Ce qui sautera aux oreilles, c'est le goût sûr de Jean Lou Kalinowski, et sa capacité à nous proposer toujours des chanteurs de haut niveau.
En 2018, Jean Lou Kalinowski, batteur historique de Shakin Street, inaugure avec « The Trianon Sessions » une série d'albums solo + guests sous le nom d'AC22.
Il explique : « Il y a deux ans, mes voisins faisaient beaucoup de bruit, et j'ai décidé de faire plus de bruit qu'eux. J'ai commencé à écrire des chansons et j'ai mis une annonce sur internet pour trouver des chanteurs. J'ai d'abord rencontré Vitha Sai, un jeune chanteur français. Nous avons enregistré six morceaux ensemble. Il aurait pu être prince, mais il a décidé de faire du rock'n'roll. »
Voila pour Vitha Sai, le prince de cet album... Jean Lou poursuit :
« Plus tard, j'ai rencontré Flora, qui chante sur deux titres. Raoul a aussi chanté sur deux morceaux, mais un seul a été retenu pour cet album. Lou Ben, qui interprète le dernier titre du CD, était le chanteur de Fred Guillemet. »
Pour compléter ce premier tableau Jean Lou fait appel à plusieurs musiciens de la scène métal — multi-instrumentiste, il renoncera ensuite à cette formule pour limiter ses collaborations à des chanteurs — parmi lesquels le bassiste Fred Guillemet (Trust et Shakin Street notamment) et le guitariste Georges Bodossian (Ocean).
Dix chansons, donc. L'album s'appelle « The Trianon Sessions », en référence au Trianon Studio d'Alfortville où il a été partiellement enregistré.
L'entrée en matière de « The Trianon Sessions » est incisive, et les riffs métalliques de « I'm Back » vous percutent.
Flora Roland est au chant. C'est une grande voix. Très grande. Polyvalente, impressionnante de registre et de technique — jugement confirmé dans le second morceau qu'elle interprète, « My Loss ». Je la comparerais volontiers à une chanteuse comme Annie Lennox. Sa nature soul joue les modératrices face au rock dur développé par la partie instrumentale.
Un succulent jeu de basse — la basse a pris une très belle place sur cet album — introduit « I'm Gonna Make It » qui permet de découvrir le registre androgyne de Vitha Sai.
Ce jeune chanteur extraordinaire se fond dans les chansons comme dans son canapé. Il gardera la main sur la plupart des titres de l'album, dans un registre rock/hard-rock. Il irradie ainsi « Men In Suits », « You Could Have Said Goodbye », « I Am The Power », « Light The Fire » ou « All Night Long » de sa voix incontestablement charismatique. Jean Lou Kalinowki ne s'y est pas trompé.
Ce qui sautera aux oreilles, c'est d'ailleurs le goût sûr de Kalinowski, et sa capacité à nous proposer toujours des chanteurs de haut niveau — les timbres de Raoul Mason-Neuve (le très beau « Blow My Sails ») et de Lou Ben (« Give Me A Sign ») ne sont pas en reste .
Jean Lou sait également s'entourer de musiciens chevronnés. Ils interprètent des compositions accrocheuses, dans une inspiration hard prégnante. On pensera à Led Zeppelin (« I Am The Power » et ses orchestrations ; « Men In Suits » et ses sonorités orientales). La voix de Vitha Sai, pas loin de celle de Robert Plant, oriente probablement notre perception. On sera aussi tenté de citer Bad Company en particulier, et les 70's en général, mais des 70's reliftées par des orchestrations modernes et fortes.
Malgré la diversité des intervenants et la multiplication des chanteurs sur la galette, « The Trianon Sessions » reste un tout cohérent, un très bon album de rock, bien produit, portant des morceaux construits avec recherche, interprétés de main de maîtres, parsemés de bonnes idées et d'instrumentations judicieuses, un disque qu'on a plaisir à écouter encore et encore, sur lequel les talents éclatent fusée après fusée, comme au feu d'artifice.
Le Lien :
Les Critiques ont dit :
- C'est la belle surprise Française de ce début d'année, que nous offre là le batteur de Shakin Street en faisant rayonner sur ce disque tout son talent artistique et créatif insoupçonné jusqu'alors, mais distillé en totalité avec une parfaite maitrise.
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