Cet album de très haut niveau réunissant des stars internationales est le plus bel hommage qui pouvait être rendu au guitariste Patrick Pairon. Il signe l'adoubement du groupe Livin' Evil.
Par Ahasverus
« Prayers And Torments » est un hommage du bassiste Jérôme Viel (Unfragment) à son ami Patrick Pairon disparu en 2018.
Pour Jérôme, l'histoire commence en 1996, lorsqu'il rejoint Livin'Evil, un groupe de heavy metal fondé quelques années plus tôt par Patrick et Eric Pairon, deux guitaristes. Faute d'arriver à décoller, le groupe splitte en 1998.
Patrick Pairon décède en 2018. Quatre ans plus tard, Jérôme Viel décide de lui rendre hommage en réenregistrant les morceaux des deux démos du groupe (« The Three of Evil » qui date de 1993 et « Illusory Dreams » sorti en 1995). Il ajoute à ces titres quatre « fonds de tiroirs » du catalogue de Livin' Evil, parvenant à une sélection de quatorze pistes pour une durée d'une heure et treize minutes.
L'album s'appellera :
« Prayers And Torments »
Le titre a été choisi en hommage à Patrick Pairon pour ses initiales P.A.T, diminutif de son prénom.
La construction de cet album autoproduit est un sacré boulot... Jugez-en :
La graphiste québecoise Audrey Pasquini a réalisé le logo du groupe.
L'illustrateur brésilien Alcides Burn (Nervosa, Bark) a signé l'artwork.
Les textes originaux ayant été perdus, Jérôme Viel les a réécrits en s'inspirant des originaux.
Voyons la suite du casting :
Fabio Alessandro (Annihilator) a pris en charge les parties de batterie des douzes chansons de l'album (les deux morceaux restants étant les introductions des deux démos).
Pour jouer les soli de Patrick Pairon, Jérôme Viel a sollicité l'ex-Stratovarius Timo Tolkki, les Canadiens Simon Girard (Beyond Creation) et Phil Tougas, l'ex-Helloween Roland Grapow, l'ex-Misanthrope Xavier Boscher, ainsi que Kosta Vreto (Wardrum) et Kiato Luu (Soulslicer).
Enfin le chant a été confié au Grec Tasos Lasaris.
Sur le papier, tout cela est alléchant.
Sur le terrain, la promesse est tenue au-delà des attentes !
Livin' Evil pratique un heavy metal inspiré des 80's. Plusieurs morceaux dépassent les six minutes, le plus long atteignant 08:31 sans aucune sensation de remplissage. Le sens de la composition est avéré, et si la came de Livin' Evil peut évoquer Judas Priest ou Helloween, c'est l'influence d'Iron Maiden qui reste prépondérante. Ainsi « Indian Cry » fera forcément penser à « Run To The Hills » et l'ambiance posée par le pont de « Dreadful Fate » est typique de la Vierge de Fer.
Attention cependant : Livin' Evil n'était pas un ersatz des formations citées : notre comparaison avec Maiden est d'abord influencée par le registre développé ici par Tasos Lasaris, tout simplement virtuose. Ce jeune chanteur grec a un coffre énorme. Non seulement il est capable de taquiner le répertoire de Bruce Dickinson, mais il sait décrocher les notes très hautes de Rob Halford (pour preuve sa reprise du « Firepower » de Judas Priest). Ses qualités naturelles et techniques en font un chanteur de tout premier plan, pour ne pas dire un phénomène. Et si vous voulez tout savoir, le bougre est également un très bon guitariste !
Les guitares, parlons-en ! Vous aurez compris à la lecture du casting qu'on a affaire à des grands, et ils n'y sont pas allés de main morte. « Praying And Torments » ne se contente pas de mettre les noms sur la jaquette : il a bien les soli ad hoc sur la galette.
Côté batterie, vous avez noté plus haut qu'on a misé sur du haut niveau.
Enfin la production soignée vous permettra de constater que la basse n'entend pas faire de la figuration. Là aussi la maîtrise est totale et l'exécution parfaite.
Quant à nous, nous avons découvert l'album façon blind-test, avant de prendre connaissance des éléments biographiques, et il nous a fait lever les sourcils dès la première minute de la première chanson. L'un de ces haussements de sourcils qu'on peut traduire par « Ouh la ! Mais c'est qui, eux ? », le genre d'interrogation qui fait tourner le fauteuil des jurys de The Voice.
On tire notre chapeau à Jérôme Viel pour avoir si bien conduit ce projet particulièrement ambitieux dans lequel il a fait les meilleurs choix possibles, et pour avoir rendu à son ami Patrick Pairon le plus bel hommage discographique qu'on pouvait lui faire. Enfin on le félicite pour avoir donné cet éclat aux compositions de Livin' Evil brillamment mises en lumière.
Dans un autre contexte, nous dirions que Livin' Evil est la révélation de l'année. Dans tous les cas, « Prayers And Torments » est d'un niveau inattendu à ce stade de développement et il ne saurait laisser indifférents les amateurs de heavy métal.