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JUNIOR RODRIGUEZ (Rock Psychédélique) - The Stellar Child

JUNIOR RODRIGUEZ (Rock Psychédélique) - The Stellar Child

Le 09/12/2019

« Je voulais revenir à ce qui me fait le plus vibrer dans la musique. »
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Junior Rodriguez - Photographie © Albéric Jouzeau
Multi-instrumentiste, Junior Rodriguez a joué avec des artistes aussi divers que LoudBlast (“Disquieting Beliefs” sur l’album “III decades live ceremony”) ou Dick Rivers (“Mister D”). Il a côtoyé Dave Grohl et les Queens Of The Stone Age. On l’a également vu en Islande dans le road-trip “Starting Form Nowhere” à la recherche d’inspiration et de sons inédits.
En 2019, il s’impose avec “Stellar Dream”, une incartade solo qui trouve ses origines dans les 70’s et agrémente son Rock Psychédélique de touches modernes et subtiles.
La tête dans les étoiles, les pieds ancrés sur terre par de profondes racines... c'est une belle définition de Junior Rodriguez.
Voici son interview.
 

Bonjour Junior Rodriguez. Je vous propose de faire un bond dans le passé. A qui doit-on votre goût pour la musique ? Vos parents ou Thierry Guerrero ?
Junior Rodriguez :
Je dois le goût de la musique à mes parents, mais surtout mon grand Frère Duff. Quant à ma passion pour la batterie, elle me vient de Thierry Guerrero, un ami qui m’a vu naître et qui a mis la première fois mes petites fesses de trois ans et demi sur sa batterie, instrument que je n’ai plus jamais lâché.

 

Vous vous souvenez du premier album que vous avez acheté ?
C’était une compilation de la Motown ! Avec dedans les Jackson Five que j’écoutais en boucle. J’analysais tout ce qu’il se passait dans leur musique au casque...
Premier concert auquel vous avez assisté ?
Je crois que le tout premier concert que j’ai vu c’était Linda de Suza au Cirque d’hiver avec mes parents quand j’étais tout petit. Mais sinon celui qui m’a le plus marqué quand j’étais plus jeune c’était définitivement Pantera au Zenith pour la tournée Great Southern Trandkill. Un concert comme on n’en reverra très certainement plus…

 

Après avoir joué avec votre frère, vous montez votre premier groupe, «Inhatred». Ca reste apparemment un excellent souvenir…
Des souvenirs impérissables ! Mon frère jouait également dans ce groupe. On était jeunes, en pleine ébullition de la fin des 90’s et de tout ce qui sortait à l’époque. C’était vraiment une période de dingues : on osait tout, on n’avait peur de rien.
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LOUDBLAST - III decades live ceremony (2017)
Loudblast, Inhatred, Sublime Cadaveric Decomposition, Betraying the Martyrs... On ne compte plus vos contributions comme musicien ou technicien. Faites-vous partie de ces hommes qui ne dorment jamais ?
Bien au contraire, j’essaye de dormir mes huit heures par nuit. C’est justement important d’être en forme pour tenir la cadence. Donc j’essaye d’avoir de bonnes nuits de sommeil, par contre la journée je suis très actif et je m’organise au mieux pour avancer tout ce que j’ai sur le feu…

 

Vous avez été amené à travailler pendant six ans avec Dick Rivers. Un mot ou une anecdote sur ce pionnier du Rock en France ?
Un mec sincère, entier et une bible du rock n’ roll…
Il m’a accueilli à bras ouverts autant sur scène que chez lui lors de ces délicieux repas concoctés par sa femme Babette, que j’adore. Des fois il me faisait écouter ses disques préférés dans sa Cadillac… j’ai re-découvert bon nombre de classiques comme ça grâce à lui ! Ses coups de fils intempestifs me manquent beaucoup…
 
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DICK RIVERS - Mister D (2011)
Vous participez à l'album "Mister D" et partez en tournée américaine. Les rencontres et les expériences de cette tournée ont-elles eu une influence sur vos choix discographiques postérieurs ?
Bien évidement. C’est pendant cette période - et surtout en travaillant avec Oli Le Baron - que mon idée de me lancer en solo à germé. J’ai également re-découvert un paquet de disques grâce à eux..

 

Dans le road-trip "Starting From Nowhere" vous partez en Islande - accompagné seulement du réalisateur Albéric Jouzeau et de Benjamin Loriou (drone) - chercher sons et inspiration dans votre environnement. Êtes-vous aussi à l'affut de sons dans notre quotidien surexposé ?
Oui je suis toujours aux aguets…

 


Starting From Nowhere” est une expérience humaine et musicale. Ce road-trip est-il une richesse pour l'avenir ?

Absolument, cela m’a d’autant plus donné envie de continuer à vivre de nouvelles expériences…

 

Stellar Dream” est votre nouvel album, le premier sous votre nom propre. J'ai pensé aux 70's en l'écoutant, et particulièrement à Black Sabbath, Alice Cooper, The Doors... Je sais que c'est une filiation que vous ne rejetterez pas. Mais si j'ajoute que j'ai aussi songé par petites touches à Sébastien Tellier, à Daft Punk et à Strapping Youn Lad, qu'en pensez-vous ?
Strapping Young Lad totalement ! Daft Punk pourquoi pas. Sebastien Tellier je ne connais pas ce qu’il fait…

 
Le clip Just LIke You a été tourné en Namibie, avec une équipe locale qui travaillait déjà sur “Rendez-vous en terre inconnue”. Souvenirs de tournages ?
Une aventure incroyable ! Une très forte rencontre avec le peuple Himba mais surtout avec Yepua, cette petite fille qui joue avec moi dans ce clip et avec qui nous avons passé une semaine ensemble, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Nous nous sommes liés d’un lien très fort ainsi qu’avec son père. Pendant le tournage, sa maman a mis au monde une petite sœur dont ils m’ont fait parrain et demandé de lui donner son prénom. C’était un moment très fort…
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Junior Rodriguez - Stallar Dream (2019)

“Dali was a liar”...Une envie de mettre de la peinture dans votre musique ?
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Salvador Dali (1904 - 1989) - John Peter Moore, ancien secrétaire particulier de Salvador Dali, avait révélé avoir eu l'idée de faire signer au maître des feuilles en blanc qui seraient imprimées ultérieurement. Dali en aurait ainsi signé quelque 350 000, pour le prix de 40 dollars l'unité.
(Source La Croix)
Tout à fait ! Mais surtout de rendre hommage à mon peintre préféré. Je viens de l’art à la base, ayant eu la chance de pouvoir faire des études d’arts au lycée. Je me suis passionné pour Dali et Magritte…
Cette chanson fait référence à un documentaire très rare sur la collection de «Faux» de Dali. Ce texte est une discussion entre Dali, ses disciples et ses détracteurs qui tenaient des débats très endiablés le concernant…

 
Avec le road Trip "Starting From Nowhere" et votre album "Stellar Dream", on a l'impression qu'ayant commencé par la musique extrême vous aviez envie d'un retour aux sources déjà initié par les albums "Welcome Home"...
C'est exactement ça : je voulais revenir à ce qui me fait le plus vibrer dans la musique...
 
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JUNIOR RODRIGUEZ, Welcome Home (2014)
En musique être autodidacte est une liberté ?
C’en est une, c’est vrai. Même si par moments je me dis que j’aimerais bien savoir lire la musique pour pouvoir communiquer plus facilement avec certains musiciens. Mais je m’y mets doucement ! J’arrive maintenant à mettre des noms sur la majorité des accords que je joue…

Vous vous êtes mis au piano et vous aimez jouer du violoncelle... Que de perspectives pour de futures compositions !
C’est exact ! On va voir ce que ça va donner pour la suite... mais j’ai envie d’aller plus loin, de me dépasser.

 

Qu'allez-vous faire dans les mois à venir ?
Les mois à venir vont être focalisés sur le live. On espère tourner le plus possible en 2020 pour défendre ce disque. Et en parallèle de belles choses se précisent avec mon frérot Waxx également… Disons que 2020 s’annonce comme une belle année si ça continue comme ça...

Merci Junior Rodriguez de m'avoir accordé cette interview.
Merci à toi
      
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Junior Rodriguez - Photographie © Albéric Jouzeau

Informations utiles :


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Les photographies de Junior Rodriguez présentées sur cette page sont d’Albéric Jouzeau :
http://www.albericjouzeau.com/
Junior Rodriguez sera en concert le 24/01/2019 à Issy-Les-Moulineaux ( Espace Icare ) avec The Psychotic Monks.

 

 

 

RED BEANS AND PEPPER SAUCE (Rock) :  L'année du Haricot

RED BEANS AND PEPPER SAUCE (Rock) : L'année du Haricot

Le 30/10/2019

« Pour réussir un tout petit peu il faut rater beaucoup. »
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RED BEANS AND PEPPER SAUCE par Denis Charmot.


Dix ans d’existence et cinq albums.
Red Beans And Pepper Sauce est l’un des groupes de Rock les plus intéressants de la scène française. Son nouvel opus, “Mechanic Marmalade” est une réussite de plus dans sa discographie, et 2019 pourrait bien s'avérer l’année du Haricot.
Mais Qu'est-ce qui distingue les Red Beans d'un haricot à la sauce ordinaire ? Nous sommes allés poser la question à son flamboyant guitariste, Laurent Galichon.
(Interview réalisée pour Hard French Metal le 30/10/2019)

Bonjour Laurent Galichon. Premier album acheté ?
Bonjour. Je pense que c’était Thriller, de Mickael Jackson, en k7.

Ton premier concert ?
Je crois que c’était FFF à Béziers en centre ville, un concert gratuit.
 
Premiers émois qui ont conduit le petit Galichon à être musicien plutôt que pompier, vétérinaire ou chasseur de primes comme Joss Randall ?
Mes parents m’ont acheté une platine vinyle pour mes dix ans, avec le 45 tours Beat It, toujours de Mickael Jackson. Je me rappelle encore avoir écouté ce solo de Van Halen en boucle. J'ai même probablement dû faire quelques solos de raquette devant la glace (Rires). Et puis je suis allé fouiller dans la collection de mes parents où je suis tombé directement sur le 45 tours quatre titres de Hey Joe de Jimi Hendrix puis sur le 33 tours Led Zeppelin II. Les jeux étaient faits…
 

La vie d'artiste est-elle conforme à ce que tu imaginais alors ?
Pas vraiment (Rires) ! Quand on est spectateur on n’a pas idée de l’envers du décor ni de la somme de travail que ça représente. Cela dit c’est passionnant, les bons moments valent sans problème les mauvais.

A quoi ressemblait ta toute première compo ?
Très exactement à Come Together des Beatles (Rires). J’avais seize ans, seulement quelques mois de guitare dans les mains et pas encore beaucoup de vocabulaire. Du coup je ne me suis pas rendu compte tout de suite de ce très beau plagiat (Rires). Je m’en rappelle encore car pendant quelques minutes j’étais vraiment persuadé de tenir un riff en or massif. C’était trop drôle, je me revois  traverser en courant la maison du pote chez qui on répétait pour dire aux autres : putain les mecs j’ai un riff qui déchire tout ! Je le jouais à la guitare, plutôt qu’à la basse comme sur l’original, mais l’un d’entre nous a dû finir par se rendre compte que le riff existait déjà...

 

Quelle chanson d'un autre aurais-tu adoré écrire ?
Eleanor Rigby, Voodoo child, Since I've Been Loving you, The Weight, I Shall Be Released, Little Wing, A Change is Gonna Come, I’ve Been Loving You Too Long, Child in time... Il y en a trop ! (Rires)

 

Dans une période pré-Red Beans, tu composes des maquettes pour toi tout seul dans ton studio. Quel regard portes-tu sur ces débuts ?
Le premier album qu’on écrit on met toute sa vie jusque-là pour l écrire. C’est donc des années d apprentissage, de réussites, d’échecs. On tente des choses. Des fois ça marche des fois non. Il y a un coté créature de Frankenstein dans certains trucs que j’ai écrit au début. Mais c’est un passage obligé. Pour réussir un tout petit peu il faut rater beaucoup.

 

La discographie des Red Beans est-elle encore disponible dans son intégralité ? Par exemple “Le Gardien”, votre premier album ?
Non, on a épuisé les stocks et comme il y a eu un changement de chanteuse on a décidé de ne plus le commercialiser.
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  RED BEANS AND PEPPER SAUCE - Le Gardien (2010)

Tu joues aussi de la batterie. Pratiquer cet instrument a-t-il influencé ton processus de composition ?
Carrément ! Ça arrive même que je parte d’un pattern en particulier. C’est pratique aussi pour communiquer avec Niko qui produit les albums et joue la batterie. Il est très impliqué dans l’arrangement des morceaux et du coup on parle la même langue même si lui la maîtrise beaucoup mieux que moi.
Redbeanspeppersauce whomade

RED BEANS AND PEPPER SAUCE - Who Made The Sauce ? (2012)

Des groupes comme Dream Theater se passaient en boucle certains albums dont ils s'inspiraient pour orienter leur processus de composition. Apprécies-tu d'installer une ambiance particulière quand tu composes ?
Non pas vraiment, je ne sais pas si cela me conviendrait. En fait dès que j’ai une idée je la joue et j’enregistre avec mon smartphone. Si je suis en voiture je chante le truc. J'archive tout ça sur mon PC et je m’en sers comme boite à idée quand je fais une session d écriture.
RED BEANS AND PEPPER SAUCE - L'EP "Eat Me" (2013)
A quoi doit-on la formule Guitare/Clavier des Red Beans ?
A mon ego surdimensionné qui ne supporte pas la présence d’un deuxième guitariste sur scène. (Rires)
Plus sérieusement le truc à deux guitares ça rend l’histoire très très rock. J’adore ça chez AC/DC mais je voulais faire quelque chose de plus nuancé, avec des touches funky, ou parfois même pop. Je voulais aussi que mes racines blues soient bien présentes et à deux grattes j’aurais une tendance à imaginer des arrangements beaucoup plus hard. Ça ne nous empêche pas de jouer heavy quand c’est nécessaire mais ça nous donne la possibilité de faire autre chose si on en a envie. Il n’y a pas de formule parfaite mais celle-ci me convient le mieux.
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RED BEANS AND PEPPER SAUCE - Hot & Spicy (2015)
Depuis quand évoluez vous avec le line-up actuel ?
C’est le troisième album avec la même équipe, soit depuis 2014.

Qu'est-ce qui distingue les Red Beans d'un haricot à la sauce ordinaire ?

Le piment ! Les haricots rouges si tu veux ça représente nos racines blues, ça représente notre héritage. La sauce au poivre c’est ce qu’on y apporte, c’est notre façon de le cuisiner. Le blues est une musique de tradition. Nos glorieux aînés l'ont façonné à leur image au fil du temps.
Ce qui est intéressant désormais c’est de voir ce que nous allons en faire. Et puis ce qu’en fera la génération d’après et ainsi de suite. Chacun le fait à sa façon. Sinon c’est comme manger tous les jours la même chose.
RED BEANS AND PEPPER SAUCE - Red (2017)
Vous avez sorti des Live, (DVD, Bluray...). On vous découvre au Crest Jazz Vocal ou plus récemment sur The Red Tour. Faire un Live, c'est assez rare pour un groupe. Cela nécessite des moyens et un public réactif. J'ai pourtant lu que vous aimeriez répéter l'exercice régulièrement ?
Notre musique prend vraiment une autre dimension sur scène, c’est en tout cas ce qu’on nous dit régulièrement après nos concerts, du coup il y a un vrai intérêt à essayer de capter ça régulièrement. Mais effectivement ça demande beaucoup de moyens et aussi un peu de chance pour faire les bonnes rencontres. On réfléchit actuellement au prochain live qu’on va réaliser. On étudie plusieurs possibilités. Ce qui est sûr c’est qu’on veut faire autre chose et ne pas simplement sortir un Blu-ray qui ressemblerait au précédent avec seulement les titres qui changent. La technologie nous offre sans cesse de nouvelles possibilités donc on va essayer de faire quelque chose d’original.

RED BEANS AND PEPPER SAUCE - The Red Tour (Blu-Ray - 2018)

On ne trouve The Red Tour qu'en blu-ray, voire en audio à votre stand de merch en concert... A quand une distribution plus accessible de cet excellent album Live ?
Il devrait bientôt être disponible sur le site en version CD et MP3.
 
 
"C’est une vraie grande fierté d’avoir créé quelque chose qui plaise à ce point à des gens que je ne connais pas."

 

Tu disais à propos de "Red" (2017) dans une interview : "Dans ce nouvel album, nous sommes clairement allés chercher du côté de nos influences classic rock." Mechanic Marmalade, votre nouvel album, suit-il la même ligne ?
Oui tout à fait. Depuis RED on s’est fixés musicalement. On assume clairement ce côté Classic Rock mais on fait attention à respecter nos racines Blues et notre attirance parfois pour la Soul. Ce n’était pas quelque chose de si étonnant que ça dans les 70’s de mélanger les genres. Nous avons un gout prononcé pour la fusion. Cela dit il est impossible de savoir ce qui se passera par la suite, on se donne un cadre histoire d’être cohérent mais un cadre ça peut s’élargir.
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ED BEANS AND PEPPER SAUCE - Mechanic Marmalade (2019)
“Une pépite qu’il me tarde de voir sur scène” (Among the Living), “Un groupe qui se bonifie avec le temps, c’est du lourd” (La Grosse Radio) “Jessyka Aké, fait des miracles et tient tête aux guitares impétueuses de Laurent Galichon qui, en pyromane avisé, insuffle cette étincelle qui fait la différence” (Vinylestimes)... Les critiques que j'ai pu découvrir à propos de Mechanic Marmalade sont excellentes. Étais-tu confiant avant de présenter l'album, ou tu as la nature bileuse ?
Il y a maintenant pas mal de gens qui nous suivent, il y a une certaine attente à la sortie de l’album. Du coup même si je n’ai pas la peur de mal faire, parce qu’après tout un artiste doit se laisser porter par son inspiration, je ressens surtout la peur de décevoir. C’est une vraie grande fierté d’avoir créé quelque chose qui plaise à ce point à des gens que je ne connais pas, qui font des bornes pour venir nous écouter, qui dépensent de l’argent pour un disque. Bien sûr nous n’avons pas autant de public que des rock stars, mais peu importe le nombre, je serais malheureux s’ils ne trouvaient plus ce qu’ils viennent chercher dans nos albums ou à nos concerts.

 

Le titre de votre répertoire que tu préfères ?
Arf, c’est difficile. J’ai adoré jouer “Son” sur scène parce que j’ai écrit ce titre, paroles et musique, pour mon petit garçon et que ça me donnait des ailes sur scène. Même les mauvais soirs ça me faisait penser à lui et ça me permettait de me remettre dans la musique. C’était une belle expérience. Il en existe une belle version, une de mes préférées, sur le Blu-Ray live. Je suis vraiment très heureux qu’elle ait pu être enregistrée. Mais maintenant on l’a sortie du set pour éviter de saturer. Et puis il a grandi, il va falloir que je lui en écrive une autre. (Rires)
J’en aime beaucoup d’autres mais j’ai souvent eu des frissons sur celle-là sur scène.


La chanson que tu écoutes en cachette ?
(Rires) Je dis à tout le monde que je déteste Phil Collins pour faire genre, mais en fait je kiffe le morceau “Mama”, de Genesis.

 

Tu donnes énormément d'interviews pour les Red Beans. Quelle est la question la plus incongrue qu'on t'a posé ?
Ben en fait ça fait cinq albums qu’on sort et on ne m’a encore jamais dit “Alors, c’est l’album de la maturité ?” et je suis très déçu. (Rires)
Aussi, j’aurais adoré être interviewé par Nelson Montfort mais je suis une quiche en patin à glace…

 

Merci à Laurent Galichon d'avoir bien voulu répondre à mes questions.
 


 

DREAMSLAVE : Rencontre avec Peter Gothilainen

DREAMSLAVE : Rencontre avec Peter Gothilainen

Le 26/06/2019

« Depuis mon enfance, la musique m’a toujours fasciné. »

 

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Peter Gothilainen par Loopol.
     
Réédité ce mois-ci sur le label allemand MASSACRE RECORDS, Rest In Phantasy (2015), le premier album du groupe lyonnais de Metal Orchestral Dreamslave, connait une nouvelle jeunesse et s’envole pour une destinée internationale.
Après Elegy Emma (voir notre interview du 17/06/2019), c’est à Peter Gothilainen que nous avons eu le plaisir de poser nos questions.
Keytariste et compositeur surdoué , le discret Peter devient intarissable dès lors qu’on lui parle de musique. Il nous emmène en voyage aux quatre coins de son univers, de Mozart à Michael Jackson, de Deep Purple à la musique de films. Installez-vous confortablement,  Peter est à la baguette.

(Interview réalisée  le 27/06/2019)

 

Bonjour Peter Gothilainen.
Peter Gothilainen : Bonjour , j’espère que tu vas bien. C’est un grand plaisir que de répondre à ton interview. Je t’en remercie sincèrement. C’est également une chance à mes yeux de pouvoir écrire dans ma langue maternelle, chose assez rare.

 

Tout est parfait, alors, commençons ! Premier album acheté ?
Et bien, prenons ensemble le risque d’un voyage dans le temps, embarquons dans la DeLorean. Réglons d’abord le convecteur temporel sur la période de mon enfance et de mon adolescence, nous verrons bien où cela nous conduira… Mais n’oublions pas de faire le plein de carburant avant notre départ !
Le premier album que j’ai acheté n’en est pas vraiment un. En réalité il s’agit d’un maxi Best Of intitulé « The Ultimate Collection » du Roi de la Pop, j’ai nommé Mickael Jackson, l’une de mes idoles.
Depuis mon enfance, la musique m’a toujours fasciné. Je me souviens des heures passées à écouter certains titres comme « Frozen » de Madonna, « Beat It » de Mickael Jackson, « To France » de Mike Oldfield, « Children » de Robert Miles, « Alegria » du Cirque du Soleil ou encore « Music was My First Love » de John Miles… Ces morceaux incarnent une puissance émotionnelle et une beauté artistique dans une forme de simplicité sans pareille, ils me touchent encore au plus profond de moi aujourd’hui.
Ainsi, j’ai été bercé par la pop internationale et la chanson française par ma mère. La musique classique est arrivée plus tard à mon adolescence, mais elle faisait déjà partie de mon environnement par la vidéothèque éclectique de mon père, composée de VHS à l’époque.
A la maison, nous avions aussi un tourne disque pour les Vinyles et la fameuse chanson « la Danse des Canards » a tourné en boucle quand j’étais jeune… Mais ça, c’est une autre histoire !

 

Premier concert auquel tu as assisté ?
Le premier concert de musique metal auquel j’ai assisté est celui du groupe brésilien, Angra. C’était le 22 février 2007 à la salle du Ninkasi Kao à Lyon.
Ce concert m’a permis de m’immerger dans le monde du Metal, de découvrir les codes, et d’en apprécier le style. Il n’y a pas que les tympans qui vibrent dans la musique amplifiée, mais aussi l’ensemble du corps, c’est un apprentissage.
Depuis ce premier concert d’Angra, j’ai eu la chance d’assister à de nombreux shows mémorables puisque la scène Lyonnaise est assez dynamique. J’ai donc pu voir sur les planches entre autres Stratovarius, Sonata Arctica, Epica, Therion, Rhapsody, Nightwish, Rammstein, ou encore plus récemment Symphony X.

 

Tu es le keytariste/growler et compositeur de Dreamslave. Qu'est-ce qui t'a conduit sur les chemins de la musique ?
Le hasard des rencontres, sans doute, une sensibilité particulière peut-être aussi, une personnalité atypique sans aucun doute. Les scientifiques diraient que j’ai probablement un patrimoine génétique particulier qui a rencontré un environnement favorable à son expression… C’est une formule que je trouve fort élégante, mais elle n’est pas mienne.
Pour être honnête, je crois que la musique a toujours fait partie de moi. C’est un langage qui m’est intimement familier, naturel, le seul peut-être. Lors de mon adolescence, Nicolas, un ami du lycée m'a fait découvrir le Metal Symphonique, et ce fut une découverte mémorable, sans précédent. Je crois qu’il n’y en aura jamais d’autre aussi forte dans ma vie.
C’est la puissance émotionnelle de la musique de Nightwish composée par Tuomas et interprétée par Tarja, qui fut une révélation. Lorsque j’ai visionné le live « End Of An Era », le meilleur concert que je n’aie jamais « vu », je crois avoir pris conscience que mon chemin allait être celui de la Musique.

 
Tu te souviens de ta toute première compo ? Et des chemins qui t'ont conduit à la composition ?
Il y en a tellement aujourd’hui...
La première… La vérité, c’est qu’après être tombé amoureux du Metal scandinave à la fin de mon adolescence, j’ai dépensé un grosse partie de mes économies pour acheter une guitare et un ampli Marshall. J’avais la ferme intention de me mettre à la musique et de faire du bruit dans le garage des parents de Nicolas.
Son père, fan inconditionnel des Beatles et grand mélomane, disposait, en plus de sa collection de CD colossale, d’une batterie Pop/Rock, dont Nicolas jouait, alors nous nous sommes dit : pourquoi pas… Mais malgré mon travail, la guitare restait un instrument trop mystérieux à mes yeux. Alors à peine six mois plus tard, face à l’inquiétude partagée de mes parents, j’ai vidé mon compte bancaire pour acheter mon premier clavier Korg. Et là, sans aucune connaissance préalable de la théorie musicale, j’ai commencé à jouer des covers mais, surtout, à composer. C’est ainsi que tout a débuté pour moi, de manière très naturelle, je ne me suis pas posé de question.
Je crois avoir gardé ce rapport là à la composition, une forme d’intuition, cette évidence ou la technique ne doit faire que servir l’émotion.

 

Quel est le morceau d'un autre que tu aurais rêvé d'écrire ?
Sans aucun doute le morceau « Child in Time » de Deep Purple ! Et plus que de participer à son écriture, j’aurais aimé pouvoir le jouer en live et vivre à cette époque. Un temps lointain que je n’ai pas connu, et dont pourtant je garde comme une forme de nostalgie.

 
C'est assez rare de voir un keytar sur une scène française. Comment as-tu découvert cet instrument et quels avantages lui trouves-tu ?
Oui, il est assez rare de voir des keytaristes sur les scènes, même internationales, mais il semble que grâce à des artistes comme Lady Gaga, l’instrument se démocratise ces dernières années.

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Peter Gothilainen par Mairet Christophe.
Je crois que le keytar est au clavier ce que la guitare acoustique est à l'électrique, les deux instruments son similaires, mais l’approche est totalement différente. Il n’est pas aisé, même en tant que claviériste de se mettre au keytar, la philosophie est radicalement autre.
C’est par Jean Michel Jarre, puis Henkka Klingenberg de Sonata Arctica que j’ai découvert l’instrument, et quand Dreamslave est né, ce fut une évidence que je monterais sur scène en tant que keytariste.
Pour moi qui suis chanteur guttural, et qui ai commencé la musique en tant que guitariste, je ne me voyais pas en concert, fixe derrière un stand de claviers. Le keytar correspond à ma personnalité tout simplement… J’aime cet instrument au point de le collectionner. Oui, je collectionne des Keytars... mais pas des horloges en revanche, ni des Almanachs !
 
"Emma est fort tolérante et bienveillante. Aujourd'hui elle est devenue ma conseillère artistique. La seule. Je la vois comme une âme soeur musicale. Je luis dois énormément."
 
La génèse de Dreamslave a été racontée ailleurs, mais tu peux nous parler de ton parcours avant la fondation de ce groupe ?
Oui, avec plaisir !
J’ai toujours été d’une grande timidité, et le suis encore aujourd’hui. Et profondément, je reste autodidacte.
Ainsi, je n’ai jamais étudié dans une école de musique, ou encore au conservatoire. J’ai fait un rapide passage à l’université en Musicologie, où les rencontres humaines furent magnifiques, néanmoins je me suis vite rendu compte que l’académisme ne convient pas au loup solitaire que je suis, si je puis me permettre cette formule, qui cette fois est mienne.
A partir de 2006, moment où j’ai commencé le clavier, et jusqu’en 2009 environ, j’ai énormément écrit. Durant cette période d’apprentissage et de travail intense, j’ai composé des pièces « Rock Symphonique » que je nomme des « Essais Classiques », des « Ballades Orchestrales », et des « Concertos ». C’est la première fois que j’en parle. Rares sont les gens ayant écouté ces compositions représentant plusieurs heures de musique… Peut être un jour y aura t-il une rétrospective « Peter Gothilainen - Back To The Past » pour mes quatre-vingt-huit ans ?
A cette même période, je faisais mes premiers pas en groupe dans un trio instrumental fondé le temps d’un été, avec Nicolas et Maxime, respectivement à la batterie et à la guitare.
Vient ensuite, entre 2009 et 2011, une période où mon écriture s’affine, se structure, murit. Cette période est également marquée par mon intégration dans un projet de « Covers Power Metal » initialement mené par Mickaël, pour enfin aboutir à la fondation de Dreamslave et à l’histoire que vous connaissez…

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Peter Gothilainen par Loopol.
Elegy Emma a retracé votre première rencontre dans une précédente interview. De ton côté, quels souvenir gardes-tu de cette première audition ?
En 2011, lorsque j’ai fondé le groupe Dreamslave, malgré mon jeune âge, j’avais déjà une idée assez précise du rendu artistique que je souhaitais obtenir. Je ne recherchais pas seulement une chanteuse, je recherchais une Voix. Et je l’ai trouvée en celle d’Elegy Emma.
L’audition s’est déroulée à la maison dans une ambiance conviviale, tout simplement. Mais il n’était pas utile de plus pour se rendre compte du potentiel, de la sensibilité et de l’identité phénoménale de cette musicienne. J’ai immédiatement été séduit et convaincu que c’était la bonne personne.
Depuis, avec Emma, nous avons appris à nous connaitre, à nous comprendre et à travailler ensemble. Ce fut assez délicat, particulièrement dans les premières années de notre collaboration. Je reste une personne complexe, quelques fois maladroite, voire excessive, mais heureusement Emma est fort tolérante et bienveillante. Aujourd’hui elle est devenue ma conseillère artistique. La seule. Je la vois comme une âme sœur musicale. Je lui dois énormément.

 

En 2015 sort votre premier album autoproduit Rest in Phantasy. Ses compos sont-elles postérieures à l'arrivée d'Elegy Emma, ou certaines existaient avant ?
Lors de l’arrivée d’Elegy Emma en milieu de l’année 2011, plusieurs titres avaient déjà étés composés par mes soins, et les paroles écrites par Mickaël. C’est le cas des titres les plus anciens de mon écriture, composés en 2010/2011 comme « End Of Innocence », « Masquerade », « The Vinland Saga » et « Wishes Of Revenge ». Arrivent ensuite les morceaux « Torments », puis « Pirate’s Anthem » et « Doomsday » composés en 2011/2012 pour lesquels j’ai aussi écrit les paroles. Puis enfin prennent naissance les chansons « Angel Requiem », « The Dark Crusade » et « Eternitears », écrites quant à elles en 2012/2013.

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DREAMSLAVE, Rest In Phantasy (2015).
"Lorsque je compose, j’aime travailler seul, au calme, pour pouvoir m’entendre penser. Il y a des moments ou « j’inspire » le monde, et d’autres moments ou je « l’expire »."

Quel est ton processus de composition ?
De manière générale, je me vois comme un sorte de voyageur qui prend des photographies mentales de ce qui le touche émotionnellement au sein du Monde. Particulièrement les films, ensuite cela se combine dans ma tête, et je l’exprime par la musique.
Lorsque je compose, j’aime travailler seul, au calme, pour pouvoir m’entendre penser. Il y a des moments ou « j’inspire » le monde, et d’autres moments ou je « l’expire ». Les moments intenses de composition correspondent au second état d’esprit. Mais pour nourrir la créativité, il faut aussi savoir vivre et partager. Le juste équilibre s’apprend, mais c’est un travail de toute une vie, il me semble.
Depuis mes débuts, je note toutes mes ébauches sous le logiciel Guitar Pro via les partitions ou tablatures. Et depuis quelques années, je compose aussi à l’aide d’un clavier maître midi relié à Logic Pro, un logiciel spécifiquement dédié à la production musicale.
Mais pour être tout à fait honnête, les idées musicales s’écrivent d’abord dans ma tête, les jouer me permet des les vérifier, et les noter de ne pas les oublier. Et oui, j’ai la chance de pouvoir entendre la voix d’Emma dans ma tête quand j’écris, mais pas uniquement ! Cela peut aussi être le timbre d’une percussion, la manière de jouer d’un bassiste, le son d’un guitariste…
Ma posture d'auteur / compositeur est empreinte d’un doute permanent et de perfectionnisme. Je suis toujours animé par la recherche de nouveautés. Le Monde est d'une grande diversité, cela m'inspire, mais surtout je me refuse à faire deux fois la même chose. Chaque composition représente un cheminement, seul, puis en groupe, de plusieurs années, bien que l’inspiration à proprement parler ne dure que quelques secondes…
La recette de ce processus pourrait se résumer ainsi : une bonne musique c’est 33% de composition, 33% d’interprétation, 33% de production et 1% de hasard.
A mes yeux, la qualité doit toujours primer sur la quantité, l’émotion sur la technique, le contenu sur le contenant. Évidemment, s’il n’y a pas la flamme initiale dans l’écriture, alors il est inutile d’aller plus loin.

 

Emma est une grande voix, j'imagine que ça laisse un champ énorme de possibilités à ton imagination ?
Oui, c’est indéniable, et je m’en rends compte un peu plus chaque jour qui passe. C’est une chance inouïe pour moi, dont les compositions sont diversifiées. Chanter les morceaux de Dreamslave requiert une large palette vocale et des techniques de chant très différentes, allant de la Pop au Lyrique. Dans le premier album « Rest In Phantasy » c’est déjà le cas, mais dans le second album à venir cela sera encore plus prononcé.
Emma n’est pas seulement une musicienne exceptionnelle par sa voix, elle dispose également d’une importante sensibilité et sait offrir le meilleur d’elle-même à chaque titre, aussi éclectique que soit l’ambiance musicale ou le thème des paroles. Cela force selon moi le respect, plus que le talent encore.

 

As tu parfois tendance à lui demander l'impossible ? Je pense notamment aux prouesses vocales qu'a nécessité un morceau comme Angel Requiem, superbe duo avec Najib Maftah, et j'imagine sa réaction quand tu lui a présenté ce titre pour la première fois…
Toujours !
J’aime lancer des défis. Des défis à moi-même pour commencer, dans la composition par exemple, dans les thèmes littéraires, mais aussi des défis aux musiciens avec lesquels j’ai la chance de travailler. Certaines fois, ils peuvent travailler durant plusieurs mois pour parvenir à l’interprétation désirée.
Je me souviens du moment où Emma a découvert la partition de « Angel Requiem ». Elle m'a dit : « C'est magnifique, mais jamais je ne pourrai parvenir à chanter cela !» Je lui ai répondu : « Laisse-toi du temps, je sais que tu en as le potentiel .» Et à peine deux ans plus tard, nous étions en studio pour enregistrer ces lignes de chants.
Sur ce morceau, Emma a également participé à la redistribution du dialogue entre Najib et elle dans les refrains, et le rendu est vraiment excellent !
J’ai beaucoup de gratitude pour les instrumentistes qui donnent vie à mes compositions, mais également pour Mickaël qui a écrit les paroles de nombreux titres de « Rest In Phantasy ». C’est un travail très noble et difficile de parvenir à interpréter avec justesse, rigueur et émotion, une partition qui est le fruit d’un autre imaginaire que le vôtre, ou encore d'écrire des textes sur un thème particulier. C'est une chance d’avoir croisé sur ma route ces personnalités d’exception, pour lesquelles mon respect est immense et qui, j’espère, par mes exigences, ma confiance et mon soutien, peuvent exprimer leurs talents pleinement, apprendre, s’enrichir, se dépasser. Oui, c’est aussi cela être au service d’une œuvre.
 
Ton compositeur classique préféré ?
Nom de Zeus ! Quelle question intéressante et immanquablement difficile pour moi…
Il y a tant de compositeurs classiques dont les œuvres sont merveilleuses. Cela dépend bien entendu de l’état émotionnel dans lequel je me trouve, mais n’en choisir qu’un seul est impossible. Je vais me permettre de citer ceux qui ont marqué mon parcours musical et pour lequel je nourris une grande admiration.
Dans la musique classique il y a évidemment Mozart, Beethoven, Dvořák, Tchaïkovski et Gabriel Fauré. Et dans la musique cinématographique John Williams, Howard Shore, Hans Zimmer, James Horner, James Newton Howard, Alexandre Desplat.

Deux albums Rock que tu mettrais sur l'arche de Noé pour t'aider à tout reconstruire dans la meilleure direction possible ?
Deux albums, c’est peu, mais si chacune et chacun des citoyens du Monde monte sur l’arche de Noé avec ses deux opus préférés, nous devrions parvenir à reconstituer toute la richesse, la beauté et la diversité de la Musique… Il faudra penser à garder de la place pour nos amis les animaux et pour le monde végétal aussi.

Alors, incontestablement, j'emporterais « Thriller » de Michael Jackson (1982) et « Once » de Nightwish (2004). 

 Aujourd'hui RIP repart pour une nouvelle vie chez Massacre Records. J'imagine que cette seconde naissance est une grande joie pour le groupe ?
Oui, c’est une belle opportunité pour cet album mais aussi pour Dreamslave.
Dans la vie, les planètes ne sont que rarement alignées, mais il faut toujours aller de l’avant. Ainsi en 2015, le groupe a choisi de sortir son premier album « Rest In Phantasy » sans label, mais dans le but d'être repéré et signé. Cela nous a donné l'occasion de faire une tournée en Europe en 2016, de sortir le clip « Torments » en 2017, et enfin, en 2018, nous avons eu la chance de commencer notre collaboration avec le label allemand Massacre Records.


 

Aujourd'hui, je ne sais pas si RIP repart pour une nouvelle vie ou la commence enfin. Mais ce qui est certain c’est que nous avons mis tout notre amour, notre énergie et notre passion dans ce premier opus ! Nous avons travaillé avec des budgets beaucoup plus modestes que d’autres groupes dans le même style, si je puis dire, et auxquels les critiques nous comparent souvent. Le budget production de RIP était jusqu’à presque 100 fois inférieur à celui de Dark Passion Play de Nightwish, par exemple. Et je crois modestement que, malgré tout, cet album a un potentiel immense !
La nouvelle sortie de « Rest In Phantasy » m'a aussi permis de redécouvrir notre travail. C'était une bonne chose d'avoir un regard plus mature sur ce premier album. Concernant les visuels, j’ai tout recréé, de la couverture au livret. Pour les fans qui auront le digipack, il est très important pour moi que les graphismes soient beaux et agréables. Et à propos des audios, j'aurais vraiment souhaité que nous enregistrions tout l'album à nouveau. Mais fort heureusement, nous n'avons rien changé dans les titres, et cela à permis de préserver l’innocence de ce premier album, que nous ne retrouverons jamais…

"En musique, même si l’on est autodidacte, l’on ne vient jamais de nulle part. Tout premier album est particulièrement marqué par l’influence des « pères spirituels »." 

 
Est-ce que cela va retarder la sortie du futur album, pour laisser plus d'espace à cette seconde vie de RIP ?
Oui… Un peu, mais pour la bonne cause !
Dreamslave a de nombreux projets pour l’avenir, entre nouvelles vidéos et version acoustique de « Rest In Phantasy »… L’avenir nous le dira ! Mais, il faudra en effet patienter encore avant de pouvoir écouter le second album.
Nous allons profiter de la sortie de RIP pour faire de nouveaux concerts de promotion, en France et en Europe. Notre agence Aeon Music Management travaille à cela. Et en un sens, ces quelques mois supplémentaires pour terminer les enregistrements et la production du second album vont nous permettre d’offrir encore plus le meilleur de nous-mêmes, sans aucun doute.

 

A propos du futur album, Elegy Emma est restée très mystérieuse. De ton côté, qu'as tu envie de nous en dire ?
Et bien, je peux te dire que si tu fais un tour dans le futur avec la DeLorean, aux alentours de la fin d’année 2020 ou du début de l’année 2021, tu pourras sans doute écouter en avant première le second album de Dreamslave… Mais, à ce jour aucune date de sortie n’est définie, bien entendu !
Je crois que ce second album sera dans la continuité de « Rest In Phantasy », mais animé par plus d’audace, d’assurance et de maturité. En musique, même si l’on est autodidacte, l’on ne vient jamais de nulle part. Tout premier album est particulièrement marqué par l’influence des « pères spirituels », comme j’aime les nommer. Pour moi, en dehors des nombreuses influences provenant de la musique classique, de la musique cinématographique et de la musique du monde, mes pères spirituels Metal s’incarnent dans trio infernal de Nightwish, Stratovarius et Sonata Arctica.
J’ai l’intime conviction que ce second album marquera les esprits une nouvelle fois. Il surprendra par son éclectisme et son originalité, mais aussi par la qualité de son interprétation et de sa production. Ce second album sera plus identitaire, dans la musique et dans les paroles. Si Dreamslave était un arbre, ce futur album lui apporterait des racines plus profondes, un tronc plus solide et une ramure plus vaste.

 

Quelle est la question qu'on ne te pose jamais alors que tu aurais envie de l'aborder ?
Si tu devais te décrire en quelques phrases, que dirais-tu de toi ?

 

Et quelle serait ta réponse ?
Que je suis à la fois perfectionniste, créatif et solitaire, et aussi authentique, intègre, et fidèle dans mes relations, mais surtout sensible, réservé et timide au quotidien, et enfin que la Musique est toute ma vie !

Quel album tu aimes écouter en ce moment ?
En ce moment j’écoute en boucle la bande originale du film « The Village », écrite par James Newtown Howard, et interprétée au violon par Hilary Hayn, une musicienne exceptionnelle que j’aimerais sincèrement avoir le plaisir de rencontrer un jour.
 
Merci Peter de nous avoir reçu.
Merci à vous !
Et Merci à toutes et tous qui suivez Dreamslave !
A bientôt sur le net, ou sur la route, oui, car là ou l’on va, l’on a encore besoin de routes !
Je vous embrasse.

 
      
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L'interview au saut du NI.

L'interview au saut du NI.

Le 19/05/2019

«  Pas d'intro, pas de couplet, pas de refrain, puis pas de fin. » 

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Ni par  Jean-Christophe Mazué

Ni est une hydre à quatre têtes qui déconstruit la musique pour mieux la reconstruire.
Après “Les Insurgés de Romilly” (2015), le quatuor de la région Macon/Bourg en Bresse revient en 2019 pour décliner la peur en neuf titres avec le contagieux “Pantophobie”.
Comme Ni s’était assis pour faire une pause entre deux concerts (cf photo ci-dessus), nous en avons profité pour leur poser quelques questions. C’est l’interview au saut du Ni.
Tout ça se passe bien sûr chez
Dur et Doux, collectif dont on connait la qualité.

Bonjour Ni. Je vous propose d'abord un saut dans le passé. Premier album acheté ?
Anthony Béard (guitare) :
Je crois que c'était un live de Guns’ N’ Roses (Haha !) “Live like a suicide”.
François Mignot (guitare) : Nirvana, “From the muddy Banks of the wishkah”.
Benoit Lecomte (basse) : Bouba le Petit Ourson”, de Chantal Goya, en 45t.
Nicolas Bernollin (batterie) : Je dirais certainement un Nirvana...

 

Qu'est-ce qui vous a conduit à la musique ?
Anthony Béard :
L'envie d'être une superstar du Rock, comme Slash.
François Mignot : Mes parents m'emmenaient en voiture au cours de saxophone.
Benoit Lecomte : Les barils en carton de lessive , je tapais dessus sur Kiss.
Nicolas Bernollin : Quand j’avais trois ou quatre ans, le fils d’un des amis de mon père qui jouait de la batterie m’a mis derrière cet instrument. J’ai eu un déclic qui ne m’a jamais lâché depuis.

 

Quelle est votre conception d'une "bonne" chanson ?
Anthony Béard :
Il faut que ça parle d'amour.
François Mignot : Toutes les chansons sont bonnes pour peu qu'on les écoute plusieurs fois.
Benoit Lecomte : Pas d'intro, pas de couplet, pas de refrain, puis pas de fin.
Nicolas Bernollin : Quand elle te traverse le ventre, et pas seulement les oreilles ou le cerveau.

 

 
Comment vous êtes-vous rencontrés et comment s'est formé Ni ?
Nicolas Bernollin :
Anthony, François et moi-même nous sommes rencontrés au collège en 1997/98, nous avions douze ou treize ans, et nous avons commencé un groupe qui est devenu diatrib(a). Quand diatrib(a) s’est arrêté en 2008, nous avons créé dans la foulée Ni en 2009, avec Ben à la basse, que j’avais rencontré sur la tournée JMPZ, car j’étais à l’époque éclairagiste pour eux.

 

Comment naissent vos compositions ?
François Mignot :
Les morceaux de ce dernier album ont été composés par les manches (Ben, Anthony et moi). Chacun a composé dans son coin plusieurs morceaux qu'on a d'abord appris et joué tels qu’ils étaient écrits, puis nous les avons réarrangés tous ensemble dans le local de répet’.

 

J'ai compté quatre opus de Ni. Pouvez-vous me faire un point sur votre discographie et me dire où l'on peut écouter ou acheter vos albums ?
Nicolas Bernollin :
En effet nous avons sorti à ce jour deux EPs (2010 et 2012) et deux albums sur notre label collectif Dur et Doux : Les Insurgés De Romilly en 2015 et Pantophobie en 2019.
Il est possible possible d’écouter et/ou d’acheter notre musique sur toutes les plateformes de streaming classiques (Spotify, Deezer, Itunes), sur notre notre Bandcamp, sur Youtube, et aussi dans les magasins spécialisés.
Il y a tous les liens sur notre site www.ni-music.com et sur le site de notre label Dur et doux www.duretdoux.com , sur lesquels vous pouvez aussi écouter tous les superbes groupes de notre poney-club.

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NI, Les Insurgés de Romilly (2015).
 

En 2015 paraissait Les Insurgés de Romilly. D'où vient ce titre et quel regard portez-vous aujourd'hui sur cet album ?

Benoit Lecomte :
Le titre vient d‘une anecdote historique bien marrante que l’on peut entendre dans son intégralité sur le disque à la fin du titre “Butor”. On marque un virage sur cet album vers des compositions plus droites, plus de riffs, plus de tournes, comparées aux deux LP précédents, plus poly-rythmiques schizoïdes…

 

Vous vous engagiez ensuite avec vos camarades de Poil dans l'aventure PinioL, hydre à sept têtes, deux batteries, deux basses, deux guitaristes et un clavier. L'aventure Bran Coucou (2018) est-elle un bon souvenir, et Piniol renaîtra-t-il un jour ?
Benoit Lecomte :
Bien sur, excellente aventure ! Il s'agit déjà de continuer à tourner cet album sur scène jusqu'à la fin de l'année, puis d'envisager l'écriture d'un second.
 
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«  Nous avions depuis un bon moment envie d'écrire une musique qui soit à la fois plus lourde, plus sombre et avec de l'air… » 
 
Aujourd'hui vous voici avec Pantophobie, un album dont chaque titre correspond à une peur. Comment est venue cette idée et chaque morceau est-il inspiré par la phobie qui lui donne son nom ?
Benoit Lecomte : Cette idée est venue naturellement d’une résonance intime, personnelle, singulière pour chaque membre du groupe au moment de l’ écriture de ces titres. Ensuite, d'un sujet sociétal vraiment d'actualité très sérieux, puis aussi d’une bonne déconne à la découverte des peurs loufoques qui existent. Nous n’avons pas composé à partir des noms des différentes phobies mais plutôt cherché dans le concept des phobies à ne pas se prendre trop au sérieux.

 

Davor Vrankić a réalisé un artwork fabuleux. Comment avez-vous eu l'idée de travailler avec cet artiste, quelles indications lui avez-vous donné, et qu'avez-vous pensé du résultat ?
Benoit Lecomte :
J’ai rencontré Davor à Paris lors d'une de ses expos à la Halle St Pierre, et j'ai adoré son travail totalement impressionnant en format réel ! J’ avais gardé son contact, alors on lui a demandé si il était possible d'utiliser l'une de ses œuvres. Il était tout à fait ravi, nous l’ étions tous, voilà. Pas d'indications, pour un résultat qui colle parfaitement à l’univers du disque.
 
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NI, Pantophobie (2019) - artwork de Davor Vrankić.

Pantophobie est un album assez sombre, puissant, parfois violent, et pas totalement instrumental, (encore que la voix soit utilisée comme un instrument). Certains passages m'ont évoqué Dream Theater ou Devin Townsend, même si ces artistes sont éloignés de votre univers en déconstruction. Et vous, que diriez vous à Propos de Pantophobie ?

François Mignot : C'est marrant parce que lorsque j'avais douze ans, l’un de mes morceaux préférés était Peruvian Skies, de Dream Theater, une sorte de ballade Metal américaine parlant du Pérou. Heureusement, la puberté et mes études supérieures de physique m'ont permis de tourner la page, mon travail psychanalytique de résilience m'ayant amené à me reconstruire sainement malgré ce traumatisme initial. J'ai malgré tout encore peur des Péruviens et de leur musique.
Pantophobie a été composé en essayant au mieux de s'éloigner de toute influence de la flûte de pan. Le résultat est bel et bien celui que tu as décris dans ta question.
Anthony Béard : On peut dire que Pantophobie n'a pas été facile à accoucher, nous étions tous dans une période de vie assez remuée, et nous étions passés par pas mal de réflexions autour de Ni, sur sa durabilité, sa faisabilité à la vue des projets de vie ou professionnels de chacun. Après, quand nous avons commencé à écrire, nous avions certes une envie de proposer un album qui se démarque des autres opus, mais nous avions depuis un bon moment envie d'écrire une musique qui soit à la fois plus lourde, plus sombre et avec de l'air… Il a encore une fois été assez simple d'aller tous les trois dans la même direction lors de la phase de compo.

 

Que va faire Ni dans les prochains mois ?
Nicolas Bernollin :
Tourner, tourner, tourner au maximum, et ensuite se pencher sur le prochain disque.

 

Deux albums essentiels à placer sur l'Arche de Noé pour tout re(dé)construire dans la bonne direction ?
Anthony Béard :
Trout mask replica”, de Captain Beefheart et “Trout mask replica”, de Captain Beefheart.
François Mignot : Le dernier album de Bach qui vient de sortir. La prod est vraiment énorme ! Et peut-être la comédie musicale “Cindy 2002”. Peut-être…
Benoit Lecomte :Master série” d‘Henri Salvador, et “Les Plus Grands Airs Sifflés”, par Micheline Dax.
Nicolas Bernollin :An Evil Heat”, d’Oxbow, et les “Gnossiennes” d’Erik Satie.

 

Merci Ni d'avoir bien voulu m'accorder cette interview.
Benoit Lecomte :
Merci.
Le monde de MÛ

Le monde de MÛ

Le 15/05/2019

«  Progressivement, Ep après Ep, on a élaboré un son particulier. »

Ce duo stéphanois mélange des éléments Rock et Trip Hop avec, parfois, un zeste de Rap.
En 2014, il nous emmenait en Guyane avec
Emerillon.
En 2018, il nous proposait de le suivre dans l’océan Indien avec
Kergelen un EP délicat et racé, servi par de magnifiques harmonies vocales et par une suite de clips ambitieux.
Le 24 mai 2019, Mû se produira à Oytier, pour le huitième
Festival Du Tonton.
C’est le moment idéal pour faire leur connaissance.
Voici le monde de Mû.

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Mû, par Clément Gaumon.
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Bonjour Mû. Revenons aux origines : premier album acheté ?
Cécile Maître (Claviers) :
Je ne me souviens plus vraiment si c’était Homogenic de Björk ou un album de Daniel Balavoine.
David Honegger (Beatbox) : Le premier album acheté en pleine conscience doit être Around the Fur des Deftones à mon adolescence. Plus tôt dans l’enfance, ma mère m’a acheté toutes les cassettes de Francis Cabrel ! Entre ces deux périodes, c’est pas intéressant...

 

Qu'est-ce qui vous a amené à la musique ?
Cécile :
J’ai commencé la musique par des cours de piano quand j’étais enfant. Depuis, chaque arrêt me crée un manque. J’y retourne toujours, c’est un besoin.
David  : Les émotions et les plaisirs physiques que le chant procure.

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Mû, par Valeria Pacella.
Comment vous êtes-vous rencontrés, et comment s'est formé Mû ?
David :
On s’est rencontrés sur une péniche à Lyon pour une soirée bœuf. On a ensuite décidé de monter un projet ensemble, la première forme de Mû : nous deux, un bassiste et un guitariste. On est passés par de multiple configurations, à trois ou quatre musiciens pour se retrouver à deux en 2011. Mû est alors né sous sa forme actuelle.

 

C'est pour vous distinguer des groupes lambda que vous avez choisi de vous appeler Mû ? (Nota : Mû est la douzième lettre de l'alphabet grec, Lambda est la onzième)
Cécile :
Le nom Mû est un tiré d’une légende un peu semblable à celle de l’Atlantide. Mû serait un continent mythique désormais englouti sous les flots. La Bande dessinée de Corto Maltese du même nom à aidé à conceptualiser le nom du groupe.

Comment décririez-vous l'évolution de votre univers depuis sa création ?
David : j’ai l’impression d’une évolution douce. Progressivement, Ep après Ep, on a élaboré un son particulier.
Les débuts du duo étaient très simples dans l’approche du son : un piano, un Beatbox classic, et des voix, et doucement la synthèse s’est greffée aux mélodies, donc plus de timbres et de couleurs dans les sons de claviers. Le Beatbox a, pour sa part, été trituré, distordu par différentes technique d’enregistrements. Des chansons sont devenues plus sombres et d’autres plus lumineuses.
 
"L’inspiration pour ces îles est partie 
de la découverte de bobines de films."  

Comment s'élaborent vos compositions ?
Cécile :
Pour la composition dans Mû il n’y a pas de règle. Soit on arrive chacun avec une chanson toute faite et l’autre rajoute un peu sa touche, soit, le plus souvent, l’un de nous dispose d’un bout de mélodie, David avec des textes (c’est lui qui s’en charge le plus souvent), et moi avec des idées de sons ou de mélodies aux claviers. On compose ensuite ensemble, à partir de ces bribes d’idées.

Votre EP Emerillon (2014) s'attachait tribus amazoniennes guyanaises ?
David :
C’est un peu par hasard... Les chansons parlaient de besoin de liberté et rendaient hommage à toutes formes de vie en harmonie avec la nature, pour ne pas dire sauvages. En recherchant des noms d’oiseaux, le mot Emerillon est tombé comme une évidence. C’est à la fois le nom d’un rapace et d’un peuple amérindien.
La musique, pour sa part, n’a pas été influencée par quelque musique guyanaise que ce soit.

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Mû, Kergelen (2018)
Votre dernier EP s'intitule Kerguelen (2018). Quelle est l'atmosphère de cet opus, et qu'est-ce qui l'a conduit aux “Îles de la Désolation” ?
Cécile :
L’inspiration pour ces îles est partie de la découverte de bobines de films Super 8 dans le grenier du grand-père de Clément Gaumon, (le réalisateur du Film Kerguelen qui accompagne l’EP). Ces films ont été tournés sur les îles dans les années 70. Nous les avons numérisés, et nous en avons fait un premier clip : Dead Reckoning. Vous pouvez le retrouver sur notre chaine Youtube. Ce premier titre a inspiré notre envie de parler des Kerguelen et de raconter l’histoire de son naufragé, John Nunn.


 

Pour illustrer l'album, vous avez tourné Primitive II, un très beau clip, très ambitieux. Pouvez-vous nous en parler ?
David :
Primitive II a été tourné dans la Loire, vers Saint-Étienne, dans une combe plutôt fournie en végétation, notamment en fougères. Le choix du cadre a été décidé pour faire écho à l’état du personnage à ce moment là, c’est à dire, foisonnant, débordant, presque saturé. Tous les clips de Kerguelen sont réalisé par Clément Gaumon et son équipe. Pour ce clip en particulier, on n’était souvent que quatre sur le tournage : le réalisateur, un cadreur, l’acteur ( David Cartier, également sondier du groupe depuis le premier concert, il a enregistré et mixé l’album.), et moi même pour aider à faire le café et garder un œil sur le script car nous avions vite tendance à sortir du cadre.  

Que va faire Mû dans les mois à venir ?
David :
Quelques dates de concerts, en festivals, et surtout finir la série des sept clips pour les présenter dans des festivals de courts métrages.

 

Deux albums absolus à placer sur l'Arche de Noé pour réinventer la musique si la terre venait à disparaître ?
Cécile Maître :
An Awesome Wave de Alt J et Kid A de Radiohead.
David Honegger : Purple Rain de Prince, pour ne pas perdre notre sensualité, et l’album I_Con de De Staat, pour se motiver à rebâtir le monde.

 

Merci Mû d'avoir accepté notre interview.
David et Cécile :
Merci à toi

 

LATEX : Café gourmand

LATEX : Café gourmand

Le 20/04/2019

« On est comme ces personnages des films de John Waters, complètement déjantés, qui sortent la nuit dans le but choquer les bourgeois coincés du voisinage. »

 

Cover
LATEX. Kannibal Café sera disponible le 03/05/2019.
Déjà fort de quatre opus, LATEX encourage depuis plus de dix ans l’union contre-nature de la grivoiserie et de la qualité.
Alors que les Niçois s’apprêtent à sortir
Kanibal Café, leur nouvel album, nous avons rencontré Guitarfox, leur guitariste.
Il nous a parlé du parcours de Latex, il a revisité leur discographie et précisé leur philosophie ainsi que leurs projets.
Alors prenez la peine de rester couverts, voici Latex...
 
Bonjour Guitarfox. Pourrais-tu présenter Latex à un lecteur qui ne vous connaitrait pas ?
Guitarfox : Après la mort de Lux Interior, (chanteur du légendaire groupe psychobilly The Cramps), nous nous sommes sentis comme investis d’une mission : celle de faire perdurer une certaine idée du Rock’N’Roll underground. La sauvagerie, le chaos maitrisé, la tension, dramatique et sexuelle… On a donc monté notre groupe Latex, qui devait être la synthèse de tout ça. Un chanteur-showman : Shock Absorber ; une chanteuse-performeuse : Sandy Dynamite ; un guitariste-choriste : Guitarfox (moi) ; et un bassiste cyber-électro-geek : Pits. La recette : chant énervé en français, guitares punk, beats électro… Cabaret punk ? Disco-trash ? Sex-Metal ? On n’a jamais vraiment bien su se définir, mais Latex, c’est tout ça à la fois. Attendez-vous à danser tout en vous marrant en même temps !
 

Comment Latex s'est-il formé ?
Guitarfox :
Avec Shock on joue dans des groupes depuis une quinzaine d’années. On a eu plusieurs formations avant d’en arriver à Latex, projet qui s’est affiné au fil du temps, des rencontres et des collaborations, avant de parvenir à son line-up actuel, c’est-à-dire les personnes les plus sauvages, les plus barrées, les plus authentiques qu’on ait pu rencontrer. On peut dire qu’on est une vraie assoc’ de cassoc’ (association de cas sociaux), on est comme ces personnages des films de John Waters (réalisateur des films de Divine, la célèbre Drag Queen trash des années 70-80) complètements déjantés, qui sortent la nuit de leur repaire pour des opérations-commandos dans le but choquer les bourgeois coincés du voisinage…


Qui s'occupe de quoi au sein du groupe ?
Guitarfox :
Shock, Sandy ou moi avons une idée, un slogan, un refrain qui nous fait marrer (ou pas), on note sur un carnet, puis il ne reste plus qu’à développer.
Pits et moi on s’occupe de la mise en riffs, on créé le beat, les arrangements.
Une fois que la musique et les paroles sont en place, les idées d’images viennent toutes seules, et de là arrivent les vidéos.
En général je m’occupe de la mise en scène et du montage pour une chanson, Pits fait la même chose de son côté pour une autre, et le tout se complète. On est très polyvalents.

 

J'ai noté quatre opus sur votre discographie. Où peut-on les écouter ou se les procurer ?
Guitarfox : Sur notre site Latexxx.fr, sur Bandcamp, ou sur Facebook... Tous les moyens sont bons ! Ou demandez à votre disquaire de nous les commander !
On est un groupe 100% D.I.Y. (Do It Yourself), on fabrique nos albums nous-mêmes, avec nos petites mains, en clé USB parce qu’on est à l’ère du numérique. On trouve ça plus pertinent de distribuer notre musique de cette façon qu’avec des moyens « anciens » comme le CD… Même si notre premier album était un CD ! On l’a sorti en 2009 sur un petit label de Montpellier, MekaProds, un CD emballé dans une pochette gris-métallisé style « capote », intitulé « À s’en lécher les doigts » (cherchez pas il est épuisé, mais vous pouvez toujours l’écouter sur notre BandCamp).
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Le lipstick-USB de Boule Disco.
Ensuite, après une interruption de deux ans, on a sorti notre deuxième album « A poil, à poil, à poil ». C’était en 2014, et cette fois-ci en totale auto-production, sous forme de « capote USB » (un préservatif avec une clé USB intégrée dedans !).
En 2016 sortait notre troisième album, « Boule Disco ». Alors là, on a fait un bel objet : une clé USB en forme de lipstick avec le logo du groupe imprimé dessus, du plus bel effet ! Et aujourd’hui nous présentons notre quatrième album « Kanibal Café », le plus mature, le plus abouti…

 

Un de vos morceaux s'intitule I shmekt well (Je sens bon). L'emploi d'une langue germano-britanique visait-il à séduire un public international ?
Guitarfox :
C’était une chanson de notre deuxième album (la capote usb). Le clip est visible sur Youtube.
L’idée de cette chanson au départ, c’était de s’inspirer de celle de James Brown « I Feel Good ». On s’amusait à l’imaginer adaptée en français, et ça a donné « Je sens bon » - OK , au départ ça veut dire « J’me sens bien », mais on trouvait que « Je sens bon » c’était plus drôle…
Une fois cette idée passée à la moulinette psycho-cacahuète de l’espace, ça a donné « I Shmekt Well », ce qui ne veut plus rien dire, mais donne un truc original venu de nulle part. Ce qui est encore moins international que si on chantait en allemand ou en anglais !
Donc en fait Latex, c’est un truc spécial, pour ceux qui sont capables de comprendre le délire… Si, je vous jure qu’il y en a !

 

 

Avec des titres comme Tout Nu Dans La Rue, Boule Disco, Viagra Overdose ou Arrête De M'Enc**ler (qui traite en fait des taxes que nous imposent nos politiciens), vos textes sont majoritairement triviaux et déjantés. Tire La Chasse aborde cependant le monothéisme sur un ton plus sérieux. C'est parce qu'on ne peut pas rire de tout, ou parce que certains sujets vous ont fait perdre le sens de l'humour ?
Guitarfox :
Non, c’est juste que ça peut vite devenir très ennuyeux de n’être que dans la déconnade, tout comme ça peut aussi devenir très ennuyeux de n’être que dans le sérieux.
On essaye de ne pas trop se limiter. Certains sujets sont moins marrants que d’autres, c’est sûr, mais on essaye de varier un peu les émotions, quitte à brouiller parfois les pistes…

 

Musicalement, quelles sont vos références ?
Guitarfox :
Le Rockabilly, le Punk, le Metal, mais aussi l’Electro, et même le Disco et la Pop. On écoute des trucs hyper-pointus autant que de la grosse daube, du moment qu’on y trouve quelque chose, une excitation, une magie, ce truc extraterrestre qui nous ouvre une fenêtre sur l’univers qu’on appelle la musique…
On trouvait A Poil, A Poil, A poil en "album capote USB". Quel packaging pour le prochain opus ?
Guitarfox :
Toujours sur superbe clé USB, mais cette fois-ci en forme de tête de mort !
Capote
La capote USB d'A Poil A Poil A Poil (2014).

 

Kannibal Kafé sortira le 3/05/2019. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
Guitarfox :
Douze chansons, douze tueries ! Le sexe, la mort, la politique, la société, l’espace, tout y passe ! Disponible en téléchargement sur notre Bandcamp, ou en format clé USB tête-de-mort !

 

Quels sont vos projets dans les mois à venir ?
Guitarfox :
Des concerts, oui, plusieurs dates en mai et juin pour la promo de l’album - suivez-nous sur Facebook pour vous tenir informés ! - des clips, oui aussi, on a l’idée de faire un dessin animé pour la chanson « Selfist Fucking » qui ouvre l’album, et on espère plein d’autres choses !

 

On retrouvera Latex pour la sortie du nouvel album. Merci Guitarfox d'avoir répondu à nos questions.
Guitarfox :
Merci à vous !
 

Liens utiles :

Site officiel :
http://latexxx.fr/
Latex sur Facebook (n’oubliez pas de liker leur page) :
https://www.facebook.com/LatexCabaretPunk/
K-Léidoscope : un entretien avec Jean-Lou K

K-Léidoscope : un entretien avec Jean-Lou K

Le 14/04/2019

« Avec Shakin’ Street, on visait le niveau d'Aerosmith , c’était eux nos maîtres. C’était bien parti d'ailleurs ! »

Jean-Lou K rock comme il respire...
Quand il ne martèle pas ses fûts, ne gratte pas sa guitare, ne caresse pas son clavier, le batteur historique de Shakin’ Street écrit des chansons.
Sous le nom d’
AC22, il a produit, en à peine un an, trois albums savoureux, entouré de deux chanteurs d’exception et de quelques amis musiciens au CV bien garni.
Généreux en musique, il est rare en paroles,  Jean Lou. Mais tout de même, à l'approche d'un best-of d'AC22, il a bien voulu répondre à nos questions. 

 

jean lou k
 
Bonjour Jean-Lou K. Commençons par un bond dans le passé. Te souviens-tu de l'achat de ton premier vinyle ?
Jean-Lou K :
Oui, très bien. Mon premier disque était un single de Black Sabbath, "Paranoid" acheté au Prisunic de la rue Lepic, dans le quartier ou je suis né .
 
Qu'est-ce qui t'a conduit vers la musique, et notamment à la batterie ?
Jean-Lou K :
Les Who et Keith Moon ! Je me souviens, tous les jours j'allais voir "Who's Next" dans la vitrine du disquaire à coté de chez moi... Je suis tombé amoureux de ce disque avant de l'écouter, en fait, à cause de la pochette. Par contre je dois avouer que je n'ai jamais rien compris au jeu de batterie de Keith Moon ! Je ne dois pas être le seul...
 
Vers 1975, Louis Bertignac, Corinne Marienneau et toi rejoignez Fabienne Shine et Eric Lewy dans ce qui deviendra Shakin' Street. En Grande-Bretagne, Led Zeppelin sort Physical graffiti, Black Sabbath Sabotage, et Ron Wood rejoint les Stones. Aux Etats-Unis, Aerosmith crée Toys In The Attic, et Alice Cooper dévoile Welcome To My Nightmare. Te souviens-tu de cette France où Trust et Téléphone n'existaient pas encore ?
Shakin street
HAKIN'STREET, Shakin' Street (1980).
Jean-Lou K : Oui, quelle belle période ! Les disques étaient fantastiques ! Avec Shakin’ Street, on visait le niveau d'Aerosmith , c’était eux nos maîtres. C’était bien parti d'ailleurs !
Je vais te raconter une histoire que le public ne connait pas : en 79/80, Shakin’ Street est managé et produit par Sandy Pearlman. On joue dans des stades quasiment tout les jours. CBS dépense un million de francs pour le deuxième album. Tout va plutôt bien. Seulement voila, deux membres du groupe trouvent que Roy Thomas Baker ça serait mieux que Sandy. Roy Thomas Baker les reçoit et en parle a Sandy... Fin du groupe jusqu'en 2004 !
 
Les 80's ?
Jean-Lou K :
Quelle merdasse les 80’s ! Mes pires années !

 

Dans les 90's, Smell Like Teen Spirit, de Nirvana, puis tout le Grunge à sa suite, envahissent les ondes. Page et Plant se retrouvent au Maroc pour enregistrer l'album No Quarter. Guns'N Roses produit Use Your Illusion. Et toi, que faisais-tu à l'époque ?
Jean-Lou K :
J'allais voir Page/Plant et les Guns, par exemple. Je commençais aussi a enregistrer des trucs. Les morceaux du premier album solo de Fabienne.
J'ai eu un fils en 95, Marlon. Son grand père était Freddy Hausser.

 

Après l'an 2000, tu reprends du service avec Shakin' Street, pour deux albums Live et un studio. Aujourd'hui, te voici de retour avec AC22. Comment est né ce projet et que signifie ce nom ?
Jean-Lou K :
AC22 se prononce "Assez de deux". Moi et Vitha ou Flora, sommes assez de deux pour faire une chanson. Voila !
AC22 est né en 1999 et, a l'époque, je bossais avec des samplers de voix, entre autres. J'ai eu un mini-hit avec un morceau. J'ai fait un album qui n'est jamais sorti, et c'est tant mieux ! Il n’était pas très bon .

Début 2018 paraît le premier album d'AC22, The Trianon Sessions. Quelques invités prestigieux t'accompagnent, tels Fred Guillemet et Georges Bodossian. Tu confies le micro en alternance à Flora Roland et
Vitha Sai. Comment as-tu connu ces deux chanteurs aux registres très différents ?
Jean-Lou K :
Fred, c'est un génie ! Il est parti vivre dans le Sud. Il me manque ! Georges, je le croisais souvent. Il a accepté de jouer sur trois morceaux du premier album. Super boulot !
Vitha, je l'ai rencontré au Trianon Hall, un studio de répétition/enregistrement pas loin de chez moi. Il répétait avec son groupe "The Exist", et moi j'enregistrais le dernier album de Shakin' Street. On a vite sympathisé, et aujourd'hui nous sommes les meilleurs amis du monde. Il a une voix unique, et surtout il n'a peur de rien ! On se marre bien tous les deux quand on enregistre...
Flora a répondu a une annonce sur le net, puis elle est passée au studio après avoir écouté une démo. Elle a chanté "My Loss" sur le premier album. Elle a une voix fantastique ! C'est sur le troisième album qu'elle se lâche, finalement.
 
Ac22 trianon
AC22, The Trianon Sessions, (2018).

2018 toujours, tu sors "12 songs inspired by the love of Isabelle De La Chaynée plus 3 other tales". Qui est cette fameuse Isabelle, et n'était-il pas plus simple de l'inviter au restaurant pour lui faire ta déclaration ?
Jean-Lou K :
Ce serait plus simple, oui. Isabelle est plutôt discrète, et je vais essayer de respecter ça.
Un jour, il y a six ans je crois, en me baladant sur Facebook, je vois une photo . Une brune tellement belle ! Je te passe les détails...
En 2018, je pensais toujours a elle, et je lui ai écrit un morceau, "Isabelle", puis je le lui ai envoyé... Depuis, on ne se "quitte" plus !
Depuis Juin 2018, j'ai sorti deux albums. Isabelle, c'est ma muse et mon amour. Sans elle, pas d'inspiration, en tout cas pas de quoi faire deux albums ! Les textes en disent beaucoup sur elle.

 

 

"12 Songs..." m'a fait fortement penser à Led Zeppelin. La voix de Vitha Sai n'y est pas pour rien, et on a l'impression que tu t'amuses avec cette ressemblance sur le titre "Sweet Isabella"...
Jean-Lou K :
"Sweet Isabella" c'est un hommage a Zeppelin, bien sûr. Ça a été très amusant a enregistrer. Perso, je ne trouve pas que la voix de Vitha ressemble a celle de Plant, mais chacun a un avis différent au sujet de Vitha, et c'est plutôt bien.

 

"Chocolate, Love and Vodka" (2019), troisième opus d'AC22, se fait parfois plus jazz/soul (Meet Me At The River) mais sait aussi revenir en force dans un registre Rock et acéré (Stay With Me). Le fait de disposer de deux chanteurs aussi différents est-il un atout pour le compositeur que tu es ?
Jean-Lou K :
Oui, bien sûr. Ils peuvent tout chanter, donc je peux faire du Funk comme dans "I Want To Touch You", de la Soul avec "Meet Me At The River", et du Rock, évidemment. Sans eux, pas d'AC22.

Qui t'accompagne aujourd'hui sur AC22, et qui fait quoi sur le projet ?
Jean-Lou K :
Je fais tout sauf le chant. Je compose , j’écris les textes , j'enregistre et je mixe. Je bosse trop vite pour des invités maintenant ! Le temps qu'ils enregistrent leur pistes, je suis passé a l'album suivant !

 

Des projets dans les mois à venir ? J'ai cru comprendre qu'un nouvel album est en préparation ?
Jean-Lou K :
Je viens de quitter la région parisienne pour Saint Nazaire. Du coup, je ne vois plus Vitha et Flora.
Vitha va sortir son premier album, alors je vais faire un album solo. Solo dans le sens où je vais chanter pour la première fois sur un disque. Ça devrait s'appeler "AC21", ou "Jean-Lou K", et le titre "Amused". Mais ça peut changer...
Un jeu de mot avec le mot "muse", puisqu’Isabelle reste le sujet unique des textes. Grâce a elle, j'ai surmonté ma timidité.
J'ai également commencé un album avec un chanteur en 2018 : Clint Slate. C'est très Metal, façon Alice In Chains. Je voudrais bien le finir...
En fait, j'enregistre tout le temps ! Je voudrais faire un quatrième album avec Vitha. Flora a quitté AC22 pour des raisons personnelles. Je cherche des gens a produire mais je ne trouve personne d’intéressant pour l'instant...

 

Merci, Jean-Lou K, d'avoir accepté de répondre à mes questions.
Jean-Lou K :
Merci a toi.
 
ac22AC22, 12 songs inspired by the love of Isabelle de la Chaynée plus 3 other tales (2018).
Retrouvez AC22 sur Facebook (et n’oubliez pas de liker sa page) :
https://www.facebook.com/ACdedeux/
Et sur Bandcamp :

https://ac22.bandcamp.com
 

 

LA PIETA - Moyenne ?

LA PIETA - Moyenne ?

Le 25/03/2019

« Un projet artistique ce n’est pas une autobiographie permanente. »


Qui est La Pietà ? Quelqu’un comme vous, comme moi ? La moyenne, au motif que chacun se retrouve à un moment donné dans les paroles de ses chansons ? Mon oeil ! Sa musique n’était pas à priori dans la zone de confort de notre fanzine, mais qu’importe : cette lumière inhabituelle était irrésistible, il fallait qu’on la voie de plus près. Voici une interview de La Pietà.


Bonjour La Pietà. C'est Courtney Love qui vous a donné l'envie de faire de la musique ?
La Pietà :
Entre autres, oui. J’écrivais depuis gamine. Mon frère a commencé a écouter du Rock, et s’est acheté une guitare. il écoutait notamment Nirvana. Le décès de Cobain en 1994 m’a fait un choc, j’étais gamine, mais j’ai voulu comprendre pourquoi les cris de ce mec me touchaient autant. Et je me suis mise à avoir envie de faire, moi aussi, des cris. Mais je ne me sentais pas légitime. Je chantais mal, j’étais une fille, j’étais grosse et moche. Une Courtney love, avec ses discours battants, m’a donné la force de le faire. Elle m’a donné envie de prendre une guitare, et de faire de ma douleur quelque chose.

Votre mère était prof de lettres et vous avez lu dès l'enfance. Quels émois littéraires vous ont donné le goût de l'écriture ?
La Pietà :
C’est vrai, mes deux parents lisaient beaucoup, mais ça m’a plutôt dégoûtée de la littérature à une époque, parce que, comme tous les enfants, j’avais besoin de me rebeller et de me sentir en opposition avec ce qu’on m’avait proposé toute mon enfance. Je me suis remise à lire plutôt adulte, du coup. J’ai adoré Françoise Sagan. Avant de s’appeler La Pietà, ce projet s’est appelé « Bonjour Tristesse » pendant quelques mois. J’aime beaucoup Virginie Despentes, Bukowski, Olivier Adam...
 
La Pietà, pour le public, c'est vous . Pourtant vous l'avez définie comme un “laboratoire créatif personnel”, un “projet pluridisciplinaire”, et vous employez souvent pour en parler la troisième personne du singulier. C'était important de mettre La Pietà à distance ?
La Pietà :
Oui, c’est important de mettre une distance. Non, La Pietà ce n’est pas moi. C’est une partie de moi. C’est un projet artistique. Ce n’est pas une personne, c’est une de mes facettes, mais c’est loin d’être toute ma personnalité. C’est malsain de confondre les artistes et leurs projets, de confondre l’humain et l’artistique, de confondre une image et une personne, des mots et un cœur. Je ne mens pas dans ce que je fais, je suis sincère, toujours, mais un projet artistique ce n’est pas une autobiographie permanente. J’ai envie et le droit de faire mourir La Pietà si j’ai envie de passer à autre chose. J’ai envie et le droit d’exprimer d’autres choses dans ma vie que ce projet là, ou de le faire évoluer. Je suis La Pietà, mais La Pietà n’est pas moi. C’est aussi pour cela que j’ai commencé tout ce projet de manière complètement anonyme, sans que l’on voit mon visage. Je ne voulais pas qu’on confonde le narrateur et l’auteur.
 
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La Pietà par Christophe Beaussart.
Des sacs, des préservatifs, des clés USB avec vos clips dessus, des calepins, des mouchoirs... Votre merchandising démontre que La Pietà est plus qu'un simple projet musical et que des gens s'identifient à votre univers. Je crois que La Piétà est l'exutoire des gens normaux, et que “La Moyenne” est leur manifeste. Mais pour vous qui le connaissez, qui est votre public ?
La Pietà :
Il n’y a pas « MON » public. Il y a des gens. Je n’ai jamais aimé les généralités, je ne vais pas commencer ici. Il y a tout un tas de gens différents. Tout simplement. La plupart des gens qui écoutent ou aiment La Pietà à un moment donné ont pu être touché par mes mots, souvent parce qu’ils ont eu l’impression que ces mots leur ressemblaient, parce que ça exprimait aussi une partie d’eux, une souffrance vécue à un moment donné, une envie d’y survivre pourtant, le mal être parfois, la sensibilité souvent. Ce qui est sûr, c’est que la plupart de ces gens sont profondément humains, touchés, touchants, engagés dans leur vie de tous les jours pour faire de ce monde un bel endroit, des gens qui se battent au quotidien, des profs, des infirmiers, des artistes, des humanistes, des artisans, des gens qui pleurent, des gens qui rient, des gens qui aiment.
 
 “Être artiste, c'est interroger le monde."


“La hargne” est-elle un élément constitutif de La Pietà, ou rien n'est fixé ?

La Pietà : La hargne, la rage, la colère, font partie de ce projet, comme elles font partie de la vie. Comme la violence, mais aussi comme l’amour, la tendresse, l’envie.

Pour éviter que La Pietà ne devienne votre cage, vous avez choisi récemment de tomber les masques, que vous portiez y compris lors des interviews. La liberté passe-t-elle par une remise en question permanente ?
La Pietà :
Oui, parce que peut être que les prisons que l’on rencontre, souvent, on se les fabrique soi-même. On a la chance d’avoir un libre arbitre et une certaine liberté, autant en jouir. Il faut comprendre qu’il y a un vrai paradoxe qui rend les musiciens schizophrènes : être artiste, c’est interroger le monde, s’interroger soi-même, questionner, déranger, changer, faire violence. Et pourtant, faire de la musique, à l’heure actuelle, c’est aussi un métier, dans une « industrie du disque » où, pour vendre, il faut au contraire calibrer, divertir, aller dans le consensus, créer une « marque », choisir sa cible, se vendre. Alors que fait-on ? J’ai choisi d’être libre avec ce projet, parce que, quand j’ai commencé à le faire, je n’envisageais pas de réussir quoi que ce soit avec, et sûrement pas d’en vivre ! Pourtant, ça a plu, et j’ai commencé à en vivre... Mais je ne veux pas pour autant oublier d’où vient La Pietà. Donc oui, je questionnerai en permanence ce projet, et j’essaierai de continuer à m’autoriser à aller là où je veux, là où il me semble intéressant de dire ou faire quelque chose, avec un objectif artistique, et non de rentabilité. Je n’avais pas envie de tourner en rond dans une case que je me serais créée. La Pietà ne sera jamais là où on l’attend, ce serait trop facile.

 

      "Les mots avant tout."

 

La Pietà, les mots, vous les collez partout : sur votre corps, sur votre visage... Sont-ils un également un masque ou une manière de crier que vous avez des choses à dire ?
La Pietà :
C’est plutôt une manière de mettre en image l’identité de ce projet, les mots avant tout. Les masques avaient pour but de démystifier l’apparence, l’image dans la musique, une manière de dire : “Ecoutez ce que je dis, avant de regarder si je suis bonne ou pas !” Une espèce de pied de nez à notre époque hyper-conceptualisée autour de l’image, du corps, de la perfection, de la réussite. J’ai retiré les masques pour ne pas m’enfermer au contraire dans ce concept-là. J’ai continué à foutre des mots sur ma peau, comme j’en mets sur des dessins depuis toujours. Mais peut-être que ça non plus, ça ne durera pas...

 

Avec "La Fille la Moins Féministe de la Terre", vous invitiez les gens à vous envoyer des vidéos d'eux-mêmes, masqués puis démasqués, avec un panneau disant "Je veux avoir le droit de..." On retrouve ces vidéos montées dans votre clip. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience et de tous ces messages que vous avez reçus ?
La Pietà :
Oui, c’était un beau projet, que je voulais participatif. C’était bien de faire ça avec des fans, des amis, et même l’homme qui partageait ma vie à l’époque. Ça restera gravé. J’aime que ces gens soient une partie de La Pietà aussi.
 

 

Quel artiste, tous arts ou périodes confondues, aimeriez-vous ou auriez-vous aimé rencontrer ?
La Pietà :
Je ne sais pas. L’expérience m’a plutôt montrée qu’il vaut mieux garder une distance avec les artistes qu’on aime. Pas besoin de les rencontrer pour les écouter et les aimer. Ça revient à la réponse plus haut sur la différence entre une personne et ce qu’elle fait. On peut adorer ses œuvres et ne pas aimer la personne. C’est d’ailleurs souvent le cas. Alors, évidemment, j’aurais aimé partager une scène avec un Cobain, un Cantat, un Ferré, un Brel, une PJ Harvey, et bien d’autres...

 

Vous venez de terminer votre roman, commencé voici quatre ans. Il est l'origine du projet La Pietà. Avez-vous envie de nous en dire plus sur ce livre, ou faudra-t-il attendre sa sortie ?
La Pietà :
En fait, c’est le journal de La Pietà. C’est le livre que j’ai commencé il y a quatre ans et que j’ai eu envie de mettre en musique. C’est ainsi qu’est né le projet. Du coup, chaque texte de La Pietà est tiré de ce livre. C’est un mélange de journal autobiographique et romancé, de chroniques sur la vie en général ; notre monde, mon monde, le monde de la musique tel que je l’ai vécu depuis vingt ans maintenant, de mon enfance chaotique à mon rêve de Rockstar, de ma signature en major à ma descente aux enfers, de la drogue à la scène, l’amour, la dépression, et le combat continuel pour se dire que « du chaos naissent les étoiles »… Voilà ce que j’ai voulu faire avec La Pietà. Créer de la lumière à partir de ma nuit noire.
 
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               La Pietà par Brice Bourgois

 

     "Mon seul et unique critère : 
Faire tout cela dans le plaisir."
 
Vous avez déjà un long parcours musical. Avec La Pietà, avez-vous enfin rencontré le public dont vous aviez envie ?
La Pietà :
Je n’ai pas envie d’un public en particulier. J’ai envie de toucher des gens. De leur apporter un sourire, une larme, un truc qui fait se sentir vivant, comme d’autres artistes l’ont fait pour moi. Je suis heureuse de tous les regards que j’ai eus dans ma carrière, de chaque fan, chaque rencontre, chaque voix qui chantent mes paroles, chaque bout d’humanité, dans chaque café concert, chaque fête du village, chaque scène, chaque endroit où j’ai dit ou chanté un texte.

 

 


Votre manque de superficialité est-il un frein pour les radios et les télévisions commerciales aseptisées qui ne doivent délivrer aux spectateurs que des messages de bonheur entre deux spots de pub ? En résumé, La Pietà est-elle un poil à gratter dans une société dystopique ?
La Pietà :
Je suis pas sûre de manquer de superficialité en fait ! Je manque sûrement de filtres par contre. Mais je suis arrivée à l’âge où je m’en fous. Où je trouve la vie plus belle en vrai que derrière les filtres Instagram. Où je préfère la terrasse d’un café qu’un débat sur Facebook. Et où je jouis d’écrire des chansons avec des collégiens, plus que de rêver de remplir des Zéniths. Préférer kiffer mes concerts dans tous les bleds génialissimes de France, que d’aller raconter de la merde sur une actualité de merde dans des émissions à la TV. Peut être que rien que cela, c’est être un poil à gratter.
 
Vous qui êtes la fille la moins féministe de la terre, un mot sur la place des femmes dans la musique ?
La Pietà :
On a la place qu’on se donne. A nous de la prendre, la place. On n’est pas des femmes ou des hommes, on est juste des êtres humains. J’ai pas envie de devoir mettre en avant des femmes juste parce que ce sont des femmes. Qu’elles soient traités à égalité, pour talent et travail égal, point.

 

Votre premier album aura douze titres. Quand sera-t-il disponible ?
La Pietà :
On est en train de l’enregistrer, il devrait sortir début 2020, en même temps que le roman. Mais avant ça, on sortira des singles, des clips, et on continue pour l’instant de défendre le précédent EP sur les routes avec une tournée tout le printemps.

 

Cet album marque vos premières collaborations avec d'autres personnes pour les compositions ?
La Pietà :
Oui, je travaille avec Anthony Bellevrat, un de mes meilleurs amis, avec qui je co-compose tout l’album. C’est un fabuleux pianiste, un super guitariste, et un super humain. Je l’aime, et je suis très heureuse de faire cet album avec lui. C’est essentiel dans ce projet, le plaisir, la joie, l’amour. C’est mon seul et unique critère : faire tout cela dans le plaisir.
 
Que fait La Pietà dans les mois à venir ?
La Pietà :
Programme chargé à vrai dire. D’abord la tournée de printemps pour continuer à présenter l’EP sorti en novembre dernier, « Chapitres 5&6 ». En parallèle, j’enregistre donc l’album. A côté de ça, on va commencer des résidences pour transposer les nouveaux titres en live et préparer le spectacle qui se fera avec l’album, et où il y aura plus de show : lights, décors, un peu de vidéos. Et puis je prépare également la sortie du premier roman... Nous allons aussi faire des projets d’action culturelle : des ateliers d’écriture et de traduction en langue des signes en avril et mai sur Montpellier, des ateliers dans un collège à Nîmes. Et puis je commence à réfléchir, doucement mais sûrement, à mon prochain projet : un spectacle pour enfant.

 

Merci La Pietà d'avoir bien voulu répondre à nos questions.
La Pietà :
Merci à vous, et rendez-vous dans les concerts, c’est là où ça se passe vraiment !
 
 
              

Nous remercions :

. Christophe Beaussart pour sa photographie en couleurs de La Pietà
(http://scenesdunord.fr/recherche/_index.php#.XLGmx9jgooA)


. Brice BOURGOIS pour sa photographie en noir et blanc de La Pietà
(
https://www.facebook.com/PhotographerLivePictureUnderground/)

 

 

THE SOAPGIRLS - L'interview Underground

THE SOAPGIRLS - L'interview Underground

Le 17/02/2019

« Nous étions signées sur une major dès notre plus jeune âge. C'était comme voler avec des ailes de plomb. »


Interview réalisée par Vanessa et Ahasverus pour https://www.lalegionunderground.com - Mis en ligne le 14/02/2019.

Avant la sortie du nouvel album (dont le titre de travail était Chain) et en attendant que le Girl Next Door Tour ne frappe la France, voici une interview de The SoapGirls, le groupe de Shock-Rock sud-africain.
Les soeurs Debray nous racontent  leur parcours, parlent de leurs convictions, de leur actualité et de la future tournée.
Il se passe toujours quelque chose avec The SoapGirls, alors bonne lecture...

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The SoapGirls par Denis Charmot lors du Stinks Like Punk Tour 2018.

Bonjour The SoapGirls. Tout d'abord pourriez-vous présenter votre groupe pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Bonjour à tous, nous sommes  The SoapGirls, Camille (basse) et Noemie (guitare). Nous sommes deux sœurs nées à Paris et nous avons grandi en Afrique du Sud. A l'âge de huit ou neuf ans, nous avons commencé à nous produire dans la rue, d'abord en vendant des savons pour récolter des fonds pour des enfants hospitalisés, ou pour d'autres causes en Afrique du Sud. Nous avons commencé la musique  de manière professionnelle quand nous avons atteint douze ou treize ans. C'était une longue route, un peu folle, mais nous aimons ce que nous faisons. Nous sommes des artistes indépendantes, et nous ne donnons aucune limite à notre liberté d'expression. 

L'attitude semble chez vous aussi importante que la musique. Avez-vous des idéaux que vous défendez au quotidien ?
Notre attitude se reflète dans notre musique, et au travers de chaque chose que nous faisons et que nous défendons.
Ce n’est pas facile, dans cette société hypocrite qui raconte aux gens qu’ils sont libres mais qui met en place toutes les limites pour stopper cette même liberté.  Nous pensons qu'il est important - et peu importe ce que les autres en disent - de rester fidèle à ce en quoi l'on croit et de dénoncer les injustices et la censure.  
Nous venons d'Afrique du Sud, un pays très conservateur, où des femmes se font violer chaque jour. Nous entendons parfois à ce propos des réflexions stupides de personnes qui prétendent que c'est la manière dont s'habillent ces femmes qui est le déclencheur de leur agression. Nous aimons nous confronter aux gens et les sensibiliser à ce sujet, quitte à récolter beaucoup d'emmerdes et à être jugées rien que pour la manière dont nous nous habillons.


Vous sentez-vous féministes ? Quelle en est pour vous la définition et quelle femme incarne le mieux ce mouvement ?
Nos opinions sont partagées en ce qui concerne le mot "féministe". Il représente l’égalité des sexes, mais il semble réservé uniquement aux personnes qui s’habillent et voient les choses d’une certaine manière. Certaines personnes se trompent sur la signification de ce mot, et croient qu'il est un permis qui leur donnerait une légitimité pour attaquer une autre femme sur ses choix. Les hommes semblent ne pas comprendre que le féminisme a été créé afin que nous puissions tous disposer d'un droit égal de vivre sans crainte et d'être comme nous l'entendons. Donc, pour répondre à votre question, nous croyons en l’égalité de tous.
Camille : Me concernant, Madonna personnifie mon idée du féminisme. Elle est forte, elle n'a peur de rien, et elle ose sans jamais remettre en question sa féminité. 
Noemie : Pour moi, toute personne de sexe masculin ou féminin qui s'est battu pour ses convictions dans la lutte pour l’égalité est l’épitome  d’un "féministe". Il semble qu'il y ait une idée confuse - et j'y vois une manœuvre politique - à propos de ce que doit être une féministe, de la manière dont elle doit agir, vivre, s’habiller ou se comporter. Tout ceci ne correspond absolument pas au féminisme.


Après une tournée européenne de près de cent-trente dates, vous êtes rentrées en Afrique du Sud voici environ deux mois. Vacances ou travail ?
Travail ! On adore ce qu'on fait, et on n'arrête jamais d'écrire, de composer, ou de bricoler des vidéos. Nous sommes toujours sur la route, alors nous aimons aussi profiter de la plage et du soleil quand on n'est plus en tournée. 

Vous préparez actuellement le futur album. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce sera notre troisième album en tant que musiciennes indépendantes. Nous sommes très enthousiastes et nous venons juste de terminer son écriture.  Nous l'enregistrerons bientôt puis nous partirons en tournée à partir d'avril avec quinze nouvelles chansons. Chaque album est différent, et celui-ci le sera également car notre son est en constante évolution. Nous avons hâte de délivrer nos titres en live. 

"One Way Street", le nouveau single de The SoapGirls, sera sur leur prochain album.

Vous signez vos chansons  "Camille Debray/ Noemie Debray" ou "The SoapGirls". Concrètement, comment se passe le processus de composition ?
Chaque chanson est écrite par nous deux, donc signée en tant que The SoapGirls. Quand  nous écrivons un morceau, c’est un équilibre. Parfois un refrain vient en premier, parfois un couplet. Nous écrivons toujours à propos de la vie telle que nous la vivons. Chacune de nous apporte un élément différent et une nouvelle dimension aux compositions, et chaque titre que nous écrivons et composons surgit à partir d'une histoire ou d'une expérience personnelle.  

Quelle est la part de votre activité artistique que vous préférez ?
Nous aimons toutes les deux aller en studio, enregistrer et donner vie aux chansons qui ont jailli durant la phase de composition, mais rien n'est comparable à l’énergie et à la satisfaction de  voir un public réagir et se bouger sur la musique et la performance.
Rencontrer nos fans, c'est un véritable privilège pour nous. Nous aimons voir comment la musique peut rassembler les gens, quels que soient leur âge, leur origine ou leurs croyances. 


En 2011, The SoapGirls était un duo de Pop Music qui vendait très bien. En 2015, vous renversez les tables et commettez "Calls For Rebellion", avec son virage revolt rock, que vous confirmerez en 2017 avec l'album suivant, "Society's Reject". Vous n'avez pas choisi la voie de la facilité ! Que s'est-il passé ?
Nous étions signées sur une major dès notre plus jeune âge. Quand on regarde en arrière, on peut être fières de la réussite, mais nous étions bridées dans notre créativité et, même si la route peut sembler plus facile, elle ne l'était pas à bien des égards. C'était comme voler avec des ailes de plomb. Le label ne souhaitait nous voir que d'une seule manière, et c'était une lutte permanente entre ce qu'ils voulaient qu'on fasse et ce qui nous correspondait vraiment. Finalement, après des années de combat pour nous libérer du contrat qui nous liait à eux, on leur a dit d'aller se faire foutre. Peu de temps après, tout ce que nous avions nous a été volé, tout, y compris nos guitares. On n'avait plus rien, sauf qu'on était maintenant devenues indépendantes. Alors on a monté un plan pour partir à New-York afin d'enregistrer les chansons que nous avions envie de faire.
Malheureusement, des gens cupides avaient les mêmes idées que le label, et bien qu’ils nous aient proposé une énorme somme d’argent pour un contrat, nous ne voulions plus perdre notre liberté artistique. Ils ont pris nos chansons et les ont transformées en quelque chose de complètement différent de ce que nous avions enregistré, et nous ne nous reconnaissions pas dans ce que nous entendions. Alors on a quitté New-York. A partir de là, on a bossé très dur, économisé, tout donné pour notre musique, et on a enregistré "Calls For Rebellion". Puis on est parties en Angleterre et on a embarqué pour notre première tournée internationale. Le soutien des fans a été fantastique, et on leur en est grandement reconnaissantes. 


Quels sont vos souvenirs scéniques les plus marquants ?
Noemie : L'un des moments les plus drôles que j'ai connus sur scène : je portais un body tout blanc, je jouais, je chantais, je m'éclatais, quand j'ai senti un liquide chaud qui coulait le long de mes cuisses. Je me souviens que le public en face de moi paraissait surpris et choqué. J'ai regardé en bas et j'ai vu du rouge partout. J'avais mes règles, mais certaines personnes dans le public ont cru qu'il s'agissait d'un effet de scène, avec du faux sang. Alors elles prenaient ce sang pour s'en faire comme des peintures de guerre sur le visage... Je n'ai pas eu le cœur à leur dire que c'était vraiment du sang !
Camille : Au cours d'un show au Pays de Galles, une vieille femme de quatre-vingt ans est montée sur scène pour la chanson "Bad Bitch". Elle a enlevé son soutien-gorge et elle a commencé à le faire tourner en l'air. C'était épique de voir quelqu'un d'aussi libre manifester autant de plaisir durant notre show ! 

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The SoapGirls - Calls For Rebellion (2015)

Camille, quel est le plus gros défaut de Noémie ?
Le plus gros défaut de Noemie est qu'elle peut se montrer très impatiente et s'énerver quand tout n'es pas parfait. 

Noémie, quel est le plus gros défaut de Camille ?
Elle peut être trop sensible parfois, et prendre les choses trop à cœur. Elle est aussi très dure au travail, où elle peut se montrer autoritaire.  

La tournée 2019 démarrera dans quelques mois.  Elle passera par les USA et l'Europe, selon mes informations. Avez-vous des précisions quant aux dates françaises ?
The Girl Next Door Tour inclura également les USA pour la première fois.
Nous sommes toujours en phase de réservation des salles, nous n’avons donc pas encore toutes les dates, mais nous avons hâte d’être de retour en France !


Le batteur Sam Ogden, qui vous accompagnait sur le Stinks Like Punk Tour, sera-t-il présent sur la nouvelle tournée ?
Non, on l'a tué lors de la dernière tournée. On plaisante !  Bien sûr, il sera là.

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The SoapGirls avec Sam Ogden sur le Stinks Like Punk Tour 2019. Photo Luca Viola.

       

Crédits photograhiques :
La photo de The SoapGirls est de Denis Charmot https://www.facebook.com/DenisCharmotPhotos/.)

La photo de The SoapGirls avec Sam Ogden est de Luca Viola.

Liker la page Facebook de The SoapGirls, c'est ici :
https://www.facebook.com/thesoapgirls/

Visiter leur site, c'est là :
https://thesoapgirls.com/

Ecouter leurs albums, c'est là :
https://thesoapgirls.bandcamp.com/

 

THE SOAPGIRLS - La première interview française

Le 08/01/2019

« Nous devrions toujours essayer d'incarner le changement que nous voulons voir dans le monde. » (Noemie Debray)

Si vous résumez Camille et Noemie Debray à leur plastique et à leurs tenues provocantes, alors vous êtes sourd et vous n’avez rien compris. Parfois le Rock est un cri, et quand elles hurlent, les soeurs Debray, c’est bien pour qu’on écoute ce qu’elles ont à dire. Voici la toute première interview française des ces étonnantes Sud-Africaines nées à Paris. Please welcome back The SoapGirls ! (interview réalisée le 25/09/2018)

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The SoapGirls par le photographe Denis Charmot 

Bonjour The SoapGirls. Quel est le premier album que vous avez acheté ?
Camille : Mylene Farmer, “L'Autre”.
Noemie : La bande originale du film “Wedding Singer : Demain, on se marie !”

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de devenir musiciennes et de jouer ensemble ?
Camille : Nous avons grandi ensemble et nous faisions tout ensemble. La musique a toujours occupé une place importante dans nos vies. C’était naturel pour nous d’avoir les mêmes centres d’intérêts, et le jour où nous avons entendu pour la première fois Steve Stevens jouer la chanson “White Wedding”, nous avons su que nous voulions faire de la guitare !
Noemie : Oui, et quand on regardait VH1 (NDLR : une chaîne de TV américaine diffusant des vidéoclips à destination d’un public plus âgé que MTV), on voulait devenir des Rock Stars, comme les artistes qu’on voyait à l’écran !

Vous êtes nées à Paris. Pourquoi avez vous quitté la France pour l’Afrique du Sud ?
Camille : Nous avons fui une situation très difficile. Notre mère a vécu une relation violente. Elle s’était mariée très tôt. Elle a rencontré notre père lors de son adolescence, alors qu’il était en vacances en Afrique du Sud, et ils se sont mariés quatre jours plus tard. Elle était très jeune, naïve et vulnérable. Nous avons de très bons souvenirs de notre enfance, mais également des souvenirs traumatisants et violents... Un jour, notre mère s’est enfuie en nous emmenant très loin de ce pays, et elle a rompu tout contact avec notre famille en France. Elle a pris un énorme risque, et nous sommes partis avec seulement les vêtements qu’on avait sur le dos... Mon souvenir de cette période est vraiment vif, et je ne puis oublier cette expérience, même si j’étais gamine ! Quand nous sommes revenues en France, pour la première fois après environ dix-sept ans, j’étais effrayée, et je pense que si nous avons différé ce retour si longtemps, c’est parce que nous avions peur d’être submergées par ces souvenirs. Nous avons essayé de contacter des membres de notre famille à Paris, mais nous n’avons pas réussi à les retrouver. Alors on a décidé de rouler vers le Sud de la France, jusqu’à un village où on avait grandi. Par pure coïncidence, notre grand-mère et nos tantes s’y trouvaient. Ça semblait irréel, c’était très émouvant de retrouver cette famille que nous n’avions pas vue depuis des années. Les souvenirs revenaient... C’était vraiment spécial... Gênant aussi parfois... Mais nous sommes soulagées de l’avoir fait ! Revoir notre grand-mère, c’était très émouvant. Cette partie de nos vies reste une sombre et déplaisante histoire à raconter. Notre mère n'avait alors pas d'autre choix que de fuir pour nous mettre en sécurité !

 
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Camille Debray par Denis Charmot

Êtes-vous retournées voir les lieux où vous aviez grandi ?
Camille : Nous avons donc essayé en vain de retrouver notre famille à Paris . Alors un jour, nous avons pris la voiture et roulé quatorze heures à travers la France, jusqu’au village où la petite fille que j’étais avait appris à marcher et commencé l’école. Arrivées dans ce village, mon cœur s’est arrêté, et j’ai commencé à pleurer. On retrouvait la maison de notre enfance. Même les odeurs ravivaient des souvenirs. Ça semblait tellement irréel d’être à nouveau dans ce jardin où l’on jouait étant gosses, de retrouver des parfums qu’on sentait étant petites... On a appelé notre oncle, que nous n’avions pas vu depuis que nous avions quitté la France. Difficile de décrire ces retrouvailles avec des mots... Nous l'avons accompagné jusqu'à la Bastide où nous avons eu la joie de retrouver notre grand-mère, qui était descendue de Paris pour les vacances. Ils étaient surpris de nous voir surgir ainsi du passé, mais nous pensons qu’ils étaient heureux. J’ai retrouvé avec bonheur les bras de ma grand-mère. Nous avons même fini par lui donner un petit concert privé, même si nous pensions peu probable qu'elle ait déjà entendu ce genre de musique !
Noemie : C’est absolument vrai lorsqu’on dit que vous respirez plus facilement quand vous retournez à l'endroit d'où vous venez... C’était un peu éprouvant de voir des membres de notre famille que nous n'avions pas vus depuis des années, et j’ai été très émue pendant des semaines. Nous avions l'impression d'êtres rentrées à la maison, en France... Même aujourd’hui, quand je réponds à ta question, c’est presque difficile... Je me sens encore dépassée par mes émotions.

Quelle partie de votre activité artistique préférez vous ?
Camille : Ecrire et jouer Live ! C'est incroyable de voir la réponse du public à quelque chose qui sort de votre âme. Peu importe la barrière de la langue, le public comprend ! La musique est vraiment un langage universel.
Noemie : Rencontrer et jouer pour des gens de toutes les régions du monde, écouter les gens et voir le bonheur et la liberté que la musique leur donne. C’est très touchant et inspirant. Nos fans sont les meilleurs, ils sont comme notre famille.

La première fois que j’ai entendu votre chanson "Johnny Rotten", je croyais que c’était à propos de John Joseph Lydon, le chanteur du groupe Punk "Sex Pistols". J’ai compris mon erreur en écoutant plus attentivement les paroles. De quoi parle-t-elle en fait ?
Camille : Nous sommes d'énormes fans de John Lydon, mais non, cette chanson ne parle pas de lui ! Nous l'avons écrite à propos d’un garçon, en Afrique du Sud, Henri Van Breda, qui décimé toute sa famille. La chanson est écrite du seul point de vue de sa sœur. Nous avons été choquées par cette affaire, et nous nous en sommes inspirées.

 

« Dans une société où les gens sont déjà réduits au silence et à l’esclavage sans s’en rendre compte, le fait de les déranger est un moyen de se faire entendre. » (Camille Debray)

Quels sujets aimez-vous aborder dans vos chansons ?
Camille : Tout ce qui se passe dans le monde affecte notre écriture : la politique, la guerre, la maltraitance des animaux, l'injustice, la censure et les expériences personnelles... Tout ce que nous vivons s’exprime à travers notre musique. Nous voyons trop d'injustices dans le monde et cela nous donne beaucoup de sujets. Notre musique, c’est notre moyen d’expression, notre voix, notre manière de protester. Chaque mot que nous écrivons porte notre reflet.
Noemie : Nos chansons sont la bande-son de tout ce que nous sommes en tant que personnes et de ce que nous représentons. Nous avons un message fort dans chacune de nos chansons, notre musique est vraiment très personnelle. Nous avons composé “Bloody” à propos du gouvernement d’Afrique du Sud et de sa politique meurtrière qui lui tâche les mains d’un sang que même l'acétone ne peut pas laver ! (NDLR : “Digging graves and sitting upon golden thrones / Wash your hands the taint comes off with acetone” ; trad. :Creuser des tombes et vous asseoir sur des trônes dorés / Lavez-vous les mains avec de l'acétone” - extrait du titre Bloody sur l’Album Calls Of Rebellion, 2015) . “Bury Me” a été écrite pour un ami qui a tiré sa révérence après un cancer. Il craignait qu’un jour on puisse l’oublier... Camille a écrit “Break you” à propos d’un homme marié qui me poursuivait de ses assiduités. Et elle était furieuse !

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Noemie Debray par Denis Charmot

Quels retours avez-vous sur votre Revolt-Rock en Afrique du Sud ?
Camille: L’Afrique du Sud est un pays extrêmement conservateur. Il n’y existe pas de musique comme la notre et les gens qui se lèvent et parlent des politiciens n’y sont pas les bienvenus. Bien sûr il y a des gens qui téléchargent notre musique, et qui veulent nous voir jouer là bas, mais il est difficile pour nous ne serait-ce que d’y enregistrer.
Noemie : Ouais, l’Afrique du Sud a encore beaucoup de chemin à faire en termes de droits artistiques et de liberté, notamment pour les femmes. Nous sommes particulièrement stigmatisées car nous dénonçons très fortement le président et les politiciens , et nous encourageons les gens à se lever et à protester. Nous ne croyons pas du tout au “PC”, le politiquement correct, que nous concevons comme une forme de contrôle par le gouvernement. Heureusement, grâce à la technologie et à l’accès à l’information, les gens ne sont plus obligés de suivre aveuglément une religion.

Votre look provocateur est-il un moyen de capter l’attention en vue de délivrer un message ?
Camille : Définitivement, j'adore bousculer la perception des gens. Ils assimilent le vêtement à la morale et au corps, et ils réservent le corps des femmes en particulier presque exclusivement au sexe et à la pornographie. Le fait d'être presque nue mais non “sexuelle” bouscule leurs idées sur la manière dont une femme doit s’habiller. Bien sûr, à la première minute du spectacle, c'est un choc. Mais après, les gens se rendent compte qu'en fin de compte la peau peut être un espace de liberté. La manière dont je choisis de m’habiller est ma plus grande liberté ! Je veux apprendre aux gens à ne pas juger sur les apparences. Nos tenues suscitent beaucoup de commentaires d’ignorants, des gens qui voient nos photos mais qui ne sont jamais venus à nos concerts. C’est presque comique comme ils deviennent idiots dans leur précipitation à juger... Nous sommes pures, mais par nos vêtements, nous sommes jugées...
Noemie : Moi je dirais oui et non... Nous ne nous habillons pas comme nous le faisons pour impressionner quiconque. Nos vêtements, en particulier sur scène, sont une extension de notre liberté. Certaines personnes peuvent voir ça comme une recherche d'attention mais pour nous c’est de l’art. La société a une vision déformée de la mode, et elle voit la liberté créative comme un signe d’affaiblissement de la morale , ce qui est drôle, parce que si tu regardes à travers l’histoire, ce sont plutôt des gens habillés «normalement» qui commettent les meurtres, les viols, etc.

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Camille Debray - An arrière plan à l a batterie, Sam Ogden.

“I scream, the only way to be heard”, dites vous dans Society’s Reject. Hurler est-il le meilleur moyen pour être entendu ?
Camille : Oui, je pense que oui, dans une société où les gens sont déjà réduits au silence et à l’esclavage sans s’en rendre compte. Le fait de les déranger est un moyen de se faire entendre.
Noemie : Oui, il vaut mieux crier. Le silence est un crime contre l’humanité ! Lorsque vous voyez des actes répréhensibles, par exemple des mauvais traitements infligés à des animaux, et que vous êtes silencieux, vous êtes pire que l’agresseur.

Sur scène, Camille dit “Si tu crois que le mal n’arrivera jamais, alors tu es stupide. C’est quoi le “Mal” selon The SoapGirls ?
Camille : Le Mal, c'est quand tous vos droits vous sont retirés. C’est un système qui opprime les gens pour le profit d'une minorité consciente et qui ferme les yeux ! À propos de la société, voyez à quel point le monde est censuré : les gens ont peur de parler et d’exprimer une opinion différente.
Noemie : Oui. Et le Mal, c'est de ne pas pouvoir être ce que vous voulez être de peur de se voir jugés et intimidés . En Tanzanie et dans de nombreuses régions d'Afrique, si vous êtes albinos, vous êtes jugé et tué. Le Mal niche dans cette société où il semble acceptable que les gens soient sans abri et contraints de fouiller les poubelles pour se nourrir. Le Mal, ce sont les gouvernements qui adoptent des politiques qui empêchent le travailleur de prendre soin de sa famille, avec des politiciens financés par des entreprises et qui signent des accords commerciaux qui les maintiennent au pouvoir, des accords commerciaux qui privent la société de son humanité. Le Mal, c’ est le travailleur qui paie des impôts élevés et des taxes sur la santé, mais qui ne peut toujours pas accéder à de bons soins de santé. Et la liste n’est pas terminée !

C’est important de garder les yeux grands-ouverts ?
Camille : Bien sûr ! Si vous ne regardez pas autour de vous, vous ne remarquerez jamais que la cage se construit lentement tout autour, et avant que vous ne songiez à vous échapper vous serez pris au piège ! De nos jours l'ignorance pourrait être assimilée à boire tout ce qui vous est donné sans même lire l'étiquette. Vous pourriez tout aussi bien boire de l'eau de Javel !
Noemie : Certainement ! Il importe non seulement garder grands-ouverts les yeux de nos visages, mais aussi les yeux de l'âme ! Si vous pouvez voir les yeux fermés, alors vous pouvez sentir la situation dans son ensemble. Nous devrions toujours essayer d'incarner le changement que nous voulons voir dans le monde.

La fée Pinkie-Rockett est l’une de vos fans ! Elle vous propose de passer une journée avec l’artiste de votre choix, toutes époques confondues. Qui choisissez-vous ?
Camille : Je dirais Lemmy de Motorhead. Il était exceptionnel et a défendu de nombreux artistes qu’on jugeait indésirables. Il a aussi fait beaucoup pour les femmes musiciennes dans le Rock, et je le respecte profondément. Il avait les deux pieds sur terre, et c’était un putain de bassiste !
Noemie : Michael Jackson. C’était une personne merveilleuse ! Je souhaiterais que plus de gens aient sa vision de la vie, je pense que même passer quelques minutes avec lui serait une leçon d’humilité.

Vous êtes sur la route depuis avril 2018 et jusqu’à décembre 2018 pour 127 dates. C’est énorme ! The SoapGirls sont-elles toujours affamées ?
Camille : Éternellement affamées ! Et reconnaissantes de vivre leur rêve et de faire ce qu’elles aiment le plus ! Peu importe à quel point ça devient fou en tournée : on vit pour ça !
Noemie : Oui, c’est sûr ! Nous avons travaillé trop dur et sommes venues de trop loin pour nous contenter de ça. Nous avons encore beaucoup à dire et à faire, et on a toujours faim !

Un seul mot pour résumer The SoapGirls ?
Camille : “Liberté” !
Noemie : “Rocking” !

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THE SOAPGIRLS - Society's Reject (2017)

"Calls Of Rebellion" 2015 / "Society's Reject" 2017/ Prochain album en ... ?
Camille : Nous allons sortir notre prochain album au début de l’année prochaine. Son titre de travail est “Chains”.

Un dernier mot pour vos fans français ?
Camille : Merci Beaucoup pour votre soutien. Nous sommes honorées d’être originaires d'un aussi beau pays et nous espérons que vous garderez toujours le feu dans vos âmes et la passion de la Liberté !
Noemie : Merci pour votre soutien et votre amour. Et souvenez-vous : quand un gouvernement ne se soucie pas de nous, nous devons prendre soin les uns des autres !

DISCOGRAPHIE et liens utiles :

  • Calls For Rebellion (2015)
  • Society’s Reject (2017)

Ecouter The Soapgirls : https://thesoapgirls.bandcamp.com/
N’oubliez pas de liker leur page : https://www.facebook.com/thesoapgirls/

Les photographies de The SoapGirls ont été réalisées par Denis Charmot. Nous le remercions pour son aimable autorisation. https://www.facebook.com/DenisCharmotPhotos/

 

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The SoapGirls par Denis Charmot

Entretien avec Heli Andrea (MOBIUS) - 2018.

Le 14/05/2018

Interview réalisée en 2018
« Je n'avais jamais pris de cours avant de faire The Line, mais ça faisait quand même quelques années que je chantais et que je travaillais ma voix. »

Heli autoportraitAhasverus : Bonjour Héli, Pourrais-tu nous parler de la manière dont tu avais abordé les enregistrements de l'album « The Line », en 2016 ?

Heli : Je suis arrivée aux enregistrements avec la voix “lead” composée et les paroles. Mais la plupart des “backs” et des arrangements ont été trouvés sur le moment, de façon très instinctive. C'était mon premier album. Je n'avais aucune méthodologie, et c'est à la fois une bonne chose parce que ça donne un côté spontané que j'ai envie de garder, et à la fois une mauvaise chose parce que je n'avais pas idée du travail de préparation que des enregistrements demandaient. Notre ingé son, Raphaël James, m'a bien guidée pour donner le meilleur de ce que je pouvais donner. Il est d'ailleurs crédité comme arrangeur sur cet album

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Ahasverus : Tu n'avais jamais pris de cours de chant ? Vu la complexité du travail, je n'imaginais pas quelque chose d'instinctif. Je pensais au contraire que ton chant était très technique et maîtrisé.

Heli : C'est vrai que ça a été un réel taf de trouver le juste équilibre dans les voix. Au début, j'avais réuni quelques amis pour créer une petite chorale. Mais c'était un tel boulot qu'au final, j'ai chanté seule ! Le résultat est plutôt cool. J'ai enregistré une dizaine, voire une vingtaine de fois les passages où je voulais ces chorales, en modifiant un peu mon timbre pour essayer de donner une impression de “vraie chorale”. Dans cet album, j'ai des petits chœurs R'N'B / Soul, d'autres beaucoup plus épiques, classiques... Je voulais varier au max ! Le clavier aussi a des “chorus” synthétiques, il a donc fallu trouver un équilibre dans tout ça... Avec Raph, l'ingé son, et Guillaume, le claviériste, on a vraiment passé du temps dessus. C'était une vraie cuisine ! Pour cet album, je n'avais jamais pris de cours de chant. C'est après l'avoir fait, et avoir rencontré totalement au hasard le bon prof, que j'ai attaqué les cours. Maintenant je ne m'en passe plus ! J'ai beaucoup progressé depuis, et j'ai surtout gagné en confort vocal. Je deviens prof moi-même d'ailleurs ! C'est dire le chemin parcouru depuis “The Line” ! Cela dit, on n'a pas forcément besoin de cours pour progresser et avoir une technique vocale ! Je pense qu'il faut juste s'amuser, tester des choses, (s'assurer qu'on chante juste tout de même). Je n'avais jamais pris de cours avant de faire “The Line”, mais ça faisait quand même quelques années que je chantais et que je travaillais ma voix... Dans ma chambre, en répet, sous la douche..

 

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Ahasverus : Ton chant est parfois très technique. Comment t'es venue l'idée du chant diphonique (tibétain) sur le dernier morceau ?

Heli : J'adore les musiques du monde. Quand j'en écoute, je voyage mentalement. J'ai d'ailleurs un side-project, OLANE depuis quelques mois, qui me permet de faire des crash-tests vocaux. Pour le chant “long mongol” que tu peux entendre brièvement dans la dernière chanson de l'album, j'ai découvert ça en écoutant une chanteuse traditionnelle de Mongolie, Gombodorj Byambajargal, qui a prêté sa voix à la BO de “Home”, le film de Yann Arthus Bertrand. J'ai eu des frissons quand je l'ai entendue et je me suis dit : "je veux faire ça !" Alors j'ai testé des choses, jusqu'à trouver le bon chemin vocal. Mais ce n'est pas du chant diphonique pour le coup, même si j'en fais aussi ! D'ailleurs il y en aura dans le prochain album ! Pour en revenir à Mist of Illusions, j'écoutais ce passage très instrumental, et je voulais mettre une voix d'ailleurs, pas des paroles, mais quelque chose qui va et vient, et d'assez inattendu. Voilà comment est arrivée cette voix à ce moment.

Ahasverus : Et les choeurs masculins, assez virils parfois, qu'on entend sur The Line, c'est des claviers ou tes camarades ?

Heli : Ah ah ! Ce sont mes camarades ! Julien, notre ancien bassiste, Raph, l'ingé son, et Adrien, notre batteur.

 

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Ahasverus : Combien de temps pour mettre en boite toutes ces voix ?

Heli : Le travail a été énorme, surtout parce que je n'avais pas de méthode. C'était les grands travaux ! Les enregistrements “voix” ont été les plus longs, très étalés dans le temps , parce que je n'y connaissais rien. J'arrivais à la phase “enregistrements” déjà fatiguée après des journées de travail intenses. Je n'avais pas conscience de la rigueur et du rythme de vie que demande un enregistrement studio. Ça a donc pris plusieurs mois. Maintenant, je maquette tout à l'avance. J'enregistre un brouillon, pour voir ce que ça donne, je teste toutes mes idées, je travaille techniquement. J'ai adopté un mode de vie qui convient au chant. J'ai même quitté mon job pour être plus posée et me dédier vraiment à ça ! Tout ça permet d'être beaucoup plus efficace en enregistrements et au mixage.

 

« Je m'intéresse vraiment à l'appareil vocal et à ses nombreuses possibilités : le chant long mongol, le chant diphonique, le chant carnatique indien, le chant inuit... Tout m'intéresse ! »

Ahasverus : La fatigue dont tu parles ne se sent pas du tout dans The Line.

Heli : Pour le chant, si fatigue il y avait, on arrêtait, et on reprenait plus tard. Et s'il fallait refaire la prise un paquet de fois, on le faisait. On a refait des prises vingt fois pour avoir la bonne intention. C'était surtout ça le défi. Et c'était dû à mon manque d'expérience, mais notre ingé son est très exigeant, et très fort pour nous guider. Quand il ne sentait pas assez d'émotions, on ne lâchait rien, et je refaisais. Je trouve que j'ai encore beaucoup de progrès à faire sur la partie “faire passer de l'émotion” ...

Ahasverus : Tu as commencé à chanter à quel âge ?

Heli : Je n'ai pas de souvenir du moment précis où j'ai commencé à chanter. J'ai toujours chantonné dans mon coin, des chansons dans des langues inventées, des trucs de gosse... Mais j'ai réellement commencé à chanter et à travailler ma voix vers dix-sept ans, quand j'ai découvert Epica. Je chantais dans ma chambre, je repassais des passages précis, pour faire pareil. Simone Simons a une voix lyrique, mais aussi très pop, c'était donc super cool d'essayer de varier mon timbre pour faire pareil. Ça m'a permis de beaucoup progresser.

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Ahasverus : Je crois comprendre que le côté expérimental du chant t'intéresse. Tu ne te fixes pas de frontières ?

Heli : Je m'intéresse vraiment à l'appareil vocal et à ses nombreuses possibilités : le chant long mongol, le chant diphonique, le chant carnatique indien, le chant inuit... Tout m'intéresse ! Je veux explorer un tas de choses. Je tâtonne beaucoup pour l'instant. Je ne suis experte en aucune de ces techniques.

Ahasverus : Ton timbre de voix et ta manière de chanter sont très variés. Tout cela était , au moment de The Line, quasiment de la matière brute ?

Heli : C'est comme si tu étais un guitariste autodidacte qui posait ses doigts sur le manche de la guitare sans connaître les noms des accords, et sans savoir si sa façon de poser ses doigts est optimale. Tu joues, ça sonne, tu développes ta façon de faire. Un tel guitariste peut être très fort, mais il peut ne pas avoir la technique académique. Je pense que c'est pareil pour moi. Quand je reprenais du Epica dans ma chambre, je bossais réellement des heures pour attraper la note haute, ou pour que ma voix ne fluctue pas ! Parfois je me disais "Ça ne doit pas être la bonne méthode. Il faut que j’essaye autre chose". Alors je changeais de position, je marchais, je m'asseyais, je prenais de grandes inspirations, je penchais ma tête légèrement en avant... Je dansais un peu, j’expérimentais... Pour “The Line”, j'ai développé une technique personnelle. On ne peut pas dire que c'est une voix brute qui n'a jamais été travaillée, mais je n'avais jamais pris de cours de chant. J'avais beaucoup bossé... Mais seule !

Ahasverus : Que pourrait-on ajouter, à propos du chant ?

Heli : Le chant est un instrument très personnel, qui peut dévoiler pas mal de choses sur une personne. Du coup, c'est très lié à la confiance en soi. Tout le monde ose taper sur un djembé, mais tout le monde n'ose pas chanter ! Quand j'ai fait “The Line”, il y a des moments où je me suis dit "Mince ! Tout le monde va m'entendre !" Je n'avais pas une grande confiance en moi, j'avais clairement le trac. Quand c'est enfin sorti, qu'on a eu des critiques "top" et le retour du public, j'ai été rassurée. Ce premier album est un grand grand pas, et j'ai hâte d'attaquer la suite, qu'on ne va pas tarder à dévoiler !

Ahasverus : Nous sommes vraiment très curieux de découvrir le successeur de « The Line » !

Merci à Cat Photographie pour son aimable autorisation.