Dino Jelusick n'a à l'évidence rien à envier à ses prestigieux aînés, David Coverdale et Jorn Lande.
Par Ahasverus.
Dino Jelusick est un enfant de la balle. Né en 1992, il passe ses premières auditions dès l'âge de cinq ans.
Il remporte à onze ans, avec « Ti si moja prva ljubav », une chanson de sa composition qu'il joue pour partie au piano, le concours junior de l'Eurovision à Copenhague en 2003. Il sort son premier album la même année et entame une série de concerts qui le conduiront de l'Europe aux Etats-Unis, et jusqu'en Australie.
2004. Dino a douze ans. Il est le plus jeune nominé au prix de musique croate Porin. Il se produit avec des géants tels que UB40 et Ronan Keating.
En 2005, il sort l'album conceptuel « Prošao sam sve ». Mais ses goûts le poussent peu à peu vers le rock metal, avec une prédilection pour les groupes des 80's.
En 2012, il fonde Animal Drive, groupe avec lequel il enregistre un album (« Bite! » - 2018) et un EP (« Back To The Roots » - 2019), avant que n'intervienne la séparation en 2020.
Dino ne tarde pas à être repéré par le gratin du métal international : le Transiberian Orchestra s'intéresse à lui dès 2016, George Lynch l'intègre à son groupe Dirty Shirley en 2018, et il rejoint Whitesnake au chant, clavier et guitare, en 2021.
En 2023, Dino revient en formation de combat sous le nom de Jelusick avec un album intitulé « Follow The Blind Man ».
Il s'agit d'un onze titres d'environ cinquante-trois minutes.
Autour de Dino, trois compatriotes croates :
A la guitare, Ivan Keller, qui a notamment joué dans « Fireball », avec lequel il ouvre pour Guns'n'Roses en Croatie en 2012. A la batterie, Marc Lepoglavec. Lui et Ivan ont notamment joué avec Marco Mendoza. Le bassiste Luka Brodaric complète la formation.
Jelusick met les choses au clair d'entrée de jeu avec un titre heavy, dynamique et moderne, « Reign Of The Vultures », qui n'est pas sans rappeler l'univers de Soto.
La voix est évidemment le point fort de l'album. Son talent est encore plus évident sur les ballades (« The Great Divide », « Follow The Blind Man », « The Bitter End »). Dino Jelusick n'a rien à envier à ses prestigieux aînés, David Coverdale et Jorn Lande. Avec des vocalistes tels que lui et Mehdi Khema (Carthagods), c'est une génération qui se tient prête pour assurer la relève.
Une production idéale met en évidence le jeu des instruments. La guitare et le clavier (Hammond) se passent le relais dans une parfaite complicité (« What I Want »), c'est le second point fort de cet album. Une légère touche orientale peut imprimer la mélodie (« Died »).
Les titres sont techniques, avec des orchestrations bien pleines et des interprétations très carrées. Ils oscillent entre une tradition à la Coverdale (« Died »), Coverdale/Page ( « The Healer »), et une modernité à la Soto/Carthagods (« Reign Of The Vultures », « Chaos Master ») qui se risque même à esquisser un growl (« Acid Rain »).
Un sentiment de déjà-vu peut poindre à la première écoute. Insistez ! La technicité des musiciens se charge de vous rappeler qu'on a affaire à un Monsieur au moins aussi capable que ses illustres prédécesseurs, et lorsque le songwriting déploie ses ailes, ce disque peut devenir formidable et se montrer capable de squatter la mémoire de manière pérenne (« Follow The Blind Man », « What I Want »).
L'album se referme en douceur avec « The Bitter End » en outro. Cette ballade épurée permet à Dino Jelusick de déployer tout son talent de chanteur.
C'est donc sans hésiter que vous suivrez cet aveugle (« Follow The Blind Man ») qui dispose de tous les ingrédients pour apporter du bonheur au fan de heavy qui bouillonne en vous : un son massif, une grande voix, un songwriting qui sait toucher à l'excellence, et des musiciens aguerris (guitare/basse/clavier/batterie) qui ne manquent pas de développer leurs idées.
Pour conclure, sachez que c'est également à l'aveugle, au moins le temps des fameuses auditions, que Dino Jelusick se retrouvera sur les plateaux de télévision, puisqu'il intègre le jury de la nouvelle saison de The Voice Of Croatia.