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Sorties 2023
GRACE POTTER (rock), Mother Road (2023)
Le 17/03/2024
Un album inestimable : Dix titres de blues rock particulièrement riches en groove.
Par Ahasverus
Si la réputation de Grace Potter est installée aux USA, elle est encore peu connue en France, au point que le webzine Fargo Mafia la présentait comme « l’un des secrets les mieux gardés du rock américain », formule heureuse s'il en est.
Pour définir son style et son statut, nous dirons que Grace est un peu une Gaëlle Buswel en format US, c'est à dire toutes proportions gardée puisque ramener les USA à l'échelle de la France revient à comparer le Verdon au Grand Canyon du Colorado. Néanmoins si vous appréciez l'une, on prend le pari que vous aimerez l'autre.
« Mother Road » est une galette de dix titres de blues rock sortie via Fantasy Records le 18 août 2023. Il s'agit du cinquième album solo de la musicienne américaine. Particulièrement riche en groove, parfois tendre (« Little Hitchiker»), parfois western (« Lady Vagabond »), merveilleusement servi par un clip éponyme qui propose un scénario à la Thelma & Louise, « Mother Road » balance et nous entraine dans un road-trip à la Steinbeck, l'auteur d'A l'Est d'Eden qui donnait à la Road 66 le nom de Mère des Routes dans son livre Les Raisins de la Colère.
C'est maintenant au tour de la rockeuse américaine de nous servir de guide au rythme de sa voix légèrement râpeuse, de ses riffs et de son orgue Hammond, « Mother Road » s'illumine alors, ose jusqu'à nous rappeler le premier album de Mika (« Masterpiece »).
L'album est incontournable. Il est produit par Eric Valentine (Slash, Queen Of The Stone Age).
HUNTER (heavy metal), Rebel Angels Rise (02/09/2023)
Le 31/12/2023
Frappant au coeur du heavy, Hunter maîtrise son sujet et délivre un opus authentique qui ravira les puristes.
Par Ahasverus
Hunter est formé en 2016 par cinq musiciens qui ont arpenté les scènes de Belgique au sein de différentes formations (Crusader, Monster Joe, Megasonic). Judas Priest, Iron Maiden, Manilla Road, Metal Church, Omen et Cirith Ungol font partie de leurs références.
« Death Shall Have Dominion », une demo, voit le jour en 2017. Un album éponyme suit en 2019, reprenant les trois titres de la démo et complétant la galette par quatre nouveaux morceaux. Il est suffisamment solide pour que Steel Panther se laisse aller à vanter ses qualités sur Twitter (« These guys are out of Belgium and, holy f*ck, are they good... ») !
En 2023, Hunter revient avec un nouvel album : « Rebel Angels Rise ».
Son artwork est signé par le portugais Pedro Lordigan Sena, qui a notamment illustré des albums de Kreator et d'Amon Amarth.
« Rebel Angels Rise » a été enregistré aux Soon One Studios (Essen, Belgique) puis mixé par Wim Zwarts au DiverZe de Bonheiden (Belgique). Greg Chandler, des Priory Recording Studios (Birmingham, UK), a pris en charge le mastering.
L'entame de l'opus est incisive, son agressivité n'est pas sans rappeler Judas Priest (« Wicked »).
Les pièces se succèdent avec intérêt, les guitares rythmiques ne lâchent rien (« The Forge ») et la lead part dans des développements sympathiques (« Rebel Angels Rise »). La voix de David Walgrave est typique, toujours impeccablement attachée au style.
La formation belge ne manque pas de ressources et tire son épingle du jeu dans le heavy traditionnel. Quelques arpèges lui permettent de montrer une nouvelle facette de sa musique (« Requiem »).
Un tour rapide des webzines vous permettra de constater que l'accueil de « Rebel Angels Rise » est mitigé. Si Hard Rock 80 concède « que le duo de guitaristes frise l’excellence technique », il tempère en estimant que « la musique de de Hunter manque toujours autant d’originalité ». Pour Music In Belgium, les compositions sont « tantôt directes et dévastatrices, tantôt puissantes et épiques » et le chant de David Walgrave « allie la puissance d’un Rob Halford à l’agressivité d’un Udo Dirkschneider ». Mais la revue belge déplore une production « qui ne rend pas toujours justice à la qualité des compositions et au jeu des musiciens ». Cette lacune est également soulignée par Metal Forces qui la juge « plutôt mécanique ».
Ceci ne doit pas nous faire oublier que « Rebel Angels Rise » reste musicalement plus intéressant que nombre d'albums sortis cette année par de grandes formations internationales. Frappant au coeur du heavy, Hunter maîtrise son sujet et délivre un opus authentique qui ravira les puristes. A la croisée des chemins entre Judas Priest, Iron Maiden (« Morior Invictus ») et Accept, avec une touche de Trance (le groupe de Lothar Antoni) côté guitares, « Rebel Angels Rise » a les arguments pour séduire un large public heavy et si son départ médiatique n'est pas explosif, il pourrait tout de même s'inscrire sur la durée et devenir un album culte.
COBRA SPELL (heavy metal), 666 (01/12/2023)
Le 30/11/2023
Avec un talent grand comme les cheveux de Roxy Herrera, Cobra Spell impose un album de heavy efficace jusque dans son moindre détail.
Par Ahasverus
C'est avec le groupe Kiss que Sonia Anubis découvre le Metal à l'âge de quatorze ans. Sonia commence alors son parcours de musicienne autodidacte. Inspirée par Gene Simmons, elle jette son dévolu sur la basse et elle oeuvre au sein de diverses formations métalliques. Elle tient son premier poste de guitariste en 2017 au sein de Jackal, puis (on vous la fait courte) rejoint les Suissesses de Burning Witches de 2018 à 2020, ainsi que le groupe de death metal brésilien Crypta de 2019 à 2022. Si elle sait aussi jouer du synthétiseur, c'est à la guitare lead qu'elle établit sa réputation.
Parallèlement, en 2019, notre jeune Hollandaise (elle n'a que vingt-et-un ans) fonde son propre groupe. Il s'appelle Cobra Spell. Officiant dans un registre heavy 80's (on parle aussi de sleaze rock), Cobra Spell enregistre deux EP très respectables. « Love Venom » est réalisé en 2020, avec Sonia Anubis et Sebastian Silva aux guitares, Alexx Panza au chant, Angelina Vehera à la basse et Mike Verhof à la batterie. « Anthems Of The Night » suit en 2022. Sonia est à la guitare lead, Esmée van Sinderen à la guitare rythmique, Alexx Panza encore au chant, Angelina Vehera toujours à la basse, et le Français Léonard Cakolli (Adam Bomb) à la batterie. Sonia signe la musique et les arrangements, ainsi qu'une partie des textes et de la production de cet EP.
L'année 2022 est le théâtre de changement radicaux : Sonia quitte Crypta (elle restera en bons termes avec ses partenaires brésiliennes qu'elle n'hésite pas à applaudir lors de leurs concerts européens) pour se concentrer sur Cobra Spell qui connaît de gros remaniements de line-up. Fin 2022 sort le single « Flaming Heart ». Il voit l'arrivée de l'Espagnole Kristina Vega (Born In Exile) au chant et de la Brésilienne Noelle dos Anjos (Nungara) à la guitare rythmique, tandis que la batterie est créditée au nom mystérieux de Jess et qu'Angelina Vehera a conservé son poste de bassiste.
Le line-up enfin stabilisé est dévoilé courant 2023. Il est désormais 100% féminin avec, autour de Sonia à la guitare lead, Noelle dos Anjos à la guitare rythmique, Kristine Vega au chant, l'Espagnole Hale Naphtha (Tales Of Arken) à la batterie et la Vénézuélienne Roxy Herrera à la basse. (Photographie : Raquel Garcia)
A part Sonia Anubis, il ne reste dans Cobra Spell aucun des membres ayant participé à l'enregistrement des deux EP. C'est donc un tout nouveau line-up qui présente « 666 », le premier long format de la carrière de Cobra Spell, dans un artwork signé Isabella Stabile.
Enregistré aux Comeback Studios (en Espagne, pays dans lequel Sonia a passé la plus grande partie de son enfance), « 666 » a été mixé par Jens Bogren et masterisé par Tony Lindgren aux Fascination Street Studios (Arch Enemy, Kreator, Dimmu Borgir).
La sortie de l'album a été précédée de trois single-clips, avec en premier choix le titre « S.E.X.», première chanson de l'album. Noelle dos Anjos (guitare) expliquait la genèse de ce clip :
« Ce tournage vidéo a été le plus complexe et le plus long de tous car il comportait plusieurs scènes à filmer dans plusieurs endroits. Pour chaque membre du groupe, nous avions prévu des scènes représentant différents aspects du sexe et de la sensualité. L'idée initiale était que Kris se réveille entourée de filles puis traverse un couloir, regardant à l'intérieur de différentes pièces où elle nous verrait. Chacune dentre nous a eu l'occasion d'apporter sa propre pierre à l'édifice. Pour ma scène, je me suis inspirée du polémique Like a Virgin de Madonna. Ce morceau a notoirement provoqué beaucoup de buzz à l'époque. Une femme qui chante suggestivement à propos du sexe avant le mariage n'était rien de moins qu'une hérésie. J'ai choisi de jouer sur ma belle Fury, une Schecter Hellraiser rouge qui m'a été offerte par l'un de nos amis. Les détails de l'ormeau et la couleur rouge s'adaptent parfaitement à l'esthétique vidéo ! C'était le clip vidéo le plus excitant auquel j'ai eu le plaisir de participer jusqu'à présent. De la planification à l'exécution, je me suis bien amusée ! »
Ce premier clip était suivi par le très heavy « The Devil Inside Of Me », avec ses guitares rythmiques qui tricotent. Sonia Anubis confiait à propos des lyrics : « The Devil Inside of Me raconte comment une fille laisse de côté sa vie opprimée par son éducation religieuse. Elle décide de suivre son propre chemin en faisant ce qui la rend vraiment heureuse, ce qui se traduit par des tensions peu communes dans les milieux religieux. Sa famille la considère comme troublée et perdue – alors qu’en réalité, elle vit simplement sa vie librement, comme elle est censée le faire. Sa vie lui appartient. Sa famille s'éloigne d'elle en raison de ses choix. Vivre libre a parfois un coût extrêmement élevé. »
Enfin, juste avant le coup de gong, Cobra Spell revenait avec « Warrior From Hell » et son mid-tempo martelé. Un morceau à propos duquel le groupe commentait :
« Cette chanson est un véritable banger rock’n’roll ! Elle convient aux âmes les plus sauvages, aux esprits indomptés. C'est une manifestation de l'individualité et de la rébellion. Entrez en contact avec votre alter ego maléfique et libérez ce guerrier de l'enfer ! »
Cobra Spell complétait dans une newsletter postée au lendemain de la sortie du clip :
« Un morceau fougueux et heavy, inspiré à l'origine du modèle de guitare préféré de Sonia, la Jackson Warrior. Cette chanson parle d’autonomisation des femmes avec une touche diabolique qu’on adore ! Nous espérons que cela enflammera la passion et vous inspirera également. »
De ce premier long format, Cobra Spell expliquait qu'il le concevait comme « un album qui définit les conventions et se rebelle contre les limites qui nous sont imposées à nous, les femmes. C'est un voyage sonore qui embrasse le chiffre du diable comme symbole d'autonomie personnelle et de liberté. 666 n'est pas seulement de la musique ; c'est un acte de rébellion contre l'inégalité des sexes, un cri pour la liberté d'expression et un combat pour déstigmatiser l'expression sexuelle des femmes. Rejoignez-nous dans cette quête sans concession de l'égalité et de l'autonomisation. »
Surfant musicalement sur un large registre heavy 80's, Cobra Spell assemble dans un opus homogène dix morceaux qui ne se ressemblent pas. De l'intime « Fly Away » au heavy « Love Crime », du groovy « Bad Girl Crew » au nerveux « High On Love », usant parfois d'un riff qui nous rappelle que Sonia Anubis a biberonné en écoutant Gene Simmons (« Satan Is A Woman »), sortant des claviers et un saxophone qui nous évoquent le bon temps d'un Foreigner « 4 » (« Love=Love »), ou s'imposant en version girls gang des Twisted Sister (« You're a Cheater »), tout est fait avec le plus grand talent.
Par ses choix judicieux, la production permet d'apprécier au mieux le magnifique travail des orchestrations, des backing vocals purement savoureux (« Love Crime », « Satan Is A Woman », « Love=Love »), sachant parfaitement souligner le claquement de la basse ou le toucher de cymbales.
Enfin, on goûte ces guitares lead pleines de mélodie et de richesse, évoluant souvent en twins, tandis que l'épaisseur vocale de Kris Vega, particulièrement éclatante sur cet album, trouve dans les compositions un écrin à sa mesure.
Avec un talent long comme les cheveux de Roxy Herrera, Cobra Spell impose donc un album efficace jusque dans son moindre détail et passe avec aisance la barre du long format.
Habituée aux paris risqués (elle a quand même quitté coup sur coup deux formations en plein essor !) Sonia Anubis a fait les bons choix une fois de plus, marquant l'année 2023 d'un album de heavy particulièrement abouti. Ce disque est à écouter impérativement.
« 666 » sera disponible dans les formats suivants via Napalm Records :
> CD digisleeve
> Lot : CD digisleeve + t-shirt
> Vinyle rouge
> Vinyle noir
> Format digital
NI (rock in opposition), Fol Naïs (01/12/2023)
Le 29/11/2023
Ni sait mettre de la mélodie où l'on n'imagine pas qu'elle puisse pousser !
Par Ahasverus.
Après le superbe « Pantophobie » qui déclinait en neuf pistes quelques peurs irraisonnées dans un album qui tenait autant de l'avant-garde que de Devin Townsend ou de Dream Theater, Ni revient secouer le cocotier du rock français avec un troisième album intitulé « Fol Naïs ».
Fol naïs, c'est le bouffon, et plus précisément, puisqu'il en existe deux sortes, le bouffon naturel, celui dont la folie pouvait distraire le roi, mais dont il convenait de ne pas se moquer.
Comme il donnait à chaque piste de son précédent album le nom d'une phobie, Ni conceptualise à nouveau son propos en baptisant chacune des pistes de Fol Naïs du nom d'un bouffon ayant marqué l'histoire ou notre culture, tels Dagonet, bouffon du roi Arthur, Brusquet et Triboulet, qui servirent François Ier, ou Catherine, dite Cathelot, qui fut à la cour de Marguerite de Savoie...
Fol Naïs, un terme qui peut parfaitement s'appliquer par extension à Ni dont la musique n'emprunte pas les voies communes.
Après le sombre « Pantophobie », le groupe de Bourg-en-Bresse souhaitait renouer avec des rythmes plus rapides. Le résultat n'en est pas léger pour autant. Ni a surtout voulu ne pas répéter le même album, mais il n'a pas changé sa nature profonde.
Continuant ses explorations, il évolue en terrain accidenté, gardant la maîtrise et brossant ses pièces sous les secousses. Monté sur une structure métallique, chaos et anarchie ne sont qu'apparence dans la musique de Ni, car tout est contrôlé, même s'il arrive à l'hypnotique « Chicot » de mettre les doigts dans la prise. « Rigoletto » vous saisit par son tempo et vous happe dans ses tourbillons hurlants sans cependant vous perdre. Car tout avant-gardiste qu'il soit, Ni sait mettre de la mélodie où l'on n'imagine pas qu'elle puisse pousser ! Et des titres comme « Berdic », « Rigoletto » ou « Triboulet » deviennent d'accessibles passeports pour l'avant garde.
Ainsi Ni propose à nouveau un album remarquable et profondément séduisant, un animal sauvage et nerveux qui peut se cabrer à la moindre note et qu'il vous appartiendra d'apprivoiser. Jouant des figures de style comme il a joué avec nos sens, il conclut son opus en épanadiplose, reprenant en conclusion la figure musicale qui ouvrait son album.
« Fol Naïs » a été enregistré au Hacienda Studio par Stéphane Piot. Il a été mixé et masterisé par R3myboy.
« Fol Naïs » est une sortie Dur & Doux. Il est disponible le 01/12/2023.
VIVA LA WOLFE (grunge), Prosperity (24/11/2023)
Le 27/11/2023
Entre Black Sabbath et Alice In Chains, Viva La Wolfe ne manque ni d'inspiration ni de souffle pour restituer ses racines.
Par Ahasverus
On n'a pas réussi à gratter grand chose sur ce Viva La Wolfe, peu loquace sur son passé. On sait tout de même que la formation est originaire d'Esbjerg, une ville qui possède le port le plus important du Danemark sur la Mer du Nord, et que le quintette est en ordre de marche depuis au moins cinq ans puisqu'il sortait un single-clip bien abouti dès 2018.
En 2023 c'est avec un long format que Viva La Wolfe refait parler de lui via le label français M&O Music. L'album s'appelle « Prosperity ».
C'est d'abord dans les champs que souhaite nous entraîner l'équipe danoise ; elle annonce sa rusticité, privilégiant le noir et blanc dans un premier single-clip.
Rusticité restera le maître-mot de cet opus de cinquante-trois minutes : rusticité dans le son, crade jusque dans les arabesques de la guitare de « Paralysis » ; rusticité dans les figures tutélaires que ne manquera pas de vous évoquer l'écoute des neuf morceaux.
C'est certainement le nom de Black Sabbath qui vous viendra à l'esprit, « Justice », « Breath Out », « Despot » ou « Leech » ayant une parenté avec les premiers albums du quatuor de Birmingham, mais ce sont encore plus les similitudes avec le Alice In Chains de Layne Staley qui vous frappera à l'écoute du titre « Long Gone », qui aurait parfaitement pu compléter la setlist de l'album « Jar Of Flies ».
Un possible rapprochement avec le son d'un Pearl Jam ne vous échappera certainement pas non plus sur des titres comme « In The Fields » et « Druid's Trail ».
Tanguant parfois sans jamais tomber, Viva La Wolfe n'en abat pas moins un grunge puissant (« LAX »), sans fioritures, désinvolte tout au long d'un premier album sombre. Pleinement maîtrisé, d'un caractère affirmé, « Prosperity » glisse nonchalamment comme un esquif fendant les eaux d'un marais saumâtre (« Justice »). Efficace et archaïque, il impose Viva La Wolfe, qui ne manque ni d'inspiration ni de souffle pour restituer ses racines. Une sortie intéressante, qui révèle un groupe au potentiel certain. Il pourrait trouver un public qui ferait bien de le suivre.
« Prosperity » est disponible depuis le 24/11/2023 chez M&0 Music.
VISIONS OF ATLANTIS (metal symphonique), Pirates Over Wacken (31/03/2023)
Le 26/11/2023
Un album live beau comme un soleil.
Par Ahasverus
Dans le cadre de la tournée européenne qui suivait la sortie de son album « Pirates », le groupe de métal symphonique Visions Of Atlantis jouait le 04/08/2022 au Wacken Open Air Festival. Les Italo-Autrichiens et leur chanteuse française en profitaient pour capturer leur prestation sur sillons et sortaient, le 31/03/2023 l'album live « Pirates Over Wacken ».
Comme son nom semblait l'indiquer, « Pirates Over Wacken » fait la part belle à la tracklist de « Pirates », un album suffisamment riche pour fournir sept titres prompts à enflammer le public chaleureux du festival allemand. Les quatre morceaux restants sont extraits des albums « The Deep And The Dark » (« Silent Mutiny ») et « Wanderers » (« Life Of Our Own », « A Journey To Remember » et « Heroes Of The Dawn ») sortis respectivement en 2018 et 2019.
Le groupe faisait le choix d'enregistrer l'intégralité du set qui voyait monter sur scène un orchestre à cordes, et les douze pistes de cet album long de cinquante-sept minutes nous emmènent de l'entrée en scène des de Visions Of Atlantis jusqu'à la photographie finale avec le public du Wacken, ne renonçant même pas au speech central de Clémentine.
Visions of Atlantis livrait les premiers extraits de l'album avec ce commentaire :
« Il y a quelque chose de purement magique à propos de Wacken. Peut-être est-ce la croyance collective selon laquelle il s'agit de la Terre Sainte du Heavy Metal. Peut-être que c'est tout simplement la Terre Sainte du Heavy Metal. Peut-être que cela projette une énergie spécifique autour des scènes et des champs de cette ville allemande spéciale. Nous n'avons pas manqué de ressentir cette magie, en criant le nom "WACKEN" à haute voix sur scène ou en regardant autour de nous et en voyant des milliers de personnes, en paix, aimant être là et partager cela ensemble. C’était encore une fois très spécial pour nous, même si ce n’était pas la première fois que nous jouions au Wacken. Nous avons été submergés par l'émotion à plusieurs reprises durant le spectacle. Il y avait tellement de choses que nous voulions dire. Nous nous sentions responsabilisés en tant qu’artistes et en tant qu'êtres humains. Le Wacken est un endroit où vous sentez que vous pouvez changer le monde. Regarder cette foule et lui parler ce jour-là était quelque chose que nous n'avions jamais vécu auparavant et nous nous en souviendrons pour toujours. Rien n'est éternel, sauf les souvenirs. Merci Wacken de nous avoir fait entrer dans ta légende. »
Il est vrai qu'on sent le groupe porté, et les versions live, débordantes d'énergie, n'ont pas à pâlir de leurs cousins studio, soutenues par un public chaud comme la braise, régulièrement mis à contribution par une formation qui le tient dans sa main et qui vous fera regretter de n'avoir pas été dans l'assistance. Les morceaux gagnent en d'efficacité (« Clocks »), tandis que les voix de Clémentine Delauney et de son alter-ego italien Michele Guaitoli sont remarquables de complémentarité.
Réalisant le sans faute dans la setlist comme dans la prestation, Visions Of Atlantis était bien au rendez-vous du Wacken et il propose un album beau comme un soleil devant un public chaud-patate. Assurément l'un des meilleurs Live de cette année 2023. Vous pourrez placer cet opus, qui nous rappelle à quel point cette énergie à haute dose avait pu nous manquer durant la pandémie, dans votre CDthèque tout à côté d'un classique tel que le « End Of An Era » de Nightwish, il ne dépareillera pas.
ETERNAL EVIL (heavy/thrash), The Gates Beyond Mortality (27/10/2023)
Le 26/11/2023
Préservant sa patine old school, « The Gates Beyond Mortality » permet aux Suédois de ne pas enferrer ce deuxième album dans la seule logique du « plus vite que moi tu meurs ».
Par Ahasverus
Photographie : Scott Bradshaw
Après l'ébourriffant « The Warriors Awakening... Brings The Unholy Slaughter! » (2021) qui filait comme une caisse à savon le long d'une pente vertigineuse, Eternal Evil revient avec un deuxième album intitulé « The Gates Beyond Mortality » qui nous arrive via Listenable Records.
Le line-up de la formation suédoise se voit renouvelé pour moitié par une section rythmique toutes fraîche constituée par Niklas Saari (Atonement) à la basse et Adam Schmidt à la batterie . (Photographie Scott Bradshaw)
Le nouvel opus nous accueille avec quelques arpèges avant de s'élancer dans une course effrénée le temps d'un premier titre. Eternal Evil a cependant choisi pour ce second long format de se démarquer de son premier album en ralentissant sa cadence pour proposer un opus plus sombre, plus heavy, sans cependant écarter les structures thrash.
Le rythme trouve donc une première rupture dès la troisième piste, celle qui donne son titre à l'album.
Alternant moments ravageurs, échappées thrash et riffs heavy, la nouvelle combinaison permet d'éviter cette linéarité qui pouvait frapper le néanmoins respectable « The Warriors Awakening... » sur le long terme.
Si des morceaux comme le savoureux « Signs of Ancient Sin », avec ses plans variés et ses rythmiques si bien martelées, partent en chasse d'un nouveau public, les dernières pistes de l'album rassureront les fans de la première heure qui retrouveront la recette initiale sauvegardée dans des morceaux comme « The Astral Below » ou plus encore dans l'incandescent « Immolation », qui envoie à nouveau la caisse à savon dévaler à tombeau ouvert les pentes sinueuses et infernales du thrash le plus speedé.
Préservant remarquablement sa patine old school, « The Gates Beyond Mortality » permet donc aux Suédois de ne pas s'enferrer dans la seule logique du « plus vite que moi tu meurs » qui l'aurait conduit à terme dans une impasse. Il présente un bon compromis heavy/thrash dont les quarante-et-unes minutes particulièrement digestes regorgent de moments de haut niveau qui ne manqueront pas de vous donner dans la nuque ces fourmillements nécessaires à provoquer le processus de headbang libérateur que vous espérez à chaque sortie d'album.
LUX (métal symphonique), Le Crépuscule d'une Reine (31/10/2023)
Le 19/11/2023
Il y a du talent chez Marion-Lamita, on le savait. Mais il y a ici quelque chose en plus qui démarque cet opus de ses productions antérieures : une certaine maturité peut-être ; une audace dans l'écriture, assurément.
Par Ahasverus
Il y a un moment qu'elle portait en elle, Marion-Lamita, ce projet de nous raconter l'histoire de la malheureuse Marie-Antoinnette dans un concept-album. C'est désormais chose faite avec « Le Crépuscule d'une Reine », disponible depuis le 31/10/2023.
L'affaire des colliers, la disgrace, la fuite à Varennes, l'exécution... Ses lyrics nous entraînent dans un récit qui s'ouvre par un prologue qui retient l'attention. Il ne faut pas longtemps pour que la voix nous saisisse, ce saisissement opère dès les premières notes en voix claire : quel magnifique vibrato la porte !
Une mélodie nerveuse nous entraîne, avec une narration soignée, dictée par la passion.
Toutes les qualités sont là dès le premier morceau, impressionnant dans sa mise en place. Le chant en Français, les backing vocals, les lead nerveuses, les choeurs... Et puis de temps en temps la voix lyrique, le néoclassique mis en évidence par un son de clavecin.
Cependant « Le Crépuscule d'une Reine » affirme son caractère métallique, le classicisme se voyant contrebalancé par la dissonance.
L'album variante, s'apaise (« Vaine Déférence », « Cette Etoile Est la Nôtre »). Les musiciens s'activent autour de leur soprano-leader qui utilise toutes les cordes (vocales) de son arc, principalement en chant clair, parfois en voix lyrique (« Fersen »).
Les choix de composition nous bousculent avec des ruptures dans la structure rythmique (« Vaine Déférence »).
De belles harmonies de guitares prennent leur temps (« Cette Etoile Est la Nôtre »), agréablement mises en évidence par la production. Les sonorités classiques s'accordent au contexte historique tandis que les voix légèrement growlées sont placées à point nommé dans le récit pour ne pas choquer par leur anachronisme.
Il y a du talent chez Marion-Lamita, on le savait. Mais il y a ici quelque chose en plus qui démarque cet opus de ses productions antérieures : une certaine maturité peut-être ; une audace dans l'écriture, assurément. Il y a une prise de risques dans la mise en place des mélodies de cet album, un gros travail des textes, et l'équipe réunie sur cette galette n'est peut-être pas étrangère à la réussite de l'affaire comme à sa direction. Lux réalise avec « Le Crépuscule d'une Reine » certainement l'album le plus abouti de la discographie de Marion-Lamita. Il a eu la délicieuse idée de conclure l'album avec l'aria « Ô Toi Qui Prolongeas Mes Jours », une pièce contemporaine de l'Autrichienne qui permet à Marion Lamita de donner libre-cours à cette voix lyrique qui nous enchante.
Les amateurs de métal symphonique et de néo-classique apprécieront cet album d'une heure et huit minutes porté par la passion et par l'ambition pure et sincère de rendre hommage à la reine Marie-Antoinette. Le pari était difficile, Lux l'a remporté.
LORD OF THE LOST, Weapons Of Mass Seduction (29/12/2023)
Le 12/11/2023
Qu'il reste fidèle aux versions originales ou qu'il s'en éloigne, Lord Of The Lost marque les morceaux proposés de sa forte personnalité sans jamais les trahir.
Un an après « Blood & Glitter » qui s'était classé numéro 1 de l’Official German Album Charts Lord Of The Lost revient avec un album de reprises chargé jusqu'à la gueule.
Sia, David Bowie, Lou Reed, Bronski Beat, Michael Jackson, Judas Priest, Pet Shop Boy, Iron Maiden, Lady Gaga, Duran Duran, The Everly Brothers font notamment partie des formations revisitées par le groupe allemand.
Détaillons ce « Weapons Of Mass Seduction »...
« L'énergie et le plaisir de reprendre les chansons de collègues et d'idoles aimés et respectés étaient quelque chose que nous étions déterminés à poursuivre. »
Lord Of The Lost explique :
« Pendant la production de notre dernier album, Blood & Glitter, lors de l'enregistrement de notre reprise de Roxette The Look (NDLR : qui clôturait l'album) en Finlande, il était clair que nous avions ouvert la boîte de Pandore.
L'énergie et le plaisir de reprendre les chansons de collègues et d'idoles aimés et respectés étaient quelque chose que nous étions déterminés à poursuivre. Avant même la sortie de Blood & Glitter, nous avons commencé à travailler sur ce projet d'album de reprises, qui est pour nous le dessert parfait de notre dernier opus, avant de nous lancer dans l'aventure de nous réinventer à nouveau et produire un nouveau disque en studio. »
Bien qu'il soit entièrement composé de reprises, Weapons Of Mass Seduction confirme la capacité de Lord Of The Lost à s'approprier ce qu'il touche. En effet, que les morceaux proposés restent fidèles aux versions originales (« Smalltown Boy », « The Look », « Children Of The Damned ») ou s'en éloignent (« Turbo Lover »), Lord Of The Lost les marque de sa forte personnalité sans jamais les trahir.
Certains titres de la nouvelle galette (et même triple-galette pour l'édition Deluxe !) ont déjà été dévoilés, tels la reprise du standard « Children Of The Damned » du groupe Iron Maiden avec lequel Lord Of The Lost tournait en 2022.
Mais c'est un maximum de covers inédites que vous offre le groupe de Hambourg, tel « Shock To The System », un titre de l'album « Cyberpunk », sorti par Billy Idol en 1993. Chris Harms explique ce choix :
« Je me souviens précisément du moment où j'ai entendu cette chanson pour la première fois. J'avais treize ans, c'était l’été, et j'étais assis à l'arrière de l'Opel Manta décapotable dans laquelle je me rendais à la piscine en plein air avec ma sœur aînée et son petit ami. Rarement l'énergie d'une seule chanson ne m'a autant saisi. Nous aimerions rendre un peu de cette énergie en rendant hommage à Billy Idol et à cette chanson par le biais de notre reprise et de la vidéo qui l’accompagne. »
Inédit encore le single « (I Just) Died In Your Arms », du groupe de pop britannique Cutting Crew, que Lord Of The Lost reprend en compagnie d'Anica Russo. Anica est une artiste pop et une auteure-compositrice aux racines croates et italiennes. Résidente berlinoise, elle participait à la finale allemande du concours de l'Eurovision 2023, finale que remportait Lord Of The Lost.
Chris Harms explique : « Lorsque nous avons entendu la grande voix d'Anica pour la première fois lors des épreuves préliminaires de l'Eurovision, nous avons immédiatement voulu faire un duo avec elle. Anica était notre grande favorite et nous en sommes très heureux. Nous sommes également très heureux d'avoir réalisé ce souhait au cours de notre année Eurovision ! »
Anica Russo complète : « Lorsque deux mondes complètement différents se rencontrent et que quelque chose d'harmonieux et d'unique est créé, cela donne toute sa magie à la musique. Je remercie Lord Of The Lost de m'avoir invitée à participer à son nouvel album, conformément à la devise de l'Eurovision : Unis par la musique ! »
Chris Harms et Anica Russo par Jan Season/Moritz Högemann
« Weapons Of Mass Seduction » est disponible depuis le 29/12/2023 dans différents formats, certains contenant un deuxième CD avec onze reprises déjà sorties ou jouées en concert. Le coffret Deluxe comprend un troisième CD avec dix reprises acoustiques disponibles exclusivement dans ce format.
Dans le détail, voici le choix dont vous disposez chez Napalm Records :
> Coffret 3 CDs dont un double album digisleeve + un livret 6 pages (édition Deluxe), et le troisième CD avec les versions acoustiques de 10 chansons, exclusivement disponible dans le coffret Deluxe + bracelet rose en mousse et logo noir imprimé, patch en forme du logo, autocollant - 1000 exemplaires.
> 2 vinyles de couleur recyclés - édition Die Hard + un disque de feutrine, manipulateur de vinyle et un livret de 12 pages - 300 exemplaires.
> 2 vinyles de couleur recyclés + livret de 12 pages - 300 exemplaires.
> 2 vinyles noirs recyclés.
> 2 CDs digisleeve + livret 6 pages (édition Deluxe limitée) + livret 12 pages.
> 1 CD digisleeve + livret 6 pages + livret 12 pages.
> Cassette (rose, impressions noires) - 300 exemplaires.
> Format digital.
Les commandes sont ouvertes ICI.
Lord Of The Lost est en concert le 27/03/2024 à Grenoble et le 02/04/2024 à Paris.
RUMKICKS (punk rock), Born Rude (27/06/2023)
Le 11/11/2023
Un instantané punk-rock frais comme un Ramones.
Par Ahasverus
Rumkicks est un groupe de punk rock qui a pris naissance en Corée du Sud aux alentours de 2019.
Les Séoulites ont construit leur succès à l'aide de singles et d'un EP (« Brutality », 2020) mais aussi d'une image, et c'est cette alchimie globale a permis au trio de se faire remarquer et d'exporter leur musique à l'international.
L'ascension ne s'est pas faite dans la facilité si l'on en croit ce que le groupe expliquait au magazine Devilution dans une interview de 2022 : « La Corée est un pays très conservateur qui ne vous permet pas de vous teindre les cheveux. Yeawon (NDLR : chant/guitare) porte une perruque quand elle va au travail, une perruque noire. Ici, au Royaume-Uni, il existe de nombreux tatouages. C'est illégal en Corée. »
L'engouement du public est désormais acté et il a permis à Yeawon et à son gang de partager la scène avec des formations aussi réputées que Bad Religion et The Exploited.
En juin 2023 Rumkicks revenait avec un album intitulé « Born Rude ».
La création de « Born Rude » s'est faite sous pression :
« Normalement, nous écrivons une chanson lorsque nous avons une idée, expliquait le groupe à Devilution Magazine. Mais cette fois, nous avions une date limite pour l’album donc nous avons dû écrire de nouvelles chansons le plus vite possible. C’était une période assez difficile pour nous car rien ne nous venait à l’esprit. »
RUMKICKS par Nagoya
Pourtant les treize compositions signées Yeawon, dont nombre, déjà sorties en singles, ont été réenregistrées pour cet album, sonnent juste.
Côté lyrics (en Coréen ou en Anglais) la frontwoman a puisé dans les expériences personnelles du groupe. Ainsi « Don't Touch My Head » naît d'une anecdote de tournée, tandis que l'une des filles après un concert voyait un homme ivre tenter de toucher ses cheveux sous la douche. « Punk Is Nowhere », autre exemple, est une réponse à des attaques de haters reçues sur les réseaux sociaux.
Allant à l'essentiel, la formation coréenne délivre en trente minutes des chansons dont l'efficacité n'a d'égale que la simplicité, à l'instar des « Drinking Everyday » et « Rude Girl Oï » qui ouvrent l'album.
Les mélodies dégagent fluidité et énergie et doivent plus aux Ramones (« Punk Rocker », « Goodbye Song », « Punk Is Nowhere ») qu'à la pop punk cependant présente (« I Don't Wanna Die »).
Qu'on ne se méprenne pas : parler de simplicité à propos des titres alignés sur ce « Born Rude » n'a rien de péjoratif. A grands coups de « Oï » et de répétitions rythmiques, Yeawon développe un talent de hit maker certain et permet aux Coréennes de réaliser un instantané punk-rock frais comme un premier Ramones. C'est une pleine réussite qui ne connaît aucune perte et qui contribuera à parfaire la fanbase déjà conséquente des Rumkicks.
200 STAB WOUNDS - Slave to the Scalpel Ré-édition (03/11/23)
Le 08/11/2023
Par Dam'Aël
Crédit photo Stephanie Cabral Photography
Steve Buhl (Chant, guitare)
Ezra Cook (Basse)
Owen Pooley (Batterie)
Raymond MacDonald (Guitare)
Formé en 2019, le quatuor de death metal de Cleveland 200 Stab Wounds que Brooklyn Vegan appelle « Stupidly Heavy » rend hommage au death metal old-school dans la veine de Cannibal Corpse , Dying Fetus et Mortcian tout en créant leur propre son brutal et fait désormais partie du roster du label Metal Blade Records.
Le label réédite ce jour en CDs, vinyles et en digital « Slave to the Scalpel », le premier album de 200 Stab Wounds. Originellement sorti le 12 novembre 2021 chez Maggot Stomp, celui-ci expose parfaitement ce qu'est le death metal selon la bande originaire de Cleveland. Un pavé renfermant neuf titres enregistrés au Bricktop Studios en compagnie d'Andy Nelson et masterisés par Brad Boatright (Audiosiege).
01. Skin Milk
02. Tow Rope Around The Throat
03. Stifling Stew
04. Itty Bitty Pieces
05. Phallic Filth
06. Slave to the Scalpel
07. Drilling Your Head
08. Paths to Carnage
09. Expirated Spatter
Slave to the Scalpel botte sérieusement les fesses des têtes qui headbanguent sur les morceaux de cette formation 200 STAB WOUNDS, tabasse pendant vingt-sept minutes ; C'est vraiment lourd, puissant même si assez court.
On pouvait lire dans la presse de l'époque : "L'interaction entre l'assaut constant des riffs et la section rythmique groovy est l'épine dorsale de 200 Stab Wounds et l'axe autour duquel tout tourne. Mais contrairement à leurs pairs comme Cannibal Corpse ou Dying Fetus, qui insufflent une certaine complexité rythmique dans leur production, les garçons de Cleveland parcourent un territoire plus direct, ce qui rend leur formule death metal quelque peu facile à digérer " (sputnikmusic.com)
Ce nouvel EP a été produit par Mark Lewis (The Black Dahlia Murder, Nile, Deicide, Krisiun, Whitechapel, Fallujah).
Pour la suite, le groupe le promet : rendez-vous en 2024 avec un album ! Agence Singularités et Replica Promotion ne manqueront pas de nous donner des nouvelles sur la suite des festivités prévues par la formation du Death de Cleveland.
https://www.facebook.com/200stabwounds
https://www.instagram.com/200stabwounds
https://twitter.com/200stabwounds
DUMMY TOYS (punk rock), War Is Nightmare (07/06/2023)
Le 01/11/2023
« Aucun des neuf morceaux présents sur cette galette ne veut relâcher la pression et arriver dernier. »
Par Ahasverus
Qinhgdao est une ville côtière de l'Est de la Chine réputée pour... sa bière ! Le groupe de punk-rock chinois Dummy Toys ne pouvait donc trouver meilleur endroit pour se développer au pays du Milieu.
Dummy Toys est un quatuor féminin. En 2020 il propose un premier album au titre clair : « Not A Puppet ». Les filles n'ont pas l'intention de faire tapisserie et elles balancent douze titres d'un punk-rock ramassé avec des morceaux courts pouvant se montrer extrêmement nerveux (« Adespota Thing »). Loin de se crisper sur son rocher, Dummy Toys tente même une approche originale avec une rythmique ragga sur le morceau « Anti Sweet Girl ».
L'ouverture rappelle The Clash. Par ce trait et par d'autres propositions, « Not A Puppet » n'est pas sans présenter quelques similitudes avec la discographie de la formation britannique (« City Of Dead » ), tandis qu'un titre comme « DMC Baby » nous ramène plutôt aux débuts de Blondie.
On trouve donc beaucoup de qualités dans le matériel des Dummy Toys, avec un premier long format particulièrement respectable qui peut aussi présenter un visage hardcore (« Flying Young Girl », « Mentally Deficient » ).
C'est sur ce côté hardcore qu'appuie Dummy Toys quand il sort son second album, « War Is Nightmare », le 07/06/2023.
« Peu importe que la mélodie ne sonne pas bien aux oreilles du grand public ou ne lui plaise pas assez, nous voulons simplement faire entendre notre musique fort sans avoir à en expliquer le sens », peut on lire sur le Bandcamp du groupe.
Avec des titres extrêmement vifs, le gang chinois ne peine pas pour faire entendre ses intonations à la Slayer ou à la Death Angel (« Stop Your Control », « Wake Up »).
Les nouvelles compositions sont faites d'une écriture très serrée, avoisinant généralement les deux minutes, et pas une piste ne passe au dessus des 03:18. Il semble qu'aucun des neuf morceaux présents sur cette galette ne veuille relâcher la pression et arriver dernier.
Dummy Toys réussit ainsi un album de punk furieusement efficace et hardcore (« Network Mob »), avec des slogans marquants (Do not forget / Do not forgive — Disaster). D'ailleurs le groupe assure : « Même si nous savons qu'il n'y a pas grand chose à changer, nous voulons quand même rester toujours éveillés. ».
« War Is Nightmare » est donc un album qui dépote, un concentré d'énergie punk beaucoup plus choquant que son prédécesseur, et la puissance dégagée par le songwriting force le respect. Ces ving-trois minutes suffisent clairement à Dummy Toys pour enclencher la vitesse supérieure. De même, elles suffiront à vous botter le cul. Une recommandation cependant : le son des plateformes de streaming peut présenter des faiblesses. Nous vous conseillons de privilégier l'écoute sur Bandcamp qui proposera une bien meilleure qualité : https://dummytoyspunk.bandcamp.com/album/war-is-nightmare
PRINCESSES LEYA (métal parodique), Big Bang Therapy (20/10/2023)
Le 30/10/2023
Mettant pleinement l'accent sur le volet musical, Princesses Leya gagne en maturité mais continue à rouler sur les jantes. Il est donc normal qu'il fasse des étincelles.
Par Ahasverus
Après sa désopilante « Histoire Sans Fond » qui les voyait partir à la recherche d'une partition secrète sur la planète Chlamidia 4, les Princesses Leya sont de retour avec un nouveau concept-album, « Big Bang Therapy ».
Mais rappelons d'abord pour les non initiés que Princesses Leya est né en 2017 de la rencontre de Dedo (chant) et Antoine Schoumsky (guitare, chant), musiciens, mais également comédiens issus du théâtre et du stand-up
L'affaire est d'abord un spectacle qui mélange humour et métal, puis l'alchimie fonctionne si parfaitement que les Princesses se retrouvent en tournée durant plusieurs années et finissent par convenir que l'aventure pourrait prendre avantageusement une tournure discographique. Elle se concrétise par la sortie de « L'Histoire Sans Fond », alternance de sketchs et de morceaux aux textes savoureux tels que « Ouais Ouais Ouais », « Tue Tes Parents » ou « Je Vous Emmerde Et Je Rentre A Ma Maison ».
En 2023 leurs majestés remettent donc le couvert avec un spectacle flambant neuf, « Big Bang Therapy », choisissant cette fois-ci de présenter l'album avant le spectacle.
Si leurs péripéties précédentes conduisaient les Princesses à sauver une dimension parallèle, c'est cette fois TOUTES les dimensions que nos héros vont devoir secourir.
Ce fil conducteur est prétexte à passer au prisme des Princesses Leya des thématiques souvent sérieuses telles que la misère sexuelle (Baise Tout Seul), le capitalisme (Boulimie cannibale), le nucléaire (« Push »), le complotisme (Complotriste) ou l'analphabétisme (Analfabet).
Majoritairement musclée, usant de Metal, de grunge et de pop punk, la dérision permanente des Princesses Leya, à la manière de formations telles que les Fatals Picards, Les 3 Fromages ou Ultra Vomit mais avec une approche conceptuelle, leur permet de nous entraîner ponctuellement vers des rythmes reggae (« Sèvres Babylone ») et des percussions caraïbes (« Jojoba »).
Faisant évoluer la recette, « Big Bang Therapy » n'est entrecoupé que de quelques sketches, permettant au nouvel album de gagner en homogénéité.
Mettant pleinement l'accent sur le volet musical, ce nouvel opus des Princesses Leya prend en maturité mais continue à rouler sur les jantes. Il est donc normal qu'il fasse des étincelles.
Princesses Leya sera en concert à Paris (Trabendo) le 08/12/2023. Opium du Peuple saura parfaire la soirée.
SELF EXPLOITED WHORE - 1er album PORNAGOG (12/04/23)
Le 24/10/2023
Par Dam'Aël
Crédit photo : FloRiane F. Photos
HISTOIRE :
Self_Exploited_Whore est un duo originaire de Bourgogne-Franche-Comté formé par Ségolène SanGluten et Furax, un duo sur scène comme à la ville puisque Madame et Monsieur sont mariés. Actifs depuis 2015 avec initialement des reprises de Municipal Waste, Cradle Of Filth, Shaka Ponk, Simon and Garfunkel, Nirvadonna (Nirvana vs Madonna ), ces fous furieux décident de former Self_Exploited_Whore en novembre 2021 et de réaliser leurs propres - ou moins propres d'ailleurs - compositions qui les amènent à un certain nombre de scènes. Et c'est notamment une prestation live remarquée aux côtés de Witches, Savage Annihilation et Iron Flesh (entre autres) ainsi que la diffusion de quelques uns de leurs morceaux sur des radios Française, Anglaise et Irlandaise, que le label de metal extrême France, Black, Death, Grind va décider de leur proposer la réalisation de leur premier album. Naissance sans forceps de PORNAGOG et pas dans la demi-mesure puisque le nouveau-né propose pas moins de 15 titres, certes, mais des titres assez courts pour une écoute de 19'24 mn. La version numérique a été proposée le 10 avril et sa version Digipack le 12 août dernier ( https://youtu.be/OM37L6ZDVBY?si=-o3_IgIgD4ZONgRH).
Furax, renard libidineux et guitariste de Self Exploited Whore et sa femme Ségolène "SanGluten" au chant forme un duo atypique de deathgrind français composé d'un chant principal assuré par Madame et d'un chant additionnel assuré par Monsieur qui, parallèlement, manie la guitare ; le tout est chanté en anglais. Et sa décoiffe sa m***, ça dég*** dans le caniveau, mais le duo réveille aussi les consciences.
PORNAGOG a été enregistré, mixé et masterisé par Son Altesse Furax - Productions ( https://www.youtube.com/channel/UCQ_4CS_J3Bxlr0d1jTTJcQA )
REFLEXION :
La caractéristique d'un art est qu'il s'adresse à tous, sans pour autant plaire à tous, mais avec une intention majeure, celle de tenter d'ouvrir chaque esprit à la découverte. Pas de 100% de réussite, sans doute plus de pourcentage d'échec, mais l'initiative est princeps pour cette ouverture d'esprit sur l'univers très complexe qu'est l'ART.
Je vous rappelle mon manque d'adhésion au Death, Black et Dark, cependant chroniquer c'est aussi parler d'album qui sort de sa zone de confort. Et celui-ci en fait partie d'autant que le duo en rajoute à la pelle pour interpeler, sidérer voire même choquer. Je ne décrirai pas techniquement cet album PORNAGOG, le premier de Self Exploited Whore, mais je vais vous le présenter sous la forme d'une video récapitulative : au menu une galette aux parfums variés, forts, épicés voire même aigres.
Pourquoi?
Parce que cela m'amuse de le faire!
What else?
Heuuuuuu! Encore juste une petite chose, soyez curieux, allez jusqu'au bout de la video...
1.The art of farting 01:09
2.Dead people smell better 01:43
3.menstruation feast 01:24
4.Iron? I run! 00:40
5.21 steps to reject you 00:21
6. Daddybarrow 00:50
7.Human deletion crusade 03:14
8.Breathe 00:10
9.Time to hang you out 00:40
10.Torn to pieces and sodomized 00:44
11.Pornagog 01:55
12.Grandma's advice 00:25
13.Waste sweet waste 01:35
14. Shitbag 00:50
15.T.B.W.B. (The Brutal Woods Boy) 03:33
Les liens :
http://facebook.com/sonaltesse.furax
https://selfexploitedwhore.bandcamp.com/album/pornagog
http://Linktree S.E.W. https://linktr.ee/selfexploitedwhore
http://https://france-black-death-grind.sumupstore.com/
Mots clés : death metal metal blastbeats deathgrind grind grindcore growl guttural pig squeal France
7 WEEKS (rock), Fade Into Blurred Lines (13/10/2023)
Le 19/10/2023
« Fade Into Blurred Lines » conduira vos émotions aussi sûrement que le cuivre conduit l'électricité.
Par Ahasverus
Voici la nouvelle livraison de 7 Weeks. Elle s'appelle « Fade Into Blurred Lines ».
Nous l'abordions avec une pointe de doute : nous avions adoré « Sisyphus », l'un des meilleurs albums de rock de l'année 2020, et voici que 7 Weeks entendait rebattre les cartes dans une formule trio avec un album « enregistré live, sans artifice » que le dossier de presse estimait « moins solaire, plus terrien ».
Ne laissons pas s'installer le suspense plus longtemps : nous avons trouvé l'opus excellent au point d'en faire notre album du mois dans notre newsletter n°11.
Nous voila rassuré : dès le premier morceau, « Gorgo », on retrouvait l'ADN inaltéré du groupe, cette voix caractéristique, ces rythmiques vrombissantes, cette guitare indépendante, toujours en mouvement, enfin cette élégance permanente dans le placement.
7 Weeks lachait « Gorgo » en premier single, disant à son sujet : « Gorgo parle de fuite en avant, du rapport intime au monstrueux, des jours sombres qui pétrifient quand on ose les regarder en face. Texte symbolique, Gorgo illustre la crise de sens que nous traversons et les lignes de fuite que nous créons pour y échapper : repli sur soi, confort viral et illusoire, certitudes figées. On avait cet arpège crimsonien en stock ainsi que cette image d’un personnage qui se retrouve figé face à ces certitudes. On a donc combiné les deux idées avec l’image de la Gorgone mythologique. »
Certes, d'autres morceaux sont possiblement plus radicaux, et le son préparé par Pascal Mondaz est peut-être légèrement plus brut, plus crissant. Mais l'identité de 7 Weeks est affirmée et sa signature reste heureusement omniprésente.
Entre explosivité (« Blackhole Your Heart ») et émotion (« Mute »), le trio ne tranche pas.
Il alimente son fourneau avec la même classe, et bien que ses ingrédients soient différents de cette formation, nous sommes tenté de le comparer à Screaming Trees pour sa marginalité dans le grunge rock et pour la beauté évidente qui habille certains morceaux.
Finalement la parenté de « Sisyphus » à « Fade Into Blurred Lines » s'impose, non par une gémellité mais bien par un air de famille. « Fade Into Blurred Lines » suit son propre chemin mais n'aura rien à envier au remarquable « Sisyphus ». Comme lui, il fait mouche, qu'il serpente paresseusement (« Shimmering Blue », « Castaway »), qu'il parte à bride abattue, effréné et strident (« Wax Doll »), ou qu'il évoque des images western (« Windmills »).
« Fade Into Blurred Lines » se referme en finesse avec l'intime « Travellers ».
On apprécie que 7 Weeks n'ait rien lâché après « Sisyphus » : il a posé sa patine sur chaque note de « Fade Into Blurred Lines ». Le résultat est infiniment séduisant et conduira vos émotions aussi sûrement que le cuivre conduit l'électricité.
« Fade Into Blurred Lines » est notre Album du Mois. Il saura illuminer votre octobre 2023.
JELUSICK (heavy metal), Follow The Blind Man (29/09/2023)
Le 18/10/2023
Dino Jelusick n'a à l'évidence rien à envier à ses prestigieux aînés, David Coverdale et Jorn Lande.
Par Ahasverus.
Dino Jelusick est un enfant de la balle. Né en 1992, il passe ses premières auditions dès l'âge de cinq ans.
Il remporte à onze ans, avec « Ti si moja prva ljubav », une chanson de sa composition qu'il joue pour partie au piano, le concours junior de l'Eurovision à Copenhague en 2003. Il sort son premier album la même année et entame une série de concerts qui le conduiront de l'Europe aux Etats-Unis, et jusqu'en Australie.
2004. Dino a douze ans. Il est le plus jeune nominé au prix de musique croate Porin. Il se produit avec des géants tels que UB40 et Ronan Keating.
En 2005, il sort l'album conceptuel « Prošao sam sve ». Mais ses goûts le poussent peu à peu vers le rock metal, avec une prédilection pour les groupes des 80's.
En 2012, il fonde Animal Drive, groupe avec lequel il enregistre un album (« Bite! » - 2018) et un EP (« Back To The Roots » - 2019), avant que n'intervienne la séparation en 2020.
Dino ne tarde pas à être repéré par le gratin du métal international : le Transiberian Orchestra s'intéresse à lui dès 2016, George Lynch l'intègre à son groupe Dirty Shirley en 2018, et il rejoint Whitesnake au chant, clavier et guitare, en 2021.
En 2023, Dino revient en formation de combat sous le nom de Jelusick avec un album intitulé « Follow The Blind Man ».
Il s'agit d'un onze titres d'environ cinquante-trois minutes.
Autour de Dino, trois compatriotes croates :
A la guitare, Ivan Keller, qui a notamment joué dans « Fireball », avec lequel il ouvre pour Guns'n'Roses en Croatie en 2012. A la batterie, Marc Lepoglavec. Lui et Ivan ont notamment joué avec Marco Mendoza. Le bassiste Luka Brodaric complète la formation.
Jelusick met les choses au clair d'entrée de jeu avec un titre heavy, dynamique et moderne, « Reign Of The Vultures », qui n'est pas sans rappeler l'univers de Soto.
La voix est évidemment le point fort de l'album. Son talent est encore plus évident sur les ballades (« The Great Divide », « Follow The Blind Man », « The Bitter End »). Dino Jelusick n'a rien à envier à ses prestigieux aînés, David Coverdale et Jorn Lande. Avec des vocalistes tels que lui et Mehdi Khema (Carthagods), c'est une génération qui se tient prête pour assurer la relève.
Une production idéale met en évidence le jeu des instruments. La guitare et le clavier (Hammond) se passent le relais dans une parfaite complicité (« What I Want »), c'est le second point fort de cet album. Une légère touche orientale peut imprimer la mélodie (« Died »).
Les titres sont techniques, avec des orchestrations bien pleines et des interprétations très carrées. Ils oscillent entre une tradition à la Coverdale (« Died »), Coverdale/Page ( « The Healer »), et une modernité à la Soto/Carthagods (« Reign Of The Vultures », « Chaos Master ») qui se risque même à esquisser un growl (« Acid Rain »).
Un sentiment de déjà-vu peut poindre à la première écoute. Insistez ! La technicité des musiciens se charge de vous rappeler qu'on a affaire à un Monsieur au moins aussi capable que ses illustres prédécesseurs, et lorsque le songwriting déploie ses ailes, ce disque peut devenir formidable et se montrer capable de squatter la mémoire de manière pérenne (« Follow The Blind Man », « What I Want »).
L'album se referme en douceur avec « The Bitter End » en outro. Cette ballade épurée permet à Dino Jelusick de déployer tout son talent de chanteur.
C'est donc sans hésiter que vous suivrez cet aveugle (« Follow The Blind Man ») qui dispose de tous les ingrédients pour apporter du bonheur au fan de heavy qui bouillonne en vous : un son massif, une grande voix, un songwriting qui sait toucher à l'excellence, et des musiciens aguerris (guitare/basse/clavier/batterie) qui ne manquent pas de développer leurs idées.
Pour conclure, sachez que c'est également à l'aveugle, au moins le temps des fameuses auditions, que Dino Jelusick se retrouvera sur les plateaux de télévision, puisqu'il intègre le jury de la nouvelle saison de The Voice Of Croatia.
NATURE MORTE (post rock), Oddity (29/09/2023)
Le 17/10/2023
Il y a toujours chez Nature Morte quelque chose qui retient d'emblée l'attention.
Pour « Messe Basse » (2021), c'était cette vieille photo des années 70 dont le groupe faisait sa pochette d'album.
Pour « Oddity », son nouvel album, c'est cette confrontation immédiate entre l'univers sourd et feutré du shoegaze et la violence du metal extrême.
Les couleurs vives de la pochette nous avertissent très probablement que la musique est vénéneuse. C'est qu'il se forme, chez Nature Morte, une agglomération d'éléments à priori incompatibles entre lesquels le trio parisien ne choisit pas, un magma qui veut se déverser d'un bloc, telle la lave d'un volcan.
Comme le torrent de lave, « Oddity » est fascinant et sulfureux. Il s'avance en arythmie, parfois furieux, toujours menaçant.
Jamais dénué de beauté, l'album est exigeant et son post-metal ne s'appréhende qu'avec l'attention qu'on doit au diable lorsqu'il arrive au bal. L'ambiance magnétique alors vous gagne. « Oddity » vous inonde d'un climat fascinant.
Nature Morte porte le contraste en bandoulière tout au long d'un album beau et inquiétant, complexe comme un visage défiguré.
Ca et là percent des éclaircies, tels l'intervention de Cindy Sanchez (Lisieux †) sur « Here Comes The Rain », et l'inattendu « Banquet Overflow for the Mind House » avec son passage new-wave très The Cure.
Une reprise de Deftones clôture l'opus sans le dénaturer.
Nature Morte puise dans son passé, recycle les bases, mais affirme plus fortement sa singularité, démontrant sa capacité à porter plus loin sa croix. Réussissant l'alliance contre-nature de la ouate et du vitriol, il livre avec « Oddity » une oeuvre singulière. Sa force ne vous échappera pas.
Enregistré au Lower Tones Place Studio à Magency puis mixé et masterisé par Edgar Chevallier (6:33, Demande à la Poussière), l'album est disponible depuis le 29/09/2023.
C'est une sortie Frozen Records.
WIG WAM (glam metal), Out Of The Dark (10/02/2023)
Le 10/10/2023
Wig Wam vient rappeler sa grande facilité d'écriture. Il livre quelques brûlots dans une galette pleine de friandises. Ce n'est pas son meilleur album, mais tout de même...
Par Ahasverus
Formé en 2001, Wig Wam sort son premier album en 2004. Si certains titres ne font pas très sérieux (« The Best Song In The World », « Erection »), si la pochette du CD est plutôt médiocre, et enfin si les arrangements restent à travailler (« Crazy Things », « Tell Me Where To Go »), la mélodie est bien présente, la voix est presque prête, la guitare totalement (« Erection »), et ce « 667... The Neighbour Of The Beast », qui comprend une cover du titre de Mel C « I Turn To You » constitue une carte de visite très honorable. Son hard est parfois proche du glam 70's (« Mine All Mine », « Bless The Night »), s'accaparant le son 80's d'un Bon Jovi (« Hard To Be Rock N' Roller ») qui jammerait avec Mötley Crüe (« Car-Lyle »), se permettant quelques vraies ballades (« Tell Me Where To Go », « A Long Way ») et un clin d'oeil aux Kiss Alive (« Erection ») parmi des choses modernes teintées de pop (« I Turn To You »). Hard et mélodique, Wig Wam entend néanmoins dès son premier album explorer les contours de sa cible plutôt que de se résoudre à la frapper dans son centre.
Ce premier album est peu distribué en Europe et n'arrive pas jusqu'à la France. La plupart des titres (« The Best Song In The World », « Erection », « Mine All Mine », « Bless The Night », « Tell Me Where To Go », « Car-Lyle ») sont donc repris dans l'album suivant, « Hard To Be A Rock N' Roller » (2005). Parallèlement, Wig Wam tente à deux reprises de participer à l'Eurovision. Il y parvient la seconde fois et permet a la Norvège de se placer à la neuvième place avec la chanson « In My Dreams ». Une version studio sera intégrée dans une réédition de l'album « Hard To Be A Rock N' Roller ».
C'est la seconde fois que le chanteur Glam (Åge Sten Nilsen) participe à l'Eurovision. En 1998, il se classait troisième sous le pseudonyme G'sten.
« Wig Wamania » sort en 2006. Classique mais bien travaillé, il contient de bonnes chansons et affirme les talents de mélodiste de la formation norvégienne. Globalement orienté FM, ne lésinant pas sur les ballades et sur les morceaux taillés pour la radio (« Slave To You Love »,« Bygone Zone », « At The End Of The Day»), il a toujours de quoi séduire les amateurs de glam à la Bon Jovi (« Gonna Get You Someday »), voire de The Darkness (« Kill My Rock N' Roll ») même dans ses morceaux les plus heavy (« Dare Davil Heat », « Can't Get Her (Out Of My Bed) », « Breaking All The Rules »). C'est un album de qualité qui mérite d'être découvert aujourd'hui encore.
En 2007, Wig Wam se retourne sur son parcours le temps d'un « Live In Tokyo » fort de dix-neuf titres.
« Non Stop Rock N' Roll » (2010), le quatrième album studio de la formation, s'ouvre sur le très frais « Do Ya Wanna Taste It ». Il délaisse un peu l'ambiance 80's pour mettre un peu de pop dans son heavy (« Walls Come Down »). Sans avoir de vues révolutionnaires, il est plus moderne (« Still I’m Burning », « All You Wanted », « Non Stop Rock N’ Roll ») et ses accroches fonctionnent bien (« Chasing Rainbow », « Do You Wanna Taste It ») jusque dans ses ballades (« Man In The Moon », « From Here »).
« Wall Street » (2012) prend la suite, et confirme l’impression de maturité dégagée par son prédécesseur (« Omg ! », « The Bigger The better », « One Million Enemies », « Natural High »). Une grande maîtrise de la voix rapproche parfois le chant de Glam d’un Coverdale (« Try My Body On »). Malgré cela et un album très correct avec des titres accrocheurs (« Wrong Can feel So Right », « Wall Street », The Bigger The Better ») le groupe se sépare en 2014.
C’est pour mieux se retrouver autour de « Never Say Die » qui sort en 2017 ! L’approche moderne se confirme sur un opus qui sait se montrer offensif (« Hypnotized », « Where Does It Hurt »). La voix a encore pris de l'épaisseur. Le groupe n’a pas perdu sa capacité à écrire des refrains mémorisables et des ballades (« My Kaleidoscope Ark »), avec des morceaux inattendus (« Silver Lining ») et d'autres qui peuvent faire penser à Kissin Dynamite (« Kilimanjaro »).
Le nouvel album, « Out Of The Dark », sort le 10/02/2023. Il va directement dans le vif du sujet avec un excellent morceau éponyme, remarquablement accrocheur.
C'est l'un des points forts de l'album, avec le titre « High N’ Dry », et peut-être plus que encore avec « Forevermore » : on imagine ce que ce mid-tempo percutant va donner sur scène !
Parfois évocateur de Van Halen (« Bad Luck Chuck »), parfois entre Bon Jovi et Whitesnake, (« The American Dream »), Wig Wam vient rappeler sa grande facilité d'écriture. Il livre quelques brûlots dans une galette pleine de friandises, sans toutefois placer là son meilleur opus, mais tout de même : c'est largement suffisant pour en faire un bon album, nous vous invitons à le découvrir, si ce n'est déjà fait.
NERVOSA (thrash metal), Jailbreak (29/09/2023)
Le 03/10/2023
Prika Amaral peut être fière de son nouveau gang qui a remarquablement relevé le gant et qui vient de réaliser un album de musique extrême, fait d'un thrash puissant, impressionnant de violence et d'agressivité, sans aucune linéarité, musicalement foisonnant.
Par Ahasverus
NERVOSA par Gregory Dourtounis
Même si elle est habituée à l'exercice (depuis 2010 l'histoire de Nervosa est une longue suite de départs et d'arrivées), il fallait de la ressource à sa fondatrice Prika Amaral pour rebondir après la défection de sa section rythmique partie fonder Crypta. Elle a retroussé ses manches, Prika, puis complété son line-up par Michaela Naydenova (batterie), Hel Pyre (basse) et Helena Kotina (guitare). Et puis elle a décidé qu'elle prendrait le chant à son compte. On n'y voit rien à redire, qu'elle s'époumone, au contraire ! Elle s'en sort admirablement et n'a besoin d'aucun soutien, même si elle en reçoit parfois, et des plus efficaces. Mais le chant, tout important qu'il soit, n'est pas le tournant où l'on attend particulièrement les thrasheuses de Nervosa...
Son équipe constituée, Nervosa revient nous chatouiller les cervicales avec un cinquième album studio intitulé « Jailbreak ».
Helena Kotina (à la guitare depuis 2021) explique :
« Je pense que Jailbreak est l’opus le plus révolutionnaire de Nervosa, tant musicalement que textuellement. Cela a été un processus complexe, mais très constructif à la fois. Nous avons soigné chaque détail jusqu’à ce que nous obtenions le meilleur résultat. »
Pour preuve, les Brésiliennes dévoilaient des extraits sous forme de clips, ainsi « Endless Ambition », qui ouvre l'album :
Ce morceau aux structures pleines et nerveuses souffle la tempête et ne laisse aucun doute sur les intentions et les capacités du nouveau line-up.
Puis Nervosa dévoilait « Seed Of Death », un morceau d'un calme relatif (par rapport au reste de l'album !) dont les paroles philosophiques explorent le cycle de la vie.
Prika Amaral confiait :
« J’ai toujours voulu une chanson comme celle-ci, mais différentes raisons ont fait que ce n’est jamais arrivé. Maintenant, elle existe. »
C'est collectivement que Nervosa emporte la partie. Prika l'explique :
« Nous avons pris plus de risques et créé de nouvelles choses. Avec deux guitares, les portes se sont ouvertes sur plus de possibilités. Même si Nervosa impliquait deux guitaristes au départ, nous avons ensuite choisi de n’en garder qu’une seule pour des raisons logistiques, car il était plus simple d’avoir une personne en moins pendant les tournées. Maintenant, notre groupe est doté d’une plus grande structure qui permet cette addition, et nous apprécions beaucoup cette période. L’écriture de ces nouvelles chansons a été un vrai amusement et a permis de faire ressortir la musicalité en chacun, ce qui a enrichi le groupe. »
Avec des titres comme « Jailbreak », le morceau qui donne son titre à l'album, et l'un de ses moments les plus forts, Nervosa écrit un grand moment de thrash metal et a de quoi secouer les pits :
« Cette chanson représente les racines de ce nouvel album. Helena et moi adorons les motos, et nous voulions écrire une chanson qui transmette un sentiment de liberté aux gens, car c’est ce que nous ressentons lorsque nous roulons. Jailbreak inclut aussi l’un des plus grands duos de guitare - vous serez surpris de l’entendre en live. J’ai hâte ! »
Nervosa avait également dévoilé « Elements of Sin », une véritable tornade thrash placée en avant-dernière piste de l'album.
Prika la livrait avec ce commentaire :
« Elements Of Sin est l’une des premières chansons que Helena et moi avons écrit ensemble. Je me rappelle le moment où le riff du refrain m’est venu, fin 2021, puis les paroles du refrain sont arrivées. Nous étions tellement excitées par cette nouvelle chanson que nous avons également composé les parties de batterie au même moment. Créer cet album a été très amusant ! »
La force profonde de « Jailbreak » réside dans ses rythmiques imparables (« Behind The Wall », « When The Thruth Is A Lie », « Superstition Failed ») et ses leads sidéraux (« Jailbreak »), mais aussi dans la présence d'une batterie merveilleusement active (« Suffocare », « Ungrateful »). L'album est extrême, nerveux comme une fuite en avant. Il est parfaitement servi par la production. Prika Amaral peut être fière de son nouveau gang qui a remarquablement relevé le gant et qui vient de réaliser un opus fait d'un thrash puissant, impressionnant de violence et d'agressivité, sans aucune linéarité, musicalement foisonnant. C'est tout simplement savoureux, et ce cinquième long format qui impose un sans-faute sur plus de quarante-cinq minutes est peut-être le meilleur des cinq albums que compte désormais la formation brésilienne dans sa discographie !
Gary Holt d’Exodus et Lena Scissorhands d'Infected Rain apportent leur contribution à deux des treize titres de ce nouveau Nervosa.
« Jailbreak » est disponible dans les formats suivants chez Napalm Records :
- 1 vinyle violet
- 1 vinyle rouge/blanc marbré + un disque de feutrine + bracelet en mousse + un tote bag
- 1 cassette rouge et impressions blanches
- Lot : CD digipack + t-shirt artwork "Jailbreak"
- Lot : CD digipack + t-shirt artwork "Seed Of Death"
- Format digital
Commandez l'album ICI
NERVOSA EST EN CONCERT A PARIS (Petit Bain) LE 29/11/2023
MOLYBARON (metal), Something Ominous (15/09/2023)
Le 03/10/2023
Un opus plein d'épaisseur, particulièrement solide, musical et beau : Notre album du mois de septembre.
Par Ahasverus
Troisième opus pour Molybaron, un quatuor de Metal alternatif fondé en 2014 par le chanteur/guitariste Gary Kelly.
Dès son premier effort discographique éponyme (2017) le groupe franco-irlandais proposait une musique alternative moderne, avec un chant atypique bien identifiable et une aptitude à écrire des mélodies mémorisables.
Les débuts du quatuor ne laissaient pas indifférent. Rock Hard sacrait Molybaron « découverte de l'année 2017 ».
L'album suivant, « The Mutiny », lui donnait raison. Très bien accueilli par la presse spécialisée, Molybaron confirmait son statut de valeur montante de la scène française aux côtés de jeunes groupes comme Disconnected ou Malemort qui, comme lui, retenaient l'attention des médias par leur approche originale et moderne du Metal.
Molybaron s'exprimait sur scène, avec en point d'orgue un Hellfest en 2022.
2023 est marqué par son retour pour un troisième album. Il s'appelle « Something Ominous ».
« Something Ominous » est le premier album enregistré avec Camille Greneron à la batterie et Florian Soum à la guitare. C'est aussi le premier opus que Molybaron sort sous label, ce qui a pu générer une certaine pression dans la création compte tenu des échéances à respecter. Gary Kelly, compositeur principal du groupe, qui fait le gros oeuvre et donne la direction musicale, s'en est sorti admirablement. Son processus d'écriture est affiné par les autres musiciens. Ainsi Florian Soum, dernier arrivé au sein du groupe, a-t-il pu proposer ses soli de guitare pour les morceaux « Anyway », « Pendulum » et « Billion Dollar Shakedown ».
Gorgé de groove et de mélodie, « Something Ominous » confirme immédiatement ce don pour la composition avec un titre éponyme à la structure rythmique omniprésente qui met en place une ambiance typique et étrange.
On remarque tout de suite la qualité du jeu de batterie de Camille Greneron (il fallait ça pour succéder à Aurelien Ouzoulias qui oeuvrait sur le deuxième album !). La section rythmique, dans son ensemble, tisse une véritable charpente aussi dense que subtile.
L'album accumule les bons points, tel ce « Set Alight » lancé par son refrain accrocheur.
Nouveau bon point pour « Billion Dollar Shakedown », avec ses saillies rappées et ses rythmiques orientales. Il prouve la capacité de Molybaron à se renouveler.
Mené avec beaucoup de tension, « Something Ominous » est aussi capable de s'accorder des pauses pleines de sensibilité (« Daylight Dies In Darkness »).
Fort d'un songwriting marquant, d'une performance vocale singulière et de musiciens remarquablement actifs et aux jeux prégnants, « Something Ominous » renouvelle à chaque piste les moments capables d'imprimer les mémoires.
« Something Ominous » a reçu un excellent accueil critique, unanime pour ce qu'on a pu en lire. Ainsi « l’originalité (et parfois même une complexité assez tarabiscotée) s’étale dans chacun des morceaux » (Metal Actus) d'un album qui s'impose comme « l'un des monuments de l'année 2023 » (Loud TV). « Toute l’œuvre du groupe gagne en cohérence » (Hard Force), Molybaron ayant « définitivement trouvé un son et un style unique » (Aux Portes du Metal).
Nous sommes donc d'accord sur l'essentiel : Molybaron propose un nouvel album plein d'épaisseur, au style original, à la fois varié et homogène, dense et musical, aux accroches particulièrement solides, qui s'inscrit la tête haute dans une discographie qui s'illustre par la permanence de sa qualité.
Molybaron est actuellement en tournée européenne avec Soën. Lyon (Ninkasi - 11/10/2023), Paris (Elysée-Montmartre - 15/10/2023) et Strasbourg (La Laiterie - 18/10/2023) sont sur leur itinéraire.
« Something Ominous » est disponible depuis le 15/09/2023. C'est une sortie InsideOut Music (Devin Townsend, Haken).