TARJA (métal symphonique), Rocking Heels: Live at Metal Church (11/08/2023)
TARJA (métal symphonique), Rocking Heels: Live at Metal Church (11/08/2023)
Le 16/08/2023
Le résultat est tellement en place que seuls les applaudissements en fin de pistes trahissent l'aspect live des prises. Par Ahasverus
On ne chôme pas en Finlande ! Après un best-of en décembre 2022 et l'aventure Outlanders en juin 2023, Tarja Turunen revient avec un album live cependant enregistré en 2016 dans le cadre du Wacken Open Air Festival.
Il s'agit d'un concert unique donné dans une église devant trois cents personnes. Accompagnée de quelques musiciens classiques (piano, violoncelle et violon), Tarja revisite douze morceaux issus de son catalogue (Nightwish compris) et surtout de celui de la musique Metal , qui voit Satriani, Rammstein, Metallica, Megadeth, Slipknot, In Flames, Avenged Sevenfold et Linkin Park passés à la moulinette acoustico-symphonique de notre soprano.
Baptisée « Rocking Heels: Live at Metal Church » , l'affaire présente un remarquable travail d'adaptation, et le choix cordes et piano permet de s'éloigner au mieux des versions originales pour proposer quelque chose d'aussi intime que convaincant.
Quant à la reine Tarja, elle fait honneur à sa réputation, et sa voix trouve naturellement sa place de leader parmi les instruments classiques qui l'enveloppent. Le résultat est tellement en place que seuls les applaudissements en fin de pistes trahissent l'aspect live des prises.
On se réjouit donc de retrouver la diva, égérie du métal symphonique, dans un exercice qui la voit tutoyer la perfection, par son talent bien sûr, mais surtout par la qualité des propositions musicales qui hissent ce « Rocking Heels: Live at Metal Church » au plus haut niveau des albums sur lesquels des compositions de musique metal rencontrent des instruments classiques. C'est qu'il en fallait du talent et du métier pour proposer quelque chose de nouveau sur la base d'un morceau aussi couru par les tributes que « The Unforgiven » et pour y insuffler cette belle émotion !
Ainsi, studieux et vibrant, cet opus est loin d'être superfétatoire dans la discographie de la Finlandaise, témoignant une fois de plus de sa maestria et de la place toute particulière qu'elle seule occupe dans la sphère Metal. On envie les trois cents privilégiés qui ont pu assister à cette prestation exceptionnelle dans tous les sens du terme.
« Rocking Heels: Live at Metal Church » est disponible en version digitale, CD et double vinyle. Il inaugure une série d'enregistrements Rocking Heels à paraître sur Ear Music. Une initiative pleine de promesses qui ne pouvait trouver de plus belle entrée en matière !
Tracklist :
01. Always With Me, Always With You (Joe Satriani)
02. Numb (Linkin Park)
03. Alias (In Flames)
04. Vermillion Pt. 2 (Slipknot)
05. Trust (Megadeth)
06. Ohne Dich (Rammstein)
07. Afterlife (Avenged Sevenfold)
08. The Living End (Tarja)
09. The Unforgiven (Metallica)
10. Sleeping Sun (Nightwish)
11. I Walk Alone (Tarja)
12. Ave Maria (Tarja)
Durée totale : 59mn env.
Une pépite à la croisée du classique et de l'Art Rock. Par Ingrid Denis Chronique de MELANKHÔLIA – IN DARKNESS THROUGH THE LIGHT (Naïve, 2024)
Elle a participé au plus grand show planétaire du siècle, chantant Carmen dans un tableau déjà mythique célébrant les Révolutionnaires et la fureur Métal. Même les USA n'ont osé rivaliser ensuite qu’avec les Red Hot on The Beach, s'inclinant devant la folie authentiquement punk qui s'empara de nos écrans ce soir-là. On ne doutait pas alors que les Grammy Awards apporteraient, en ce début d'année, la cerise sur l'échafaud, offrant à Marina Viotti, et Gojira, de quoi être fiers de leurs parcours hors du commun.
Car s'il est une chanteuse atypique et inattendue, c'est bien Marina.
Artiste ayant à la fois sa fiche sur le site de l’Opéra National de Paris, et sur la base Spirit Of Metal, la franco-suisse a sorti dans la foulée des JO un album particulièrement poignant, et complètement à rebours du Grand Guignol de sa prestation devant la Conciergerie.
Elle aurait pu s'emparer de la hype et sortir ses versions de Carmen ou un album de métal symphonique, comme à ses débuts avec Soulmaker. Pourtant, elle a préféré présenter une pépite à la croisée du classique et de l'art rock, glissant des reprises d'artistes contemporains au milieu du répertoire du baroque John Dowland. Un disque hybride qui lui correspond totalement. Et un disque intimiste qui dévoile le secret d’un combat contre la maladie. J’ai deux références en tête lorsqu’on évoque des artistes rock s’emparant de musique classique ou baroque : Jeff Buckley a enregistré divinement « Dido’s Lament » et « Corpus Christi Carol », et le toujours prolifique Sting avait sorti il y a une dizaine d'années un superbe album de baroque à la sauce folk… déjà adapté de John Dowland (« Songs From The Labyrinth »).
Sting était accompagné du luthiste bosniaque Edin Karamazov, quand Marina Viotti s’entoure pour son projet du luthiste suisse Vincent Flückiger, ainsi que du multi-instrumentiste Fred Chappuis, ce dernier apportant des sonorités rock à la fois denses et éthérées.
Car disons-le d'emblée pour ceux que l'expérience baroque rebuterait : ces arrangements de guitare et autres effets de samples et synthés (avec un Revox et un Moog en live) aident à apprécier les pièces, leur conférant une atmosphère parfois cinématographique. La voix classique et profonde s'adapte parfaitement à ces arrangements moins académiques, et on entrevoit ainsi la majesté d’une Lisa Gerrard côtoyant le rugueux Ry Cooder de Paris Texas.
Toutes les chansons contemporaines sont en miroir avec des pièces de John Dowland, et en live ces dialogues musicaux sont regroupés en différents thèmes et autant d'états émotionnels, des chapitres dont le plus notable est l'arc central, d'inspiration plus rock.
N'étant pas spécialiste de classique, j'ai d’abord été curieuse de savoir quelles reprises étaient dans la tracklist, et en voyant Björk, cela a suffit à piquer ma curiosité instantanément. Et si d'emblée je suis plus attentive aux revisites proposées, au final j'ai été surprise par pas mal de sonorités familières glissées dans les arrangements de tout ce beau projet.
L'intro instrumentale, un “Prelude” en mode Ambient à la Brian Eno, installe un climat étrange, puis la pluie tombe sur l’orageuse ouverture qu'est « Mourn, Mourn, Day Is With Darkness Feld », jusqu'au début de « Stay Time A While Thy Flying » et ses guitares en distorsions, réminiscences d’une BO de « Dead Man » de Jim Jarmusch.
Justement, la première cover est celle de Neil Young et son « Old Man » qui prend des allures de session acoustique assez standard, avec l’élégance néo-classique d'une Agnès Obel.
Les titres « Fairwell, Too Fair », à l'intro parlée, et la reprise de « One » de U2, correspondent à un arc « ruptures amoureuses », l'ensemble devenant presque trop calme et sans aspérités.
C'est avec « Dear, If You Change » que viennent les premiers frissons rock. C'est d'abord la voix douce de Vincent Flückiger que l'on entend, avant une progression rythmique crescendo où celle de Marina se fait plus hargneuse, moins calibrée, et dont l'incandescence rappelle Patti Smith ou la rudesse de PJ Harvey période « Rid Of Me ».
Et vient la référence Métal - la chanteuse et ses musiciens se revendiquant “metalleux” - la reprise de « Nothing Else Matter » de Metallica. Bénéficiant d’une jolie intro à la flûte traversière (assuré en live par Marina), elle garde la langueur dramatique, au fond du tempo, de l'originale. J'aurais juste apprécié un peu plus de belting par moments. (Ndlr : on pourra par ailleurs écouter « Enter Sandman » dans sa version inventive par la légende du jazz vocal Yun Sun Nah).
Petit pause instrumentale avec « Intermede », une touche Americana déglinguée, puis « In Darkness Let Me Dwell » ravive l'émotion. Il n'est rien de plus touchant que d’entendre ce souffle dans les notes les plus aiguës. Les effets de reverb guitare nous rapprochent vraiment de l'intensité de Jeff Buckley, tout aussi magnétique. L’enchaînement avec le « Born To Die » de Lana Del Rey, où la voix chaude de mezzo de Marina se rapproche plus de l’original, offre un moment encore bien introspectif. On apprécie le phrasé, nous focalisant plus sur le texte que la version plus électro de Lana.
Retour au néo classique pur avec « Die Not Before The Day », puis belle mention à « Hurt » de Nine Inch Nails, dans une version proche de celle de Johnny Cash au crépuscule. Toute la première moitié est complètement « déchantée », le timbre se brise et se fait plus aérien ensuite. Cette reprise est semble-t-il préférée sur disque à l’« Hallelujah » de Leonard Cohen, qui est jouée dans le spectacle. Un choix beaucoup plus sombre.
Enfin vient le morceau que je scrutais le plus, le mythique « Jóga » de Björk, car peu osent encore se mesurer à revisiter les œuvres de la reine islandaise. On admire le réarrangement tout en arpèges délicats au luth, jusqu’au break inattendu plus rythmé, puis les voix du chœur enveloppant celle de Marina qui finit par s'épanouir dans la nef avant de traverser les cieux. Cet avant dernier titre nous tire donc vers le haut, en quête d'espoir.
La pluie revient à la fin de « Flow My Tears », dernier morceau de l'album, et on peut alors penser que ce sont des larmes, qui se transforment en cours d'eau apaisé. La Vie comme un long fleuve sensible.
La photo qui illustre « Melankhôlia » n'est pas sans rappeler l'affiche du film homonyme de Lars Von Trier, et cette histoire de fin du monde qui s'apprête à engloutir les protagonistes. Quand on revoit Marina s'amuser sur un bateau en carton pâte, grimée en Marianne, le contraste n'en est que plus frappant tant le visuel est épuré. Noir et blanc, crâne rasé coiffé de tiges fragiles et des yeux qui fixent l'objectif tout en ayant l'air ailleurs.
Ici cette voix qui s'est dévoilée nous chante depuis le front d'une bataille intime pour la vie. Marina explique qu'elle avait fait le choix de ne rien dire de cette épreuve qui la touchait, notamment pour pouvoir continuer son métier et éviter les réactions malaisantes.
Cet album est celui du partage de la mélancolie, et en plus de la découverte modernisante d’un compositeur ancien, il s'avère une consolation pleine de délicatesse pour nombre d'auditeurs comme vous et moi, témoins ou braves combattants face à la maladie. Il vous réchauffera lentement si vous traversez des champs de vignes glacées.
Si le choix de certaines reprises peut laisser sur sa faim, tellement revues que même U2 fait des covers de « One » sur les marchés aux puces, il s’avère plus judicieux sur des morceaux comme ceux de Björk ou Lana Del Rey. Mais peu importe, il est vrai que dans certaines périodes de la vie, ce sont des hymnes plus universels qui reviennent dans nos âmes.
Enfin, une envie qui sera sans doute partagée par de nombreux fans : que Marina Viotti réinvestisse le métal au travers d'un autre projet ! Tout le monde l’attend.
Un concert intégral de MELANKHÔLIA – IN DARKNESS THROUGH THE LIGHT est visible ici :
« Universal Tales », le nouvel opus de XANDRIA sortira le 22 novembre 2024 via le label autrichien Napalm Records. Pour succéder à « The Wonders Still Awaiting » (2023), classé dans le top 10 des charts allemands, qui permettait au groupe de présenter son nouveau line-up et sa frontwoman Ambre Vourvahis, Xandria a choisi de proposer un EP. Le groupe explique :
« Cet EP est un grand Merci ! à tous nos fans qui nous ont accueillis l'année dernière d'une manière si étonnante et si chaleureuse. L'énergie et la connexion que nous avons ressenties lors de nos concerts nous ont inspiré à écrire rapidement de nouvelles chansons, et nous étions impatients de les partager avec vous. »
Xandria avait dans un premier temps proposé de découvrir « Universal », seconde piste de cet opus, un titre écrit par le guitariste Marco Heubaum. C'était en avril 2024. Le groupe expliquait alors :
« Nous avons été submergés par l'incroyable retour sur notre album The Wonders Still Awaiting et nous sommes tellement reconnaissants envers nos merveilleux fans ! Toute cette énergie positive nous a poussés à écrire rapidement de nouveaux morceaux, dont voici le premier qui vous attend ! Nous espérons que vous l'apprécierez ! Merci beaucoup pour votre soutien ! »
Xandria dédiait ce morceau à « toutes les personnes qui luttent pour les droits de l'Homme partout de le monde », et plus particulièrement à la mémoire de Jina Mahsa Amini, une étudiante décédée à l'êge de vingt-deux ans, trois jours après son interpellation par la police iranienne parce qu'elle portait des vêtements considérés comme inappropriés.
Le groupe soulignait :
« Les droits de l'Homme sont universels. Mais ils ne sont pas respectés partout, et là où ils le sont, ils peuvent être retirés à nouveau. Cela signifie que nous devons tous les défendre en permanence et que nous devons être solidaires de tous les peuples du monde pour cela. »
Aujourd'hui, Xandria dévoile un nouvel extrait de « Universal Tales ». Il s'agit du titre « No Time to Live Forever ».
« Chacune des nouvelles chansons montre une facette différente de nous, explique le groupe, il y a donc beaucoup à découvrir sur cet EP. »
A propos du nouveau single, Xandria ajoute :
« Si vous avez aimé les chœurs grandiloquents et les voix d'opéra dans Universal, vous allez être gâtés avec celui-ci... Préparez-vous à un tour de manège ! »
Sur une musique puissante, le nouveau clip a pour décor un paysage sableux de science-fiction à la Dune, au ciel parcouru de créatures tentaculaires. Il propose un magnifique solo de guitare en son milieu.
L'EP « Universal Tales » permet au groupe de mettre en avant le talent de sa vocaliste, qui explore nous dit-on, de nouvelles hauteurs et profondeurs de sa voix, la rendant encore plus forte que sur le dernier album.
« Universal Tales » se referme par des versions orchestrales des quatre nouveaux morceaux et il sortira juste avant que le groupe n'entame ses prochaines tournées avec ses homologues Sirenia et Delain à l'automne 2024, puis au printemps 2025.
Marco Heubaum a de nouveau supervisé les enregistrements en tant que producteur, tandis que Jacob Hansen (Volbeat, Arch Enemy, Evergrey) s'est chargé du mixage et du mastering.
Universal Tales sera disponible dans les formats suivants :
> 1 vinyle NOIR
> Lot : CD digipack + mediabook 2 CDs (l'album The Wonders Still Awaiting est inclus)
> 1 CD digipack
> Format digital