Les mouvements de line-up sont dans l'histoire de Nightmare comme la sève dans un arbre. Ils ont favorisé son évolution et lui ont permis de rester au sommet.
1979/1987 : des fondations au split
1979, Grenoble. Étienne Stauffert (chant), Hervé Mosca et Pierre-Louis Longequeue (guitares), Yves Campion (basse) ainsi que Loic Ribaud (batterie) créent le groupe NIGHTMARE. L'année est propice ! Le hard-rock est à son âge d'or. La New Wave Of British Heavy Metal est en route. « L'Elite » (Trust) squatte les radios dont le fonctionnement ne sera débridé qu'avec l'avènement des Socialistes. « La Bombe Humaine » de Téléphone fait tout exploser sur son passage. Nightmare est né sous les meilleurs auspices.
1984. Le groupe s'est rodé pendant cinq ans. Il sort « Waiting for the Twilight », son premier album. Nightmare n'a pas à en rougir : malgré ses quarante ans et sa production datée, ce douze titres (dont quatre sont en fait des adaptations françaises de certaines des huit premières pistes) tient la route rythmiquement. La lead fonctionne bien et Christophe Houpert qui assure désormais le chant, fait le taf. « Waiting for the Twilight » franchira d'ailleurs les frontières notamment via Virgin Records. Il reste abordable et se trouve dans le haut du panier des productions de l'époque (Sortilège, High Power, Satan Jokers). Notez que le batteur, Jo Amore, va marquer durablement l'histoire du groupe.
1985. L'histoire ne dit pas pourquoi Christophe Houpert cède son micro à Jean-Marie Boix pour l'album « Power of the Universe ». Le rendu est carré, toujours agréable mais plus sage que son prédécesseur. Jean-Marie Boix doit quitter le groupe pour raisons de santé. Nightmare connaît également des difficultés avec son label, cherche une issue, recrute un chanteur britannique (l'ex-Praying Mantis Tom Jackson ) mais la mayonnaise ne prend pas. Le groupe raccroche les guitares en 1987.
1999/2003 : un retour réussi
1999. Nightmare fait son retour avec un line-up qui va connaître une relative stabilité, au moins pour le trio Campion/Amore/Amore. C'est que Jo, batteur de la mouture précédente, s'est posté au micro, cédant la batterie à son jeune frère David. Yves Campion, garde la basse. Nicolas De Dominicis et Jean Stripolli s'occupent des guitares. Stéphane Rabilloud tient les claviers.
La formation enregistre « Astral Deliverance », un EP dédié à Jean-Marie Boix décédé quelques mois plus tôt, ainsi qu'un double album live. Nightmare joue au Wacken et signe chez le géant autrichien Napalm Records. On fait appel à Terje Refnes (Theatre of Tragedy, Enslaved) pour produire le futuriste « Cosmovision » un album de power metal aux accents symphoniques relevés par des choeurs remarquables.
Nightmare ne capitalise pas sur son passé et propose un album puissant dans la forme comme dans le fond, tandis que Jo Amore se distingue par un chant dans la tradition Dio/Dickinson. Bien que toujours agité par quelques mouvements de line-up , la formation renoue avec le succès, enchaîne les belles dates qui la conduiront aux USA où elle partagera les planches avec Manowar et Saxon !
2003/2015 : L'Essor
2003. Avec « Silent Room », Nightmare propose un concept-album autour de l'addiction aux jeux vidéo. Alex Hilbert a remplacé Jean Stripolli à la guitare, Steph Rabilloud est parti. La production se fait plus sèche, l'album plus sombre que son prédécesseur.
Nightmare met fin à sa collaboration avec Napalm Records et c'est le label suédois Regain Records qui sort l'album suivant « The Dominion Gate » (2005). Il est sobre, assez dark, produit à nouveau par Terje Refnes. Il donne l'opportunité à Nightmare de tourner en Europe avec After Forever.
Sur cette période, on note une date à Tel Aviv, un premier Hellfest (dont la première édition se tient en 2006), tandis que la valse du line-up continue avec le départ des deux guitaristes remplacés par Franck Milleliri et Jean-Christophe Lefevre.
« Genetic Disorder », sixième album des Grenoblois, voit le jour en 2006, sous la houlette des Suédois Henrik Udd et Fredrik Nordström (Dream Evil). Le ton est beaucoup plus percutant, proche d'un Iron Maiden.
En 2009, Nightmare entre chez AFM Records (Doro, UDO) et reste dans une veine particulièrement heavy et moderne.
L'album « Insurrection » peut rappeler parfois le Judas Priest de « Painkiller » par sa vivacité proche du Speed/Thrash Metal.
C'est l'album que nous vous recommandons pour découvrir la période Amore. Il semble une bonne charnière entre le Nightmare des années précédentes et celui qui surviendra à compter de 2016.
Le groupe est au sommet de son art, il poursuit les grosses tournées, du Wacken à l'Amérique du Sud.
« The Burden Of Gods » prend la suite en 2012, tandis que Matt Asselberghs remplace Jean-Christophe Lefevre à la guitare. Stéphane Buriez (Loudblast) et Magali Luyten (Ayreon, Virus IV) viennent mêler leurs voix à celle de Jo Amore sur un opus de heavy un peu plus posé que son prédécesseur.
L'agressivité revient deux ans plus tard avec « The Aftermath », album assez proche d'« Insurrection », cependant moins accrocheur. Mais le torchon brûle...
2015/2024 : Les Chanteuses
« The Aftermath » marque la fin de la collaboration entre Chris Campion et les frères Amore qui annoncent leur départ en 2015 et fondent le groupe de power metal mélodique Kingcrown. Dès lors les chanteuses se succèderont dans Nightmare :
MAGGY : Nightmare recrute alors le batteur Oliver Casula et jette son dévolu sur la puissante Maggy Luyten pour remplacer Jo. L'album « Dead Sun », fruit de cette collaboration, marque un changement de style significatif, amenant une modernité illustrée par l'impressionnant single-clip « Ikarus » :
Mais patatras ! La collaboration entre la Belle et la Bête n'aura duré que le temps d'un album tandis que Maggy part fonder THE PRIZE avec Christophe Godin (Morglbl). Le batteur Olivier Casula est remplacé par Niels Quiais.
MADIE : Pour remplacer Maggy, Nightmare recrute Madie. Elle nous explique dans NIGHTMARE : L’interview de Madie : « Un soir en rentrant du travail, Niels (batteur) m’appelle et m’expose la situation complexe que traverse Nightmare : Maggy Luyten ne continue pas l’aventure, une date est prévue en juillet (nous sommes début mars…), il leur faut absolument quelqu’un pour la remplacer au pied levé. »
Nightmare période Madie par Denis Charmot.
C'est un véritable challenge pour cette jeune chanteuse du groupe de métal alternatif Faith In Agony. Elle relève brillamment le défi en faisant l'unanimité sur l'album « Aeternam » (2020).
Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, peu après son concert au Motocultor 2022, le groupe annonce la fin de sa collaboration avec la Grenobloise.
BARBARA : C'est alors à Barbara Mogore, du groupe de rock alternatif Muddles, que Nightmare confie la patate chaude. L'Annécienne cultive autant la voix claire que le chant saturé et dévoile son potentiel avec l'album « Encrypted » qui sort en juin 2024.
« Encrypted » est accueilli avec bienveillance, et les chroniqueurs, tout en appelant le groupe à la stablitité, soulignent que le chant de Barbara Mogore permet à sa formation d'ouvrir de nouvelles perspectives vers l'extrême.
Enfin, le 18 octobre 2024, Nightmare fêtera à Grenoble, où tout a commencé, ses quarante ans d'histoire discographique par un double concert d'exception, le premier show pour fêter la sortie du nouvel album, le second avec des membres « historiques » de la formation.
Même s'ils ont pu dérouter les fans, les mouvements de line-up ont toujours fait partie du fonctionnement de Nightmare et ne l'ont jamais empêché de mener une carrière brillante. Ils lui ont permis également d'éviter la redite, de trouver sa voie en allant toujours de l'avant par des virages salvateurs, favorisant son évolution. Après plus de quarante ans de carrière, Nightmare est ainsi toujours au sommet.
A suivre...
Line-Up depuis 2023 :
- Franck Milleliri – guitare (depuis 2004)
- Matt Asselberghs – guitare (depuis 2012)
- Yves Campion – basse (1979-1988, depuis 1999)
- Niels Quiais – batterie (depuis 2018)
- Barbara Mogore - chant (depuis 2022)