Silvertrain prépare son nouvel album. Après une première partie (SILVERTRAIN de Phil en Phil - L'interview Part. I) dans laquelle Phil Yborra se remémorait les débuts du groupe et sa tournée avec Motörhead sur le Bomber Tour, il est donc temps de revenir à l'actualité.
Voici donc la deuxième partie de cette interview... de Phil en Phil !
SILVERTRAIN - Line-Up 2022.
Ahasverus : J'en viens maintenant à votre dernier album, « Steel Against Steel ». Comment a-t-il été accueilli ?
Phil : Je te le dis franchement, autant les retours sur les autres albums furent unanimement très positifs, autant « Steel Against Steel » a suscité des clivages. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. Mais bon... Si tu écoutes toute la discographie de Metallica, de Black Sabbath, de Marillion, de Megadeth, ou même de Motörhead qui ont plus de vingt albums à leur actif, tous ne font pas non plus l'unanimité.
Ahasverus : Je suis étonné de ces clivages : je le trouve super cet album ! Qu'est-ce qu'ils lui reprochent, ceux qui n'aiment pas ?
Phil : Je te remercie. J'ai posé la question à un chroniqueur qui avait fait un papier sympa, mais sur lequel je sentais qu'il y avait quelque chose entre les lignes. En fin de compte, il m'a dit le fin mot de l'histoire : c'était cette idée de concept-album. J'ai voulu faire cet album en racontant une histoire pratiquement sans cassure. Lui trouvait que chaque titre sorti de son environnement était bien, mais que remis dans son contexte, il y avait un ventre mou à partir de « Whiskey Babe ». Comme si le fait qu'il s'agisse presque d'un concept-album enlevait de la valeur à chaque titre individuellement...
Ahasverus : Je n'ai pas du tout eu cette impression, d'autant que la pochette dessinée par Stan W Decker s'adapte parfaitement au côté futuriste de l'album.
Phil : Bien sûr. Avec « Steel Against Steel » je finissais la trilogie Walls Of Insanity/No Illusion/Steel Against Steel. Ils sont en fin de compte dans la même veine. On peut dire que « Steel Against Steel » a remporté un bon succès, qu'il n'y a que quelques mois qu'il est sorti, et que le Covid empêche tout, c'est la dèche ! Mais bon, tout ça reste une très bonne expérience qui nous a permis d'asseoir le groupe sur de bonnes bases. En plus de notre grande complicité, Micky et Laurent, les deux guitaristes, ont pris une ampleur fantastique, Hansel, un batteur qui a vingt ans, prend aussi une ampleur de dingue. Il m'épate à chaque fois ! Et Olivier rentre dans le moule, en apportant sa personnalité à la basse. Le groupe devient très homogène. Avec notre discographie, on a de quoi faire en matière de setlists ! C'est aussi pour ça que nous aimerions faire des scènes importantes, pour qu'on puisse amener tout le spectacle sur scène et donner belles chansons à notre public.
Ahasverus : Tu parlais d'une trilogie Walls Of Insanity / No Illusion / Steel Against Steel. Tu peux développer ?
Phil : Ces trois albums constituent une trilogie qui part d'un cataclysme planétaire. Il ne reste plus que quelques représentants de l'humanité. La pochette de « Walls Of Insanity », c'est ça : ce petit bonhomme qui va vers le logo qui figure la porte d'entrée vers le Dôme, c'est un rescapé d'un cataclysme dû à la connerie des hommes. Il se sauve et fabriquera ce Dôme puis bâtira la civilisation qui va avec.
Et des Dômes comme ça prennent naissance un peu partout sur cette planète où l'air n'est plus respirable. On aurait pu arrêter l'histoire comme ça. Mais on s'est dit que l'homme est tellement con qu'il répète forcément sans cesse les mêmes erreurs. Ainsi dans « No Illusion », quelques Dômes ont atteint une technologie incroyable. Mais à force de tout convoiter, les hommes finissent par se détruire à nouveau. C'est la guerre des sectes, avec des massacres à tout-va, « No Illusion » en morceau-phare de l'album. Une femme machiavélique sert de fil conducteur à tout ça. Elle veut créer une armée de clones décérébrés sur laquelle elle aura tout pouvoir. Elle a deux enfants, l'une parfaite, l'autre cloné. C'est eux que tu vois sur la pochette de « Steel Against Steel ». Et elle met la main sur son ventre parce qu'elle attend un troisième enfant. Que va-t-il sortir de tout ça ? Une pléiade de clones qui veulent déstabiliser le système, avec elle à la tête de cet empire maléfique. Mais les deux enfants, qui se détestaient auparavant, vont faire la paix et chasser la Sunlight Lady. Tout est donc bien qui finit bien...
Ahasverus : Venons-en à ta voix. Elle se pose là comme signature vocale !
Phil : Oui. Ma voix, on aime ou pas. Mais en tous cas, quand je chante, on sait qui c'est ! Et c'est ça qui me fait plaisir ! Sur le nouvel album il y aura plus de move dans la voix. Je vais aller plus bas, plus haut, on y travaille. Ca va être un nouvel épisode de Silvertrain, et j'aime ça.
Cette pandémie, on ose croire que ça va se décanter, c'est pour ça qu'on est en train de préparer une quinzaine de dates, des salles un peu plus importantes que ce qu'on faisait récemment. Ce serait bien que ça se concrétise avant cette fin d'année, mais pour ça il faudrait que la pandémie n'entraîne plus autant de restrictions, comme ce concert de Bordeaux au Haillan, un concert avec une jauge réduite à soixante personnes assises avec le masque... Je ne le referai plus dans ces conditions ; ça n'a aucun sens...
Ahasverus : Tu parlais de bosser le chant sur le prochain album. Je trouvais justement que sur « Steel Against Steel » tes lignes étaient plus travaillées et multipliées que sur ses prédécesseurs et qu'il donnait plus de place à ta voix...
Phil : Il y a beaucoup de gens qui ont eu la même impression que toi et ça me fait plaisir. On va continuer à travailler, parce que c'est une envie, une passion, et un délire aussi..On pense déjà au prochain album. Chaque album c'est une histoire, une vie. C'est un moment privilégié. On retourne chez les frères Potvin, à Angers.
Ahasverus : C'est la première fois que vous faites autant de clips pour un album.
Phil : Oui, aujourd'hui l'image est très importante et à vrai dire nous nous amusons beaucoup sur les tournages !
Ahasverus : Quels souvenirs vous gardez de ces clips ?
Phil : On est fiers de ce qu'on a accompli. Dans le dernier clip, par exemple, pour les chevaliers en armure, on n'est pas allé chercher n'importe qui. « Steel Against Steel », c'est le combat entre les deux frères de la Sunlight Lady. Et tu vois le même combat au moyen-âge puis à l'époque moderne. Pour le combat moderne, les deux gars qui sont sur le clip sont Anthony et Christophe Rea, tous deux champions du monde de MMA. Ils font des championnats, ces mecs, et quand tu les vois se taper sur la gueule, ils ne font pas semblant ! Le genre de mec qui te fait deux-cent cinquante pompes pour rigoler. Et d'une gentillesse ! C'est tourné à Limoux, sur une montagne de chaux.
Ahasverus : Merci Phil pour toutes ces explications !
Phil : Merci de ton attention, et à très vite autour d'une bonne bière ! J'ai hâte de vous rencontrer, vous tous, sur scène, dans la salle, de retrouver cette p*** d'ambiance qu'on n'a plus depuis maintenant deux ans !
Discographie :
• Witch Platform Please (1979)
• Silvertrain (2014)
• Walls Of Insanity (2016)
• No Illusion (2018)
• Steel Against Steel (2021)