Sorties 2023

TWISTED ROSE (hard-rock), Cherry Tales (15/09/2023)

TWISTED ROSE (hard-rock), Cherry Tales (15/09/2023)

Le 27/09/2023

Cette nouvelle chanteuse, qui n'aura pas mis longtemps à trouver ses marques, est un phénomène à la Lzzy Hale, embusquée derrière chaque rythmique.
Par Ahasverus
Twisted rose band

S'il n'est pas encore très connu en France, Twisted Rose est néanmoins actif depuis plusieurs années. Il a connu le succès au Mexique et en Espagne, et il a eu l'opportunité d'ouvrir pour Grave Digger.
La formation allemande, originaire de Giebelstadt, a connu quelques aléas dans son line-up depuis l'année dernière. Elle a très récemment intégré un nouveau batteur. Plus anciennement, en mars 2022, elle accueillait Caro en remplacement de Marcel Winkler au chant.
C'est avec cette nouvelle chanteuse que Twisted Rose sort son premier album, « Cherry Tales ».
Twisted rose cover
Ne vous fiez pas aux apparences : la pochette n'est pas à la hauteur de ce qu'on trouve dans l'album.
Disons-le tout net, le chant féminin, puissant, original et maîtrisé, insuffle une nouvelle énergie et beaucoup de conviction aux morceaux de la formation allemande.
Cette nouvelle chanteuse, qui n'aura pas mis longtemps à trouver ses marques, est un phénomène à la Lzzy Hale, embusquée derrière chaque rythmique (« Greed4Speed », « Rock You Away », « We Can't Get Enough »).

Dans les médiums, sa voix peut rappeler Crissie Hynde (« Say Hello », « Skull », « Friday Night Blues » ).
Musicalement, ce groupe qui cite pour référence AC/DC et Guns N' Roses aura su nous évoquer également Lynyrd Skynyrd (« Back to the Old Days ») et Rose Tattoo. Une belle polyvalence et de vraies qualités d'écriture et d'interprétation qui permettent au quatuor de s'illustrer dans un registre assez complet, du blues au hard-rock. 

Cerise (c'est le cas de le dire) sur le gâteau, Twisted Rose passe également sans difficulté l'épreuve de la ballade (« Bring Back Those Days ») en nous rappelant à nouveau les premiers opus de Lynyrd Skynyrd.
Avec ces atouts, Twisted Rose retient l'attention et n'est pas appelé à rester longtemps dans les rangs des troisièmes couteaux. « Cherry Tales » se place en orbite avec beaucoup de sûreté, sans une piste à côté de la plaque ! Le talent hors norme de cette chanteuse et la réussite dans le songwriting augurent d'une suite de bons albums. Vous ne passerez pas à côté.

RONNIE ROMERO, Too Many Lies, Too Many Masters (15/09/2023)

RONNIE ROMERO (hard/heavy mélodique), Too Many Lies, Too Many Masters (15/09/2023)

Le 25/09/2023

Les compositions laissent s'installer partout le groove de ce grand chanteur.
Par Ahasverus

Rainbow, Core Leoni, Vandenberg, Michael Schenker Group... On ne compte plus les formations qui ont fait appel au talent de Ronnie Romero, chanteur de Lords Of  Black !
Le Chilien (installé en Roumanie) avait enregistré récemment deux albums : « Raised On Radio » (2022), avec des reprises de Queen, Foreigner, Bad Company ou encore Led Zep ; « Raised On Heavy Radio » (2023) plus volontiers tourné vers Maiden, Judas Priest, Accept ou Metallica. Un exercice qui pouvait trouver son public par un choix de groupes mainstream. Mais il était temps de voir Ronnie faire la preuve de son inspiration par un album  solo de compositions. C'est chose faite avec « Too Many Lies, Too Many Masters », co-écrit avec José Rubio (guitare) et Andy C. (batterie).
Ronnie romero album
« Too Many Lies, Too Many Masters » est une suite de mélodies de belle qualité (« Mountain Of Light ») dans un esprit assez hard/heavy pas très éloigné des MSG ou Rainbow avec lesquels Ronnie a collaboré. Il sait aussi se rapprocher du hard bluesy d'un Whitesnake (« Crossroad ») ou du répertoire propre à Dio (« Not Just A Nightmare », « Chased By Shadows »). 

Parfois légèrement linéaire malgré tout le talent déployé, l'ensemble évite tout de même l'écueil et le déjà-vu grâce à certaines mélodies qui tirent leur épingle du jeu (« Not Just A Nightmare », « A Distant Shore », « Vengeance »). Quant à l'interprétation, elle ne connaît bien sûr aucune faille, et les compositions laissent s'installer partout le groove de ce grand chanteur.
Ne faisons pas la fine bouche : « Too Many Lies, Too Many Masters » est tout de même d'un niveau remarquable. Il  ne nous a pas subjugué, mais il possède suffisamment de qualités pour retenir l'attention.
A écouter.

Très actif, Ronnie Romero était également dans les bacs en mai 2023 avec le premier album d'Elegant Weapons, un projet qui l'unit à des membres de Judas Priest et de Pantera. On sait qu'il enregistrait les voix du prochain album de Lords Of Black à Bucharest en juillet 2023.

ECLIPSE (hard mélodique), Megalomanium (01/09/2023)

ECLIPSE (hard mélodique), Megalomanium (01/09/2023)

Le 25/09/2023

Cette propension indécente à composer des hymnes force l'admiration et à ce titre « Megalomanium »  rappelle des albums tels que « Slippery When Wet » et « New Jersey ».
Par Ahasverus
Eclipse est un quatuor suédois formé autour du chanteur Erik Mårtensson et du guitariste Magnus Henriksson.
Eclipse band
Il sort « The Truth And A Little More », son premier album, en 2001. Le chant d'Erik Mårtensson se rapproche légèrement de celui de Joey Tempest (« The Truth », « The Only One») et certains morceaux pourraient figurer sur des albums d'Europe (« Songs Of Yesterday ») auquel le groupe se verra longtemps comparé. Ce premier opus pose les fondations d'un hard-rock mélodique à dominante FM (« Message Of Love ») qui pioche dans le blues et l'énergie (« Too Far », « A Little More»), agrémenté par de belles guitares lead qui constituent un véritable atout (« A Little More », « How Many Times  »). Il reste aujourd'hui encore  très respectable.
Le deuxième album, « Second To None » (2004) voit Eclipse s'associer durablement avec le label italien Frontiers Records (Ronnie Atkins, Ronnie Romero, Winger). Les nouveaux morceaux confirment le crédo du groupe et l'album est assez bien accueilli en France, même si Hard Rock 80 « trouve que la voix d’Erik Martensson est vraiment quelconque et manque singulièrement de puissance » et que Music Waves estime qu'à la longue « une certaine lassitude s'installe ». Soto, Europe et Eric Martin sont les comparaisons qu'on peut relever dans les chroniques.
Quatre années séparent « Second To None  » de son successeur, « Are You Ready To Rock ». Bien que mélodique, il se fait plus offensif avec des titres tels que « Wylde One », « Hometown Calling », « Hard Time Loving You » ou « Call Of The Wild ». L'ensemble est particulièrement dynamique et la guitare d'Erik Märtensson n'est pas pour rien dans la réussite de ce troisième long format. Son jeu est comparé à celui de Van Halen par Music Waves. Joey Tempest est à nouveau cité comme référence pour le chant mais c'est Bon Jovi qui nous paraît pointer le bout de son nez côté songwriting (« Unbreakable »). Particulièrement remarqué, « Are You Ready To Rock » permet à Eclipse d'ouvrir pour Deep Purple.
Il faudra quatre nouvelles années pour voir arriver « Bleed And Scream », quatrième galette d'Eclipse. Nous sommes en 2012. Désormais incontesté, le chant d'Erik Mårtensson, « en état de grâce » (Music Waves), « parfait » pour Les Eternels qui estiment que « l'air de déjà vu peut cependant s'avérer dérangeant ». Ce n'est pas l'opinion de Music Waves qui parle de « foire aux hits ». Mr Big, Pink Cream 69, H.E.A.T. et Europe sont des références récurrentes pour cet album de hard qui semble avoir trouvé le compromis entre le mélodique des deux premiers opus et la dynamique du troisième. Pour Rock Meeting, il « éclipse notablement la concurrence ».  Le groupe s'essaie à la ballade  (« About To Break ») mais des titres tels que « Falling Down » lui confèrent une énergie notable, tandis qu'une influence power metal se fait sentir sur le morceau « Battlegrounds », repris au format acoustique en conclusion de l'album. Emballé, Pavillon 666 place Eclipse « au sommet de son art ». Il est au moins « un groupe à suivre » pour Hard-Rock 80 qui concède que « l’excellence de ses talentueux musiciens n’est jamais prise en défaut ». C'est enfin l'occasion pour le groupe de sortir son premier clip officiel.

« Armageddonize » (2015), le cinquième album d'Eclipse, nous accueille avec les grosses guitares de « I Don't Wanna Say I'M Sorry », mélange de riffs heavy et de belles lignes mélodiques. L'album existe en version Deluxe forte de vingt-huit pistes, qui comprend des inédits, des titres live et des versions acoustiques et qu'il convient de privilégier. La recette ne change pas pour le sixième album « Monumentum » (2017), servi par un son très lourd. Erik Mårtensson rend son chant plus agressif et s'éloigne de la comparaison avec Joey Tempest. Metal Obs yvoit « une volonté de durcir ». Materson, pour Music Waves,  « est l'un des meilleurs chanteurs de sa génération ». De son côté, Aux Portes du Metal voit dans « Monumentum » « un vrai bon album de Hard Rock mélodique, le plus abouti à ce jour pour les Suédois ». Totalement emballé, Nightfall In Metal Heart estime qu'Eclipse « vient de nous livrer l'Everest du Hard Mélodique », ce que confirme en d'autres termes United Rock Nation en affirmant qu'on « peut dire sans trop se tromper qu'il va devenir un monument du Hard Mélodique ». Coverdale fait partie des références citées. Nous y voyons toujours du Bon Jovi (« Killing Me », « Hurt », « The Downfall Of Eden») avec une orchestration moderne. Aujourd'hui encore ce « Monumentum » sonne remarquablement, aussi heavy que mélodique.

Septième album studio, « Paradigm » (2019) marque les vingt ans de carrière d'un groupe toujours plein de jus qui confirme ses dons de hitmaker (« Viva La Victoria », « United ») avec toujours cette recette de gros riffs, de belles leads, de refrains fédérateurs, sans pour autant négliger les lyrics comme en atteste un texte sur la suffragette Mary Leigh. La sortie de ce nouvel album est l'occasion pour la presse spécialisée de souligner la qualité de la discographie des Suédois qui commencent « à empiler un nombre conséquent d'opus irréprochables » (Music Waves). Aux Portes du Metal estime fort à propos que celui « qui n'a jamais goûté à leur univers ne sait pas ce qu'il perd. » 

Il est temps pour le groupe de sortir un album Live. C'est chose faite en 2020 avec « Viva la VicTOURia », un double album agrémenté d'un DVD qui comprend un show, un « Live From the Quarantine » (on est en pleine pandémie) et un documentaire.
2021. Retour en studio avec l'album « Wired ». C'est encore « une leçon de Hard Rock » (Nightfall in Metal Heart) qui « continue à proposer de formidables chansons » (Music In Belgium). Même s'il n'y a « rien de nouveau à l’horizon », « on se retrouve toujours aussi vite embarqué » (United Rock Nations ). Pour Les Seigneurs du Metal, Eclipse « malgré son manque d’évolution arrive à tirer son épingle du jeu ». On est toujours sur un songwriting rassembleur et mainstream à la Bon Jovi (« Saturday Night », « Run For Cover », « We Didn't Come To Lose », « Things We Love »). Le chant d'Erik Mårtensson se rapproche désormais de celui de Jon plus que de celui de Joey Tempest,  mais la filiation ne s'arrête pas là : les refrains mémorisables et leurs choeurs, la place de la guitare lead, l'efficacité du songwriting, la complémentarité des musiciens, et surtout cette succession d'albums réussis, placent Eclipse dans les pas du groupe de New Jersey. Une recette maîtrisée avec suffisamment d'inventivité pour relancer régulièrement l'attention de l'auditeur sur la machine.
Enfin en 2023 le groupe de Stockholm revient avec « Megalomanium », son neuvième album studio. Dès les premières secondes de la première piste il est évident que l'inspiration est toujours présente  (« The Hardest Part Is Losing You »).

Metal Integral acte « une fois encore avec émerveillement qu’Eclipse ne perd en rien de son énergie et de son inspiration ». Il continue à gravir « son escalier le menant vers les sommets » (Music Waves). La qualité d'ensemble du songwriting est bluffante et la comparaison avec Bon Jovi reste d'actualité (« Got It! »).

Eclipse a-t-il vendu son âme aux dieux du Metal ? La formation suédoise semble avoir trouvé la recette du hit perpétuel et il la renouvelle allègrement presque à chaque coup (« The Hardest Part Is Losing You », « Got It! », « Anthem », « Hearts Collide », « I Don't Get It », « The Broken », « One Step Closer To You »). Cette propension indécente à composer des hymnes force l'admiration, et à ce titre « Megalomanium »  rappelle des albums tels que « Slippery When Wet » et « New Jersey ». On imagine avec quels yeux de Chimène Frontiers Records regarde son poulain devenir un étalon. C'est que le songwriting d'Eclipse le place parmi les grands du  hard mélodique. Un don aussi enviable qu'incroyable qui permet aux Suédois de prendre la pole position à chaque nouvelle sortie. Ils continuent, en 2023, à faire la course en tête.

 

EUNOMIA (metal opera), The Chronicles Of Eunomia, Pt. 2

EUNOMIA (metal opera), The Chronicles Of Eunomia, Pt. 2 (15/09/2023)

Le 20/09/2023

S'il ne figure pas parmi les précurseurs du genre, « The Chronicles Of Eunomia, Pt. 2 » parvient à se placer dans leur foulée.
Par Ahasverus
Eunomia
« The Chronicles Of Eunomia, Pt. 2 » est le second volet d'une trilogie, Eunomia étant un projet monté par le chanteur et le claviériste danois Peter Danielsen.
Peter fait ses premières armes avec l'EP « Crystal Sword » en 2013 avant de s'attaquer à la trilogie dont le premier volet sort en 2018.
Il reprend grosso modo les mêmes ingrédients que les « Avantasia » de Tobias Sammet : un opéra rock inspiré de l'heroic fantasy dans lequel le power metal est largement servi par des invités prestigieux — évidemment moins renommés que ceux de Sammet, mais très capables tout de même...
Pour cette deuxième partie, Peter a fait appel à son frère son frère, le chanteur/musicien/producteur Marius Danielsen. Les deux hommes avaient déjà collaboré sur une autre trilogie metallique : « Marius Danielsen’s Legend of Valley Doom ».
Alexander Ormseth (basse), Magnar Winther Skorgenes (guitare) et Alessandro Kelvin (batterie) forment l'ossature de ce second volet d'Eunomia. Les invités sont nombreux. Nous citerons  Alessandro Conti (Twilight Force), Arnaud Ménard (Alkemyst), Jimmy Hedlund (Falconer), Matt Krais (ShadowStrike), Ty Christian (Lords of The Trident), Mikael Dahl (Crystal Eyes), Olaf Hayer (Luca Turilli’s band, Dionysus), ou encore Anders Sköld (Veonity).

Le power metal dynamique proposé par Eunomia se permet de taper fort et vite (« The Search »), voire très fort et très vite (« Battle Of The Overlook », « Another Dimension », « The Story Goes On »).  Les vocalistes rivalisent de talent pour aller décrocher des notes inaccessibles au commun. La production signée par le frérot est également au rendez-vous. S'il ne figure pas parmi les précurseurs du genre, « The Chronicles Of Eunomia, Pt. 2 » parvient à se placer dans leur foulée. Malgré la grande complexité de l'exercice, il trouve rapidement son rythme. Et puisque la première partie n'était pas mal non plus, « Eunomia » est un opéra metal qu'on recommande au moins quant à ces deux premiers volets. 

RIAN (rock mélodique/hard rock), Wings (04/08/2023)

RIAN (rock mélodique/hard rock), Wings (04/08/2023)

Le 10/09/2023

S'il perpétue plus qu'il ne renouvelle, « Wings » trouve les bons chemins, conjugue punch et rondeur, et sa haute tenue qui fait honneur au genre réveillera vos sens mélodiques dès la première écoute. 
Par Ahasverus
Rian band

L'aventure discographique de RIAN commence en 2017 avec « Out Of Darkness », un album aussitôt qualifié « d'AOR policé » par le webzine Music Waves. Cherchant ses influences dans un hard 80's dont Bon Jovi, Dokken, Europe ou Winger firent les beaux jours, Rian est accueilli chaleureusement par les webzines spécialisés, se voyant même sacré « nouvelle étoile scandinave » par Hard Rock 80. Comme il se doit dans ce genre d'exercice, le songwriting est accrocheur, la voix de Richard Andermyr et les guitares mélodiques sont les points forts de la formation suédoise. 
« Twenty Three », un second long format, nous le confirme en 2021 en nous faisant du gringue dès la première piste. On est sur la même recette qu'en 2017, mais la formation s'est étoffée avec l'arrivée d'un second guitariste, Tobias Jakobsson, issu du milieu du death metal. Ca passe crème ! Les critiques francophones en profitent pour confirmer massivement tout le bien qu'elles pensent de la formation de Stockholm.
En 2023 Rian revient avec son troisième album, « Wings ».
Rian wings
Onze pistes, pour un peu moins de cinquante minutes de musique, voila ce que nous propose « Wings »...
Les morceaux ont été écrits entre 2018 et 2020, et la recette, désormais pleinement maîtrisée, décolle à chaque coup.
C'est donc une suite de (très) jolies mélodies rythmées par des guitares tantôt féroces, tantôt charmeuses qui vous accueille. Rian vise l'immédiateté, servi par une voix qui a ce qu'il faut de velours et de puissance et qui se voit parfaitement complétée par les guitares lead et soutenue par une section rythmique qui déploie une belle énergie.

Le rendu est savoureusement mélodique, on tape en plein dans le hard de la seconde moitié des années 80, celui qui avait su rester sur la bonne rive et qui ne s'était pas totalement noyé aux sirènes molles du genou de la FM. On a pensé, nostalgie oblige, à des formations comme XYZ, avec une pointe supplémentaire d'AOR et une inspiration qui ne semble pas prête de s'éteindre. Avec un grand talent les musiciens cisèlent des perles mélodiques (« We Ride », « Dance The Night Away ») agrémentées du solo qui tue servi par palettes entières (« Don't Wait For The Fire », « Look At The Stars »). Polyvalent, Rian sait durcir son propos sans se disperser (« On The Wind », « When You're Gone ») et réussit jusque dans la power ballade qui met les poils (« One In A Million », « The Silence Of Our Dreams »). 

Côté critiques, c'est à nouveau la quine pour un album« bourré de hits » (Metal Integral) et perçu comme « un réservoir de chansons joyeuses, optimistes et cajoleuses » (Metal News) qui constituent « un excellent disque de rock mélodique, respectueux de l'AOR des années 80 » (Rock N Reviews). On ne peut en effet qu'être admiratif devant l'inspiration des Suédois, car même s'il perpétue plus qu'il ne renouvelle, « Wings » trouve les bons chemins, conjugue punch et rondeur, et sa haute tenue qui fait honneur au genre réveillera vos sens mélodiques dès la première écoute.
Cet album de Rian entrera donc dans nos recommandations de l'année. 

ART OF SHOCK (Thrash), Shine Black Light (08/09/2023)

ART OF SHOCK (Thrash), Shine Black Light (08/09/2023)

Le 09/09/2023

On pourra débattre, mais enfermer « Shine Black Light » dans la rubrique thrash serait voué à l'échec : Art Of Shock n'hésitera pas à franchir clandestinement les frontières jusqu'à arriver à un résultat personnel qui doit autant à Metallica et Megadeth  qu'au hardcore new yorkais ou à des groupes comme les Red Hot, Faith No More, et peut-être même Queen !
Par Ahasverus

Art of shock
L'histoire d'Art Of Shock commence à Mexico, ville dont sont originaires les frères Geezar. Inspirés par les groupes de thrash et de metal au son desquels ils ont biberonné, Art (guitare, chant) et Adrian (batterie) décident d'aller voir si l'herbe est plus verte aux USA.  Leur chemin les conduit à Los Angeles. Les valises posées, le groupe Art Of Shock (re)constitué, ils enregistrent l'album  « Dark Angeles » (2020). La bio explique : « Étant des outsiders éternels, les Geezar n’en avaient rien à foutre de jouer dans les endroits cool de la ville. » Cependant Art Of Shock décroche une place sur le Vans Warped Tour, un festival mêlant musiques et sports extrêmes. Cette opportunité fait tourner un vent qui leur permet de se faire remarquer et de vendre trois mille CD de leur premier album. La chance ne s'arrête pas là : Art Of Shock va partager la scène avec plusieurs groupes établis (Trivium, Sacred Reich) et ouvrir l'intégralité de la tournée nord-américaine de Sepultura ! « Regarder Sepultura ou Crowbar tous les soirs nous a rendus humbles et plus affamés » se souvient le guitariste et chanteur Art Geezar. Cette expérience convainc le groupe de resserrer et d'intensifier son jeu. S'estimant prêt et plus fort, Art Of Shock, devenu le combo que ses géniteurs ont «  toujours rêvé d’être », revient le 09/09/2023 avec l'album  « Shine Black Light ».
Art of shock artwork
Pour l'artwork, il est fait appel à Travis Smith (Opeth, Nevermore), mais c'est au niveau de la production qu'Art Of Shock crée la surprise en faisant appel au producteur Taylor Young. « Taylor est surtout connu pour ses disques beaucoup plus brutaux et bruyants » explique Adrian, tandis qu'Art complète : « Venant du hardcore, Taylor n'est pas aussi mécanique que la plupart des producteurs de métal dans sa façon d'entendre les choses. » Il précise sa pensée :« Il ne s’agit pas de montage et de perfection avec lui. Il s’agit davantage d’ambiance et de violence, ainsi que d’intensité et d’honnêteté de l’enregistrement. » Le résultat est aussi percutant que virevoltant.

Dès la première piste la touche hardcore s'impose, mais avec suffisamment de pause et de finesse pour venir effleurer la case progressive. On pourra débattre, mais enfermer « Shine Black Light » dans la rubrique thrash serait voué à l'échec : Art Of Shock n'hésitera pas à franchir clandestinement les frontières jusqu'à arriver à un résultat personnel qui doit autant à Metallica et Megadeth  (« Shine Black Light », « Death Stays Silent ») qu'au hardcore new yorkais ou à des groupes comme les Red Hot, Faith No More, et peut-être même Queen (« You Don't Know Me ») !

L'ensemble est mené avec beaucoup de lisibilité par des musiciens dont la créativité n'est entravée par aucune limite technique ou artistique et qui sont capables d'imposer des morceaux aux structures totalement démentes (« You Don't Know Me »).
Un album moins classique et plus personnel musicalement que le premier opus, un pallier dans la carrière du groupe, mais également un opus plus intime et sociétal dans les thématiques qu'il aborde, avec notamment le morceau « Drag Me to Hell » qui prend des allures de ballade mais qui traite de la violence intrafamiliale, très bien mise en images par le clip de Carlos Toro.

Art explique : 
« Drag Me to Hell est très différent de tout ce que nous avons fait dans le passé, tant au niveau des paroles que du son. Au départ, il m'a été difficile de partager cette chanson car elle reflète mon parcours personnel de survie. C'est la capture d'une époque où je me sentais impuissant et en quelque sorte responsable de la violence qui m'était infligée. Cela représente un moment où je ne pouvais pas imaginer un avenir au-delà du cycle sans fin dans lequel j'étais piégé. Cependant, comme beaucoup d'autres, j'ai finalement réalisé que je n'étais pas seul et j'ai découvert la force en moi de réécrire la fin de mon histoire. Malheureusement, des millions de personnes restent piégées dans ce cauchemar. En partageant nos voyages et en faisant preuve de solidarité avec ceux qui souffrent encore, nous pouvons les inciter à trouver leur force intérieure. Nous pouvons changer la fin de l'histoire. Nous sommes des survivants. »
Neuf pistes séduisantes qui démontrent qu'Art Of Shock a trouvé sa voie, slalommant entre thrash, hardcore et metal, brassant de vastes influences pour en faire une synthèse moderne restituée dans un album particulièrement réussi.

EDU FALASCHI (métal mélodique), Eldorado (23/08/2023)

EDU FALASCHI (métal mélodique), Eldorado (23/08/2023)

Le 31/08/2023

Une pure régalade !
Edu falaschi eldoradoPar Ahasverus
Deuxième volet de la trilogie initiée par Edu Falaschi avec l'album « Vera Cruz », que l'on peut considérer comme le début de sa véritable carrière solo, ce qui ne l'empêche pas d'être accompagné par une brochette de musiciens au talent monstrueux. Une belle revanche pour ce Brésilien qui avait dû quitter Angra pour raisons de santé et qui est à nouveau capable de performer vocalement.
« Eldorado » est donc la seconde partie d'une trilogie aztèque qui permet à Falaschi d'explorer, à travers le prisme du métal mélodique, différents aspects de la musique latine, précoloniale ou moderne, avec des guitares espagnoles en veux-tu en voila mais également par des chants en Espagnol et dans des langues autochtones. Ainsi la songwriter guatémaltèque Sara Curruchich apporte-t-elle sa sensibilité à l'interlude « Q'equ'm », venant renforcer l'impression de richesse culturelle et artistique qui naît à l'écoute de l'album.
En digne successeur de « Vera Cruz », ce second album démarre en mode cinématographique, certains passages pouvant même vous rappeler la manière d'Enio Morricone (« Señores Del Mar »). « El Dorado » entre ensuite dans le vif du sujet avec un très bon développement mélodique qui lorgne vers le grand Helloween. Cette belle pièce de metal entrecoupée de cordes claires rassure tout de suite : « Eldorado » sera à  la hauteur de « Vera Cruz » et des titres comme « Land Ahoy », « Face Of The Storm » ou « Mirror Of Delusion » trouveront leurs dignes successeurs. D'ailleurs, dès qu'arrive « Sacrifice », deuxième morceau du nouvel album, vous sentez tout ce que cette écoute pourra avoir de sympathique.
Après une ballade en quatrième piste, le power mélodique reprend ses droits en nous entraîne vers « Tenochtitlán » (le Mexico précolombien), avec un découpage passionnant et une exécution virtuose qui en fait l'une des pièces-phare de l'album. 

« Eldorado », qui donne son titre à l'album, est la piste la plus longue de l'opus avec ses dix minutes. Encore une fois la technique retient l'attention et la structure du morceau lui donne beaucoup de mouvement.  Les ambiances vont ainsi en une perpétuelle alternance tandis que l'album repart en mode mélodique (« Reign Of Bones »). Une power ballade amène un peu de sérénité (« Suddenly ») puis  « Wings Of Life », deuxième pavé de l'album, remet les gaz jusqu'à ce que la grâce d'un « In Sorrow » nous fasse regretter que ce soit déjà fini.
Disons-le clairement : « Eldorado » est d'un sacré niveau, créatif dans sa conception, magistral dans son exécution. Cependant si le son de l'album est très bon les choeurs semblent légèrement en retrait. Quel dommage ! Un autre traitement, à l'instar de ce qu'a fait l'Italien Winterage sur son album « Nekyia », aurait projeté l'ensemble dans une dimension parfaite. Malgré quoi « Eldorado » se positionne dans la lignée des très grands opus du métal mélodique, peut-être même des classiques, et je pense avant tout aux « Keeper » de Helloween aux côtés desquels il peut aller s'installer le front haut. En conclusion, malgré notre petit caprice à propos des choeurs, on vous affirme que cet album est une pure régalade qui passera haut la main l'épreuve du temps. Décidément ce Edu Falaschi est un grand monsieur !

RICK SPRINGFIELD (rock), Automatic (04/08/2023)

RICK SPRINGFIELD (rock), Automatic (04/08/2023)

Le 31/08/2023

« Mon objectif était de solides morceaux de trois minutes avec les plus gros refrains que je pouvais trouver. »
Par Ahasverus

Rick Springfield donne une nouvelle preuve de son talent avec un album particulièrement accessible, mélange de rock et de pop, avec une instrumentation d'apparence dépouillée mais finement travaillée. 

Parfois purement pop (« Fake It Til You Make It »), parfois teinté de folk à la Paul Simon (« Come Said The Girl »), de soul (« The Cure For Loneliness »), « Automatic » est plus généralement rock, et c'est massivement un mélange des genres.
Si les compositions de Springfield s'articulent autour des riffs de guitare, ce qu'on remarque ce sont les magnifiques choeurs féminins et les cuivres qui accompagnent ces vingt chansons catchy qui parlent de Dieu, de la mort et du sexe. « C’est essentiellement ce que j’ai écrit sur les dix dernières années, explique l'Australo-Américain. Je suis toujours à la recherche de Dieu, intéressé par le sexe et curieux de la mort. »
L'album s'appelle « Automatic » parce que « les chansons sont sorties d'elles-mêmes », complète l'artiste. « Mon objectif était de solides morceaux de trois minutes avec les plus gros refrains que je pouvais trouver. » De fait, le cahier des charges se voit totalement respecté et les  vingt morceaux bien produits balancent autour de cet axe des trois minutes pour nous garder à leur disposition tout au long des cinquante-huit minutes de l'album.
« Automatic » est disponible depuis le 04 Août 2023. C'est une sortie Songvest Records.
Rick springfield

MAMMOTH WVH (métal hybride), II (04/08/2023)

MAMMOTH WVH (métal hybride), II (04/08/2023)

Le 31/08/2023

Dix morceaux sur lesquels souffle un vent de liberté.
Par Ahasverus
Mammoth 2

Compliqué d'être « le fils de... », surtout quand on fait du Metal et qu'on porte pour nom Van Halen...
Au début c'est un avantage, ça permet de sortir de l'anonymat, ce qui n'est jamais gagné même avec du talent. Mais il faudra rendre la monnaie de sa pièce toute sa vie.
Pourtant, dès qu'il a pu jouer sa propre musique, Wolfgang s'est émancipé dans un style très éloigné de celui de son père, même s'il a fait ses premières armes en tant que bassiste de Van Halen entre 2006 et 2020. D'ailleurs, c'est Aaron Marshall (Intervals) qu'il cite en premier quand on lui demande ses influences pour la guitare, puis, d'une manière plus générale, Foo Fighters, Nine Inch Nails et Tool...
Désormais Wolfgang est en solo. En solo... C'est le cas de le dire ! Ce multi-instrumentiste qui commençait la batterie à l'âge de neuf ans, profitant des bons conseils de Tonton Alex, chante et joue de tous les instruments sur chacune des chansons qu'il a composées.
C'est en 2021 que commence l'aventure, avec un premier album intitulé Mammoth WVH. Il est suffisamment porteur pour lui permettre de faire la première partie de Metallica au Stade de France.
Le second opus est sobrement intitulé « II ». Il sort le 04/08/2023.
Dix morceaux dans la lignée du premier album, mais sur lesquels souffle un vent de liberté. Le succès a débarrassé Wolfgang de ses tensions. Il a gommé les doutes, lui a permis de gagner en efficacité (l'album a été mis en boite en quelques mois là où son prédécesseur trainait durant deux ans et demi) et en expression.


Ce « coup de maître » (BP Arts Media) est globalement bien accueilli par les critiques françaises :  il s'écoute « en boucle » (Music Waves) même s'il aurait pu « sortir un peu plus des sentiers battus » (Maxazine),  d'autant plus facilement que « sa palette créative est monstrueuse » (Rock Ur Life). En affirmant « encore plus fièrement ses influences » (Rolling Stone) il confirme  « que la qualité et le succès du premier n'étaient pas le fruit du hasard » (Hard Force), ce qui pourrait lui permettre de « rejoindre les premières places de vos tops de l’année. » (Sounding Shivers)  
Faisant l'objet d'un large consensus médiatique, « Mammoth WVH II », qui nous a fait penser au festif « New Direction » de Marco Mendoza (2022), devrait donc trouver sans difficulté le chemin du public, et probablement celui de votre oreille, et peut-être même de votre coeur.
Enfin pour conclure sur la thématique familiale, récurrente dans les publications qui concernent WVH, précisons que Patrick Bertinelli, l'oncle maternel de Wolfgang Van Halen joue le solo à la pédale Wah Wah sur le titre « I’m Allright », et que sa mère, l’actrice Valérie Bertinelli, fait une apparition dans le clip de cette chanson.

ALICE COOPER (hard-rock), Road (25/08/2023)

ALICE COOPER (hard-rock), Road (25/08/2023)

Le 28/08/2023

« I stand here before you and the legend lives on! »
Alice cooper cover 1
Par Ahasverus


Un vétéran, Alice Cooper. Un poilu, un grognard, même, sur la scène rock. Son premier album sortait en 1969 ! 
On se souviendra de l'hommage appuyé que lui rendaient Wayne et Garth en se prosternant devant lui dans le film Wayne's World...
Son vingt-neuvième album studio a la particularité d'avoir été enregistré en direct. Alice voulait restituer sur sillons les performances du line-up qui l'accompagne sur scène : 
« Pour Road, il était primordial que le groupe soit l'épine dorsale de chaque morceau. Notre lien est plus fort en tournée, et cet album est une ode à cette camaraderie, canalisant le dynamisme de nos concerts dans du nouveau matériel. Avec une programmation aussi talentueuse, il est normal de la mettre en valeur. »  
Le créateur de « Welcome To My Nightmare ».  a souligné l'absence d'overdubs, pour démontrer à quel point ses musiciens sont en place.
Il revient avec une galette plus proche du rock des débuts que des grosses machines à la  « Poison ».
« Road », c'est la route. Version Alice...
Mais d'abord les présentations : « I stand here before you and the legend lives on! » (« I'm Alice ») avant de s'en jeter un dernier pour la route (Gotta load in my nose / Gonna drive, drive, drive - « White Line Frankenstein »)
Il a raison, le père du shock-rock, d'affirmer qu'il faut plus qu'un masque pour donner le frisson...
« It takes more tha a mask to make more than a thrill /  To complete that task it takes special skill  » (« I'm Alice »)

Il a tout ça, Alice, et les douze titres nous emmènent dans une tournée passée au crible de son ironie :
 « Got no wife, no snotty kids, Got no alimony. I live for the road, ‘Cause I gotta be free. » (« White Line Frankenstein »)

La route, la drogue, les groupies... (« Go Away »)
L'album se referme sur une cover du « Magic Bus » de The Who, véhicule mystique qui rapproche les musiciens d'un foyer qui leur manque. (« Every day I get in the queue / To get on the bus that takes me to you »)

« Road ». Un album réjouissant d'Alice Cooper, vétéran au pied sûr, père du shock-rock, music-maker. 
Il est disponible depuis le 25/08/2023. C'est une sortie EarMusic (Tarja, Extreme,Laura Cox). L'une des plus réjouissantes de l'année. 

SERAINA TELLI (rock), Addicted To Colors (25/08/2023)

SERAINA TELLI (rock), Addicted To Colors (25/08/2023)

Le 27/08/2023

Dans la lignée de « Simple Talk », auquel il est peut-être légèrement supérieur, « Addicted To Colors » vous confortera dans l'idée que Seraina Telli est une artiste accomplie qui possède un style bien à elle, généreux, fougueux et intense.

Par Ahasverus

Moins d'un an après « Simple Talk », le premier album réalisé sous son nom, SERAINA TELLI revient avec un second opus intitulé « Addicted To Colors ». 
Seraina telli addicted to color
Première frontwoman de Burning Witches, la Suissesse aux cheveux bleus ou verts, chanteuse, songwriter, multi-instrumentiste, quitte ce combo en 2019 pour fonder son groupe de métal progressif, Dead Venus. Elle nous donne, avec lui, deux beaux albums, « Bird Of Paradise » en 2019 et « Flowers & Pain » en 2022. 
Mais depuis 2022, c'est un nouveau projet dans un nouveau style, que nous propose Seraina.. Avec des titres dans un registre Big Rock/Rock Hard qui ne conviendraient pas à son groupe de prog'.
Ce nouvel album, « Addicted To Colors », s'ouvre par « Song For The Girls », un rock énergique totalement dans la continuité du précédent opus solo, « Simple Talk ».

Très affûté, « Monkey & Zookeeper » enfonce le clou, et si « Left Behind » semble vouloir calmer le jeu il finit lui aussi par s'emballer !
Les titres s'enchainent joliment, parfois très hard (« Think »), le plus souvent débordants d'énergie (« Be Somebody »)
Séraina propose une reprise superbe du « Spaceman » des 4 Non Blondes. Il s'inscrit parmi les temps forts de l'album.

Autres excellents moments : « If No One Else Had Ever Been There Before » et « Addicted To Colors ». Les rythmiques vous embarquent, avec en prime un un beau travail sur les harmonies et les voix, mais aussi sur les lyrics (« Hit Shit ») !

La Suissesse est partout. Elle n'a pas lésiné sur les voix ni sur l'énergie, nette dominante de cet album de rock. Cependant des titres comme « The Harder Way », ou « All Your Tears », qui est un peu à cet album ce que « Remember You » était au précédent, rappellent que Seraina sait aussi passer en finesse et en émotion.
Dans la lignée de « Simple Talk », auquel il est peut-être légèrement supérieur, « Addicted To Colors » vous confortera dans l'idée que Seraina Telli est une artiste accomplie qui possède un style bien à elle, généreux, fougueux et intense.

U. D. O. (heavy metal), Touchdown (25/08/2023)

U. D. O. (heavy metal), Touchdown (25/08/2023)

Le 27/08/2023

Même s'il ne fait plus souffler ce petit vent rebelle qui vous occasionnait cette chair de poule lorsque vous découvriez ses albums dans les années 80, vous vous abreuverez encore avec plaisir à ces rythmiques en béton et à cette voix d'écorché.
Par Ahasverus

« Touchdown » est le nouvel album studio d'U. D. O., l'une des grosses sorties de ce mois d'août 2023.
Udo Dirkschneider... Grand monsieur du Metal ! Chanteur originel d'Accept, avec qui il sortait trois albums monstrueux entre 1982 et 1985 : « Restless And Wild », « Balls To The Wall » et « Metal Heart ». 
Accept trois albums
Classiques entre les classiques ! 
Tiens, à propos de « Restless And Wild , ouvrons la parenthèse : Accept suscitait la controverse en démarrant cet album par un extrait d'un disque rayé de « In Heller Und Ein Batzen » suivi d'un cri suraigu de Dirkschneider. L'effet était saisissant. « C'est juste une vieille chanson folklorique » se défendait Wolf Hoffmann, le guitariste du groupe allemand. Arrête le schnaps, Wolf ! Si l'impact du fameux « Heidi, heido, heida » s'est dilué en 2023, n'importe quel ado qui vivait en France voici quarante ans, et probablement plus encore en Allemagne, était capable d'identifier ce chant de marche des armées nazies pendant la seconde guerre mondiale ! Cette provoc' a permis de braquer l'attention sur Accept à ses débuts, et on imagine bien que le groupe savait qu'il allait donner un petit coup de pouce au destin en créant le buzz autour de ce morceau. Il ne faut rien y voir d'autre qu'une stratégie commerciale, mais tout de même : appelons un chat un chat !
Fermons la parenthèse et partons directement en 1987. Accept veut prendre un virage plus commercial pour conquérir le marché américain, Udo n'a pas le profil pour ce style de musique. Il décide (on l'a peut-être un peu poussé) de partir fonder son propre groupe. Un accord amiable est passé avec ses camarades qui lui fournissent clé en main l'album « Animal House », entièrement composé de chansons qu'Accept a enregistrées en démo mais juge trop agressives pour le successeur de « Russian Roulette ». C'est sur ce cadeau de départ que Dirkschneider fonde U. D. O. tandis qu'Accept se vautre avec « Eat The Heat », un long format que pas un fan d'Accept n'a écouté jusqu'au bout... Dix-huit albums studio plus tard, et malgré quelques allers/retours dans sa formation d'origine, U. D. O. est toujours là, avec la même musique.
Alors je vous vois venir : « On a beaucoup parlé d'Accept dans ce papier sur U. D. O. ! » C'est vrai. Mais c'est qu'U. D. O. et Accept sont indissociables car Dirkschneider fait du Dirkschneider, qu'il soit dans ceci ou dans cela. Par ailleurs, on trouve désormais plus de membres historiques d'Accept  dans U. D. O. que chez la formation-mère, où Wolf Hoffmann reste seul pour tenir la barre. C'est que le bassiste Peter Baltes, qui jouait avec Hoffmann depuis le premier album et jusqu'en 2018, a désormais rejoint Dirkschneider ! Enfin, pour le mastering de son nouvel opus, Udo a fait appel à... Stefan Kaufmann, batteur d'Accept durant les grandes années !
Tout cela a des allures d'affaire de famille, jusqu'à Sven Dirkschneider, le fils d'Udo, qui a commencé à jouer de la batterie à l'âge de quatre ans, et qui martèle les fûts aux côtés de son paternel depuis près de huit ans.
Udo band martin hausler
U. D. O. par Martin Hausler


Voila pour le contexte général. On parle un peu de l'album ?

« Touchdown »

Udo cover
« Touchdown » désigne un essai au football américain.
Udo explique au magazine Defenders Of The Faith
« Nous cherchions un titre pour cet album depuis longtemps. Nous étions en Amérique du Sud, assis dans un bar sportif à l’aéroport. Il y avait un match de football et nous n'arrêtions pas d'entendre le mot "Touchdown ! Touchdown !" J'ai dit : "Hé les gars, je suppose que c'est le titre de l'album !"  »
Ainsi, estimant que l'idée colle parfaitement à son propos et à sa musique, le groupe a axé le packaging de son nouvel opus sur cette thématique.
C'est à Martin Häusler qu'il a confié l'artwork. Martin a collaboré avec Helloween, Pink Cream 69, Krokus. Depuis 2004 il a travaillé à plusieurs reprises avec U. D. O. 
Pour l'écriture des paroles et les mélodies vocales, Udo a bossé avec son fils. Il considère que cet album est plus direct et plus agressif que son prédécesseur et l'explique par le fait que plusieurs drames ont frappé directement les membres du groupe pendant la conception de « Touchdown » : le COVID bien sûr, mais plus personnellement une inondation qui ravageait la maison de Sven Dirkscheider, et enfin la guerre en Ukraine, où résidait Andrey Smirnov. Andrey ne réussirait à rejoindre l'Allemagne qu'avec les difficultés que vous imaginez.
Musicalement, U. D.O. nous propose ce qu'il sait faire de mieux : un heavy à l'Allemande ! Très efficace, agressif (« Isolation man », « Touchdown »), une machine aux rythmiques bien carrées (« The Flood », « Heroes Of Freedom », « The Battle Understood»), aux choeurs virils, avec une batterie qui cogne et d'excellentes guitares lead. La voix d'Udo est toujours aussi caractéristique, rocailleuse, si typiquement heavy ! Capitalisant sur son savoir faire, U. D. O. use de grosses ficelles et sert de grandes rasades de Marche Turque (Mozart) dans son « Fight For The Right », comme Accept postait jadis la Lettre à Elise de Beethoven à l'intérieur de son « Metal Heart ».

Parmi les titres bankable, on relève « Forever Free », chanson la plus typique de l'album, mise en avant par le label et sortie comme premier single, à propos de laquelle le batteur Sven Dirkscheider expliquait  : 
« Forever Free est censée inciter les gens à ne pas se contenter de croire ce qu’ils entendent ou ce que leur montrent les médias, par exemple, mais à réfléchir individuellement. Bien sûr, nous ne voulons pas dire qu’il faut tout remettre en question. La chanson exprime simplement qu’il vaut mieux se forger sa propre opinion sur les conflits et les autres sujets que l’on défend, même si elle est parfois erronée, plutôt que de suivre la masse aveuglément. C’est un hommage musical au privilège que nous avons de vivre dans un monde libre, comme c’est heureusement le cas. »

Voila, vous savez où vous mettez les pieds avec« Touchdown ». On notera enfin que le violoniste Stefan Pintev intervient sur le morceau qui donne son titre à l'album. C'est très efficace..

En conclusion, pour paraphraser Anvil, « Dirkschneider is Dirkschneider » et, si vous appréciez le bonhomme, même s'il ne fait plus souffler ce petit vent rebelle qui vous occasionnait cette chair de poule lorsque vous découvriez ses albums dans les années 80, vous vous abreuverez encore avec plaisir à ses rythmiques en béton et à sa voix d'écorché. La proposition 2023 d' U. D. O. est un cru qui fonctionne bien et le groupe fait ici encore une excellente impression.

VANDENBERG (hard-rock), Sin (25/08/2023)

VANDENBERG (hard-rock), Sin (25/08/2023)

Le 25/08/2023

Pas d'une originalité folle, mais tout de même inspiré et bougrement solide, « Sin » plaira aux amateurs de hard US classique.

Par Ahasverus
Adrian Vandenberg est un guitariste/compositeur hollandais. Il connaît un beau succès au début des années 80 en fondant son propre groupe. Il est aussi connu pour son travail dans Whitesnake.
Au début des années 80, alors qu'il prépare sans y croire particulièrement un très bon premier album qui fait la part belle aux arpèges et à la guitare espagnole, le guitariste Adje (Adrian) Vandenberg est approché par David Coverdale. Celui-ci a repéré ses démos chez Atlantic Records et souhaite le recruter. Adrian décline il craint de n'être qu'un pion dans la valse des line-up devenue une habitude chez Whitesnake. Il préfère capitaliser sur son nom propre. Bien lui en prend : l'album est un succès ! Il réussit même à placer quelques morceaux sur les radios, notamment les ballades « Burning Heart » en 1982 et « Different Worlds » en 1983.
Vandenberg heading for a storm
Heading For A Storm, second album de Vandenberg, sorti en 1983.


Sa notoriété internationale lui permet parcourir les États-Unis, l'Europe et le Japon aux côtés d'Ozzy Osbourne, Kiss, Rush, Scorpions, ou encore Michael Schenker.
Après quelques succès fluctuants, il rejoint finalement Whitesnake avec qui il enregistre notamment le morceau « Here I Go Again » aux côtés de John Sykes dans sa version « 1987 », tandis qu'une première version sur l'album « Saints & Sinners » (1982) trouvait Micky Moody et Bernie Marsden aux guitares. Puis Adrian participe à la tournée promotionnelle de « 1987 » durant un an et demi. Il passera plusieurs années au sein du serpent blanc, co-récrivant certains albums, notamment « Slip of the Tongue » (1989) sur lequel, bien qu'il soit crédité comme guitariste, il ne pourra jouer en raison d'une blessure.
A la fin des années 90, Adrian se met en retrait de la musique pour des raisons familiales. Dans les années 2010, il revient avec le projet Vandenberg's Moonkings. Ce retour est bien perçu, mais le chanteur Jan Hovingi a des activités professionnelles parallèles qui ne peuvent souffir de son absence, et il n'est pas en mesure de faire des tournées à l'étranger. Adrian met donc fin au projet après trois albums et il ranime Vandenberg la décennie suivante avec un opus intitulé « 2020 ». Adrian explique à My Global Mind : « Avec Vandenberg, j'ai décidé qu'il était temps de me botter les fesses dans le sens du hard rock, car Moonkings était très orienté blues ». 
Il se fait accompagner du chanteur Ronnie Romero (Lords Of Black), du bassiste Randy Van Der Elsen (Tank) et du batteur Koen Herfst (Doro, Epica) et il profite de cet album pour revisiter son standard « Burning Heart ».

Le 25/08/2023, Vandenberg revient avec un album, le cinquième sous son nom :

 « Sin »

A l'instar de « Heading for a Storm » (1983), « Sin » voit le retour des requins sur la pochette. Ces deux artworks ainsi que celui de l'album « Alibi » ont été peints par Vandenberg lui-même : Adrian est diplômé des Beaux Arts et il a même enseigné cette matière avant de consacrer sa vie à la musique.
Vandenberg sin
Pour ce nouvel opus Vandenberg retrouve la même section rythmique : Koen Herfst (batterie) et Randy Van Der Elsen (basse). En revanche Ronnie Romero dont l'album solo « Too Many Lies, Too Many Masters » sortira mi-septembre laisse la place au Suédois  Mats Levén (Candlemass, Therion).
Le timbre de voix de Mats Levén rappelle celui de David Coverdale et c'est vers bien Whitesnake et le hard US qu'il faut chercher les comparaisons avec cet album, même si Adrian se dit plutôt influencé par le blues et le hard britannique.

On pourrait aussi parler de Dio (« Out Of The Shadows », « House On Fire »), d'Alice Cooper, et c'est très bien fait d'ailleurs (« Thunder And Lightning »), avec beaucoup de groove dans le chant puissant de Mats Levén (« Walking On Water », « House On Fire »), et des guitares efficaces plutôt que tape à l'oeil.

« Sin » est composé de morceaux qui tiennent la distance, capables de frapper fort (« Light It Up », « Burning Skies ») comme de se faire enjôleurs (« Baby You've Changed »). Enregistré aux Pays-Bas et à Los Angeles, l'album est produit par Bob Marlette (pas le chanteur de reggae, hein, le producteur qui a travaillé avec Ozzy Osbourne et Alice Cooper...). Pas d'une originalité folle, mais tout de même inspiré, bougrement solide dans le songwriting comme dans le line-up qui fait du haut niveau, l'album plaira aux amateurs de hard US classique.  Il est disponible aux formats digital, CD, ainsi qu'en vinyle vert.

ENFORCER (heavy metal), Nostalgia (05/05/2023)

ENFORCER (heavy metal), Nostalgia (05/05/2023)

Le 24/08/2023

Comme les spaghetti à la bolognaise, ce registre qu'on appelle désormais la nouvelle vague du heavy metal traditionnel (NWOTHM) est toujours meilleur réchauffé !

Par Ahasverus
Enforcer nostalgia

Dix-huit ans de carrière déjà pour le groupe Enforcer, qui commence son activité par une démo en 2005 !
En 2008, « Into The Night » est un album 80's plus vrai que nature. Il rappelle ces vieux Tokyo Blade, mais aussi Iron Maiden période Killers (« City Lights »), puis encore Helloween, ou le groupe français High Power. Nous avons affaire à un speed metal très vif emmené par un chant capable d'aller chercher des notes suraigües.
Un second album reprend les mêmes recettes. Un troisième en mode proto-thrash évoque le premier Metallica jusqu'à devenir le jumeau d'un « Phantom Lord » (« Satan »), tout en faisant la part belle aux cavalcades basse/guitare à la Maiden (« Take Me Out Of This Nightmare », « Crystal Suite »).
Le quatrième long format, « From Beyond », amorce un virage heavy/power, édulcorant les chevauchées speed metal (« One With Fire »). Il recueille cependant de bonnes critiques, qualifié d'album de la maturité par Horns Up. Si le speed n'apparaît qu'à de rares occasions (« Hell Will Follow »), les cavalcades des cordes sont toujours bien représentées (« Mask Of Red Death »).
Un instrumental composé dans une grande tradition maidenienne est systématiquement placé en sixième position des quatre premiers albums (« City Lights », « Diamonds », « Crystal Suite », « Hungry They Will Come »). Ce gimmick est abandonné par la suite.
« Zenith » (2019) marque d'ailleurs une rupture dans le catalogue du groupe d'Arvika. Bien produit, avec des orchestrations riches, c'est un mid-tempo qui peine à utiliser ses starting blocks. Il ne justifie pas son titre.
Le 05/05/2023 Enforcer revient avec un sixième album studio : 

« Nostalgia »

Possiblement échaudé par l'accueil de « Zenith », Enforcer retourne aux fondamentaux et appuie sur l'accélérateur pour retrouver une vitesse plus conforme à sa nature. 

La recette sent parfois le réchauffé. Justement : comme les spaghetti à la bolognaise, ce registre qu'on appelle désormais la nouvelle vague du heavy metal traditionnel (NWOTHM) est toujours meilleur réchauffé ! En mode « Plus vite que moi tu meurs », moins proto-thrash cependant, « Nostalgia » retrouve le grain de folie qui va bien, ose la ballade avec une certaine réussite (elle donne son titre à l'album), et se hasarde à un titre en Espagnol pour éviter la connotation politique du mot supremacy en anglais.

Dans un format où le speed metal est majoritaire sans être la règle absolue, Enforcer trouve un son second souffle avec un opus studio plus convaincant que ses deux prédécesseurs.
Conçus durant la pandémie, les titres retenus ont été enregistrés entre octobre 2020 et février 2022 par Jonas Wikstrand, qui a également réalisé le mixage et le mastering. Le groupe confiait à Metalorgie avoir recherché, pour cet album, le son de Foreigner 4, particulièrement pour la caisse claire. (Retrouvez cette interview dans son intégralité ICI)
L'artwork est signé Adam Burke.
En France, « Nostalgia » fait l'objet d'un large consensus critique (nous n'avons relevé que deux bémols). Si Among The Living estime que cet album est « loin d'être le meilleur de ce groupe », et si Les Eternels, plus radicaux, pensent que « le collectif peine désormais à se renouveler », pour d'autres, Enforcer « transcende le genre heavy metal avec une efficacité redoutable » (United Rock Nations), constituant « un beau divertissement musical »  (Album Rock)  qui « ravira les nostalgiques des années 80 » (Hard Rock 80). C'est en somme « une réussite complète » (Rolling Stones) où « tout est bigrement accrocheur » (Aux Portes Du Metal).
Retrouvez ces chroniques dans leur intégralité en cliquant sur le nom du magazine correspondant.

En tournée européenne, Enforcer sera à Nantes  (Warehouse)  avec Razor et Crisix le 22/10/2023.

WINTERAGE (power symphonique), Nekyia (07/07/2023)

WINTERAGE (power metal symphonique), Nekyia (07/07/2023)

Le 23/08/2023

Compte-tenu de la qualité rare du son, l'écoute de cet album s'impose dans des formats haute résolution.
Par Ahasverus

Winterage est  un groupe de power metal symphonique inspiré notamment par la musique classique, irlandaise et médiévale.
Dès « The Harmonic Passage » (2015), son premier album, Winterage vise haut : il recourt à un orchestre de quarante musiciens. Les arrangements sont réglés par Gabriele Boschi (violon, orchestrations ) qui est également l'un des fondateurs de la formation italienne. Tommy Talamanca (Sadist) mixe et masterise l'album.


Compositeur, violoniste et arrangeur, Gabriele Boschi est diplomé du Conservatoire de Musique de Gênes. Il a joué dans de nombreux orchestres symphoniques. Il a également enregistré et orchestré certains morceaux du projet all stars Vivaldi Metal Project.


« The Harmonic Passage » permet à Winter Age de partager la scène avec des formations telles qu'Angra, Rhapsody Of Fire et Moonspell. 
En 2021 « The Inheritance Beauty » lui succède. Ce deuxième album de la formation italienne affiche des ambitions encore un cran au dessus. A l'orchestre classique de vingt-et-un musiciens et aux choeurs très étoffés viennent s'ajouter des instruments folkloriques (cornemuse, accordéon, bouzouki). Le mastering est confié à Jacob Hansen.
Le 07/07/2023 Winter Age revient avec « Nekyia », son troisième album.
Winterage cover
Pour l'artwork, le groupe italien a fait appel à  Giannis Nakos, alias Remedy Art Design (Kamelot, Pyramaze).
La Nekyia était un concept de la Grèce antique qui consistait à invoquer les morts pour leur demander conseil. Winterage y voit une descente dans notre subconscient, à la fois lumineuse et effrayante. 
Dès l'ouverture de l'album, les choeurs sont saisissants, les guitares lead sont incisives, et le son énorme et opératique s'impose. L'utilisation de blast-beats (« Simurgh the Firebird ») sert parfaitement le propos et se marie au côté épique de la première composition.

Winterage fait une proposition dramatique et cinématographique. Les performances vocales et les orchestrations portent cette réalisation au meilleur niveau. Aux instruments traditionnels du précédent opus est venu s'ajouter le banjo, tandis que l'aspect folklorique des compositions se trouve renforcé (« Numen », « White Leviathan »). De plus, Winterage utilise la narration et quelques bruitages pour ambiancer son récit musical. Il n'hésite pas à prendre le temps de mettre en place des moments purement symphoniques, avec notamment une belle pièce de violon  (« Metamorphosis, A Macabre Ritual ») qui peut évoquer Pablo de Sarasate, tandis qu'un morceau comme « La Fonte d'Essenza » propose une performance vocale digne des grands opéras. 
Devenue la marque de fabrique de la formation italienne, la précision sonore est éclatante tout au long de l 'album.  Elle permet d'en visualiser chaque détail, et le rendu de cette oeuvre de power metal symphonique se pose parmi les meilleurs travaux du genre.

Pour le mastering, Winter Age a à nouveau sollicité Jacob Hansen.
L'album est disponible via Scarlet Records (une belle écurie italienne de power metal/symphonique).
Compte-tenu de la qualité rare du son, l'écoute de cet album s'impose dans des formats haute résolution (comme en propose Bandcamp), ou mieux encore : achetez le CD sans craindre de pousser le son. 

CRYPTA (death metal), « Shades Of Sorrow » (04/08/2023)

CRYPTA (death metal), « Shades Of Sorrow » (04/08/2023)

Le 17/08/2023

« Shades of Sorrow » confirme tout le bien qu'on pensait de Crypta.
Par Ahasverus
Crypta par estevam romera
CRYPTA par Estavam Romera


Crypta est né en 2019 d'une scission au sein de Nervosa. Désireuses de servir le death metal, Fernanda Lira (chant, basse) et Luana Dametto (batterie) quittaient leur formation restée fidèle au thrash et recrutaient la blonde batave Sonia Anubis (Cobra Spell, ex-Burning Witches) ainsi que Tainá Bergamaschi (ex-Hagbard). Un premier album voyait le jour un an plus tard sur l'écurie Napalm Records, géant autrichien qui savait parfaitement capitaliser sur l'image de son nouveau poulain. « Echoes Of the Soul » proposait un death old school truffé d'éléments black metal, et capable d'envoyer du bois (« Shadow Within », « Kali », «  From The Ashes ») sans systématiser la vitesse. Il était servi par quelques clips bien amenés.

Pour le son, Crypta faisait confiance à Arthur Rizk (Code Orange, Powertrip) et Jens Bogren (Opeth, Dimmu Borgir, Sepultura), tandis que l'artwork de Wes Benscoter (Slayer, Kreator) ne laissait aucun doute quant au style abordé.
Mais Sonia Anubis quittait Crypta, désireuse de se recentrer sur son projet Cobra Spell. Les filles restaient en bons termes, pour preuve cette photographie publiée par le groupe qui voit la Hollandaise (au centre) visiter ses camarades lors de leur tournée européenne 2023 :
Crypta anubis
Sonia était remplacée au sein de Crypta par Jessica di Falchi, une jeune guitariste heavy qui avait fait ses armes dans un tribute-band à Iron Maiden. C'est donc un line-up purement brésilien et tout aussi féminin qui planterait ce second essai baptisé « Shades of Sorrow », livré au mois d'août 2023.
Crypta cover
A son propos, Fernanda Lira explique : 
« Shades Of Sorrow est un album semi-conceptuel qui décrit un voyage à travers les profondeurs de notre psychisme lorsque nous traversons des épreuves difficiles. C’est une exploration de toutes les nuances de douleur auxquelles nous faisons face quand nos vies changent. Les chansons constituent la bande-originale parfaite pour ce voyage lugubre, sombre et émotionnel. »
Voila pour l'idée. Voyons la musique, maintenant, qui s'installe avec une courte pièce angoissante, avant que Crypta lève le doute quant à son désir de nous malmener par un premier titre très offensif. Quelques arrangements aèrent ce premier morceau pleinement convaincant. « Poisonous Apathy » confirme la donne avec un parti-pris mélodique des guitares qui font un excellent boulot. En suivant, des morceaux comme « Stronghold » ou « The Other Side Of Anger » démontrent la solidité de Crypta dans le songwriting et l'interprétation.

Le travail de composition et les arrangements justifient l'éclairage donné par Napalm Records sur la formation brésilienne. Le chant de Fernanda Lira est redoutable de dextérité, il impressionne d'un extrême l'autre (« Agents of Chaos »). Mais la carte maitresse de Crypta, c'est bien sûr ces guitares qui habillent chaque morceau de leur jeu inspiré. Ainsi, plus abouti et moins classique que « Echoes Of the Soul »,  « Shades of Sorrow » ouvre la porte d'un nouvel univers et confirme tout le bien qu'on pouvait penser de Crypta. Il se pare d'une légère complexité, parfois subtile, en tous cas actuelle. Il conforte le statut international des Brésiliennes qui ont parfaitement su négocier les virages et réunir une formation qui s'impose au plus haut niveau du death metal avec cet album de la confirmation. La  moyenne d'âge du groupe est de vingt-sept ans . On est clairement plein d'admiration et on a hâte d'entendre la suite !

« Shades of Sorrow » est disponible chez Napalm Records aux formats suivants : 
- Coffret en bois deluxe : CD digisleeve, pendentif, pick de guitare, patch en forme du logo, drapeau - 500 exemplaires
- 1 vinyle splatter rouge, jaune, noir (+ disque de feutrine) - 500 exemplaires
- 1 vinyle JAUNE - 400 exemplaires
- Cassette (noir et écritures gold) - 200 exemplaires
- Lot CD digisleeve + t-shirt
- CD digisleeve
- Format digital
Crypta vinyle

GODSTICKS (prog), This is What a Winner Looks Like (2023)

GODSTICKS (métal progressif), This is What a Winner Looks Like (26/05/2023)

Le 16/08/2023

S'éloignant du jazz fusion des débuts, Godsticks a refusé la redite, cuisinant son prog' sur une recette plus directe, privilégiant l'efficacité sans rogner la technique pour marquer les mémoires.
Godsticks band
GODSTICKS par Eleanor Jane
Par Ahasverus

Godsticks est un groupe de rock progressif britannique basé à Newport, au Pays de Galles, où il prend naissance en 2006.
Après un EP éponyme, il signe « Spiral Vendetta », un premier album progressif qui soigne les harmonies vocales et qui pose les bases d'une musique technique et virevoltante, utilisant largement la fusion et dispersant principalement des éléments jazz sur son tamis métallique. Riche et exigeant, il lui permet de se distinguer dès 2010.
En 2013 « The Envisage Conundrum » passe à l'offensive. L'aspect fusionnel est mis au second plan. L'agressivité des riffs, la nervosité des guitares même en cordes claires ainsi que le positionnement basse/batterie en font un opus plus métallique que le premier album. Il se permet cependant un interlude au piano et une fin toute en douceur.
Godsticks revient deux ans plus tard avec « Emergence » qui nous cueille par des riffs sombres, parfois hypnotiques, j'oserais dire à la limite du doom. Egalement vif, toujours soigné, l'album est technique et heavy, prenant le temps d'une pause en son centre pour mieux repartir.
« Faced With Rage » (2017) appuie toujours sur ce côté dark prog et démarre sur un morceau d'une magnifique complexité. Capable de développer force et finesse, il est traversé d'éclairs lumineux, et c'est un album à ne pas négliger pour découvrir le groupe.
« Inescapable » (2020) est plus modéré, progressif plutôt qu'agressif, peut-être au risque de se perdre avant la fin malgré quelques belles pièces.
Passé la pause COVID, Godsticks revient avec un sixième album studio, « This Is What a Winner Looks Like ».
Godsticks artwork
« If I Don't Take It All », le titre d'ouverture, a un côté catchy prometteur. Godsticks recherche moins l'imprévu, privilégiant les mélodies mémorables. Les compositions occupent maintenant des formats standards de trois à quatre minutes, deux seulement dépassant la barre des cinq minutes. On obtient ainsi un ensemble homogène cependant qu'on s'éloigne des structures complexes qui ont jalonné l'histoire du groupe. C'est assez heureux car le savoir-faire des Gallois permet de conjuguer la technique et la mélodie tout en mettant du liant dans des compositions d'apparence moins techniques que leurs aînées, loin en tous cas du jazz fusion des débuts. Puissant, métallique et parfaitement produit, le nouvel album est compact et homogène, plus cohérent que le bégayant « Inescapable ». Il pourrait attirer de nouveaux fans dans ses filets  par son instantanéité, tandis que les addicts aux musiques complexes tenteront de se consoler sur les quelques passages alambiqués (« Throne », « Mayhem », « Wake up ») ou retourneront à « Faced With Rage », car cette nouvelle livraison de Godsticks a refusé la redite, cuisinant son prog' sur une recette plus directe, privilégiant l'efficacité — sans cependant rogner la technique — pour marquer les mémoires.

TARJA,  Rocking Heels: Live at Metal Church (2023)

TARJA (métal symphonique), Rocking Heels: Live at Metal Church (11/08/2023)

Le 16/08/2023

Le résultat est tellement en place que seuls les applaudissements en fin de pistes trahissent l'aspect live des prises.  
Par Ahasverus
Tarja cover

On ne chôme pas en Finlande ! Après un best-of en décembre 2022 et l'aventure Outlanders en juin 2023, Tarja Turunen revient avec un album live cependant enregistré en 2016 dans le cadre du Wacken Open Air Festival.
Il s'agit d'un concert unique donné dans une église devant trois cents personnes. Accompagnée de quelques musiciens classiques (piano, violoncelle et violon), Tarja revisite douze morceaux issus de son catalogue (Nightwish compris) et surtout de celui de la musique Metal , qui voit Satriani, Rammstein, Metallica, Megadeth, Slipknot, In Flames, Avenged Sevenfold et Linkin Park passés à la moulinette acoustico-symphonique de notre soprano.
Baptisée « Rocking Heels: Live at Metal Church » , l'affaire présente un remarquable travail d'adaptation, et le choix cordes et piano permet de s'éloigner au mieux des versions originales pour proposer quelque chose d'aussi intime que convaincant.  

Quant à la reine Tarja, elle fait honneur à sa réputation, et sa voix trouve naturellement sa place de leader parmi les instruments classiques qui l'enveloppent. Le résultat est tellement en place que seuls les applaudissements en fin de pistes trahissent l'aspect live des prises. 
On se réjouit donc de retrouver la diva, égérie du métal symphonique, dans un exercice qui la voit tutoyer la perfection, par son talent bien sûr, mais surtout par la qualité des propositions musicales qui hissent ce « Rocking Heels: Live at Metal Church » au plus haut niveau des albums sur lesquels des compositions de musique metal rencontrent des instruments classiques. C'est qu'il en fallait du talent et du métier pour proposer quelque chose de nouveau sur la base d'un morceau aussi couru par les tributes que « The Unforgiven » et pour y insuffler cette belle émotion ! 

Ainsi, studieux et vibrant, cet opus est loin d'être superfétatoire dans la discographie de la Finlandaise, témoignant une fois de plus de sa maestria et de la place toute particulière qu'elle seule occupe dans la sphère Metal. On envie les trois cents privilégiés qui ont pu assister à cette prestation exceptionnelle dans tous les sens du terme.
« Rocking Heels: Live at Metal Church »  est disponible en version digitale, CD et double vinyle. Il inaugure une série d'enregistrements Rocking Heels à paraître sur Ear Music. Une initiative pleine de promesses qui ne pouvait trouver de plus belle entrée en matière !

YES (rock progressif), Mirror To The Sky (19/05/2023)

YES (rock progressif), Mirror To The Sky (19/05/2023)

Le 15/08/2023

Le seul tort de la formation britannique est probablement d'être devenue une institution, chacun projetant ses fantasmes sur son prochain album. Mais vous, êtes-vous YES OR NO ?

Par Ahasverus
Le pionnier du rock progressif anglais, Yes sortait ses premiers opus en 1969. Il a proposé en mai 2023 son vingt-troisième album, « Mirror To The Sky ».
Yes cover
C'est un album particulièrement clivant, il est même rare de voir des avis aussi tranchés chez les chroniqueurs ! Aussi m'a-t-il semblé intéressant de vous présenter un florilège des critiques de cette sortie. Parce qu'elles valent souvent le temps qu'il faut pour les lire, je vous propose également le lien qui vous permettra de les retrouver dans leur intégralité.
Ainsi, côté déçus, Prog Critique estime  que l'album est « bancal », et que ses morceaux sont « souvent sans profondeur » (https://progcritique.com/yes-mirror-to-the-sky/).
Plus modéré, Rolling Stone se demande s'il  « ne manque pas l’acteur principal qui a pour nom Jon Anderson. » En effet, le line-up de Yes ne compte plus pour membre historique que Steve Howe. Néanmoins, comme le souligne Wikipedia, Yes a justement cette particularité « de ne jamais avoir enregistré plus de deux albums studio consécutifs avec la même formation » ! (https://www.rollingstone.fr/yes-mirror-to-the-sky/)
Acides, Les Eternels n'y vont pas avec le dos de la cuillère : ils recommandent l'album « aux organisateurs des soirées belote de l’association des retraités de Verveine-Sur-Ennui. », moquant l'imitation diaphane que Jon Davison ferait de son prédécesseur Jon Anderson. (https://www.leseternels.net/chronique.aspx)
Enfin, PAN M 360 estime qu'il est temps de dire « non à Yes », assurant que le groupe « ne fait que ternir son nom à chaque nouvelle sortie. » (https://panm360.com/records/yes-mirror-to-the-sky/)
Et les remarques condamnent jusqu'à l'artwork de Roger Dean, « pas formidablement inspiré » selon le Webzine Albumrock. (https://www.albumrock.net/album-yes-mirror-to-the-sky-12830.html)
De quoi se pendre avec les cordes de sa guitare ! 

Heureusement des chroniques du même album affichent un avis diamétralement opposé.
C'est le cas de RockMeeting, qui, en compagnie de Yes, a fait un « beau voyage dans le monde du Rock Progressif ». (http://rockmeeting.com/news/13472-yes-mirror-to-the-sky-nouvel-album-all-connected-video)
profilprog.com Web & Radio le confirme : il s'agit d'un « bien bel album ». (https://www.profilprog.com/reviews2023/yes-%282%29/mirror-to-the-sky)
Pour Amarok Magazine : musique & cinéma, « Mirror To The Sky » est «  empreint d’une grande sérénité et d’une belle dynamique » (https://www.amarok-mag.com/yes-mirror-to-the-sky/), tandis que Guitar Part Magazine assure que « Yes n’avait jamais été aussi bon depuis une bonne trentaine d’années ». (https://www.guitarpart.fr/articles/yes-mirror-to-the-sky-inside-out-music)
C'est aussi l'avis de Meilleurs Albums, qui estime que le groupe britannique est  « revenu à son âge d’or ». (https://meilleurs-albums.com/nouvel-album-de-yes-en-2023-mirror-to-the-sky/)
Le seul avis tiède, et c'est amusant au regard du titre du zine, est émis par Clair & Obscur, qui trouve ce nouvel album « largement écoutable ».  (http://clairetobscur.fr/yes-mirror-to-the-sky/)
Pour moi, enfin, « Mirror To The Sky » est un excellent opus de rock progressif, pleinement dans la tradition de Yes, pochette comprise. La musique reste d'un niveau exceptionnel  : le chant de Jon Davison, très pur, les harmonies vocales placées parfaitement, la basse cinglante (« Cut From The Stars »), les guitares qui répliquent aux claviers dans un tout harmonieux (« Unknow Place »), l'utilisation d'un orchestre qui donne du champ aux compositions (« Mirror To The Sky »), les soli et les gimmicks merveilleux  (« Unknow Place »), tout prouve que le savoir-faire de Yes reste présent, avec des morceaux de neuf ou quatorze minutes jamais lassants. Le seul tort de la formation britannique est probablement d'être devenue une institution, chacun projetant ses fantasmes sur son prochain album. Le line-up actuel de Yes porte un lourd héritage, mais soyons honnête : « Mirror To The Sky » est savoureux à l'écoute. Mais vous, serez-vous YES or NO ? Le mieux reste d'y goûter par vous-mêmes !

GRETA VAN FLEET (hard-rock), Starcatcher (21/07/2023)

GRETA VAN FLEET (hard-rock), Starcatcher (21/07/2023)

Le 26/07/2023

Greta Van Fleet ne manque ni de matière ni de jus, proposant un album de hard-rock particulièrement vif, toujours plaisant, parfois grand.

Par Ahasverus
En un peu plus de dix ans, Greta Van Fleet est devenu incontournable sur les cîmes du rock international.
L'histoire commence en 2012. Nous voici à Frankenmuth, blaze improbable, qu'on croirait tiré d'un vieux film de Polanski, pour une petite bourgade du Michigan fondée par des colons allemands à la fin du XIXème siècle. Jake Kiszka (guitare) débauche ses frères, Josh (chant) et Sam (basse, clavier), ainsi qu'un pote batteur ( Kyle Hauck alors ; Danny Wagner désormais) pour jouer du rock dans le garage familial. Le nom de baptême du quatuor formé par ces galopins (le petit dernier a juste dix-huit ans) pirate celui de la doyenne du bled.
Greta van fleet par neil krug
GRETA VAN FLEET par Neil Krug
Le succès est fulgurant : dès le premier EP (2017) le single « Highway Tune » squatte le Billboard Us Maistream Rock durant quatre semaines. L'album qui suit en 2018 (« Anthem of the Peaceful Army ») atteint les premières places du Billboard US Rock Album  à  sa sortie. En 2019, c'est au tour de l'EP « From the Fires » de rafler le Grammy Award 2019 du meilleur album de rock ! Deux ans plus tard, Greta Van Fleet sort « The Battle at Garden's Gate », qui tente vaguement de se défaire de l'ombre du Zeppelin qui plane sur le groupe — à l'insu de son plein gré — depuis les origines. Mais chassez le naturel, il revient au galop, et 2023 sonne l'heure du retour au bercail avec un troisième album : 

« Starcatcher »

Greta van fleet starcatcher
Troisième album, avec une intention clairement affirmée : retrouver le son des débuts, celui du garage de la famille Kiszka. Dans l'esprit, hein ! Parce qu'entendons-nous bien : vous n'entendrez jamais quelqu'un sonner comme ça dans un garage ! Dans la pratique, on a clairement privilégié les meilleurs studios, les plus grands pros Jugez plutôt :  Dave Cobb (Slash, Europe) à la production, Mike Stent (Björk, Madonna) au mixage, et Pete Lyman (Rival Sons, Europe) au mastering.
Par contre, côté pochette, je sais pas vous, mais moi c'est pas ouf !
Mais bon, pourvu qu'on ait l'ivresse... Musique !
Vous n'y couperez pas ! Dès la première piste, Greta Van Fleet réveille la comparaison avec Led Zep. Les vibrations de « Fate Of The Faithful » évoquent invariablement « No quarter ».  « Thank You » et « When The Levee Breaks » sont les autres standards du géant anglais évoqués çà et là par les chroniqueurs. Il est clair que l'endiablé « Runway Blues » ou le folkeux « Farewell For Now », n'auraient pas dépareillé sur un bon Led Zeppelin.
On imagine bien ce que cette cascade de comparaisons peut avoir d'agaçant pour cette formation américaine qui cultive le déni avec obstination. Ils sont d'ailleurs les seuls: pour les autres, tous les autres, la paternité est encore plus évidente que celle du fils caché d'Alain Delon. Elle en devient clivante, certains critiques n'hésitant pas à noircir leurs papiers de mots assassins. Ainsi pour Sputnik Music, l'album « cesse d'être une expression artistique »  et il flotte  « dans sa propre stérilité », tandis que le Français Benzine estime que « cette filiation ostentatoire est peut-être le seul argument de vente de Greta Van Fleet. » 
Quant à nous, nous trouvons ces hallalis bien précipités. Pour certaine qu'elle soit, l'influence de qui-vous-savez, ne doit pas masquer le brio avec lequel  l'affaire est menée, un brio suffisant pour donner naissance à une suite de grands albums. « Starcatcher » n'échappe pas à ce qui est désormais la règle. Et puis quoi ! Greta Van Fleet ne saurait être confondu au blind test avec Led Zeppelin par un amateur de rock digne de ce nom. Ainsi ce nouvel opus apportera du plaisir à l'auditeur décrispé, car Greta Van Fleet ne manque ni de matière ni de jus pour reprendre le flambeau. La voix énervée de Josh Kiszka, capable de couvrir quatre octaves, n'est pas un ersatz de celle de Robert Plant, même si elle présente des similitudes, même si tel ou tel morceau évoque à nos esprits l'empreinte sacré.
Au résultat, le songwriting des Américains construit un album de hard-rock particulièrement vif, toujours plaisant, parfois grand (« Meeting the Master »). Et quand bien même ces Américains parviendraient au sommet par des voies ouvertes jadis par le fondateur du hard-rock britannique, ils auraient bien tort de ne pas les suivre, et nous de nous en priver !

Greta Van Fleet jouera à l'Accor Arena (Bercy pour les anciens du gaz) à Paris en novembre 2023.