Cet essai changera l' amateur du genre des anthologies plates, des études clichesques.
Après avoir rappelé les débuts violents de la scène extrême, Nicolas Walzer, spécialisé dans ce style musical et dans le satanisme, s'attelle aux particularités du public français. Il interroge des membres de formations (Your Shapeless Beauty, The Old Dead Tree, Anorexia Nervosa, etc), ainsi que d'autres acteurs, managers, responsables de labels, chroniqueurs de radio ou de webzines.
Le sociologue développe son analyse sur 400 pages agrémentées de quelques photos en noir et blanc. Si la qualité des photos est moyenne, l'essai est, quant à lui, tout à fait intéressant, malgré un panel de contributeurs très réduit.
S'interrogeant sur l'éthique, l'évolution des musiciens, les rapports à l'argent, la notoriété, les dérives norvégiennes ou le satanisme, Nicolas Walzer débusque et analyse les réactions et les comportements des personnes interrogées. Il les compare enfin à celles de l'adepte d'autres cultures musicales.
On sent dans cet essai que l'auteur évolue en terrain connu et qu'il est encarté au parti métallique. Son analyse n'en est pas moins intéressante quand elle pointe du doigt les paradoxes de notre subculture. Ses observations sur les mécanismes de ce courant musical ouvrent parfois la porte à des réflexions plus vastes sur les groupes humains.
Le sympathisant Walzer nous ouvre les yeux sur un échantillon social déterminé, et finalement très conformiste dans sa marginalité. Il offre une analyse intéressante des codes et des intentions. Son essai changera l' amateur du genre des anthologies plates, des études clichesques ou de certaines biographies écrites avec les pieds qu'on trouve souvent dans les librairies au rayon musique. Le non-initié trouvera quant à lui un portrait du métalleux (extrême ou pas, même combat !) cohérent et éloigné des clichés grotesques trop souvent répandus par certains médias qui ne veulent pas distinguer les vessies des lanternes et font croire au grand public qu'une culture musicale marginale est une armée révolutionnaire en marche, malgré que Mick Jagger nous l'ait expliqué en 1974 : it's only rock'n roll !