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STEPHANE PORTELLI : UNE RONDE VERTUEUSE (04 octobre 2024)
Le 30/11/2024
Par Dam'Aël.
Partons ensemble dans une furie de pas de dance qui ravigote avec une telle intensité qu'elle permet, au moins partiellement, d'évincer la brutalité de la réalité
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Le 12 novembre 2021, j'étais folle de joie de chroniquer le tout nouvel opus de Stéphane Portelli, LA BOUTIQUE DES FOUS, le cinquième album de cet artiste français autodidacte investi par la poésie et un doigté bien travaillé :
"Mam, Tu Peux Compter Sur Lui! Stephane Portelli,Tête En L'Air mais pas tant que ça, sait nous embarquer dans son univers ; d'ailleurs "A Bientôt Sur Les Routes" car les rencontres avec lui ne tiennent pas "Sur Le Fil" mais bien au contraire, nous entrainent dans sa réalité de pensée et d'écriture qui mène tout droit à "La Boutique Des Fous", et pas de problème d'approvisionnement!!! Le plein de réflexions, d'interrogations, de constatations est confirmé dans le stock mental et cérébral de cet artiste à fleur de peau qui vous aspire comme un tourbillon dans le dédale des couloirs de ses émotions. Un voyage interpelant au coeur de l'humanité, au coeur de chacun et surtout au coeur de lui-même car c'est son âme qui dirige et manage avec subtilité sa main dans l'écriture, ses mains dans l'art de faire vibrer les cordes de sa fidèle compagne de musique. La voix en devient la résultante authentique...
Son histoire...
Tout commence, ou presque, chez une psychologue...
Oui mais de celle qui arbore la plus belle pièce de la maison, en sous-sol, où la musique est la maîtresse des lieux. "Hôtel California" des Eagles sera la trame d'une suite qui prendra l'allure d'une étoffe cossue et digne de la haute couture. Ses premiers frères d'armes qui enfonceront le clou, sera Dire Straits en 1985 qui lui montrera la direction artistique sous l'influence de "Tunnel Of Love". Mark tu as touché en plein coeur la sensibilité de cet artiste en culotte courte. Evidemment quelques autres influences viendront compléter le tableau : David Gilmour, Cream avec E. Clapton, Pink Floyd, Carlos Santana, Elvis Presley ... C'est après, en autodidacte qu'il rappera ses doigts presque jusqu'au sang, sur des cover de SADE et c'est avec Agathe Mulot qu'il foulera les scènes locales avec des reprises diverses et variées.
2001 sera l'année du "je prends mon envol en solo" ; après l'enregistrement d'un 2 titres "Mam, Tu Peux Compter Sur Lui" , c'est sa participation à un tremplin le festival Avec le temps à l’Espace Julien de Marseille, qui va lui permettre de réaliser en 2003, son premier album, un peu dans l'urgence, enregistré et mixé en 48 heures dans une église désaffectée qu'une association de quartier de Montpellier occupait. « Stéphane Portelli » renforce ses racines dans le terreau fertile du Blues, du Rock des années 60's/70's. S'en suivra la belle escalade d'un guitar-hero Made in France avec « Tête En L'Air » (2006), « A Bientôt Sur Les Routes » (2011),« Sur le Fil » (2018) et tout récemment « La Boutique Des Fous » (2021).
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UNE RONDE VERTUEUSE
En octobre 2024, restons fous et partons ensemble dans un pas de dance, que dis-je ?...
Partons ensemble dans une furie de pas de dance qui ravigote avec une telle intensité qu'elle permet, au moins partiellement, d'évincer la brutalité de la réalité.
THE 7TH GUILD (power mélodique), Triumviro (21/02/2025)
Le 23/02/2025
Tomi Fooler (Skeletoon), Giacomo Voli (Rhapsody Of Fire) et Ivan Gianni (Vision Divine) se partagent le chant de cet album de power mélodique.
Par Ahasverus
A découvrir ce mois-ci « Triumviro », le premier album du groupe italien The 7th Guild.
L'artwork est l'oeuvre de Thomas Ewerhard (Avantasia, Storace, Therion).
Ce groupe réunit trois chanteurs de haut niveau : Tomi Fooler (Skeletoon), Giacomo Voli (Rhapsody Of Fire) et Ivan Gianni (Vision Divine).
Le reste du casting est pas mal non plus puisqu'il comprend des membres de formations tout aussi prestigieuses : le clavieriste Alessio Lucatti (Vision Divine), le batteur Michael Ehre (Gamma Ray), le guitariste Simone Mulanori (DGM), et le bassiste Francesco Ferraro (Freedom Call).
Si l'idée est alléchante et l'interprétation sans faille, si la vidéo à trois chanteurs capte totalement l'attention, le power mélodique du supergroupe italien manque du relief nécessaire pour retenir l'attention sur la durée, et seule sort du lot la cover de Shaman qui cloture la galette de magnifique manière.
A découvrir cependant pour apprécier la conjugaison des trois grandes voix qui ont eu la bonne idée de se réunir.
« Triumviro » est disponible depuis le 21 février 2025 via Scarlet Records.
DREAM THEATER (prog metal), Parasomnia (07/02/2025)
Le 22/02/2025
Dream Theater conserve son trône au sommet du metal progressif et la révolution n'est pas pour demain.
Par Ahasverus
Quatre ans après le très estimable « A View from the Top of the World », Dream Theater revient avec « Parasomnia », un album qui marque le retour de de Mike Portnoy, parti en 2009 après « Black Clouds and Silver Linings ».
Fidèle au poste depuis « Octavarium », Hugh Syme (Rush) signe le bel artwork de ce nouvel opus.
Sombre, voire funeste (« Are We Dreaming? »), le heavy « Parasomnia » exploite la veine la plus métallique de Dream Theater. Il avance puissamment ses riffs, brossant un tableau avec des touches qui vont de l'avant-garde au thrash en passant par le classique.
La douceur prend cependant sa part avec le très beau « Bend the Clock »
Si certains font la fine bouche et déplorent une certaine prévisibilité, il ne faut pas oublier qu'on est face à l'un des plus grands groupes de l'histoire de la musique progressive, un incontournable, peut être le plus grand que le metal ait porté.
Les longues pièces qui se succèdent et leur succulent bouquet final de dix-neuf minutes font immanquablement leur oeuvre. Riffs et soli parsèment un album aux tiroirs pleins de richesses et cependant très accessible.
« Parasomnia » permet à Dream Theater de conserver son trône au sommet du metal progressif. Et la révolution n'est à l'évidence pas pour demain.
« Parasomnia » est disponible depuis le 07/02/2025 via Inside Out Music.
Dream Theater sera en France :
- Samedi 07 juin 2025 – Nancy / Heavy Week-end
- Samedi 21 juin 2025 – Clisson / Hellfest
- Vendredi 18 juillet 2025 – Saint-Julien-en-Genevois / Guitare en Scène
- Mardi 29 juillet 2025 – Orange / Théatre Antique
LARKIN POE (blues/rock), Bloom (22/01/2025)
Le 22/02/2025
Une valeur sûre !
Par Ahasverus
Larkin Poe est un groupe de blues rock constitué autour de Rebecca (chant, mandoline, guitare) et Megan Lovell (dobro, lap steel, chant). Il est né des cendres du trio The Lovell Sisters, dissous après le départ de Jesica Lovell en 2009.
Initialement orienté folk, Larkin Poe se tourne après quelques EP vers le blues rock où il obtient la reconnaissance. « Peach » (2017) remporte le Blues Music Award du « meilleur album d'artiste émergent » de la Blues Foundation. « Venom & Faith » (2018) et « Blood Harmony » (2022) se distinguent par des distinctions similaires.
Le 22/01/2025 Larkin Poe sort son huitième album, « Bloom ».
Toujours gorgé de blues (« If God is a Woman ») et de lap steel, « Bloom » sent bon le Sud des U. S. A.
Plus ouvert que ses prédécesseurs (« Mocking Bird », « Easy Love pt. 1 »), il déborde parfois vers une rock radio-compatible (« You Are the River », « Fool Outta Me », « Little Bit ») et même vers un blues rock intense (« Pearl », « Bluephoria ») ou un hard-rock proche d'un ThunderMother (« Nowhere Fast »).
Larkin Poe est maintenant une valeur sûre et son nouvel album est une franche réussite dans tous les domaines. Il se hisse à la hauteur des récentes productions des soeurs Lowelll, c'est à dire à un très haut niveau, et il ne pourra que conquérir le coeur de nouveaux fans.
Les Français applaudiront Larkin Poe sur scène le :
- 24 octobre 2025 : La Salle Pleyel, Paris
- 9 novembre 2025 : Paloma, Nîmes
- 16 novembre 2025 : Le Rocher de Palmer, Bordeaux
- 18 novembre 2025 : La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand
- 19 novembre 2025 : La Sirène, La Rochelle
THUNDERMOTHER (hard-rock), Dirty & Divine (07/02/2025)
Le 16/02/2025
Artistiquement, c'est une réussite. Elle a bien fait de ne rien lâcher, Filippa.
Par Ahasverus
Il y a un boss et un seul chez ThunderMother, c'est sa fondatrice Filippa Nässil !
Et lorsque ça ne file pas droit, la guitariste n'hésite pas à donnern du fer dans son line-up.
La dernière ruade de la Scandinave date de février 2022 : un différend avec sa frontwoman Guernica Mancini voit Filippa rester seule tandis que Guernica, Emlee Johansson et Mona Lindgren quittent le drakkar pour fonder The Gems. Les filles tirent les premières avec l'album « Phoenix » ; Filippa fourbit ses armes avec un opus solo, « American Diaries ».
Pour ThunderMother, le pari n'est pas gagné d'avance. D'abord parce que Nässil apparait en tyran dans le coeur des fans. Ensuite parce qu'il faut trouver une remplaçante à la charismatique et puissante Guernica Mancini, ce qui n'est pas une mince affaire.
Filippa se tourne vers Linnea Vikstrom (Therion). Elle complète sa formation avec Majsan Lindberg à la basse et Joan Massing à la batterie.
THUNDERMOTHER en 2025
ThunderNässil n'aura finalement pas mis bien longtemps pour rebondir : c'est en février 2025 que sort le sixième album de ThunderMother. Il s'appelle « Dirty & Divine ».
Enregistré à Copenhague et produit par Soren Andersen, il serait mis en boîte dans des conditions proches du live, le groupe enregistrant notamment huit morceaux en quatre jours !
Le résultat est bluffant ! Linnea Vikstrom relève le gant, domine de la tête et des épaules le songwriting et réussit l'impossible : faire oublier Guernica Mancini !
« Can't Put Out the Fire » ! P*** de morceau sur lesquels les filles se refilent le témoin du chant lead à la manière d'un Kiss !
Le reste colle. Au trot : « Bright Eyes », « Can You Feel It », « Dead or Alive » ; au galop : « Take the Power », « Speaking of the Devil », « American Adrenaline », « I Left My License In The Future »...
Les bons morceaux s'enchaînent et ne se ressemblent pas. ThunderMother nous fait penser à une version hard et musclée du bluesy Larkin Poe qui sort également ce mois-ci.
Finalement, artistiquement, c'est une réussite, un bien bon skeud de rock N' roll.
Elle a bien fait de ne rien lâcher, Filippa.
ANTIPOD (metal progressif), Eveil (30/08/2024)
Le 13/02/2025
ANTIPOD rejoint MANIGANCE, ANTECHAOS et REBOOT et forme aujourd’hui mon carré d’AS…
Par Pépé St@kaTTo
Groupe : ANTIPOD
Album : « Eveil » (Label Wormholedeath)
Genre : Heavy Metal / Mélodique / Progressif
Région : Lyonnaise
Influences : Nightwish / Pantera / Angra / Manigance / Awacks
Sortie : 30 août 2024
Par Pépé St@kaTTo
Line-up actuel :
⦁ Sébastien Lelong : clavier, compositions (ex MYTHRILLIUM)
⦁ Jémina Robineau : chant (ex ANTHON NORWELL EXPERIMENT, ex MEMORY OF SILENCE)
⦁ Stéphane Monserrat : chant (AWACKS)
⦁ Elias Bouabib : guitare rythmique, solo, chant (ABYSSAL CYAN)
⦁ Bilel Adda : guitare rythmique
⦁ Matthieu Lucet : basse
⦁ Thierry Delvaux : batterie (ex WEIRDLAND, ex AMON SETHIS)
Tracklist :
01.Eveil - 02.Affronter ses idées noires - 03.Heylel - 04.La vie au temps - 05.Ne jamais douter - 06.Berzerkir - 07.Naufrage - 08.Nouvelle ère - 09.Chrysalide
10.Valse des songes - 11.La vie au temps (orchestral)
Artwork CD et book par Kryss (Christophe Segarra).
Il en aura fallu du temps pour que cet album d’ANTIPOD voie le jour ! Non pas que la gestation fut particulièrement difficile, mais comme pour tout premier opus, il a été sujet à de nombreux imprévus, doutes, modifications diverses, mais également moments d’euphories et fortes exaltations.
La chronique de cet album est un peu particulière pour moi car, comme pour mes deux compères de la Te@m Ahasverus (Ahas et Dam'Aël), Sébastien Lelong (son maître d’œuvre) nous a associé dès le départ à la conception de ses compositions en nous faisant écouter régulièrement les nouvelles versions des morceaux et nous demandant nos impressions, nous tenant informés des avancées de l’album. Ce fut génialissime et nous le remercions pour ce privilège !
Avant de passer en revue les onze morceaux composant l’album, il nous faut revenir sur la genèse du groupe.
Seb’ le claviériste et compositeur a fondé le groupe dix ans plus tôt à la fin de l’aventure MYTHRILLIUM (2 démos : Mythrillium (2006) 3 titres, Aurore (2007) 6 titres, le fameux « La vie au temps », apparaissant sur les 2 démos, une dizaine de concerts).
Après cette première aventure il n’a jamais cessé de composer et maquetter ses nouveaux morceaux (sous le logiciel Guitar Pro et tout en « Midi »). Il fait alors écouter ses ébauches de projet à Steeven Segarra (WEDINGOTH) qui lui propose d’enregistrer dans son studio. Les premières pistes seront diffusées sur plusieurs radios, « Heylel » apparaîtra même sur la Compil French Metal FM022 « La porte des damnés » en juin 2016. Tous les retours positifs encourageront Sébastien à poursuivre l’aventure avec l’arrivée d’autres musiciens qui finaliseront le groupe ANTIPOD.
Cependant, Steeven ayant d’autres obligations professionnelles, la production finale d’Eveil fut confiée à Christian Morfin (le producteur entre-autre de Franck Carducci).
L’album sort d’abord sur les plateformes numériques le 9 février 2024 puis sous format galette le 30 août 2024.
C’est sur « Eveil » qui donne son nom à l’album que raisonnent les premières croches. Une intense montée en puissance grâce aux claviers de Sébastien, quelques cloches pour nous réveiller, et un riff puissant de guitare pour nous mettre l’eau à la bouche. Un titre épique très court mais qui donne le cap à suivre pour la suite…
« Affronter ses idées noires » démarre très fort sur un riff lancinant d’Elias, la voix de Stéphane jaillit ensuite telle une balise lumineuse au milieu de la noirceur de la nuit. Le fantastique solo au milieu du morceau, véritable déferlement de notes et d’émotions sonores (exécuté par Julien Lagnier, premier guitariste avec qui Seb’ a composé ce titre) donne une dimension particulière à ce morceau, « ne jamais baisser les bras, jamais » … Mon morceau préféré !
Les notes de piano et le son cristallin des claviers de Seb’ appuyés par une batterie bien pêchue vont lancer la piste numéro 3. La voix suave de Jémina nous narre l’histoire d’Heylel, l’astre brillant, l’étoile du matin, l’ange déchu, Lucifer le porteur de lumière. Un morceau très progressif, velouté et mielleux, avec de belles paroles à la Ange.
« La vie au temps », est le morceau le plus ancien d’Antipod (24 ans). Il est le catalyseur qui a poussé Sébastien à continuer de composer et d’écrire sans relâche. Cette « ballade » est un vibrant hommage à sa petite amie décédée dans un tragique accident de voiture durant son adolescence. Des mots, des notes tirées d’un simple clavier « Bontempi » qui ont marqué à jamais son auteur. Une balise temporelle qui le ramène sans cesse à son passé avec ses souvenirs et ses regrets, mais qui le pousse continuellement à avancer. C’est majestueux et touchant à la fois, la voix de Jem’ véhiculant tellement d’émotions. Les soli de guitares sont finement ciselés, le plan en tapping redoutable, le final piano / voix de toute beauté !
« Quelle autre chose est le temps qu’une route précipitée qui nous conduit continuellement à la mort malgré nous … ».
« Ne jamais douter » la piste suivante est le morceau le plus heavy rock de l’album avec ses nombreuses parties de guitares. On retrouve ainsi en guest Fabien Lacroix (chanteur et guitariste d’ARKERONN) pour un solo d’anthologie. Les lignes de basse sont puissantes et sortent légèrement du mix. La voix hypnotique de Stéphane fusionne allègrement avec les nappes de synthés de Sébastien. Encore un excellent titre !
« Berzerkir », la transe des guerriers-fauves, ces fervents adorateurs d’Odin, où la fureur sacrée de la plage n°6 de l’album ! C’est avec un son de harpe que débute ce morceau à l’ambiance psychédélique et sombre. La basse est omniprésente et drive avec brio les autres instruments. Les voix qui s’interpellent nous racontent l’histoire des « berzerkers », ces gosses que l’on droguait dès leur plus jeune âge pour ne pas éprouver la moindre peur lors des combats.
« Naufrage », (le tout premier titre que j’ai découvert d’Antipod !) nous conte l’histoire de ce vieux marin assis en bordure du port, qui lâche tout de sa vie présente et largue les amarres pour répondre aux chants des sirènes qui l’appellent ! L’intro est calme, comme une mer d’huile seulement troublée par des oiseaux qui gazouillent, mais la tempête et le naufrage sont proches. Belle interactivité des voix entre Jémina (la sirène) et Stéphane (le vieux marin), à noter également ici les différents changements de rythmes qui animent le morceau, ainsi que le très beau passage de guitare électro-acoustique. Le jeu de basse / batterie est fluide et puissant, les nappes de synthés sublimant le tout.
L’excellentissime « Nouvelle ère » avec ses sons de claviers très new wave / rock ’80 et son refrain épique est bien partie pour devenir l’hymne officiel d’ANTIPOD en Live ! Un titre qui pourra être repris en chœur et qui fera assurément headbanger les plus indécis !
C’est sur une intro’ multi-guitares (acoustique / électrique) et piano que démarre le magnifique « Chrysalide ». La voix éraillée de Jémina, doublée et décalée sur ce titre, apporte beaucoup de douceur et d’émotion. Une belle petite ballade qu'il doit être bien agréable de jouer sur une vieille folk au coin du feu !
La piste n°10 « La valse des songes » va nous projeter à l’époque de la Renaissance, avec ici une atmosphère mi-prog’ / mi-rock. La valse reste électrique et puissante, les instruments s’interpellant et se répondant avec grâce, et toujours cette belle complémentarité dans les parties chants. A noter, à la moitié du morceau la cassure apportée par quelques secondes de silence qui laisse croire à la fin de la chanson, et qui permet de relancer la machine pour un final de toute beauté avec son pont / intermède à la MAIDEN, période Powerslave (un groupe qui a beaucoup influencé Sébastien dans son adolescence), et une sublime partie clavecin qui vient définitivement clore ce titre.
La piste 11 est la version instrumentale de « La vie au temps », un titre sans chant donc, joué ici uniquement aux claviers par Sébastien dans une interprétation symphonique poussée à l’extrême, pour une cascade d’émotions intenses. Les mélomanes apprécieront ce déchainement de cordes et de chœurs, un « requiem » qui n’est donc pas à mon sens superflu et qui vient clôturer de façon éblouissante ce premier opus d’ANTIPOD.
Un peu plus de cinquante minutes pour un album où les onze titres, véritables tranches de vie, viennent s'emboîter les unes dans les autres dans un puzzle qui vous fera apparaître et découvrir l’univers merveilleux d’ANTIPOD. Un majestueux premier album qui vous prendra aux tripes !
Un groupe à classer dans « rock progressif mélodique expérimental », un skeud ficelé comme un Queen qui chanterait en français, car il faut le préciser, peu de groupes hexagonaux dans ce style osent s’exprimer dans la langue de Molière, encore moins avec deux chanteurs exceptionnels comme Jémina et Stéphane !
Je conclurai cette chronique en précisant que cet album est vraiment un coup de cœur car depuis 2020, j’ai vu les morceaux évoluer, certains m’ont même personnellement touché (« Affronter ses idées noires », « La vie au temps », « Ne jamais douter »), car je les ai découverts et appréciés durant une période sombre de mon existence… J’ai maintenant hâte de rencontrer le groupe en Live et partager quelques mousses avec ses membres (avec mode-et-ration bien entendu), j’espère que c’est également votre cas !?
ANTIPOD rejoint ainsi MANIGANCE, ANTECHAOS et REBOOT et forme aujourd’hui mon carré d’AS… Vivement le prochain album !
[PS : je dédie cette chronique à Roland Lelong le papa de Sébastien, un rocker au grand cœur (ex chanteur d’EXODE) qui aurait été fier de son fils et de son album.]
Matoscope :
⦁ Sébastien : Séquenceur PC + Carte son PreSonus Studio 26c, 2 Entrées /4 Sorties, 192 KHz, Interface Audio USB-C, Synthé Korg Kronos
⦁ Jémina : Micro Sennheiser HF + Boitier émetteur / recepteur
⦁ Stéphane : Micro Sennheiser e865 et Shure Beta 58
⦁ Elias : Guitare Jackson, Marshall Tête DSL20HR + Cab Marshall JVMC212 + Shure SM58
⦁ Bilel : Guitare ESP, Tête Hughes & Kettner Grandmeister Deluxe 40 + 1 Baffle Hughes & Kettner TM 212 + Ipad contrôle son
⦁ Matthieu : Basse Frankenbass, Tête TC Electronic Thrust BQ500 + Cab Tone Man TM 210 200W
⦁ Thierry : Batterie Mapex Sarun V
AMETHYSTE PROJECT (rock progressif), « Au gré du temps » (2024)
Le 09/02/2025
« Au gré du temps » fait partie de mon TOP 5 tant il dégage d’émotions !
Par Pépé St@kaTTo
Groupe : AMETHYSTE PROJECT
Album : « Au gré du temps » (Autoprod’ - CD caritatif)
Genre : Rock / Metal Progressif /Hard
Région : Hexagone
Sortie : novembre 2024
Participants :
⦁ Chanteurs/es : Carine Pinto (MANIGANCE), Abby (BURNT UMBER), Joe Amore (KINGCROW, A & MORE), Olivier Costes (LOOKING FOR MEDUSA), Chris Garel (DREAMCATCHER)
⦁ Guitaristes : Ted « Denver » Souaze (DENVER, DOUBLE T), Bastien Lemoine (STEEL RANGERS, DREAMCATCHER), Olivier Louis Servais (DEMONTOOL, HEVIUS, DREAMCATCHER), Gérald Le Huec (Trouz Ar Mor) et Yvan Coste (DOOMSDAY MACHINE)
⦁ Bassistes : Philippe Guadagnino (BLASPHEME), Nicolas Sotiriou (CHRYSIS) et à Markus Fortunato (FORTUNATO, SPIRIT WAR), Alan Raoul (HOT HELL ROOM).
⦁ Claviers : Greg LUNG
⦁ Batterie : Thierry Thuane (DREAMCATCHER)
Tracklist :
La Quête : (01.Le profane – 02.L’occultiste – 03.Révélation) – 04.Au gré du temps – 05.Crépuscule des Elfes – 06.Mr King
Comme son nom l’indique, AMETHYSTE PROJECT n’est pas à proprement parler un groupe (prévu pour durer dans le temps, et encore que, ne jamais dire jamais !), mais plutôt le projet d’un CD réalisé par plusieurs artistes bénévoles, dont le produit des ventes sera reversé à une fondation pour la recherche médicale et en particulier celle sur la maladie d’Alzheimer.
Ce projet est à l’initiative de Thierry Thuane (batteur de DREAMCATCHER) qui suite au décès de sa maman touchée par ce fléau (juillet 2022), a eu l’idée de réaliser un CD en sa mémoire. De plus, il est important de préciser qu’AMETHYSTE PROJECT a été parrainé par le Professeur Laurent Karila (que tous les métalleux connaissent pour sa forte implication musicale).
C’est sur les fondations de son ancien groupe AMETHYSTE et de certaines de ses compositions que va s’appuyer Thierry pour réaliser cet album. Il compte également sur la participation de ses anciens compères Greg Lung aux claviers et Jean-Pierre Faillat aux guitares, pour « relancer la machine ». Cependant ce dernier devra décliner sa participation pour des raisons de santé.
C'est à partir de là, que l'idée (géniale) de réunir plusieurs artistes plutôt que de faire un « groupe éphémère » a germé dans l’esprit de Thierry. Avec l’aide précieuse d’Olivier Costes et de Chris Garel, chacun piochant dans ses relations pour présenter le projet et demander leur collaboration. Toutes les personnes sollicitées ont accepté au premier contact !
Photographie : Chris Garrel par Chloé Bazaud
La structure de la trilogie « La Quête », titres déjà travaillés avec AMETHYSTE, ayant une couleur plutôt rock progressif, c’est donc vers ce style que l’album s’est engagé. De plus, il semblait intéressant d'emmener les autres musiciens vers un style de musique qu'ils connaissaient moins. Une aventure qui allait s’avérer finalement très enrichissante pour tous les participants…
Après avoir finalisé les compositions, s'en est suivi de gros échanges de fichiers audio entre tous les musiciens et chanteurs/ses pour que chacun puisse y apporter sa patte personnelle, et ainsi avoir la possibilité de retoucher certaines parties musicales ou vocales. Après une longue phase d’écoute, de mixage et de mastering avec Greg, et deux ans après le lancement du Projet, le CD est enfin prêt.
N’oublions pas également de préciser que la sublissime pochette de l’album a été réalisée par le Sorcier Stan W Decker (Judas Priest, JPL, Jorn, ADX), tandis que la graphiste Chloé Bazaud concevait avec brio le digipack et le livret. « Au gré du temps », dont le magnifique artwork évoque la vie qui passe, avec son « légendaire » sablier séparant les quatre saisons, est donc une sorte de « concept album » de rock progressif dont chaque morceau est chanté dans la langue de Molière, un choix assumé par tous les participants.
On commence donc par la Trilogie de la Quête.
01. Le Profane démarre l’album sur une intro de plus de deux minutes d’instrumentaux. D’abord le piano, puis la basse / batterie, les riffs de guitares viennent ensuite alourdir l’ambiance. C’est sombre et pénétrant, comme une plongée dans une autre époque, et c’est bien ce que laisse supposer les paroles. Tantôt parlé, tantôt chanté, le personnage est confronté au deuil et à la mort, il semble étranger à la religion qui pourrait lui apporter un peu de réconfort face à la douleur. Le final comme une élévation de l’âme qui s’arrache des limbes de la vie est magnifique. 7 minutes 32 de pure extase !
⦁ Chant : Olivier Costes / Guitares : Yvan Coste / Basse : Nicolas Sotiriou / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
02. L’occultisme poursuit sur le même thème, une longue partie de claviers bien Prog’, une ligne de basse enivrante et planante, une caisse claire qui claque à souhait, des soli aériens, accompagnent notre héros, toujours à la recherche d’un passage vers le royaume de la mort. L’occultisme va lui permettre de franchir cette porte. Les paroles sont percutantes et les riffs de fin tranchants comme un scalpel, viennent mettre un terme à la vie de cet alchimiste un peu fou.
⦁ Chant : Sylvain Lapersonne / Guitares : Bastien Lemoine / Basse : Alan Raoul / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
La fin de cette Quête se termine avec l’acte III « Révélation ». C’est sur de très beaux arpèges et des nappes de claviers éthérés que notre personnage se réveille. La voix de Jo est puissante et de circonstance pour conclure cette aventure sur un maelstrom de décibels, un épilogue qui nous laisse entrevoir que la mort n’est pas une fin, mais le passage pour retrouver ceux que nous avons perdu et aimons toujours… Le solo de fin de Ted est tout simplement époustouflant, un pur joyau !
⦁ Chant : Jo Amore / Guitares : Ted « Denver » Souaze / Basse : Alan Raoul / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
« Au gré du temps », la piste 4, est le titre de cet opus et un morceau beaucoup plus rock / métal (même si les parties claviers sont légèrement en retrait, elles sont toujours aussi présentes), et plus court (un peu plus de cinq minutes). La voix suave et poignante de Carine nous rappelle que la vie passe vite et qu’il faut profiter des bons moments, avant de disparaître !
A noter le bruit de métronome, comme un balancier d’horloge qui égrène ses minutes, véritable marqueur du temps, que l’on retrouve au début, ainsi qu’à la fin du morceau.
⦁ Chant : Carine Pinto / Guitares : Ted « Denver » Souaze / Basse : Philippe Guadagnino / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
Photographie : Carine Pinto par Amélie Mari
Le titre suivant « Le crépuscule des Elfes » et son intro très gothique nous plonge dans l’Heroic Fantasy. Un morceau qui sonne très ANGE (par son ossature et son ambiance sonore très Prog’) et qui aurait pu être interprété par le Mage Troubadour Christian Decamps himself ; mais c’est bel et bien le Grand Sachem de DREAMCATCHER Chris Garrel au chant ! Un morceau qui nous rappelle que même les Elfes n’étaient pas éternelles et qu’elles ont dû elles aussi subir les affres du temps, leurs âmes se rendant après leur trépas dans les cavernes de Mandos, en attendant d'être réincarnées…
⦁ Chant : Chris Garrel / Guitares : Gérard Le Huec / Basse : Markus Fortunato / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
Avec « Mr King », un brillant hommage est rendu au Maître de l’Horreur, Mister Stephen King. On retrouve dans ces paroles chantées par Abby les meilleurs titres des romans qui ont fait le succès de l’auteur. Cette ballade Epic / Rock vient ainsi conclure de façon magistrale cet album.
⦁ Chant : Abby / Guitares : Olivier Louis-Servais / Basse : Markus Fortunato / Claviers : Greg Lung / Batterie : Thierry Thuane
L’année 2024 aura eu son lot d’excellents albums, mais tous styles confondus, j’avoue qu’« Au gré du temps » fait partie de mon TOP 5 tant il dégage d’émotions !
Certes, il s'agit d'une autoproduction tirée à seulement 150 exemplaires, mais cet album, initialement conçu pour une œuvre caritative, n’a rien à envier aux grosses productions au budget faramineux. Avec une distribution digne de ce nom, sur n'importe quel label, il aurait sans aucun doute trouvé sa place en tête de gondole, écoulant des palettes entières sans difficulté !
Un grand merci à tous les artistes qui ont participé à ce magnifique projet, et à Thierry pour cet émouvant hommage, sa maman aurait été très fière…
Photographie : Thierry Thuane par Chris Garrel
PS : pour les retardataires, il reste encore une petite dizaine de CD, alors faites une bonne action et contactez Thierry Drumghost en MP, il vous donnera les modalités pour acheter cet album exceptionnel et lui permettre, la dernière galette expédiée, de remettre en main propre le chèque des ventes à la Fondation pour la Recherche Médicale, au profit des malades d'Alzheimer.
MARINA VIOTTI, ET AU MILIEU BRÛLE UNE LUMIÈRE
Le 02/02/2025
Une pépite à la croisée du classique et de l'Art Rock.
Par Ingrid Denis
Chronique de MELANKHÔLIA – IN DARKNESS THROUGH THE LIGHT (Naïve, 2024)
Elle a participé au plus grand show planétaire du siècle, chantant Carmen dans un tableau déjà mythique célébrant les Révolutionnaires et la fureur Métal. Même les USA n'ont osé rivaliser ensuite qu’avec les Red Hot on The Beach, s'inclinant devant la folie authentiquement punk qui s'empara de nos écrans ce soir-là. On ne doutait pas alors que les Grammy Awards apporteraient, en ce début d'année, la cerise sur l'échafaud, offrant à Marina Viotti, et Gojira, de quoi être fiers de leurs parcours hors du commun.
Car s'il est une chanteuse atypique et inattendue, c'est bien Marina.
Artiste ayant à la fois sa fiche sur le site de l’Opéra National de Paris, et sur la base Spirit Of Metal, la franco-suisse a sorti dans la foulée des JO un album particulièrement poignant, et complètement à rebours du Grand Guignol de sa prestation devant la Conciergerie.
Elle aurait pu s'emparer de la hype et sortir ses versions de Carmen ou un album de métal symphonique, comme à ses débuts avec Soulmaker. Pourtant, elle a préféré présenter une pépite à la croisée du classique et de l'art rock, glissant des reprises d'artistes contemporains au milieu du répertoire du baroque John Dowland. Un disque hybride qui lui correspond totalement. Et un disque intimiste qui dévoile le secret d’un combat contre la maladie.
J’ai deux références en tête lorsqu’on évoque des artistes rock s’emparant de musique classique ou baroque : Jeff Buckley a enregistré divinement « Dido’s Lament » et « Corpus Christi Carol », et le toujours prolifique Sting avait sorti il y a une dizaine d'années un superbe album de baroque à la sauce folk… déjà adapté de John Dowland (« Songs From The Labyrinth »).
Sting était accompagné du luthiste bosniaque Edin Karamazov, quand Marina Viotti s’entoure pour son projet du luthiste suisse Vincent Flückiger, ainsi que du multi-instrumentiste Fred Chappuis, ce dernier apportant des sonorités rock à la fois denses et éthérées.
Car disons-le d'emblée pour ceux que l'expérience baroque rebuterait : ces arrangements de guitare et autres effets de samples et synthés (avec un Revox et un Moog en live) aident à apprécier les pièces, leur conférant une atmosphère parfois cinématographique. La voix classique et profonde s'adapte parfaitement à ces arrangements moins académiques, et on entrevoit ainsi la majesté d’une Lisa Gerrard côtoyant le rugueux Ry Cooder de Paris Texas.
Toutes les chansons contemporaines sont en miroir avec des pièces de John Dowland, et en live ces dialogues musicaux sont regroupés en différents thèmes et autant d'états émotionnels, des chapitres dont le plus notable est l'arc central, d'inspiration plus rock.
N'étant pas spécialiste de classique, j'ai d’abord été curieuse de savoir quelles reprises étaient dans la tracklist, et en voyant Björk, cela a suffit à piquer ma curiosité instantanément. Et si d'emblée je suis plus attentive aux revisites proposées, au final j'ai été surprise par pas mal de sonorités familières glissées dans les arrangements de tout ce beau projet.
L'intro instrumentale, un “Prelude” en mode Ambient à la Brian Eno, installe un climat étrange, puis la pluie tombe sur l’orageuse ouverture qu'est « Mourn, Mourn, Day Is With Darkness Feld », jusqu'au début de « Stay Time A While Thy Flying » et ses guitares en distorsions, réminiscences d’une BO de « Dead Man » de Jim Jarmusch.
Justement, la première cover est celle de Neil Young et son « Old Man » qui prend des allures de session acoustique assez standard, avec l’élégance néo-classique d'une Agnès Obel.
Les titres « Fairwell, Too Fair », à l'intro parlée, et la reprise de « One » de U2, correspondent à un arc « ruptures amoureuses », l'ensemble devenant presque trop calme et sans aspérités.
C'est avec « Dear, If You Change » que viennent les premiers frissons rock. C'est d'abord la voix douce de Vincent Flückiger que l'on entend, avant une progression rythmique crescendo où celle de Marina se fait plus hargneuse, moins calibrée, et dont l'incandescence rappelle Patti Smith ou la rudesse de PJ Harvey période « Rid Of Me ».
Et vient la référence Métal - la chanteuse et ses musiciens se revendiquant “metalleux” - la reprise de « Nothing Else Matter » de Metallica. Bénéficiant d’une jolie intro à la flûte traversière (assuré en live par Marina), elle garde la langueur dramatique, au fond du tempo, de l'originale. J'aurais juste apprécié un peu plus de belting par moments. (Ndlr : on pourra par ailleurs écouter « Enter Sandman » dans sa version inventive par la légende du jazz vocal Yun Sun Nah).
Petit pause instrumentale avec « Intermede », une touche Americana déglinguée, puis « In Darkness Let Me Dwell » ravive l'émotion. Il n'est rien de plus touchant que d’entendre ce souffle dans les notes les plus aiguës. Les effets de reverb guitare nous rapprochent vraiment de l'intensité de Jeff Buckley, tout aussi magnétique. L’enchaînement avec le « Born To Die » de Lana Del Rey, où la voix chaude de mezzo de Marina se rapproche plus de l’original, offre un moment encore bien introspectif. On apprécie le phrasé, nous focalisant plus sur le texte que la version plus électro de Lana.
Retour au néo classique pur avec « Die Not Before The Day », puis belle mention à « Hurt » de Nine Inch Nails, dans une version proche de celle de Johnny Cash au crépuscule. Toute la première moitié est complètement « déchantée », le timbre se brise et se fait plus aérien ensuite. Cette reprise est semble-t-il préférée sur disque à l’« Hallelujah » de Leonard Cohen, qui est jouée dans le spectacle. Un choix beaucoup plus sombre.
Enfin vient le morceau que je scrutais le plus, le mythique « Jóga » de Björk, car peu osent encore se mesurer à revisiter les œuvres de la reine islandaise. On admire le réarrangement tout en arpèges délicats au luth, jusqu’au break inattendu plus rythmé, puis les voix du chœur enveloppant celle de Marina qui finit par s'épanouir dans la nef avant de traverser les cieux. Cet avant dernier titre nous tire donc vers le haut, en quête d'espoir.
La pluie revient à la fin de « Flow My Tears », dernier morceau de l'album, et on peut alors penser que ce sont des larmes, qui se transforment en cours d'eau apaisé. La Vie comme un long fleuve sensible.
La photo qui illustre « Melankhôlia » n'est pas sans rappeler l'affiche du film homonyme de Lars Von Trier, et cette histoire de fin du monde qui s'apprête à engloutir les protagonistes.
Quand on revoit Marina s'amuser sur un bateau en carton pâte, grimée en Marianne, le contraste n'en est que plus frappant tant le visuel est épuré. Noir et blanc, crâne rasé coiffé de tiges fragiles et des yeux qui fixent l'objectif tout en ayant l'air ailleurs.
Ici cette voix qui s'est dévoilée nous chante depuis le front d'une bataille intime pour la vie. Marina explique qu'elle avait fait le choix de ne rien dire de cette épreuve qui la touchait, notamment pour pouvoir continuer son métier et éviter les réactions malaisantes.
Cet album est celui du partage de la mélancolie, et en plus de la découverte modernisante d’un compositeur ancien, il s'avère une consolation pleine de délicatesse pour nombre d'auditeurs comme vous et moi, témoins ou braves combattants face à la maladie. Il vous réchauffera lentement si vous traversez des champs de vignes glacées.
Si le choix de certaines reprises peut laisser sur sa faim, tellement revues que même U2 fait des covers de « One » sur les marchés aux puces, il s’avère plus judicieux sur des morceaux comme ceux de Björk ou Lana Del Rey. Mais peu importe, il est vrai que dans certaines périodes de la vie, ce sont des hymnes plus universels qui reviennent dans nos âmes.
Enfin, une envie qui sera sans doute partagée par de nombreux fans : que Marina Viotti réinvestisse le métal au travers d'un autre projet ! Tout le monde l’attend.
Un concert intégral de MELANKHÔLIA – IN DARKNESS THROUGH THE LIGHT est visible ici :