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SUNSTORM (AOR), Restless Fight (22/11/2024)

Le 29/11/2024

 « Restless Fight » est un très bon millésime 2024 qui saura séduire sans réserve tous les fans de hard mélodique.
Par Ahasverus
Sunstorm
A l'occasion de la sortie de l'album « Restless Fight », nous vous proposons un retour sur la discographie studio de SUNSTORM.
SUNSTORM est un supergroupe monté autour de Joe Lynn Turner (Deep Purple, Rainbow) et de Dennis Ward (Pink Cream 69), qui traine dans son sillage deux autres musiciens de Pink Cream 69. Il est « initialement conçu pour présenter un style musical similaire aux racines melodic rock / AOR du chanteur Joe Lynn Turner », comme l'indique le label italien Frontiers Music (Hardline, Bob Catley, Mr Big, CoreLeoni) sur lequel sortiront tous les albums de la formation.
Le line-up à géométrie variable se cristallisera dans un second temps autour de Ronnie Romero (Rainbow, Lords of Black, CoreLeoni, Michael Shenker).


. SUNSTORM - 2006
Line-up : Joe Lynn Turner – chant / Dennis Ward – basse, choeurs, guitares, claviers / Uwe Reitenauer – guitare /  Jochen Weyer - claviers / Chris Schmidt - batterie 
Parfois assez puissant (« This is my Heart », « Fist Full of Heat »), cet album éponyme propose un rock agréable et légèrement hard, avec beaucoup de fluidité dans les lignes mélodiques (« Strength Over Time », « Arms of Love »). Construit à grands renforts de claviers (« Keep Tonight », « Another You », « Night Moves », « Danger of Love », « Making Up for Lost Time »). il reçoit notamment pour sa tracklist le concours de Jim Peterik (Survivors) qui signe de nombreux titres. Le cap est clairement AOR, il suffit de lire les titres pour s'en convaincre : « This is my Heart », « Love's Gone Wrong », « Danger of Love », « Arms of Love »... L'ensemble de la galette est plutôt réussi et c'est bien sûr remarquablement interprété. On n'en attendait pas moins d'un tel casting.

. HOUSE OF DREAMS - 2009
Line-up : Joe Lynn Turner – chant / Dennis Ward – basse, choeurs, guitares, claviers / Uwe Reitenauer – guitare /  Gunther Werno - claviers / Chris Schmidt - batterie 
Pour ce deuxième album, Sunstorm fait encore appel aux talents de compositeur de Jim Peterik, mais aussi aux jumeaux James et Tom Martin (Vega), ainsi qu'au hit maker Desmond Child. Mais le soufflé retombe malgré un casting en béton. Le hard FM de « House of Dreams » rate son envol (« I Found Love »). Seuls quelques morceaux échappent, au crash (« Gutters of Gold », « House of Dreams »), bien trop peu pour faire de cette galette un bon disque.
Sunstorm house of dreams. EMOTIONAL FIRE - 2012
Line-up : Joe Lynn Turner – chant / Dennis Ward – basse, choeurs, guitares, claviers / Uwe Reitenauer – guitare /  Justin Dakey - claviers / Chris Schmidt - batterie 
Le troisième album de Sunstorm sort en 2012. Piterik a quitté un navire sur lequel sont encore les frères Martin et Desmond Child, ainsi que d'autres songwriters dont Michael Bolton dont Sunstorm recycle plusieurs compositions déjà interprétées par l'intéressé ou  par la chanteuse Cher. Malgré ce côté réchauffé, « You Wouldn't No Love » ou  « Wish You Were Here » permettent à   « Emotional Fire  » d'atteindre un niveau supérieur à « House of Dreams » et d'atteindre non pas le Graal mais très correct AOR. Après avoir quitté Sunstorm, Joe Lynn Turner dressera le bilan suivant : « Sunstorm a été créé dans le but d'enregistrer et de sortir des démos de chansons que j'avais accumulées au cours des dernières années. Avec les contributions de mon bon ami Jim Peterik et de quelques autres compositeurs talentueux, les deux premiers albums de Sunstorm sont nés. Ces albums ont été un véritable travail d'amour pour moi et j'étais totalement investi et inspiré par le projet. Je crois que ces albums résisteront à l'épreuve du temps en raison de l'originalité conceptuel et des contributions qu'ils contiennent. Au fur et à mesure que Sunstorm se développait il s'est transformé en un projet de groupe maison pour le label et je suis devenu moins inspiré et motivé par ma participation. J'avais l'impression que cela devenait d'avantage un travail contractuel ». « Emotional Fire » marque donc le début de la fin.

. EDGE OF TOMORROW - 2016
Line-up : Joe Lynn Turner – chant / Nik Mazzucconi – basse / Simone Mularoni  – guitare /  Alessandro Del Vecchio - claviers / Francesco Jovino - batterie 
Pour « Edge of Tomorrow », Sunstorm change de braquet. Son line-up est totalement renouvelé autour de Joe Lynn Turner.  Alessandro Del Vecchio (Hardline, Jorn) prend les claviers et produit l'album. Il signe également avec le guitariste Simone Mularoni (DGM) l'essentiel des compositions. Le résultat est là, les guitares flamboient dans l'AOR (« Edge of Tomorrow »), les rythmiques se font percutantes et ce quatrième long format est plus heavy que les précédentes livraisons (« Heart of the Storm », « You Hold Me Down »).

. THE ROAD TO HELL - 2018
Line-up : Joe Lynn Turner – chant / Nik Mazzucconi – basse / Simone Mularoni  – guitare /  Alessandro Del Vecchio - claviers / Edo Sala - batterie 
« The Road to Hell » reprend la formule « Edge of Tomorrow » et l'affine avec quasiment le même line-up.  Son hard mélodique est d'une belle qualité. « Only the Good Will Survive », «  On the Edge », « Blind the Sky », « Future to Come » sont autant de mélodies mémorables, et «  Resurrection » est le morceau le plus heavy du supergroupe depuis sa création. Sunstorm signe-t-il avec ce cinquième opus l'un des sommets de son parcours discographique ? Ce n'est pas l'avis de Joe Lynn Turner qui n'apprécie pas la direction musicale prise par le groupe sous l'influence d'Alessandro Del Vecchio et du fondateur de Frontiers Music, Serafino Perugino. A soixante-sept ans, dont cinq décennies de carrière, le chanteur américan n'entend pas s'en laisser compter et s'apprête à jeter l'éponge sur ce projet. Il ira jusqu'à déclarer en 2021, en mode suivez mon regard tandis que le torchon a brûlé entre lui et Perugino, que « la majorité des sorties du Label Frontiers (...) semblent souvent être écrites, interprétées et produites par la même source. » 

. AFTERLIFE - 2021
Line-up : Ronnie Romero – chant / Nik Mazzucconi – basse / Simone Mularoni  – guitare /  Alessandro Del Vecchio - claviers / Michele Sanna - batterie 
« Etant donné le désir de Turner de travailler sur des styles de musique plus lourds et de s'éloigner de la direction rock mélodique originale des premiers albums de Sunstorm sur lesquels Perugino voulait ramener le groupe (une demande souvent faite par les fans du groupe) » selon le label Frontiers, la rupture est consommée entre Sunstorm et son chanteur originel. Ronnie Romero (Lords of Black, Rainbow) est appelé pour le remplacer.
Le label explique encore : « Avant l'écriture et l'enregistrement de AfterLife en 2021, lors de discussions avec le producteur et auteur-compositeur Alessandro Del Vecchio, il a été décidé que déplacer le style musical du prochain album de Sunstorm vers le son AOR plus mélodique des premiers disques était ce que tout le monde voulait. Romero, avec son style vocal puissant, était la personne idéale pour livrer la marchandise pour la musique. »
Le Chilien trouve immédiatement ses marques et amène un aspect plus heavy au metal de Sunstorm. Des morceaux comme « AfterLife »,  «  One Step Closer  », ou  « Born Again » sont immédiatement efficaces, et l'avenir de Sunstorm ne semble nullement compromis par le départ de Turner.

. BROTHERS IN ARMS - 2022
Line-up : Ronnie Romero – chant / Nik Mazzucconi – basse / Luca Princiotta  – guitare /  Alessandro Del Vecchio - claviers / Michele Sanna - batterie 
Ce sixième album voit Luca Princiotta (Doro, Blaze) remplacer Simone Mularoni à la guitare. Selon le label l'opus « offre des éléments du son plus mélodique de Rainbow et Deep Purple mélangés au son de Foreigner et du rock mélodique classique ».
Sunstorm choisit une entrée vive avec le titre éponyme et il récidive parfois (« No Turning Back »), mais l'impression d'ensemble est majoritairement AOR, nous rappelant les albums de Oliver Hartmann avec des mélodies appréhendables dès la première écoute (« I Will Remember », « Miracle », « Living Out Of Fear »).
Sunstorm 2022SUNSTORM line-up 2022
. RESTLESS FIGHT - 2024
Line-up : Ronnie Romero – chant / Andrea Arcangeli – basse / Aldo Lonobile  – guitare /  Antonio Agate - claviers / Alfonso Mocerino - batterie 
Pour ce huitième opus studio, le line-up a été totalement renouvelé autour de Ronnie Romero. Exit le producteur/compositeur/clavieriste Alessandro Del Vecchio. Le label explique : « Depuis le début de la production du nouvel album, la discussion avec le nouveau producteur et auteur-compositeur Aldo Lonobile s'est concentrée sur le concept visant à conserver les racines du style musical de Sunstorm : le son AOR des premiers disques que tout le monde voulait, mais avec une attention particulière au style des années 80 d'arranger les guitares et les claviers afin d'atteindre des vibrations plus puissantes. L'objectif était de donner un nouvel attrait à la nouvelle musique afin qu'elle puisse constituer la base parfaite pour Romero. »
Le résultat est là. Selon Frontiers, « Restless Fight » est  « un album où les acrobaties vocales de Ronnie s’intègrent parfaitement dans la façon de jouer de la guitare de Lonobile, clairement influencée par les guitar heroes des années 80 tels que Jake E. Lee et Steve Stevens ». Mélodique en diable (« Take It All »), « Restless Fight » se place entre Hartmann et Soto (« Dream's Aren't Over » ), insistant sur l'AOR avec une certaine unité. « I'll Stand For You », « Hope's Last Stand », « Running To You », « Against the Storm » ou encore « In & Out » sont autant d'excellents morceaux sur un très bon millésime 2024 qui saura séduire sans réserve tous les fans de hard mélodique.

« Restless Fight » est disponible depuis le 22/11/2024.

Albums recommandés : 

  • Sunstorm (2006)
  • Edge of Tomorrow (2016)
  • The Road to Hell (2018)
  • Afterlife (2021)
  • Restless Fight (2024)

La platine de la semaine 50

Le 26/11/2024

Voici les dix albums que nous avons le plus écouté cette semaine. 
50Vous trouverez entre parenthèses après chaque titre d'album le nombre de semaines de classement dans ce Top10 hebdomadaire.

  1. CHARLOTTE WESSELS - The Obsession (8)
  2. BLOODORN - Let the Fury Rise (8)
  3. VOLA - Friend of a Phantom (6) 
  4. INNERWISH - Ash Of Eternal Flame (4)

  5. LEAVE'S EYES - Myths of Fate (8)

  6. VELVETEEN QUEEN - Consequence of the City (8)

  7. ROYAL REPUBLIC - Lovecop (8)

  8. MICHAEL SHENKER - My Years With UFO (1)

  9. WISBORG - Wisborg (6)

  10. LAST TEMPTATION - Heart Starter (3)

INNERWISH (heavy mélodique), Ash of Eternal Flame (08/11/2024)

Le 26/11/2024

Après six années de silence discographique, InnerWish revient avec la pièce la plus aboutie de sa discographie.
Par Ahasverus
L'histoire d'INNERWISH commence à Athènes en 1995. Elle se construit autour de Thimios Krikos (guitare) et de  Giannis Papanikolaou (chant) qui jettent les bases de quelques chansons et recrutent un line-up qui leur permet d'enregistrer un premier album, tard le soir dans les studios pour profiter de créneaux à moindre coût.
A l'occasion de la sortie de « Ash Of Eternal Flame », le nouveau long format des Grecs, et à notre avis le meilleur de leur production, nous avons eu envie de nous plonger dans la discographie d'InnerWish.
Retour en 1998.

Innerwish dimitris marinisINNERWISH line-up 2024 - photographie Dimitris Marinis

. Waiting for the Dawn (1998)
Line-up :
 Giannis Papanikolaou - chant / Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Alexis Leventeris - basse / Dimitris Papalexis - clavier / Pavlos Balatsoukas - batterie 
Malgré des développements heavy mélodiques non dénués d'intérêt, le son de ce premier album du groupe grec, enregistré à l'économie, est trop rédhibitoire même dans sa version remasterisée pour qu'il soit autre chose qu'une curiosité.  InnerWish confesse : « A cette époque, nous n'étions qu'un groupe de gars voulant jouer du Heavy Metal et ne pensant à rien d'autre. Nous commençions à travailler nos propres chansons afin de matérialiser nos besoins et souhaits intérieurs (c'est ainsi que le nom du groupe est sorti) sans avoir en tête une sortie officielle. » Sur le son, il ajoute : « Si nous avions la chance d'enregistrer à nouveau cet album, il y a beaucoup de choses que nous aimerions changer, et nous savons que le mix final pourrait être bien meilleur. Mais d’un autre côté, cet album est une image de nos vies à cette époque. »

. Silent Faces (2004)
Line-Up : 
Babis Alexandropoulos - chant /  Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare  / Antonis Mazarakis - basse / Terry Moros - batterie
Musiciens additionnels : Panagiotis Mylonas - claviers / Fotis Giannakopoulos - batterie
Les choses sérieuses commencent en 2004 avec « Silent Faces ». « Dancer of the Storm », la première piste, donne le la en faisant parler la poudre à la manière d'un Blind Guardian. Sans atteindre des sommets, l'album est honnête, plus franc et plus offensif que l'opus de 1998. Le son est moins approximatif que sur « Waiting for the Dawn », et le chant aussi ! Après quelques tatonnements (le split-CD « Realms of the Night » et une apparition sur la compilation « Louder than the Dragon ») les Grecs apparaissent en forme avec une formule plutôt efficace  et un net remaniement de son line-up, les guitaristes Thimios Krikos et Manolis Tsigos étant les seuls rescapés du premier effort.

. Inner Strenght (2006)
Line-Up :
 Babis Alexandropoulos - chant /  Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Antonis Mazarakis - basse / Panagiotis Mylonas - claviers / Terry Moros - batterie
Bénéficiant du même line-up, « Inner Strenght » s'aligne sur la lancée de « Silent Faces ». InnerWish enchaîne les titres de heavy mélodique et multiplie les twin guitars. L'ensemble n'est pas sans qualités, mais il est clairement en retard d'un ou deux métros (« Eye of the Storm »).

. No Turning Back (2010)
Line-Up :
 Babis Alexandropoulos - chant /  Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Antonis Mazarakis - basse / George Georgiou - clavier  / Terry Moros - batterie
Curieusement banni du site officiel du groupe alors qu'il affiche le même line-up, « No Turning Back » survient quatre ans après « Inner Strenght ». Si le fond reste le même, le heavy mélodique de la formation athénienne s'est mordernisé, avec des rythmiques plus tranchantes lorgnant parfois sur le heavy mélodique allemand. Les twin guitars restent plaisantes, l'ombre de Dio profile parfois (« No Turning Back », « Kingdom of the Prime » ). L'ensemble, reconnaissons-le, sonne plutôt pas mal (« Sirens », « Save Us ») et le Metal d'InnerWish commence à prendre sa forme actuelle.

. InnerWish (2016)
Line-Up :
 George Eikosipentakis - chant /  Thimios Krikos - guitare / Manolis Tsigos - guitare / Antonis Mazarakis - basse / George Georgiou - clavier  / Fragiskos Samoilis - batterie
Il n'est jamais anodin pour un groupe à ce stade de carrière de commettre un album éponyme. Le procédé sonne comme un aveu : « Eurêka ! Voici ce que nous sommes vraiment ! ». Après trois albums au line-up stable, Terry Moros a cédé sa batterie à Fragiskos Samoilis et Babis Alexandropoulos son micro à George Eikosipentakis. Si la formule permet d'avancer vers la maturité (la voix de George Eikosipentakis est très sûre) et peut capter l'oreille de l'auditeur (« Sins of the Past », « Through My Eyes », « Zero Ground », « Tame the Seven Seas », « Rain Of A Thousand Years »), il manque encore un petit quelque chose pour arriver au point d'orgue. Cependant « InnerWish » est sur la bonne voie, plus posé que ses prédécesseurs. Son ossature classique reflète la paternité d'un Dio et des influences mélodiques allemandes. Il manque pourtant de titres vraiment capables d'accentuer son relief. Ce sera chose faite sur l'album suivant.

. Ash of Eternal Flame (2024)
Line-Up :
 George Eikosipentakis – Chant / Thimios Krikos – Guitare / Manolis Tsigkos – Guitare / Antonis Mazarakis – Basse / George Georgiou – Claviers / Fragiskos Samoilis – Batterie
Guest : Hansi Kürsch (Blind Guardian)
InnerwishIl aura fallu huit ans à InnerWish pour donner un successeur à son album éponyme.
Ill faut admettre que ce nouvel effort nous a totalement convaincus ! Non seulement le line-up grec est parfaitement en place, avec un vocaliste au sommet de son art, mais il est servi par un songwriting particulièrement vigoureux qui permet d'enchaîner les titres avec brio. Il est rare de tomber sur une galette d'un intérêt si constant. L'apport de Hansi Kürsch (Blind Guardian) sur le titre « Sea of Lies » est une réussite évidente et il signe peut-être la meilleure des onze pistes.

Il est cependant talonné de près par des titres forts de metal mélodique racé (« Forevermore », « Soul Assunder », « Primal Scream ») orientés Helloween ( « I Walk Alone »), parfois dans l'esprit d'un Dio (« Cretan Warriors » « The Hands of Doom », « Breathe »). Après des années de silence discographique, InnerWish est donc en pleine forme avec ce qui constitue, à notre sens de loin, la pièce la plus aboutie de sa discographie grâce à un songwriting incroyablement solide sur la durée.

L'artwork de ce « Ash Of Eternal Flame » est l'oeuvre de Giannis Nakos, qui a notamment dessiné la pochette de « The Awakening » de Kamelot.
« Ash Of Eternal Flame » est décliné en deux éditions, l'une bleue pour les CD et la version numérique, l'autre rouge pour les vinyles. Les formats physiques ont en bonus une cover du titre de Blackfoot « Send Me an Angel » (que la bande à Rickey Medlocke commettait sur le très moyen « Siogo »).
Innerwish coverL'album a été enregistré aux studios LoNe et Devasoundz à Athènes, en Grèce, par  Fotis Benardo (ex-Sceptic Flesh). Le mixage et le mastering sont de Henrik Udd (Hammerfall, Powerwolf, Septicflesh).
« Ash Of Eternal Flame » est disponible depuis le 08/11/2024 via le label germano-américain Reigning Phoenix Music (Helloween, Angra).

THE CURE (synthwave), Songs of a Lost World (01/11/2024)

Le 01/11/2024

Une oeuvre délicate qui suspend le vol du temps et près de laquelle il fait bon se poser.
Par Ahasverus
The cure

Peut on être et avoir été ? Le quatorzième album studio de THE CURE tend à prouver que oui...
Seize ans après « 4.13 Dream », The Cure, le groupe aux trente millions d'albums vendus à travers le monde, revient. « Songs of a Lost World », son nouvel opus, est livré dans une pochette présentant une oeuvre du sculpteur slovène Janez Pirnat.
Privilégiant les longues plages instrumentales  (« Alone », « Endsong », « And Nothing is Forever »), The Cure aligne les compositions marquantes  (« A Fragile Thing », « Drone:Nodrone »). Créatif et séduisant, quand bien même il n'a plus le souffle novateur de ses premiers albums, The Cure reste tutélaire et semble inoxydable. Imperméable au temps, la voix de Robert Smith est une madeleine de Proust extraordinaire qui nous fait voyager. Aujourd'hui, c'est clair, The Cure a ce pouvoir extraordinaire d'en appeler à la nostalgie pour nous renvoyer aux premiers temps de sa new wave tout en nous touchant de ses mélodies nues actuelles (« I Can Never Say Goodbye »). On sort de l'album ému, désireux de l'écouter encore tandis qu'il grandit et fait son oeuvre en nous. Cultivant la mélancolie en expert, The Cure a traversé des décennies de musique sans vraiment changer, conservant statut et magie. On ne passera donc pas à côté de « Songs of a Lost World », une oeuvre délicate qui suspend le vol du temps et près de laquelle il fait bon se poser.

« Songs of a Lost World » a été écrit et arrangé par Robert Smith, produit et mixé par Robert Smith & Paul Corkett. Il a été enregistré aux Rockfield Studios  (Queen, Motörhead, Coldplay).
« Songs of a Lost World » est disponible depuis le 01/11/2024.

BETH HART - La Belle et la Beth

Le 31/10/2024

A l'occasion de la sortie de son album « You Still Got Me », nous vous proposons une rétrospective de la discographie studio de BETH HART.
Par Ahasverus
Beth hartBETH HART est originaire de Los Angeles. Elle apprend le piano à l'âge de quatre ans et elle intègrera plus tard un lycée des arts du spectacle où elle travaillera le chant et le violoncelle. C'est là qu'elle commence à chanter, puis à jouer dans des clubs dès l'âge de quinze ans. Elle monte son premier groupe et sort un album en 1993, à l'âge de vingt-et-un ans.


BETH HART AND THE OCEAN OF SOULS - Beth Hart and the Ocean of Souls (1993)
Le premier album opus de Beth Hart est un long format de treize titres de blues et de rock légèrement teintés de soul (« Love Thing »). Bien que sa production soit un peu écrasée par rapport à ce que la chanteuse américaine alignera ensuite, « Beth Hart and the Ocean of Souls » propose de très solides compositions qui mettent en évidence le grain et la sensibilité de Beth Hart, mais aussi la puissance de sa voix (« Love Suffers All », « I Felt Him Cry »)« Halfway to Heaven », « Just Call Me Up », « Can't Hear the Word » sonnent toujours avec fraîcheur. L'album propose une cover originale du titre des Beatles « Lucy in the Sky with Diamonds ». Loin d'être une simple curiosité, ce premier album est un coup de maître et une excellente entrée en matière.

BETH HART BAND - Immortal (1996)
C'est avec de nouveaux musiciens et sous le nom du Beth Hart Band que la Californienne revient s'attaquer aux choses sérieuses en 1996. Elle est signée chez Atlantic Records et la production du nouvel opus est nettement meilleure que celle du premier album. Les riffs montent, et la teinte soul tend à s'éclipser au profit du rock. Beth  met beaucou de groove dans une voix de plus en plus captivante (« Spiders in my Bed », « Isolation », « State of Mind »). « Immortal » propose une nouvelle version du titre « Am I the One », un blues qui figurait sur le premier album.

BETH HART - Screamin' for My Supper (1999)
« Screamin' for My Supper » permet à Beth Hart de se développer sur la scène internationale grâce au titre « LA Song » qui connaît un grand succès en Nouvelle-Zélande.  Intra muros, l'Américaine place cette chanson dans la dernière saison de la série Beverly Hills. Dans sa globalité, l'album se dirige vers un rock  légèrement mainstream (« Just a Little Hole », « Delicious Surprise », « Is That Too Much Too Ask », « Girls Say », « The Sky is  Falling ») encore désireux de faire parler la poudre (« Get Your Shit Together », « Good Old People ») et qui conserve beaucoup de charme (« Stay », « Skin »). 

BETH HART - Leave The Light On (2003)
Malgré des addictions qui provoquent un changement de label, Beth Hart garde le vent du public en poupe et se hisse à la cinquième place des charts danois avec ce double disque de platine. Des titres comme « World Without You », « Monkey Back », ou la cover des Stones « Wild Horses », passent très bien, tandis que le single « Learning to Live » se classe numéro 1 au Danemark.

BETH HART - 37 Days (2007)
Trente-sept jours, c'est le temps qu'il aura fallu pour enregistrer cet album de caractère ! Quelques chansons punchy comme « Good As It Gets », « Face Forward », « Water Falls » et « Sick » côtoient de magnifiques mélodies (« Easy », « At the Bottom »). Certifié disque d'or, « 37 Days » se classe premier des charts danois, à la quatorzième position des charts néerlandais et à la dix-huitième place en Norvège.

BETH HART - My California (2010)
Avec son parti pris de tenir la bride courte à sa chanteuse, « My California » devient plus linéaire et moins épidermique. Il manque de relief, même s'il conserve quelques très belles mélodies dont la recette est désormais totalement maîtrisée par l'Américaine : «  Take It Easy on Me », «  Like You », « Weight of the World » et « Sister Heroin », sur lequel Slash vient poser quelques notes.
Beth hart my californiaBETH HART / JOE BONAMASSSA - Don't Explain (2011)
Pour son nouvel album studio, Beth Hart s'associe au guitariste Joe Bonamassa (ils sont tous deux sur le label Provoque Records) pour un album de reprises qui rend hommage à Tom Waits, Ray Charles ou encore Etta James. Il voit la Californienne retrouver tout le mordant de son chant.

BETH HART - Bang Bang Boom Boom (2012)
Après le sage « My California », Beth Hart revient avec un album un peu plus débridé, mi-jazz («  Swing My Thing Back Around »), mi-blues (« Caught Out In The Rain »), qui devient son plus grand succès commercial. Il se hissera à la cinquante-neuvième place des charts français.

BETH HART / JOE BONAMASSA - Seesaw (2013)
Devant l'engouement provoqué par leur collaboration, Hart et Bonamassa se retrouvent pour un second album de reprises. Il se verra nominé aux Grammy Awards dans la catégorie du meilleur album de blues.

BETH HART - Better Than Home (2015)
Enfanté dans la douleur en seulement cinq jours, «  Better than Home » ne prive pas Beth de sa superbe, ni  de son inspiration (elle signe les onze titres de l'album). L'interprétation est captivante, en témoignent « Might As Well Smile », « Tell' Em to Hold On », «  Better than Home » ou «  St. Teresa ». Numéro un des charts hollandais, «  Better than Home » connaît une belle carrière internationale et il rafle la première position des albums de blues du Billboard américain.
Beth hart better than homeBETH HART - Fire on the Floor (2016)
A l'instar de « Bang Bang Boom Boom », « Fire on the Floor » se teinte de jazz et de blues. Il suit les traces de «  Better than Home » en occupant la première place des albums de blues du Billboard US.

BETH HART / JOE BONAMASSA - Black Coffee (2018)
Jamais deux sans trois... Et même sans quatre si on compte le Live in Amsterdam (2014).

BETH HART - War in my Mind (2019)
De son piano (« Woman Down », « Thankful »), Beth Hart livre un album intime, fait majoritairement des ballades  exécutées avec autant de sobriété que d'intensité (« Without Words in the Way », « I Need a Hero »), ou à renforts de choeurs gospel («  Let it Grow ») qu'un titre western à la Grace Potter («  Spanish Lullabies ») peut venir bousculer.

BETH HART - A Tribute to Led Zeppelin (2022)
Comme son nom l'indique, des standards de Led Zep livrés dans des versions conformes aux titres originaux. On s'interroge sur l'intérêt du truc.

BETH HART - You Still Got Me (2024)
Sorti le 25/10/2024,le nouveau Beth Hart s'ouvre sur un featuring de Slash avec qui la chanteuse a collaboré à plusieurs reprises (sur l'album « My California » notamment).

Ce « Savior With a Razor » rassure quant à la bonne santé de la Californienne qui démarre son album en puissance. « Suga N My Bowl » (avec le bluesman américain Eric Gales) confirme que Beth est repartie comme en 14 sur les routes du blues et du rock, même si le facétieux «  Never Underestimate a Gal » ou le countrysant  «  Wanna Be Big Bad Johnny Cash » tentent de brouiller les pistes.

La chanteuse n'en oublie pas pour autant les grandes et belles ballades dont elle a le secret (« Wonderful World », «  Little Heartbreak Girl »), ni les moments jazzy qu'elle sert toujours avec maestria («  Drunk On Valentine »). Fort de cette diversité qui semble une énumération de ses points forts, «  You Still Got Me » est certainement l'un de ses albums les plus équilibrés de Beth Hart, et peut être le meilleur pour aborder sa discographie et découvrir son immense talent.

Albums recommandés :

  • Screamin' for My Supper - 1999
  • 37 Days - 2007
  • Better than Home - 2015
  • You Still Got Me - 2024

Beth hart album

DARCY (rock), Tout Est à Nous (18/10/2024)

Le 20/10/2024

« Toute notre rage ne rentre pas dans cette putain de chanson. » 
Par Ahasverus
Darcy band 2DARCY revient avec un message clair. 
« Tout Est à Nous » le titre militant de son troisième album, rappelle le slogan « Tout est à nous, rien n'est à eux, tout ce qu’ils ont ils l’ont volé » qui fuse parfois dans les manifs. L'effet est renforcé par une pochette qui s'inspire d'une autre scène de barricades, le tableau révolutionnaire d'Eugène Delacroix « La Liberté Guidant le Peuple».
DarcyMusicalement, Darcy enfonce l'accélérateur dans un album mixé par un habitué du gros son, Fred Duquesne (Mass Hysteria, Tagada Jones).
La rusticité d'un punk (« Rien à Perdre ») plutôt hardcore (« La Terreur », « Tsunami », « Plus Rien à Foutre ») peut se trouver entrecoupée d'effets électro (« Poings en l'Air») et de gros riffs heavy (« La Bagarre »).

La constance est plutôt à chercher dans le message révolutionnaire véhiculé par les lyrics. « C'est nous la terreur / La terreur a changé de camp » (« La Terreur »), « Il n'y a qu'une époque que l'on regrette / C'est quand le bon peuple coupait des têtes »  (« Poings en l'Air »), « Nous sommes là pour en découdre » (« Ce Soir Ca Va Chier »)... Darcy ne démord pas de son engagement durant les onze pistes de son album, à l'exception d'un morceau aux lyrics plus intimes qui vient refermer la galette sur quelques cordes (« La Fin »).
Le jet de pavés bretons nécessitait une portée courte ; le raid est monté en trente-trois minutes.
Darcy band« Tout est à nous » est une sortie At(h)ome. Il est disponible depuis le 18/10/2024.

Darcy est avec Tagada Jones sur la « Tournée du cœur » (au profit des Restos du Coeur) qui passera par quatorze villes de France au mois de novembre 2024.
Tournee darcy

MC5 (rock), Heavy Lifting (18/10/2024)

Le 18/10/2024

MC5 balance ses riffs en faisant des oeillades au rock crasseux, au vieux hard un peu roublard et au funky le plus canaille. C'est terriblement sexy et incroyablement savoureux !
Par Ahasverus

Cinquante-quatre ans après son premier album studio, MC5 occupe l'actualité.
Il met un point final à une discographie peau de chagrin mais qui, à l'instar de celle des Sex Pistols, a marqué significativement l'histoire du rock.
Formé en 1964, MC5 construisait sa réputation sur scène et explosait dès 1969 avec son mythique Live « Kick Out the Jams ». Il sortait un an plus tard « Back in the USA », son premier album studio, plus sage et moins considéré. Un disque que Lemmy Kilmister qualifiait cependant de « rock'n'roll non traité » et que le magazine Rolling Stones a classé parmi les cinq cents meilleurs  albums de tous les temps.
En 1971, MC5 sortait « High Time » mais voyait son succès décroître. L'album n'est pourtant pas mauvais, et des pastilles comme « Sister Anne » ou « Baby Won't Ya » restent de bons morceaux de rock 70's. 
Après divers mouvements de line-up, MC5, rongé notamment par ses excès, splitte en 1972.
Dans les années 2000, Kramer (guitare), Davis (basse) et Thompson (batterie) se retrouvaient pour raviver l'esprit du MC5 avec une série de concerts auxquels participaient notamment Lemmy Kilmister (Motörhead), Ian Astbury (The Cult) et William Duvall (Alice in Chains).
Davis décèdait en 2012 tandis que Kramer et Thompson se retrouvaient en 2024 pour un baroud d'honneur : l'album « Heavy Lifting ».
mc5Il sortait le 18/12/2024 via earMusic.
Ni Kramer ni Thompson ne verraient la sortie de cet opus, puisque  le premier décèdait en février 2024 et le second en mai de la même année.
Artisan de cet album posthume, Wayne Kramer avait cependant le temps de participer à son lancement. Il expliquait au mensuel anglais Uncut : « Vivre longtemps et rester créatif. Telle est mon attitude. Cet album s'inscrit dans la continuité de High Time. Je pense qu'il est de la responsabilité d'un artiste de refléter l'époque qu'il traverse. Et je pense que nous avons fait un album qui est en phase avec notre situation actuelle et les défis auxquels nous sommes confrontés, et qui véhicule un message positif. »
Kramer ajoutait  à l'intention de ceux qui persifleraient que le MC5 de 2024 n'est plus celui des 70's : 
 « Ils ont raison. Ce n'est pas la même chose. Nous ne vivons pas en 1968. Nous sommes dans l’époque dans laquelle nous vivons, et il faut en tenir compte. Dans tout art, il faut répondre à la question : et alors ? Pourquoi devrais-je m'en soucier? Parce que j’ai fait la meilleure musique possible. »
Pour cet album, Kramer a co-écrit une quinzaine de morceaux avec Brad Brooks, qui tient le chant lead sur l'album. Ce dernier avait été repéré par Bob Ezrin et Wayne Kramer à la sortie de son single « God Save the City ».
Bob Ezrin quant à lui est le producteur de l'album. Ezrin a notamment produit ou coproduit « Destroyer » de Kiss, « The Wall » de Pink Floyd et « Welcome to my Nightmare » d'Alice Cooper. Il donne sa vision de l'album : 
. « Il y a un peu de heavy metal. Il y a aussi pas mal de funk. Mais c'est un disque heavy, et c'est un disque de guitares à gauche, à droite et au centre. La plupart du temps, c'est un mur de guitares, et c'est surtout Wayne et son éthique qui sont à l'origine de ce disque. C'est un instantané d'un guitariste au sommet de son art. »
Slash, Tom Morello (Rage Against the Machine), William DuVall (Alice in Chains) et Vernon Reid (Living Colour) font partie des musiciens invités sur ce nouveau MC5.
Long de quarante-cinq minutes, « Heavy Lifting » s'ouvre sur le titre éponyme avec une ligne de basse proche du « Stargazer » de Rainbow.

L'entame de l'album est plutôt hard-rock, avec des titres qui rappellent le travail de groupes comme Foghat (« Barbarians at the Gates », « Boys Who Play With Matches »), Thin Lizzy avec une pincée de Boston (« Blind Eye »), ou UFO, tandis que William Duvall et Slash prennent part à l'une des meilleures pièces de la galette («  The Edge of the Switchblade »). 

MC5 ou plus MC5, on l'ignore. Ce qui est sûr c'est que « Heavy Lifting » nous ramène  — et Bob Ezrin n'est pas pour rien dans l'affaire avec ce son digne d'un vieux Black Sabbath qui permet de profiter de chacune des lignes instrumentales  — au tout début des 70's, à la porte de clubs enfumés dont s'échappe une soul toute prête à donner naissance au funk (« Change, No Change », « I Am the Fun », « Twenty-Five Miles », « Because of your Car », « Hit it Hard ») et où les frontières du rock restent à définir.
De son époque ou non, le dernier album studio des MC5 balance ses ultimes riffs en faisant des oeillades au rock crasseux, au vieux hard un peu roublard et au funky le plus canaille du temps d'avant. C'est terriblement sexy et incroyablement savoureux !

SEEDS OF MARY - La rétrospective

Le 17/10/2024

A l'occasion de la sortie chez Klonosphère / Season of Mist de « LOVE », le quatrième album de SEEDS OF MARY, nous vous proposons une rétrospective de la discographie des Bordelais marquée depuis son origine par un parcours sans faute.Seeds of mary discographieSEEDS OF MARY - 2013
L'aventure Seeds of Mary commence en 2011 autour de Julien Dirt (guitare) et de Jérémy Dourneau (chant). Le groupe sort un EP éponyme de sept titres en 2013. Il est fortement influencé par le grunge, et plus particulièrement par l'univers d'Alice In Chains pour lequel, ravivant les cendres d'un groupe appelé D.I.R.T., les musiciens bordelais n'ont jamais fait mystère de leur admiration. Le timbre de voix de Jérémy Dourneau renforce l'effet mimétique. Ce premier opus est tout à fait honorable, et ses compositions sonnent aujourd'hui encore très efficacement. Il permet au groupe de partager des scènes avec AqME, Bukowski et même Nashville Pussy !

CHOOSE YOUR LIE - 2015
Avec « Choose Your Lie », la personnalité de Seeds Of Mary s'affine. Si « Crash » ou  « Killing Monsters » restent particulièrement imprégnés des influences de Seattle, une esthétique sophistiquée commence à se dessiner (« Burn... Black, White & Everything in Between »). Pas encore totalement sorti de l'ombre de ses aînés, Seeds of Mary cherche son chemin en insufflant du rock dans son metal (« Freak Show », « God and a Sun », « Damaged Young Thing »). Dans ses compositions, Julien Jolivet n'hésite pas à emmener les Bordelais dans de longues explorations musicales (« Epicurean Garden », « King Without a Sun »). Enregistré sous la houlette de David Thiers (Gorod),  « Choose Your Lie » est un artisan du son de Seeds Of Mary. Il conserve aujourd'hui encore sa force, avec des morceaux d'une belle puissance, à commencer par le remarquable titre éponyme qui reste l'une de nos pièces favorites du répertoire des Seeds.

THE BLACKBIRD AND THE DYING SUN - 2017
Signé chez Klonosphère, Seeds of Mary sort « The Blackbird and the Dying Sun » en novembre 2017. Il s'agit incontestablement d'un marqueur dans la discographie du groupe. Il sonne l'heure d'une suite d'albums à l'esthétique musicale et visuelle remarquable. On la doit à Julien Jolivet. C'est aussi l'accession de la formation bordelaise à la maturité, avec des opus si cohérents qu'ils en deviennent des oeuvres complètes plutôt que des suites de chansons. L'univers est classieux (« Lord of the Flies ») mais « The Blackbird and the Dying Sun  » est particulièrement sombre  jusque dans ses instants les plus dynamiques (« Here Comes the Night »). Sophistiqué même dans ses titres accessibles (« Like a Dog », « Sovereign Mind », « Sense of Sacrifice »), « Blackbird » présente un gros travail sur les harmonies vocales.
Même s'il ne cessera de faire progresser sa palette sonore, l'ADN de Seeds Of Mary est gravé dans cet album puissant et sombre, empreint de préciosité et d'une classe certaine.

THE SUN SESSIONS - 2018
Un an après la sortie de son « Blackbird », Seeds Of Mary revient avec un EP quatre titres. Il se compose de  « This is Where it Hurts » et de « A Place to Disappear », deux chansons destinées à figurer sur le précédent album mais qui n'avaient pas été retenues, ainsi que d'une cover de Nine Inch Nails (Wish) et d'une autre de Pink Floyd (Hey You).

Le groupe fera perdurer cette pierre angulaire qu'est « The Blackbird and the Dying Sun » en présentant notamment en 2021 une très belle version acoustique du titre « Back to the Woods ».

SERENDIPITY - 2020
En 2020, Seeds Of Mary fait un retour tonitruant avec un scream de Jérémy Dourneau en ouverture du morceau « The Atheist », première piste de l'album « Serendipity ».

S'il garde des touches dark et mélancoliques, l'album à pochette caméléon est cependant plus ouvert que le précédent long format.
Toujours grunge, le son des Girondins s'est nettement décollé de ses premières influences, se faisant plus direct (« Rewind Me », « Chameleonic », « Sanity is Statistical »), plus alternatif, cultivant sa singularité.
L'esthétique musicale et visuelle bat son plein, totalement maîtrisée par le groupe dont la personnalité se trouve confortée.
Les compositions sont déclinées avec finesse, et le travail des voix prend une raisonnance particulière (« Bleed Me Dry »).
La sensibilité du compositeur Julien Jolivet crève l'écran dans des pièces d'une grande beauté (« Reinventing You »). Celle-ci prend le pas sur l'aspect sombre du précédent opus.

Si « Choose Your Lie » était l'album de la révélation et « Blackbird » celui de la maturité, « Serendipity » est alors celui de la consécration. Remarquablement abouti et en place, il confirme la position de Seeds Of Mary parmi les formations les plus intéressantes et les plus solides de la scène rock metal française.
A1859571438 10LOVE - 2024
Quatre ans se sont écoulés depuis « Serendipity ». Une période marquée par les départs d'Eliott Le Solleu (basse) en mars 2022 puis de Raph Gatuingt (guitare, chant) en février 2023, deux musiciens présents depuis le « Blackbird » (2017). C'est donc un nouveau line-up qui s'est construit autour de Julien Jolivet, Jérémy Dourneau et Aaron Sylvestre (batterie depuis 2015) pour « LOVE », le nouvel opus, avec les arrivées du bassiste Clément  Leclercq et du guitariste et chanteur Tom Collet. (Photographie  Julien Dupeyron)
Seeds of mary julien dupeyronIl nous avait prévenu, Aaron (à droite sur la photo) : malgré son titre altruiste, « LOVE » se voulait l'album le plus heavy de la formation bordelaise !
Seeds of mary loveC'est bien le cas avec « New Anger », « Fire is Bright, Fire is Clean », « Nothing's Sacred » ou « Begin the End ». 
Mais « LOVE » ne se contente pas d'accélérer le tempo ni d'appuyer sur les riffs. Certaines compositions prennent le familier des Seeds à revers, car de nouveaux sons percent la voute au dessus des musiciens pour laisser apparaître un autre ciel (« Parasite Paradise », « The Narcissist »). « LOVE » voit Julien Jolivet étendre imperceptiblement mais significativement son territoire sans pourtant détacher cette patte qui colle à la peau des Seeds. 
A petites touches, à coups d'arrangements, de discrètes incursions et de nouvelles matières, Seeds Of Mary place ses coups. Comptons les points : il nous réjouit et nous impressionne, et c'est « Spiral Me Down », avec ses phases intenses à la Gojira, qui porte une estocade qui nous conquiert définitivement.

Si les compositions sont souvent plus accessibles, Julien Jolivet n'a rien perdu de son appétit créatif et ses tournures sont toujours aussi alambiquées et fortes d'arrangements remarquables (« Amor Fati », Nothing's Scared », « Begin the End»).

Côté voix, nous pouvions craindre les séquelles du départ de Raph, la paire Dourneau/Gatuingt ayant atteint une  complémentarité qui nous rassurait. Le virage a cependant été bien négocié et le nouveau travail vocal fonctionne à plein. Jérémy Dourneau gère parfaitement une l'alternance des chants clair, murmuré et saturé et s'essaie même au hip hop (« Insomnia »).
« LOVE » s'inscrit naturellement dans la courbe ascendante de la discographie des Bordelais. L'intérêt des compositions rend l'écoute de ce nouvel album globalement captivante, même si Seeds Of Mary nous fait prendre les vessies pour des lanternes en nous vendant sa complexité pour une chose naturelle et fluide.
C'est brillant, et cette nouvelle livraison confirme que ce groupe est décidément l'un des plus sûrs et des plus excitants porte-étendards de la scène alternative française !


Caen, Nantes, Calais... SEEDS OF MARY est en tournée dans toute la France avec une release-party qui se tiendra le 19/10/2024 à Cenon et qui fera l'objet d'une captation live. Retrouvez toutes les dates ici : Seeds Of Mary