PATRICK COUTIN - L'interview de l'Homme Invisible

Le 08/03/2023

« J’avais envie de revenir à cette urgence et à cette simplicité. »


Le 03/03/2023 Patrick Coutin, l'homme qui aimait regarder les filles (il doit en avoir marre, Coutin, qu'on lui rappelle son tube à tout propos, mais il s'est tellement inscrit dans notre mémoire collective...) sortait un quatorzième album rock en diable qu'il déclinera le 21/03/2023 en formule trio à La Bellevilloise, à Paris.
« L'Homme Invisible » Patrick Coutin ? Fi donc ! Il n'a clairement pas échappé aux radars d'Ahasverus ! Il a même pris le temps de répondre à ses questions...

Patrick coutin alain frettet

Patrick Coutin par Alain Frettet

Bonjour Patrick Coutin. Comment allez-vous en ce premier trimestre 2023 ?
Patrick Coutin :
Je vais comme un homme qui voit partir son dernier enfant pour voyager le vaste monde et qui se rend compte soudain de la vanité qu’il y a de créer des choses, des chansons en espérant que d’autres les écoutent.

Pourquoi « L'Homme Invisible » ?
C’est l’histoire d’une personne enfermée chez elle, prisonnière devant sa télé et qui veut voir le monde avec ses propres yeux. Il rêve de pouvoir mettre une paire de lunettes noires et de pouvoir marcher librement dans la rue, invisible. C’est au départ une chanson sur la liberté et sur cette idée, que si tu regardes le monde à travers un écran de télévision tu es une sorte de prisonnier…  C’est aussi un clin d’œil à un très vieux feuilleton « L’Homme invisible » et à un roman de H.G.Wells.
Coutin homme invisible lp front 3000x3000
Après le triptyque « Coutin Paradise » de quoi aviez-vous envie pour ce nouvel album ?
Je voulais faire un album simple, brut, enregistré à l’ancienne, de manière presque live, dans une sorte de complicité avec les autres musiciens, un album d’urgence. Un retour aux sources.
      
Un album créé pendant le confinement qui commence paradoxalement par un hymne à la route ?
 Oui c’est souvent lorsque tu es privé des choses dont tu as l’habitude, dans ce cas la liberté, que tu te rends compte à quel point elle est précieuse. Pour moi la route est le symbole de la liberté, partir, quitter un endroit que tu connais pour des endroits que tu ne connais pas, découvrir d’autres personnes, d’autres façons de vivre. Le monde est immense… J’ai beaucoup souffert d’être enfermé pendant la pandémie.

« Quand Je Suis Loin de Vous » m'a fait penser à Dick Rivers. Vous chantez assez bas, d'ailleurs. J'imaginais sa voix sur la mélodie...
Comme tout le monde j’ai une voix normale qui est plutôt basse et une voix que j’appelle voix de tête plus aiguë, qui me permet de chanter sur du rock, donc de passer au-dessus des basse / batterie / guitare et du gros son.  La plupart des chansons de cet album sont chantées avec cette voix haute, ma voix de gamin, et deux ou trois dans la tessiture basse. Dick avait une voix qui descendait très bas… Il a chanté quelques chansons que j’ai écrites pour lui, souvent des ballades… Il aurait pu chanter celle-là, c’est vrai.

Mais l'album est majoritairement rock, parfois rock hard, ou presque...
Hard Rock, peut-être pas, mais Rock oui. C’est un album de Rock, composé pour pouvoir être joué Rock, avec beaucoup de riffs de guitare, des rythmiques rapides, des chansons assez courtes, j’avais envie de revenir à cette urgence et à cette simplicité… Mais ce sont aussi des chansons que tu peux jouer à la guitare sèche…
Coutin par fredo slim1
Patrick Coutin par Fredo Slim
« L'Homme Invisible » devait nécessairement être enregistré aux USA ?
Oui. Mais au départ je ne le savais pas, d’ailleurs j’ai essayé de l’enregistrer en France, mais ça n’a pas marché et les débuts d’enregistrements ne me satisfaisaient pas. Ça n’avançait pas. On était encore en pleine pandémie, et la vie s’était arrêtée dans ce pays. C’est une nuit en traînant sur Internet, et en reparlant avec un musicien que j’avais connu il y a une quinzaine d’années à Austin que l’idée est arrivée, très vite d’ailleurs,  que cette musique était écrite pour être enregistrée là-bas. Une fois que je l’ai imaginée jouée dans le style de rock du sud, c’était une évidence…

Les musiciens qui vous accompagnent ont des CV impressionnants. Ça facilite l'enregistrement ?
Bien sûr, plus le niveau de tout le monde dans le studio est haut, plus l’enregistrement est simple, limpide, rapide, et donc te donne l’impression de facilité. Mais c’était aussi au départ un album conçu de manière assez précise, la plupart des riffs étaient écrits, les structures fixées, il y avait juste à se mettre sur la même longueur d’onde et à jouer. D’autant que j’ai une certaine complicité avec David Grissom (NDLR : ce musicien qui a joué avec Buddy Guy, Bob Dylan et Chris Isaak tient la guitare sur l'album). depuis longtemps. Avec lui, on n’est pas loin du génie. Et Jarrod Johnson à la batterie et Eric Holden à la basse sont des monstres de feeling et de technique.

Le son aussi est énorme... Parlez-moi de la production.
Nous étions dans un studio à la campagne, The Zone Studio, créé par un ancien du Grateful Dead, un peu à l’ancienne avec un super son naturel et très agréable, où tout le monde pouvait jouer ensemble. C’est enregistré avec du matériel où se mélangeait le meilleur du traditionnel et de l’ultra moderne, et ce studio avec ce son, cette résonance naturelle, a beaucoup facilité les choses. L’ingénieur du son Pat Manske est aussi très bon, il faut le dire…

En écoutant les textes de vos chansons, on a l'impression de parcourir votre journal.  Avec des morceaux très intimes (« Maman ») et des petites tranches de vie (« La Star du Comptoir », « L'Homme Invisible »).
C’est toujours un peu comme ça que je compose. Sur une image, une émotion, une rencontre, une histoire que l’on me raconte. Une chanson, c’est une forme de créativité très condensée, tu dois parler au cœur, à l’instinct, plus qu’à l’intellect, et c’est là où la musique t’aide à communiquer des émotions, des sentiments et des feelings qui ont croisé tes jours, tes yeux. Mais j’ai aussi abordé des thèmes plus intimes, par exemple avec « Maman », « Loin de vous » ou  « Mon Bébé par la main »…

« La Nuit Est Là », « Rien Que Pour Ses Yeux », « A Part Ca Tout Va Bien »... Les riffs du nouvel album semblent taillés pour la scène... J'imagine que vous attendez le 21 mars avec impatience ?
Avec impatience oui, un peu la trouille aussi, car jouer huit ou neuf nouveaux titres sur scène, c’est pas si simple, et j’ai toujours eu beaucoup de mal à apprendre mes propres textes, mais c’est assez excitant, d’autant que cet album est vraiment composé pour aller sur scène, comme vous dites. En fait il a été écrit pour être joué sur scène et agrandir le répertoire de scène de mon trio… L’idée de jouer en trio, c’est aussi une façon de retourner à la simplicité, à l’énergie. La scène a ce côté magique, incertain, qui fait qu’elle reste toujours une aventure, tout peut se passer lorsque tu es sur scène, la corde de guitare qui casse, la panne de courant, ou de mémoire ; chaque concert est une expérience un peu différente et c’est d’ailleurs ce que j’aime. Une sorte de mise en danger.

Merci Patrick Coutin d'avoir pris le temps de me répondre...
Merci à vous.
Coutin release party

 

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