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Les Francophonies d'Ahasverus : CARTAGENA

Le 03/05/2018

Des envies de voyage à l’approche de l’été ? Vous êtes sur la bonne page ! “Hard French Metal - le Zine qui vous régale” a décidé de vous emmener à la rencontre de nos voisins francophones. Prenez une petite valise, quelques vêtements chauds, puis installez-vous dans votre fauteuil. Attachez votre ceinture, et attention au décollage !


 

L’escapade commence par la Tunisie. Le pays du jasmin serait-il en passe de devenir la nation du Metal ? Voilà qu’il s’est trouvé, avec Myrath, Persona et Cartagena, d'extraordinaires ambassadeurs qui le hissent au meilleur niveau de la scène internationale ! Allons voir ça ! Il est 19 heures 24, heure locale. La température extérieure est de 16°, il pleut légèrement. Nous amorçons notre descente sur Tunis. Silensium Tear nous accueille, avec la grande amabilité qui le caractérise.
Petit état des lieux : après “Eternal Variation”, son premier album, Cartagena s’était octroyé une pause de près de dix ans, dont notre hôte nous contera les raisons. Le groupe revient en janvier 2018 avec “Roma Delenda Est”, un séduisant disque de Metal symphonique mêlant chevauchées épiques, gros riffs métalliques, et ambiances orientales saupoudrées d’instruments exotiques (harpe, duduk, bansuri, et autres sarangi).
 

Cerise sur le gâteau : l’extraordinaire Nesrine Mahbouli (oui, il s’agit bien de l’ex-Persona !) a intégré Cartagena depuis peu, et c’est elle qui défend désormais “Roma Delenda Est” sur scène. Mais il est temps de laisser la parole à Silensium Tear : il vous racontera tout ça mieux que moi !


"La Scène Tunisienne est en mode pause actuellement.
Nous avons eu une phase de vide après la révolution,
pendant quelques années, mais ça commence à revenir petit à petit..."
Silensium Tear
 

“Je m’appelle Silensium Tear, et je suis bassiste dans Cartagena depuis 2009.”

 

Quel est le premier album que tu as acheté ?
“Mon premier album acheté ? C'était celui de Dark Tranquility, je crois... Mais je ne me rappelle plus lequel !”

Quel a été l'élément déclencheur de ta vocation ?
“Je pense avoir la musique dans le sang, puisque j'étais pianiste et luthiste dès mon plus jeune âge, (6ans !). Vers mes 11 ans, j'étais en “tête d'affiche” pour un spectacle de deux mille personnes, avec mon luth, une chorale de 20 personnes derrière moi, et un piano - tenu par mon prof de piano . C'était mon premier “Live”. Disons qu’il s'est passé à merveille... J'étais sélectionné pour ce concert parmi trente autres musiciens, largement plus anciens que moi en musique, vu leur âge par rapport au mien ! Je n'ai même pas eu d’élément déclencheur : ça s'est passé très spontanément, comme si c'était ma route, c'était mon destin...”

On trouve sur internet une vidéo "démo" d'Eternal Variation (2010). Cet album est-il toujours disponible ? “Eternal variation” était le premier album de Cartagena. Nous l'avons joué une quarantaine de fois, en “live”, un peu partout. Nous avons gagné plusieurs prix grâce à cet album ! Il est disponible facilement sur internet, à télécharger gratuitement. Entre temps, nous avons investi dans notre studio d'enregistrement. Puisque nous avions gagné une petite notoriété grâce à cet album, nous nous sommes vus dans l'obligation d'améliorer la qualité audio de nos prochains disques, notamment “Roma Delenda Est”, pour atteindre un niveau respectable à l'échelle internationale.”

Cartagena revient en 2018 avec “Roma Delenda Est”. Pourquoi autant de temps entre les deux albums ?
“La raison de notre pause entre “Eternal Variation” et “Roma Delenda Est”, c’est que nous avons transformé notre studio en quelque chose de vraiment pro. Cela nous a pris beaucoup de temps pour réaliser enfin ce projet. Il y'avait également d'anciens chanteurs et chanteuses qui sont partis vivre à l'étranger, du coup c'était pas vraiment facile de chercher des remplaçants avec le timbre "Parfait" pour l'album en cours, etc... Nous avons eu plusieurs soucis, qu'on a surmonté sans la moindre difficulté grâce à notre amour, vu que nous sommes une Famille, mais sans oublier aussi nos études en parallèle : Seif Kechrid, le Batteur du groupe, passait son doctorat en pharmacie ; le mien était en Marketing etc.”

Bon Scott chantait "It's a Long Way To the Top If You Wanna Rock'N Roll. Les groupes de Metal français, même les très bons, rament pour émerger, trouver des salles, rameuter du public, et je ne parle même pas des ventes d'albums. Qu'en est-il de la scène tunisienne ?
La Scène Tunisienne est en mode pause actuellement. Nous avons eu une phase de vide après la révolution, pendant quelques années, mais ça commence à revenir petit à petit... Nous avons vu quelques concerts importants, pas aussi importants qu'avant, puisqu’auparavant nous avons invité pas mal de groupes internationaux, notamment Symphony X, Haggard, Dark Tranquility, etc. Pour la vente d'albums, le seul moyen, (à mon avis, je ne suis pas un expert), est de vendre les albums pendant le concert, c’est à dire sur un stand. Pour les salles de concerts, ici, contrairement à la France, nous avons moins de choix. Je dirais cinq à six salles pour le Metal à Tunis, et quelques autres éparpillées un peu partout, notamment Tabarka avec ses concerts de jazz, etc. Les Métalleux, comme dans le monde entier, enfin en général, sont toujours une minorité, mais ici on voit de nouvelles têtes, de nouvelles générations, ça commence à s'élargir de plus en plus. Il faut noter que cette communauté est assoiffée de concerts, puisque, depuis 2011, ils n'ont pu assister qu'à quelques “Live” ! Depuis une année, on remarque que la scène en Tunisie commence à bouger. C’est loin de ce que c'était avant, mais c'est pas mal non plus !

La scène tunisienne s'impose en France avec des groupes de stature internationale tels que Myrath ou Persona. Cartage arrive en renfort. A l'inverse, certains groupes français parviennent-ils à percer en Tunisie ?
Pour les groupes Français, il y a certainement ceux qui sont très respectés en Tunisie, mais des Live s'imposent ! La scène Metal en Tunisie est une scène vierge qui ne demande qu'à être exploitée, surtout que cette scène, spécialement, est d'une importance capitale pour les groupes qui veulent se faire connaitre dans le monde ! Plein de groupes maintenant reconnus à l'échelle internationale sont passés par la Tunisie ! Les témoignages de ces groupes existent encore sur internet. Les Métalleux Tunisiens sont en général des gens très instruits, qui ont l'oreille musicale, et qui savent apprécier de la bonne musique, quelque soit son origine !

Cartagena compte désormais parmi ses membres la sublime Nesrine Mahbouli. Mais qui chantait sur “Roma Delenda Est” ?
L'album “Roma Delenda Est” à été enregistré avec la voix de notre ancienne chanteuse, Sherazade (NDLR : Sherazade Amous).
Nesrine Mahbouli a rejoint le groupe en 2017. C'est elle qui chantera “Roma Delenda Est” en “live” et créera la surprise avec une voix plus puissante, vu son parcours "Opéra". Avec elle, nous composons également notre troisième album, en ce moment. Il sortira en 2019.

Nesrine Mahbouli

On se propose d'envoyer un vaisseau à travers l'espace pour présenter notre culture aux autres formes de vie, s'il en est. Tu as le choix de l'album qui représentera le Metal. Lequel choisis-tu ?
Je vais sûrement être tenté de placer mon album à l'échelle cosmique, mais ça serait ÉNORMÉMENT égoïste de ma part ! (Rires) Du coup, je vais penser à un “medley” de plusieurs groupes. Si c'est de la triche, alors j'envoie un des albums de Rammstein...

Cartagena

Un titre Rock dont tu pourrais faire ta devise ?
“Nice To Know You”, (Incubus).

Un énorme merci, Silensium Tear, pour ton accueil chaleureux et ta disponibilité.
"Je vous remercie chaleureusement en mon nom et celui de Cartagena pour l'intérêt que vous nous portez."

https://www.facebook.com/CartagenaBand/
https://cartagenaband.bandcamp.com/album/roma-delenda-est-2

DIX QUESTIONS A : IVAN PAVLAKOVIC (DISCONNECTED, HEAVY DUTY)

Le 08/04/2018

Il est capable de vous emmitoufler d’une voix chaude dans une mélodie exquise pour, la seconde qui suit, mieux vous asséner un énorme direct en pleine face. Ça fait un peu flipper une puissance pareille, alors j’ai pris mes précautions : j’ai laissé un mot sur la table au cas où j’en reviendrais pas, j’ai pris mon courage à deux mains, et puis j’y suis allé, les poser, mes dix questions à Ivan PAVLAKOVIC...

Ivan


 
"Si tu ne te bats pas pour tes rêves,
personne ne le fera à ta place.
Je suis dans cette optique de vie :
ne jamais rien lâcher !"
(Ivan Pavlakovic)

 

1.- Nom, prénom, instruments pratiqués, formation ?
Pavlakovic Ivan chant/guitare, autodidacte.

2.- Premier album acheté ?
The razor's edge, AC/DC.

3.- Tu es le chanteur de Heavy Duty,  groupe dont il s'est dit que le seul défaut que je trouve est de n'être pas Américain.
It's a long way to the top, chantait Bon Scott, mais j'ai l'impression que la route est encore plus longue pour une formation française, si excellente soit-elle. Qu'en penses-tu ?

Je ne peux qu'être d'accord avec toi : la France n'est vraiment pas le pays du rock, et encore moins du métal (même si nous avons des supers groupes dans notre pays). Arriver à faire certaines choses dans ce domaine en France, c'est la croix et la bannière, tous les groupes peuvent en témoigner.
De plus, avec Heavy Duty, ce côté très ricain dans le son et l'approche musicale ont plutôt été un frein à notre réussite dans notre propre pays. Ça va si tu t'appelles 5FDP, ou Stone Sour, et que tu es - justement - Ricain. Sinon, ben... Ça passe moins bien...

Ivan 3

4.-Quelle a été ta première réaction quand Adrian Martinot t'a contacté pour te proposer de participer à Disconnected ?
Ma première réaction a été : “Waouw ! C'est un type de métal beaucoup plus complexe que je connais moins bien que ce que je pratiquais avec Heavy Duty. Est-ce que je vais réussir à apporter quelque chose d'intéressant à cet univers ? Le challenge m'a séduit !

5.- Je ne te demande pas quelle est ton idole, je crois le savoir. Si Phil Anselmo t'appelait pour faire un duo avec toi en te laissant le choix du titre, que choisirais-tu ?
Oui, Phil Anselmo fait partie de mes influences majeures. En revanche, on parle de celui d'il y a une bonne quinzaine d'années. Il a malheureusement perdu de sa superbe en tant qu'interprète.... Mais avec le Phil en pleine bourre de la grande époque, sans hésiter "I'm broken" ! Ce titre est l’un de mes préférés de Pantera , avec une possibilité mortelle de questions/réponses pour un duo !

6- J'ai cru comprendre que les dix morceaux de "White Colossus", le premier album de Disconnected, évoquent la manière dont un homme peut se déconnecter de la société de dix manières différentes. Tu es l'auteur des textes. As tu apprécié de travailler sur un thème imposé et est-ce Adrian qui te l'a fixé ?
Pas de thème imposé, c'est venu comme ça. J'ai bossé dans l' ordre exact d'apparition sur le skeud. Adrian avait déjà sa track list et elle me convenait très bien. J'ai donc “parolé” en premier "Living Incomplete", ensuite "Blind Faith". Dés lors que ces deux titres étaient finalisés, j'ai remarqué que le point commun de ces deux titres étaient justement la déconnexion, en terme de “quelle est ma place dans cette vie”, pour le premier, et “d’aliénation totale vis à vis de la religion”, pour le second. J’'ai donc proposé à Adrian d'orienter tous les textes de l'album dans ce sens là. Puisqu'on faisait un vrai travail d'identité pour ce groupe, si les textes dégageaient un thème, une ambiance qui soit une première empreinte forte et identifiable pour le groupe, (de plus en lien direct avec le nom groupe), ce n'était que mieux !

6.- Disconnected est-il un concept “one-shot”, c'est à dire la collaboration entre d'excellents musiciens qui a donné lieu à un album brillant et varié, ou un vrai groupe qui a d'autres projets ?

Disconnected est définitivement un vrai groupe. C'est aujourd'hui une certitude !
C'est vrai que, quand on regarde ça de loin, avec des gars comme Aurel etc, on peut se dire : "ils se sont fait plaisir sur un album et puis s'en va..." Je peux te dire que tous les membres du groupe sont à 1000 % dans l'histoire, même si, effectivement, c'est surtout Adrian et moi qui gérons les affaires du groupe au quotidien. On a passé une semaine fantastique pour notre résidence, le mois dernier, avec en point d'orgue la “Release Party” qui fut une sacrée réussite ! DISCONNECTED Artistiquement ? Une équipe qui pousse dans le même sens avec des individualités ultra pros et très solides techniquement ; DISCONNECTED Humainement ? Un régal de bosser avec des mecs cool, et malgré certaines différences d'âge entre nous, on est vraiment sur la même longueur d'onde ! J'suis prêt à m'enfermer dans un Tour bus demain avec ces gars-là! Je peux te dire qu'en tant que frontman, quand tu montes sur scène avec ces gars-là qui jouent derrière toi, t'as l'impression de partir à la guerre avec un putain d'arsenal nucléaire dans la musette !!! Et c'est sans compter le super boulot, au niveau du son, de Pierrot, et des lights d'enfer d'Emmanuel Rousselle ! On est prêt à tout bouffer !!!!!
En somme, les projets d'avenir, c'est de tourner un maximum pour populariser le groupe, et ce partout où ce sera possible. Aucune limitation géographique ! On a des trucs sur le feu, on en parlera vraiment quand tout sera confirmé !

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8.- Sur ta page Facebook, tu es chanteur à Sortie de Secours et quand on clique dessus rien n'apparaît. Dis, Ivan, tu n'essaierais pas de nous cacher des trucs ?
(rires) Non ! Ce n'est un secret pour personne, j'ai la chance d'avoir fait de ma voix mon métier. J'ai déjà eu plusieurs vies en tant qu'artiste. Je suis intermittent du spectacle et, tu l'auras compris, ce n'est pas avec le métal que mon frigo se remplit (pour l'instant). Du coup, je bosse toute l'année dans la reprise, avec des groupes, orchestres de différentes régions, et Sortie de Secours en fait partie. Si tu cherches bien tu trouveras.

9.- Quelle est ton actualité dans les mois qui viennent ?
Mon actualité dans les mois qui viennent, c'est de continuer à développer le groupe au max en terme de contacts pour du live. Notre concert du 5 Mai à La Boule Noire (Paris), avec les potos de MolyBaron et Malemort. Ensuite nous auront un stand DISCONNECTED au VIP du Hellfest, histoire de continuer ce travail de mise en relation avec tous les partenaires français et internationaux du monde du live. Egalement des interviews planifiés par notre boite de promo, Replica . A partir de septembre beaucoup de choses devraient prendre forme. On vous en dira plus dés que tout sera verrouillé à 100%.

10.- Quel titre rock pourrait être ta devise ?
"This is my war ", (Track du dernier album en date de 5FDP). Si tu ne te bats pas pour tes rêves, personne ne le fera à ta place. Je suis dans cette optique de vie : ne jamais rien lâcher !

Merci beaucoup Ivan Pavlakovic !
Au plaisir, mec !

Pour continuer avec Ivan Pavlakovic :
https://www.facebook.com/Heavy.Duty.official/
https://www.facebook.com/DisconnectedMetal/

Et pour ceux qui en veulent toujours plus  :

Crédits photographiques : Inglewood :
https://www.facebook.com/inglewoodphotographie/
et Olivier Gobert : https://www.facebook.com/adjustprod/

COMMENT JE SUIS RENTRE CHEZ METAL CONNEXION - Ahasverus Cornelius

Le 06/04/2018

Avant-hier, vers dix heures,  j’écoutais tranquillement Seeds Of Mary sur le canapé du salon, tout en caressant  Fear Of The Dark, mon lapin nain femelle, et en grignotant des pop-corns. Ma mère arrive. Elle baisse la musique et elle me dit : «Prends la voiture de ton père, et va changer la bouteille de gaz».  «T’es gonflée, je réponds, je viens à peine de mettre le «Blackbird» album,  le dernier des Seeds, une tuerie métallo-alternative !»
 J’ai pas fini ma phrase que mon père rentre dans la pièce.
« - C’est qui qu’est gonflé ?»  demande-t’il d’un air vicieux. Je sens arriver l’orage. Ca va, je réponds, vous énervez pas, je vais aller la chercher votre bouteille.
Je mets la bonbonne dans le Zafira, et me voilà en route vers la station. Je passe devant chez Ludo, j’en profite pour aller lui dire bonjour, et on va boire un coup au Mistral.  Le temps d’échanger nos avis sur le nouveau Ask For Redemption, je regarde la pendule du bar. Dix-sept heures ! Tu connais ma mère, je fais en soupirant. Faut que j’y aille ! On boit une dernière mousse et on se quitte.

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J’arrive à la maison, mes parents sont tous les deux dans la cuisine. Je sens bien que ça tire un peu la gueule.
« - Qu’est-ce que tu as foutu ? gronde mon père. On a dû bouffer les nouilles froides !
- Je suis passé voir Ludo, j’explique. On a papoté un peu, j’ai pas fait gaffe à l’heure, c’est tout… 
- Tu nous emmerdes avec ton Ludo ! fait mon père.
- Assez perdu de temps, dit ma mère, amène la bouteille de gaz !
- La bouteille de gaz ?»

Mes parents pètent un cable ! ma mère attrape ma pile de CD, mes  Seeds Of Mary, mes deux Porno, mon September Again, le nouveau Ask For Redemption, et elle  fout tout sous clé. Mon père chipe ma veste à patchs et l’envoie valser par la fenêtre. 
«-  Tu fous rien de tes journées, demain tu iras déposer des CV pour bosser !
- Des CV papa ? Mais j’ai jamais travaillé, moi ! Je réponds.
- Et alors ? T’es plus un gamin, que tu dis à ta mère quand elle te demande de ranger ta chambre !  Tes 52 ans, tu sais les revendiquer quand on veut pas que t’ailles au Mistral traîner avec ton pote Ludo ! Et bein la fête est finie ! Si tu veux récupérer tes disques et pas voir ton lapin nain transformé en civet, tu vas filer chercher du travail !»

C’est comme ça qu’hier je me retrouve à déposer des CV dans Mandelieu. Je fais l’avenue de Cannes, (c'est la plus grande), son chocolatier, son marchand de poulet, ses banques, et au 589,  j’arrive devant le panneau du tatoueur. Tiens, je vais voir, ça mange pas de pain, je me dis. 
Dans la perpendiculaire, je vois l'enseigne «The Bloody Rock Shop». Ca me parle. Ah oui, c’est Ludo qui m’en a dit un mot ! Ils font des fringues métal et ils vendent des skeuds ! Je vais déposer un CV, on sait jamais... J’ouvre la porte, je dis bonjour à la dame, et je commence à regarder les rayons. Il y a un mec au fond, un blond aux  cheveux longs, genre un peu louche. Il farfouille dans les tee-shirts. Il a une tête à piquer des vestes. Je le surveille, mode vigile. Puis soudain, j’ai un doute. Je le connais, ce type, je me dis. Et là je percute : 
" - Valentin Jaskot !
- Bonjour. On se connaît ? 
- Bien sûr ! Tu te souviens pas ? Ahasverus ! C'est moi qui t'ai prêté un stylo l’année dernière, pour que tu dédicaces «Til’ Death Or Nothing» à une fan, quand Porno Graphic Messiah est passé en concert à la Hacienda d’Antibes ! 
- Ah ouais ? Il me fait. On a sorti un nouvel album depuis…

France pgm 1
- Terrorize Me ? Je sais ! Je l’ai ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je lui demande.
- J’attends Scars, il répond. 
- Scars Summer ? Dingue ! Tout le groupe est là ? C’est mon jour de chance alors ! 
- Et toi, t’es venu acheter des fringues ?
- Euh… Non… C’est mon père… il veut que je cherche du boulot…
- Ah… Tu t’appelles comment déjà ?
- Ahasverus.»
Là dessus arrive Scars Summer, le chanteur de Porno Graphic Messiah. Valentin nous présente.
«- C’est Ahasverus, il a écouté Terrorize Me.
- Ah, bien ! répond Scars. Tu en as pensé quoi ?
-   C’est un album de Métal Indus, donc une machine de guerre, mais aussi un disque très équilibré. Il alterne les morceaux taillés pour la scène tels que Star ou Under My Skin, avec des plages plus douces, voire ambiantes, qui donnent à l’ensemble cette homogénéité qui manquait à son prédécesseur, Till Death Or Nothing.
- Pas faux. C’est parce que son enregistrement a été réalisé en un temps plus court. J’ai pu le faire dans mon studio en seulement deux à trois semaines, une fois que toutes les compos étaient prêtes. Pour  Till Death Or Nothing, l'enregistrement s’était échelonné sur deux à trois ans. Je pense que c’est pour celà que tu le trouve plus homogène. Tu es journaliste ?
- Euh… Ouais, ouais… journaliste métal, je réponds, sans réfléchir, pour faire l'intéressant. Enfin euh… rock métal… ouais.
- Il cherche du boulot ! Précise Valentin.
- Ah d’accord ? Pourquoi tu essaies pas le webzine Métal Connexion ? Leur rédacteur vient de les planter. Il s'est fait renverser sur un passage piéton et il a fait quelques jours de coma. Depuis son réveil, il jure plus que par Puppa Lek Sen,  le chanteur sénégalais…»

Et voilà comment je me suis retrouvé au «zine», sans même présenter un  CV, sur recommandation spéciale de Scars Summer et Valentin Jaskot, s'il vous plaît ! Avec le badge gratos pour la machine à café, l’adresse email @metal.connexion.fr et tout le toutim !

« - Faudra quand même que tu leur parles de tes conditions, et que tu vois pour une voiture de fonction ! A commenté ma mère.
- Et tant que tu y es, tu demanderas pour ton cousin Kevin. Il cherche un bain en entreprise pour finir sa troisième.»

Nicolas Walzer - Anthropologie du Métal extrême (2007)

Le 26/03/2018

Cet essai changera l' amateur du genre des anthologies plates, des études clichesques.

Après avoir rappelé les débuts violents de la scène extrême, Nicolas Walzer, spécialisé dans ce style musical et dans le satanisme, s'attelle aux particularités du public français. Il interroge des membres de formations (Your Shapeless Beauty, The Old Dead Tree, Anorexia Nervosa, etc), ainsi que d'autres acteurs, managers, responsables de labels, chroniqueurs de radio ou de webzines.
Le sociologue développe son analyse sur 400 pages agrémentées de quelques photos en noir et blanc. Si la qualité des photos est moyenne, l'essai est, quant à lui, tout à fait intéressant, malgré un panel de contributeurs très réduit. 
S'interrogeant sur l'éthique, l'évolution des musiciens, les rapports à l'argent, la notoriété, les dérives norvégiennes ou le satanisme, Nicolas Walzer débusque et analyse les réactions et les comportements des personnes interrogées. Il les compare enfin à celles de l'adepte d'autres cultures musicales. 
On sent dans cet essai que l'auteur évolue en terrain connu et qu'il est encarté au parti métallique. Son analyse n'en est pas moins intéressante quand elle pointe du doigt les paradoxes de notre subculture. Ses observations sur les mécanismes de ce courant musical ouvrent parfois la porte à des réflexions plus vastes sur les groupes humains.
Le sympathisant Walzer nous ouvre les yeux sur un échantillon social déterminé, et finalement très conformiste dans sa marginalité. Il offre une analyse intéressante des codes et des intentions. Son essai changera l' amateur du genre des anthologies plates, des études clichesques ou de certaines  biographies écrites avec les pieds qu'on trouve souvent dans les librairies au rayon musique. Le non-initié trouvera quant à lui un portrait du métalleux (extrême ou pas, même combat !) cohérent et éloigné des clichés grotesques trop souvent répandus par certains médias qui ne veulent pas distinguer les vessies des lanternes et font croire au grand public qu'une culture musicale marginale est une armée révolutionnaire en marche, malgré que Mick Jagger nous l'ait expliqué en 1974 : it's only rock'n roll ! 

Anthropologie du metal extreme

Hālley - In Moon We Trust​/​Run For My Sun (2018)

Le 26/03/2018

Esprits fermés, passez votre chemin.
Il y a des petits bonheurs, dans la vie. 
Tenez, par exemple, quel est donc cet ORNI (objet rockant non identifié) qui éclaire soudainement mon ciel musical au détour d'une page Facebook ?
C'est In Moon We Trust​/​Run For My Sun, le double EP du groupe Hālley, sorti en mars 2018 !
Un double EP dont on peut, si l'on veut, acquérir chacune des parties séparément. (https://halleyband.bandcamp.com/)
Ce surprenant quintette parisien qui ne fait rien comme tout le monde s'est créé en 2015. Ses influences vont de la pop au hard rock, de Bowie à Led Zep en passant par Pink Floyd. Il en ressort un étonnant territoire, difficilement catégorisable, mi-jazzy, mi-rock, mi-hard et mi-floydien.
Oui, je sais, cela nous donne quatre moitiés, c'est vous dire à quel point je suis enthousiaste ! 
Hālley envoie son talent dans toutes les directions : ça swingue, ça groove, ça jazz, ça rock, la guitare est floydienne, la voix, qui pourrait sans problème candider pour The Voice, part chercher ses notes dans des recoins inattendus avec une facilité déconcertante. La prestation des cinq jeunes zicos et le niveau de leurs compos sont étonnants de dextérité et laissent présager que les jeunes loups de Halley pourraient bien devenir l'une des valeurs sûres de la scène rock hexagonale. Ce premier album est tout simplement grisant et Hālley fait partie de mes trois grands espoirs rock, contredisant totalement l'adage stupide selon lequel il ne faudrait pas tirer des plans sur la comète. 
https://www.facebook.com/halleyband/

Halley

PORNO GRAPHIC MESSIAH - Terrorize Me (2018)

Le 18/02/2018

Pfff... Suis de retour à Sainte-Marie. Tout ça parce que samedi dernier je suis rentré à 19 heures 30. C’est pourtant pas tard, 19 heures 30 ! Tous mes copains ont le droit de rentrer à 19 heures 30 ! Pourquoi pas moi ? Je suis plus un gamin. J’ai 52 ans et demi, quand même !
" - T'étais où ? elle demande comme ça, ma mère. T’es 'core allé aux filles ?
- Mais pas du tout, Man ! Je réponds. J'étais à THE BLOODY ROCK SHOP, 589 avenue de Cannes, Mandelieu (sortie 40), à côté de TATOO EVASION PIERCING, avec parking gratuit ou zone bleue à proximité. Je suis allé voir PORNO GRAPHIC MESSIAH qui vient de sortir son nouvel album,  "TERRORIZE ME".
- Je veux plus que tu traînes dans les sex-shops !"  elle me dit.
Il est vrai qu'entre son label ANOTHER MANAGEMENT, son groupe et le reste, Scars Summer, le fondateur/guitariste/chanteur de PGM diversifie beaucoup ses activités et qu'on pourrait s'y perdre. Mais de sex-shop, à ce jour, à ma connaissance, il n'a point (hein non, que t'en as point, de sex-shop, à ce jour, Scars Summer ?). 
"- Mais non, je réponds, Porno Graphic Messiah, c'est le groupe de Métal Indus qui a sorti l'EP "Live and Frustations" en 2010, et l'excellent LP "Til' Death or Nothing" en 2014. Tu te souviens comme il bastonne, Til' Death or Nothing ? Tu sais qu'il est toujours disponible ?
- Puisqu'il "bastonne",  ton "Til' Death or Nothing", pourquoi t'es allé en chercher un nouveau ?  s'étonne ma mère.
- On "Terrorize" pas sa mère, rappelle mon père.
- "Til' Death or Nothing", c'est un excellent album, mais "Terrorize Me" est encore un cran au dessus, à mon sens. Plus homogène ! je réponds.
- C'est un peu court comme argument, jeune homme, insiste mon père à juste titre.
- D'accord, je développe, Pa : Porno Graphic Messiah présente sur son nouvel album des titres taillés pour la scène tels Star, Terrorize Me, I am Satan, ou encore Anna Is Missing, reprise d'un titre qui se trouvait sur l'EP Live and Frustration. Mais il alterne avec des compos plus "lounge", parfois instrumentales, des respirations qui trouvent toute leur place sur ce CD, comme The Answer, ou  Bling Bling and Bang Bang (j'adore ce titre, pas vous ?). Elles aèrent l'album. Au final, cela donne un LP de Métal Indus au gros son, à la fois esthétique, raffiné et violent. Si c'était un film, ce serait Wide Eyes Shut. Si c'était un auteur, ce serait Sade. La puissance des riffs en plus, bien sûr. Un LP,  au final, très (dés?)équilibré.
- Voila que ça lui reprend de dire n'importe quoi, fait mon père. Va falloir qu'on augmente sa dose. Va chercher les pillules, je lui tiens les mains.
- Je dis pas n'importe quoi, je réponds en me débattant. Si vous me croyez pas, vous n'avez qu'à aller voir  Porno Graphic Messiah pour leur demander : ils seront le 21 avril 2018 à Miramas, le 16 mai  à New-York et du 17 au 20 mai au Canada, (Montréal, Valleyfield, Québec).
- New-York ? Montréal ? Québec ? soupire mon père. Et pourquoi pas l'Amérique, tant qu'on y est ?
- Mais bien sûr, l'Amérique ! je crie. Porno Graphic Messiah c'est une machine de guerre avec un arsenal taillé pour la scène ! En plus, ils vont rajouter quelques dates en France, alors faites comme moi,  surveillez leur page Facebook !"
Ma mère me touche le front pendant que mon père me fait sa fameuse clé de bras.
" - Je vais appeler les pompiers, elle lance à mon père, il est brûlant. Je me demande même si son "Terrorize Me" c'est pas tout de l'invention !
-Il existe, "Terrorize Me", je hurle. Je l'ai écouté ! Et même toi,  Man, et toi aussi, Pa, tu peux l'avoir en contactant THE BLOODY ROCK SHOP ou en allant sur le site d'ANOTHER MANAGEMENT ! Tiens, voilà les adresses : 

https://www.facebook.com/PNMBand/

https://www.facebook.com/AnotherManagement/

https://www.facebook.com/thebloodyrockshop/

https://www.facebook.com/tattoo.evasion?hc_ref=ARTeB8QNp-WYZ3BvR8mfASozutaevGyRiWGAk2xCuIFlqk_WBpehl-LKR06GjxP_HXQ&fref=nf&pnref=story

 

France pgm

THE FUNDAMENTAL WISDOM OF CHAOS - Harvest of Laments (2018)

Le 13/02/2018

Jeudi c'est raviolis, c'est indiscutable.
Mais mardi, c'est le jour de la sortie d'Harvest of Laments, le premier album de THE FUNDAMENTAL WISDOM OF CHAOS.

Officiant dans un genre avant-gardiste/allternative/dark, TFWOC est le projet de la fort sabbatique Sab Elvenia. Elle a tout fait toute seule ! Pfff ! Facile, direz-vous, quand on est une créature à douze bras six têtes !

Secondée par Mobo à la guitare, la couteau suisse du Dark Metal a conçu, chanté et joué toutes les parties afin de vous entraîner dans son univers avant-gardiste/alternative/dark Metal où les compos avoisinent parfois les 8 minutes. N'allez pas l'écouter en forêt, vous croiriez voir bouger des arbres menaçants ! Avec des titres aussi alléchants qu'Itsy Bitsy Spider ou The Sacrecrow Paradox, la découverte d'Harvest of Laments est également le moment où tu regrettes d'avoir manqué l'école et d'être trop nul en anglais pour profiter pleinement du concept de cet album qui tourne autour de la dualité.

THE FUNDAMENTAL WISDOM OF CHAOS est en écoute libre sur Spotitruc. Une recommandation: le son est parfait et plus c'est fort, plus c'est bon, alors n'hésitez pas à exploser le volume !
https://www.facebook.com/TheFundamentalWisdomOfChaos/

(Photo https://www.facebook.com/joel.bardeau.photo/ coiffe https://www.facebook.com/idolatreclothing/)

 

Je ne dois plus écouté COLOSSUS

Le 18/01/2018

Ce matin, vers 6 heures, je croyais que mes parents dormaient. J'ai mis en sourdine la vidéo "Uninvited guest", de COLOSSUS. Ma mère a débarqué dans ma chambre comme une furie. La veille, elle m'avait mis en garde, cependant que j'écoutais l'album Lobotocracy. " - Tu vas devenir sourd !", elle disait. "- Déjà qu'avec tes pratiques douteuses..." complétait mon père.

Elle était vénère, ma mère. " - Je t'avais interdit, qu'elle hurlait.
- Il recommence ses conneries ? a demandé mon père.
- Je comprends pas que tu cautionnes cette violence, a poursuivi ma mère.
- Il finira sur le chauffe-eau ! a prédit papa.
- Je cautionne pas la violence, ais-je expliqué, je cautionne le travail artistique. Ce qui compte, dans l'art, n'est-ce pas de provoquer des émotions ? COLOSSUS est un groupe de Modern Death qui parvient à créer une ambiance horrifique et malsaine sur cette vidéo Uninvited Guest disponible sur leur site (https://www.facebook.com/WEARECOLOSSUS/). Cette formation originaire de Lens compte déjà deux albums à son actif et en prépare un troisième pour lequel elle n'a aucune intention de se calmer !
- On répond pas à sa mère ! a hurlé maman.
- On va lui remettre le contrôle parental, a proposé mon père.
- Mais papa, ais-je fait, j'ai cinquante-deux ans !"
J'ai dû menacer d'appeler le 119. Depuis la découverte de la maison de l'horreur en Californie, mon père, ça le faisait flipper l'idée de voir les services sociaux radiner à la maison. "- C'est bon, on va négocier", il a dit à ma mère. Mes parents ont finalement accepté un compromis. J'ai dû faire une dizaine de lignes et remiser la cage de Fear of The Dark, mon lapin nain femelle, dans la cuisine, mais je conserve ma connexion internet sans contrôle parental.. Alors si vous aussi vous voulez regarder la vidéo de Colossus, faites pas comme moi : vérifiez bien que vos parents sont profondément endormis...

France colossus 2