La pochette de l’album a été faite au point de croix par un artiste basque que j’adore qui s’appelle Andoni Maillard. Le gars est un tueur et ses oeuvres sont géniales, elles me parlent vraiment. Il mélange le point de croix de mamies, avec des thèmes super éclectiques. Du foot, du rock, du porno, etc.
Une cagnotte est en cours ICI. A quoi servira-t-elle ?
Lucie Sue : J’ai décidé de lancer un crowdfunding sur kisskissbankbank car je n’avais tout simplement plus assez d’argent pour finaliser mon projet. Jusqu’ici, vous l’aurez compris, j’ai tout fait en auto production. Avec mes économies. Sans compter les nuits blanches. Quand on aime, on ne compte pas.
Mais aujourd’hui, mes poches sont vides, et je dois presser le disque, payer des attachés de presse pour faire parler de moi, et surtout, préparer la tournée. Tout ça coute bien plus que l’objectif de la cagnotte, car je ne voulais pas en demander trop non plus. Mais j’avoue que si la cagnotte dépasse l’objectif, ça m’aidera beaucoup.
Vos projets dans les mois à venir ?
Lucie Sue : Là je suis à fond sur les répétitions, pour pouvoir faire un maximum de concerts localement (j’habite à Biarritz), puis ensuite partir en tournée, faire la première partie de groupes trop cools, voyager partout, faire découvrir ma musique au monde entier, et enfin et tout simplement, faire la tournée des stades. Pas mal comme programme non ?
Merci Lucie Sue d'avoir répondu à mes questions.
Lucie Sue : Merci à toi d’avoir pris le temps de préparer ces questions super chouettes, et de permettre à des petits musiciens comme moi de s’exprimer !
Le 28/11/2022
« On voudrait faire des morceaux qui interpellent. »
Début novembre 2022 Oïkoumen sortait son premier album, un opus progressif, baroque et lyrique intitulé « Dystopia ». L'affaire était suffisamment intrigante pour que nous ayons envie d'en savoir plus. Laura (chant, paroles) et Elie (guitare, musiques) ont accepté de satisfaire notre curiosité...
Photographie : Daniel Hempel
Bonjour Oïkoumen. Pouvez-vous m'éclairer sur la signification de ce nom ?
Laura Mazard : Oïkoumen est une déformation du mot grec oikoumene qui signifie “l’ensemble du monde connu” et habité par l’Homme. Le terme, centré sur l’Homme, évoque également le rapport qu’il entretient avec son environnement et ce qu’il en connaît. De fait, il suggère aussi en négatif ce qu’il lui reste à découvrir. Dans nos chansons, nous abordons et aborderons beaucoup de thématiques relatives à ce lien entre l’Homme et ce qui l’entoure, entre l’Homme et ce qu’il est, entre l’Homme et ce qu’il connaît ou rêverait de connaître.
Influencés par le métal symphonique à la création du groupe en 2017, vous vous en détachez dès le premier EP, un trois titres présenté en 2020 ?
Elie Veux : A vrai dire on a du mal à se classer ! Le terrain de base de la formation était effectivement symphonique mais nous souhaitions aborder des thématiques qui n’entraient pas forcément dans le genre et surtout transmettre des émotions plus brutales qui nous emmenaient vers d’autres façons d’écrire et de penser nos morceaux. Je considère que la rupture s’est faite à partir du single The Green Queen qui a été réalisé pendant le processus d’écriture de l’album.
En revanche, l’EP est, dans mon esprit, plus ancré dans la tradition symphonique avec des titres comme Enchanted World et Deus Vult bien que Pompéi se rapproche déjà plus d’un aspect “prog”. Cette idée est d’autant plus affirmée dans ma tête par le fait que les thèmes y sont plus légers et enchanteurs que sur le single et l’album où on a décidé de parler de ce qui nous prend aux tripes.
Malgré un son cru, ce premier EP reste très fréquentable, et même intéressant, justement avec des titres comme « Pompei »...
Laura Mazard : Pour l’EP nous n’étions (vraiment) pas du tout entourés d’où ce son qui ne correspond pas à ce vers quoi on est allés ensuite. En ce qui concerne Pompéi, il correspond à la lignée “historique” qu’on s’était donnés en début de voyage.
Quelques reprises pour occuper le terrain... J'ai trouvé gonflé de s'attaquer à Rammstein !
Laura Mazard : En effet, on fait aussi des reprises pour se mettre au défi et s’exercer le temps de mener à bien les compositions originales ! Rammstein était un de ces défis ! Plus ça a l’air impossible à reprendre plus c’est stimulant ! En ce qui me concerne, ça m’a obligé à réfléchir vocalement complètement différemment de d’habitude et à explorer de nouvelles contrées où je ne serais pas allée autrement !
Elie Veux : Dans le même esprit on s’est essayés sur du Children of Bodom, Trivium et Arch Enemy ! En plus de travailler d’autres arrangements vocaux et parfois s’attaquer à la structure (comme dans Those Who Fight). C’est aussi l’occasion de montrer nos goûts musicaux.
Début novembre 2022, premier album, avec une production nettement meilleure.
Laura Mazard : En effet, pour l’album on était bien mieux entourés ! Grâce aux judicieuses recommandations de nos compères de chez Exanimis, on s’est tournés vers un humain pour la batterie et quel humain ! C’est Clément Denys, excellent batteur de chez Fractal Universe qui a donné vie à nos rythmes et Flavien Morel s’est chargé du Mix ! C’était un vrai bonheur pour nous !
« Dystopia » (c'est le titre de votre album), c'est dix morceaux, de « Dystopia » à « Utopia ». Quel fil les relie ?
Laura Mazard : L’album est une lente évolution de l’obscurité vers la lumière. Il a été composé il y a deux ou trois ans (oui, on a eu de gros problèmes de production qui ont énormément retardé la sortie du projet !) à une période pleine de colères, de prise de conscience sur l’environnement et la société et tout cela a guidé l’album. Quand on prend conscience d’un problème, il y a plusieurs façons de réagir : d’abord la colère qui peut se conclure en désespoir ou en envie de se battre et d’y croire. C’est ça Dystopia, un album qui commence avec des titres sombres et pessimistes pour s’ouvrir ensuite sur un chemin alternatif où l’optimisme a sa place, où l’envie d’y croire donne l’énergie pour se battre. Dystopia parle d’une planète détruite, d’une humanité écoeurante, Utopia met en lumière les beautés qui nous entourent et la force que donne l’espoir.
Musicalement, vers quoi vouliez vous tendre ?
Laura Mazard : On tend vers quelque chose de plus incisif, cru et sincère. On voudrait faire des morceaux qui interpellent, pas qui flattent l'oreille, quitte à ce que ça dérange. On voudrait faire quelque chose qui touche, qui vient secouer l’auditeur. On voudrait aussi aller chercher les émotions qui dérangent tout en proposant des morceaux qui abordent des sonorités plus douces.
Elie Veux : Effectivement, on cherche à faire correspondre ce que l’on souhaite exprimer avec la musique sans nécessairement s'enfermer dans un style de métal. Ainsi, si on estime que des riffs se rapprochant du trash, du djent ou du heavy (etc) nous paraissent plus pertinents pour parler de telle ou telle chose, on le fait. Cependant, je veille toujours à conserver le fil conducteur orchestre (parfois en simple soutien ou beaucoup plus présent) et voix claire. C’est ainsi que l’on se retrouve avec des titres comme Amandla avec un esprit plus heavy (car on veut fédérer) et à l'opposé Slaughterhouse qui possède des couplets incisifs et des refrains à la limite du trash (exprimant l’horreur).
La voix de Laura Mazard est lyrique. Vous m'en dites un mot ?
Laura Mazard : J’ai en effet une formation lyrique mais je m’en détache beaucoup dans mes interprétations. Pour Dystopia, l’idée était ici de casser le son pour le rendre plus humain. Je ne couvre pas souvent mes notes comme dans le chant lyrique où le son est très rond et solennel et je ne déploie pas de long vibrato. Je voulais faire quelque chose de plus écorché, comme un cri. Donc oui, il y a une base et un registre lyrique mais très déstructuré et abîmé. Par moment, je fait cohabiter ce choix d’interprétation avec une voix de poitrine qui sera peut-être plus présente sur l’album II !
Comment s'est déroulé le processus de composition ? La voix a-t-elle été pensée immédiatement comme un instrument, ou les lignes de chant ont-elles été composées après coup ?
Elie Veux : Je confirme écrire très souvent mes mélodies lead et les riffs/orchestres avant le texte. La musique est écrite à partir des thèmes de chaque morceau que l’on détermine à l’avance avec Laura puis je me lance dans la compo. La suite sera légèrement différente car j’ai plus tendance à réaliser un premier jet à partir des thèmes puis, en cours de route, demander à Laura d’également écrire un premier jet à partir du “brouillon” de mélodie et ainsi être plus souple pour “adapter” la mélodie au chant (ce fut le cas sur The Green Queen). Après on estime que ça fait partie de notre “signature” et on trouve l’effet intéressant d’utiliser des intervalles plus larges. Aussi, sur Dystopia, on voulait faire quelque chose de très resserré et piqué pour les premiers morceaux car on trouvait qu’une interprétation plus tight a tendance à souligner l’angoisse (aussi bien sur le chant que sur le bloc guitare/basse/batterie).
Laura Mazard : Je confirme… la voix a en effet été composée comme un instrument ce qui, il faut se le dire, a parfois été un énorme défi technique !
J'ai finalement trouvé que « Dystopia » ne s'était pas tant éloigné que ça de ses origines « métal symphonique » avec des titres comme « Utopia », une magnifique composition de plus de neuf minutes, même si je vois plus globalement le groupe comme une formation de métal moderne et progressif, avec une touche de baroque et de lyrique...
Laura Mazard : Alors là, nous sommes ravis d’avoir votre impression sur la question car en effet, comme dit plus tôt on a bien du mal à se classer et il me semble que votre impression décrit bien le flou artistique dans lequel on se trouve ! En fait, dans la formation, on vient tous d’univers différents et on les fait se rencontrer. Les instrus sont sûrement plus progressifs et la voix et les orchestres plus symphoniques et le tout fait un joyeux mélange qu’on ne sait pas trop qualifier. On fait du Oïkoumen on va dire !
Votre actualité dans les prochains mois ?
Laura Mazard : Nous sommes actuellement en train d’essayer de promouvoir l’album afin de se faire connaître et de mieux s’entourer encore. On voudrait notamment recruter un batteur, trouver un label et des collaborateurs afin de pouvoir mieux spécialiser les tâches ! Bien sûr, on postule aussi pour faire des concerts ! Du côté créatif, l’album II est en cours ainsi que divers projets pour faire le lien !
Elie Veux : Et un Deus Vult anniversary (morceau de l'EP) avec nouvel arrangement prévu début 2023… en plus de ce qui a été mentionné par Laura ci-dessus !
Merci Oïkoumen de m'avoir répondu.
Laura Mazard : Merci à vous de nous avoir donné une voix ! C’est bien sûr toujours un bonheur pour des artistes de pouvoir s’exprimer sur leurs projets qui représentent souvent des années de travail, d’émotion, d’envie et d’ambition ! Merci pour ça et longue vie à la chronique !
Elie Veux : Merci de nous avoir accordé ce temps ! En effet, c’est très agréable de pouvoir exprimer notre vision du projet et ce qu’on veut en faire mais aussi d’avoir les retours et les impressions des gens qui nous ont écouté !
Photographie : Daniel Hempel
ETWAS, L'interview de Silver (guitare)
Le 27/11/2022
« L’envie d’aller plus loin dans la brutalité était évidente. »
Début septembre 2022, ETWAS sortait « Enochian Keys - Chvpter I », son premier album, mélange de black et de métal symphonique.
Guitariste de la formation, Silver Croze, revient avec nous sur le parcours du groupe, son orientation musicale et la construction de ce nouvel opus.
Bonjour Etwas. Une explication sur le nom du groupe ?
Silver : Etwas m’est venu lors de mes dix-huit bougies. Je cherchais un nom de groupe, simple, mystérieux dans une langue différente de la nôtre. J’ai donc choisi « ETWAS » - « etvasse » en prononciation. Ça veut dire « quelque chose » en Allemand. J’apprenais l’Allemand pour ne pas faire Espagnol comme tout le monde (LOL !).
En 2020 vous sortez « Behind The Veil », un premier EP orienté Métal Symphonique...
Silver : Lorsque nous nous sommes rencontrés (Victoria / Florian), j’ai proposé six chansons que j’avais composées il y a longtemps. Nous nous sommes alors rassemblés afin de les modifier et, de sortir cet EP quelques années après. C’était vraiment cool de voir ces chansons enfin sur CD.
J'adore les voix mais je suis totalement parallèle à la technique. Un mot sur celle de Victoria, particulièrement haute ?
Silver : Victoria a une voix haute « soprano colorature/lyrique ». Mais elle cherche à agrandir son « range » de voix. Jouer avec le bas, parler, chanter et pas faire du lyric constamment, et dernièrement du growl. C’est ce qui la rend indispensable pour le groupe au vu des compositions et de l’ambiance. Peut-être que sur le prochain chvpitre, elle l’utilisera plus régulièrement, qui sait.
« Behind The Veil » tient la route. Cette voix céleste et l'univers légèrement dark de votre métal tranche dans la masse des productions symphoniques. Pourtant en 2022, vous changez d'orientation : l'album « Enochian Keys - Chvpter I » marquera l'irruption du black metal dans votre musique. Explications ?
Silver : « Behind The Veil » a été composé il y a environ vingt ans. J’ai passé de longs mois à arranger ces titres pour les mettre au goût du jour. Mais l’envie d’aller plus loin dans la « brutalité », dans le « Black » était évidente au vu de nos goûts musicaux. Ces titres n’étaient pas destinés à finir dans ce registre « Black Metal ». Le but était de faire évoluer notre univers. Mais si on écoute bien les intros des tracks 2 « Semblant of Mercy » et 3 « War in Storm and Ashes », nous remarquons que l’ambiance commence à s’installer. De nos jours, beaucoup de groupes symphoniques restent bloqués sur ce style ou parfois, prennent un côté rock / radiophonique. Nous cherchons à garder une identité propre à la nôtre, celle que l’on aime et que l’on agrémente avec quelques idées cinématographiques.
Je zappe généralement les introductions sur les albums, mais je trouve celle de « Enochian Keys - Chvpter I », avec ses murmures propres aux films d'horreur, très efficace.
Silver : Oui c’était l’idée. Je me souviens d’en avoir parlé avec Victoria. S’il était faisable de créer une atmosphère avec un croisement de chuchotements afin d’apporter une ambiance « spirit ». Mettre une intro de ce type en début d’album prépare l’auditeur à notre ambiance.
D'une manière générale, j'ai d'ailleurs trouvé votre Black Metal plutôt cinématographique. Les éléments oppressants que vous insufflez me font penser aux classiques « Shinning » ou « Poltergeist », ou encore au dystopique « 1984 » pour le côté narratif, ainsi qu'à l'univers vampirique qui donne un côté gothique élégant à l'ensemble, tout autant séducteur qu'angoissant. On ne sait pas à quelle sauce « Enochian Keys - Chvpter I » envisage de nous manger...
Silver : Oui et ça me fait plaisir de l’entendre ! C’est un peu tout ça. On crée un univers autour de nos compositions. Certains groupes composent puis écrivent. Nous, ce n’est pas ce processus de composition. Nous réalisons des recherches sur des thèmes spécifiques. Une fois que nous sommes bien documentés, nous passons à l’étape de composition. Ces sujets attirent notre curiosité, et j’invite ceux qui le peuvent à se procurer les paroles de nos chansons. C’est dans un Anglais simple et avec Internet, il est possible de les traduire.
Pour en revenir aux thèmes, nous sommes tous curieux ou attirés par l’histoire. Ici le but n’est pas d’affirmer si cela existe. Mais d’en parler. On ne force personne à accepter les sujets, nous même, nous avons du recul dessus, mais nous trouvons tout cela passionnant. Et la plupart de nos sujets sont largement exploitables avec de la musique et de la vidéo. Par exemple, nous connaissons déjà les thèmes qui seront abordés sur le prochain chvpitre !
Parlez-moi du processus de composition de l'album...
Silver : Je regarde beaucoup de vidéos sur l’histoire, les mythes, même des films culte, etc. Et j’en parle avec Victoria qui est intéressée aussi par ces sujets. Nous discutons autour et nous échangeons des reportages, des documentaires, etc. Une fois qu’un sujet nous passionne, nous composons autour. Je m’enferme au studio, je prends ma guitare et je cherche quelques accords qui colleraient à l’ambiance du sujet. Un titre complet peut me prendre une nuit (« No Candle to Ignite / You Nephilim ») ou plusieurs semaines de compositions (« In a Dreary Coffin »). Une fois que j’ai quelque chose de solide, je l’envoie aux membres du groupe afin de collecter leurs avis, voir si ça colle bien au sujet, si ça leur plaît et on passe ensuite aux modifications. Une fois que le titre est créé, je l’enregistre en pré-production et on fait des essais de voix dessus. Nous travaillons principalement par Internet. Ensuite nous nous réunissons pour répéter les titres, manger et boire de la bière !
Les thématiques abordées suivent-elles un fil rouge ?
Silver : Nous élaborons une liste de sujets avant de composer, et nous les respectons jusqu’à la fin. En général, ils concordent tous ensemble. Jusqu’à maintenant nous n’avons pas eu de problème avec. Peut-être que cela arrivera un jour mais pour le moment ce n’est pas le cas, donc on continue avec cette façon de travailler.
Un mot sur la production ?
Silver : Compliqué d'écrire à ce sujet car je m’occupe de produire Etwas en son mais aussi en vidéo. Parfois je manque de recul et je fais donc intervenir d’autres personnes (extérieures au groupe) afin d’avoir leurs avis, ce qui me permet de ne pas rester le seul décideur. Je suis satisfait de la production, même si parfois je me dis que j’aurais pu faire mieux. Le but étant de progresser, c’est LA vraie satisfaction du travail.
Avec « A Forked Tail And Horns » Etwas a-t-il trouvé sa voie ?
Silver : Possible ! Ce titre rassemble tous nos goûts musicaux et pose l’accent sur l’ambiance que nous souhaitons partager.
Votre actualité sur les six prochains mois ?
Silver : Nous avons des métiers très prenants et nous manquons un peu de temps pour pousser Etwas vers l’avant. Nous nous organisons pour qu’ Etwas se produise en concert d’ici 2023. Mais nous sommes aussi sur les préparatifs de plusieurs clips vidéo ainsi que le futur chvpitre.
Merci Etwas de m'avoir consacré du temps...
Silver : Merci à toi surtout ! Merci pour tout ce que tu fais. En espérant qu’elles vous auront servies sur la compréhension de notre univers ainsi que notre mode de composition. Prends soin de toi et Stay Metal !
THE FOXY LADIES - L'interview « Not Sorry »
Le 02/10/2022
A deux jours de la sortie de « Not Sorry » (04/10/2022), second album de The Foxy Ladies, entretien avec Gabi Sam (chant) et Lucianne Wallace (guitare).
On parle de l'album, de l'album, et encore de l'album !
THE FOXY LADIES par Xavier Couderc
Bonjour The Foxy Ladies. Un premier bilan de cette année 2022 qui entame son dernier trimestre. L'annulation du Printemps de Pérouges où vous deviez jouer devant Laura Cox et Kiss a dû être une grosse déception...
Lucianne : 2022, je crois que pour nous c'est une année vraiment charnière. On a eu de très belles scènes et des opportunités incroyables alors même qu'on sortait de deux années de Covid. Côté concerts notamment, on pense bien évidemment à la Halle Tony Garnier et au Gros 4 en compagnie de Mass Hysteria, Tagada Jones et Ultra Vomit en mai dernier. Ensuite, nous avons eu le concert du Printemps de Pérouges avec la première partie de Kiss… Malheureusement, la météo en a décidé autrement ce soir-là. Malgré tout, on se dit qu’on a tout de même partagé l'affiche avec Kiss et Deep Purple (ah ah !). Ce qui est quand même assez incroyable !
Côté « off », si l'on peut dire, nous avons bien sûr enregistré un nouvel album et tourné avec Fat Cut Production deux supers clips. Le premier c’est « Oh My God » qui est déjà disponible et le prochain devrait sortir à l’automne.
Qui dit nouvel album, dit aussi concerts. Nous partons d’ailleurs très bientôt sur la route pour trois dates au Royaume-Uni (le 7, 8 et 9 octobre, à Brighton et Londres). Ces trois dates anglaises nous permettront de roder notre set pour la « Release Party » de l’album le 12 octobre prochain à Lyon. Nous serons ensuite le 21 octobre en concert à Beautor (02) pour « Elles Rock » avec Fallen Lillies, Madam et the Rainbow. D'autres belles dates devraient très rapidement suivre et seront bientôt annoncées. Pour ne rien rater, il vous suffira de consulter régulièrement notre site www.thefoxyladies.fr !
« On a essayé de sortir un peu des codes attendus. »
2022, c'est aussi l'année de votre nouvel album, « Not Sorry ». Quel était votre cahier des charges quand vous avez décidé de donner un successeur à « Backbone » ?
Lucianne : Faire mieux que le précédent, comme toujours bien sûr ! Que ce soit en termes de composition déjà, en partant sur un univers sonore plus riche, plus complexe également. Au final, avec le recul, je crois qu’on a essayé de sortir un peu des codes attendus. Pour cela, on a dû travailler plus en profondeur les ambiances et les arrangements. Personnellement, je dois dire que j’y ai pris énormément de plaisir et qu’aujourd’hui j’aime de plus en plus cette phase d'arrangements dans le processus créatif. Dans cette phase, il y a de nombreux échanges entre la musique et le texte, et le but est que les paroles de Gabi et l’univers sonores s’harmonisent au mieux pour ne faire qu’un.
« Not Sorry » est un concept-album. Vous pouvez nous en dire plus ?
Gabi : Ce nouvel album Not Sorry s’inscrit dans un monde post-apocalyptique. Cet univers s’est imposé de façon assez évidente je dois dire. Sensible à la situation écologique et environnementale, plusieurs textes me sont venus de façon assez instinctive. Je pense au morceau Conquest of the Sun. Certains morceaux évoquent quant à eux les névroses de notre société, de ce système qui nous « porte et nous détruit », comme sur Find a way. Il y aussi des thématiques plus personnelles dans cet album. Je pense au titre My fault. Le tout nous ramène finalement à un sentiment d’urgence et d’émotions sans filtre. Dans une vision en accord avec notre crédo « Wild or Nothing », l’instinct prime d’autant plus avec ce nouvel album. Tout comme sur scène, où l’on ne calcule pas vraiment et où on se permet d’être nous. Alors je dirai que cet album est concept de par l’histoire qu’il raconte, mais aussi par le fait qu’on a, plus ou moins réussi, à amener ce que nous sommes sur scène en studio.
Comment s'est passé le processus de composition de « Not Sorry » et qu'est-ce qui l'a influencé ?
Lucianne : La composition de ce nouvel album a démarré juste avant la crise du covid. Les conditions sanitaires nous ont poussé, comme tout le monde, à nous adapter et à revoir notre mode de fonctionnement habituel. Nous avons réussi à mettre en place une discipline de travail à distance, et au final, on est très contents et fiers de ce que nous sortons aujourd’hui. Avec Not Sorry, on peut dire qu'on n’a rien lâché pendant ces deux années difficiles.
Pour ce qui est du processus, j'envoie des idées à Gabi qui à son tour travaille dessus. Plusieurs échanges se font alors entre nous pour développer et mûrir les idées. Puis lorsque celles-ci sont assez avancées, que la structure de la composition est claire et que certains arrangements posent l'ambiance, elles sont présentées à Emilie et Alex qui apportent leurs idées d’harmonies et de rythmiques pour enrichir le tout.
Pour les influences... Au niveau musical pour ma part, c’est assez varié. Je pourrai citer Hands off Gretel, mais aussi Radiohead, Pixies, Incubus, ou encore Lamb of God.
Gabi : Et pour le chant, je dirai Queen Adreena, Sir Chloe ou même encore Avatar mais aussi des influences trip-hop, comme Massive Attack, Archive, encore Portishead.
La pochette de « Not Sorry » est à la fois thrash et pastel dans ses couleurs. Vous m'en dites un mot ?
Gabi : L’idée était d’amener jusqu’au visuel les gens dans l’univers de cet album. Au regard des thématiques abordées dans l’album (apocalypse, urgence écologie, féminisme), nous avons opté pour une image déconcertante, interprétable au possible. Ce que vous y voyez est le résultat du monde dans lequel nous vivons…
Lucianne : Alors nous vous retournons la question, que voyez-vous sur cette pochette ? Il y aura très certainement autant d’interprétations que de réponses et à mon sens c’est ce que j’aime dans l’art. L’art n’apporte pas de réponses, elle nous questionne.
Gabi : C’est beau ce que tu dis.
Lucianne : Merci. Toi aussi. Mais arrêtons, ça me met mal à l’aise (ah ah !).
Gabi : Oui ! Moi aussi… (ah !).
J'ai l'impression que la voix de Gabi s'est beaucoup affinée en cinq ans, je pense notamment au titre « Fine ». Les chœurs aussi sont très réussis...
Gabi : Déjà, un grand merci. « La voix s’est affinée », « les chœurs sont très réussis ». Ça fait plaisir à entendre. Ça fait toujours du bien à l’égo. Et comme j’ai toujours autant de mal avec les compliments, je ne sais pas quoi trop répondre à cela… Si ce n’est que tout mon groupe me porte grâce à son énergie, et que les mélodies de Lucianne m’inspirent et me permettent d’explorer des contrées nouvelles ! Aussi, Jean-Mi (notre ingé son) est essentiel à ce résultat. Je me suis beaucoup amusée en studio, notamment avec les voix picthées ou transformées (voix robotiques). Ces voix ont fait naître des alters égos un peu barrés qui servent bien le propos de l’album.
THE FOXY LADIES par Xavier Couderc
De même, je trouve que les guitares ont évolué et que Lucianne s'autorise plus de choses. Les rythmiques d'une manière générale sonnent très modernes.
Lucianne : Pour cet album j'ai décidé d'agrémenter un peu ma panoplie avec une nouvelle petite guitare de chez Schecter, le modèle Banshee pour être précise. J’étais à la recherche d'un son effectivement plus moderne tout en étant complémentaire à ma première guitare. Je suis très satisfaite du rendu et du mariage de mes instruments sur l’album. Il me semble que le son restitue bien mes/nos diverses influences, et que cela donne un ensemble riche en couleurs tout en étant cohérent. Enfin je l'espère (ah ah !).
Pour moi il est clair que « Not Sorry » n'est pas un « Backbone II », qu'il apporte beaucoup de nuances et de modernité à votre univers, et même si j'avais adoré votre premier album et craignais qu'il ne mette la barre du second très haute, vous l'avez franchie allègrement...
Lucianne : Moults merci. Avec ce genre de retours, ça donne envie de plancher sur un troisième opus... ! Mais avant ça notre objectif à présent c'est d'arriver à amener ce nouvel univers sur scène.
Gabi : Un grand merci oui ! (« Moults merci », ah ah !). Après avoir mis autant de nous dans cet album, nous sommes très très heureux que Not Sorry vous plaise et on a hâte de le jouer sur scène.
Souvenirs de tournage de « Oh My God », premier single-clip de ce nouvel album ?
Gabi : Un casse-dalle alléchant, des saucisses, une tronçonneuse et un vidéaste passionné, Romain de Fatcut Production. Pour davantage de détails, je pense que les images du clip parlent d’elles-mêmes. Alors on vous laissera regarder le clip sur notre chaîne YouTube.
Vous n'y allez pas à la petite cuillère quand vous confiez l'enregistrement des instruments au Vamacara Studio (Loudblast, Bukowski, Les Tambours du Bronx).
Lucianne : Il faut reconnaître que le pari de marier des sonorités plutôt "froides" du genre métal ou un peu " électro" à nos influences plus « Classic rock », voir « Grunge/Punk » était plutôt audacieux au départ. C'est pourquoi nous avons choisi de nous tourner vers le Vamacara studio pour l'enregistrement des instruments. Vu son expérience et les productions réalisées auparavant, ça nous paraissait pertinent.
Pourquoi avoir réservé l'enregistrement des voix pour Jean-Michel Quoisse ?
Gabi : A vrai dire, j’avais avant même le studio, à travers le travail des maquettes en home studio, une idée assez précise de ce que je voulais (type d’effet, doublage, etc). Jean-Mi nous accompagne et nous porte dans la définition de notre son depuis des années, j’ai donc confiance en lui. Je savais qu’il allait savoir emmener mes idées à destination et qu’en sa présence je serai capable de faire tomber les barrières nécessaires à l’enregistrement de la bonne intention.
J'ai noté l'absence d'Alexis, votre bassiste, sur vos dernières photographies. Du rififi dans la tanière ?
Lucianne : Non rien de tout ça ! Alexis est notre bassiste officiel. Malheureusement, il n'est pas disponible à 100% pour le projet à cause de son travail.
Gabi : De fait, nous aurons certainement un bassiste remplaçant sur quelques dates à venir… Voilà pourquoi nous avons aujourd'hui choisi de communiquer à trois et que vous avez pu voir ça sur certaines photos.
THE FOXY LADIES par Denis Charmot
Release-party le 12 octobre 2022 au Ninkasi de Lyon ?
Gabi : CA VA ÊTRE LE FEUUUU !!! Lyon c’est chez nous. Et comme lors du concert à la Halle, le public est toujours bouillant.
Lucianne : Grave ! On a tellement hâte de jouer les nouveaux titres et de présenter ce nouvel univers à notre public ! Et à la maison !
Gabi : Oui et en plus, il y aura les excellents LINGUS avec nous ce soir-là. On aime vraiment beaucoup ce qu’ils proposent et comme ils sortent leur album à la période ça semblait évident de mutualiser les forces. La soirée promet d'être exceptionnelle ! Vraiment hâte !
Merci The Foxy Ladies d'avoir répondu à mes questions.
Gabi : Merci à toi Ahasverus. C’est toujours un plaisir !
Lucianne : Oui merci. Moults mercis (ah ah !). Au plaisir et à très vite !